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A N G O L A
Le 22 février 2002
est une date importante dans l'histoire de l'Angola :
celle de la mort de Jonas Savimbi,
chef du principal mouvement d'opposition
au gouvernement angolais.
La mort de cette homme signe immédiatement
la fin de la guerre civile
commencée en 1961, c'est à dire 40 ans plus tôt.
40 ans, c'est long pour une guerre, et pour un seul et même pays.
(d'après "le Dessous des Cartes" – nov. 2005)
Situation de l'Angola
L'Angola est le deuxième pays le plus étendu d'Afrique australe,
après la République Démocratique du Congo.
Le pays fait 1 250 000 km², soit plus de deux fois la France.
Il comprend l'enclave de Cabinda au nord, située entre les deux Congos.
les Clivages géographiques
La géographie physique de l'Angola est marquée par une opposition entre,
d'une part, les hautes terres centrales dont l'altitude moyenne oscille en 1000 et 2000 mètres
et, d'autre part, la plaine littorale qui se prolonge au sud vers le désert de Namibie.
A ce clivage géographique correspond un clivage climatique
entre le plateau central, frais et humide, et la plaine côtière qui est moins arrosée.
le Contraste démographique
Il existe en Angola un clivage démographique :
la moitié ouest du pays concentre la majorité de la population,
notamment dans la zone côtière
autour des villes portuaires de Luanda, Benguela et Lobito (en rouge).
les Débuts de la colonisation portugaise
L'histoire a accentué les divisions internes du pays.
La présence portugaise en Angola date des 15e-16 e s. avec la fondation de Luanda en 1576.
les Débuts de la colonisation portugaise
Cette présence ne vise qu'un objectif :
fournir des esclaves à la colonie portugaise du Brésil, comme main d'œuvre dans les plantations.
On estime que près de 7 millions d'esclaves ont ainsi été prélevés en un peu plus de 200 ans,
dans le territoire qui deviendra plus tard l'Angola.
la Fin de la traite des esclaves
Le trafic d'esclaves s'interrompt avec l'indépendance du Brésil en 1822,
et l'abolition de la traite négrière en 1833.
Il est considéré comme l'une des causes du sous-peuplement actuel du pays.
Au XIXe siècle, une présence portugaise limitée
Au milieu du 19 e siècle, l'Angola portugaise compte moins de 2000 colons blancs,
répartis entre 6 comptoirs côtiers et 5 présides intérieurs,
soit moins de 5 % de l'Angola actuelle.
le Tracé des frontières
Ce n'est qu'au XX e siècle que la colonisation effective de l'Angola a lieu.
D'abord, par le tracé des frontières externes qui sont précisées,
en grande partie à la suite de la conférence de Berlin en 1885.
la Conquête et la mise en valeur du territoire
La conquête intérieure de l'Angola est réalisée
lors de nombreuses campagnes militaires entre 1880 et 1926.
Pour l'exploitation des terres, le Portugal s'appuie sur les divisions ethnolinguistiques du pays.
les Bakongo
De nombreux groupes ethniques vivent en Angola.
Au nord-ouest du pays, se trouvent les Bakongo, à cheval sur le Congo Belge.
Un grand nombre d'entre eux choisissent d'y émigrer, lors des campagnes coloniales,
et dans les années 1950, lors de la création des plantations de café.
les Autres groupes ethniques
A l'est, on trouve des populations: Lunda Chokwe et Ganguela ;
au sud: les Herero, les Ovambo, quelques Bochiman, et les Nhameco-humbe.
Un tiers de la population angolaise est composée d'Ovimbundu,
qui vivent sur les plateaux centraux où ils ont développé une agriculture moderne.
les Autres groupes ethniques
A partir des années 1930, ils sont victimes des spoliations foncières
au bénéfice des paysans pauvres du Portugal, envoyés vers la colonie.
Chassés de leur terre, ils s'engagent comme saisonniers agricoles
dans les plantations portugaises de coton ou de café.
les Kimbundu et les métis
Les Kimbundu représentent 20 à 25 % de la population angolaise.
Ils vivent autour de Luanda et dans la région du Cuanza,
les premières zones d'implantation coloniale.
Plus proches de la société portugaise, ils constituent une pépinière de lettrés et de métis.
les Kimbundu et les métis
Les métis et assimilés (en blanc sur la carte) sont peu nombreux,
bien formés, pour la plupart installés à Luanda ou dans le Cuanza.
Ils deviennent l'élite angolaise
et détiennent une influence politique et économique disproportionnée par rapport à leur nombre.
Des clivages ethniques renforcés par la colonisation
En s'appuyant sur certaines ethnies plus que d'autres,
le colonisateur portugais renforce les clivages.
Sur le plan scolaire et religieux par exemple, les Kimbundu et les métis
ont été formés par l'enseignement catholique,
alors que les Bakongo et les Ovimbundu sont issus des écoles des missions protestantes.
Des clivages ethniques renforcés par la colonisation
Enfin, la colonisation s'est développée sur trois générations à peine,
un laps de temps très court pour construire l'unité d'un pays.
Face aux colons Portugais, le sentiment d'identité nationale des Angolais est assez faible.
le Début de la guerre d'indépendance
Quand la guerre d'indépendance est lancée en 1961,
après les soulèvements de Cassenge et de Luanda,
les Angolais se présentent face aux Portugais en ordre dispersé,
divisés en trois mouvements nationalistes
dont les rivalités politiques cachent mal les ressorts ethniques ou racistes.
les Divisions à la veille de l'indépendance
Les trois mouvements sont :
- le FNLA, Front National de Libération de l'Angola,
basé au Zaïre, dirigé par Roberto Holden et rassemblant surtout des Bakongo ;
- le MPLA, Mouvement Populaire de Libération de l'Angola,
mouvement maxiste dont le leader est Agostinho Neto avec des cadres souvent métis ;
les Divisions à la veille de l'indépendance
- l'UNITA, l'Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola,
créée par Jonas Savimbi, et établie à l'est et au sud du pays, avec pour centre Jamba
(face aux métis du MPLA, l'UNITA défend le principe d'africanité).
l'Indépendance de l'Angola
La révolution des œillets à Lisbonne en 1974,
c'est-à-dire la fin de la dictature au Portugal,
conduit l'Angola à l'indépendance, selon un processus fixé par les accords d'Alvor en 1975.
Mais l'union nationale, prévue entre les 3 mouvements par ce processus
ne résiste pas à l'ambition de chacun, de prendre seul le pouvoir.
le MPLA et la Namibie
Le MPLA (zone orange) tient la capitale.
Son alignement sur la doctrine marxiste le range dans le camp de Moscou.
le MPLA et la Namibie
Dans cette même mouvance,
la Swapo, un mouvement de guérilla qui lutte lui, pour l'indépendance de la Namibie voisine.
Comme cette future Namibie est occupée par les troupes sud-africaines,
la Swapo a sa base arrière en Angola, où elle reçoit le soutien du MPLA.
l'Afrique du Sud soutient l'UNITA
Dans le camp adverse, l'Afrique du Sud et les États-Unis
veulent empêcher la Namibie de tomber dans la sphère communiste.
Donc, pour contrer le MPLA et la Swapo,
les troupes sud-africaines soutiennent l'UNITA de Savimbi,
pour gagner du terrain par le sud (zone violette).
le Zaïre soutient le FNLA
Le Zaïre est également allié avec les États-Unis et, le FNLA des Bakongos y a son sanctuaire.
Donc, tandis que l'Afrique du Sud aide l'Unita au sud,
les troupes zaïroises appuient les Bakongo dans leur marche vers le pouvoir,
par le nord cette fois (zone jaune).
Cuba vient au secours du MPLA
Lorsque l'étau militaire se resserre sur le MPLA,
d'importants contingents cubains débarquent à Luanda, avec leurs équipements lourds,
et sauvent le MPLA de la déroute.
la République populaire d'Angola
Le chef du MPLA, Agostinho Neto,
proclame l'indépendance de la république populaire d'Angola,
dont il devient le premier président.
Le pays est indépendant en 1975.
Il s'installe dans la guerre, et les Angolais n'ont qu'à attendre !
Attendre la fin de la guerre froide,
puisque c'est elle qui va alimenter longuement les conflits,
dans les stratégies indirectes de Moscou et Washington.
Mais ce n'est pas si simple car avec la fin de la Guerre Froide,
ne vient pas la fin de la guerre en Angola.
Les divisions internes au pays vont créer des ressorts
spécifiquement angolais
pour nourrir la suite de cette guerre.
Aux premier plan, un mur :
ce sont ceux d'un dispensaire de santé, détruit par la guerre.
Et des graffitis :
celui inscrit à gauche de la fenêtre dit Régiment 60,
il semble indiquer la présence de soldats.
La foule est bruyante, compacte, elle attend une distribution de nourriture,
dont ces femmes et leurs enfants dépendent encore pour survivre.
Cette photo a été prise en octobre 2002, soit 6 mois après l'arrêt des combats
qui avaient commencé 40 ans plus tôt dans le pays.
Et il y a ce drapeau qui flotte : celui de l'Angola.
Situation géographique de l'Angola
L'Angola se situe à la limite nord de l'Afrique australe,
entourée par l'Océan Atlantique,
le Congo, la République démocratique du Congo, la Zambie et la Namibie.
la Composition ethnique de l'Angola
L'Angola est un pays soumis à de nombreuses forces centrifuges.
Entre autres facteurs, il y a la composition ethnique du pays.
Parmi les principaux groupes, on trouve les Bakongo, les Ovimbundu et les Kimbundu.
Les métis sont ultra-minoritaires, mais très influents au sein du régime à Luanda.
les Divisions politiques
Les divisions politiques sont plus ou moins alignées sur le découpage communautaire du pays.
D'un côté se trouve le MPLA (en orange sur la carte),
qui dans les années 80 contrôle l'ouest du pays et l'appareil d'État à Luanda.
De l'autre, l'UNITA de Jonas Savimbi, qui dirige l'est et le sud de l'Angola (en bleu sur la carte),
aussi bien sur le plan militaire que politique et administratif.
la Guerre froide en Afrique australe
Les clivages politiques angolais sont récupérés par la déclinaison régionale de la guerre froide.
Dans la partie ouest du pays,
le MPLA, marxiste, bénéficie de l'appui militaire et politique de l'URSS,
ainsi que de celui des forces cubaines engagées dans le pays.
la Guerre froide en Afrique australe
Le MPLA soutient lui-même la Swapo, le mouvement de guérilla indépendantiste de Namibie.
Le camp adverse est soutenu par les États-Unis.
Il comprend l'Unita, le Zaïre, et surtout l'Afrique du Sud,
qui ne veut pas voir sa voisine namibienne qu'elle occupe tomber dans la sphère communiste.
les Zones de combat
Les combats entre les camps se déroulent
aux points de contact des deux grands ensembles plus ou moins stables,
dans une zone centrale, et souvent à la périphérie des grandes villes.
la Fin de la guerre froide
Les positions sur l'échiquier de la guerre angolaise changent peu avant la fin des années 1980,
lorsque plusieurs pièces commencent à bouger en même temps.
On observe le désengagement des États-Unis et de l'URSS des théâtres régionaux.
Début des années 1990, changement du contexte international
La Namibie gagne son indépendance.
Le départ des troupes sud-africaines de ce pays
est échangé contre le départ des contingents cubains d'Angola.
L'Union Soviétique s'effondre en 1991, et le gouvernement angolais abandonne le marxisme.
Enfin, en 1994, l'ANC de Nelson Mandela arrive au pouvoir en Afrique du Sud.
le Conflit angolais perdure
La configuration change donc radicalement, et pourtant le conflit angolais ne fait que s'adapter.
A deux reprises, des accords de paix sont signés entre le MPLA et l'UNITA :
en 1991 à Bicesse (Portugal),
et en 1994 à Lusaka (Zambie).
Mais rien ne désamorce cette guerre, car elle dispose d'autres ressorts.
Diamants contre pétrole
Dans le nord-est du pays, zone contrôlée par l'Unita,
se trouvent d'importants gisements de diamants,
exploités illégalement, puis exportés vers le Zaïre.
Autour de 1995, les diamants rapportent en moyenne 500 millions de dollars par an à l'UNITA,
somme colossale qui permet de financer la guerre.
Diamants contre pétrole
En face, le pétrole assure environ les deux tiers des revenus du gouvernement MPLA.
La production ne souffre pas de la guerre car la demande est forte,
et l'exploitation lucrative pour quelques compagnies étrangères comme Elf ou Chevron-Texaco.
l'UNITA affaiblie
A partir de 1997, l'exportation des diamants est freinée par le boycott instauré contre l'UNITA,
que l'ONU tient pour responsable de la reprise du conflit, après les élections de 1992.
A cette époque, de nouveaux gisements de pétrole sont découverts dans la région de Soyo.
Ils provoquent une vive compétition entre compagnies étrangères.
C'est un tournant dans la guerre : le gouvernement en profite attaquer l'UNITA.
les Populations civiles prises en otage
L'UNITA, affaiblie par son isolement international, perd le contrôle de plusieurs régions minières.
Ce mouvement se retourne contre les civils présents dans les zones qu'il contrôle.
L'UNITA pille, exploite les gens, et les utilise comme arme de guerre.
les Populations civiles prises en otage
Le régime de Luanda, quant à lui, manipule l'aide alimentaire,
car en s'appuyant uniquement sur les revenus du pétrole,
il a choisi d'importer plutôt que de produire, et l'agriculture a presque disparu.
La population rejoint massivement les villes où elle se trouve prise en otage par la guerre,
comme à Kuito et Luena, entre 1993 et 1996.
la Dépendance envers l'aide humanitaire
A la fin des années 1990,
l'aide humanitaire est devenue aussi indispensable à la survie des Angolais,
qu'à celle du gouvernement qui grâce à elle, maintient une certaine stabilité sociale.
Le gouvernement de Luanda sait que quand la guerre s'arrêtera, l'aide humanitaire s'arrêtera aussi.
Il a donc intérêt à ce que la guerre se poursuive.
la Fin des combats
En 2001, les civils comme les militaires se trouvent complètement épuisés,
et les zones UNITA isolées.
C'est certainement pour cela que la guérilla ne survit pas à la mort de son chef, Jonas Savimbi,
abattu par l'armée angolaise le 22 février 2002.
Sa mort marque l'arrêt des hostilités, qu'entérine un accord signé à Lusaka le 4 avril 2002.
Depuis son indépendance,
ce pays n'a rien connu d'autre que la guerre.
Est ce que cette fois, la paix a des chances de survivre ?
Il y a l'effet de lassitude, d'épuisement après 40 ans de conflit.
Ensuite, l'émergence de nouveaux mouvements
dans la société civile angolaise,
comme par exemple le COIPA
(Comité inter-ecclésial angolais pour la paix)
qui mêle catholiques et protestants.
Les conflits qui perdurent,
pourront-ils s'exprimer autrement que par la violence ?
L'accord de paix de Lusaka ressemble plutôt
à un accord de démilitarisation.
Le gouvernement du MPLA n'a rien concédé à l'UNITA
sur le plan politique
et le partage du pouvoir reste à faire.
Et que va -t- il advenir des 50 000 soldats de l'UNITA
dont seulement 5 000 vont être intégrés dans l'armée angolaise ?
Ces hommes n'ont jamais appris à faire autre chose dans leur vie
que la guerre.
Rien ne leur a été proposé pour leur retour à la vie civile.
Autre hypothèse : celle du partage des ressources du pays.
Jusque-là, les hommes au pouvoir
les confisquaient sous prétexte de guerre.
Aujourd'hui, les compagnies pétrolières
s'intéressent toujours autant à l'Angola.
Comment cette richesse va t-elle profiter aussi, aux Angolais ?
Et quoi pour le retour
Des quelque 3 millions de déplacés et des 350 000 réfugiés.
Ils continuent à dépendre de l'aide internationale.
Il n'y a pas pour le moment de perspective d'emploi.
Dans un pays où les armes circulent facilement,
le risque de voir des conflits sociaux se remilitariser existe…