Le Journal du RCAFD - Canadian Families and Corrections Network

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Le Journal du RCAFD - Canadian Families and Corrections Network
Le journal du RCAFD/Families and Corrections Journal
Vol. 12 No. 2 (printemps 2008)
Regroupement canadien d’aide aux familles des détenu(e)s | Canadian Families and Corrections Network
Articles :
Lorsqu’un membre de
la famille est une
victime : une entrevue
entre David Molzahn et
Christina Guest, des
Services d’aide aux
victimes du
SCC………………….1
Que peuvent faire les
contrevenants
autochtones et leurs
familles ? Par Corina
Hayward….………...4
Les infractions
sexuelles au sein d’une
même famille. Par
Elizabeth Martin….…7
Lorsqu’un enfant perd
ses deux parents, l’un
tué et l’autre incarcéré.
Par Lloyd Withers…..7
Conseil d'administration:
Linda Linn,
Columbie-Britannique
Timothy Buehner,
Alberta
Bruce McKinnon,
Saskatchewan
Graham Reddoch,
Manitoba
Chris Carr,
Ontario
Marie-Claude Delorme,
Québec
Debra Barriault,
Nouveau Brunswick
Scott MacIsaac,
Ile-Prince-Edouard
Valerie Corcoran,
Terre-Neuve
Le RCAFD est un
organisme canadien de
bienfaisance, numéro
d’enregistrement
875428062RR0001
Lorsqu’un membre de la famille est une victime : une entrevue entre David
Molzahn et Christina Guest, des Services aux victimes du SCC.
Il arrive que des crimes soient commis par des étrangers, mais c’est dans le foyer
familial que l’on peut être le plus en danger. Le meurtre, le viol, la violence familiale,
l’abus d’enfants, l’inceste et le vol sont autant de crimes dont un membre de la
famille, ou quelqu’un qui a déjà été en relation avec le contrevenant, peut être la
victime. Cette liste englobe probablement d’ailleurs tous les crimes.
Le Regroupement canadien d’aide
aux familles des détenu(e)s sait par
expérience auprès des familles que le
contrevenant
est
beaucoup
plus
étroitement lié à la famille que
quiconque ne souhaite le dire. Au sens
plus large, même si la victime
n’appartient pas à la famille, celle-ci est
néanmoins affectée par le comportement
criminel du contrevenant et les
David Molzahn et Christina Guest.
conséquences du geste.
Le RCAFD s’est intéressé de très près à la création des Services aux victimes, du
Service correctionnel du Canada, et à ce que ces services sont en mesure d’offrir aux
familles. Parmi ces familles-victimes, il y a notamment celles qui ont mis fin à une
relation familiale avec le contrevenant en raison du crime ou celles qui ont choisi de
conserver une relation familiale avec le contrevenant en dépit du crime commis.
David Molzahn et Christina Guest, des Services aux victimes du SCC, ont accepté de
nous entretenir de ce sujet.
RCAFD. On s’inquiète et on parle des crimes commis par des étrangers, mais peutêtre ne parlons-nous pas aussi souvent des crimes perpétrés au sein d’une même
famille ? À votre avis, pourquoi en est-il ainsi ?
DM. J’ai ma petite idée là-dessus. Selon moi, il est plus facile de penser à des gens
et à leur offrir des services lorsqu’il y a une séparation entre la victime et le
contrevenant. Lorsque ce n’est pas le cas, la situation devient beaucoup plus
complexe sur les plans émotionnel, psychologique et spirituel.
Au sein du système correctionnel, il y a certains défis à relever du point de vue de
la manière de procéder dans le cas où, en travaillant auprès d’un contrevenant dans
un établissement, on découvre, par exemple, que la victime est son épouse et qu’en
plus, elle souhaite continuer la relation. Cela est difficile à comprendre pour certaines
personnes, mais pas au sein de la communauté, où l’on voit cela se produire tout le
…
-1-
temps. Or, dans le système, c’est un peu plus difficile
de composer avec ce genre de situation.
Je crois que, pour nous des Services aux victimes, au
Service correctionnel du Canada, il est de plus en plus
nécessaire de bien faire la distinction entre les victimes
et les victimes inscrites. Dans le cas de plusieurs crimes
graves, le crime s’est produit dans le contexte familial
et il nous a été impossible d’aborder cette réalité aussi
clairement que nécessaire. Je pense qu’une partie du
travail du RCAFD consiste à nous aider à poser les
bonnes questions.
RCAFD. David, vous êtes allé dernièrement en
Saskatchewan pour rencontrer des membres des
communautés et des familles autochtones. Avez-vous
discuté à cette occasion du fait pour les membres des
familles d’être des victimes ?
DM. Pendant les rencontres, les conseillers et les
pasteurs autochtones se sont vidés le c œur. Ils ont
raconté les choses bouleversantes qui se passent dans
l’exercice de leurs fonctions au sein de certaines des
plus petites communautés, et ils ont abordé l’enjeu de
tendre la main aux victimes et aux contrevenants. Leur
perspective est tellement unique ! Personnellement,
quand je travaille auprès des membres d’une famille qui
sont victimes d’un crime, c’est la plupart du temps
auprès de familles autochtones. Lorsque j’étais
aumônier dans un hôpital, il m’est arrivé par exemple
de devoir rester assis près d’une mère dont le fils était
en salle de réanimation lorsqu’on est venu éteindre les
appareils qui maintenaient ce dernier en vie. Le fils
avait été la victime d’un membre de sa famille. La mère
devait composer avec la mort d’un fils et
l’emprisonnement à perpétuité d’un autre fils. C’est le
genre d’histoire que l’on a entendu assez fréquemment.
RCAFD. Pourriez-vous nous indiquer quand, comment
et pourquoi les Services aux victimes ont été créés ?
CG. En 1992, on a amendé la Loi sur le système
correctionnel et la mise en liberté sous condition, afin
qu’elle comporte une obligation de la part du
gouvernement du Canada de fournir des renseignements
aux victimes de contrevenants sous responsabilité
fédérale. On a alors établi un processus qui allait
permettre au Service correctionnel du Canada de
renseigner les victimes inscrites, c’est-à-dire les
victimes qui demandent à recevoir des renseignements
au sujet du contrevenant qui leur a causé du tort.
RCAFD. Le RCAFD se préoccupe de la famille du
contrevenant, qui est aussi la victime du crime commis.
Si un membre d’une famille est victime d’un crime et
-2-
qu’il téléphone aux Services aux victimes, à quoi
peut-il s’attendre ?
CG. Au téléphone, on lui demandera de sélectionner la
région dans laquelle il demeure en entrant un numéro
avec les touches du téléphone. Il pourra alors s’attendre
à ce que quelqu’un dans le bureau régional qu’il aura
sélectionné lui réponde, bien qu’il puisse lui arriver de
devoir laisser un message vocal.
Le membre de la famille demanderait d’être inscrit
comme victime pour recevoir des renseignements au
sujet de la personne qui lui a fait du tort. L’agent des
Services aux victimes lui décrirait alors le processus
d’inscription, ce qui doit se produire avant que l’on
puisse communiquer des renseignements à qui que ce
soit. La raison à cela, c’est qu’il nous est interdit de
communiquer des renseignements privés au sujet d’une
personne incarcérée, sauf si l’on répond à des exigences
bien précises. Les victimes comptent parmi les
personnes à qui il nous est possible de fournir certains
renseignements, mais nous devons d’abord nous assurer
que les gens qui nous téléphonent sont véritablement les
victimes. Nous devons pouvoir vérifier que les gens qui
nous téléphonent sont bel et bien ceux qu’ils disent être.
On posera à la victime quelques questions simples au
sujet du crime, des choses que le grand public ignorerait
par rapport au crime en question.
RCAFD. Le membre de la famille devra-t-il se
nommer dès le début ?
CG. Non, pas s’il ne téléphone que dans le but
d’obtenir des renseignements au sujet des Services aux
victimes. Nous pouvons communiquer d’emblée des
renseignements concernant les services qui sont mis à la
disposition des gens qui s’inscrivent ou des
renseignements que les victimes inscrites ont le droit de
connaître. Nous pouvons leur expliquer pourquoi les
victimes doivent s’inscrire, pourquoi nous sommes
tenus de suivre certaines politiques et procédures visant
à protéger les victimes et les renseignements sur la vie
privée du contrevenant en question, car les deux ont des
droits.
RCAFD. Ainsi, si un membre de la famille souhaite
s’inscrire, il lui faudra donner son nom, son numéro de
téléphone et d’autres coordonnées ?
CG. Exactement. La demande doit être faite,
effectivement, par écrit. Nous indiquerions où la
personne peut se procurer le formulaire et comment le
remplir. L’agent des Services aux victimes pourrait
également le remplir pour elle au téléphone et lui
envoyer pour le lui faire signer avant de nous le
renvoyer.
RCAFD. Si le membre de la famille s’inscrit comme
victime et téléphone aux Services aux victimes,
pourra-t-il parler à la même personne ou devra-t-il
raconter son histoire chaque fois ?
CG. Nous chercherons à lui simplifier la tâche en le
faisant parler avec le moins de personnes possible. Si
l’agent des Services aux victimes n’est pas disponible,
un autre agent du bureau sera en mesure de répondre à
ses questions ou de lui fournir les renseignements
pertinents sans qu’il soit dans l’obligation de répéter
son histoire.
Les victimes inscrites peuvent avoir accès aux
renseignements reliés à la peine, comme la date
d’admissibilité à la libération conditionnelle, la date de
fin de la peine − tout ce qui, dans la libération de la
personne, est susceptible d’affecter sa victime. Si elles
le désirent, les victimes peuvent faire connaître à la
Commission nationale des libérations ce qu’elles
éprouvent à l’idée que la personne puisse être libérée.
Une déclaration de la victime peut être soumise au
moment de l’examen de la peine avant que le
contrevenant passe devant la Commission.
RCAFD. Si un membre de la famille est inscrit, quel
genre de renseignements pouvez-vous lui fournir ?
CG. Il existe deux catégories de renseignements. La
première renferme les renseignements que le SCC doit
fournir aux victimes inscrites sont : le nom du
contrevenant, l’infraction pour laquelle la personne a
été condamnée, le tribunal qui a prononcé la sentence,
la date à laquelle la peine d’emprisonnement a débuté et
les dates auxquelles la personne deviendra admissible
aux permissions de sortir et à la libération
conditionnelle, et les crimes pour lesquels il a été
condamné. Il se peut que la victime n’ait pas suivi les
procédures judiciaires jusqu’au bout et que le
contrevenant n’ait pas été condamné pour l’infraction
dont il a été accusé au départ.
La seconde catégorie renferme les renseignements
discrétionnaires qu’il est possible de communiquer en
équilibrant les droits du contrevenant et les droits de la
victime. Il se peut que l’on révèle à la victime l’âge du
contrevenant, l’endroit où se trouve l’établissement
dans lequel il est incarcéré, la date à laquelle le
contrevenant doit être libéré pour plusieurs raisons, la
date des audiences, les conditions de libération du
contrevenant et la destination du contrevenant au
moment de sa libération. On lui dira également si le
contrevenant est encore incarcéré et, dans le cas
contraire, la raison pour laquelle il ne l’est pas.
Ce qui intéresse le plus souvent les victimes, c’est de
savoir quand la personne ne sera pas en incarcération,
quand la personne est susceptible de sortir pour
participer à un programme de travail, à un programme
d’études ou à un programme de santé mentale. Nous
sommes obligés de dire à la victime à quelle date la
personne sera escortée hors de l’établissement. La
victime ou les membres de la famille de la victime
pourront trouver rassurant d’être tenus au courant et de
savoir que, s’ils n’ont aucune nouvelle, c’est parce que
la personne est toujours incarcérée.
RCAFD. Certains membres de la famille qui sont des
victimes mettent fin à la relation familiale. D’autres
sont des victimes qui choisissent de continuer la
relation. Il y a un conflit au sein de la famille parce que
l’un de ses membres souhaite soutenir le contrevenant,
alors qu’un autre membre ne veut rien avoir à faire avec
lui. Qu’avez-vous découvert jusqu’ici à ce sujet dans le
cadre des Services aux victimes ?
CG. On retrouve effectivement les deux cas. Une des
choses importantes à savoir pour les membres de la
famille, c’est ce qu’il faut faire si un enfant a subi des
torts. Un membre de sa famille peut s’inscrire au nom
de l’enfant. Les lois indiquent clairement qui est apte à
servir de « représentant » de la victime, si cette dernière
est handicapée ou mineure, ou préfère ne pas faire
affaire directement avec le Service correctionnel.
-3-
RCAFD. Une grand-mère, une tante ?
CG. Une grand-mère, une tante ou une belle-mère peut
effectivement servir de « représentant » de la victime.
Par ailleurs, comme vous l’avez souligné, un certain
nombre de familles se fragmente. Par exemple, si un
enfant a été une victime et que la mère a divorcé d’avec
le contrevenant, la mère peut s’inscrire comme victime
et peut également s’inscrire comme représentante de
l’enfant. Elle satisferait aux exigences de ces deux
catégories.
Les Services aux victimes ne sont pas là pour juger
de la relation que l’on choisit ou non de conserver avec
le contrevenant. Les services sont mis à la disposition
de ceux qui sont considérés comme des victimes. Les
membres de famille n’ont pas à décider de ce que sera
leur relation avec la personne incarcérée.
Le SCC vient en aide aux gens qui souhaitent rester
en relation avec le contrevenant, même s’ils en ont été
les victimes. Ce qui peut venir en aide aux membres de
famille qui s’inscrivent comme victimes, c’est d’avoir
l’assurance que les renseignements qui leur sont fournis
sont exacts. Les renseignements qu’ils reçoivent de la
leur vie en main peu importe la voie qu’ils choisiront de
suivre.
RCAFD. Pour que ce qui leur est arrivé ne continue
pas de dominer leur vie ?
CG. Il se peut qu’ils aient vécu des moments terribles
dans la vie, mais il existe des ressources pouvant les
aider à surmonter l’épreuve et à tourner la page.
---------Que peuvent faire les contrevenants autochtones et
leurs familles ? Par Corina Hayward.
part de la personne incarcérée risquent de ne pas
toujours être complets ou exacts.
RCAFD. Il arrive que le contrevenant ne dise pas toute
la vérité ?
CG. Ou qu’il se trompe, qu’il y ait des renseignements
lui échappent. Il se peut qu’il ait une raison de vouloir
donner une impression différente aux membres de sa
famille. L’obtention de renseignements fiables peut
aider les membres de la famille à conserver la relation
en fondant leurs décisions sur les faits, ce qui, à mon
avis, serait très utile.
RCAFD. Fait-on savoir au contrevenant qu’un membre
de sa famille s’est inscrit comme victime ? Assure-t-on
la sécurité de la victime en ne dévoilant pas son
identité ?
CG. Les renseignements au sujet des victimes sont
toute autre chose et restent confidentiels. Nous avons
des procédures très claires à suivre pour veiller à ce que
le contrevenant ne sache jamais qu’une victime s’est
inscrite ; cela vaut évidemment aussi pour l’inscription
d’un membre de la famille en tant que victime. Il est
très clair que ce renseignement n’est pas communiqué
au contrevenant. Les personnes surtout responsables de
gérer la peine du contrevenant n’ont pas accès aux
renseignements qui concernent la victime.
RCAFD. S’il y a une chose que vous aimeriez faire
savoir aux membres de la famille qui sont des victimes,
laquelle serait-ce ?
CG. Téléphonez-nous. Vérifiez les services qui vous
sont offerts. J’aimerais qu’ils sachent que le Service
correctionnel, bien qu’il ait pour mandat de gérer les
peines des contrevenants, a aussi pour mandat, qui est
tout aussi important, d’aider les gens qui ont été des
victimes à se remettre après coup, de leur apporter des
options et la liberté, de leur faciliter l’accès au Service
correctionnel du Canada et à la Commission des
libérations conditionnelles, afin de les aider à prendre
-4-
Le trop grand nombre d’autochtones dans le système
correctionnel est dû en partie aux relations historiques
qui existent entre eux et le Canada. Les enfants qui sont
passés par l’école résidentielle sont devenus adultes, et
beaucoup d’entre eux sont maintenant parents et
grands-parents. Le fait de ne pas grandir au sein de sa
famille et d’ignorer qui l’on est et que l’on est aimé a
notamment pour conséquence que l’on ignore comment
faire partie d’une famille aimante. Beaucoup de
survivants des écoles résidentielles ne savent pas être
parents et sont souvent incapables de démontrer
l’amour qu’ils ont pour leurs enfants. Au lieu de cela,
ils traitent leurs enfants de la seule manière qu’ils
connaissent : celle dont on les a traités. Il en résulte une
génération d’enfants qui ont grandi avec des parents qui
ne semblaient pas se soucier d’eux ou dans des foyers
dysfonctionnels où sévissaient, entre autres,
l’alcoolisme, la violence conjugale et la violence faite
aux enfants.
Il arrive souvent que ces enfants soient pris en
charge par l’État et soient retirés à leurs parents pour
des raisons de sécurité et de protection. Le plus
ironique, c’est que cela a pour effet de continuer le
cycle de privation. Dans le cas des enfants qui sont
passés d’un foyer d’accueil à un autre, ils n’ont nulle
part où se dire chez eux, ils n’ont aucune attache
familiale et l’essence même de leur identité se perd de
plus en plus.
Ainsi donc, les jeunes autochtones ont souvent
souffert aux mains de parents abusifs ou
dysfonctionnels (qui n’ont jamais appris à être parents),
qui sont toxicomanes ou alcooliques, qui ont des
problèmes de santé, qui manquent d’instruction, qui
sont souvent au chômage, qui sont issus de
communautés fragmentées et dysfonctionnelles, qui ont
vécu de la discrimination et sont à l’écart de la société
au sens large, qui ont perdu leur identité, qui font face à
un haut taux de suicides, etc.
Pour certaines de ces raisons, bon nombre de jeunes
autochtones semblent se tourner vers des gangs de rue
afin de combler le vide qu’ils ressentent à l’intérieur
d’eux-mêmes. La plupart des membres de gangs
autochtones ont des histoires très semblables à raconter
au sujet du contexte dans lequel ils ont grandi. Un
grand pourcentage de nos contrevenants autochtones
entrent dans le système de justice pénale très jeunes.
Or, comme nous le savons, le fait d’entrer dans ce
système dès un jeune âge est synonyme de récidive, de
passage dans plusieurs foyers d’accueil et d’antécédents
toujours plus violents. Il est assez facile de voir le genre
d’attrait qu’un gang de rue peut exercer sur un jeune
ayant ce type d’héritage historique à surmonter, n’ayant
aucune famille immédiate pour le soutenir ou dont la
famille est simplement trop dysfonctionnelle pour lui
venir en aide, faisant face à des problèmes de
toxicomanie ou d’alcoolisme et n’ayant pas acquis de
bons mécanismes d’adaptation − cherchant toujours à
découvrir où est « sa place » dans le monde.
C’est triste à dire, mais les gangs de rue jouent
souvent le rôle de famille de substitution auprès de nos
jeunes autochtones, qui ont souvent la même histoire de
vie. Dans un gang, ils se sentent inclus, importants et
puissants. Ils y ont souvent un statut et, s’ils se font
prendre pour avoir enfreint la loi, ils retrouveront
généralement des amis, des parents ou des membres de
leur gang en prison. Voilà pourquoi ils n’ont pas
vraiment envie de quitter le gang ou d’embrasser un
style de vie socialement favorable. Le jeune autochtone
qui contemple la possibilité de quitter son gang doit
souvent se réconcilier avec la réalité, en ce sens qu’il
perdra la plupart de ses amis les plus intimes (qui sont
devenus comme une famille pour lui), qu’il devra
probablement quitter une région qu’il considère comme
« chez lui », qu’il s’aliénera toutes les personnes
auxquelles il s’associait, etc. Il nous apparaît
rapidement que, dans la majorité des cas, sans
orientation et sans soutien, notre jeune autochtone ne
choisira probablement pas de se dissocier des autres
membres de son gang, parce que leur style de vie est
celui dans lequel il se sent à l’aise, ce sont ses proches,
et il arrive à justifier ses comportements criminels et ses
valeurs en les considérant simplement comme un
moyen d’arriver à ses fins. Par ailleurs, comme je l’ai
mentionné précédemment, ce contrevenant a souvent
lui-même été la victime du « système » (c.-à-d. les
foyers d’accueil, les Services à l’enfant et à la famille,
le système de justice pénale, etc.) et se sent donc en
droit de s’opposer à ce « système », sans vraiment
considérer ou sans considérer du tout les victimes
individuelles.
Elizabeth Martin, Coordonatrice au Québec, RCAFD (à droit),
avec Corina Hayward, analyste de politique principale, Groupe
de la politique correctionnelle autochtone, Sécurité publique
Canada.
-5-
Alors, que peuvent faire les contrevenants
autochtones et leurs familles ?
La guérison d’une communauté constitue un
processus qui commence par une personne, et qui
s’étend ensuite à la famille et à la communauté. Il a été
démontré qu’une fois ce processus lancé, les
autochtones en viennent à se prendre en main à mesure
qu’ils apprennent à connaître leur histoire, leur culture,
ainsi que leurs pratiques et leurs enseignements
traditionnels.
La guérison peut également se définir comme « le
processus de création de schémas de relations humaines
et de vie communautaire nouveaux et plus positifs (en
commençant par notre propre développement) ». Étant
donné que le processus de guérison peut s’avérer
unique et particulier à chaque individu, comme les gens
sont différents, tout vient de la nécessité de ne causer
aucun tort. Le processus de guérison a pour but de
réparer ce qui a été cassé, de restaurer la vie des
personnes concernées et de leur famille, et de créer un
milieu dans lequel ceux qui naîtront pourront mener une
vie heureuse et saine, et apporter une contribution
positive à la vie de ceux de leur entourage.
Dans les communautés autochtones canadiennes,
votre identité repose sur votre lieu de naissance et vos
liens de parenté. Il s’agit d’une toile complexe
d’interdépendance tissée à partir des liens familiaux
s’étant eux-mêmes créés au fil des générations. Le
concept d’identité culturelle s’inscrit intégralement
dans cette toile. Des gens ayant des antécédents
culturels ont des langues, des traditions et des pratiques
uniques qui les différencient des membres d’autres
nations autochtones.
Dans le contexte du mieux-être d’une communauté,
le mot « guérison » s’applique non seulement à la santé
physique d’une personne, mais aussi à sa santé
spirituelle, mentale et émotionnelle. De plus, cette
personne n’est pas la seule qui soit touchée. Chaque
personne fait partie d’une famille, qui, à son tour, fait
partie d’une communauté plus large. Si les personnes
qui les composent ne sont pas « équilibrées », il est
facile d’en conclure que les familles et les
communautés concernées ne le sont pas non plus. La
guérison est considérée comme un processus ou un
parcours de vie. Il ne s’agit pas nécessairement de
quelque chose à accomplir (comme dans le cas d’une
guérison physique), mais de quelque chose qui,
s’étendant à toute la vie, favorise l’équilibre nécessaire
à la santé à tous égards (physique, spirituel, mental et
émotionnel) de la personne, de sa famille et de sa
communauté.
En fin de compte, bien entendu, le tout est de savoir
si le contrevenant et sa famille sont disposés à faire les
changements nécessaires pour offrir un avenir meilleur
à leurs enfants. Les gouvernements auront beau injecter
des millions dans les établissements et les
communautés, ils auront beau créer des programmes et
des services formidables, les aînés auront beau parler à
n’en plus finir, reste que, si le cheval ne veut pas boire,
il ne boira pas. Et, malheureusement, le cycle se
poursuivra.
Je me suis entretenue avec un aîné il y a quelques
années. Sa femme et lui avaient tous les deux fréquenté
une école résidentielle, ils avaient reçu de mauvais
traitements dans cette école et dans leur communauté,
ils avaient grandi dans la violence, le chaos, la
toxicomanie et l’alcoolisme, mais ils ont élevé toute
une ribambelle d’enfants naturels et d’enfants adoptifs
dans un milieu sobre et sain. De plus, leurs enfants sont
devenus professeurs, pilotes, artistes et, en général, des
exemples à imiter au sein de leur communauté. Ce
jour-là, assise avec lui, je lui ai demandé : « Comment
avez-vous fait ? Comment avez-vous réussi à surmonter
tout ça, tout ce que vous avez traversé pour élever ces
enfants de la bonne façon ? » Il m’a regardée comme si
je venais de l’espace et m’a répondu : « C’était facile.
Ma femme et moi, nous voulions tous les deux avoir
des enfants, beaucoup d’enfants, mais nous ne voulions
absolument pas qu’ils vivent ou subissent ce que nous
avions vécu. Alors, on a dû mettre de l’ordre dans toute
notre merde − eh oui, les aînés disent "merde" − en
-6-
premier lieu, pour pouvoir leur offrir une bonne vie.
C’est simple. » Un homme vraiment spécial !
Dans le cas du contrevenant et de sa famille,
quelqu’un doit dire : « C’est assez ! On ne peut plus
vivre comme ça. Ce n’est pas bon pour nous et ce n’est
pas bon pour nos enfants. Et il faut améliorer notre sort.
Je ne veux pas que mes enfants aboutissent dans un
foyer d’accueil, dans un gang ou en prison. »
Comprenez-moi bien, par contre, je sais que c’est plus
facile à dire qu’à faire et qu’en plus d’un travail
acharné, il faut une bonne dose de chance et de
générosité de la part des autres. Il faudra faire face au
racisme et à la discrimination. Et c’est possible que
vous ne décrochiez pas un certain emploi simplement
parce que vous êtes autochtone, mais passer votre vie
en tôle ou dans un gang ne réglera pas les choses non
plus.
Quand j’étais agent de liaison parmi les autochtones,
en parlant avec des gars, j’entendais souvent dire qu’il
n’y avait pas de programmes en dehors. Je leur disais :
« Foutaise ! Il n’y a tout simplement pas de programme
en dehors qui t’est servi comme en prison. Aucun aîné
viendra se présenter à ta porte tous les jours. La suerie,
ça ne veut pas dire pour toi que tu vas rentrer à la
maison le mercredi pour y trouver le bois bien cordé, un
repas en train de mijoter dans la cuisine et l’aîné qui t’y
attend. Dehors, tu dois aller le chercher, consacrer de
ton temps et de ton argent à le trouver, offrir de ton
tabac et puis travailler comme un défoncé à fendre ton
bois ou à faire peu importe ce qu’il y a à faire pendant
une semaine, dix jours ou un mois, pendant que l’aîné
te regarde faire et est en train de décider s’il va même te
permettre d’entrer dans la hutte. Et tu dois découvrir
comment faire les choses de la bonne manière et te faire
critiquer en cours d’apprentissage. Et, le plus important,
tu dois y retourner encore et toujours. Et tu vas trouver
tout ce qu’il faudra pour t’aider. Ça ne se fera pas du
jour au lendemain, ça n’est jamais facile, et tu devras
pour ça être prêt à te regarder en face et à retourner au
stade où tu étais une victime, comme c’est le cas de la
plupart des contrevenants. »
Vous devrez découvrir qui ou ce qui vous a mis dans
une telle colère − et, croyez-moi, la plupart des
contrevenants ont de bonnes raisons d’être en colère,
car ils ont une histoire de vie horrible − et ensuite
assumer la responsabilité du choix que vous avez fait de
prendre la souffrance et la colère qu’a suscitées ce
qu’on vous a fait subir et d’en éclabousser d’autres,
devenant ainsi leur bourreau. Et vous mettre à guérir.
Commencer à laisser les blessures guérir en vous-même
et en ceux à qui vous avez causé du tort. Et commencer
à redevenir, comme on dit, quelqu’un de bien.
Extrait de « Aboriginal families, incarceration and reintegration »
(Familles autochtones, incarcération et réinsertion sociale), une
présentation de Corina Hayward, analyste de politique principale,
Groupe de la politique correctionnelle autochtone, Sécurité
publique Canada, lors de la conférence Familles et justice
réparatrice, Memramcook, Nouveau-Brunswick. Novembre 2007.
Pour obtenir une version intégrale, veuillez visiter le site
www.cfcn-rcafd.org.
---------Les infractions sexuelles au sein d’une même famille.
Par Elizabeth Martin.
Les infractions sexuelles au sein d’une même famille
ont pour effet de plonger toute la famille dans le chaos
émotionnel et de lui faire vivre énormément de stress.
Au début, il se peut que les membres de la famille se
sentent outrés, en colère et trahis. Ils ont du mal à
comprendre comment ces abus ont pu se produire sous
leur nez. Ils se sentent coupables de ne pas avoir su les
empêcher. Ils craignent une récidive. Ils souhaitent
comprendre les dynamiques et les facteurs propres à
l’inceste. Il se peut également qu’ils se fassent
stigmatiser par la parenté et la communauté.
À l’école, par exemple, on se moque des enfants, qui
se font dire des choses comme : « Ton père est
éc œurant, c’est un pédophile! » Il arrive que les enfants
cessent de porter le nom de leur père afin d’éviter les
sarcasmes. Les mères sont souvent obligées de parler
avec les directeurs d’école, les psychologues et les
professeurs pour améliorer la situation de leur enfant.
La société en général ne fait pas la distinction entre
l’inceste et la pédophilie. Bien que ces deux crimes
soient de nature sexuelle et répréhensibles, les facteurs
contribuant à l’inceste sont différents de ceux
contribuant à la pédophilie.
Les infractions sexuelles au sein d’une même famille
risquent de mettre fin à la relation conjugale. Dans le
cas d’autres familles, la conjointe choisit de rester avec
le contrevenant, ce qui lui attire parfois l’opposition de
sa parenté et de ses amis. Il se peut qu’elle se fasse
critiquer parce qu’elle continue d’être en relation avec
celui qui a maltraité ses enfants ou ses beaux-enfants.
On l’accuse de ne pas avoir remarqué ou de ne pas
avoir dénoncé le père, le beau-père ou l’oncle qui s’est
mal comporté. Elle se sent obligée de choisir entre le
fait d’être en relation avec la victime et d’être en
relation avec l’agresseur.
Il arrive aussi que d’autres membres de la famille
« rejettent la responsabilité sur la victime », y compris
-7-
en qualifiant le comportement de la victime
d’aguicheur. Il est nécessaire que les membres de la
famille saisissent pleinement le fait que la
responsabilité est celle de l’adulte. Ils doivent savoir
que l’agresseur adulte était et est responsable de
répondre correctement aux besoins d’affection de
l’enfant ou de l’adolescent.
Le traumatisme varie selon l’âge de la victime et les
circonstances qui l’ont entouré. Il se peut que la victime
de l’infraction sexuelle se sente déchirée entre l’amour
envers son père ou son beau-père et la haine ou la
confusion par rapport à ce qui lui est arrivé. Le
traumatisme associé à l’infraction sexuelle, combiné
avec d’autres facteurs de risques comme le manque de
contrôle parental et les valeurs et le milieu familiaux,
peut contribuer à pousser une victime dans un cycle de
promiscuité sexuelle.
L’inceste s’accompagne toujours du silence.
L’arrestation et l’incarcération peuvent rompre le cycle
de l’inceste dans une famille et donner à d’autres
victimes d’inceste le courage de parler.
Lorsque l’agresseur reconnaît son crime et en
assume la responsabilité, il se peut qu’il arrive à
sensibiliser les membres de la famille au cycle malsain
dont il est captif et rectifier les faits entourant la
manière dont les choses se sont produites. Il arrive que,
dans ces circonstances, les proches et la communauté
au sens large soient mieux disposés à soutenir la famille
et à contribuer à la réinsertion sociale.
Elizabeth Martin est la coordonnatrice au Québec du
Regroupement canadien d’aide aux familles des
détenu(e)s.
---------Lorsqu’un enfant perd ses deux parents, l’un tué et
l’autre incarcéré. Par Lloyd Withers
Lorsqu’un parent tue l’autre, le choc et l’horreur de ce
meurtre affectent toute la famille. Chaque membre de la
famille est une victime : les parents du père, les parents
de la mère, les frères, les s œurs, et ainsi de suite. S’il y
a des enfants ou des beaux-enfants dans la relation, les
enfants perdent un parent parce qu’il est mort et perdent
l’autre parce qu’il est condamné à perpétuité. Une
personne que les enfants aiment a enlevé la vie à l’autre
personne qu’ils aiment également. Si le couple a des
enfants, alors ces derniers vivront le traumatisme de
perdre leurs deux parents, d’être les témoins du meurtre
ou de découvrir le corps de l’un, ou des deux parents et
plus.
Cela ne se produit d’ailleurs que trop souvent.
Statistiques Canada (2005) a rapporté qu’entre 1994 et
2003, on a résolu 4490 homicides. Parmi ces derniers,
38 % étaient de nature familiale et près de la moitié
(47 %) impliquait le meurtre d’un des époux.
Statistiques Canada (2004) a aussi rapporté que, dans
environ 31 % des cas de meurtres commis par des
hommes contre leur conjointe, le contrevenant s’est
également suicidé.
Dans la vie des enfants dont un des parents a été tué
par l’autre, des changements radicaux s’opèrent. Il se
peut que les enfants doivent aller vivre avec leurs
grands-parents ou d’autres parents qui vivent eux aussi
un deuil et avec les incidences du meurtre sur
eux-mêmes. Dans le cas de certains enfants et des gens
qui les prennent à charge, l’incidence émotionnelle
risque d’éliminer tout désir de rester en contact avec le
parent incarcéré.
Même si les enfants vivent avec un grand-parent, il
arrive que les grands-parents paternels et les grandsparents maternels se disputent la garde des enfants. Il se
peut que les grand-parents n’aient pas accès aux
services de soutien et d’aide qui sont offerts aux
parents, ce qui a pour effet d’alourdir le fardeau
financier des grands-parents.
Des conflits éclatent souvent entre les membres de la
famille au sujet de la possibilité de rendre visite et
d’apporter un soutien à la personne qui purge une peine
à perpétuité. Il arrive que certains membres de la
famille tentent activement de dissuader d’autres
membres de rester en contact avec le contrevenant et
coupent tout lien familial avec les membres qui
choisissent de rester en contact. Ces conflits peuvent
inclure des querelles au sujet de la possibilité de
permettre aux enfants de rester en contact avec le parent
incarcéré ou de les y encourager, surtout si les enfants
le demandent. Dans le cas des enfants qui risquent
d’aboutir dans un foyer d’accueil ou un milieu du
même genre, il peut survenir des difficultés tout aussi
déconcertantes.
Comment agir au mieux des intérêts des enfants par
rapport à ce que devrait être leur relation avec le parent
incarcéré n’est pas toujours facile à déterminer. Chaque
situation est unique. Il se peut que les enfants souhaitent
rendre visite au parent incarcéré en dépit de ce qu’il a
fait. Le cas échéant, il sera nécessaire d’examiner
honnêtement et ouvertement leur demande avec eux. Si
le parent incarcéré parvient à obtenir du tribunal le droit
de voir ses enfants, il faudra aussi en parler
honnêtement et ouvertement avec les enfants, pour
savoir ce qu’ils veulent. Les enfants qui souhaitent
-8-
rendre visite à leur parent incarcéré devront être
correctement préparés à ce qu’ils doivent s’attendre à
vivre et à voir dans un établissement semblable au
cours de leur visite. Les enfants devront également
avoir l’occasion de parler de leur expérience par la
suite. Dans le cas de certains enfants, il arrive que le
désir de parler de la visite ne vienne pas
immédiatement, mais plutôt un ou deux jours après.
Si les personnes qui s’occupent d’eux ont des
inquiétudes à leur sujet, il est souvent préférable
qu’elles commencent par consulter un professionnel et
le médecin de la famille ou le psychologue attaché à
leur école. Il peut également s’avérer avantageux de
demander que le parent incarcéré soit évalué pour
s’assurer qu’il est apte à recevoir la visite de ses
enfants. Il faut opter pour le cas par cas. Le mieux à
faire pour un enfant peut dépendre de certaines choses :
le contrevenant a-t-il commencé à saisir les effets que
son crime a eus sur sa famille et à suivre
fructueusement le traitement ou l’intervention que le
tribunal et le processus correctionnel ont jugé
nécessaire de choisir pour lui ?
Les effets du crime perdurent, et surtout chez les
enfants. Il importe que, juste après le meurtre, les
enfants reçoivent continuellement du soutien, des
encouragements et une écoute attentive. Avec tous les
événements et les conflits dans lesquels les adultes qui
les entourent se retrouvent, il arrive que les besoins des
enfants passent inaperçus. Le fait pour eux de jouer
tranquillement avec leurs jouets ne veut pas forcément
dire qu’ils se sentent bien. Les enfants ont besoin que
les membres de leur famille, et les professionnels,
prennent le temps de leur poser les bonnes questions
quant à ce qu’ils vivent et à leur rétablissement.
Après tout, ils n’ont pas perdu un parent, mais les
deux.
Lloyd Withers est le coordonnateur national du
Regroupement canadien d’aide aux familles des
détenu(e)s.
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-9-
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