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Musique : Jean-Philippe Vanbeselaere
Livret, paroles : Jean-Claude Decalonne
LA CITÉ DES ENFANTS BLEUS
Spectacle musical
pour chœur, quintette de cuivres,
trio de musiques actuelles et orchestre à cordes
Feeling Musique Edition
61 rue de Rome
75008 Paris
01 45 22 30 80
www.feelingmusique.com
[email protected]
1
La cité des enfants bleus
l'histoire…
Les cinq frères étaient heureux de se retrouver... Cela faisait maintenant cinq ans qu’ils
avaient emprunté des chemins différents et qu’ils avaient très peu de nouvelles les uns
des autres.
Leur point commun : la musique... Ils avaient tous choisi un instrument à vent et
s’étaient promis qu’un jour, ils rejoueraient ensemble.
Chacun des cinq frères était né sur un continent différent, au hasard des voyages du
cirque de leurs parents, Alan et Jeanne, artistes aux talents multiples qui avaient voulu
que leurs garçons connaissent tous les bonheurs procurés par la connaissance des arts.
Pendant leur absence, leurs parents s’étaient installés dans la cité pacifique des enfants
bleus, véritable ville idéale en construction, dans laquelle les arts veulent se révéler à
tous.
Dans la ville, Alan a créé des orchestres d’enfants et Jeanne les fait danser et chanter.
Grâce à tout cela, les diverses bandes n’avaient que l’envie de répandre autour d’eux la
musique et toute l’expression artistique qui les animait.
Jeanne, militante de tous les combats pour défendre la cause des enfants, s’irrite des
peines occasionnées par toutes les injustices qui, ici et là, s’abattent un peu partout
dans le monde. Alan, malgré les années, demeure depuis vingt-cinq ans l’amoureux
éperdu de Jeanne, passionné, avide de mettre en musique tous les poèmes et les cris de
colère de la mère de ses cinq garçons.
Il milite avec elle, dénonce les maltraitances, l’exploitation, l’esclavage, les
discriminations et ils transmettent leurs passions artistiques à tous les enfants de la
cité. Peu à peu, les orphelins, les délaissés et tous les enfants de guerres voient en la
cité un havre de paix, une sorte d’Eden où l’on peut vivre sans haine et sans crainte, un
espace où la solidarité les protège mutuellement. La population grandit... Beaucoup
d’enfants arrivent de tous les horizons et à chaque nouvel arrivant, c’est une occasion
de découverte, chacun cherchant à connaître et accueillir ces nouveaux "enfants bleus".
Fatalement, certaines personnes s’inquiètent de cet afflux d’enfants venant de toute la
surface du globe et Allan et Jeanne se trouvent parfois mis en accusation.
Mais un jour, Allan tombe malade. Gravement... Jeanne est désemparée... Les
opposants du couple veulent en profiter pour fermer les portes de la cité. Jeanne ne
veut pas que sa solitude dans son combat nuise à la cause des enfants... Elle écrit à ses
cinq garçons pour leur raconter la situation...
2
CASTING
version avec Song
Dorian
Premier des cinq fils d'Alan et Jeanne. Il joue du trombone et
revient d'Océanie.
Rémi
Second des cinq frères, il joue du bugle et revient d'Amérique.
Michaël
Troisième frère, joue du tuba et a choisi l'Afrique.
Fabien
Quatrième garçon de la famille, joue du cor et revient d'Asie.
Solus
Le dernier des cinq fils. Joue de la trompette et a parcouru l'Europe.
Jeanne
Mère des 5 garçons, femme d'Alan. Elle chante, soprano.
Alan n'apparaît pas dans le spectacle. On parle beaucoup de lui
mais on ne le voit pas, tel l'Arlésienne.
Song
L'amie de Jeanne, chinoise en exil, qui aide et conseille. Son nom
signifie en fait "Maison de bois".
Bacombo
Gouverneur de la ville, chanteur, baryton
Les enfants bleus Le chœur (et l'orchestre à cordes si enfants)
Les soldats noirs Les gardes armés de Bacombo (choristes)
3
LA CITÉ DES ENFANTS BLEUS
1
La scène : une femme, Jeanne, environ 45 ans, assise à son bureau, dit à haute
voix ce qu'elle écrit :
Jeanne- Mes chers enfants.
Je vous écris aujourd'hui pour vous annoncer une nouvelle qui, je le sais, va tous
vous attrister.
Alan, votre père, mon compagnon depuis toujours, est gravement malade. Les
médecins ne veulent pas se prononcer sur l'issue possible de la maladie.
Affaibli, il ne voulait pourtant pas que je vous inquiète dans les vies d'artistes
que vous êtes en train de construire sur chacun des continents de la planète.
Elle relève la tête et, s'adressant à Song
Ne crois-tu pas que je vais vraiment les affoler, en écrivant ainsi ce qui nous
arrive ?
Song
Tes garçons sont grands, maintenant. Et je crois qu'ils seront heureux de revenir
pour nous aider et se retrouver… De toute façon, ils sont les seuls à pouvoir
nous aider.
Jeanne
Tu as raison… Il faut sauver notre cité…
poursuivant l'écriture de la lettre Mais aujourd'hui, un événement nouveau est
survenu. Vous savez que depuis votre départ, il y a maintenant cinq ans, nous
avons construit la cité dont nous rêvions, votre père et moi, et que nous y
accueillons tous les enfants seuls, abandonnés ou oubliés quelque part.
Beaucoup d'entre eux, battus, victimes des guerres ou soumis au travail forcé,
ont retrouvé ici l'espoir d'un avenir serein.
Elle sort un mouchoir et s'interrompt encore
Je n'arrive pas à ne pas penser à Alan, sur son lit d'hôpital… Elle se lève et Song
la serre dans ses bras. Je suis si inquiète, Song.
4
1a
PRIÈRE POUR ALAN
(Chantée par Jeanne) Le chœur peut murmurer, bouche fermée.
Juste une prière
pour mon amour blessé.
Tout en moi espère
mais je suis désemparée.
Comme tu me manques Alan (2x)
toi qui as su me donner
tant d'amour à partager.
Je n'imagine pas
être privée de toi
Je voudrais te dire
de ne pas partir.
Comme tu me manques Alan (2x)
Nous n'avons pas eu le temps
de vivre ces grands moments
qu'on vit pleins d'insouciance
quand on a de la chance.
Mais pour le bonheur
on a eu nos heures.
Juste une prière
pour mon Amour blessé
tout en moi espère
un avenir illuminé.
5
2
Jeanne poursuit, à nouveau assise à son bureau, sous l'écoute attentive de
Song- En temps normal, notre école des arts et du cirque arrivait à peine à
subvenir à nos besoins… Mais votre père réussissait toujours à obtenir la
subvention qui nous manquait, de la nouvelle ville qui s'est installée autour de
notre cité.
Song
N'oublie pas de leur parler du tyran… de l'affreux… du redoutable monstre !
Jeanne Cela jusqu'à l'arrivée du nouveau gouverneur : Bacombo… Un homme
redoutable qui s'est juré d'interdire la région à tous ceux qui ne lui rapportent
rien. Sans votre père face à lui, il va nous chasser.
Pourtant, nous y étions presque… Alan répétait souvent :"Quand tous les
violons se mettront à jouer, bien à l'unisson, dans un concert géant devant la
ville entière, les gens de bonne volonté verront que les arts sauvent et alors, nous
aurons gagné…"
Jeanne essuie une larme. Un enfant, petit, s'approche d'elle et lui prend la main.
L'enfant- Pleure pas, Jeanne… On est là…
6
2a
La même mélodie servira au final(13a).
Cette première version, mélodique, restera dénudée, peut être chantée
uniquement par des solistes.
DANS LA CITÉ BLEUE
Quand tous les violons
se mettront à jouer
bien à l'unisson
nous aurons gagné.
Dans la cité bleue
pour tous les enfants
s'animent les feux
d'un concert géant
Il faut pour approcher le ciel
que les harmonies soient très belles
je voudrais que l'orchestre joue
comm' s'il était devenu fou,
comm' si la vie des musiciens
devait s'achever au matin
Je voudrais une symphonie
comme une mélodie d'Italie,
un air aussi beau que le jour
avec beaucoup d'amour autour ;
et peut être bien que jamais
jamais personne ne l'oublierait
Elles ont tous les accents du monde,
elles sont merveilleuses et profondes.
Plus fortes que toutes les passions,
elles ont des pouvoirs de démons
les musiques des enfants d'Alan,
les chansons des garçons de Jeanne.
7
3
Song- Envoie ta lettre, Jeanne… Je suis sûr que tes garçons nous aideront à
rester dans la cité.
Jeanne - Vous croyez les enfants ? Dois-je envoyer ma lettre à chacun d'eux ?
Que ferait Alan ?
Song- Comment pourrais-tu choisir, Jeanne... Envoie leur à tous… s'adressant
au chœur Qu'en pensez vous, les enfants ?
3a
CINQ FILS SUR LA GAMME
Dorian en avant
Rémi lui aussi
Michaël en selle
Fabien on y tient
Solus vient en plus
La, Si, Do.
Song- Tu vois, ils en ont tous envie. Et puis, cela fait tellement longtemps que tu
leur parles de tes cinq garçons qu'aujourd'hui, ils ont envie de les voir…
Enchaînement rapide avec "les garçons d'Alan et Jeanne"
8
3b
LES GARÇONS D'ALAN & JEANNE
Refrain
Les cinq garçons d'Alan et Jeanne sont musiciens
troubadours saltimbanques, jouant soirs et matins.
Ils sont partis un jour pour découvrir des sons,
des mélodies du monde et tous ceux qui les font.
Couplets
Dorian est le premier à avoir pris la route.
Sur un grand bateau blanc partant vers l'Australie
comme un aventurier des temps anciens sans doute
sans pouvoir résister aux chants d'Océanie.
Rémi fut le second à parcourir le monde.
Au bout de l'horizon, les eaux les plus profondes
l'ont entendu jouer des mélodies magiques
au swing influencé des esprits d'Amérique.
Michaël attiré par la terre africaine
a voulu s'imprégner des danses et des couleurs.
Il avait en partant dix-huit années à peine,
succombant aux tam-tams aux rythmes ravageurs
Fabien se souviendra longtemps de son voyage
qui l'a conduit si loin comme sur un nuage.
Son cor en bandoulière et sans autre bagage
il a choisi l'Asie, ses Maîtres Zen et sages.
C'est à pied que Solus a traversé l'Europe.
Il a fait des musiques qu'aucune frontière ne stoppe,
celtes à la St Patrick ou yiddish balkaniques,
du Nord un peu classique, jusqu'au Sud hystérique.
9
4
Jeanne et Song ont quitté la scène. Deux jeunes hommes arrivent presque
ensemble, chacun par une entrée différente. Dorian reconnaît son frère, Solus et
ils se tombent dans les bras.
Dorian- Comme je suis content de te voir, Solus. As-tu vu Maman, ou nos
autres frères ?
Solus- Je viens juste d'arriver, Dorian. Comme toi. Je crois bien que nous
sommes les premiers.
Dorian- Crois-tu que nos trois autres frères vont venir ?
Solus- J'en suis sûr. Même si chacun de nous était bien où il était, nos racines
sont dans ce pays. Je ne suis pas fâché de revoir tout le monde et de savoir si
chacun de nous s'en sort bien.
Dorian- Moi aussi, je suis content d'être rentré… Même si les circonstances…
Un gamin entre dans la pièce.
Le gamin- Oh! Excusez- moi… Je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un. Je
venais pour la répétition.
Solus- Quelle répétition ?
Le gamin- L'orchestre. Même si Alan n'est plus là pour nous diriger, nous nous
retrouvons entre nous et nous faisons de notre mieux. Mais c'est dur. En plus,
tous les concerts ont été annulés.
Dorian- Pourquoi ? Parce que vous n'avez plus de chef ?
Le gamin- C'est surtout parce que la ville en a un nouveau : le Gouverneur
Bacombo. C'est lui qui a tout arrêté. J'ai entendu Jeanne dire qu'il voulait fermer
notre cité.
Éclairage sur l'orchestre qui fait mine de s'installer. On entend certaines notes
d'accord.
Dorian- Comment t'appelles-tu ?
Le gamin- Max… et toi ?
Dorian- Dorian
Le gamin- Dorian ?!!! Le fils de Jeanne et d'Alan ? Celui qui est parti en
Australie ?
Dorian- Tu me connais ?
Le gamin- visiblement heureux- On sait tout de toi et de tes quatre frères.
Jeanne nous lit toutes vos lettres et Alan nous disait souvent qu'un jour, vous
viendriez nous offrir votre expérience du monde entier. S'adressant à l'orchestre
ÉCOUTEZ TOUS… Lui, c'est Dorian…
Tous les enfants crient, se lèvent, applaudissent comme s'ils étaient en face de
leur plus grande star.
Une fille de l'orchestre- S'il te plait, Dorian… Raconte nous l'Océanie…
Dorian- Si Jeanne vous a lu mes lettres, vous savez déjà tout.
10
La fille- C'est vrai. On en connaît certaines par cœur. Alors nous allons te dire
ce que nous en savons et toi, donne nous cette impulsion, cette ambiance
australe dont tu parles tant.
la fille lance l'orchestre. Cordes, percus…Ambiance primitive, voix… plus tard,
Didjeridoo
Dorian sur la musique - Voici le plus vieil instrument à vent du monde ;
c'est un didjeridoo ; morceau de bois creusé par les termites. Pour les aborigènes
d'Australie, il est sacré.
4a
SOUFFLE ABORIGENE
Comme un vent chargé de l'esprit de certains dieux,
il souffle sur le bush et la montagne un peu,
il vibre et prend vie, l'eucalyptus merveilleux
et raconte une histoire d'avant l'humanité
sans avoir appris, l'aborigène sait jouer
il a trouvé le bois qui le fera sorcier.
Des autruches naines et des kangourous géants
parcourent les plaines depuis la nuit des temps.
On voit, mais on pourrait croire que c'est un mirage,
la plus grande concentration de chevaux sauvages.
Tu as tout voulu connaître de l'indigène,
vivant presque nu comme eux sans aucune gêne.
Tu as partagé la faim, les feux et les jeux
pour pouvoir être digne de souffler l'arbre creux.
Les termites l'ont traversé de part en part,
l'instrument sacré qui s'adressera plus tard
au ciel, aux éléments ou aux divinités.
Didj qui après avoir chanté, sera brûlé.
11
5
Jeanne est entrée à la fin de la Musique
Jeanne- Dorian ; comme je suis heureuse.
ils se tombent dans les bras
Dorian- Je ne suis pas arrivé seul…
Il montre du doigt Solus, resté un peu en retrait
Jeanne- Solus. Tu es là aussi ! …
Effusions
Un enfant- Vous avez entendu ? c'est Solus.
Les enfants- SO-LUS. clap clap clap SO-LUS. clap clap clap.
Solus- ça fait plaisir de ne pas se sentir oublié. Merci à tous. Pourtant, parti
depuis cinq ans sur les chemins d'Europe, je ne pensais pas trouver un tel
accueil.
un enfant- Nous savons que tu aimes marcher, tu as visité presque toute
l'Europe à pied et tu as voulu t'initier à toutes les musiques populaires. Tu as
joué avec tous les grands musiciens qui font danser l'Europe.
12
5a
MUSICIEN D'EUROPE (Solos de trompette entre les couplets
dans chaque style)
Une trompette dans la musette
prête à sortir pour faire la fête
avec un biniou, une cabrette
pour une danse que rien n'arrête
il est allé de l'Est à l'Ouest
sans jamais se prendre la tête
pour le bonheur et pour le reste
Il fit danser les korrigans
les créatures et tous les gens
qui peuplent ce grand continent
sous le soleil et sous le vent.
Toute la rage celte scande
des volées de notes en guirlandes,
cornemuses d'Ecosse ou d'Irlande
jaillies de l'air comme en offrande.
Puis il est parti vers le Nord,
là où soufflent les vents très fort.
Ceux glacés des fjords ou encore
vents chauds de cuivres à la voix d'or
Il a joué pour faire danser
sur des rythmes baltes effrénés
quelques musiques improvisées
aux accents mongols inspirés
Et il descendit vers le sud
pour y poursuivre son étude.
Il camoufle sa solitude
d'une très klezmer attitude
Plus loin encore il y eut Nana
dans la chaleureuse "Italia"
avec toutes ses rimes en "A"
qui lui fit aimer l'opéra.
13
6
Deux enfants, les vêtements déchirés arrivent en courant sur la scène. Ils
vont droit sur Jeanne…
Le premier enfant- Les gardes du gouverneur… Ils sont devenus fous… Nous
allions chercher des provisions dans la ville et nous avons vu deux musiciens qui
jouaient devant la fontaine, et avec eux un troisième artiste qui jonglait et faisait
des tours de magie. Il y avait beaucoup de monde pour les applaudir car ils
avaient du talent…
Le second enfant- Puis, les gardes sont arrivés. Ils les ont frappés et ils ont
détruit les instruments. Nous avons voulu nous interposer, mais ils nous ont
frappés aussi.
Le premier enfant- Mais nous leur avons échappé et ils nous ont poursuivi
jusqu'aux portes de la cité. Heureusement, ils ne connaissent pas l'entrée secrète.
Un homme sombre, massif et puissant entre brusquement dans la pièce.
accompagné de deux soldats en uniformes noirs.
Bacombo- Tu crois ça !… Nous ne vous avons pas surveillé pour rien.
Jeanne- Bacombo…Sortez. Vous n'avez pas le droit d'être ici.
Bacombo- J'ai tous les droits. Les lois, c'est moi qui les fais dans cette cité.
Jeanne- Cet endroit est à nous… Nous étions déjà là avant que la ville ne
s'installe autour de la cité des enfants bleus.
Bacombo- Cet endroit, légalement, était confié par les services sociaux à Alan.
Comme il n'est pas en état de s'en occuper correctement, j'ai décidé d'y installer
ma police privée. Et je ne vois pas qui pourra m'en empêcher…
Solus- en s'avançant. Moi, je pense. Sors d'ici.
Dorian- s'avançant aussi. Et emmène tes sbires avec toi.
Les deux soldats prennent leur matraque, prêts à frapper.
Bacombo- Qui êtes-vous pour me parler ainsi ? Vous allez apprendre à me
craindre et regretter votre impudence. Soldats ; faites place nette !
Rémi, Fabien et Michaël entrent et attrapent les soldats, arrêtant leurs
bras prêts à frapper.
Rémi- Doucement… On ne frappe pas nos frères…
Dorian- Rémi, Fabien, Michaël… Vous tombez à pic !
Des enfants arrivent, attachent les mains dans le dos des prisonniers (très
vite)
Jeanne- Mes cinq fils. Enfin réunis ici… Quel bonheur.
effusions
Fabien- Qui sont ces affreux et que veulent-ils ?
Jeanne- Nous chasser. Je ne sais pas pourquoi, mais les enfants bleus doivent
leur faire peur.
Bacombo- Rien ne me fait peur. Et c'est vous qui allez trembler…
14
Michaël- moqueur. Quel méchant tu nous fais là… Pourquoi tant de haine
envers ces enfants…
Rémi-Il y a de la place pour tout le monde ici. Pourquoi vous en prendre à eux ?
Bacombo- Vous autres artistes, saltimbanques, ne savez rien faire à part
distraire la population. Vous ne servez à rien d'autre qu'à divertir et vous nuisez
donc fortement à la qualité du travail. Les arts occupent les esprits et un peuple
qui pense peut se soulever. Je n'ai aucun besoin d'un peuple qui pense !…
Michaël - Quelle vilaine façon de penser. Comment la ville peut elle accepter un
homme comme toi à sa tête.
Rémi- Je crois en tout cas qu'il n'a rien à faire ici. Reconduisons ces messieurs.
Tous les enfants manifestent leur animosité pendant que Bacombo et ses soldats
sont conduits dehors.
Les cinq garçons de Jeanne reviennent près de leur mère.
Dorian- Donne nous des nouvelles de notre père. Comment va t-il ?
Jeanne- Son état est stationnaire. Je vous conduirai auprès de lui demain. Vous
savez, il se réjouissait de votre venue car il pense que vous seuls pourrez lutter
contre Bacombo. Il rêvait aussi que vous puissiez vous occuper des enfants
bleus et que vous leur offriez vos dons artistiques…
15
6a
CELUI QUI SAIT
Refrain
Celui qui sait
que nous valons tous quelque chose, c'est Alan.
Il nous connaît
et parce qu'il nous aime, il ose, lui ; Alan.
Il a le don de découvrir
bien cachée au fond de notre âme
la rose qui va s'épanouir,
nous faire devenir hommes et femmes
Couplets
Il n'a jamais fermé les yeux
quand l'un de nous fut malheureux.
Il en a sauvé des enfants sans but,
des fils oubliés que l'on n'aimait plus.
Il a voulu nous écouter
quand nous étions désespérés.
Il a réchauffé nos corps et nos cœurs,
il n'a mis dans sa cité des enfants bleus que du bonheur.
Il a lutté sur tous les fronts,
jusqu'à en perdre la raison
pour aider l'enfant qui se sent perdu
en lui redonnant l'espoir disparu.
Alan est riche de ce qu'il a :
beaucoup d'amour pour toi, pour moi.
Il nous a rendu notre dignité
en plus de tout cela ; il nous a réappris à rêver.
16
7
Rémi- Mais Maman, combien d'enfants vivent dans la cité ?
Jeanne- Trois cent vingt et un (dire le nombre des enfants participant au
spectacle) exactement. Il y a ceux qui jouent dans l'orchestre, ceux qui font du
théâtre ou apprennent à danser ou être des artistes de cirque, mais tous,
absolument tous, ont appris à chanter… Et je crois que toutes ces choses les
rendent heureux. Cela serait triste que tout s'arrête.
Fabien- Il n'est pas question que cela s'arrête. Ce que vous avez créé ici est
formidable et vous avez dû rencontrer bien des difficultés pour accueillir et
éduquer tous ces enfants. Mais au fait ; pourquoi les appelle t'on les "enfants
bleus" ?
17
7a
RAP DES ENFANTS BLEUS
Parce que le premier enfant
venu trouver la paix ici
avait la peau marquée de bleu.
Ses plaintes comme un triste chant
disaient les coups, la tyrannie,
la haine empêchant d'être heureux.
Refrain
Regarde nous bien…
On est les enfants bleus,
ceux qui demain
te rendront heureux.
Donne nous un peu d'amour,
on te le rendra plus tard.
Sache qu'un beau jour
tu auras besoin d'art.
Alors on sera là :
saltimbanques, magiciens,
et si ça n'suffit pas
viendront les musiciens.
Tu verras qu'en tout lieu,
tous les jours à chaque heure
il y aura des enfants bleus
pour te donner du bonheur.
Des bleus, ils en avaient aussi
tous les gamins qui l'ont suivi.
Bleus à l'âme ou blues en mémoire,
tell'ment qu'ils ne pouvaient plus croire
ni aux hommes, ni en l'avenir;
ils avaient perdu leur sourire.
Du bleu il y en a encore
quand une larme vient éclore
dans les yeux de l'enfant parfois.
Alors Jeanne le prend dans ses bras…
C'est simple et ça ne coûte rien,
elle sait qu'aimer, ça fait du bien.
Y'a du bleu maint' nant dans leurs rêves
et lorsque le soleil se lève
ils sont armés pour le bonheur,
car ils savent qu'avec du cœur
c'est hallucinant comme on peut
changer nos vies si on le veut.
18
8
Un enfant, s'adressant à FabienSur tes Lettres, tu racontais comment les Maîtres d'Asie réussissent à repousser,
grâce à leur mental, à faire face à des ennemis bien plus forts. Aurais tu une idée
pour sauver la cité ?
Fabien- Ce que l'on m'a appris, c'est que l'art, la beauté, l'intelligence, sont plus
forts que tout. Qu'une vraie grande œuvre est éternelle. Elle touche les âmes plus
profondément et plus intensément que les coups ou les menaces. Notre force est
en nous.
L'enfant- Tu veux dire que notre force ; c'est l'Art ?
19
8a
SAGESSE ASIE
Glisser genre gag musical entre gong et crotales, démontrant
que le plus petit a autant d'importance que le plus grand…
Solo de cor.
Dans la rivière une pierre
avait des reflets de lune,
elle roulait dans la gravière
brillant comme aucune.
Personne ne sait qu'elle luit
aussi quand (re)vient la nuit,
qu'elle est comme un cœur qui bat
pour celui qui croit.
Refrain
La pierre
est une ancienne étoile
tombée sur la terre
comme pour une escale.
Elle est
entourée de mystère
et laisse espérer
l'ombre et la lumière.
On voudrait que tu nous donnes
la sagesse de l'Asie ;
que la colère abandonne
nos cœurs, nos esprits.
Tu dis qu'une force en nous
est plus puissante que tout,
donner du bonheur aux gens,
ça c'est vraiment grand.
20
9
Jeanne- Votre père va mieux aujourd'hui. Je pense qu'il serait heureux de vous
voir. Il a un message pour chacun de vous.
Rémi- Je suis impatient de le voir. Mais ne crains-tu pas que Bacombo profite
de notre absence pour revenir ?
Jeanne- Je crois bien que vous lui avez fait peur et j'espère qu'il nous laissera
tranquilles un moment. Dépêchons nous cependant. Je ne suis pas sûre qu'il soit
définitivement calmé.
Jeanne et ses cinq fils quittent la scène
Hors scène, une sonnerie militaire retentit
Bacombo entre, tout en puissance, suivi par ses soldats…
Bacombo- Où sont ils ? Trouvez les moi. Je croyais être débarrassé de cet Alan
et voilà que ses cinq fils débarquent d'on ne sait où !
21
9a
LA HAINE DE BACOMBO
chœur Refrain
Nous allons mettre le feu
à cette foutue cité bleue
Nous on est les ravageurs
à la solde du gouverneur
Nous répandons la terreur
Bacombo veut qu'on fasse peur
Bacombo dit qu'on est forts.
Il promet tout et plus encore
à tous ceux qui l'aideront.
Bacombo
Moi, Bacombo, Seigneur d'ici,
ceux qui me résistent sont fous.
Je préviens qu'ils seront banis,
j'ai droit de vie et mort sur vous.
Je me suis juré de devenir le plus grand
même si je suis né sans talent.
Je n'épargnerai pas le trompettiste,
j'ai horreur de tous ces artistes.
Vous, soldats noirs de Bacombo,
sous mon blason vous pouvez tout.
La puissance comme un cadeau
pour mettre l'ennemi à genoux.
Une volonté enragée d'atteindre la gloire
ne laisse aucune place au hasard ;
pas d'espoir de pardon ni de pitié,
je ne ferai pas de quartier.
Nous n'avons que trop attendu,
leur présence est intolérable.
Les saltimbanques on n'en veut plus ;
chassons tous les indésirables.
Soldats, écoutez aveuglément mon discours :
jetez dehors les troubadours,
les comédiens, ceux qui aident à penser,
devenons Maîtres de la cité.
22
10
Bacombo et ses soldats quittent la scène
Les cinq frères reviennent, voient le désordre
Dorian s'adressant aux enfants du chœur ou de l'orchestre- Que s'est il passé ici
et que signifie ce désordre ?
Un enfant- Bacombo et ses hommes sont venus. Ils ont dit qu'une nouvelle loi
allait nous obliger à quitter la cité et que personne ne pourra rien faire contre ça.
23
10a
(Un enfant seul chante le refrain. Tout le cœur le rechante une 2è fois)
Refrain
Le décret est passé
sur les murs placardés
on lit les arrêtés
contre les immigrés
Ils seront enfermés,
ils seront renvoyés
les enfants sans papiers,
sans parent déclaré
Il a réussi à force de haine
à faire de toute âme en peine,
une victime à sa merci
pour que plus un seul enfant ne gène
son ascension, il étrenne
des lois pour les chasser d'ici
Pourtant nous étions là (bien) avant lui,
et avant tous les autres aussi
à nous poser et rester sages.
Rien ne peut justifier aujourd'hui
cette rage et tous les cris
hurlant tel un terrible orage.
24
11
Un enfant- Et toi Michaël, tu ne dis rien ? N'aurais-tu rien rapporté de la terre
africaine qui puisse nous aider à résister ?
Michaël- Pas la non-violence en tout cas. Bacombo n'attend que ça de nous. Ne
lui facilitons pas la tâche. Vous parlez tous de ce qui se passera après les conflits
; mais ce qui importe en premier lieu, c'est de le gagner, ce combat. Il faut avoir
assez de rage en soi pour ne pas subir. On est là, on y reste. Un point, c'est tout !
Les tam-tams jouent sur un rythme guerrier, lancinant, étourdissant.
Michaël dit, parlé, le texte du refrain sur le rythme. Rythme primitif repris au
tuba.
25
11a
RAGE AFRICAINE
Refrain
Quand l'Afrique est en colère,
elle est à sang, elle est à feu.
Qu'ils soient guerriers du sud ou Peuhls,
aussi courageux que fiers,
rendant coup pour coup, pour un œil les deux yeux
pour une dent (chœur, hurlé) toute la gueule
(Rage) Africa
les hommes se déchirent
(Rage) Africa
ils sont en plein délire.
Eblouis de couleurs et de flammes,
étourdis (saoulés) des coups sur les peaux des tam-tams.
C'est la colère africaine,
elle est la peur, elle est la haine,
elle fait des enfants soldats,
des familles orphelines.
Un mercenaire devient roi
au prix d'une famine.
Africa
Ils ont trouvé asile
Africa
sur des terres fertiles.
Des sorciers dansent pour que la pluie
à la savane redonne vie.
C'est la trève africaine
qui guérit les pleurs et les peines
(elle) efface en une saison
tous les malheurs d'ici.
Un peu d'eau en guérison
et beaucoup d'art aussi.
A fri ca - - Africa - - A fri ca --
26
12
Jeanne- Et toi Rémi, des Amériques, aurais-tu rapporté dans tes bagages
quelque idée pour ne pas nous laisser chasser ? Ou devons-nous accepter la
situation telle qu'elle est ?
Rémi- J'ai traversé tout le continent, de l'Argentine au Canada et partout, je suis
plus passé pour un saltimbanque que pour un combattant. Mais là, nous n'avons
pas le choix : il faut nous battre.
Jeanne- Fabien a raison, je crois. Tu as pu constater que dans chaque pays, les
hommes ont besoin d'art. Lui seul survit après les combats… Lui seul redonne
espoir. L'Art seul est digne de s'exprimer pendant que s'atténuent les haines et
les peines.
Rémi- L'Art seul reste, peut être, mais il a parfois besoin d'un coup de force. Il
est en tout cas le meilleur reflet de la personnalité d'un peuple, ou d'un pays.
27
12a
LIBERTÉ GOSPEL
La première fois que des hommes
dans cette église ont crié "freedom"
ils l'avaient rêvée
la liberté. §§§§§§§§§§§§§ (tout le chœur en écho "Liberté, liberté")
Ils ont enduré trop longtemps
les chaînes et les coups des tyrans.
Debout ils ont gagné
la LI BER TÉ.
Refrain
Chœur 1
Chœur 2
Liberté
Oh oui
Liberté
Paix, Amour
Liberté
On en veut
Liberté
Pour toujours
Liberté
Oh oui
Liberté
Aujourd'hui
Liberté
Sois heureux
Liberté
Alors crie
LI BER TÉ
Ils ont inventé le gospel
pour que leurs pensées montent au ciel.
Ils l'ont si bien chantée
la liberté §§§§§§§§§§§§§
qu'elle est arrivée un beau soir
qu'elle a redonné de l'espoir ;
il fallait juste y croire
à la LI BER TÉ.
au refrain (2 fois) 2è fois au 1/2 ton.
28
13
Les soldats noirs entrent au pas sur la scène et viennent devant l'orchestre.
Un soldat lisant un parchemin- Par décret du Gouverneur Bacombo…
Dorian- Votre décret ne vaut rien et nous allons vous redemander de bien
vouloir sortir d'ici…
Le soldat continuant- … les enfants bleus étant confiés à la tutelle du sieur
Alan, celui-ci étant inopérant pour raison de santé grave, tous les habitants de la
dite cité doivent être évacués de la ville, les enfants mineurs répartis dans les
différents orphelinats du pays. Tous les instruments doivent être confisqués et
vendus aux enchères au profit des œuvres militaires du Gouverneur.
Solus- C'est ça, rêvez… Avec ces papiers signés de notre père devant notaire,
nous avons toute la légitimité pour continuer de nous occuper des enfants bleus.
Rémi- Sortez, terreurs noires. Et dites bien à Bacombo que le plus grand concert
qu'il n'a jamais imaginé aura lieu ici même, samedi soir.
Esquissant un air de dépit rageur, les soldats s'en vont.
Jeanne- Qu'est ce qui t'a pris de dire ça. Nous ne serons jamais prêts.
Rémi- Souviens toi des paroles d'Alan : :"Quand tous les violons se mettront à
jouer, bien à l'unisson, dans un concert géant devant la ville entière, les gens de
bonne volonté verront que les arts sauvent et alors, nous aurons gagné…"
29
13a
Reprise de la chanson 2a, harmonisée plus richement,
avec les cuivres et le chœur à plusieurs voix.
DANS LA CITÉ BLEUE
Quand les instruments
se mettront à jouer
le chœur en avant
nous aurons gagné.
Dans la cité bleue
pour tous les enfants
s'animent les feux
d'un concert géant
Il faut pour approcher le ciel
que les harmonies soient très belles
on voudrait que l'orchestre joue
comme s'il était devenu fou,
comme si la vie des musiciens
devait s'achever au matin
On voudrait une symphonie
comme une mélodie d'Italie,
un air aussi beau que le jour
avec beaucoup d'amour autour ;
et peut être bien que jamais
jamais personne ne l'oublierait
Elles ont tous les accents du monde,
elles sont merveilleuses et profondes.
Plus fortes que toutes les passions,
elles ont des pouvoirs de démons
les musiques des enfants d'Alan,
les chansons des garçons de Jeanne.
Final
Merci de nous laisser chanter,
merci de nous aimer
quand on danse et que l'on joue,
merci d'être là pour nous.
Vous êtes le meilleur public,
vous savez nous rendre magiques.
De tout notre cœur, de notre voix et de nos instruments,
pour votre présence et vos applaudissements,
laissez nous aujourd'hui
vous dire Merci.
FIN
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