pour un Front de gauche populaire et citoyen

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pour un Front de gauche populaire et citoyen
REMARQUES SUR UN PROJET DE BASE COMMUNE ALTERNATIVE
L’ambition communiste
pour un Front de gauche populaire et citoyen
Document sur site intitulé :
Sous ce titre est décliné un projet alternatif de base commune ; nombre de ses signataires
sont respectables ; pour d’autres, il conviendrait que leur comportement quotidien ne jure
pas avec les principes dont ils prétendent se réclamer ; en tout cas, ce texte est parfaitement
conforme aux statuts.
Examinons-le en comparaison avec le texte voté par le CN très majoritairement, ce qui ne
signifie pas que celui-ci soit sans défaut ; mais celui-ci en ajoute d’autres ; on donnera un
exemple.
Mais le but de ce texte n’est pas de lisser le projet de base commune initial.
Les signataires se déclarent en accord très large avec la première partie du texte voté par le
CN ; ce n’est pas surprenant ; il n’y a qu’un seul monde………….
Nous ne passerons donc pas beaucoup de temps à commenter ce que le texte alternatif
appelle « les principaux axes d’un communisme du XXI° Siècle » ; on ne peut s’empêcher
d’accrocher sur des formules au moins étranges :
« Autrement dit, qu’il y aurait besoin de moins en moins de travail pour permettre la
satisfaction de tous les besoins humains. C’est déjà en marche, très concrètement, dès lors
que – contrairement aux machines qui requièrent beaucoup trop de matière et d’énergie –
on peut à l’infini accumuler de l’intelligence et du savoir. »
Étrange passage sur les machines ………. Et accumuler à l’infini de l’intelligence et du savoir
ne règle pas les problèmes par lui-même ; l’invention et la créativité humaine libérés de la
pression de la recherche du profit d’une part, de la barrière infranchissable entre décideurs et
exécutants d’autre part ,créeront et créent déjà les conditions pour l’apparition de machines
nouvelles, des machines qui libèrent et permettent de substituer le contrôle et la maintenance
aux tâches répétitives et fastidieuses ; au demeurant, l’horizon de ce possible libéré du
capitalisme est à peine ébauché . Quant à ladite accumulation elle ne sert à rien par elle
-même si elle n’est pas sujette à une appropriation collective (ce qui vient soudain plus loin à
l’esprit des auteurs) ; en revanche elle répond à cette ânerie d’« un monde fini » laquelle n’a
pour but que de légitimer une « austérité heureuse » ce que les auteurs ne relèvent pas ; ils et
elles ont en vue autre chose comme on verra .
« Nous proposons au contraire de faire de la libération du travail contraint, et de
l’abolition du salariat capitaliste des perspectives concrètes de notre époque. La
diminution rapide du temps de travail et le droit à une rémunération juste doivent être
des objectifs immédiats et permanents. »
Déjà rien que « abolition du salariat capitaliste « est un problème ; ne parlons pas de la
rémunération « juste » ce qui n’a aucun sens ; on « abolit » comment ? A fortiori s’il s’agit
d’un objectif immédiat et permanent !!!! On pourrait écrire des pages ; d’autres pourraient le
faire mieux que moi ; cette formule fougueuse est hélas vide sauf pour ce qui concerne la
diminution du temps de travail et là c’est dans le texte adopté par le CN et nous en sommes
loin. Mais c’est une question concrète, objet de luttes à venir.
« Mettre fin à la propriété privée des grands moyens de production, d’échange et de
financement qui permet aux classes dominantes d’acheter comme une marchandise et
d’exploiter le travail des autres. Au XX e siècle, les régimes de type soviétique ont
substitué la toute puissance de l’État sur l’économie à celle du capital : on est passé d’une
forme d’aliénation à une autre. »
Le raccourci est saisissant ; au XX° Siècle, il n’est pas de parti communiste qui n’ait salué très
longtemps LA FIN DE LA PROPRIETE PRIVEE DES GRANDS MOYENS DE
PRODUCTION D’ECHANGE …..à la façon soviétique ; le programme commun initiait une
démarche de ce type ; et il est très douteux que ce soit la toute-puissance de l’État qui ait
conduit ces régimes à leur chute même si sur la dernière décennie cette situation rendait
toute transformation démocratique plus que douteuse . Le fait que ces régimes soient passés
d’une libération ressentie comme telle à une nouvelle forme d’aliénation elle aussi ressentie
comme telle tient quand même à d’autres causes ………. AUSSI sinon d’abord.
On trouvera partout l’expression « les classes dominantes » ; on aimerait une liste rien que
pour voir ….
Passons sur divers paragraphes où à défaut de n’y avoir rien à redire, l’inspiration est la
même que celle du texte adopté par le CN qui est plus complet et plus explicite, moins creux,
ce qui ne veut pas dire qu’il est sans défaut, on l’a déjà dit.
On trouve ensuite : » Nous sommes convaincus que l’enseignement, la création artistique,
l’action culturelle, l'éducation populaire mais aussi la libre circulation des informations et
des idées, la production et la diffusion des savoirs et leur appropriation par toutes et tous,
sont des enjeux politiques majeurs pour celles et ceux qui, comme nous, portent l’ambition
de transformer la société. » Soit.
Ce paragraphe se conclut par « Nous vivons dans une société exigeant des savoirs de plus en
plus généraux et précis. L'élévation générale du niveau de qualification, l'ambition de la
réussite pour toutes et tous impliquent de se doter d’une école qui le permette. Le système
scolaire et l’éducation populaire doivent être mis au service du libre développement des
capacités humaines de chacune et chacun. Ils sont pour nous des moteurs incontournables de
la transformation sociale. »
D’une part, comme d’ailleurs le texte voté par le CN ne prononce pas le mot Enseignement
supérieur ; c’est là un point aveugle de la pensée communiste du XXI° Siècle mais les auteurs
du texte alternatif ne semblent pas s’en soucier ; la recherche n’est pas non plus citée ici (elle
l’est sous une frite dans le texte voté en CN) ; on se demande comment un projet
d’émancipation communiste peut faire sans ; il y aura bien des camarades pour me
l’expliquer …. Quant à la culture scientifique, on la cherche comme si le terme générique
culture suffisait ; il y aurait la possibilité de développements importants mais ce n’est pas le
sujet ici ; on note quand même que l’absence de toute référence à la dynamique des
connaissances scientifiques est, par les temps qui courent une absolue étrangeté. TOUS LES
MANDATS PRESIDENTIELS récents se sont attaqués au remodelage en profondeur de
l’Enseignement supérieur et de l’appareil de recherche dès le début inaugurant des vagues
de réformes ayant la même inspiration et la même logique : celle d’un capitalisme en crise
majeure en recherche de nouveaux moyens de domination ; mais apparemment les
communistes n’ont rien vu rien entendu ; peut -être s’agit -il ici d’une partie des « classes
dominantes » ne requérant pas attention de notre part….On se perd en conjectures .
Mais comme si cela ne suffisait pas , « L'élévation générale du niveau de qualification,
l'ambition de la réussite pour toutes et tous impliquent de se doter d’une école qui le
permette. » est un poème ; on aimerait savoir COMMENT les auteurs (es) s’y prennent pour
se doter ………… mais là encore en dehors de proclamations creuses , il n’y a rien à
attendre ; le texte du CN est tout aussi carent mais on ne fera pas le reproche aux membres
du CN de ne pas savoir réparer en deux jours ce qui n’a pas été fait en 5 ans dans
l’élaboration communiste .
Arrêtons ici ce parcours ; il ne sert à rien qu’à montrer que finalement en dépit de défauts
majeurs déjà mentionnés le texte adopté en CN est a priori meilleur ……..
Mais en fait toute cette première partie censée nous faire voir ce qu’est une ambition
communiste du XXI° Siècle n’a pour but que la seconde partie, ce qui nous permet d’être
relativement brefs.
Passons sur le descriptif de l’évolution idéologique du PS lequel en effet est incapable
d’imaginer des solutions autres que des emplâtres d’ailleurs peu nombreux sur un
capitalisme sans limite : le capitalisme est en crise et très naturellement c’est cette crise qui
percute le PS, comme toute la social -démocratie européenne ; le descriptif est inutile et
n’apprend rien à personne ; ce passage ne conclut pas ; la lectrice – le lecteur conclut de luimême : il n’y a aucune lumière de ce côté-là .
En fait, c’est la seconde partie qui est l’objectif central de ce texte comme annoncé dans le
préambule ;
« Mais le cœur de notre inquiétude porte sur la partie consacrée à notre orientation
stratégique pour 2017. Nous avions depuis plusieurs congrès tiré les leçons des
expériences de « l’Union de la gauche » et de la « Gauche plurielle » et élaboré une
stratégie de rassemblement qui a débouché sur la création du Front de gauche. Certes, le
projet de base commune y fait référence et propose de la prolonger. Mais dans les faits,
nous constatons que la proposition d’une « primaire à gauche » pour « écarter l’impasse
Hollande, Valls et consorts » et « faire émerger, pour l’élection présidentielle, une
candidature commune », présentée comme le seul moyen de créer la surprise, de figurer et
de l’emporter au second tour de cette élection, nous amène en réalité à la recherche d’une
candidature de consensus avec un Parti socialiste discrédité, reproduisant au final le
schéma ancien de la gauche plurielle. »
On ne sait pas où les auteurs du texte prennent « le nous amène en réalité ».
C’est évidemment un procès d’intention contredit par toutes les déclarations de P Laurent.
Mais il faut aller plus loin ; la proposition d’une primaire à gauche n’émane pas de nous ;
fallait -il ignorer ou dénoncer cette proposition ? Eût-t-il fallu en prendre l’initiative ? Cette
dernière hypothèse non évoquée dans le texte qui en évoque une autre se serait heurtée
aussitôt au scepticisme, à supposer que les communistes y aient été « prêts » ; une primaire
de gauche proposée par le PCF n’aurait eu aucune chance de voir le jour dans les
circonstances actuelles ; toutes sortes de spéculations auraient nourri la méfiance à notre
égard ; mais en outre le PCF ne propose pas de « trucs » .
Quelle analyse de la situation faisons-nous ? Celle d’un risque majeur à savoir celui de
l’absence au second tour d’une candidature de gauche… On peut épiloguer à l’infini sur les
raisons de cette situation ; il est évident que la politique menée par le gouvernement actuel ,
socialiste , est à l’origine de la possibilité évoquée ; les calculs sordides des Valls, Cambadélis
et consorts qui pensent que devant ce danger , les électrices et électeurs de gauche finiront
par se mobiliser en masse « pour éviter le pire » , oubliant aussitôt les critiques de plus en
plus lucides sur les abandons idéologiques et politiques du quinquennat , sont déjà démentis
par toutes les élections partielles ou globales ; en outre, jouer la France au poker n’est pas
non plus une « tradition communiste » ; par suite il était vital d’imaginer un autre processus ;
c’est là ce que firent divers(es) citoyen(ne)s de gauche en lançant l’idée de primaires de
gauche ; ils et elles le firent , pour une part sans songer , pour une autre en y songeant, avec
diverses arrières pensées aisément percées à jour mais ……… C’était une initiative ayant la
vertu potentielle d’une grande mobilisation à gauche en l’inscrivant dans un processus qui, à
défaut de contenu, permettait au moins un choix. La direction du PCF décida de s’y joindre
en y ajoutant le contenu politique qui jour après jour est en débat ; personne ne peut en
décider l’issue ; il se peut que cela capote comme il se peut que la surprise en effet en
résulte…Mais ce qui compte avant tout c’est l’attrait manifeste des citoyennes et citoyens de
gauche pour la démarche qui est suivie avec le plus grand intérêt même s’il reste beaucoup à
faire pour que cela devienne irrésistible ; en quoi cela s’écarte-t-il des principes d’une
république citoyenne ?Les vices irrémédiables de l’élection présidentielle en France sont une
donnée , pas une vue de l’esprit ; les primaires de gauche ne peuvent échapper à ces vices
mais elles créent potentiellement un dispositif qui bouscule les données de cette élection.
Au lieu d’accorder de l’importance à ces caractéristiques, les auteurs (es) du projet alternatif
nous en expliquent l’issue prévisible et un raccommodage politicien in fine ; c’est faire bien
peu de cas de la lucidité populaire ; c’est faire bien peu de cas de la gêne visible pour ne pas
dire pire de la direction du PS ; Pas question un jour et oui le lendemain à condition …. Mais
même si Hollande devait in fine se plier au processus des primaires qui peut dire qu’il en
sortirait vainqueur ? Cela d’autant plus que ces primaires si elles ont lieu , se feront SUR LA
BASE d’un contenu où le PCF joue un rôle éminent qui plonge les initiateurs( trices ) dans
une certaine perplexité comme en témoignent les Lundis de gauche organisés par le PCF et
de plus il y a les rencontres nombreuses entre la direction du PCF et ces mêmes initiateurs et
initiatrices ; les choses avancent à cet égard ; il y a aujourd’hui peu de chances que les
primaires de gauche se fassent – si elles ont lieu- en privilégiant le casting ce qui rend les
choses très difficiles pour la direction actuelle du PS . On ne voit pas Hollande jurer qu’il fera
le contraire de ce qu’il a fait pendant un quinquennat entier ………. S’il le fait – car Paris vaut
bien une messe – qui en sera dupe ? Le PCF a dit haut et fort qu’il lui semblait déraisonnable
de voir un membre actuel du gouvernement participer à ces primaires ; c’est son avis, pas un
oukase ; celles et ceux des initiateurs (trices) qui nourrissaient des plans politiciens visant à
réhabiliter en fait Hollande par l’onction d’un processus de primaires de gauche en sont pour
leurs frais. Si Hollande accepte in fine de se soumettre au processus, ce sera pour lui dans les
pires conditions possibles et il faut être aveugle pour ne pas le voir ; on attendait du PCF
qu’il rejette majestueusement un processus aussi étranger à sa culture …on se trompait.
L’initiative, si elle débouche, ce qui n’est pas acquis, bouscule, on l’a dit, le scénario déjà écrit
de la présidentielle, bouscule et met en difficulté la direction du PS, et PEUT redonner du
tonus à toute la gauche ; et il faudrait bouder ???
Aussi bien, la myopie inspiratrice du texte alternatif a une autre cause :
« Nous ne sommes plus en 2012. Nous sommes conscients que les politiques conduites par
François Hollande et ses gouvernements constituent une accélération dramatique de ces
politiques libérales. Mais nous savons aussi que dans une telle situation, il n’y aura
aucune amélioration réelle pour notre peuple par le seul retour au programme énoncé par
Hollande en 2012, et pas même aux politiques de Lionel Jospin entre 1997 et 2002. Retarder
le moment de véritables ruptures antilibérales et de progrès démocratiques majeurs, et
même retarder l’ouverture de la perspective de telles ruptures, ne font à chaque fois
qu’aggraver la situation et imposer à notre peuple des épreuves de plus en plus
catastrophiques. »
Nous ne sommes plus en 2012 ; certes, c’est là un point d’accord ; qui parle de
«Retarder le moment de véritables ruptures antilibérales et de progrès démocratiques
majeurs, et même retarder l’ouverture de la perspective de telles ruptures, » ???
C’est là faire fi du contenu politique justement en discussion, on l’a dit ; mais il faut y
ajouter une autre réflexion ; depuis plusieurs Congrès, le PCF dit haut et fort que ce
n’est pas lui qui FIXE LES RYTHMES des transformations nécessaires ; le PCF , sa
direction contribue autant que possible à faire en sorte que la charte , les
engagements auxquels devraient souscrire toutes et tous les candidats éventuels
soient les plus adaptés à une situation qui en effet exige de profondes
transformations s’en prenant à la logique du capital ; tout ce qu’il propose en ce sens
ne sera pas entendu mais c’est là justement une donnée nouvelle qui échappe
totalement aux auteurs du projet alternatif , il n’est PAS UNE MESURE DE GAUCHE
qui ne s’en prenne à la Logique du capital aujourd’hui. (Par parenthèse, c’est le cas
du mariage pour tous et même si les 35 heures ont été adoptées dans des conditions
qui en freinaient délibérément la portée, aujourd’hui, c’est encore une épine dans le
pied des forces qui soutiennent et portent un système à bout de souffle ; cette
situation est nouvelle ; ce n’était pas le cas au moment du Front Populaire. )
C’est pourquoi, on peut imaginer qu’au bout du chemin qui se trace soit élaboré un
contenu d’engagements qui sans créer la révolution demain matin soit …un
programme de gauche qui justement ne revienne à rien de ce qui a eu lieu
auparavant ; nous ne sommes pas les seuls à voir que le monde a changé ; nous
avons sans doute une vision plus aigüe de ce qu’il faut changer que beaucoup
d’autres mais ce n’est PAS LE PCF qui décide des rythmes.
Rien d’un programme de gauche ne peut convenir à un Hollande et consorts ……….
Au lieu de percevoir la dynamique créée par un tel processus d’assimilation et
d’appropriation collective de la politique et de ses enjeux, nos auteurs préfèrent les
incantations.
« Et dans tous les cas, la candidature ne pourrait être celle de toute la gauche puisqu’un tel
résultat supposerait aussi le renoncement de Jean-Luc Mélenchon, qui continue
d’identifier le Front de gauche pour des millions de femmes et d’hommes, se refuse quant
à lui de façon tout à fait déterminée à quelque alliance que ce soit avec un PS discrédité
par son soutien constant au gouvernement et demeure crédité dans les sondages d’environ
10% des intentions de vote. »
Nous y sommes : la grande question de ce texte est en fait « Mélenchon ou pas Mélenchon »
Là le texte n’est pas avare (nous passons temporairement sur les 10% attribués au PS où les
auteurs eux -mêmes ne peuvent pas croire un instant)
« Jean-Luc Mélenchon a proposé unilatéralement sa candidature, ce qui va à l’encontre de
la démarche collective qui est la raison d’être du Front de gauche. Il est extrêmement
dommageable qu’on en soit arrivé là. Comme l’est aussi le fait que nous n’ayons jamais
examiné ni débattu de cette éventualité tout à fait prévisible depuis des années, et que
nous n’ayons pas élaboré une stratégie qui en tienne compte et permette de poursuivre la
démarche collective qui a montré son efficacité. »
JL Mélenchon a proposé unilatéralement sa candidature ; c’est « dommageable » mais ………
c’est la faute du PCF qui aurait dû prévoir et depuis longtemps …. Voilà une idée étrange ; il
est indispensable nous disent les auteurs que le PCF se dote « d’une stratégie autonome par
rapport au PS » mais ils ne voient rien à redire à ce que la stratégie du PCF dépende de la
volonté d’un homme……. Comme les auteurs estiment qu’il est dommageable que le PCF
n’ait pas débattu de cette éventualité en effet prévisible, il faut s’arrêter un instant sur cet
aspect ; que signifie au juste « débattre de cette éventualité » ? N’aurait ce pas été par hasard
une façon de privilégier le casting au contenu ? En quoi le fait de nous lier par avance à une
candidature éventuelle de Mélenchon nous eût avancé ? Et avancé vers quoi ? Le Front de
Gauche initié par le PCF rappelons-le, avait comme objectif de révolutionner toute la
gauche ; c’était une ambition éminente et elle demeure d’actualité avec ou sans JL
Mélenchon ; mais ce n’est pas là le souci des auteurs du projet alternatif. Le choix préalable
de JL Mélenchon qui, sans qu’ils osent le dire ouvertement EST l’unique souci des auteurs du
projet alternatif, aurait-il favorisé le rassemblement populaire à vocation majoritaire pour
une politique de gauche et un gouvernement qui l’applique ? Il est permis d’en douter ; P
Laurent déclarait lors d’un CN précédent que nous n’étions pas parvenus à sortir le Front De
Gauche de l’enfermement dans la petite gauche raide ; nous n’y sommes pas parvenus mais
c’est peu dire …. Car JL Mélenchon n’y est tout de même pas pour rien ; la campagne 2012
commença sous de très heureux auspices que JL Mélenchon grisé s’employa à démolir
soigneusement ; commençant en voulant bien écouter et même entendre ce que lui conseillait
la direction du PCF son message fut largement populaire à gauche , puis , sans crier gare il
changea de posture en décidant d’orienter tout le tir sur le dépassement du candidat du PS
dont il apparut très vite que c’était là l’objectif premier de sa candidature comme il la
concevait ; un communiste attentif à qui cela n’échappa pas l’écrivit sur son blog ; l’effet
produit par ce changement radical de cap fut selon cet observateur attentif d’épouvanter des
électrices et des électeurs de gauche qui , pensant d’abord voter pour JL Mélenchon au
premier tour s’en écartèrent , craignant de reprendre du Sarkozy pour 5 ans ; on peut ne pas
partager ce point de vue , c’est mon cas : JL Mélenchon fit tout pour braquer des électeurs à
sympathies socialistes qui furent immédiatement sensibles au fait que au lieu de voir une
gauche boostée par un programme offensif, on voyait en fait une tentative de dépasser le
score du PS ou de faire jeu égal avec lui ; c’était une conséquence possible( éventuellement
souhaitable ) d’une campagne bien engagée mais surement pas un objectif décliné sur tous
les tons ; il arriva ce qui devait arriver ; JL Mélenchon y perdit du crédit sans aucun bénéfice
pour quiconque à gauche , Hollande sut gauchir son discours à temps et l’affaire fut dans le
sac . Le premier bourreau du Front de gauche fut JL Mélenchon ; son talent éventuel ne fait
rien à l’affaire ; il passa ensuite son temps à casser du PS et à prédire un soulèvement
populaire qui n’eut pas lieu et pour cause. Ensuite, lui et son parti n’eurent de cesse que de
dénoncer dans les termes les plus injurieux le PCF en lui reprochant son choix aux
Municipales de Paris, on en passe et des meilleures.
Que Mélenchon et son parti aient une stratégie différente du PCF est là une chose
parfaitement naturelle ; on ne fait pas alliance avec des clones ; mais de là à insulter ses
partenaires il y avait un pas à ne pas franchir ; ceci d’autant plus que les divergences très
profondes eussent pu être sinon réglées au moins amoindries. On ne revient pas sur cet
épisode ; à quoi bon ? JL Mélenchon et le PG n’en démordirent pas ; outre la question de
fond qui faisait débat entre partenaires du Front de gauche, qu’on veuille bien nous
expliquer comment sans alliances à gauche il est possible de gouverner une agglomération
comme paris ou une Région …. Il y avait pour cela le second tour, diront certains ; autrement
dit on incendie le PS au premier tour et au second on passe un accord avec lui ???????????
Les auteurs du projet alternatif ne veulent pas entendre parler de cela ; fort bien ; on se
demande alors en quoi ce qu’ils préconisent est différent d’une attitude purement
politicienne ; depuis quand les désaccords de fond doivent être explicités en détail s’agissant
du PS et cachés quand il s’agit de JL Mélenchon ?C’est là une géométrie variable intenable en
effet qui ne peut plaire qu’à certaines forces du Front de Gauche pour qui la rassemblement
populaire à vocation majoritaire pour une politique de gauche est le cadet des soucis . Mais il
se trouve que c’est LE SOUCI majeur du PCF.
Mais prenons au mot les auteurs du projet alternatif : que signifie « élaborer une stratégie qui
tienne compte de l’éventualité d’une candidature JL Mélenchon « ? Les auteurs ont sur ce
point évidemment des idées mais on les cherche vainement ; qu’eussions-nous dû faire ?
Supplier JL Mélenchon de bien vouloir être à nouveau candidat du Front de gauche ? Nous
mettre ainsi à la remorque d’un seul homme – fut -il talentueux – c’est là une démarche
communiste originale il faut l’avouer. Sans même parler du fait que bien des initiatives à
gauche n’eussent pas vu le jour ; les socialistes qui contestent l’orientation de leur parti
eussent été laissés à la dérive sans même parler de toute l’opinion de gauche qui aurait vu
dans cet acte inconsidéré le signe que pour le PCF , rien n’était plus possible avec les
socialistes ; magnifique résultat ; on peut sans doute ergoter à l’infini sur les atermoiements
des socialistes qui tout en n’étant pas d’accord hésitent à franchir le pas et par là je n’entends
justement pas qu’ils quittent leur parti , mais avancer hors de propos une candidature JL
Mélenchon eût été une absurdité qui aurait à coup sûr contribué à isoler le PCF pour très
longtemps ; j’entends que sous ce raisonnement il y a un problème majeur et ce problème
s’appelle la gauche. Pour les auteurs du texte alternatif en tout cas les choses sont claires ;
« la gauche » est une catégorie morte ; elle implique des alliances avec le PS lequel n’ »est
plus de gauche » tout en gardant l’étiquette sur le flacon ; mais il y a là un problème
majeur ; les auteurs du texte alternatif le résolvent en s’exclamant « Mais dans tous les cas,
une des conditions de la dynamique politique a été la rupture claire et sans concession de
Syriza et Podemos avec respectivement le PASOK et le PSOE, l’un et l’autre aussi affaiblis
et discrédités que le PS. Il est vain de s’accrocher à la vieille union de la gauche avec la
social-démocratie à sa tête. La gauche, comme outil politique des catégories populaires —
diverse dans ses courants de pensée et dans ses traditions politiques, mais unie par son
parti pris en faveur de ce camp social là —, ne pourra trouver un nouveau souffle que si
elle a pour moteur une force de gauche radicalement transformatrice et antilibérale. »
Le Pasok et le PSOE « aussi affaiblis que le PS ??? Rêvent-ils éveillés ? Le PASOK est
compromis dans une boue innommable et depuis des années ; en comparaison le PS est un
parti de gauche radicale ; il en va grosso modo de même du PSOE ; la Grèce n’est pas la
France et l’Espagne non plus ; de ces exemples seul Syriza a commencé quelque chose et
GOUVERNE ; on ne sache pas que ce soit le cas de Podemos qui a choisi une voie à la JL
Mélenchon c’est-à-dire se distancier autant que possible des communistes espagnols dont le
parti n’est à aucun égard comparable au PCF aujourd’hui et …. Il ne gouverne pas … Avec
qui d’ailleurs ? En tout cas voir le PS comme une force à 10% , déconsidérée , en voie de
décomposition est une parfaite vue de l’esprit ; cela arrange peut -être nos auteurs de mettre
ce chiffre puisque pour sa part le Front de Gauche, quant à lui, stagne à 7% mais cela n’a rien
à voir avec la réalité ; le PS , on l’a dit connaît une crise majeure , se heurte à la crise du
capitalisme dont il ne sait pas faire le diagnostic mais pour mille raisons bonnes et mauvaises
,il représente dans l’imaginaire de nos concitoyennes et concitoyens de gauche une force
incontournable sans laquelle aucune politique de gauche n’est envisageable .
Encore n’a-t-on pas épuisé la question de la Gauche avec ces considérants ; certes les auteurs
voient le « mouvement social » ; ils lui attribuent une vertu qu’il n’a pas et ne voient pas
sinon à l’ancienne ce qui l’entrave ; le mouvement social n’est PAS UNI dans une volonté
d’en finir avec le libéralisme ou l’ultralibéralisme et encore moins uni dans une volonté de
s’extraire du capitalisme ; et ce qui l’entrave n’est pas comme on le disait alors « l’absence de
perspective politique à gauche » ; ça c’était le discours et la vision d’hier ; il en reste
évidemment quelque chose mais avant tout les acteurs de ce mouvement cherchent dans la
confusion ce qui leur permettrait en toutes circonstances d’être décideurs sans être
dépendants de la stratégie qu’ils ne comprennent pas toujours , n’y adhérent pas
nécessairement etc… d’un parti politique quel qu’il soit ; c’est en quoi la CONSULTATION
envisagée par le PCF est fondamentale ; elle permet en principe de ne pas calquer nos vues
sur le réel mais d’avoir une vision aussi proche que possible de ce que veulent nos
concitoyennes et concitoyens de gauche ; c’est là NOURRIR le processus de primaires à
gauche tout autrement qu’en « négociant » on ne sait quel programme lequel se ferait sans
les principaux intéressés ; en tout cas c’est une démarche qui eût dû être celle du Front de
Gauche et c’est par elle qu’il peut être relancé et élargi ; mais de cette CONSULTATION nos
auteurs n’ont cure comme d’ailleurs JL Mélenchon ; cela augure très mal de la République
citoyenne dont il se réclame. Ce n’est en fait pas son souci.
Reste une question importante : la présidentielle pour importante qu’elle soit n’est pas
l’horizon seul et unique de 2017 ; il y a la question des législatives ; le PCF fit en 2012 le calcul
qui se révéla erroné selon lequel il y aurait effet d’entrainement automatique pour les
candidates et candidats du Front de Gauche comme pour les autres formations ( en déroute
pour la droite , en succès pour la gauche ) mais ce n’est pas ce qui se produisit ; les causes en
sont multiples , nous ne les évoqueront pas ici ; on peut cependant penser que l’inflexion de
JL Mélenchon dans la dernière partie de la campagne désertant ce qui avait fait son succès
initial joua un rôle considérable mais, quoi qu’il en soit, le PCF en a tiré la leçon et prépare les
législatives dès maintenant ; nos auteurs écrivent à ce sujet « Enfin, s’il y avait une
candidature « commune » à gauche à l’élection présidentielle à partir d’un « socle commun
», nous risquerions fort d’être entraînés vers des candidatures communes aux législatives
de femmes et d’hommes supposés « résolument à gauche », comme le dit le projet de base
commune, mais dont on ne voit pas comment et par qui elles seraient décidées. »
Ce qu’on ne voit surtout pas c’est où nos auteurs prennent pareille hypothèse ; ils oublient
ou feignent d’oublier que c’est JL Mélenchon qui imposa le « paquet cadeau » : Présidentielle
+ législatives » et cela entraina en effet des tractations détestables où les ambitions absurdes
du PG jouèrent un rôle non second ; on parle d’un processus de primaires de gauche pas de
tractations pour la suite ; le PCF est libre dans ses choix.
Résumons-nous :la perspective de JL Mélenchon comme l’était celle de F Mitterrand dont il
ne cessa de se réclamer est l’affaiblissement de la représentation du PCF ; ce n’est pas son
seul objectif mais c’en est un de taille ; nos auteurs alternatifs ne le voient pas et ne veulent
pas le voir ; c’est leur choix ; si leur texte conduisait au moins à permettre d’affronter les
échéances à venir dans des conditions qui assurent un très large rassemblement populaire ,
on pourrait à la rigueur examiner le gambit ; mais le texte justement en dépit d’affirmations
volontaristes continue de nous enfoncer dans la petite gauche raide ; il ne résoud ni ne
commence à résoudre aucun des problèmes posés ; allons plus loin ; supposons que les
primaires de gauche aillent au bout .Rien ne permet de penser qu’au final , si le scénario
catastrophe était évité et qu’un candidat de gauche était présent au second tour- je dis
candidat de gauche car SI LES PRIMAIRES DE GAUCHE VONT AU BOUT , on ne voit pas
Hollande se présenter en dehors et on ne le voit pas sortir vainqueur de cette consultation s’il
s’y résoud- rien ne dit qu’il l’emporte ; on peut le souhaiter , tout faire pour cela mais il est
Minuit Docteur Schweitzer ; imaginons que la droite l’emporte étant entendu que le spectre
d’un « affrontement » droite extrême droite est écarté , au moins le PCF aura TOUT FAIT
pour empêcher le désastre , créer les conditions du resourcement à gauche et présentera des
candidatures aux législatives dans de meilleures conditions qu’en 2012 . Ce n’est pas mal. Si
finalement un candidat ISSU des primaires de la gauche l’emporte alors la situation sera très
différente et il sera temps d’en parler. Mais évidemment ce dernier scénario le plus
souhaitable suppose que JL Mélenchon ne fasse pas bande à part comme il s’y entête
aujourd’hui ; rien ni personne ne peut décider de ses choix hors de lui-même MAIS si les
primaires de gauche vont au bout, qu’il s’en exclut et se présente néanmoins, il crée la
possibilité d’une victoire de la droite par défaut. Au moins on ne reprochera pas ça au PCF
…….
Les auteurs du projet alternatif se situent dans une perspective politique qui n’a de
communiste que le nom.