CORRECTION DU SUJET N°1

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CORRECTION DU SUJET N°1
CORRECTION DU SUJET N°1
Première partie : étude de documents
Document 1
Question n°1
Lénine dirige l’U.R.S.S. en 1923. (0,5 point)
Question n°2
Les gens déportés aux Solovky sont des partisans de l’ancien régime tsariste (aristocrates,
officiers du tsar, membres du clergé), c’est-à-dire des gens considérés comme des
ennemis du nouveau pouvoir, des membres de l’intelligentsia (intellectuels, philosophes,
écrivains, militants politiques ou sociaux) ou des entrepreneurs, c’est-à-dire des gens
considérés comme des opposants potentiels au nouveau régime.
(0,5 point pour ces idées ou une de ces idées ou toute idée de ce type). Si citation du
texte sans explication (exemple : « la fine fleur de la société russe : 0 point).
Question n°3.
L’objectif de ce camp est, dans le meilleur des cas, de briser physiquement et
psychologiquement, les « ennemis du pouvoir » et, dans le pire des cas, de les éliminer.
(0,5 point pour ces idées ou une de ces idées ou toute idée équivalente)
Document 2
Question n°4
Staline dirige l’U.R.S.S. en 1929. (0,5 point)
Question n°5
L’OGPU est la police politique soviétique. (0,5 point)
Question n°6
L’objectif politique des « camps de travail correctif » est de « punir » les « ennemis du
régime ». (0,5 point)
Question n°7
L’objectif économique des « camps de travail correctif » est d’utiliser au maximum les
personnes internées afin de mettre en valeur certaines régions inhospitalières
(colonisation et exploitation des ressources naturelles de certaines régions comme la
Sibérie)
(0,5 point pour l’idée principale ou 0,5 point pour les deux idées entre parenthèses,
sinon 0 point)
Document 3
Question n°8
Le Goulag est la branche de la police politique chargée de la gestion des camps de
concentration. (0,5 point pour cette idée ou toute idée de ce type)
Question n°9
Beaucoup de camps sont installés en Sibérie, en Asie centrale (Kazakhstan) et à
proximité du Cercle Polaire Arctique (dans la région de Mourmansk par exemple).
(0,5 point par réponse, si trois réponses, pas de bonus pour autant).
1
Question n°10
Si le nombre de personnes internées est supérieur au million dès la fin des années Trente, la
manière dont la main-d’œuvre est utilisée laisse perplexe. En effet, les constructions
réalisées par les détenus l’ont été à moindre coût (faibles rations alimentaires, pas
d’équipement et d’outillage adéquats), la mortalité est effrayante (presque 25 % de morts
lors de la construction du canal de la Mer Blanche, certains enterrés dans les fondations) et
surtout, beaucoup de ces ouvrages sont inutilisables (Canal de la Mer Blanche) ou ne
sont pas achevés (voies ferrées). (0,5 point par idée)
Document 4
Question n°11
Le nombre de détenus ne cesse d’augmenter de 1930 à 1953 (0,5 point)
Question n°12
La diminution du nombre de personnes internées de 1941 à 1945 correspond à la Seconde
Guerre mondiale. En effet, afin de renforcer les effectifs de l’Armée rouge et d’utiliser
au maximum les compétences de certains détenus, plusieurs centaines de milliers de
personnes (militaires, scientifiques, ingénieurs, techniciens…) seront libérés au cours du
second conflit mondial.
(0,5 point pour chacune de ces idées ou idées de ce type)
Deuxième partie : paragraphe argumenté
Méthodologie : comment utiliser les connaissances personnelles pour traiter le
paragraphe argumenté
Si les documents fournis vous permettent de construire un paragraphe argumenté déjà
riche en renseignements et si le plan du paragraphe argumenté ne pose aucun problème
puisqu’il est induit par le libellé du sujet (plan en 3 parties : origines, objectifs et résultats du
système concentrationnaire soviétique), il est néanmoins indispensable que vous apportiez
des renseignements tirés de votre cours, voire de vos lectures.
Un rappel de l’existence de l’autre grand système concentrationnaire, qui se met en place
dans l’Allemagne nazie des années Trente, s’imposera dans l’introduction.
Le développement devra évidemment évoquer la guerre menée par le nouveau régime
contre sa paysannerie et l’extermination d’une grande partie de cette dernière lors de la
« dékoulakisation ».
La conclusion, quant à elle, devra souligner l’héritage de ce système concentrationnaire
(en U.R.S.S. et surtout hors de cet Etat) et insister sur l’étrange paradoxe qui consiste, d’un
côté à condamner avec la plus extrême fermeté l’idéologie nazie et ses terribles
conséquences (condamnation tout à fait logique de la part de gens attachés à la démocratie
et au respect des droits de l’Homme) et, d’un autre, à essayer de trouver des circonstances
atténuantes à un régime qui, pendant des décennies, a bafoué les droits les plus
élémentaires de l’être humain.
2
Méthodologie : comment utiliser les renseignements tirés des documents
Questions
Question n°1
Question n°2
Question n°3
Question n°4
Question n°5
Question n°6
Question n°7
Question n°8
Question n°9
Question n°10
Question n°11
Question n°12
Renseignements tirés des documents et
manière de les utiliser
Dès leur arrivée au pouvoir, les bolcheviks
s’imposent par la terreur et Lénine met en place
le système répressif (ce qui met un terme à
l’hypothèse d’un système détourné de son idéal
par le « méchant » Staline : Lénine est bien le
fondateur d’un des pires systèmes répressifs qui
soient, Staline ne faisant qu’étendre et accentuer
la répression, notamment au Parti communiste).
Est considéré comme opposant celui qui
représente une menace, non seulement
supposée réelle (ex. : officier du tsar) mais
potentielle (ex. : intellectuels).
Le but premier des camps est avant tout
répressif.
Staline poursuit l’« œuvre » de Lénine.
La police politique est toujours présente, seul le
nom change.
L’objectif répressif est toujours prioritaire.
A l’objectif précédent s’ajoute un nouvel objectif,
économique cette fois : utiliser la main-d’œuvre
concentrationnaire afin de mettre en valeur
certaines régions inhospitalières, parfois riches
en ressources naturelles.
Une branche de la police politique est
entièrement vouée à la gestion des camps de
concentration : le Goulag (ce qui démontre
l’importance du système concentrationnaire dans
le système soviétique).
A la dureté des gardes des camps s’ajoute la
dureté des conditions climatiques, ce qui illustre
parfaitement l’objectif répressif du système.
Si l’objectif économique des camps du Goulag
est parfaitement illustré par la création de
nombreuses
villes
et
voies
ferrées,
l’inachèvement de nombreux ouvrages ou leur
inutilité montrent cependant l’irrationalité dans la
gestion de la main-d’œuvre concentrationnaire et
les contradictions auxquelles doit faire face le
système : Quel objectif privilégier ? Comment
obtenir de bons résultats avec une main-d’œuvre
sous alimentée et sous-équipée ?
L’augmentation régulière du nombre de ZEK
(détenus du Goulag) est une preuve
supplémentaire, s’il en fallait, de la dureté du
système soviétique sous Staline (le système
concentrationnaire n’étant qu’une des facettes,
sans doute la pire, de ce système totalitaire).
La Seconde Guerre mondiale et l’euphorie de la
victoire au lendemain de la « Grande Guerre
patriotique » permettront à certains détenus de
retrouver la liberté. Cela dit, dès 1946, le nombre
des détenus augmente pour atteindre un
maximum de 1 723 000 personnes en 1953.
3
Méthodologie : rédaction du paragraphe argumenté
Barème
-
2 points pour une introduction et une conclusion dignes de ce nom,
2 points pour un développement structuré (qui respecte les trois thèmes à aborder),
4 points pour les informations tirées des documents,
2 points pour l’apport de connaissances personnelles qui enrichissent le devoir.
Introduction
Si le système concentrationnaire n’est pas propre aux régimes totalitaires (ainsi les Anglais qui
utilisèrent ce moyen de coercition lors de la guerre qu’ils ont menée, de 1899 à 1902, contre les
Boers, ou la déportation et l’internement de certaines populations civiles lors de la Première Guerre
mondiale), il n’en demeure pas moins que ce système atteint sa plus grande ampleur dans les
Etats totalitaires.
Phrase de transition avec l’introduction
Les années 1920-1930 voient ainsi la mise en place et le développement progressif de deux
systèmes concentrationnaires qui ne cessent de grandir par la suite, le système
concentrationnaire nazi et le système concentrationnaire soviétique (connaissances
personnelles).
Première partie : les origines du système concentrationnaire soviétique
ère
1
idée : une mémoire sélective
Si une certaine historiographie (notamment en France) a longtemps eu tendance à exonérer les
fondateurs du régime soviétique (Lénine, Trotski et leurs sbires) des excès de ce dernier, il est enfin
admis que le système concentrationnaire soviétique est consubstantiel à l’installation du
pouvoir des soviets.
ème
Phrase de transition avec la 2
idée
Ainsi, dès 1918, Lénine déclare : « La seule place pour le gréviste, ce moustique jaune et nuisible,
c’est le camp de concentration. »
[Cette citation est intéressante à trois points de vue. D’une part, en déshumanisant l’être humain,
réduit à l’état de « moustique jaune et nuisible », elle induit l’idée qu’il faut l’éliminer. D’autre part, elle
annonce les procès de Moscou, sinistre farce juridique où les accusés sont assimilés à des « chiens
enragés » et autres créatures malfaisantes qu’il faut abattre. Enfin, elle prouve parfaitement que le
système soviétique n’a pas été « perverti » par Staline. Au contraire, dès sa création, ce système est
impitoyablement répressif. Staline a seulement fait entrer la répression au sein du Parti communiste].
ème
2
idée : des camps qui apparaissent très tôt
Très rapidement, une branche de la Tchéka (la police politique confiée à Félix Dzerjinski), est
affectée à la garde des premiers camps de concentration (connaissances personnelles).
Ultérieurement, si les noms changent (OGPU ou Guépéou à partir de 1924, puis NKVD dès juillet
1934) (connaissances personnelles) et si les responsables se succèdent parfois assez rapidement
(Dzerjinski jusqu’en 1924, Menjiski jusqu’en 1934, puis Iagoda - exécuté en 1936 -, Iejov - exécuté en
1938 - et Béria, une des âmes damnées de Staline, exécuté après la mort de ce dernier en 1953)
(apport), le système ne cesse de s’étendre (cf document 3) et voit ses attributions augmenter.
Phrase de transition avec la deuxième partie
La répression est donc la première raison de la création des camps.
4
Deuxième partie : les objectifs du système concentrationnaire soviétique
ère
1
idée : les camps, outil de répression au service du pouvoir
Etabli dans les îles Solovki (cf document 1), archipel de la mer Blanche (d’où le nom d’ « archipel »
employé par l’écrivain russe Alexandre Soltjenitsyne dans son ouvrage « L’Archipel du Goulag », paru
à l’étranger en 1973), le premier camp de concentration accueille tout d’abord les opposants du
nouveau régime (cf document 1). Le camp des Solovki, qui essaimera ensuite ses métastases sur le
continent, est une sorte de champ d’exercice où sont mises au point les méthodes qui seront ensuite
appliquées durant des années dans les autres camps du Goulag.
ème
Phrase de transition avec la 2
idée
Le nombre toujours plus important de prisonniers internés dans les camps va cependant bientôt
amener le pouvoir à réfléchir sur les possibilités d’utilisation d’une main-d’œuvre potentielle.
ème
2
idée : les camps, outil au service de l’économie soviétique
Si la « rééducation par le travail au bénéfice du socialisme » (cf document 2) a pour but
premier l’élimination de l’intelligentsia (ou au moins sa « neutralisation ») (cf document 1) et si
dans les années Vingt le travail fourni par les détenus permet seulement de couvrir les frais d’entretien
des camps (apport), un tournant a lieu au début des années Trente (cf document 2). Les détenus
deviennent une source stratégique de main-d’œuvre et le Goulag (sigle qui signifie « Direction
générale des camps), créé en 1930, centralise tous les lieux de détention de l’OGPU (cf document
3). En effet, la collectivisation des terres permet d’envoyer dans les camps du Goulag une
masse impressionnante de koulaks (les soi-disant « paysans riches ») (connaissances
personnelles). Cette main-d’œuvre bon marché (car souvent mal nourrie et n’ayant à sa disposition
que des outils rudimentaires) (cf document 3) est affectée à des travaux divers : exploitation de
gisements miniers découverts dans les années Trente (ainsi les gisements d’or, d’étain et d’uranium
de la Kolyma) (apport) souvent situés dans les « régions éloignées et inhospitalières du pays »
comme la Sibérie (cf document 2), création de villes et d’usines destinées à accueillir les
populations civiles et militaires (exemples : Magadan, Komsomolsk) (cf document 3),
construction de voies ferrées (cf document 3) ou réalisation de projets aussi pharaoniques
qu’inutiles, dont le seul but est de satisfaire les rêves de grandeur du tyran du Kremlin (ainsi le canal
reliant la mer Blanche à la Baltique) (cf document 3).
Phrase de transition avec la troisième partie
Avec plus d’un million de détenus à sa disposition, le Goulag est rapidement devenu la première
entreprise du pays.
Troisième partie : les résultats du système concentrationnaire soviétique
ère
1
idée : une rentabilité médiocre
Certes, le nombre de ZEK (nom donné aux déportés) (apport) ne cesse de croître dans les
années Trente (200 000 détenus de plus en 1936, 700 000 détenus de plus de 1937 à 1938) (cf
document 4), croissance qui se poursuit après la diminution des années 1940-1945 (due à la
libération de nombreux détenus envoyés sur le front ou dans des laboratoires ou usines
stratégiques pour l’effort de guerre) (cf document 4). Cependant, les rendements sont
finalement très médiocres. Ainsi, le Goulag n’a pu absorber l’afflux de main-d’œuvre des années
1936-1938 et le plan n’a pu être réalisé qu’à 35 ou 40 % (et encore, sur le papier !) (apport)
ème
Phrase de transition avec la 2
idée
En réalité, il était illusoire d’espérer de bons résultats économiques de la part d’un système qui n’a
jamais pu se départir de sa première fonction : la répression.
5
ème
2
idée : les contradictions du système concentrationnaire soviétique
Il faut toujours avoir présent à l’esprit que l’aspect répressif du système a toujours été sa
raison d’être primordiale. En réalité, le Goulag coûte plus qu’il ne rapporte. Comment exiger de
détenus mal nourris, mal vêtus, mal logés, mal soignés et mal outillés (quoique bien
surveillés !) qu’ils soient productifs ? De plus, il faut payer le transport, l’entretien (même
minimal) et la surveillance des détenus. Si on ajoute le manque de rationalisation dans
l’organisation du travail (à Vorkouta, camp situé à l’Est d’Inta - cf document 3 -, à peine 25 % des
déportés étaient affectés à l’extraction du charbon !), on comprend mieux le coût du Goulag pour
l’économie soviétique (le charbon de Vorkouta était deux fois plus cher que celui du Donetz !)
(apport). Le Goulag a finalement abouti à un immense gâchis économique et à une tragédie
humaine.
[Cette contradiction entre les deux aspects du système - répression/rentabilité économique - est à
mettre en parallèle avec ce qu’écrit Robert Steegmann dans son ouvrage consacré au Struthof à
propos de la faible rentabilité économique des camps de concentration nazis.]
Phrase de transition avec la conclusion
Présent dès la création du régime soviétique, le système concentrationnaire demeurera sans
doute comme un des plus importants symboles de ce dernier.
Conclusion
Malgré sa terrible réalité, l’horreur des camps du Goulag a longtemps été atténuée, voire niée
pour des raisons idéologiques (il ne fallait surtout pas critiquer la « patrie » du « communisme » et
les espoirs que ce dernier représentait pour des millions d’hommes) ou politiques (comment
s’attaquer à un pays qui avait joué un si grand rôle dans la défaite du nazisme ?), comme l’ont prouvé
par exemple les violentes attaques contre Kravchenko (qui dénonce les aspects répressifs du régime
stalinien dans son livre « J’ai choisi la liberté », paru en 1946). « Le livre noir du communisme »
(ouvrage paru il y a quelques années) éclaire enfin d’un jour nouveau non seulement la triste réalité
du système répressif soviétique (et pas seulement stalinien) mais également celle de ses « héritiers »
(systèmes répressifs yougoslave, cubain, chinois, cambodgien etc.) qui, à des degrés divers, ont tous
recouru aux camps de concentration. (apport)
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