L`absurde dans le théâtre Dada et présurréaliste

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L`absurde dans le théâtre Dada et présurréaliste
THÈSES
Titre : L’ABSURDE DANS LE THEATRE DADA ET PRESURREALISTE
Auteur : Mariana Kunešová
Directeurs de thèse : Prof. PhDr. Petr Kyloušek, CSc. (Université Masaryk)
Prof. Didier Plassard (Université Paul Valéry, Montpellier 3)
Rapporteurs : Prof. Marie-Claude Hubert
Mgr. Petr Christov, Ph.D.
Lieu de la soutenance : Université Paul Valéry
Date de la soutenance : le 24 mars 2014
La thèse se consacre à l’absurde dans le théâtre des avant-gardes historiques en
France entre 1916 et 1923, années où les dramaturgies d’avant-garde y sont d’une
exceptionnelle richesse et variété : elles voient naître la meilleure synthèse des
tendances avant-guerre dont le futurisme ; un théâtre Dada ; des « sketchs »
présurréalistes, ainsi que le texte considéré comme le chef d’œuvre du théâtre
surréaliste en France.
Ainsi, le théâtre des avant-gardes françaises de l’époque concernée
littéralement invite à ce qu’une recherche l’interroge, en partant surtout des
travaux de Henri Béhar et de Didier Plassard.1 Cet objectif est motivé également
par le fait qu’il n’est pas difficile de trouver quant à ce théâtre des conclusions en
quelque sorte hâtives. Ainsi, un volume considéré comme incontournable de
l’histoire du théâtre français évoque des « blagues indignes d’étude » ou un
morceau purement littéraire.2 Ces dramaturgies, donc, représenteraient-elles dans
l’histoire du théâtre français seulement une parenthèse négligeable ?
L’objet de recherche, l’absurde, est appréhendé par cette thèse comme une
catégorie esthétique. Ce qui permet d’étudier les pratiques en radicale rupture avec
la convention illusionniste de l’époque, et ce sur le plan des principales
catégories : composition et fable, personnage, parole.
La méthode découle d’une manière essentielle de la polémique qui a suivi
l’apparition de la conception d’un « théâtre de l’absurde », avancée dès 1961 par le
critique britannique Martin Esslin afin de caractériser les avant-gardes de la moitié
du siècle.3 Cette contribution, saluée par certains pour sa pertinence, considérée
par d’autres comme floue et injustifiée, a mené chez une bonne part de la critique
dramatique à la méfiance quant à la validité de la catégorie de l’absurde au théâtre
tout court.4
La présente thèse donc, afin de définir l’absurde, ne reprend pas les
propositions de M. Esslin, mais s’efforce de procéder de manière indépendante. En
s’intéressant, d’abord, aux conceptions lexicographique, logique, de la théologie
chrétienne et de la philosophie des valeurs. Forte des résultats de cette première
1
BEHAR Henri, Le théâtre Dada et surréaliste, Paris, Gallimard, 1979. PLASSARD Didier, L’Acteur
en effigie, Lausanne, L’Âge d’homme, 1992.
2
JOMARON Jacqueline de (éd.), Le Théâtre en France, Paris, Armand Collin, 1992, pp. 825, 839.
3
Pour la version de l’ouvrage mise à jour, se reporter à ESSLIN Martin, Theatre of the Absurd, New
York, Penguin Books, 1991.
4
Voir, à titre d’exemple, BRATER Enoch ; COHN Ruby (éds), Around the Absurd, Ann Arbor,
University of Michigan Press, 1992 ; JACQUART Emmanuel, Le Théâtre de dérision, Paris,
Gallimard, 1998.
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THÈSES
recherche, la thèse examine l’absurde en tant que catégorie esthétique et de
théâtre.
Le volet consacré à l’absurde au théâtre part de l’opposition entre les
conceptions du théâtre européen basées d’une part sur la « logique » et la « clarté »
de surface, culminant avec l’esthétique classique, et d’autre part celles qui usent de
principes alternatifs. Après une brève esquisse des éléments interprétables comme
absurdes à l’époque précédant le classicisme français, il se penche sur le rôle de
l’absurde dans la réflexion et la pratique innovatrice en France dès la rupture
voulue par le romantisme – dont surtout le théâtre des avant-gardes est l’héritier.
Le corpus de la thèse est consitué du légendaire premier texte Dada, La
Première aventure céleste de Monsieur Antipyrine de Tzara ; d’un des « sketchs »
produits par le duo Breton – Soupault dès leurs premiers essais de la parole
automatique, S’il vous plaît ; et enfin de Mystères de l’amour, de la main du seul
auteur surréaliste véritablement dramaturge, Vitrac. Fort peu interrogés à ce jour,
ces textes, complémentaires, sont chacun porteurs de spécificités à part entière, qui
ont valu aux deux premiers des mises en cause de leur viabilité scénique. En
revanche, le troisième est communément qualifié du chef-d’œuvre probablement
le plus authentique du théâtre surréaliste. La méthode d’analyse du corpus qui
prédomine dans la thèse est celle du close reading.
La conclusion se consacre d’une part à la clôture des travaux d’analyse et à un
débat sur la signification de l’absurde dans le théâtre concerné ; de l’autre, à la
confrontation de la définition de l’absurde au théâtre que cette thèse a développée
à celle de M. Esslin. En effet, comme l’évoque le récent ouvrage d’un auteur nordaméricain, la conception esslinienne a été sujette à des adhésions ou rejets
spontanés bien davantage qu’à un examen véritable.5
Les axes de contribution de la thèse à la problématique traitée sont, dans la
partie introductive, la définition de l’absurde au théâtre, accompagnée d’un
balayage terminologique adéquat ; dans les trois études, un angle de vue nouveau
porté sur les textes concernés – dont La Première aventure céleste de
M. Antipyrine, habituellement considérée surtout comme un manifeste ; dans la
conclusion, l’examen de la contribution esslinienne.
Soit dit enfin qu’une étude sur les avant-gardes historiques françaises par un
auteur tchèque mériterait que l’intérêt soit porté à leur réception du côté tchèque.
Les objectifs de la présente thèse ne pouvant pas y satisfaire, l’auteur espère se
pencher à ce sujet dans ses travaux futurs.
5
BENNETT Michael, Reassessing Theatre of the Absurd, New York, Palgrave Macmilian, 1913.
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ÉCHO DES ÉTUDES ROMANES
Revue semestrielle de linguistique et littératures romanes
Publié par l’Institut d’études romanes
de la Faculté des Lettres
de l’Université de Bohême du Sud,
České Budějovice
ISSN : 1801-0865 (Print)
1804-8358 (Online)
L’article qui précède a été téléchargé à partir du site officiel de la revue:
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Numéro du volume :
Vol. X / Num. 1-2
2014