Communiqué complet

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Communiqué complet
Lausanne, le 15 mars 2016
Communiqué de presse
Antibiorésistance et restauration
Les chaînes de restauration rapide
ne prennent pas leurs responsabilités
Aucune grande chaîne de restauration rapide active en Suisse ne prend véritablement de mesures sérieuses
contre la résistance aux antibiotiques. La majorité s’en tient simplement au cadre légal suisse. L’Alliance des
organisations de consommateurs – la Fédération romande des consommateurs et ses collègues SKS et ACSI –,
demande aux entreprises d’aller au-delà de la législation trop minimaliste. Les autorités sont également appelées à
renforcer le cadre légal, comme prévu dans les pays voisins. Il en va de notre santé.
Les chaînes de restauration rapide utilisent de grandes quantités de viande et de volaille. Elles ont donc un rôle
important à jouer en faveur du traitement respectueux des animaux, et dans le combat contre l’antibiorésistance.
Aussi, ce 15 mars, la journée mondiale des droits des consommateurs est-elle placée sous le thème «Moins
d’antibiotiques au menu». Au restaurant, les consommateurs ne choisissent pas l’origine de leur viande. De plus,
l’information y est lacunaire et insatisfaisante. L’Alliance a donc demandé aux plus grandes entreprises implantées
dans le pays leur positionnement sur ce sujet.
La plupart renvoient au cadre légal actuel, amplement suffisant selon elles. L’Alliance estime pour sa part que cette
loi ne va pas assez loin! Il est problématique que des troupeaux entiers soient traités avec des antibiotiques, alors
que seules quelques bêtes sont malades. De plus, des médicaments de dernier recours dans le traitement des
maladies humaines sont encore utilisés à usage vétérinaire, ce qui met en danger leur efficacité. L’importation de
viande d’animaux traités aux hormones ou aux antibiotiques comme stimulateurs de performance reste autorisée
en Suisse. Elle est essentiellement servie en gastronomie. Ce n’est pas le cas dans l’Union européenne où
l’importation en est prohibée.
DE BONS DÉBUTS I Migros et Coop font le plus d’efforts pour réduire l’utilisation des antibiotiques. Coop se
fournit maintenant uniquement de viande importée, élevée sans recours aux antibiotiques comme stimulateurs de
croissance. Même promesse chez Migros. Concernant leur assortiment à la vente, les deux géants orange mettent
en avant leurs marques propres, allant au-delà des normes légales concernant l’utilisation des antibiotiques. Cet
aspect est moins visible à la cafétéria. De son côté, Manor a renoncé uniquement à importer de la viande produite
avec des antibiotiques comme stimulateurs de croissance. Ikea, enfin, renvoie sur ses fournisseurs Mérat&Cie,
société affiliée à Micarna (Migros), et donne une réponse identique.
Deux autres entreprises misent sur la production suisse. Chez SV Group, active dans la restauration collective,
80% de la viande est d’origine suisse, un chiffre qui grimpe à près de 100% pour ZFV, dans l’hôtellerie.
JUSTE LE MINIMUM I Chez Mc Donald’s, la viande bovine provient à 100% de Suisse, la volaille de France et de
Hongrie. Burger King se contente de s’aligner sur les conditions légales et ne s’exprime pas concernant la viande
importée. Idem pour Subway qui met en avant son engagement aux Etats-Unis, mais se contente du minimum
légal en Suisse. Kentucky Fried Chicken, qui compte ouvrir plusieurs points de vente en Suisse, refuse de
s’exprimer. Autogrill, Eldora et Compass Group n’ont pas pris position.
LES EXIGENCES DE L’ALLIANCE I Au final, aucune entreprise ne va véritablement au-delà des exigences
légales. Dans la mesure où 50% de la viande est consommée dans le domaine de la gastronomie, il est
nécessaire que cette branche prenne ses responsabilités et fixe des limitations strictes concernant l’utilisation
d’antibiotiques pour ses fournisseurs et ses producteurs. Par ailleurs, le secteur de la gastronomie doit davantage
s’impliquer dans la Stratégie nationale concernant l’antibiorésistance (StAR).
Le 10 mars dernier, le Parlement européen a donné un signe clair en faveur d’un usage plus restrictif des
antibiotiques: interdiction du traitement de groupe à titre préventif, limitation des traitements de masse à des cas
particuliers et interdiction de l'usage vétérinaire des antibiotiques critiques pour les humains. L’Alliance des
organisations de consommateurs demande donc que la Suisse suive cet exemple, et mette en place un système
plus strict.
La résistance aux antibiotiques constitue une menace grandissante pour l’humain. Selon les sources
officielles, elle serait la cause de plusieurs centaines de décès chaque année en Suisse. En Europe, il est
même question d’environ 25000 morts. Une des raisons qui explique cette résistance est l’utilisation
inappropriée d’antibiotiques dans l’élevage des animaux. Une pratique qui provoque une augmentation des
bactéries résistantes aux antibiotiques dans la viande et autres produits carnés.
Le Conseil fédéral a approuvé la Stratégie nationale antibiorésistance (StAR), à savoir 35 mesures réparties
en huit domaines d'action, pour s’attaquer à ce problème urgent dans les prochaines années.
Tout le dossier antibiorésistance sur frc.ch
Renseignements complémentaires
FRC: Barbara Pfenniger, tél. 021 331 00 90.
SKS: Sara Stalder et Josianne Walpen, tél. 031 370 24 24.
ACSI: Laura Regazzonni, tél. 091 922 97 55.