L S1 introdhist 06-La royauté judaïque, 08p

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L S1 introdhist 06-La royauté judaïque, 08p
LA ROYAUTE JUDAÏQUE
L'archéologie n'a pas pour but de comprendre la Bible, elle vise seulement à établir les données du
terrain. On trouvera ci-dessous un inventaire des principales données archéologiques en rapport avec le récit
biblique, y compris les plus récentes. Pour les aspects autres que les données archéologiques, voir David et
Salomon.
I. DONNEES ARCHEOLOGIQUES SUR DAVID ET SALOMON 1
(Redirigé depuis Données archéologiques sur les règnes de David et Salomon)
Données archéologiques sur le règne de David
Concernant la personne du roi David, le seul document archéologique dont nous disposons est la Stèle
de Tel Dan, découverte en 1993. Cette stèle n'est pas datée exactement, mais les archéologues lui attribuent1une
date aux alentours de –900. Hazaël, roi de Damas, a fait graver en Araméen2 :
« J'ai tué [Jo]ram fils d'[Achab] roi d'Israël, et [j'ai] tué [Ahas]yahu fils de [Joram] roi de la maison de
David. Et j'ai réduit [leur ville en ruine et changé] leur terre en [désolation]. »
La signification de l'expression "maison de David" est tout à fait claire en Archéologie : il s'agit de la
dynastie royale dont "David" a été le premier roi3. Le caractère historique de l'inscription étant indéniable4, il
n'existe pas de raison fondée sur l'Archéologie conduisant à mettre en doute l'existence du roi David. Par contre,
le fait qu'aucune mention du royaume de David datant de son vivant n'ait été retrouvée, alors que les abondantes
archives des pays voisin mentionnent de nombreux royaumes y compris de petites cité-États, jette un doute
sérieux sur la taille du royaume de David. Cette inscription atteste aussi qu'à l'époque de l'inscription le royaume
d'Israël (« la maison d'Omri » des archives assyriennes) est différent du royaume de « la maison de David ». Il
n'existe aucune donnée archéologique permettant de dater le règne de David : on ne peut donc fonder
d'estimation que sur le texte biblique (-1010, -970), dates qu'il faut prendre comme des ordres de grandeur
plausibles, non des chiffres établis par des sources archéologiques).
Les données archéologiques en Palestine, à l'époque du royaume de David, sont très nombreuses. Les
données archéologiques sur sa capitale, Jérusalem, sont beaucoup moins riches. On estime actuellement5 que
Jérusalem était, à cette époque, autour de –1000, un petit village sans fortifications, limité à l'emplacement que
l'on appelle la « Cité de David », sans rapport avec la description biblique. D'imposantes fortifications datées de
–1700 ont été retrouvées, montrant qu'à cette époque antérieure, Jérusalem était une ville de taille importante6, ce
qui montre que, lorsqu’une construction est importante, elle laisse des traces, même si elle est très ancienne et
située en plein cœur de Jérusalem. Ce phénomène de déclin très marqué n'est pas propre à Jérusalem, il est lié à
l'effondrement systémique qui marque le passage de l'âge du bronze tardif à l'âge du fer (voir : Données
archéologiques sur la conquête de Canaan et Données archéologiques sur les Philistins). Il faudra attendre –700
pour constater un développement foudroyant de Jérusalem, dont l'étendue passe de six à soixante-quinze hectares
en quelques décennies, et la population de 1 000 à 12 000 habitants. Ces chiffres sont estimés, notamment, à
partir du relevé de la position des tombes et de leurs datations. À cette époque, le royaume d'Israël est occupé par
l'Assyrie et de nombreux Israélites se réfugient au sud, dans le royaume de Juda.
Vers –1000, la population vivant sur la partie sud des hautes terres (étendue géographique
correspondant à Juda) est estimée à 5 000 habitants. Il s'agit d'une population rurale modeste. Il n'est pas
vraisemblable que cette population ait pu contribuer à la formation d'une armée importante sous David. À la
même époque, sur la partie nord des hautes terres (étendue géographique correspondant à Israël), la population
est estimée à 40 000 habitants. La différence s'explique par une raison géographique : la partie nord est plus
1
D’après Wikipédia
Les rois juifs
2
arrosée et située sur les voies de communication, la partie sud est plus sèche et plus difficilement accessible. À
titre de comparaison, la population égyptienne est estimée à 2 800 000 personnes vers -1250.
Données archéologiques sur le règne de Salomon
Concernant la personne du roi Salomon, il n'existe aucune donnée archéologique. Il n'existe pas non
plus de raison fondée sur l'Archéologie conduisant à mettre en doute l'existence même du roi Salomon. Pour les
dates du règne de Salomon, on ne peut faire qu'une estimation à partir du texte biblique (-970, -930, avec les
mêmes réserves que pour David).
Sur l'étendue géographique correspondant à Israël (partie nord), on trouve les traces de constructions
très importantes sur plusieurs sites, notamment à Samarie, Megiddo, Gézer, Hazor. Une controverse passionnée,
qui n'est pas encore complètement tranchée, porte sur la datation exacte de toutes ces constructions. Une partie
des constructions (à Samarie, la grande esplanade et le magnifique palais en pierre taillée par exemple)
appartient clairement à la dynastie du roi Omri, royaume centralisé des Omrides (-884, -842) et ne peut en
aucune manière être attribuée à Salomon7. Le site de Megiddo comporte 25 strates archéologiques et couvre
7 000 ans d'histoire. Vers –1800, Megiddo est une cité-État de 2 000 habitants avec des édifices importants, des
fortifications et des temples. Une très grande écurie a été trouvée à Megiddo, elle est datée –800, elle est donc
sans rapport avec Salomon. La porte à triple tenaille de Megiddo est datée –800 également. Les restes les plus
importants, palais et temples en pierre taillée, sont datés –900 8.
Sur l'étendue géographique correspondant à Juda (partie sud), après –900, d'imposantes citadelles sont
construites à Lakish et Bet Shemesh, un centre administratif important se développe dans la vallée de Beersheba,
avec une forteresse à Arad et à Tell Beersheba. Vers -800, la population totale du royaume de Juda est estimée à
35 000 habitants, celle du royaume d'Israël à 350 000. Le développement de Jérusalem, nous l'avons vu, est
postérieur.
La controverse non complètement tranchée sur les datations (voir bibliographie) est compliquée par le
fait qu'un grand nombre de strates sont présentes et qu'une petite erreur de strate entraîne une grosse erreur de
date. Les datations sont faites à partir du style des poteries et, maintenant, par la technique de datation au
carbone 14 rendue beaucoup plus précise par une calibration spécifique et un traitement statistique. La
calibration est possible si l’on trouve une strate qui est déjà datée exactement (stèle par exemple). Mais une date
fournie dans la Bible seulement ne peut servir d’étalonnage puisqu’elle n’a pas été validée indépendamment. En
pratiquant un nombre significatif de
tests indépendants dans la même
strate, on améliore la précision. Un
traitement
statistique
permet
d’estimer la fiabilité du résultat.
L'extrême précision requise explique
pourquoi on ne parvient pas toujours
à tirer des conclusions parfaitement
claires, car une petite erreur de date
(100 ans) modifie radicalement les
conclusions.
Cependant, quatre remarques
peuvent être faites. La première, c'est
qu'il
n'existe
aucune
donnée
archéologique indiquant qu'une des
grandes constructions trouvées sur
l'étendue géographique correspondant
à Israël ait été bâtie par Salomon
effectivement. La seconde, c'est qu'il
semble difficile de croire que
Jérusalem aurait eu une croissance
non détectée très importante à
l'époque de Salomon : comment se
ferait-il alors, qu'on identifie très bien
une splendeur passée vers -1700 et
une croissance foudroyante vers –
700. La troisième, c'est que,
comparativement aux agglomérations
de la partie nord, la taille modeste9 de
Les rois juifs
3
la capitale du royaume — la Jérusalem de l'époque de Salomon — rend paradoxale la thèse selon laquelle
Salomon aurait été à la tête d'un immense royaume tel que le décrit le récit biblique. La quatrième, c’est que, si
Salomon avait vraiment été à la tête d'un immense royaume tel que le décrit le récit biblique, les nombreuses
archives des pays voisins n'auraient pas manqué de le dire et il est impensable qu'aucun des nombreux
documents retrouvés ne contienne la moindre allusion à ce royaume (sur ces archives, voir l'article : Données
archéologiques sur les Philistins)10.
Le point scientifique sur la question des désaccords de datation est fait dans un compte-rendu de
congrès qui rassemble les publications professionnelles : T. Levy and T. Higham, editors, "Radiocarbon Dating
and the Iron Age of the Southern Levant : The Bible and Archæology Today", Londres, 2005 (27 contributions,
448 pages).
Le problème de l'absence d'écrit sous le règne de Salomon
Ce paragraphe a pour objet de situer, par rapport aux règnes de David et Salomon, l'alphabétisation de
la population de Juda et d'Israël. Le mot alphabétisation est à prendre au sens d'apprendre à lire, pas au sens
d'alphabet. Sur l'introduction de l'alphabet en Juda et en Israël, voir Données archéologiques sur les premiers
écrits en hébreu ancien.
Aucune trace d'un écrit en hébreu ancien de quelque nature que ce soit n'a été retrouvée datant du
royaume de David, ni du royaume de Salomon.
Ni le calendrier de Gézer (inscription lithographique, -1000) ni l'abécédaire de Tell Zayit (-1000) ne
constituent des traces attestées de l'usage de l'hébreu ancien. Une des inscriptions les plus anciennes qui ait été
retrouvée11 est la Stèle de Tel Dan, postérieure à -1000 (son écriture dérive du phénicien).
Le nombre d'ostraca (morceaux de matériau sur lequel on a écrit ou dessiné) trouvés en Juda augmente
considérablement, de façon soudaine, à partir de -800: c'est cette soudaine croissance qui atteste, sans ambiguïté,
que la population du royaume de Juda apprend à lire l'hébreu à partir de -800. Bien que, à en croire la Bible, on
écrivait d'abondance à sa cour, la population de Jérusalem n'était donc, en fait, pas encore alphabétisée sous le
règne de Salomon et il est logique qu'aucune trace écrite n'ait été retrouvée12. Dans le royaume d'Israël, à
Samarie, on a retrouvé un grand nombre d'ostraca attestant qu'il existe déjà une solide organisation
bureaucratique avec un usage à grande échelle de l'écriture sous les Omrides (-900) (voir : Données
archéologiques sur Omri et les Omrides). De plus, les jarres omrides de vin et d'huile d'olive portent des
indications sur la provenance des produits, destinées à être lues par tous ceux qui les utilisent. L'archéologie
démontre ainsi que le royaume d'Israël s'alphabétise un siècle avant le royaume de Juda.
L'absence de toute trace d'écrit datant de l'époque attribuée au royaume de Salomon, l'absence de tout
contact de ce royaume avec les autres royaumes voisins et le fait que la population n'y est pas encore
alphabétisée, tout ceci est cohérent avec ce que les restes des constructions ont montré : il s'agirait donc d'un petit
royaume (quelques milliers d'habitants) vivant modestement de l'agriculture, sans mode de production à grande
échelle, avec pour capitale un petit village de montagne.
Notes
1.
↑ Techniquement, il n'existe pas de moyen de dater une stèle en pierre comme on date un morceau de matière
organique—noyau d'olive ou grain de céréale—au carbone 14 (voir Méthodes scientifiques de l'archéologie). Les
seuls moyens de datation sont indirects, par référence à un événement qui soit en rapport avec l'inscription et dont
la date soit connue par ailleurs. Les tablettes d'argile utilisée pour l'écriture cunéiforme peuvent être datée par
thermoluminescence lorsqu'elles ont subi la cuisson d'un incendie.
2.
↑ Aram est la Syrie.
3.
↑ "Maison de..." est une expression consacrée que l'on trouve dans d'autres inscriptions pour désigner d'autres
dynasties. Les archives assyriennes désignent le royaume d'Israël sous le nom de Maison d'Omri.
4.
↑ Il ne s'agit pas d'un texte littéraire tel qu'un conte ou une légende, dont nous avons de nombreux exemples et dont
le caractère mythique est attesté, il s'agit d'un texte gravé par un roi connu pour célébrer un événement réel.
5.
↑ Ronny Reich, Université de Haïfa, film « La Bible dévoilée » chap. 6 de l’épisode 2, et Israël Finkelstein et Neil
Silberman, « Les rois sacrés de la Bible. À la recherche de David et Salomon », Éditions Bayard, 2006. p. 95
6.
↑ Ronny Reich, film « La Bible dévoilée » chap. 6 de l’épisode 2
7.
↑ Norma Franklin, Mission Megiddo, film « La Bible dévoilée », chap. 8 de l’épisode 3
8.
↑ Françoise Briquel Chatonnet, p. 1 377 du Dictionnaire de l’Antiquité, direction Jean Leclant, PUF, 2005
9.
↑ Jean Baptiste Humbert, p. 1 177 du Dictionnaire de l’Antiquité, direction Jean Leclant, PUF, 2205
Les rois juifs
4
10. ↑ Ceci n'empêche par le Ministère des Affaires Étrangères d'Israël de présenter sur son site officiel la carte du
royaume de David et de Salomon, débordant largement sur l'actuelle Jordanie et sur l'actuelle Syrie, mise en
relation avec les limites de l'Israël d'aujourd'hui (selon l'expression utilisée). Carte du royaume de David et de
Salomon selon le Ministère des Affaires Étrangères d'Israël [archive]
11. ↑ Naissance de la Bible. Une écriture au fil des siècles, Le Monde de la Bible, Hors série 2006, éditions Fayard,
p.25
12. ↑ « Les rois sacrés de la Bible » p. 147
Lien externe
Le point scientifique sur la question des désaccords de datation est fait dans un compte-rendu de congrès qui rassemble les
publications professionnelles : T. Levy and T. Higham, editors, "Radiocarbon Dating and the Iron Age of the Southern
Levant : The Bible and Archæology Today", Londres, 2005 (27 contributions, 448 pages).
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Le roi David et Jérusalem : mythe et réalité La Bible n'est pas un document historique. Elle contient, certes, une
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comment et pourquoi la Bible a fait l'objet d'une compilation.
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Israël Finkelstein et Neil Silberman, « Les rois sacrés de la Bible. À la recherche de David et Salomon », Éditions
Bayard, 2006.
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Un film en 4 parties, « La Bible dévoilée. Les révélations de l'Archéologie », a été réalisé en 2005 par Thierry
Ragobert, écrit par Isy Morgensztern et Thierry Ragobert, sur le travail d’Israël Finkelstein et de Neil Asher
Silberman, avec la participation de Jacques Briend, Professeur honoraire de l'Institut catholique de Paris, et de
Thomas Römer, Professeur d’Ancien Testament à l'université de Lausanne. Israël Finkelstein et Neil Asher
Silberman jouent leur propre rôle. Le film a été diffusé sur Arte et sur France 5, le coffret de 2 DVD est sorti en
février 2006 aux Éditions Montparnasse.
•
Sur la controverse au sujet des datations, voir revue « La Recherche » no391 du 01-11-2005, dossier spécial intitulé
« Les archéologues récrivent la Bible ». La revue se donne pour but de rendre compte de l'actualité des sciences, et
The Debate over the chronology of the Iron Age on the southern levant, Amihai Mazar à propos du débat sur la
chronologie du Xe siècle et ses conséquences sur le royaume de Salomon.
•
Eilat Mazar : "Did I Find King David's Palace ?" Biblical Archaeology Review (vol. 32 No.1 Jan./Feb. 2006). La
mise à jour d'un grand bâtiment fait l'objet d'une intense campagne médiatique, mais Eilat Mazar n'a à ce jour
publié aucun article à ce sujet dans une revue professionnelle à comité de lecture. La mention du roi David, en
rapport avec cette construction, n'est qu'une proposition personnelle d'Eilat Mazar, qui n'est en aucune manière
validée professionnellement. La Biblical Archaeology Review n'est aucunement une revue professionnelle : elle se
donne pour but de faire comprendre le monde de la Bible à un large public. L'Archéologie Biblique, de même, vise
à comprendre le monde de la Bible, alors que l'Archéologie (tout court) est une science qui vise à comprendre le
monde (tout court). L'Archéologie, comme toute science, n'est donc pas préorientée, contrairement à l'Archéologie
Biblique. Eilat Mazar définit ainsi sa méthode de travail : I work with the Bible in one hand and the tools of
excavation in the other, and I try to consider everything. (Je travaille avec la Bible dans une main et la pioche dans
l'autre, et j'essaie de tout prendre en compte).
II. LISTE DES ROIS JUIFS QUI ONT FRAPPE DES MONNAIES:
Asmonéens
Jean Hyrcan I (-135 à -104)
Aristobule (ou Judas) (-104 à -103)
Alexandre Jannée (-103 à -76)
Jean Hyrcan II (-67 & -63 à -40)
Antigone (-40 à -37)
Hérodiens
Hérode le Grand (-37 à -4)
Hérode Archélaos (-4 à +6)(roi de Judée et fils d'Hérode le Grand)
Hérode Antipas (-4 à +40) (roi de Galilée et fils d'Hérode le Grand)
Hérode Phillipe (-4 à +34) (roi de Golan et une partie de la Transjordanie et fils d'Hérode le Grand)
Hérode Agrippa I (37 à 44) (fils d'Hérode Phillipe)
Hérode Agrippa II (53 à 93) (fils d'agrippa I)
Les rois juifs
5
Liste des Procurateurs romains de Judée qui ont frappé des monnaies:
Coponius (6 à 9)
Marcus Ambibulus (9 à 12)
Valerius Gratus (15 à 26)
Ponce Pilate (26 à 36)
Antonius Felix (52 à 60)
Porcius Festus (60 à 62)
III. SALOMON (BIBLE) 2
Salomon, fils de David et de Bethsabée, est un roi d'Israël (de 970 à 931 avant Jésus-Christ selon la chronologie
biblique usuelle). Sa sagesse et sa justice sont proverbiales. Il fait construire le premier Temple de Jérusalem.
Son histoire est contée dans le Premier livre des Rois.
Préalable
Le jugement de Salomon (dessin sur papier)(1648-1649), de
Nicolas Poussin
Salomon, fils et successeur du roi David
Salomon (Shlomo) est le deuxième fils que le roi David eut de sa
femme, Bethsabée, que celui-ci avait prise à Urie.
Quand David fut vieux, son fils Adonias tenta de se faire proclamer
héritier. Alors David ordonne au prêtre Sadoq d'oindre Salomon comme roi après lui. David, mourant, confie ces
paroles à son fils de douze ans : « Je m'en vais par le chemin de toute la terre. Tu seras fort et te montreras un
homme, et tu prendras garde à Dieu, ton Dieu, en marchant dans Ses voies, en gardant Ses statuts, Ses
commandements et Ses ordonnances, comme il est écrit dans la loi de Moïse, afin que tu réussisses dans tout ce
que tu feras et où que tu te tourneras » (I Rois 2, 2 et 3). Après 40 ans de rêgne, David meurt. Salomon devient
ainsi roi d'Israël.
Le jugement de Salomon
Considéré comme « Sage parmi les hommes », il se rendit populaire en début de règne par ses jugements pleins
de sagesse. Il avait d'ailleurs demandé à Dieu de le munir d'un coeur qui sache écouter. [réf. nécessaire]
Le Premier livre des Rois (3, 16-28) raconte ainsi le différend qui opposa deux prostituées ayant chacune mis au
monde un enfant, mais dont l'un était mort étouffé. Elles se disputèrent alors l'enfant survivant. Pour régler le
litige, Salomon réclama une épée et ordonna : « Partagez l'enfant vivant en deux et donnez une des moitiés à la
première et l'autre moitié à la seconde ». L'une des femmes accepta, l'autre déclara qu'elle préfèrait renoncer à
l'enfant plutôt que de le voir sacrifié. En elle, Salomon reconnut la vraie mère, et il lui fit remettre le nourrisson.
Alors « tout Israël apprit le jugement qu'avait rendu le roi, et ils révérèrent le roi car ils virent qu'il y avait en lui
une sagesse divine pour rendre la justice ».
Ce célèbre épisode de la vie du Roi Salomon a donné lieu à l'expression « jugement de Salomon ». Il peut
signifier soit que face à l'impossibilité d'établir la vérité dans un litige, on partage les torts entre deux parties, soit
on met ces mêmes parties devant une situation qui oblige l'une d'elles au moins à changer sa stratégie. Ce cas fait
partie de ceux étudiés en théorie des jeux à somme non-nulle au même titre que la Crise des missiles de Cuba,
avec laquelle elle a des affinités (mettre l'une des parties dans une position intenable, et forcer l'issue vers un
arrangement gagnant-gagnant).
Un règne de paix et de prospérité
A son avènement, Salomon doit faire face à de nombreuses rivalités et révoltes au sein de son royaume. Il
élimine les partisans de son demi-frère Adonias. Le prêtre Abyatar est exilé et Joab est exécuté.
Le pharaon Siamon profite de la mort de David pour organiser une expédition en Palestine. Il prend et détruit
Gezer. Mais devant l’armée de Salomon, il préfère une paix de compromis. Il donne sa fille en mariage à
Salomon avec pour dot Gezer. Salomon s’engage probablement à ne pas attaquer la pentapole philistine. Avec ce
2
D’apr-s Wikipedia
Les rois juifs
6
mariage Salomon signe un traité avec Siamon où il est autorisé à fixer, de manière permanente, les frontières
méridionales de son royaume en occupant Gezer, qui dorénavant, restera une région d'Israël.
Salomon organise une expédition militaire à Hamath et Zoba pour contrôler Tadmor (Palmyre) et la route des
caravanes.
Son règne marque cependant une période de paix, de prospérité et d'abondance. Le roi-bâtisseur fait ériger dans
sa capitale des édifices colossaux (le Temple, le palais royal et les fortifications de Jérusalem). Il bâtit le premier
Temple de Jérusalem. C'est dans sa quatrième année de règne que Salomon se mit à bâtir le temple, qui fut
achevé en sept ans et demi. C'est le temple et non plus le tabernacle, qui fut alors le centre du culte public.
L'organisation du royaume de Salomon
Salomon organise l’administration de son Empire, tâche qui lui vaut la réputation de « sage » (hâkâm) :
•
Comme David, il s’entoure de hauts fonctionnaires et de conseillers (prêtre, secrétaire, héraut, chef de
l’armée) mais crée de nouvelles fonctions (maître du palais, chef des préfets et chef de la corvée). La
famille du prophète Nathan est très influente dans ce cabinet. Salomon crée un corps de fonctionnaires
(lévites), dévoués au service de l’État. Il institue des écoles pour les former.
•
Le territoire israélite est divisé en douze préfectures dirigés par un préfet (nesîb), nommé par Salomon.
•
Chaque préfecture devait assurer l’entretien de la cour royale pendant un mois, charge assez lourde à
cause du développement du harem royal, du nombre des hauts fonctionnaires et de la charerie royale.
D’autres entrées proviennent du domaine royal, géré par le maître du Palais, de cadeaux et tributs versés
par les vassaux. De plus, le roi contrôle le commerce international : caravanes du désert (encens,
aromates), commerce de haute mer dans des expéditions conjointes avec les Phéniciens (produits et
animaux tropicaux, or), commerce avec la Phénicie (blé, huile, cèdre, cyprès, aide technique).
•
Salomon nomme à la tête de l’armée l’ancien chef de la garde personnelle de David. L’effort de
modernisation porte sur les chars, peu utilisés dans le passé et la construction de places fortes.
Le déclin
Selon la Bible (I Rois, 11, 3), Salomon a pris 700 épouses et 300 concubines. Il laissa se développer des religions
païennes dans son entourage « et il arriva, au temps de la vieillesse de Salomon, que ses femmes détournèrent
son cœur auprès d'autres dieux » (I Rois 11, 4 et 5). L'infidélité de Salomon à garder l'alliance avec Dieu entraîna
la colère divine : « Parce que tu as fait cela1 , (...) Je t'arracherai le royaume (...) Seulement, Je ne le ferai pas
dans tes jours, à cause de David, ton père. Mais Je l'arracherai de la main de ton fils. » (I Rois 11, 9 à 13)
À la fin du règne, la levée de lourds impôts et l'institution de la corvée provoquent des révoltes qui aboutiront à
la partition du royaume d'Israël après la mort de Salomon (-931).
Selon le Coran, Salomon (Soulayman) n'a jamais été mécréant et n'entraina pas la colère d'Allah :
« Et [les gens] suivirent ce que les diables racontent contre le règne de Solayman. Alors que Solayman n’a
jamais été mécréant mais bien les diables2. »
Livres de Salomon
Les livres bibliques suivants sont attribués à Salomon :
Livre des Proverbes
Cantique des cantiques
Ecclésiaste (Kohelet)
•
traditionnellement
Certaines traditions attribuent le Livre de l'Ecclésiastique à Salomon3
Les livres apocryphes suivants sont attribués à Salomon :
• explicitement
Odes de Salomon
Psaumes de Salomon
Dans le Coran, c'est le 27e chapitre (sourate) qui parle le plus de Salomon (Sulayman), prophète et roi, tout
comme son père David (Daoud). Son histoire avec la reine de Saba (appelée ici Bilqis) y est narrée. Dans les
sourates 21e versets 81-82, 27e verset 17, 34e 12-14 et 38e 29-39, il est fait allusion aux épreuves et aux
pouvoirs que lui aurait accordé Dieu, pouvoirs qui prennent dans les légendes populaires la forme magique du
Sceau de Salomon.
Les rois juifs
7
Voir aussi
•
•
•
•
Texte biblique, hébreu et français, du "Jugement de Salomon" (1 Rois 3, 16-28)
Les Mines du roi Salomon
Histoire du compagnonnage
Pour une analyse juridique du jugement de Salomon, Jacques BELLICHACH, Le Jugement de Salomon
est-il un jugement ?, Gazette du Palais, Recueil 2007, p. 3977-3978
Notes et références
1.
2.
3.
↑ ici, la cause de la colère Divine n'est pas la polygamie, mais l'adoration d'autres divinités
↑ Le Coran, traduction de Muhammad Hamidullah, 1990, Sourate 2 : La vache (Al-Baqarah), 102 sur
Wikisource [archive]
↑ Troisième Concile de Carthage, 397
IV. HISTOIRE DES ROIS JUIFS ET PARALIPOMENES 3
Tous les peuples ont écrit leur histoire dès qu'ils ont pu écrire. Les Juifs ont aussi écrit la leur. Avant
qu'ils eussent des rois, ils vivaient sous une théocratie ; ils étaient censés gouvernés par Dieu même.
Quand les Juifs voulurent avoir un roi comme les autres peuples leurs voisins, le prophète Samuel leur
déclara de la part de Dieu que c'était Dieu lui-même qu'ils rejetaient: ainsi la théocratie finit chez les Juifs
lorsque la monarchie commença.
On pourrait donc dire sans blasphémer que l'histoire des rois juifs a été écrite comme celle des autres
peuples, et que Dieu n'a pas pris la peine de dicter lui-même l'histoire d'un peuple qu'il ne gouvernait plus.
On n'avance cette opinion qu'avec la plus extrême défiance. Ce qui pourrait la confirmer, c'est que les Paralipomènes contredisent très souvent le Livre des Rois dans la chronologie et dans les faits, comme nos historiens
profanes se contredisent quelquefois. De plus, si Dieu a toujours écrit l'histoire des Juifs, il faut donc croire qu'il
l'écrit encore, car les Juifs sont toujours son peuple chéri. Ils doivent se convertir un jour, et il paraît qu'alors ils
seront aussi en droit de regarder l'histoire de leur dispersion comme sacrée qu'ils sont en droit de dire que Dieu
écrivit l'histoire de leurs rois.
On peut encore faire une réflexion: c'est que, Dieu ayant été leur seul roi très longtemps, et ensuite ayant été
leur historien, nous devons avoir pour tous les Juifs le respect le plus profond. Il n'y a point de fripier juif qui ne
soit infiniment au-dessus de César et d'Alexandre. Comment ne se pas prosterner devant un fripier qui vous
prouve que son histoire a été écrite par la Divinité même, tandis que les histoires grecques et romaines ne nous
ont été transmises que par des profanes?
Si le style de l'Histoire des Rois et des Paralipomènes est divin, il se peut encore que les actions racontées
dans ces histoires ne soient pas divines. David assassine Urie; Isboseth et Miphiboseth sont assassinés; Absalon
assassine Ammon; Joab assassine Absalon; Salomon assassine Adonias, son frère; Baasa assassine Nadab;
Zambri assassine Éla; Amri assassine Zambri; Achab assassine Naboth; Jéhu assassine Achab et Joram; les
habitants de Jérusalem assassinent Amasias, fils de Joas; Sellum, fils de Jabès, assassine Zacharias, fils de
Jéroboam; Manahem assassine Sellum, fils de Jabès; Phacée, fils de Romélie, assassine Phacéia, fils de
Manahem; Ozée, fils d'Éla, assassine Phacée, fils de Romélie. On passe sous silence beaucoup d'autres menus
assassinats. Il faut avouer que, si le Saint-Esprit a écrit cette histoire, il n'a pas choisi un sujet fort édifiant.
V. LE TEMPLE D'HERODE
Le temple d'Hérode dominait la ville de Jérusalem, il couvrait 15% de sa superficie. Il avait été construit par
Hérode en 19 avant J.C. La construction dura environ 7 ans, 100 000 hommes furent employés mais les travaux ne
furent entièrement achevés qu'en 63 A.P. J.-C. Malheureusement en 70, les Romains le détruisirent.
Le temple était entouré d'une muraille d'une longueur de 260 mètres au sud, 290 mètres au nord, 430 mètres à
l'est et 445 mètres à l'ouest. Tous les voyageurs faisaient un détour pour le voir avec ses magnifiques colonnes
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Voltaire 1694 – 1778, Dictionnaire philosophique portative (1764)
Les rois juifs
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de marbre et ses décorations d'or, de cuivre qui brillaient au soleil. A l’époque, les gens disaient : "Celui qui n'a
pas vu le Temple d'Hérode n'a jamais vu un beau bâtiment de sa vie."
Le temple pouvait être comparé à une ville. Des milliers de gens, entre 15 000 et 20 000 personnes, y
travaillaient chaque jour, de tous les métiers : prêtres, marchands, trésoriers, policiers, musiciens, soldats, ... Il
possédait sa propre monnaie. De plus, lors des jours de fête, les pèlerins y affluaient par milliers.
Le temple était divisé en plusieurs sections :
•
Lieu très saint ou Saint des saints : un cube
d'environ 10 mètres, fermé par un double
voile, sans lumière. Une fois par an, un
grand prêtre s’y rendait pour y faire brûler de
l'encens. C'était la demeure de Dieu. Dans le
Nouveau Testament (Luc), Zacharie, le père
de Jean-Baptiste, y entre et en ressort muet.
Dans cet endroit, se trouvait l'Arche
d'Alliance.
•
Lieu saint ou cour des prêtres : cette pièce
contenait un haut autel qui servait aux
sacrifices des animaux. Au fil du temps,
Jérusalem était devenue le centre religieux d'Israël. Les sacrifices étaient réalisés dans le temple avec la
participation des prêtres. L'autel du temple était en bronze, il faisait 10 mètres de long et environ 5
mètres de haut. Les prêtres et les animaux montaient par un escalier.
•
Parvis des femmes : cette cour était accessible aux femmes et aux jeunes enfants. Ceux-ci ne
pouvaient franchir les autres portes, les garçons obtenaient le droit après leur passage à l’age adulte soit
à 12 ans. Les femmes ne franchissaient jamais les autres portes. C'est aussi là que les familles juives se
réunissaient.
4 chambres entouraient la cour des femmes :
o
Chambre de bois pour le stockage du bois.
o
Chambre des huiles pour le vin et les huiles nécessaires aux cérémonies.
o
Chambre des lépreux pour les lépreux qui se croyaient guéris.
o
Chambre des nazirs : Salle pour les consacrés qui n'avaient pas le droit de boire d'alcool, ni de se couper les
cheveux, ni de toucher à un cadavre.
o
Parvis des gentils : Tout le monde même les non juifs y avaient accès. C'était l'endroit où se faisait le
commerce et où les handicapés venaient quêter. Deux activités interdites dans le temple lui-même.
En plus des sacrifices, c'était un lieu de prière. A l'aube, le prêtre de service récitait avec la foule la
prière traditionnelle et
le soir, il donnait la
bénédiction. Pendant
la journée, les fidèles
priaient dans une cour
en se tournant vers le
sanctuaire. Sous les
portiques, les rabbins
donnaient
leur
enseignement. Dans
le temple, on lisait la
loi à haute voix.Tout
ce qui reste du temple
d'Hérode est le côté
ouest appelé « Mur
des lamentations ».
Encore aujourd'hui,
les juifs y viennent
pour
pleurer
la
disparition du temple.

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