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Musique : Jean-Philippe Vanbeselaere Livret, paroles : Jean-Claude Decalonne LA CITÉ DES ENFANTS BLEUS Spectacle musical pour chœur, quintette de cuivres, trio de musiques actuelles et orchestre à cordes Feeling Musique Edition 61 rue de Rome 75008 Paris 01 45 22 30 80 www.feelingmusique.com [email protected] 1 La cité des enfants bleus l'histoire… Les cinq frères étaient heureux de se retrouver... Cela faisait maintenant cinq ans qu’ils avaient emprunté des chemins différents et qu’ils avaient très peu de nouvelles les uns des autres. Leur point commun : la musique... Ils avaient tous choisi un instrument à vent et s’étaient promis qu’un jour, ils rejoueraient ensemble. Chacun des cinq frères était né sur un continent différent, au hasard des voyages du cirque de leurs parents, Alan et Jeanne, artistes aux talents multiples qui avaient voulu que leurs garçons connaissent tous les bonheurs procurés par la connaissance des arts. Pendant leur absence, leurs parents s’étaient installés dans la cité pacifique des enfants bleus, véritable ville idéale en construction, dans laquelle les arts veulent se révéler à tous. Dans la ville, Alan a créé des orchestres d’enfants et Jeanne les fait danser et chanter. Grâce à tout cela, les diverses bandes n’avaient que l’envie de répandre autour d’eux la musique et toute l’expression artistique qui les animait. Jeanne, militante de tous les combats pour défendre la cause des enfants, s’irrite des peines occasionnées par toutes les injustices qui, ici et là, s’abattent un peu partout dans le monde. Alan, malgré les années, demeure depuis vingt-cinq ans l’amoureux éperdu de Jeanne, passionné, avide de mettre en musique tous les poèmes et les cris de colère de la mère de ses cinq garçons. Il milite avec elle, dénonce les maltraitances, l’exploitation, l’esclavage, les discriminations et ils transmettent leurs passions artistiques à tous les enfants de la cité. Peu à peu, les orphelins, les délaissés et tous les enfants de guerres voient en la cité un havre de paix, une sorte d’Eden où l’on peut vivre sans haine et sans crainte, un espace où la solidarité les protège mutuellement. La population grandit... Beaucoup d’enfants arrivent de tous les horizons et à chaque nouvel arrivant, c’est une occasion de découverte, chacun cherchant à connaître et accueillir ces nouveaux "enfants bleus". Fatalement, certaines personnes s’inquiètent de cet afflux d’enfants venant de toute la surface du globe et Allan et Jeanne se trouvent parfois mis en accusation. Mais un jour, Allan tombe malade. Gravement... Jeanne est désemparée... Les opposants du couple veulent en profiter pour fermer les portes de la cité. Jeanne ne veut pas que sa solitude dans son combat nuise à la cause des enfants... Elle écrit à ses cinq garçons pour leur raconter la situation... 2 CASTING version avec Song Dorian Premier des cinq fils d'Alan et Jeanne. Il joue du trombone et revient d'Océanie. Rémi Second des cinq frères, il joue du bugle et revient d'Amérique. Michaël Troisième frère, joue du tuba et a choisi l'Afrique. Fabien Quatrième garçon de la famille, joue du cor et revient d'Asie. Solus Le dernier des cinq fils. Joue de la trompette et a parcouru l'Europe. Jeanne Mère des 5 garçons, femme d'Alan. Elle chante, soprano. Alan n'apparaît pas dans le spectacle. On parle beaucoup de lui mais on ne le voit pas, tel l'Arlésienne. Song L'amie de Jeanne, chinoise en exil, qui aide et conseille. Son nom signifie en fait "Maison de bois". Bacombo Gouverneur de la ville, chanteur, baryton Les enfants bleus Le chœur (et l'orchestre à cordes si enfants) Les soldats noirs Les gardes armés de Bacombo (choristes) 3 LA CITÉ DES ENFANTS BLEUS 1 La scène : une femme, Jeanne, environ 45 ans, assise à son bureau, dit à haute voix ce qu'elle écrit : Jeanne- Mes chers enfants. Je vous écris aujourd'hui pour vous annoncer une nouvelle qui, je le sais, va tous vous attrister. Alan, votre père, mon compagnon depuis toujours, est gravement malade. Les médecins ne veulent pas se prononcer sur l'issue possible de la maladie. Affaibli, il ne voulait pourtant pas que je vous inquiète dans les vies d'artistes que vous êtes en train de construire sur chacun des continents de la planète. Elle relève la tête et, s'adressant à Song Ne crois-tu pas que je vais vraiment les affoler, en écrivant ainsi ce qui nous arrive ? Song Tes garçons sont grands, maintenant. Et je crois qu'ils seront heureux de revenir pour nous aider et se retrouver… De toute façon, ils sont les seuls à pouvoir nous aider. Jeanne Tu as raison… Il faut sauver notre cité… poursuivant l'écriture de la lettre Mais aujourd'hui, un événement nouveau est survenu. Vous savez que depuis votre départ, il y a maintenant cinq ans, nous avons construit la cité dont nous rêvions, votre père et moi, et que nous y accueillons tous les enfants seuls, abandonnés ou oubliés quelque part. Beaucoup d'entre eux, battus, victimes des guerres ou soumis au travail forcé, ont retrouvé ici l'espoir d'un avenir serein. Elle sort un mouchoir et s'interrompt encore Je n'arrive pas à ne pas penser à Alan, sur son lit d'hôpital… Elle se lève et Song la serre dans ses bras. Je suis si inquiète, Song. 4 1a PRIÈRE POUR ALAN (Chantée par Jeanne) Le chœur peut murmurer, bouche fermée. Juste une prière pour mon amour blessé. Tout en moi espère mais je suis désemparée. Comme tu me manques Alan (2x) toi qui as su me donner tant d'amour à partager. Je n'imagine pas être privée de toi Je voudrais te dire de ne pas partir. Comme tu me manques Alan (2x) Nous n'avons pas eu le temps de vivre ces grands moments qu'on vit pleins d'insouciance quand on a de la chance. Mais pour le bonheur on a eu nos heures. Juste une prière pour mon Amour blessé tout en moi espère un avenir illuminé. 5 2 Jeanne poursuit, à nouveau assise à son bureau, sous l'écoute attentive de Song- En temps normal, notre école des arts et du cirque arrivait à peine à subvenir à nos besoins… Mais votre père réussissait toujours à obtenir la subvention qui nous manquait, de la nouvelle ville qui s'est installée autour de notre cité. Song N'oublie pas de leur parler du tyran… de l'affreux… du redoutable monstre ! Jeanne Cela jusqu'à l'arrivée du nouveau gouverneur : Bacombo… Un homme redoutable qui s'est juré d'interdire la région à tous ceux qui ne lui rapportent rien. Sans votre père face à lui, il va nous chasser. Pourtant, nous y étions presque… Alan répétait souvent :"Quand tous les violons se mettront à jouer, bien à l'unisson, dans un concert géant devant la ville entière, les gens de bonne volonté verront que les arts sauvent et alors, nous aurons gagné…" Jeanne essuie une larme. Un enfant, petit, s'approche d'elle et lui prend la main. L'enfant- Pleure pas, Jeanne… On est là… 6 2a La même mélodie servira au final(13a). Cette première version, mélodique, restera dénudée, peut être chantée uniquement par des solistes. DANS LA CITÉ BLEUE Quand tous les violons se mettront à jouer bien à l'unisson nous aurons gagné. Dans la cité bleue pour tous les enfants s'animent les feux d'un concert géant Il faut pour approcher le ciel que les harmonies soient très belles je voudrais que l'orchestre joue comm' s'il était devenu fou, comm' si la vie des musiciens devait s'achever au matin Je voudrais une symphonie comme une mélodie d'Italie, un air aussi beau que le jour avec beaucoup d'amour autour ; et peut être bien que jamais jamais personne ne l'oublierait Elles ont tous les accents du monde, elles sont merveilleuses et profondes. Plus fortes que toutes les passions, elles ont des pouvoirs de démons les musiques des enfants d'Alan, les chansons des garçons de Jeanne. 7 3 Song- Envoie ta lettre, Jeanne… Je suis sûr que tes garçons nous aideront à rester dans la cité. Jeanne - Vous croyez les enfants ? Dois-je envoyer ma lettre à chacun d'eux ? Que ferait Alan ? Song- Comment pourrais-tu choisir, Jeanne... Envoie leur à tous… s'adressant au chœur Qu'en pensez vous, les enfants ? 3a CINQ FILS SUR LA GAMME Dorian en avant Rémi lui aussi Michaël en selle Fabien on y tient Solus vient en plus La, Si, Do. Song- Tu vois, ils en ont tous envie. Et puis, cela fait tellement longtemps que tu leur parles de tes cinq garçons qu'aujourd'hui, ils ont envie de les voir… Enchaînement rapide avec "les garçons d'Alan et Jeanne" 8 3b LES GARÇONS D'ALAN & JEANNE Refrain Les cinq garçons d'Alan et Jeanne sont musiciens troubadours saltimbanques, jouant soirs et matins. Ils sont partis un jour pour découvrir des sons, des mélodies du monde et tous ceux qui les font. Couplets Dorian est le premier à avoir pris la route. Sur un grand bateau blanc partant vers l'Australie comme un aventurier des temps anciens sans doute sans pouvoir résister aux chants d'Océanie. Rémi fut le second à parcourir le monde. Au bout de l'horizon, les eaux les plus profondes l'ont entendu jouer des mélodies magiques au swing influencé des esprits d'Amérique. Michaël attiré par la terre africaine a voulu s'imprégner des danses et des couleurs. Il avait en partant dix-huit années à peine, succombant aux tam-tams aux rythmes ravageurs Fabien se souviendra longtemps de son voyage qui l'a conduit si loin comme sur un nuage. Son cor en bandoulière et sans autre bagage il a choisi l'Asie, ses Maîtres Zen et sages. C'est à pied que Solus a traversé l'Europe. Il a fait des musiques qu'aucune frontière ne stoppe, celtes à la St Patrick ou yiddish balkaniques, du Nord un peu classique, jusqu'au Sud hystérique. 9 4 Jeanne et Song ont quitté la scène. Deux jeunes hommes arrivent presque ensemble, chacun par une entrée différente. Dorian reconnaît son frère, Solus et ils se tombent dans les bras. Dorian- Comme je suis content de te voir, Solus. As-tu vu Maman, ou nos autres frères ? Solus- Je viens juste d'arriver, Dorian. Comme toi. Je crois bien que nous sommes les premiers. Dorian- Crois-tu que nos trois autres frères vont venir ? Solus- J'en suis sûr. Même si chacun de nous était bien où il était, nos racines sont dans ce pays. Je ne suis pas fâché de revoir tout le monde et de savoir si chacun de nous s'en sort bien. Dorian- Moi aussi, je suis content d'être rentré… Même si les circonstances… Un gamin entre dans la pièce. Le gamin- Oh! Excusez- moi… Je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un. Je venais pour la répétition. Solus- Quelle répétition ? Le gamin- L'orchestre. Même si Alan n'est plus là pour nous diriger, nous nous retrouvons entre nous et nous faisons de notre mieux. Mais c'est dur. En plus, tous les concerts ont été annulés. Dorian- Pourquoi ? Parce que vous n'avez plus de chef ? Le gamin- C'est surtout parce que la ville en a un nouveau : le Gouverneur Bacombo. C'est lui qui a tout arrêté. J'ai entendu Jeanne dire qu'il voulait fermer notre cité. Éclairage sur l'orchestre qui fait mine de s'installer. On entend certaines notes d'accord. Dorian- Comment t'appelles-tu ? Le gamin- Max… et toi ? Dorian- Dorian Le gamin- Dorian ?!!! Le fils de Jeanne et d'Alan ? Celui qui est parti en Australie ? Dorian- Tu me connais ? Le gamin- visiblement heureux- On sait tout de toi et de tes quatre frères. Jeanne nous lit toutes vos lettres et Alan nous disait souvent qu'un jour, vous viendriez nous offrir votre expérience du monde entier. S'adressant à l'orchestre ÉCOUTEZ TOUS… Lui, c'est Dorian… Tous les enfants crient, se lèvent, applaudissent comme s'ils étaient en face de leur plus grande star. Une fille de l'orchestre- S'il te plait, Dorian… Raconte nous l'Océanie… Dorian- Si Jeanne vous a lu mes lettres, vous savez déjà tout. 10 La fille- C'est vrai. On en connaît certaines par cœur. Alors nous allons te dire ce que nous en savons et toi, donne nous cette impulsion, cette ambiance australe dont tu parles tant. la fille lance l'orchestre. Cordes, percus…Ambiance primitive, voix… plus tard, Didjeridoo Dorian sur la musique - Voici le plus vieil instrument à vent du monde ; c'est un didjeridoo ; morceau de bois creusé par les termites. Pour les aborigènes d'Australie, il est sacré. 4a SOUFFLE ABORIGENE Comme un vent chargé de l'esprit de certains dieux, il souffle sur le bush et la montagne un peu, il vibre et prend vie, l'eucalyptus merveilleux et raconte une histoire d'avant l'humanité sans avoir appris, l'aborigène sait jouer il a trouvé le bois qui le fera sorcier. Des autruches naines et des kangourous géants parcourent les plaines depuis la nuit des temps. On voit, mais on pourrait croire que c'est un mirage, la plus grande concentration de chevaux sauvages. Tu as tout voulu connaître de l'indigène, vivant presque nu comme eux sans aucune gêne. Tu as partagé la faim, les feux et les jeux pour pouvoir être digne de souffler l'arbre creux. Les termites l'ont traversé de part en part, l'instrument sacré qui s'adressera plus tard au ciel, aux éléments ou aux divinités. Didj qui après avoir chanté, sera brûlé. 11 5 Jeanne est entrée à la fin de la Musique Jeanne- Dorian ; comme je suis heureuse. ils se tombent dans les bras Dorian- Je ne suis pas arrivé seul… Il montre du doigt Solus, resté un peu en retrait Jeanne- Solus. Tu es là aussi ! … Effusions Un enfant- Vous avez entendu ? c'est Solus. Les enfants- SO-LUS. clap clap clap SO-LUS. clap clap clap. Solus- ça fait plaisir de ne pas se sentir oublié. Merci à tous. Pourtant, parti depuis cinq ans sur les chemins d'Europe, je ne pensais pas trouver un tel accueil. un enfant- Nous savons que tu aimes marcher, tu as visité presque toute l'Europe à pied et tu as voulu t'initier à toutes les musiques populaires. Tu as joué avec tous les grands musiciens qui font danser l'Europe. 12 5a MUSICIEN D'EUROPE (Solos de trompette entre les couplets dans chaque style) Une trompette dans la musette prête à sortir pour faire la fête avec un biniou, une cabrette pour une danse que rien n'arrête il est allé de l'Est à l'Ouest sans jamais se prendre la tête pour le bonheur et pour le reste Il fit danser les korrigans les créatures et tous les gens qui peuplent ce grand continent sous le soleil et sous le vent. Toute la rage celte scande des volées de notes en guirlandes, cornemuses d'Ecosse ou d'Irlande jaillies de l'air comme en offrande. Puis il est parti vers le Nord, là où soufflent les vents très fort. Ceux glacés des fjords ou encore vents chauds de cuivres à la voix d'or Il a joué pour faire danser sur des rythmes baltes effrénés quelques musiques improvisées aux accents mongols inspirés Et il descendit vers le sud pour y poursuivre son étude. Il camoufle sa solitude d'une très klezmer attitude Plus loin encore il y eut Nana dans la chaleureuse "Italia" avec toutes ses rimes en "A" qui lui fit aimer l'opéra. 13 6 Deux enfants, les vêtements déchirés arrivent en courant sur la scène. Ils vont droit sur Jeanne… Le premier enfant- Les gardes du gouverneur… Ils sont devenus fous… Nous allions chercher des provisions dans la ville et nous avons vu deux musiciens qui jouaient devant la fontaine, et avec eux un troisième artiste qui jonglait et faisait des tours de magie. Il y avait beaucoup de monde pour les applaudir car ils avaient du talent… Le second enfant- Puis, les gardes sont arrivés. Ils les ont frappés et ils ont détruit les instruments. Nous avons voulu nous interposer, mais ils nous ont frappés aussi. Le premier enfant- Mais nous leur avons échappé et ils nous ont poursuivi jusqu'aux portes de la cité. Heureusement, ils ne connaissent pas l'entrée secrète. Un homme sombre, massif et puissant entre brusquement dans la pièce. accompagné de deux soldats en uniformes noirs. Bacombo- Tu crois ça !… Nous ne vous avons pas surveillé pour rien. Jeanne- Bacombo…Sortez. Vous n'avez pas le droit d'être ici. Bacombo- J'ai tous les droits. Les lois, c'est moi qui les fais dans cette cité. Jeanne- Cet endroit est à nous… Nous étions déjà là avant que la ville ne s'installe autour de la cité des enfants bleus. Bacombo- Cet endroit, légalement, était confié par les services sociaux à Alan. Comme il n'est pas en état de s'en occuper correctement, j'ai décidé d'y installer ma police privée. Et je ne vois pas qui pourra m'en empêcher… Solus- en s'avançant. Moi, je pense. Sors d'ici. Dorian- s'avançant aussi. Et emmène tes sbires avec toi. Les deux soldats prennent leur matraque, prêts à frapper. Bacombo- Qui êtes-vous pour me parler ainsi ? Vous allez apprendre à me craindre et regretter votre impudence. Soldats ; faites place nette ! Rémi, Fabien et Michaël entrent et attrapent les soldats, arrêtant leurs bras prêts à frapper. Rémi- Doucement… On ne frappe pas nos frères… Dorian- Rémi, Fabien, Michaël… Vous tombez à pic ! Des enfants arrivent, attachent les mains dans le dos des prisonniers (très vite) Jeanne- Mes cinq fils. Enfin réunis ici… Quel bonheur. effusions Fabien- Qui sont ces affreux et que veulent-ils ? Jeanne- Nous chasser. Je ne sais pas pourquoi, mais les enfants bleus doivent leur faire peur. Bacombo- Rien ne me fait peur. Et c'est vous qui allez trembler… 14 Michaël- moqueur. Quel méchant tu nous fais là… Pourquoi tant de haine envers ces enfants… Rémi-Il y a de la place pour tout le monde ici. Pourquoi vous en prendre à eux ? Bacombo- Vous autres artistes, saltimbanques, ne savez rien faire à part distraire la population. Vous ne servez à rien d'autre qu'à divertir et vous nuisez donc fortement à la qualité du travail. Les arts occupent les esprits et un peuple qui pense peut se soulever. Je n'ai aucun besoin d'un peuple qui pense !… Michaël - Quelle vilaine façon de penser. Comment la ville peut elle accepter un homme comme toi à sa tête. Rémi- Je crois en tout cas qu'il n'a rien à faire ici. Reconduisons ces messieurs. Tous les enfants manifestent leur animosité pendant que Bacombo et ses soldats sont conduits dehors. Les cinq garçons de Jeanne reviennent près de leur mère. Dorian- Donne nous des nouvelles de notre père. Comment va t-il ? Jeanne- Son état est stationnaire. Je vous conduirai auprès de lui demain. Vous savez, il se réjouissait de votre venue car il pense que vous seuls pourrez lutter contre Bacombo. Il rêvait aussi que vous puissiez vous occuper des enfants bleus et que vous leur offriez vos dons artistiques… 15 6a CELUI QUI SAIT Refrain Celui qui sait que nous valons tous quelque chose, c'est Alan. Il nous connaît et parce qu'il nous aime, il ose, lui ; Alan. Il a le don de découvrir bien cachée au fond de notre âme la rose qui va s'épanouir, nous faire devenir hommes et femmes Couplets Il n'a jamais fermé les yeux quand l'un de nous fut malheureux. Il en a sauvé des enfants sans but, des fils oubliés que l'on n'aimait plus. Il a voulu nous écouter quand nous étions désespérés. Il a réchauffé nos corps et nos cœurs, il n'a mis dans sa cité des enfants bleus que du bonheur. Il a lutté sur tous les fronts, jusqu'à en perdre la raison pour aider l'enfant qui se sent perdu en lui redonnant l'espoir disparu. Alan est riche de ce qu'il a : beaucoup d'amour pour toi, pour moi. Il nous a rendu notre dignité en plus de tout cela ; il nous a réappris à rêver. 16 7 Rémi- Mais Maman, combien d'enfants vivent dans la cité ? Jeanne- Trois cent vingt et un (dire le nombre des enfants participant au spectacle) exactement. Il y a ceux qui jouent dans l'orchestre, ceux qui font du théâtre ou apprennent à danser ou être des artistes de cirque, mais tous, absolument tous, ont appris à chanter… Et je crois que toutes ces choses les rendent heureux. Cela serait triste que tout s'arrête. Fabien- Il n'est pas question que cela s'arrête. Ce que vous avez créé ici est formidable et vous avez dû rencontrer bien des difficultés pour accueillir et éduquer tous ces enfants. Mais au fait ; pourquoi les appelle t'on les "enfants bleus" ? 17 7a RAP DES ENFANTS BLEUS Parce que le premier enfant venu trouver la paix ici avait la peau marquée de bleu. Ses plaintes comme un triste chant disaient les coups, la tyrannie, la haine empêchant d'être heureux. Refrain Regarde nous bien… On est les enfants bleus, ceux qui demain te rendront heureux. Donne nous un peu d'amour, on te le rendra plus tard. Sache qu'un beau jour tu auras besoin d'art. Alors on sera là : saltimbanques, magiciens, et si ça n'suffit pas viendront les musiciens. Tu verras qu'en tout lieu, tous les jours à chaque heure il y aura des enfants bleus pour te donner du bonheur. Des bleus, ils en avaient aussi tous les gamins qui l'ont suivi. Bleus à l'âme ou blues en mémoire, tell'ment qu'ils ne pouvaient plus croire ni aux hommes, ni en l'avenir; ils avaient perdu leur sourire. Du bleu il y en a encore quand une larme vient éclore dans les yeux de l'enfant parfois. Alors Jeanne le prend dans ses bras… C'est simple et ça ne coûte rien, elle sait qu'aimer, ça fait du bien. Y'a du bleu maint' nant dans leurs rêves et lorsque le soleil se lève ils sont armés pour le bonheur, car ils savent qu'avec du cœur c'est hallucinant comme on peut changer nos vies si on le veut. 18 8 Un enfant, s'adressant à FabienSur tes Lettres, tu racontais comment les Maîtres d'Asie réussissent à repousser, grâce à leur mental, à faire face à des ennemis bien plus forts. Aurais tu une idée pour sauver la cité ? Fabien- Ce que l'on m'a appris, c'est que l'art, la beauté, l'intelligence, sont plus forts que tout. Qu'une vraie grande œuvre est éternelle. Elle touche les âmes plus profondément et plus intensément que les coups ou les menaces. Notre force est en nous. L'enfant- Tu veux dire que notre force ; c'est l'Art ? 19 8a SAGESSE ASIE Glisser genre gag musical entre gong et crotales, démontrant que le plus petit a autant d'importance que le plus grand… Solo de cor. Dans la rivière une pierre avait des reflets de lune, elle roulait dans la gravière brillant comme aucune. Personne ne sait qu'elle luit aussi quand (re)vient la nuit, qu'elle est comme un cœur qui bat pour celui qui croit. Refrain La pierre est une ancienne étoile tombée sur la terre comme pour une escale. Elle est entourée de mystère et laisse espérer l'ombre et la lumière. On voudrait que tu nous donnes la sagesse de l'Asie ; que la colère abandonne nos cœurs, nos esprits. Tu dis qu'une force en nous est plus puissante que tout, donner du bonheur aux gens, ça c'est vraiment grand. 20 9 Jeanne- Votre père va mieux aujourd'hui. Je pense qu'il serait heureux de vous voir. Il a un message pour chacun de vous. Rémi- Je suis impatient de le voir. Mais ne crains-tu pas que Bacombo profite de notre absence pour revenir ? Jeanne- Je crois bien que vous lui avez fait peur et j'espère qu'il nous laissera tranquilles un moment. Dépêchons nous cependant. Je ne suis pas sûre qu'il soit définitivement calmé. Jeanne et ses cinq fils quittent la scène Hors scène, une sonnerie militaire retentit Bacombo entre, tout en puissance, suivi par ses soldats… Bacombo- Où sont ils ? Trouvez les moi. Je croyais être débarrassé de cet Alan et voilà que ses cinq fils débarquent d'on ne sait où ! 21 9a LA HAINE DE BACOMBO chœur Refrain Nous allons mettre le feu à cette foutue cité bleue Nous on est les ravageurs à la solde du gouverneur Nous répandons la terreur Bacombo veut qu'on fasse peur Bacombo dit qu'on est forts. Il promet tout et plus encore à tous ceux qui l'aideront. Bacombo Moi, Bacombo, Seigneur d'ici, ceux qui me résistent sont fous. Je préviens qu'ils seront banis, j'ai droit de vie et mort sur vous. Je me suis juré de devenir le plus grand même si je suis né sans talent. Je n'épargnerai pas le trompettiste, j'ai horreur de tous ces artistes. Vous, soldats noirs de Bacombo, sous mon blason vous pouvez tout. La puissance comme un cadeau pour mettre l'ennemi à genoux. Une volonté enragée d'atteindre la gloire ne laisse aucune place au hasard ; pas d'espoir de pardon ni de pitié, je ne ferai pas de quartier. Nous n'avons que trop attendu, leur présence est intolérable. Les saltimbanques on n'en veut plus ; chassons tous les indésirables. Soldats, écoutez aveuglément mon discours : jetez dehors les troubadours, les comédiens, ceux qui aident à penser, devenons Maîtres de la cité. 22 10 Bacombo et ses soldats quittent la scène Les cinq frères reviennent, voient le désordre Dorian s'adressant aux enfants du chœur ou de l'orchestre- Que s'est il passé ici et que signifie ce désordre ? Un enfant- Bacombo et ses hommes sont venus. Ils ont dit qu'une nouvelle loi allait nous obliger à quitter la cité et que personne ne pourra rien faire contre ça. 23 10a (Un enfant seul chante le refrain. Tout le cœur le rechante une 2è fois) Refrain Le décret est passé sur les murs placardés on lit les arrêtés contre les immigrés Ils seront enfermés, ils seront renvoyés les enfants sans papiers, sans parent déclaré Il a réussi à force de haine à faire de toute âme en peine, une victime à sa merci pour que plus un seul enfant ne gène son ascension, il étrenne des lois pour les chasser d'ici Pourtant nous étions là (bien) avant lui, et avant tous les autres aussi à nous poser et rester sages. Rien ne peut justifier aujourd'hui cette rage et tous les cris hurlant tel un terrible orage. 24 11 Un enfant- Et toi Michaël, tu ne dis rien ? N'aurais-tu rien rapporté de la terre africaine qui puisse nous aider à résister ? Michaël- Pas la non-violence en tout cas. Bacombo n'attend que ça de nous. Ne lui facilitons pas la tâche. Vous parlez tous de ce qui se passera après les conflits ; mais ce qui importe en premier lieu, c'est de le gagner, ce combat. Il faut avoir assez de rage en soi pour ne pas subir. On est là, on y reste. Un point, c'est tout ! Les tam-tams jouent sur un rythme guerrier, lancinant, étourdissant. Michaël dit, parlé, le texte du refrain sur le rythme. Rythme primitif repris au tuba. 25 11a RAGE AFRICAINE Refrain Quand l'Afrique est en colère, elle est à sang, elle est à feu. Qu'ils soient guerriers du sud ou Peuhls, aussi courageux que fiers, rendant coup pour coup, pour un œil les deux yeux pour une dent (chœur, hurlé) toute la gueule (Rage) Africa les hommes se déchirent (Rage) Africa ils sont en plein délire. Eblouis de couleurs et de flammes, étourdis (saoulés) des coups sur les peaux des tam-tams. C'est la colère africaine, elle est la peur, elle est la haine, elle fait des enfants soldats, des familles orphelines. Un mercenaire devient roi au prix d'une famine. Africa Ils ont trouvé asile Africa sur des terres fertiles. Des sorciers dansent pour que la pluie à la savane redonne vie. C'est la trève africaine qui guérit les pleurs et les peines (elle) efface en une saison tous les malheurs d'ici. Un peu d'eau en guérison et beaucoup d'art aussi. A fri ca - - Africa - - A fri ca -- 26 12 Jeanne- Et toi Rémi, des Amériques, aurais-tu rapporté dans tes bagages quelque idée pour ne pas nous laisser chasser ? Ou devons-nous accepter la situation telle qu'elle est ? Rémi- J'ai traversé tout le continent, de l'Argentine au Canada et partout, je suis plus passé pour un saltimbanque que pour un combattant. Mais là, nous n'avons pas le choix : il faut nous battre. Jeanne- Fabien a raison, je crois. Tu as pu constater que dans chaque pays, les hommes ont besoin d'art. Lui seul survit après les combats… Lui seul redonne espoir. L'Art seul est digne de s'exprimer pendant que s'atténuent les haines et les peines. Rémi- L'Art seul reste, peut être, mais il a parfois besoin d'un coup de force. Il est en tout cas le meilleur reflet de la personnalité d'un peuple, ou d'un pays. 27 12a LIBERTÉ GOSPEL La première fois que des hommes dans cette église ont crié "freedom" ils l'avaient rêvée la liberté. §§§§§§§§§§§§§ (tout le chœur en écho "Liberté, liberté") Ils ont enduré trop longtemps les chaînes et les coups des tyrans. Debout ils ont gagné la LI BER TÉ. Refrain Chœur 1 Chœur 2 Liberté Oh oui Liberté Paix, Amour Liberté On en veut Liberté Pour toujours Liberté Oh oui Liberté Aujourd'hui Liberté Sois heureux Liberté Alors crie LI BER TÉ Ils ont inventé le gospel pour que leurs pensées montent au ciel. Ils l'ont si bien chantée la liberté §§§§§§§§§§§§§ qu'elle est arrivée un beau soir qu'elle a redonné de l'espoir ; il fallait juste y croire à la LI BER TÉ. au refrain (2 fois) 2è fois au 1/2 ton. 28 13 Les soldats noirs entrent au pas sur la scène et viennent devant l'orchestre. Un soldat lisant un parchemin- Par décret du Gouverneur Bacombo… Dorian- Votre décret ne vaut rien et nous allons vous redemander de bien vouloir sortir d'ici… Le soldat continuant- … les enfants bleus étant confiés à la tutelle du sieur Alan, celui-ci étant inopérant pour raison de santé grave, tous les habitants de la dite cité doivent être évacués de la ville, les enfants mineurs répartis dans les différents orphelinats du pays. Tous les instruments doivent être confisqués et vendus aux enchères au profit des œuvres militaires du Gouverneur. Solus- C'est ça, rêvez… Avec ces papiers signés de notre père devant notaire, nous avons toute la légitimité pour continuer de nous occuper des enfants bleus. Rémi- Sortez, terreurs noires. Et dites bien à Bacombo que le plus grand concert qu'il n'a jamais imaginé aura lieu ici même, samedi soir. Esquissant un air de dépit rageur, les soldats s'en vont. Jeanne- Qu'est ce qui t'a pris de dire ça. Nous ne serons jamais prêts. Rémi- Souviens toi des paroles d'Alan : :"Quand tous les violons se mettront à jouer, bien à l'unisson, dans un concert géant devant la ville entière, les gens de bonne volonté verront que les arts sauvent et alors, nous aurons gagné…" 29 13a Reprise de la chanson 2a, harmonisée plus richement, avec les cuivres et le chœur à plusieurs voix. DANS LA CITÉ BLEUE Quand les instruments se mettront à jouer le chœur en avant nous aurons gagné. Dans la cité bleue pour tous les enfants s'animent les feux d'un concert géant Il faut pour approcher le ciel que les harmonies soient très belles on voudrait que l'orchestre joue comme s'il était devenu fou, comme si la vie des musiciens devait s'achever au matin On voudrait une symphonie comme une mélodie d'Italie, un air aussi beau que le jour avec beaucoup d'amour autour ; et peut être bien que jamais jamais personne ne l'oublierait Elles ont tous les accents du monde, elles sont merveilleuses et profondes. Plus fortes que toutes les passions, elles ont des pouvoirs de démons les musiques des enfants d'Alan, les chansons des garçons de Jeanne. Final Merci de nous laisser chanter, merci de nous aimer quand on danse et que l'on joue, merci d'être là pour nous. Vous êtes le meilleur public, vous savez nous rendre magiques. De tout notre cœur, de notre voix et de nos instruments, pour votre présence et vos applaudissements, laissez nous aujourd'hui vous dire Merci. FIN 30