appe car special twizzy

Transcription

appe car special twizzy
APPLE CAR
twizzy édition,
HORS SERIE
Pour comprendre la genèse du Renault Twizy, il faut remonter un peu dans l'histoire du Losange.
Bien avant 2009 et la présentation du concept préfigurant ce quadricycle deux places (Twin) voulu
simple d'usage (Easy), le constructeur avait déjà planché sur une nouvelle manière de se déplacer en
ville.
Mais en 2000, ce sont les ingénieurs de BMW Motorad qui jettent les premiers un pavé la mare.
Avec leur scooter atypique “C1“ pouvant être conduit sans casque (car pourvu d'une cellule de
survie, de l'ABS et d'une ceinture de sécurité trois points), les allemands suscitent une certaine
admiration du microcosme automobile.
Ni une, ni deux, Renault s'est engagé dans la brèche en 2001 avec le scooter Fulltime, aussi
atypique que le monospace Avantime dévoilé la même année.
Un engin couvert lui aussi, mais qui obligeait quand même à conduire avec un casque et pariait sur
un prix plus bas (30.990 Fr soit 8.000 de moins que le BMW C1) pour convaincre.
La suite, vous la connaissez peut-être… un four d'un côté comme de l'autre du Rhin qui enterra
l'idée.
Il n'empêche qu'en regardant le
Twizy dans les yeux, on retrouve
un certain air de famille entre cet
objet roulant non identifié et les
premières tentatives francoallemandes, bien que ce dernier
dispose de quatre roues.
Par sa taille tout d'abord, puisqu'avec 2,34 m de long par 1,39 m de large et 1,45 m de haut, il
s'avère plus proche d'un scooter (2,13 m de long pour un Piaggio MP3) que d'une voiture (64 cm de
moins qu'une iQ ou 1,34 m de moins qu'une Twingo).
Par son style aussi, car comme un
œuf posé sur un châssis de voiture
Lego, ce jouet géant arbore un
coup de crayon bien futuriste. Si
l'avant reste classique malgré un
logo bleu assez ostentatoire,
l'arrière sait retenir l'attention.
Surtout avec ces feux façon casque de Robocop, coup de cœur assuré pour les passants.
Les demi-portes à élytre optionnelles (590 €) et les jantes alliage de notre version Technic ajoutent
elles aussi leur part de rêve automobile, "comme une Lamborghini !" commentent les badauds
émerveillés.
En revanche à l'intérieur, c'est un
peu la débandade. On pourrait
vraiment se croire à bord d'une
Dacia tant les plastiques durs et
friables sont légions. Chasse au
poids oblige, l'ambiance est
spartiate et les équipements sont
réduits au strict minimum. Dommage pour le pare-soleil, c'était ça ou les boîtes à gants (dont une
qui ferme) situées de chaque côté du volant (8,5 l au total).
Dans cette austérité ambiante, le siège conducteur aux couleurs personnalisables (à partir de la
finition Color) et au dossier laqué (sur Technic) tente de rehausser le niveau général. Mais s'asseoir
dessus vous renverra à l'époque des bancs d'école en bois.
Moderne en apparence, mais rustique
dans les faits donc. Et l'éventuel passager
de votre destrier ne sera pas mieux loti. Il
devra enjamber la batterie pour s'asseoir
juste au dessus du moteur électrique, en
prenant bien soin de ne pas s'écorcher la
jambe sur le fermoir de porte, saillant sur
les flancs.
En guise de consolation, il profitera quand même d'un mini-coffre de 31 litres caché derrière son
dossier. Ce n'est pas l'Amérique mais cela permet au moins de ranger un petit sac de shopping.
Décidément cet atypique Twizy n'a pas peur d'en offrir moins qu'une micro-citadine (Toyota
iQ, Smart Fortwo, Peugeot iOn ou même Mia Electric)… Espérons au moins qu'il tient bien le
pavé !
UN QUADRICYCLE SANS PÉDALES MAIS AVEC DYNAMO
A vrai dire, c'est presque un tort que de comparer le Twizy avec l'une de ces voitures, si petites
soient-elles.
L'engin répond en effet à la dénomination légale de quadricycle, “léger“ dans sa version 45 km/h
(moins de 350 kg, une puissance inférieure ou égale à 4 kW et une vitesse bridée à 45 km/h) et
“lourd“ dans sa version limitée à 80 km/h (poids inférieur à 400 kg et puissance limitée à 15 kW).
Bien qu'il flirte avec les limites (respectivement 347 kg et 375 kg, + 98 kg de batteries non
considérés par la norme, 4kW (5 ch) et 13 kW (17 ch) de puissance moteur effective), cela lui
permet d'échapper à la dénomination de voiture et aux contraintes de sécurité qui vont avec.
Renault tente néanmoins de rassurer, si le Twizy ne dispose ni d'ABS ni d'ESP, il propose tout de
même un airbag frontal et une double ceinture trois points + épaule qui limitent les dégâts en cas
d'accident. Le constructeur a aussi veillé à pratiquer un certain nombre de crash-tests pour assurer
une protection optimale au conducteur.
Avec un moteur monté en position centrale arrière (on n'avait pas vu ça depuis la Clio II V6, sic !) et
un châssis affiné par Renault Sport Technologies, le Losange essaye même de nous décrisper et de
nous convaincre que l'électrique peut être fun à vivre.
Malgré une autonomie se limitant pour le moment à 100 km théoriques (et même 120 km avec la
version 45 et les mêmes batteries Li-ion de 6 kWh), on ne demande qu'à le croire.
Voyons voir d'ailleurs ce que ça donne de rouler en électrique cheveux au vent…
CA ROULE…
La prise de contact fait toujours son petit effet : ouverture du cockpit, mise en place de cette étrange
double ceinture, vérification par l'ordinateur de bord bleuté de la batterie, démarrage à la clé
confirmé par un petit voyant "Go" en guise de bruit, on se sent un peu comme le pilote d'un engin
extra-terrestre à bord de ce Twizy.
Le frein à main manuel, pour gauchers (avec une commande flexible à outrance qui n'arrange rien),
nous ramène quand même vers les aléas de ce bon vieux 19 21ème siècle… Une conception qui
aurait mérité un peu plus de sérieux. Une phalange perdue plus tard, nous voilà donc partis à
arpenter les routes d'Ibiza.
Heureusement, le temps clair de cette journée permet de profiter à bon escient des portes sans
fenêtres du petit Twizy. L'air y rentre juste ce qu'il faut sans trop déranger la conduite, car des
déflecteurs nous protègent à vitesse de croisière.
Très vite, on a le sentiment d'être
un easy-rider qui conduit sans
casque et ménage sa monture
(avec le compteur d'éco-conduite)
pour profiter des paysages.
Pas sûr qu'il en serait de même s'il
pleuvait à grosses gouttes. Bien qu'il existe une jupe de protection des jambes au rayon accessoires
et un trou au centre du siège pour évacuer l'eau de pluie avant de s'asseoir, ce véhicule semble très
dépendant des conditions climatiques.
Faute de chauffage ou de volant chauffant, l'hiver pourrait avoir des allures de calvaires pour le
conducteur, surtout si son Twizy dort dehors.
A noter cependant, la présence d'un pack Confort (100 € sur Twizy 45, de série sur 80) incluant un
pare-brise pourvu de filaments pour désembuer la vitre, à l'intérieur comme à l'extérieur.
Électrique oblige, on s'attendait à
un comportement proche de la
Fluence ZE (avec de la pêche au
démarrage et un certain laissezcouler au lever de pédale) ou au
contraire proche d'un Kangoo
ZE (de la pêche aussi mais un fort
frein moteur). Mais ce sera ni l'un, ni l'autre, et ça ne sera pas forcément très silencieux.
Adossé à un réducteur qui module la puissance envoyée aux roues, le moteur du Twizy propulse
notre charmant bolide avec une certaine indolence, et surtout un bruissement assez perceptible.
L'effet s'amplifie linéairement au fur et à mesure que l'engin atteint son régime de croisière.
Ne comptez donc pas griller tout le monde au feu vert, c'est avant tout une allure de bon père de
famille qui caractérise cet Orni. D'ailleurs, la différence de couple entre les deux versions du Twizy
(33 Nm pour le Twizy 45 contre 57 Nm pour le classique) ne se ressent pas tellement in situ.
En revanche, chapeau bas en ce
qui concerne le châssis, c'est rivé,
collé, verrouillé, menotté au
sol ! Merci le centre de gravité
bas et le travail de Renault Sport.
Merci aussi à la monte spécifique
125/80R13 AV et 145/80R13 AR
développée par Continental (bien que l'histoire ne dise pas combien cela va coûter lors du
remplacement).
Avec une direction —non assistée— qui fait très bien son office, on se croirait presque au volant
d'un petit karting. Le Twizy fait demi-tour en seulement 3,4 m, un record !
On sera toutefois moins élogieux sur le tarage des suspensions, il est vrai qu'avec une garde au sol
de 12 cm on ne peut pas faire de miracles… m'enfin on n'avait pas eu aussi mal au dos depuis la
radicale Civic Type-R.
…MAIS PAS PARTOUT !
Notre parcours étant achevé, il est
temps de passer à la recharge. A
ce chapitre le Twizy convainc
avec 3h30 pour une charge
complète sur prise traditionnelle.
Surtout, la procédure est rendue
aisée par le câble en tire-bouchon
logé dans la gueule de ce gentil monstre.
Son rayon d'action réel compris entre 50 et 70 km (suivant votre tempérament) ne démérite pas non
plus puisqu'il est raccord avec l'usage urbain du véhicule (un scooter fait en moyenne 35 km/j
d'après Renault).
Mais là où le bât blesse c'est
que ce petit Twizy ne peut pas se
conduire n'importe-où. S'il est
légitime que la version 45 —
accessible avec le seul BSR— ne
puisse pas emprunter toutes les
voies, le statut de "quadricycle"
du Twizy conventionnel l'exclut lui aussi de certains axes.
A Paris par exemple, il peut emprunter le périphérique mais pas le tunnel de la Défense (A14) ni
l'A86 (bien qu'à certains endroits la vitesse soit limitée à 90 ou 70 km/h). il peut par contre
emprunter la N118. Bref, c'est un sac de nœud pour le conducteur.
Renault l'a compris et tente de faire du lobbying auprès des autorités pour faire accepter ce nouveau
mode de transport, mais le succès de l'opération dépendra surtout du volume d'électeurs de
conducteurs concernés par ces problèmes à terme. Quand on est pionnier, c'est le genre de
problèmes auxquels on doit faire face !
Du reste, avec un tarif de base à 6.990 € (primes en discussion auprès de l'Ademe… car ce n'est pas
une voiture) le Twizy 45 semble être une alternative bon marché aux bruyantes voitures sans
permis. On reste plus circonspect sur l'avenir du Twizy 80 (7.690 €) qui dépendra des avancées
citées plus haut, et tout aussi dubitatif sur les finitions Color (+300 €) et Technic (+500 €) qui
n'apportent vraiment pas grand-chose à part de la personnalisation.
La location de la batterie coutera quant à elle de 50 € (7.500 km/an et
36 mois d'engagement) à 72 € (15.000 km/an et 12 mois d'engagement),
un tarif assistance comprise qui rassure à une époque où le baril frôle
des sommets.
Dommage quand même que les portes restent en option (590 €), tout
comme l'avertisseur piétons.
En l'absence de ce dernier, le klaxon pourrait vous rendre sourd tant il s'amplifie dans l'habitacle.
AVIS GLOBAL
Renault joue les pionniers avec un Twizy encore plus alternatif que ne fut la Smart Fortwo en son temps. Ni
vraiment scooter ni tout à fait auto, difficile de dire encore si ce véhicule d'avant-garde aux multiples
contraintes trouvera son public. Une chose est sûre, c'est qu'il a une sacrée cote de popularité dans la rue...
De là à devenir culte ? L'avenir nous le dira, mais la version 45 semble en tout cas la plus crédible..
Les +
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- Look atypique
- Portes à élytres
- Sensation de liberté procurée
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- Habitacle cheap et peu ergonomique
- Absence d'ABS
- Usage restreint et législation en devenir
Les -
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