Velaux, terre de dinosaures

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Velaux, terre de dinosaures
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Velaux, terre de dinosaures
Publié le vendredi 24 août 2012 à 20H11
Des fouilles menées dans le plus grand secret dans la petite commune du pays d'Aix ont
permis de mettre au jour un type de titanosaure inconnu jusqu'alors !
Depuis 2002, des fouilles sont régulièrement menées sur le site de
Velaux, dans les Bouches-du-Rhône. Les paléontologues y ont
notamment mis au jour les restes d'un titanosaure jusqu'alors
inconnu et immédiatement baptisé du doux nom d'atsinganosaurus
velauciensis.
Photos Sophie Spitéri
Le secret était jalousement gardé depuis 2002 et les
premières fouilles officielles dans les collines de Velaux,
près d'Aix-en-Provence. Là, sous 300 m² de pinède,
dormait depuis le Crétacé supérieur, à quelque 75 millions
d'années de nous, un gisement d'os fossilisés de dinosaures parmi les plus riches du monde. Avec une perle qui
porte désormais un nom de baptême, l'atsinganosaurus velauciensis, officialisé mondialement par une publication
dans le Bulletin de la Société géologique de France.
"On connaissait jusqu'ici quatre types de titanosaures en Europe, la découverte de Velaux en apporte un
cinquième", explique Géraldine Garcia, chercheuse à l'université de Poitiers et découvreuse du dino velauxien, un
herbivore d'une douzaine de mètres de long, "qu'on pourrait décrire comme un mini-diplodocus", précise Xavier
Valentin, l'autre chercheur poitevin à l'origine de la découverte.
C'est lui qui, à la fin des années 90, est, le premier, venu en repérage dans ce petit bout de colline. "À l'époque,
j'étais étudiant et je prospectais tout le bassin aixois à la recherche de restes osseux", confie-t-il.Velaux s'annonce
prometteur. Mais reste pourtant en sommeil jusqu'en 2002, année de la première vraie fouille organisée par les
paléontologues de l'université poitevine. "On est revenu pour évaluer le site scientifiquement", précise Géraldine
Garcia. Sondages des sols, cartographie des lieux et surtout découverte des premiers restes de titanosaures.
De retour dans leur labo, les chercheurs ont alors un gros coup de chaud : les ossements correspondent bien à un
titanosaure, mais d'aucune espèce déjà répertoriée. Une équipe de trente fouilleurs revient alors pour trois semaines
en 2009. "On a retourné 300 m² de terrain sur 3,20 m de profondeur !", se souvient Xavier Valentin. Le tout dans le
plus strict secret, chaque membre de l'équipe ayant même signé une clause de confidentialité.
La crainte des fouilles sauvages
Ce que redoutent les chercheurs poitevins et les paléontologues de l'Institut royal des sciences naturelles de
Belgique venus en renfort ? Les collectionneurs amateurs et autres champions de la revente d'os de dinosaures sur
internet ou dans les expositions de fossiles. Une véritable mode depuis le raz-de-marée cinématographique Jurassic
Park, à la fin des années 90.
Entre 2009 et 2010, les ossements mis au jour ont été délicatement sortis de leurs gangues de pierre - un travail de
plusieurs heures pour les pièces les plus fragiles -, répertoriés, analysés, expertisés jusqu'à parvenir à la certitude
scientifique que le titanosaure de Velaux était unique.
La mission d'août 2012 ne fait en fait que prolonger le travail de 2009. Les recherches sont largement financées par
le Conseil général, propriétaire du lieu des fouilles. Velaux soutient également le projet et a déjà consacré une
partie du musée communal aux premières découvertes des paléontologues. Qui ont donc finalement décidé de
médiatiser leurs recherches.
Pourtant, le site velauxien réserverait encore bien des surprises. Outre le titanosaure, un squelette d'ankylosaure y a
été mis au jour, une tête de crocodile préhistorique aussi, la carapace d'une tortue aquatique du Crétacé… Et
certaines découvertes plus étonnantes sur lesquelles les paléontologues restent encore particulièrement discrets.
Lorsque les fouilles auront livré tous leurs secrets, ou presque, l'ensemble des ossements mis au jour sera confié au
musée communal de Velaux.
Voilà qui réjouit Jean-Pierre Maggi, indéboulonnable maire de Velaux depuis 1977. "C'est sûr, ça n'est pas banal
pour un maire de voir un dinosaure baptisé du nom de sa commune", confie-t-il. Pas trop peur des blagues sur les
dinosaures politiques ? "Ouais, je me demande si le crâne de crocodile qu'ils ont retrouvé sur place, ce n’était pas
celui de mon prédécesseur", rigole le maire.
Guénaël LEMOUEE