Interview créateurs d`entreprise Audencia
Transcription
Interview créateurs d`entreprise Audencia
Le parcours entrepreneurial de Marc de La Rochefordière (GE 92) « La Rochefordière & Associés » Cursus Audencia : Finance * * * * * * * 1. Quel est votre parcours professionnel ? Après un début de carrière amorcé dans la distribution spécialisée puis au sein d’un petit cabinet d’expertise comptable, j’ai rejoint Ernst & Young en 1997. C’est au sein de ce cabinet que j’ai acquis, pendant une dizaine d’années, l’essentiel de mon expérience. J’ai commencé par exercer des fonctions classiques d’auditeur en début de parcours. Puis j’ai eu l’opportunité de pouvoir rapidement effectuer des missions de direction financière intérimaire, ce dont j’ai fait une spécialité. Dans ce type de missions, où vous êtes seul aux commandes, vous intervenez sans filet dans des contextes de crises, avec des équipes clients souvent hostiles ou démotivées. Il faut faire appel à un ensemble de qualités qui correspondent bien à mes attentes : goût du défi - que je concède - mais aussi forte autonomie, sens opérationnel, pragmatisme, capacité à prendre des décisions en évitant, avec diplomatie, les écueils fréquents, tout en gardant l’œil rivé sur les résultats à atteindre… 2. Quand et comment est venue l’idée de créer votre entreprise ? Pourquoi ce secteur ? Soit je parvenais à structurer, chez Ernst & Young, une activité de direction financière / direction générale intérimaire haut de gamme, avec une certaine autonomie de gestion et de décision dans le développement de mon activité, soit je tentais l’aventure autrement en créant ma structure. Lorsque Ernst & Young a racheté Arthur Andersen, courant 2003 / 2004, je me suis trouvé, lors de la fusion des deux cabinets, face à une équipe nombreuse, très structurée, exerçant des missions proches des miennes. Nous n’étions qu’une toute petite équipe spécialisée en face… J’ai compris que la voie de l’association se fermait et j’ai donc quitté Ernst & Young en 2005 pour créer, avec un collègue, mon cabinet. 3. Avez-vous profité de conseils, coach, business angels ? Si oui, quels bénéfices en avez-vous tirés ? Comme j’avais la chance d’avoir d’excellentes relations avec Ernst & Young, j’ai pu monter mon projet tout en restant salarié du cabinet pendant quelques mois, sur le mode incubateur. Auprès des clients chez qui j’intervenais, grâce aux règles d’incompatibilité applicables aux cabinets d’audit, j’ai proposé, en bonne intelligence avec mon employeur, une offre complémentaire et non concurrente, qui m’a permis de lancer le projet. 4. Avez-vous rencontré des difficultés en amont du lancement de votre société ? Non, le lancement de la société s’est fait facilement, sans difficultés majeures, car il avait été préparé dans des conditions idéales. 5. Avez-vous testé le concept de votre projet, réalisé une étude de marché afin de mieux connaître votre secteur ? J’ai bénéficié des diverses études de marché déjà existantes mais je n’ai pas testé le concept auprès des clients. Le marché est connu. Il est mature et très concurrentiel, avec un taux de croissance faible. Le démarchage y est réglementé. C’est donc un marché difficile, ce que je savais. Les sujets centraux, pour l’activité de la société, consistent à : - savoir travailler en réseau avec des prescripteurs, des confrères ou des avocats, - identifier nos point forts et nos limites, soit en termes de compétences afin de ne pas accepter des missions que nous ne savons pas réaliser, soit en termes d’éthique professionnelle afin de ne pas être amené sur certains terrains glissants (fraude, blanchiment, etc…). Nous voulons créer une identité, une signature, qui reflète notre éthique et notre compétence. 6. Comment avez-vous financé votre projet ? Le financement a-t-il été un obstacle dans la mise en œuvre ? Nous avons démarré à deux associés, avec un capital de 37.000 euros. La première année d’activité a pu être financée grâce aux indemnités liées à la rupture de nos contrats de travail respectifs. Nous n’avons pas eu besoin de financement complémentaire mais notre activité est très peu capitalistique. 7. Quelle a été l’importance du réseau au cours de votre création d’entreprise ? Que vous ont-ils apporté concrètement ? Essentielle, compte tenu du type d’activité que nous exerçons et des contraintes qui pèsent pour nous sur le démarchage de nouveaux clients. Ernst & Young a joué un grand rôle dans le développement de notre activité lors des premières années. D’abord j’y ai rencontré mon futur associé. Ensuite, c’était initialement notre principal prescripteur. Mais ce type de relation avait l’inconvénient de nous faire à la fois dépendre d’un seul apporteur d’affaires et de s’éroder naturellement avec le temps. Il a donc été nécessaire de développer de nouveaux vecteurs de croissance. Aujourd’hui nous travaillons avec plusieurs confrères et avocats, souvent entrepreneurs eux-mêmes, avec qui nous avons des flux d’affaires mais également des échanges, sur des aspects techniques ou déontologiques, par exemple. Réseaudencia m’est très utile pour rester au contact de la communauté des entrepreneurs et dirigeants de l’école. Le Club Entrepreneur fait preuve d’un grand dynamisme et d’un bel esprit d’innovation, grâce à des soirées riches et variées. Le Cercle des dirigeants permet également d’étoffer ses contacts au sein d’entreprises plus structurées, avec des histoires et témoignages toujours surprenant, sans langue de bois. Nous sommes aussi actifs au sein de Réseau Entreprendre, réseau tourné vers la communauté entrepreneuriale nationale et d’un haut niveau qualitatif. C’est d’ailleurs grâce à un membre de Réseaudencia que nous nous y sommes impliqués… 8. Avez-vous créé des emplois ? Quel est le statut de votre société et pourquoi avoir choisi celui-ci plutôt qu’un autre ? Nous sommes deux salariés sur la structure. Nous avons choisi la SAS car c’était une structure connue de nos clients internationaux. Elle nous donnait une forme de visibilité. Par ailleurs c’est un mode de société qui offre une grande souplesse aux associés. 9. Comment vous organisez-vous, gérez-vous les différentes activités de votre entreprise au quotidien? Au quotidien nous nous répartissons les rôles. Mon associé est plutôt en charge de la production et des aspects techniques. J’interviens davantage sur le développement. 10. Et sur le plan personnel ? Quelles sont les disciplines qui vous permettent d’équilibrer, gérer votre vie dans son ensemble comme vous le souhaitez ? J’ai une femme et trois enfants. J’ai aussi plein de projets en dehors de mes activités professionnelles. Je fais de la course à pied, des arts martiaux, du piano jazz… Tout ça m’occupe pas mal… Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés, notamment en termes de parts de marché et de CA ? Compte tenu du marché sur lequel nous intervenons, nous avons pour objectif de faire progresser notre chiffre d’affaires de 5 à 10 % par an. Nous nous inscrivons dans le long terme. Nous souhaitons parvenir à construire une signature reconnue auprès d’une clientèle de qualité. 11. Quels sont les 3 pièges à éviter selon vous ? - Négliger le développement. C’est le nerf de la guerre. Ca doit être une dynamique continue. Prendre la société pour une vache à lait et vivre au-dessus de ses moyens. Choisir les mauvais associés et / ou collaborateurs. 12. Si vous aviez trois conseils à donner à un étudiant souhaitant créer son entreprise en école ou immédiatement à la sortie de l’école ? Je pense que chaque cas est unique. Je ne sais pas si j’ai vraiment des conseils à donner... En revanche, dans notre cas, je peux dire qu’une expérience préalable est utile. Mais en même temps si l’on a un projet innovant, bon, et que le timing est adapté, la valeur n’attend pas le nombre des années… 13. Qu’avez-vous retiré finalement de cette expérience de création d’entreprise ? Si on a la fibre, il faut se jeter à l’eau… Et pratiquement, c’est ce qui se passe… Sinon c’est qu’on est fait pour autre chose. Finalement j’ai un regret : J’aurais dû le faire plus tôt !