Philippe Leclerc Recycler le polystyrène à l`aide des micro

Philippe Leclerc
Recycler le polystyrène à l’aide des micro-ondes? C’est possible!
La bonne gestion des matières résiduelles sera un tournant de notre société dans les années à venir alors
que le taux de CO2 dans l’air pourrait bientôt atteindre un point de non-retour [1]. Depuis quelques années, le
gouvernement du Québec est proactif en ce qui concerne cette problématique, notamment avec sa nouvelle
Politique québécoise de gestion des matières résiduelles - Plan d’action 2011-2015 [2] qui a réussi à faire
diminuer la quantité de déchet par habitant de 872 kg en 2008 à 746 kg en 2011, pour un objectif final de
700 kg. Cependant, certaines matières résiduelles passent encore à travers les mailles du filet du tournant vert
québécois. Le polystyrène en fait partie, qu’il soit expansé (styromousse) ou non.
Au Québec, 20 919 tonnes de déchets de polystyrène ont été générées en 2011 [3]. De cette quantité,
seulement 14,7 % ont été recyclés par les consommateurs par le biais du bac de recyclage [3]. Étant donné que
seulement 6 des 36 centres de recyclage au Québec acceptent le polystyrène et que seulement 1 d’entre eux
accepte le polystyrène expansé et non expansé, une grande partie de ce 14,7 % voit le chemin du site
d’enfouissement [3]. En effet, sa faible densité ainsi que sa contamination avec des matières organiques font en
sorte que les coûts de transport et de nettoyage sont trop élevés pour le recycler de façon rentable. Résultat, la
grande majorité trouve le chemin du dépotoir pour ensuite produire des gaz à effets de serre et contaminer les
nappes phréatiques. Finalement, chacune des étapes entrant dans la fabrication du polystyrène utilise des
ressources et produits des déchets et des gaz à effets de serre, en commençant par la production de benzène
issue de l’industrie pétrolière.
Alors que le polystyrène est une matière résiduelle pour la majorité, la richesse de sa composition chimique
en fait une matière première des plus intéressantes pour nous. En effet, nos recherches ont démontré qu’il est
possible, par un procédé thermochimique appelé pyrolyse, de recycler le polystyrène en ses plus simples
composants comme le styrène, le benzène et l’éthylbenzène. Encore plus intéressant, ce procédé est réalisable
en utilisant des micro-ondes comme source d’énergie [4], ce qui est très intéressant dans une optique
québécoise considérant nos ressources hydroélectriques. Cette technologie permettrait de diminuer voir
d’éliminer certaines étapes dans la fabrication du polystyrène, diminuant ainsi de façon significative la
production de déchet et de gaz à effets de serre.
Cette technologie est révolutionnaire : du jour au lendemain, ce qui prenait la route du dépotoir acquière
maintenant une valeur inestimable. Bien entendu, le présent résumé met en évidence le polystyrène ainsi que la
situation québécoise, mais les impacts que cette technologie pourrait avoir lorsqu’appliquée à tous les types de
déchets et déployée dans les pays du tiers monde sont inimaginables.
Références
S. Solomon et al., "Irreversible climate change due to carbon dioxide emissions," Proc Natl Acad Sci U S
A, vol. 106, p. 1704-9, Feb 10 2009. Disponible: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19179281
[2]
E. e. P. Gouvernement du Québec - Développement durable. (2011). Politique québécoise de gestion des
matières résiduelles - Plan d’action 2011-2015. Disponible:
http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/pgmr/presentation.pdf
[3]
É. E. Q. R.-Q. (2011), "COMITÉ POLYSTYRÈNE - RAPPORT FINAL SUR LES TRAVAUX DU COMITÉ," 2011.
Disponible: http://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/Upload/publications/mici/Rap-comite-polystyrene.pdf
[4]
J. Doucet et al., "Distributed Microwave Pyrolysis of Domestic Waste," Waste and Biomass Valorization,
2013.
[1]