Productions légumières d`hiver
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Productions légumières d`hiver
Dossier de presse • Décembre 2013 Productions légumières d’hiver à la découverte de la culture de l’endive et du champignon Préambule Derrière chaque fruit et chaque légume, il y a des métiers variés. Les professionnels de la filière des fruits et légumes frais s’adaptent au rythme de travail qu’exige un produit vivant, fragile et périssable. On l’oublie souvent, mais les fruits et légumes poussent selon les saisons : certains comme la carotte ou le chou en hiver, d’autres comme la fraise ou l’asperge au printemps, l’abricot et la courgette en été ou encore la poire et le raisin en automne. Les professionnels organisent donc leur activité selon les saisons. Ainsi, c’est une véritable chaîne de savoir-faire, dont tous les maillons sont indispensables et complémentaires, qui œuvre au quotidien pour satisfaire les attentes des consommateurs. Les producteurs de fruits et de légumes doivent savoir choisir les variétés les mieux adaptées aux critères agronomiques et climatiques de leur région, en tenant compte de l’environnement, des préférences de leurs clients, ainsi que des tendances du marché. Ils répondent également aux attentes de qualité et de goût des consommateurs grâce à leur savoir-faire qui combine de nombreuses techniques de production et pratiques agronomiques de pointe adaptées aux différents terroirs. Maraîchers et producteurs de légumes cultivent 35 espèces de légumes différentes, réparties sur l’ensemble du territoire français. Les producteurs de légumes doivent aussi faire face aux aléas climatiques et aux attaques de ravageurs pour protéger leurs récoltes dans le respect de l’environnement et de la biodiversité. Véritables chefs d’entreprise, ils mettent également en œuvre des compétences de gestion des ressources humaines et de commercialisation. A propos d’Interfel Créée en 1976, Interfel rassemble et représente les métiers de l’ensemble de la filière fruits et légumes frais, de la production jusqu’à la distribution (producteurs, expéditeurs, grossistes, primeurs, chefs de rayon GMS). Organisme de droit et d’initiative privés, elle est reconnue association interprofessionnelle nationale agricole par le droit rural français, ainsi que par l’Union européenne depuis le 21 novembre 1996 dans le cadre de l’OCM (Organisation Commune de Marché) unique. Interfel a pour missions notamment d’élaborer des accords interprofessionnels qui font force de loi et de mettre en œuvre des actions de communication informative et publipromotionnelle. www.interfel.com – www.lesfruitsetlegumesfrais.com P. 2 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon Sommaire L’endive Daniel Bouquillon, endivier à Vélu (62) Le champignon Didier Motte, champignonniste à Comines (59) Informations pratiques P. 3 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon 4 9 10 13 14 L’endive Un peu d’histoire... L’endive est née en 1850, fruit du hasard et de l’avarice de M. Bréziers. Cherchant à payer moins d’impôts sur ses cultures, celui-ci aurait dissimulé des pieds de chicorées sauvages dans sa cave, sous une petite couche de terre. Culture L’endive a plusieurs particularités : elle n’existe pas à l’état sauvage, et si on laisse pousser la racine, elle donne une fleur. Par ailleurs, elle a besoin, pour garder sa blancheur, que sa culture se déroule à l’abri de la lumière et dans une atmosphère chaude et humide. Quelques semaines plus tard, lorsqu’il vient les chercher, les racines ont donné une plante blanche en forme de fuseau. M. Bréziers découvre l’endive dite « witloof », qui signifie feuille blanche en flamand. Il décide d’en faire la culture, développant bientôt l’endive telle que nous la connaissons aujourd’hui, à partir d’une chicorée à café. « Chicon » est le terme utilisé pour désigner le légume de différentes plantes, dont l’endive. C’est ainsi que l’on appelle communément l’endive dans le Nord de la France et en Belgique. Ces deux conditions reconstituent « l’effet de cave » de feu M. Bréziers. Pour produire les endives, il y a donc besoin d’un savoir-faire spécifique. Si la culture de l’endive a évolué depuis le XIXe siècle, les modes de production actuels préservent le caractère authentique et naturel du produit. L’endive en quelques chiffres Production française1 : 352 000 tonnes de racines, soit 175 000 tonnes d’endives L’endive est la 7e production de légumes en France, en volume2. La France est le 1er producteur européen d’endives3. Bassins de production : Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Bretagne Répartition par région Tonnages Ratio Hectares Ratio Nb prod. Ratio NPC 110 493 62 % 4 928 61 % 319 65 % Picardie 55 629 31 % 2 562 32 % 108 22 % Autres régions 11 775 7 % 629 8 % 62 13 % Total France 177 897 100 % 8 118 100 % 489 100 % Source APEF sur la base du dernier relevé complet de la campagne 2011/2012 Disponibilité : toute l’année Pleine saison : d’octobre à mars Prix moyen4 : 1,70 € / kg Consommation en frais5 : 5,9 kg par ménage et par an L’endive est le 4e légume le plus consommé par les Français en 2011, après la tomate, la carotte et le melon (en kg)6. Source : Agreste 2011 Source : Agreste 3 Source : Eurostat 4 Source : Kantar Worldpanel 2011-2012 5 Sources : INSEE (un ménage est composé de 2,3 personnes), Kantar Worldpanel 2011-2012 6 Source : Kantar Worldpanel 1 2 P. 4 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon L’endive Les 3 grandes étapes de la production d’endive 1. Semis/arrachage/conservation des racines La plante est cultivée dans les champs et conservée jusqu’à la floraison en vue de récolter ses graines comme semences. La fécondation est assurée par les insectes. Une graine ne donne qu’une seule endive ! Les graines sont semées dans les champs durant le mois de mai. Cultivées comme les carottes, les racines se développent dans la terre et se gorgent d’éléments nutritifs. Elles sont déterrées et récoltées entre septembre et novembre, c’est-à-dire 5 à 6 mois plus tard en fonction de leur maturité. Une parcelle bien entretenue permet d’obtenir entre 180 000 et 200 000 racines « forçables » par hectare. Les feuilles broyées au champ servent d’engrais naturel. Après arrachage, les racines sont réceptionnées rapidement, stockées en pallox et mises en chambre froide ou en couche (selon la méthode de forçage7) en attendant la plantation. Afin d’étaler la production dans le temps, elles sont stockées pour une période allant de 8 jours à 8 mois. 2. Mise en bac des racines et développement En fonction des besoins, les racines sont sorties des chambres froides afin d’être mises en bacs de forçage (ou de développement). Deux techniques coexistent : • le forçage traditionnel en couche : les racines sont disposées en terre dans un sol chauffé et recouvertes de tôles ou toiles pour assurer leur croissance à l’obscurité. La durée de forçage est de 3 à 4 semaines. • le forçage hydroponique en salle : pour que la racine produise l’endive, les bacs sont disposés dans une salle obscure appelée « salle de développement », dont la température est contrôlée et l’humidité élevée pour obtenir une endive de qualité au terme de 21 jours. Une solution nutritive circule de bacs en bacs pour alimenter la plante en eau et minéraux. Cette méthode est aujourd’hui la plus courante. 3. Cassage, sélection et conditionnement Après trois semaines, l’endive est arrivée au terme de son développement (qualité et aptitude de conservation). Les bacs peuvent être sortis pour le cassage du chicon, qui consiste à séparer l’endive de la racine. Les bacs en attente de cassage sont maintenus dans l’obscurité pour éviter le verdissement des endives. 1. Entrée au forçage 2. 5 jours 3. 10 jours 4. 15 jours 5. 21 jours - Récolte 7 1 2 3 Photo FNPE-Ctifl Les endives sont dirigées vers les tapis de conditionnement où elles sont épluchées, pesées et emballées avec le plus grand soin dans des sachets ou des cartons. Particularité de l’endive : son conditionnement est toujours effectué sur le lieu de production. Technique de culture visant à faire pousser des plantes en dehors de leur saison normale de croissance. P. 5 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon 4 5 L’endive Une station d’expérimentation dédiée à l’endive L’APEF est l’Association des Producteurs d’Endives de France. Créée en 2008, elle a pour objet de pérenniser la culture de l’endive sur le territoire français, notamment grâce à un programme de recherche et développement du produit incluant expérimentation, innovation et diversification. A ce titre, la filière a créé il y a plus de 20 ans une station d’expérimentation pour laquelle les producteurs adhérents à l’APEF ont défini un Schéma Directeur de Recherche en septembre 2011. Cette orientation stratégique décline l’expérimentation endivière en 5 axes majeurs : 1. L’agriculture durable • É valuer les nouvelles variétés (tolérances aux maladies, besoins en azote). • E xplorer la diversité génétique pour créer des nouveaux hybrides à faibles intrants. •R echercher des outils d’aide à la décision par la mise au point de tests ou de modèles épidémiologiques. • É tudier de nouvelles techniques de production plus respectueuses de l’environnement comme la lutte alternative et l’agriculture biologique. 2. La qualité du produit •M aîtriser la tenue du produit en post-récolte. •G arantir la qualité gustative. 3. L’innovation •P roposer aux producteurs les moyens de diversifier l’offre grâce à une segmentation par la forme, la couleur ou le goût. La diversité génétique des chicorées permet de segmenter sur la couleur (Carmine®, endive rouge, etc.), la forme (chicorée dentelée, …) et le goût. La difficulté est d’avoir un produit homogène et stable, mais aussi de produire de la semence sur le long terme. La Station participe au développement de nouvelles variétés en mettant au point les techniques de production et en les validant chez quelques endiviers volontaires pour piloter ces essais. Pour chaque produit, l’APEF met en place une stratégie commerciale et marketing afin d’évaluer la pertinence et le positionnement de ces nouvelles références auprès des consommateurs et valoriser ainsi leur mise en marché. Carmine® : après plus de 10 ans de recherche, les travaux de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et du Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes (Ctifl) ont abouti à la création, sous le nom de code ENDIGIA, d’un nouveau légume-salade issu du croisement de 3 types de chicorées. Carmine® présente des feuilles rouges nervurées et une forme pommée qui la distingue de l’endive rouge. Elle associe un goût légèrement sucré (venant des côtes) et une légère amertume rappelant la noisette (venant du limbe8). Étroitement associée à ces travaux de l’INRA et du Ctifl, la profession endivière a souhaité s’investir dans la mise au point puis le lancement de ce nouveau produit, afin notamment de donner à ses membres un moyen de diversifier leur offre traditionnelle d’endives sur les marchés. Elle a donc créé en 1996 un comité de pilotage afin d’organiser les différentes étapes du lancement de Carmine® et a bénéficié dans cette entreprise d’un soutien financier de l’ONIFLHOR puis des Conseils Régionaux du Nord-Pas-de-Calais et de Picardie. Bénéficiant du savoir-faire reconnu des producteurs de légumes français, la production de Carmine® se développe progressivement. Les producteurs de Carmine® ont relancé un programme de sélection, notamment en investissant dans la culture in vitro. Barbucine® est une chicorée « barbe de capucin », une salade d’autrefois que les producteurs d’endives ont décidé de remettre au goût du jour. La « barbe de capucin » serait née à Montreuil-sous-Bois en 1630, lorsqu’un dénommé Beausse Saint Hilaire découvre par hasard que des racines de chicorée sauvage disposées dans une cave donnent de longues feuilles découpées grâce à la tiédeur et l’absence de lumière. Ces feuilles sont plus tendres et beaucoup moins amères que les feuilles vertes. Cette expérience fait des émules et provoque le lancement d’une véritable industrie, qui allait alimenter Paris trois siècles durant en salades fraîches pendant la période d’hiver. En 1870, on dénombrait plus d’une centaine d’« étioleurs » à Montreuil. Mais la « barbe de capucin » est supplantée, après 1914, par l’arrivée de Belgique d’une autre chicorée du nom de Witloof ou chicorée de Bruxelles et plus connue à Paris sous celui d’endive. Aujourd’hui, la chicorée dentelée est un projet en plein développement. La racine cultivée en plein champ est récoltée, puis disposée au chaud et à l’obscurité, pour donner de longues feuilles étroites et dentelées. 8 Région principale, rouge et aplatie de la feuille. P. 6 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon L’endive D’autres programmes comme l’endive douce, d’autres variétés rouges ou un cœur de salade sont actuellement à l’étude. L’APEF contribue aussi à l’amélioration des techniques pour la culture traditionnelle de l’endive de pleine terre, un produit du terroir encore cultivé par plus de 150 endiviers en France (3 200 tonnes/an). 4. La réduction des coûts •R éduire les coûts de main d’œuvre par la recherche de solutions de mécanisation adaptables aux ateliers des endiviers : maquettage et étude de faisabilité d’un procédé robotisé pour l’épluchage et le tri du produit, recherche de solutions pour faciliter l’ensachage derrière les peseuses associatives. 5. Les homologations phytosanitaires •R echercher de nouvelles molécules. •R éaliser les essais officiels (BPE) pour la constitution des dossiers d’homologation. Ce programme a été adopté pour une durée de 5 à 10 ans. Commercialisation L’APEF engage la filière de production autour d’une stratégie commune de valorisation des produits par la qualité. Le cœur de gamme représente 90 % du marché. Le haut de gamme progresse avec plus de 8 % des ventes au profit des segments économiques. 70 % de la première mise en marché est destinée aux GMS9 françaises. Elle est réalisée par une douzaine d’opérateurs organisés ou indépendants. Les grossistes et les détaillants représentent 20 % des volumes. L’export et la transformation complètent le reste des flux commerciaux. Segmentation Pour vendre de la qualité, il faut un beau produit au départ et un suivi constant en rayon. Le conditionnement, colis ou sachet, doit être de calibre homogène. Historiquement, le marché privilégie un format de 5 à 10 endives par kilo. 9 Aujourd’hui, afin de répondre à une segmentation par l’usage et à de nouveaux modes de consommation, les opérateurs enrichissent leur gamme de nouvelles références vendues à la pièce par 2, 4 unités et plus. Ceci a été rendu possible grâce au règlement 543/2011 du 7 juin 2011. La qualité Depuis le 1er juillet 2009, la normalisation de l’endive n’est plus obligatoire. Après une période de transition, les producteurs ont décidé d’appliquer de manière volontaire la norme CEE – ONU Endive existante. à ce titre, en 2012, l’APEF a soutenu le maintien des calibres pour cette norme mondiale de référence et ainsi tenir compte : •d e la demande du consommateur ; •d es attentes des clients prescripteurs ; •d e l’aspect technique lié à la conservation du produit. Seule une amélioration permanente de la qualité peut garantir un développement durable des ventes. Grandes et Moyennes Surfaces. P. 7 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon L’endive Contact L’APEF en bref L’APEF a été créée le 28 août 2008 et reconnue première AOP Produit en France sur l’ensemble du territoire pour les endives et leurs dérivés. Ses membres adhèrent volontairement en qualité d’organisations de producteurs (OP) ou de producteurs individuels indépendants. •9 Organisations de Producteurs adhérentes à l’APEF représentent 77 % de la production (216 endiveries pour un tonnage de 120 652 tonnes10). Elles ont été rejointes depuis 2010 par 5 producteurs indépendants (5 230 tonnes11). •L’APEF a pour objet notamment de valoriser durablement la production d’endive et de tout produit issu de sa structure de recherche afin de pérenniser cette culture sur le territoire français. •Ses missions s’articulent autour de 3 grands axes : 1. La connaissance de la production : par la collecte des informations concernant les surfaces, les tonnages, les moyens et capacités en production. 2. La recherche et le développement du produit : par l’expérimentation, l’innovation et la diversification. 3. L a promotion du produit : par des actions génériques de communication et des animations pédagogiques. 10 11 Source : APEF sur la base du dernier relevé complet de la campagne 2011/2012 Source : Agreste P. 8 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon Frédéric Le Vigoureux Directeur 2, rue des Fleurs 62030 Arras Tél : 03 21 07 89 89 Email : [email protected] Site : www.endive.fr Daniel Bouquillon, endivier à Vélu (62) Daniel Bouquillon est à la tête d’une endiverie qui existait déjà en 1949. Il possède 19 hectares d’endives et 1 hectare de Carmine® qui produisent respectivement 430 tonnes d’endives et 10 tonnes de Carmine®. Produire une racine de qualité Et la lumière fût… C’est au mois de mai que Daniel Bouquillon commence ses semis. Les racines poussent pendant l’été durant lequel seuls quelques travaux de désherbage sont réalisés, afin de retirer les éventuelles plantes adventices ou mauvaises herbes. Au 20e jour, les bacs sont placés dans un frigo à 0°C, afin de permettre une meilleure conservation des endives en rayon. Peu d’arrosage est effectué, la région étant plutôt bien servie par les pluies… De septembre à fin novembre a lieu l’arrachage mécanique des racines qui sont ensuite réceptionnées à l’endiverie pour un premier tri mécanique avant stockage : la racine est calibrée, recoupée dans sa longueur si besoin et protégée contre les maladies par pulvérisation. « Endivier est un métier très technique, qui nécessite une très bonne connaissance de la plante » explique Daniel Bouquillon. « La qualité de l’endive dépend de la qualité de la racine ». Les racines sont ensuite rangées dans des pallox en bois pendant 8 jours minimum à 0°C, afin de permettre aux protéines contenues à l’intérieur de se modifier. Les racines peuvent ensuite être gardées jusqu’à un an à -2 ou -3°C, afin de permettre l’étalement de la production. « La tête au froid, les pieds au chaud » Daniel Bouquillon procède ensuite au repiquage de la racine dans des bacs pouvant en contenir 550 en moyenne en fonction de leur taille. Les bacs sont ensuite placés dans des salles de pousse dites « de forçage », dans le noir complet pour éviter le verdissement de l’endive. Comme le précise Daniel Bouquillon, « l’endive a besoin d’avoir la tête au froid et les pieds au chaud », c’est pourquoi la température de l’air est maintenue à 19,5°C et celle de l’eau à 20,5°C. Seule de l’eau contenant une solution nutritive permettant de nourrir l’endive et de la faire croître est injectée dans les bacs. Comme aime à le dire Daniel Bouquillon, « la culture de l’endive est écolonomique ! ». 12 Au 21e jour, les endives sortent à la lumière pour être coupées, parées et conditionnées. Les déchets sont offerts gracieusement par Daniel Bouquillon à un jeune éleveur du coin. Le sachet qui sert au conditionnement de l’endive est micro-perforé, afin d’éviter la fermentation et de retarder le verdissement de l’endive. A 15h30, le camion vient chercher la production du jour. Au-delà, les endives produites sont mises au frais jusqu’au lendemain. Daniel Bouquillon emploie 8 salariés, dont sa femme et son fils. La main-d’œuvre représente 40 % du coût de production de l’endive. « Cinq mains interviennent sur l’endive de leur entrée dans l’endiverie à leur sortie : pour la mise en bac, la coupe, l’épluchage, la pesée et le conditionnement » précise Daniel Bouquillon. C’est un bureau commercial qui se charge de la commercialisation de ses endives en France (en GMS12 et chez des grossistes), mais aussi à l’export, en Italie notamment. Chiffres clés • 19 hectares d’endives et 1 hectare de Carmine® • 430 tonnes d’endives et 10 tonnes de Carmine® produites • 8 salariés CONTACT Daniel Bouquillon Président des endiviers de France 1 avenue du Château 62124 Vélu Email : [email protected] Grandes et Moyennes Surfaces P. 9 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon Le champignon Un peu d’histoire... Un légume ? Pour se développer, les champignons n’ont pas besoin, comme les végétaux, d’utiliser la photosynthèse afin d’assimiler l’énergie du soleil. En revanche, comme les animaux, ils utilisent les matières organiques. Alors, animaux ou végétaux ? Les champignons appartiennent à un groupe spécifique : les « Fungi ». Celui-ci se divise en 3 catégories, suivant la façon dont les champignons se développent : • les parasites (ex : certaines moisissures) qui se développent au détriment des êtres vivants ; • les symbiotiques (ex : la truffe) qui cohabitent, s’associent à une plante vivante ; • les saprophytes, dont les champignons de Paris font partie, qui tirent les éléments nutritifs (eau et énergie) nécessaires à leur croissance d’un support végétal décomposé, le compost, sur lequel ils vivent. Le champignon de Paris ou champignon de couche ou agaricus est connu depuis toujours, puisqu’on le retrouve sur des peintures murales égyptiennes et que les Romains en étaient friands. Ce sont les jardiniers du Roi Soleil qui réussirent pour la première fois à le domestiquer en le cultivant sur des sacs de fumier en plein air. Au XVIIIe siècle, il fut produit dans les caves parisiennes puis, au XIXe siècle, avec la mise en œuvre du chantier du métro parisien, des producteurs eurent l’idée de cultiver des champignons dans les carrières abandonnées aux alentours de la capitale, puis dans celles du Val de Loire. C’est ainsi que naquit le célèbre champignon de Paris ! Caves, carrières et catacombes furent son berceau. Toutes les conditions y étaient réunies pour que le légume prospère : constance de la température, régulation de l’afflux d’air, contrôle du taux d’hygrométrie. Dans les années 70, la culture du champignon se modernise : il est désormais principalement cultivé dans des « maisons de culture », c’est-à-dire dans des bâtiments permettant de contrôler les conditions de sa culture (chaleur, humidité, ventilation, hygiène). Appelé champignon de Paris en raison de ses origines, il est aujourd’hui principalement cultivé dans le Val de Loire pour la transformation. Toutefois, leur composition particulièrement riche en protéines et en vitamines les rend comparables aux légumes frais. Culture Dans la nature, à certaines périodes bien précises, des « coins à champignons » réapparaissent chaque année. Pourquoi seulement à certaines saisons et toujours aux mêmes endroits ? Car, en réalité, les champignons ne sont que la partie émergée ou « carpophores » des saprophytes. L’autre partie, appelée « mycélium » étant, elle, permanente et souterraine. Toute sa vie, celle-ci se ramifie à la recherche de nourriture et donne naissance de temps en temps et dans certaines conditions bien précises à une multitude de carpophores. C’est ainsi que, dans les « coins à champignons », le mycélium est permanent dans le sol, mais ne fructifie qu’à certaines conditions : température constante, atmosphère très humide, aération importante. Ce sont les conditions de l’automne, que le champignonniste s’efforce de recréer toute l’année, dans des salles closes. La lumière ou le noir n’ont, eux, aucune incidence. P. 10 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon Le champignon Les grandes étapes de la culture du champignon 1. Le compostage (3 semaines) : le travail du composteur consiste à préparer le terrain car, pour se nourrir, le mycélium a besoin de compost. Il est composé d’un mélange de paille de blé et de fumier de cheval qui sont brassés énergiquement et copieusement arrosés pendant trois semaines, afin de former un substrat homogène par fermentation. Ce substrat organique est alors acheminé dans des tunnels pour la pasteurisation. 2. La pasteurisation (1 semaine) : cette étape consiste à détruire tous les micro-organismes qui pourraient être causes de maladies parasitaires des carpophores (parties visibles des champignons). Dans les tunnels, la température du compost est d’abord augmentée jusqu’à 60°C pendant quelques heures, pour être ensuite progressivement redescendue à 48°C pendant 6 jours. Le compost peut alors sortir pour être ensemencé par le mycélium : des spores (organes reproducteurs) qui sont prélevées sur des lamelles de champignons. Après germination, les spores donnent un mycélium qui ressemble à de très fins filaments. Celui-ci est bouturé et élevé sur des graines de céréales stérilisées qui servent à la fois de nourriture et de support au mycélium. Les laboratoires spécialisés peuvent produire des mycéliums de différentes variétés, pour donner des champignons blancs, blonds ou bruns de différentes tailles, selon la demande des consommateurs. 3. L’ensemencement : le mycélium est brassé avec le compost, à raison de 1 %, pour atteindre une parfaite homogénéité. Ce nouveau substrat est alors transféré dans des tunnels pour l’incubation. 4. L’incubation (2 semaines) : dans les tunnels, la température est de 25°C et l’atmosphère très humide. Le mycélium se propage dans tout le compost. Ceci se manifeste par un réseau de filaments blancs qui le recouvre en totalité. Il est alors prêt pour l’étape suivante. 5. Le gobetage : cette opération consiste à recouvrir le compost d’une fine couche de tourbe noire et de calcaire qui maintiendra l’humidité sur le substrat, afin de favoriser la fructification. 6. La fructification (3 semaines) : elle se passe dans des salles de culture où la température est maintenue à 16,5°C, l’atmosphère humide à 90 %, et qui sont aérées plusieurs fois par heure, dans des conditions d’hygiène très contrôlées. Il faudra une semaine pour que le mycélium recouvre la terre de gobetage d’un réseau de filaments et une autre semaine pour qu’il devienne un champignon de la taille d’une tête d’épingle. à ce stade, le champignon double de volume chaque jour. 7. La récolte (2 à 6 semaines) : les champignons fructifient de manière cyclique, à raison d’une pousse par semaine. C’est le phénomène des « volées », alternance de récoltes allant en s’amenuisant et de repos végétatifs. La récolte s’arrête en général à 2 ou 3 volées. Elle se fait tous les jours, à la main. C’est un travail compliqué, qui demande dextérité et discernement, car un champignon cueilli trop tôt ne sera pas assez « mûr » et un champignon cueilli trop tard verra sa qualité dégradée. 8. La désinfection : c’est le secret de la réussite ! Après la récolte, le compost en fin de cycle est retiré et les salles désinfectées pour accueillir une nouvelle mise en culture avec un nouveau compost. P. 11 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon Le champignon Une grande famille 150 000 espèces de champignons sont identifiées et répertoriées dans le monde. En France, on en dénombre 4 000. Seule une trentaine de ces champignons fait l’objet d’une culture, la 1ère place revenant, et de très loin, au champignon de Paris ou « Agaricus ». Le champignon en quelques chiffres Production française en frais13 : 27 000 à 28 000 tonnes Bassins de production : Nord-Pas-de-Calais (28 %), Picardie (26 %), Basse-Normandie (13 %), Ile-de-France (6 %), Pays de la Loire (5 %), Centre (5 %) Disponibilité : toute l’année Pleine saison : l’hiver Prix moyen14 : 3,96 € / kg Consommation en frais15 : 2,5 kg par ménage et par an L’ANICC en bref Contact L’Association Nationale Interprofessionnelle du Champignon de Couche représente la filière du champignon de Paris frais et transformé. •Créée en 1962, l’ANICC est composée de trois organisations professionnelles : - la Fédération nationale des Syndicats Agricoles de Cultivateurs de Champignons (FNSAC) ; - la Fédération des Industries d’Aliments Conservés (FIAC) ; - FELCOOP, syndicat professionnel qui représente les coopératives notamment dans les secteurs fruits et légumes frais et transformés. •55 exploitations agricoles spécialisées assurent la production française de champignon qui se situe au 3e rang européen. •L’ANICC contribue à la défense de la filière française au niveau national, communautaire et international. Les actions de l’ANICC sont financées par des cotisations professionnelles. •Depuis sa création, l’ANICC s’est efforcée d’orienter et d’inciter de nombreux travaux de recherche et d’expérimentation au sein du Centre Technique du Champignon (CTC), mais aussi du CATE pour les autres champignons cultivés, en lien avec l’INRA et des centres professionnels tels que le CTCPA et le Ctifl. •L’ANICC réalise également des campagnes de publicité collective et de promotion générique. Elle mène des études nationales et internationales pour mieux connaître les marchés et l’image du produit. Elle coordonne enfin de nombreux travaux au sein du Groupement Européen des Producteurs de Champignons (GEPC), qui est animé par la filière française. élodie Deckert Chargée de mission Tél : 01 53 91 45 21 Email : [email protected] Site : www.champignonidee.fr Source : Agreste, moyenne 2010-2012 Source : Kantar Worldpanel 2012 15 Sources : INSEE (un ménage est composé de 2,3 personnes), Kantar Worldpanel 2012 13 14 P. 12 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon Didier Motte, champignonniste à Comines (59) La Ferme de la Gontière a été créée en 1960 par Alphonse Dalle à Wervicq dans le Nord. On y produisait alors des champignons pour la conserverie. Une ferme performante En 1982, Didier Motte prend la direction de la Ferme de la Gontière et en développe la stratégie autour du champignon de Paris pied coupé vers le marché du frais. En 1986, il engage la construction à Comines d’une ferme de production innovante pour l’époque, où sont installées 7 chambres de culture de 1 000 m² chacune, dirigées par ordinateur. En 1989, il fait construire 7 salles supplémentaires et ferme le site de production de Wervicq. Après avoir tour à tour agrandi, démarré puis arrêté une activité de surgélation, stoppé la fabrication du compost pour se concentrer sur la culture des champignons proprement dite, arrêté l’activité de conserverie, racheté et développé une ferme de production à Creully dans le Calvados, Didier Motte est aujourd’hui à la tête d’une entreprise performante. Chaque semaine, 140 tonnes de champignons, soit 280 000 barquettes environ quittent la champignonnière de Comines et 70 tonnes celle de Creully. La Ferme de la Gontière est le 2e producteur français de champignons de Paris et l’une des plus grandes champignonnières sur un même site (31 000 m²). Les champignons étant cueillis à la main, l’effectif y est important : 240 personnes environ y travaillent à plein temps. Le coût de la main-d’œuvre représente 42 % du coût de production. Le champignon de Paris pour seule devise Dans le cycle de production des champignons, la Ferme de la Gontière intervient à compter de l’étape du gobetage (suivie de la fructification, de la récolte et du conditionnement). Toute la phase amont (fabrication du compost, pasteurisation, ensemencement et incubation) est confiée à une société spécialisée située à une vingtaine de kilomètres de la ferme. L’entreprise réceptionne le compost incubé qu’il recouvre de terre de gobetage. Il l’achemine en salles de fructification grâce à des tapis tractés à l’aide de rouleaux et de chariots élévateurs qu’il dépose dans des « lits de culture » installés en hauteur sur 6 niveaux et plusieurs rangées. Après trois semaines de fructification, les champignons sont cueillis à la main le matin entre 5h et 11h30, à raison de 25 kg/heure. Leur pied est coupé et ils sont placés directement dans l’emballage qui servira à leur commercialisation. Après deux volées seulement, Didier Motte préfère retirer le compost (qui sera réutilisé comme humus dans l’agriculture) et le remplacer par un nouveau. « Cela garantit des champignons mieux formés et de meilleure qualité » explique–t-il. Chaque semaine, six nouvelles salles sont mises en œuvre, afin d’assurer une production permanente. Emballage et conditionnement La Ferme de la Gontière dispose de 4 chaînes d’emballage qui conditionnent les champignons en vrac ou en barquettes. Celles-ci sont de préférence en bois, par souci d’écologie et parce qu’elles absorbent mieux l’humidité, assurant ainsi une meilleure conservation des champignons. Au total, seuls 1 à 2 % des champignons produits sont déclassés et vendus à des conserveries. Une fois emballés, les champignons sont entreposés quelques heures seulement en chambres froides avant de partir vers leur lieu de vente. 80 % de la production est vendue aux GMS. à la Ferme de la Gontière, l’hygiène est omniprésente, à tous les stades de la production, depuis l’arrivée du compost incubé jusqu’à la récolte. Pour cela, des process sont scrupuleusement respectés par les employés. « Les salles de fructification sont systématiquement désinfectées et stérilisées à 62°C avant d’être de nouveau mises en œuvre » précise Didier Motte. La température (16,5°C), l’humidité (87 %) et le taux de gaz carbonique y sont contrôlés en permanence et l’air régulièrement ventilé. Chiffres clés CONTACT • Site de production de 31 000 m² • 140 tonnes de champignons produites chaque semaine, soit 280 000 barquettes • 2e producteur français de champignons de Paris • 240 employés Didier Motte Ferme de la Gontière Rue de l’énergie 59560 Comines Email : [email protected] P. 13 • Dossier de presse Décembre 2013 Productions légumières d’hiver - à la découverte de la culture de l’endive et du champignon Dossier de presse • Décembre 2013 INFORMATIONS PRATIQUES Contacts Interfel Julie Froucht - 01 49 49 15 20 - [email protected] Julie Serero - 01 49 49 15 10 - [email protected] Association interprofessionnelle des fruits et légumes frais 19 rue de la Pépinière 75008 Paris Tél : 01 49 49 15 15 www.interfel.com www.lesfruitsetlegumesfrais.com Crédits photos : © APEF, ANICC, FNPE-Ctifl, Claire Bouc - Décembre 2013 De Bouche à Oreilles Claire Bouc - 06 84 59 91 21 - [email protected]