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MENSONGE N° 1
Accoucher est dangereux
D
onner la vie, c’est prendre le risque de mourir et de
donner naissance à un bébé mort. Voilà ce qu’on trouve
en filigrane dans le suivi de la grossesse et de l’accouchement.
Et en France, c’est vrai. Du moins, davantage que dans d’autres
pays d’Europe. Nous avons un taux de mortalité fœto-maternel
lors de l’accouchement indigne d’un pays occidental. Le taux
d’hémorragies mortelles du post-partum est un triste record – plus
du double de n’importe quel pays européen de niveau sanitaire
égal, et ce depuis plus de dix ans. La grossesse est scandée par une
foultitude d’examens invasifs, parfois peu fiables, prétendument
indispensables pour garantir la santé et la viabilité du fœtus qui
se développe, examens parfois toxiques psychologiquement et
affectivement. L’accouchement est devenu un « travail d’équipe »
étroitement enserré dans un carcan de protocoles… sans que pour
autant les chiffres de morbidité/mortalité évoluent dans le sens
souhaité.
L’accouchement
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 UN PEU D’HISTOIRE
L’accouchement a été très longtemps aux mains des femmes.
C’était des « matrones », des « ventrières » qui étaient appelées
quand les douleurs commençaient. La profession de sage-femme
est issue de ces matrones. Il a longtemps existé deux « castes » de
soignants : les docteurs (maladies, accidents qui ne nécessitaient
pas « d’ouvrir » le corps) et les chirurgiens barbiers, qui avaient
droit d’utiliser des lames pour œuvrer.
L’homme n’est intervenu que très tard dans l’accouchement,
il y a quelques siècles : des chirurgiens barbiers intervenaient
uniquement quand il y avait un problème en cours d’accouchement que ne pouvaient résoudre les matrones. Et les problèmes
ne manquaient pas, non pas tant par manque de connaissances
obstétricales et physiologiques qu’à cause du manque de salubrité et
d’hygiène (pas d’eau potable, alimentation déséquilibrée et souvent
infectée, habitations insalubres), des maladies endémiques (dont
des pathologies ostéoarticulaires qui déformaient le bassin féminin, à très hauts risques pour l’accouchement), des travaux éreintants
dès le plus jeune âge qui déformaient le corps, de l’absence de
contraception (donc grossesses très jeunes, fausses couches dans
des conditions parfois dramatiques, avortements « boucherie »,
grossesses fréquentes), et d’une dimension psychologique non
négligeable de croyances-peurs paniques-mythes-rituels autour
de la grossesse et de l’accouchement. Quand le chirurgien barbier
intervenait, il était très souvent trop tard pour sauver l’enfant.
Parfois, il était possible de sauver la mère, au prix de manœuvres
brutales, invasives, douloureuses que nous ne pouvons guère
imaginer aujourd’hui.
Mensonge N° 1
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Les femmes ont accouché chez elles durant des millénaires.
Mais certaines femmes n’avaient pas de « chez elle »… Se sont
donc développés, sous l’égide d’instances religieuses, des lieux de
charité et de soins « hospitaliers » où les pauvres qui n’avaient pas
de toit étaient pris en charge pour les maladies, les accidents et
l’accouchement. La mortalité était très élevée, de part la promiscuité,
le manque d’hygiène élémentaire, le froid, la faim, et l’état de santé
dégradé des personnes qui finissaient à l’hôpital, le manque de
connaissance des personnes qui soignaient et les nombreux mythes
qui entouraient le corps, les maladies et les soins.
Peu à peu, les connaissances ont progressé, les médecins et chirurgiens ont été obligés de faire des études de plus en plus longues
pour obtenir le droit d’exercer. Mais il n’en demeurait pas moins
que la mortalité des femmes en couches à l’hôpital (par fièvre puerpérale, principalement) était très élevée : dans les années 1850, elle
pouvait atteindre 30 à 80 % des femmes accouchant, selon les services. Ce fut un médecin autrichien, le Dr Semmelweiss, qui mit
le doigt sur la cause : les médecins ne se lavaient pas les mains,
passant de la dissection d’un cadavre à une femme en couches. Le
Dr Semmelweiss se trouva en butte aux habitudes ancrées, fut
chassé de son travail et mourut fou, pauvre et solitaire.
Mais force fut de reconnaître qu’il avait raison. Les découvertes
de Pasteur ne firent que confirmer ce que le Dr Semmelweiss avait
trouvé empiriquement. Une autre découverte fit encore progresser
les choses : l’anesthésie. Avec l’asepsie et l’anesthésie, l’accouchement
devenait plus sûr, plus facile, moins douloureux.
L’accouchement
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 AUJOURD’HUI
Aujourd’hui, presque toutes les femmes accouchent à l’hôpital
en France et dans les pays occidentalisés. La fièvre puerpérale n’est
qu’un mauvais souvenir et tout est fait pour sécuriser au maximum
cet événement. Pourtant, comparativement aux objectifs affichés
et aux performances d’autres pays, il faut reconnaître que la France
fait plutôt figure de mauvais élève comparée à d’autres pays européens de niveau sanitaire équivalent, et ce depuis plus de dix ans,
surtout concernant la mortalité maternelle en couches : en France,
le taux d’hémorragie mortelle du post-partum est deux fois plus
élevé 2. Et, plus grave, ces hémorragies, pour la plus grande partie,
ne surviennent pas chez des femmes considérées comme à risques,
mais chez des femmes normales, après une grossesse normale.
C’est à cause de cette peur que l’accouchement à domicile est
en voie d’éradication en France. L’accouchement peut tuer entre
70 et 100 femmes par an, en France ; il est vital que lors d’un
accouchement médecins et salles d’opération soient à portée de
main 3.
Pourquoi, alors, les pays européens qui acceptent, voire encouragent l’accouchement à domicile, ont-ils des taux d’hémorragie mortelle bien moindres que les nôtres ? Contrairement au mythe répandu, il n’y a pas d’ambulance devant la porte de la femme
2. http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/maternite/rapport3.htm
3. À titre de comparaison sur les risques, les accidents domestiques tuent environ 20 000 personnes
par an. Il est infiniment plus dangereux de vivre simplement chez soi que d’accoucher…
Mensonge N° 1
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qui accouche chez elle. La principale différence entre ces pays et la
France est que dans ceux-ci l’accouchement est considéré comme
un événement physiologique, qui ne nécessite pas un staff médical au grand complet. En France, l’accouchement n’est considéré
comme physiologique que deux heures après qu’il soit terminé :
nous sommes dans une « culture du risque », où tout – et surtout
le pire – peut arriver, à tout moment. En conséquence de quoi, il
est imposé à toutes les femmes une série de contraintes destinées
à limiter les risques qui pourraient survenir chez un pourcentage
infime d’entre elles. Ce qui est peu ou pas pris en compte, c’est que
ces contraintes sont elles-mêmes porteuses de risques et appellent
souvent des interventions pour en corriger les effets secondaires
nocifs. L’OMS 4 hier, et « l’evidence based medicine » – aussi appelée « médecine factuelle » 5 – aujourd’hui, ont déterminé les conditions optimum de sécurité pour un accouchement sans risque. On
ne peut que constater que l’obstétrique française applique à peu
près l’inverse de ce qu’il est recommandé de faire. Et que les pays
européens qui ont de meilleurs chiffres en matière de mortalité
4. http://www.who.int/reproductive-health/publications/French_MSM_96_24/index.html
5. Médecine factuelle : processus systématique de recherche, d’évaluation et d’utilisation des résultats contemporains de la recherche pour prendre des décisions cliniques. L’Evidence Based Medicine
(EBM) pose des questions, trouve et évalue les données appropriées, et utilise ces informations pour
la pratique clinique quotidienne. L’EBM suit quatre étapes : formuler une question clinique claire du
problème posé par un patient ; rechercher dans la littérature les articles cliniques appropriés ; évaluer
de façon critique les preuves de sa validité et de son utilité ; mettre en application les résultats utiles
dans la pratique clinique. Le terme « evidence based medicine » a été inventé à la Faculté de médecine
McMaster, au Canada, dans les années 80, pour nommer cette stratégie d’étude clinique que les gens
de cette école avaient développée depuis plus d’une dizaine d’années ; voir sur :
http://www.chu-rouen.fr/ssf/profes/evidencebasedmedicine.html
La médecine factuelle appliquée en obstétrique :
http://www.maternitywise.org/guide/
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L’accouchement
fœto-maternelle sont ceux qui se rapprochent des recommandations de l’OMS et de la médecine factuelle 6.
Ces millénaires où la femme risquait sa vie et celle de son
enfant à chaque naissance ne se sont pas magiquement effacés de
l’inconscient des femmes et des hommes d’aujourd’hui. Cette peur
de mourir et/ou de perdre son enfant est, de plus, réactivée durant
la grossesse, par les multiples examens pratiqués de façon systématique, et durant l’accouchement : chaque geste posé sur la femme,
chaque protocole, chaque contrainte a ses justifications, qui s’ancrent toutes dans les peurs, les « au cas où… », les « mieux vaut en
faire plus que pas assez ». Sauf que la réalité des chiffres, les pratiques d’autres pays et les études prouvent le contraire.
Un autre mythe concerne les maternités : quand on prit
conscience que l’obstétrique française avait un problème
avec la mortalité maternelle en couches, problème qui perdurait
au fil des ans, un coupable fut trouvé, jugé, condamné : la petite
maternité. C’était à cause des petites maternités. Il n’y avait pas
assez de « débit » ; pas assez de « cas » ; pas assez de quoi apprendre
et se faire la main ; les professionnels n’étaient pas à la pointe, pas
assez jeunes, trop enfermés dans leurs routines, les matériels pas
assez performants. C’était évident. Donc, il fut décidé de fermer les
petites maternités. Sans études préalables de grande ampleur – sur
10 ans par exemple –, sans savoir où étaient décédées toutes ces
femmes en couches, sans réfléchir aux conséquences à moyen et
6. Voir notamment la comparaison des pratiques françaises et hollandaises : Comment la naissance
vient aux femmes, M. Akricht et B. Pasveer, Éd. Synthélabo.
Mensonge N° 1
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long terme. Le ministre de la Santé de l’époque, le Dr Kouchner,
annonça en octobre 1998 la fermeture des maternités de moins de
trois cents accouchements par an ; au fil des ans, la barre passera
à 500, et aujourd’hui nombre de maternités sont fermées parce
qu’elles sont à moins de 1 000 accouchements par an. Celles qui ne
sont pas fermées sont regroupées. L’objectif inavoué est de mettre
sur pieds des accouchoirs de 3 à 5 000 accouchements par an, où
là, c’est sûr, la sécurité des mères et des bébés sera assurée. Comme
évidemment on ne peut créer de telles structures partout, sont
mis en place des « centres périnatals de proximité »… La femme
y vient durant sa grossesse et y est transférée dans les 24 heures
suivant l’accouchement (il faut libérer la place…) qui a eu lieu
dans l’accouchoir, loin de chez elle, le plus souvent.
Dans ces centres, elle est « cocoonée » : fleuristes et kinés
assurés…
Ubuesque.
Alors qu’il est prouvé que l’important est la continuité
de l’accompagnement par les mêmes personnes durant la
grossesse, l’accouchement, les suites de couches ; alors que, juste
après l’accouchement, la femme n’a besoin que de paix, d’un
environnement connu et rassurant, et surtout de ne pas être
trimballée à droite à gauche ; alors que les maladies nosocomiales
tuent plusieurs milliers de personnes par an, les plus fragiles, les
plus à risques, les bébés qui naissent sont concentrés dans de super
structures (là où les risques d’infections nosocomiales sont les plus
élevés), puis, à peine nés, transférés avec leur mère dans d’autres
structures.
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L’accouchement
D’autant plus ubuesque qu’il est prouvé que les petites
maternités ne sont pas responsables du taux élevé de décès
maternels 7 et que leur fermeture en chaîne provoque plus de
problèmes qu’elle n’en résout, pouvant induire des morts fœtales
(parce que la mère n’arrive pas à temps à la maternité) 8.
Ces accouchoirs ne pourront exister dans toutes les villes. Ce
qui implique des temps de trajet d’une demi-heure, une, deux
heures, voire plus… pour la femme qui doit rejoindre le lieu où elle
doit donner la vie. Deux heures de trajet, alors qu’on est en travail,
ce n’est pas sans risques. Pour tenter de pallier cet inconvénient, il
est alors proposé de programmer le travail : la mère a toujours deux
heures de route, mais les choses sont prévues, planifiées, organisées.
À ce léger détail près que le déclenchement artificiel du travail
augmente les risques d’hémorragie mortelle du post-partum, selon
le Comité d’Experts sur la mortalité maternelle en couches 9. De
façon directe, ou indirecte, le déclenchement augmente aussi la
nécessité du recours à la césarienne, qui multiplie les risques de
décès en couches (par hémorragie et embolie).
Pour résumer : les petites maternités sont fermées et les
accouchements regroupés dans des centres de 3 à 5 000 accouchements par an, dans le but avoué d’améliorer les chiffres de
mortalité maternelle en couches, notamment celui des hémorragies
mortelles du post-partum. Comme cela éloigne considérablement
certaines femmes dudit centre, il est recommandé de déclencher
7. http://www.jim.fr/jim/data/bdc/base/F5/7C/93/CC/index.htm
8. http://www.grandestsante.com/esp_portail/portail_art_read.asp?artId=1152
9. http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/014000593/0000.pdf
Mensonge N° 1
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le travail, pour pallier les risques d’un long trajet en voiture, en
travail. Alors qu’une telle pratique, de façon directe et indirecte,
augmente les risques d’hémorragie mortelle du post-partum.
 LA FEMME FRANÇAISE EST-ELLE FAITE POUR
ACCOUCHER ?
En France, 9 femmes sur 10 qui accouchent pour la première
fois font connaissance avec le scalpel ou les ciseaux :
– 2 sur 10 subissent une césarienne 10,
– 7 sur 10 subissent une épisiotomie 11.
Ces chiffres posent la question de la nécessité de tels actes.
Soit la femme française est vraiment mal faite, pour avoir
besoin des ciseaux ou du scalpel 9 fois sur 10 pour donner la vie la
première fois.
Soit nombre d’actes sont inutiles, ou induits par les pratiques
protocolaires françaises.
10. http://fraternet.org/naissance//docs/DREES-perinat-2003.pdf
11. Les gynécologues-obstétriciens sont appelés à « repenser » leur pratique de l’épisiotomie :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-714238@51-689430,0.html
Article paru dans Le Monde, 25.11.05
MENSONGE N° 2
La femme reçoit une information
fiable et a le choix en matière
d’accouchement
P
our choisir, il faut être informé. Et aujourd’hui, il y a
pléthore d’information sur la grossesse et l’accouchement :
revues, fascicules gratuits, livres, sites Internet, émissions télé…
En regardant superficiellement, il est facile de constater que les
informations françaises vont toutes dans le même sens : ce qui est
fait l’est à bon escient. Tout ce qui est imposé à la femme qui
accouche est juste et nécessaire, pour son bien et celui de son
bébé.
Pourtant, à lire la loi et le code de déontologie médicale,
toute information médicale doit répondre à certains critères bien
précis :
L’accouchement
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 L’INFORMATION
Ce qu’ils en disent :
La loi
* Article L1111-2 du Code de Santé Publique, réformé par
la loi du 4 mars 2002 :
Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé.
Cette information porte sur les différentes investigations, traitements
ou actions de prévention qui sont proposés, leur utilité, leur urgence
éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions
possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus. Lorsque, postérieurement à l’exécution des investigations, traitements ou actions de
prévention, des risques nouveaux sont identifiés, la personne concernée
doit en être informée, sauf en cas d’impossibilité de la retrouver.
Cette information incombe à tout professionnel de santé dans le
cadre de ses compétences et dans le respect des règles professionnelles
qui lui sont applicables. Seules l’urgence ou l’impossibilité d’informer
peuvent l’en dispenser.
Cette information est délivrée au cours d’un entretien individuel.
(…)
Des recommandations de bonnes pratiques sur la délivrance
de l’information sont établies par la Haute Autorité de santé et
homologuées par arrêté du ministre chargé de la santé.
Mensonge N° 2
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* Article L1111-4 du Code de Santé Publique :
Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu
des informations et des préconisations qu’il lui fournit, les décisions
concernant sa santé.
En cas de litige, il appartient au professionnel ou à l’établissement
de santé d’apporter la preuve que l’information a été délivrée à l’intéressé
dans les conditions prévues au présent article. Cette preuve peut être
apportée par tout moyen.
Le Code de déontologie médicale
Article 35 :
Le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il
conseille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, les
investigations et les soins qu’il lui propose. Tout au long de la maladie,
il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et
veille à leur compréhension.
Autres
L’A.NA.E.S. (Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation
sur la Santé, devenue aujourd’hui la H.A.S., Haute Autorité de la
Santé) précise, dans son manuel Information des patients 12 :
« Une information “loyale” est une information honnête.
Une information “claire” est une information intelligible,
facile à comprendre.
12. Recommandations pour la pratique clinique – Information des patients – A.N.A.E.S. – 2000.
L’accouchement
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Une information “appropriée” est une information adaptée à
la situation du patient. »
Et elle ajoute :
« La pertinence de l’information s’apprécie de deux points
de vue, subjectif et objectif : en tant qu’elle s’adresse à un sujet
particulier, elle doit être adaptée à sa situation personnelle – elle
doit concerner spécifiquement son état de santé et/ou sa maladie
– mais l’information délivrée doit s’appuyer sur des informations
fondées, dont le contenu objectif a été validé. »
• Exemples d’information claire, honnête et fiable
L’OMS
L’OMS a rédigé de nombreux documents, disponibles en
ligne ou en vente sous forme de manuel ou livre. L’un d’eux « Les
soins liés à un accouchement normal » (Rapport d’un groupe de
travail technique – 1997) reprend point par point les interventions
usuelles qui peuvent être faites lors d’un accouchement normal,
et en fait une critique basée sur les études médicales. Il en a été
établi une « Classification des pratiques utilisées pendant un
accouchement normal » 13 qui ordonne les pratiques en différentes
catégories :
– Pratiques à encourager,
– Pratiques nocives à éliminer,
13. http://www.who.int/reproductive-health/publications/French_MSM_96_24/MSM_96_24_
chapter6.fr.html
Mensonge N° 2
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– Pratiques non validées, à utiliser avec précautions,
– Pratiques fréquemment utilisées à tort.
Il apparaît que les pratiques obstétricales françaises sont
classées en grande majeure partie dans les pratiques à éliminer ou
fréquemment utilisées à tort !
La médecine factuelle ou « evidence based medicine » 14
La médecine factuelle s’appuie sur le patient, et sur les études
médicales. Elle croise ce que vit le patient avec les données les plus
récentes sur la question. Elle est récente, commence à se répandre
largement dans le monde anglo-saxon, de façon bien plus discrète
et timide en France.
Des médecins anglais ont écrit un ouvrage d’obstétrique, A
Guide to Effective Care in Pregnancy and Childbirth, appuyé sur
la médecine factuelle, qui est réédité régulièrement, modifié et
enrichi par les dernières données de la science. Cet ouvrage n’est
malheureusement pas traduit en français, mais peut être commandé
en Angleterre et est disponible gratuitement sur Internet.
• Réflexions
Il est particulièrement intéressant de constater que les conclusions de l’OMS et de ce livre se rejoignent, en contradiction
formelle avec l’information donnée en France :
14. voir chapitre 1 note 4.
L’accouchement
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– dans tous les fascicules gratuits (« Bientôt Maman »,
« Happy Baby – Porter la vie », « L’enfant du premier âge »)
qui encombrent les tables et présentoirs des salles d’attente des
cabinets de gynécologie, des maternités, des laboratoires d’analyse
médicale… sans oublier ceux qui débordent des « boîtes roses » et
des « boîtes bleues » remises gratuitement dans les établissements
hospitaliers (recelant en outre une quantité d’échantillons de
produits plus inutiles les uns que les autres) ;
– par les sites pseudo-médicaux sur la grossesse et l’accouchement ;
– durant les séances hospitalières de préparation à l’accouchement ;
– dans nombre de livres, émissions télévisées quotidiennes
sur la santé, revues mensuelles sur la grossesse et l’accouchement,
informations qui plébiscitent sans aucun recul les pratiques
obstétricales françaises.
Il y a une désinformation globale et générale sur ces sujets, afin
de pouvoir permettre aux protocoles de perdurer dans le calme et
le silence des salles de travail débordées des maternités françaises,
au mépris de la santé des femmes et des bébés qui naissent.
• Avoir le choix…
En France, nous aurions le choix en matière d’accouchement.
Effectivement, où que vous habitiez, vous pouvez choisir d’aller
accoucher à l’autre bout de la France, si cela vous chante. Vous
pouvez choisir d’être suivie par un médecin, généraliste, gynécologue
médical, gynécologue obstétricien, quel qu’il soit, ou par une sage-
Mensonge N° 2
31
femme libérale ; vous pouvez choisir d’accoucher en hôpital ou en
clinique. C’est ce qui est appelé « avoir le choix ».
Sauf que…
L’information étant ce qu’elle est actuellement, nombre de
femmes ignorent :
– qu’il y a d’autres choix pour accoucher qu’une structure
hospitalière – hôpital public ou clinique privée pratiquant de la
même façon, il n’y à guère de différence entre les deux dans la prise
en charge ;
– que l’obstétricien est un spécialiste des pathologies
obstétricales, et en aucun cas l’interlocuteur privilégié si la grossesse
se déroule sans problème ;
– que le suivi par un obstétricien implique une grossesse plus
« instrumentalisée », davantage d’actes invasifs, plus d’examens,
inutiles 9 fois sur 10 ;
– qu’elles pourraient être suivies juste par une sage-femme
libérale durant toute la grossesse ;
– qu’un accouchement pratiqué par un obstétricien implique
davantage d’actes inutiles et de contraintes sur le corps de la femme,
donc plus de risques de devoir recourir à d’autres actions pour
corriger les effets nocifs induits par les précédents actes ;
– que l’accouchement à domicile est une option au moins
aussi sécuritaire que l’hôpital ;
– qu’il existe des structures alternatives, ailleurs qu’en France,
les Maisons de naissance, en dehors de tout circuit hospitalier : ni
Table des matières
Quelques mots d’introduction . . . . . . . . . . .
11
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13
Mensonge n° 1
Accoucher est dangereux . . . . . . . . . . . .
Un peu d’histoire . . . . . . . . . . . . . . . .
Aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La femme française est-elle faite pour accoucher ?
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Mensonge n° 2
La femme reçoit une information fiable
et a le choix en matière d’accouchement . .
L’information . . . . . . . . . . . . . . . .
Exemples d’information claire, honnête et fiable
Réflexions . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Avoir le choix… . . . . . . . . . . . . . . .
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L’accouchement
Mensonge n° 3
La présence d’un obstétricien est indispensable,
même pour une grossesse normale . . . . . . . .
Le métier de gynécologue obstétricien . . . . . . .
Le métier de sage-femme . . . . . . . . . . . . . .
Pénurie d’obstétriciens ? Un mythe . . . . . . . . .
Sortir de l’incohérence . . . . . . . . . . . . . . .
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Mensonge n° 4
Les pratiques médicales sont fiables et étayées,
et les produits valides . . . . . . . . . . . . . .
Les pratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les produits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le consentement libre et éclairé . . . . . . . . . .
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Mensonge n° 6
La douleur de l’accouchement est insupportable
sans péridurale . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Soulager, oui mais… . . . . . . . . . . . . . . . .
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Mensonge n° 5
La position gynécologique (ou décubitus dorsal)
imposée à la femme est la meilleure
pour elle et son bébé . . . . . . . . . . . . . . .
Ailleurs dans le temps et l’espace . . . . . . . . . .
Regards sur la physiologie . . . . . . . . . . . . .
Les répercussions négatives
de la position décubitus dorsal . . . . . . . . . . . .
Une position qui entraîne de multiples inconvénients .
Alors pourquoi continuer ? . . . . . . . . . . . . .
Table des matières
Anticiper, c’est encore mieux . . . . . . . .
Pas « une » douleur : un peu de physiologie
La focalisation sur la douleur,
ou l’art d’éluder ce qui compte . . . . . . . .
La péridurale aussi a un prix . . . . . . . .
L’analgésie péridurale n’est pas anodine. . . .
Ce qui peut aider. . . . . . . . . . . . . .
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Mensonge n° 7
Le déclenchement de convenance
n’a aucune répercussion sur le bébé . . . . .
La naissance laisse des traces au fond de nous .
Les traces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le déclenchement de convenance, c’est quoi ? .
Comment procède-t-on ? . . . . . . . . . . . . .
Avoir sa naissance déclenchée, pour le bébé, c’est…
Mensonge n° 8
L’épisiotomie évite de graves déchirures . . .
L’épisiotomie, qu’est-ce que c’est ? . . . . . . .
Ce qui est dit . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le périnée : anatomie, physiologie . . . . . . . .
Lors de l’accouchement . . . . . . . . . . . . .
Déchirures gravissimes : la peur au bout du ciseau
Les autres indications médicales de l’épisiotomie .
Le scandale des sutures à vif . . . . . . . . . . .
Les répercussions de certaines épisiotomies . . . .
Répercussions psychologiques . . . . . . . . . . .
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L’accouchement
Les aspects légaux : information
et consentement éclairé . . . . . . . . . . . . . . . .
En conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Mensonge n° 9
Les gestes faits sur le bébé à sa naissance
sont indispensables . . . . . . . . . . . .
Naître… . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les besoins du nouveau-né . . . . . . . . .
Avant la naissance . . . . . . . . . . . . .
Après la naissance . . . . . . . . . . . . . .
L’accueil usuel en maternité :
ce qui est fait, et pourquoi c’est fait . . . . . .
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Mensonge n° 10
Le bassin étroit, le terme dépassé,
le col qui ne s’ouvre pas et le diabète gestationnel,
etc., sont des pathologies fréquentes
et à hauts risques . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le bassin étroit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le terme dépassé . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le col « qui ne s’ouvre pas » . . . . . . . . . . . . .
Le diabète gestationnel . . . . . . . . . . . . . . . .
La présentation en siège . . . . . . . . . . . . . . .
La césarienne, une nouvelle façon d’accoucher ? . . .
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En guise de conclusion… . . . . . . . . . . . . .
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Quelques livres pour aller plus loin . . . . . . . .
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