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Le Cygne aux multiples visages ? Depuis un an le nouveau spectacle du « Lac des Cygnes » fait un véritable « buzz ». Alors que les représentations du ballet de Moscou et de Saint-Pétersbourg entamaient leurs tournées mondiales début 2013, plusieurs nouvelles adaptations ont progressivement vu le jour. En France, il y a eu le Ballet de Chine au Théâtre du Chatelet, un corps de ballet africain composés d’hommes et de femmes au Pavillon noir et enfin une version moderne suédoise de Rydman jouée au Casino de Paris. Pour comprendre l’émergence de ces nouveaux spectacles et leurs particularités, nous nous sommes rendus à la prestigieuse Ecole de danse Stanlowa à Paris et au Palais Garnier pour rencontrer Laura une ancienne danseuse ainsi que George, disquaire spécialisé en musique classique. Comme George le rappelle, « la base de tous les spectacles du Lac des Cygnes : C’est Tchaïkovski ». C’est parce que cette base est si solide, que la modifier est un pari dangereux. Si la composition de Tchaïkovski est interprétée telle quelle dans la version moderne du Bolchoï, d’autres versions, comme celle de Matthew Bourne, la décomposent complètement pour ne retenir que certains morceaux (Swan Lake, Londres 1995). Pour Laura, « il s’agit d’une offense au mot « art » que de comparer le massacre d’un si beau morceau à une interprétation artistique » cela va de même pour la version moderne remixée sous forme de musique « House » par Rydman pour son spectacle au Casino de Paris. S’il faut apporter de la fraicheur au Lac des Cygnes pour que celui-ci plaise à un public nouveau, ce n’est pas en touchant à la musique intemporelle de Tchaïkovski. Car comme George et Laura nous l’expliquent : « beaucoup de spectateurs aujourd’hui ne viennent voir le spectacle que pour la musique » … Mais le Lac des Cygnes c’est aussi un spectacle de danse ! Vous y verrez des danseurs qui ont tous reçu une formation classique dans diverses écoles. Cependant, les exigences de ces écoles ne sont pas les mêmes et cela se manifeste très clairement selon les pays et leurs traditions propres. Ainsi, Laura affirme qu’il ne faut pas comparer une danseuse de Saint-Pétersbourg ou de Stanlowa à une danseuse chinoise ou à une danseuse d’une école de quartier. Laura critique principalement les écoles chinoises, qu’elle trouve « sans émotion », voir « sans âme », voir même de « simple démonstration de souplesse ». Diversifier le spectacle n’est pas une chose aisée mais de nouvelles voies sont explorées comme au Pavillon Noir avec le metteur en scène Dada Massilo et son corps de ballet mixte originaire d’Afrique défendant l’homosexualité. Une idée ambitieuse qui connut un échec commercial retentissant, avec peu de représentation et un quasi anonymat médiatique. Même sanction pour le spectacle du Casino de Paris qui n’a pas tenu plus longtemps avant de disparaitre. Finalement, il s’avère que pour l’instant il est difficile de donner plusieurs visages au cygne de Tchaïkovski. Selon Laura et George, il n’y en a qu’un et ils l’ont crié d’une même voix : celui de Rudolf Noureev. Son nom est devenu aussi indissociable de ce ballet que celui de Tchaïkovski. Il est reconnu pour avoir apporté la version la plus achevée du Lac des Cygnes et donne finalement à Odile/Odette un unique visage que certaines danseuses ont pu jouer avec brio dont Svetlana Zakharova. Mais pour combien de temps encore ? Cette interprétation de Noureev est apparue 113 ans après la création de l’œuvre, qui sait si un jour un autre visage du cygne nous sera révélé. Encadré : Le Lac des cygnes et un ballet composé par Tchaïkovski et réalisé par Ivanov à la fin du XIXème siècle. Inspirée d’une légende allemande, l’histoire parle d’une princesse, Odile, qu’un méchant sorcier force à devenir Cygne sauf durant quelques heures chaque soir. Un prince qui fuyait les prétendantes de sa mère, tomba amoureux d’elle, d’un amour qui pouvait briser le sort. Yohan Saksik