Fabrice Hyber
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Fabrice Hyber
Fabrice Hyber © Marc Domage Le Cri, l’Ecrit 2007 Bronze polychrome et or 3,07 x 1,30 x 1,55 m Présentée par Jérôme de Noirmont, Paris Fabrice Hyber, artiste vendéen né à Luçon en 1961, réalise avec Le Cri, l’écrit la première sculpture contemporaine pérenne du Jardin du Luxembourg à Paris. Ce bronze polychrome de 3,07 m de haut fut commandé par le Ministère de la Culture et de la Communication le 10 mai 2006 afin de commémorer l’abolition de l’esclavage. Le Cri, l’écrit : ce titre à double sens renvoie tout à la fois au cri de terreur face à la servitude, au cri de joie des esclaves libérés ainsi qu’aux textes de loi qui ont aboli l’esclavage. Selon l’artiste, « pour le jardin devant le Sénat, il fallait un écrit ! ». La sculpture se compose de trois anneaux formant une chaîne à double face. L’une peinte, l’autre en bronze brut. Le premier anneau ancré dans le socle de pierre symbolise le retour aux racines et à « cette Terre qui est un boulet ». L’anneau médian fermé symbolise le recommencement perpétuel et met en garde contre l’esclavage moderne. Le dernier anneau ouvert en partie supérieure symbolise la chaîne brisée, l’abolition de l’esclavage. Chaque anneau comporte deux faces, l’une bombée en bronze brut, l’autre peinte avec des motifs de veines et artères vertes et rouges, rappelant une coupe anatomique. On y distingue également des mots gravés à la surface tels que « ailleurs », « décimé », « exterminé », « déporté », « mort », « inhumain », « valeurs », « déplacé », « esclave ». L’un d’entre eux, « circulation », suggère un double sens : la circulation entravée des esclaves d’un côté, la circulation sanguine de l’autre, motif récurrent dans les oeuvres de l’artiste, symbole du vivant. Fabrice Hyber, mathématicien et scientifique de formation, s’intéresse tout particulièrement aux organismes ainsi qu’à leur structure interne. La chaîne de l’ADN est à ce titre un élément central de son œuvre. Il la considère comme un « rhizome », polymorphe et en perpétuelle régénérescence, une « gigantesque racine ». La forme même de la sculpture et les veines de la face polychrome des anneaux illustrent bien cette référence moléculaire et organique. Plus encore, ce motif de l’échelle d’ADN témoigne de l’universalité de la question abolitionniste. Le cri, l’écrit, tout comme L’Artère-le jardin des dessins, fresque sur céramique pérenne réalisée dans les jardins de la Villette en 2003-2004, qui commémore les vingt ans de la pandémie du Sida – la forme du ruban rouge dénoué est un symbole d’espoir comme le chaînon brisé de l’esclave – sont des monuments contemporains. Fabrice Hyber réactive ici une tradition sculpturale immémorielle, tout en témoignant de son engagement pour des causes universalistes. Cassandre Auvray, Céline Bonnemain, Jeanne Dehaye Elèves de l’Ecole du Louvre Depuis 2010, les étudiants de l’école du Louvre participent à une opération originale de médiation, en lien avec le plus large public. Cet exercice pédagogique de terrain, est également l’opportunité pour l’Ecole de réaffirmer son implication dans l’étude et la diffusion de l’art contemporain. Retrouvez toutes les notices rédigées par les étudiants à cette occasion sur www.fiac.com