Plateforme petite pêche artisanale Consultation publique

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Plateforme petite pêche artisanale Consultation publique
Réponse à la consultation publique relative au projet d’arrêté du préfet de la
région Aquitaine portant ouverture de la pêche au chalut pélagique sur le plateau
de Rochebonne entre le 1er décembre 2015 et le 31 janvier 2016
CONTACTS:
Plateforme de la Petite Pêche Artisanale Française
Ken Kawahara
Secrétaire
Tel: +33 06 25 10 32 95
[email protected]
Gwen Pennarun
Co-président
Tel: +33 06 64 29 79 88
[email protected]
Contexte
Le bar est plus que jamais une espèce convoitée et menacée. Il s’en débarque chaque année en Europe plus
de 7 000 tonnes par la pêche professionnelle et, en l’état actuel des connaissances, près de la moitié de ce
tonnage par la pêche récréative.
Cette espèce est pêchée depuis la nuit des temps au moyen d’une technique, l’hameçon, pratiquée par les
ligneurs/palangriers, qui en dépendent généralement très fortement. Ces derniers assistent depuis environ
20 ans à une ruée vers le bar, essentiellement en hiver lors de la reproduction.
Les quantités débarquées ont ainsi fortement augmenté depuis les années 2000 passant, en zone Nord, de
2300 tonnes à près de 5000 tonnes dans les pires années ! Pour les ligneurs de bar, la période actuelle est
déterminante. Si les instances nationales et européennes ne prennent pas conscience de leur fragilité, ce
sont des centaines de navires qui vont disparaitre, et avec eux, les emplois, la valeur ajoutée et le
patrimoine associé à une des techniques de pêche les plus respectueuses du milieu marin.
La petite pêche artisanale en sursis
Nous voulons porter l’attention sur l’extrême découragement des petits pêcheurs artisans. Pour l’ensemble
des ligneurs de bar, l’avenir semble bien sombre. Alors qu’en zone Nord, ils subissent la « double peine »
(ressource surexploitée par la pêche sur frayères et mesures de gestion drastiques), dans le golfe de
Gascogne, c’est, au contraire, l’absence totale de mesures de gestion qui fait craindre aux ligneurs une
intensification de l’effort de pêche sans précédent.
Une ressource au bord de l’effondrement
Les dernières évaluations scientifiques de la ressource de bar au nord du 48ème parallèle font état d’une
situation catastrophique, avec un niveau de biomasse extrêmement bas, potentiellement proche de
l’effondrement (Blim). A cette situation de ressource quasi-effondrée, s’ajoute un autre facteur très
problématique : les très faibles recrutements (quantité de juvéniles devenant adultes) observés depuis
plusieurs années.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Tout simplement que le stock, non content d’être surexploité dans sa partie
supérieure composée des individus adultes, pourrait fortement se réduire également « par le bas », du fait
d’une très faible quantité de juvéniles.
Quant au Golfe de Gascogne, bien que l’avis du CIEM fasse état d’un stock en meilleur état, le seul élément
à retenir est qu’il est pour l’instant impossible de définir précisément l’état du stock de bar dans ce
Réponse à la consultation publique sur le plateau de Rochebonne
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territoire.
Un découpage entre différents stocks a été réalisé par le CIEM, séparant la zone Nord du golfe de
Gascogne. Ici aussi, il est impossible pour les scientifiques de définir avec suffisamment de certitude si cette
frontière est réelle. Les ligneurs, eux, soulignent leur perplexité quant au découpage réalisé entre la zone
Nord et le golfe de Gascogne. D’un point de vue biologique, l’hypothèse d’une séparation étanche entre la
Manche ouest et le nord du golfe de Gascogne semble peu crédible. D’un point de vue halieutique, ce
découpage entraine des impacts potentiellement dramatiques.
L’urgence de protéger le bar dans le golfe de Gascogne
Alors que la zone Nord concentre toute l’attention, le golfe de Gascogne, lui, subit déjà depuis quelques
années une recrudescence de l’effort de pêche en hiver par les fileyeurs et la senne danoise en plus de
l’activité des plaisanciers, des ligneurs, des chalutiers pélagiques et de fond. Les mesures de gestion
extrêmement drastiques dans la zone Nord vont certainement déclencher un report d’effort de pêche
direct des chalutiers pélagiques qui exerçaient auparavant au nord du 48 ème.
De plus, la diminution du tonnage global de bar débarqué ne manquera pas de provoquer une
augmentation du prix moyen de vente du bar, et par conséquent, un accroissement de l’effort de pêche
dans les zones non régulées (en l’occurrence, le Golfe de Gascogne).
Dans ces conditions, la situation du bar dans le Golfe de Gascogne ne va pas tarder à s’aggraver ! Et il est
inadmissible que le scénario de la Zone nord se répète à nouveau.
Des zones de frayères vitales
Comprendre qu’il est crucial de mettre en place sans tarder des mesures de gestion pour, à minima, éviter
toute hausse de la mortalité par pêche du bar dans le Golfe de Gascogne relève du bon sens.
De plus, compte tenu du manque de connaissance scientifique sur le bar et sa biologie, il apparaît
nécessaire de protéger les lieux abritant des fonctions écologiques majeures, tels que les zones de frayères
et de nurseries.
Le plateau de Rochebonne et celui de l’Ile d’Yeu sont reconnus comme abritant des zones de frayères
majeures pour les populations de bar du Golfe de Gascogne. Dans ce contexte, il est indispensable que la
France empêche toute augmentation de l’effort de pêche du bar.
C’est pourquoi, le contingent d’autorisations pour l’hiver 2015 ne doit absolument pas dépasser celui des
années précédentes.
Cependant, au-delà des seuls chalutiers pélagiques, il faut souligner que la réflexion pour un encadrement
durable de la pêche du bar doit porter sur l’ensemble des engins, et également sur l’effort de pêche des
fileyeurs en hiver, dont l’augmentation très importante ces dernières années constitue également une
menace pour le bar. A l’heure où des centaines de navires en France, en Grande-Bretagne et ailleurs
subissent une situation dramatique en Manche et Mer du Nord, pouvant potentiellement conduire à
l’effondrement des flottilles, le message que nous voulons faire passer est qu’il est encore temps de
parvenir à une gestion durable du bar dans le golfe de Gascogne sans que les impacts socio-économiques
soient trop violents.
La Plateforme de la Petite Pêche Artisanale Française porte la voix de l’ensemble des petits pêcheurs artisans utilisant
des techniques de pêche avec un faible impact environnemental et représentant le plus de bénéfices socio-économiques
pour l’ensemble de la société. Au travers des pêcheurs adhérents de façon indépendante, de l’Association des ligneurs
de la pointe de Bretagne et du Syndicat Professionnel des Pêcheurs Petits Métiers du Languedoc-Roussillon, ce sont
près de 500 adhérents des façades Méditerranéenne et Atlantique que nous défendons. Plus de renseignements sont
disponibles sur le site http://www.plateforme-petite-peche.fr/
Réponse à la consultation publique sur le plateau de Rochebonne
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