Franchise: l`Eldorado suisse

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Franchise: l`Eldorado suisse
Fiche pratique
Franchise:
l’Eldorado suisse
Olivier Nimis
La franchise permet une plus-value commerciale fort intéressante.
Or, en Suisse, ce modèle de vente n’est pas encore très développé.
Pour le franchiseur ou le franchisé en devenir, quels facteurs sont
à prendre en considération?
«Nos parents ont tout mangé. Il ne reste plus grand-chose
à faire dans le commerce. Pourtant, nous avons encore la
possibilité de gagner de l’argent en développant des franchises.
En Suisse, par rapport à d’autres pays européens, nous sommes
à la traîne», explique Olivier Nimis, directeur de Remi Com et
actif dans le monde de la franchise depuis plus de 15 ans.
Pourtant, ce mode de relation commerciale, basé sur la notion
de réseau, offre au franchiseur et au franchisé un certain
nombre d’avantages. Le franchiseur fournit du savoir-faire,
de l’assistance et de la formation contre de la rémunération.
Le franchisé bénéficie de la notoriété du réseau auquel il
s’affilie et de l’accès à une centrale d’achat. En contrepartie,
il se retrouve soumis à des obligations, notamment dans sa
pratique commerciale.
Bien que cette situation semble à l’avantage des deux parties,
la franchise ne rencontre pas de réel succès en Suisse.
Les raisons d’un retard
Différents facteurs sont à l’origine de ce retard parmi lesquels
la frilosité des banquiers suisses. En France, les établissements
bancaires se livrent une guerre sans merci pour offrir des
crédits aux franchisés qui veulent s’établir. En Suisse, le
banquier ne prête qu’en échange de solides garanties et pour
peu que le client montre un réel savoir-faire dans son activité.
De plus, les différentes régions linguistiques de la Suisse
et donc ses cultures multiples posent un réel problème. Le
marché est moins facilement abordable et nécessite quelques
ajustements (législatifs, monétaires et douaniers entre autre).
Du côté du franchisé
Acheter la franchise d’une marque n’est pas exempt de risques.
Le futur franchisé doit prêter attention à plusieurs points.
Olivier Nimis les énumère: «Il doit s’assurer que la marque à
laquelle il s’affilie fait de la publicité nationale et que celle-ci
sera visible en Suisse. Si la marque est très connue dans son
pays d’origine mais pas sous nos latitudes, la franchise
ne sert alors qu’à bénéficier d’un savoir-faire et d’un manuel
de procédures. Le prix payé (pouvant aller jusqu’à plusieurs
centaines de milliers d’euros, ndlr) sera trop élevé.»
Il poursuit: «Le produit que le franchisé compte vendre
doit être bien adapté au marché suisse. Les différences
de mentalité ne doivent pas être sous-estimées car si les
succursales helvétiques ne marchent pas, le franchiseur
rechignera à remplir ses obligations. Souvent ces hommes
d’affaire perçoivent la Suisse comme une sorte de Paris mais
avec plus d’argent. Les résultats les déçoivent et la relation
se détériore pour finalement aboutir à un échec.»
Les mauvaises expériences ne sont de loin pas la règle.
La franchise permet généralement de se lancer dans une
activité commerciale avec un filet de sécurité mais nécessite
des fonds à investir. Au contraire, en transformant son
activité commerciale en franchise, les investissements sont
minimes et les possibilités de gains importantes.
Devenir franchiseur
Pour garantir son succès, il faudrait, avant même de se lancer,
imaginer l’entreprise comme une franchise potentielle; ce qui
veut dire développer un concept original avec une identité
forte et aisément identifiable. Après avoir éprouvé la validité
de ce modèle avec un premier magasin, il est nécessaire
d’en ouvrir un deuxième. Si les deux boutiques rencontrent
du succès alors l’idée de franchiser peut s’imposer. Pour
ce faire, il faut d’abord choisir un franchisé proche des
premières enseignes. La proximité est requise car la tâche
d’accompagnement peut se révéler ardue. Un franchisé
n’est pas un employé, c’est un indépendant qui aura aussi
son idée sur la gestion du commerce et, si cette personne
peut se révéler très bonne dans un domaine, elle peut
être exécrable dans un autre. Elle aura donc besoin
d’accompagnement.
«Devenir franchiseur, c’est changer de métier!» s’exclame
Olivier Nimis. Il faut apprendre une nouvelle profession.
De petit commerçant, on devient patron avec une autre
activité à la clé. On doit amener du dynamisme dans le
réseau, du savoir-faire, il faut motiver les gens pour que
l’équipe fonctionne. On n’est plus dans son core business.»
Pour un commerçant, se lancer dans la franchise veut dire
changer non seulement de statut mais également de métier.
C’est pourquoi une bonne préparation est requise, dans la mesure
du possible, avant même l’ouverture du premier commerce.
Quant au franchisé, en s’appuyant sur un modèle qui aura déjà
fait ses preuves, il réduit sensiblement sa prise de risque.
Frédéric Vormus
Créateurs No 5
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