Ce que nous attendons des politiques et des

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Ce que nous attendons des politiques et des industriels de
la MODE & de la beauté
Categories : Sans tabou
Date : 13 mai 2014
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Véronique Barreau, vous êtes issue du milieu de la mode et du conseil en image, pensezvous qu’il y ait aujourd’hui une prise en compte de la personne handicapée dans ce
milieu ?
Les entreprises du secteur mode & beauté sont encore très hermétiques à la prise en compte
de la personne handicapée. Je constate même qu’on ne parle jamais de la personne
handicapée, ni dans les écoles de formation, ni dans les process création ; la question est
encore très tabou, beaucoup plus qu’au sein même de la société civile.
Certaines initiatives existent pourtant bel et bien…
Depuis quelques années, plusieurs grandes entreprises de ce secteur ont effectivement choisi
des personnes handicapées pour leurs campagnes publicitaires. L’Oréal affiche Aimée Mullins
pour la promotion de sa gamme luxe, Diesel choisit une bloggeuse mode atteinte de dystrophie
musculaire comme égérie 2013, pro Infimis a su susciter l’intérêt général à Zurich avec des
mannequins handicapés pour les vitrines de Noël. Inutile néanmoins de se voiler la face, ces
actions sont trop ponctuelles et isolées et les personnes handicapées restent hors du champ
visuel des acteurs de la mode. Ces bonnes initiatives ne changent pas non plus le quotidien de
ceux qui aimeraient pouvoir faire leur shopping, consommer et se détendre comme tout le
monde.
De quelle société rêvent les membres de l’association COVER ?
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Il est important que les personnes handicapées soient considérées comme des clients à part
entière, consommateurs et utilisateurs de services. Leurs besoins ne sont actuellement pas du
tout pris en compte. Trouver « chaussure à son pied », ou des vêtements à la fois confortables
et dans l’air du temps, c’est un défi lorsqu’on est en situation de handicap. Au manque
d’accessibilité de nombreuses boutiques, la mode impose d’autres barrières, du simple fait
d’être pensée pour des corps très normés. Comment trouver un jean suffisamment confortable
lorsqu’on est en position assise toute la journée ? Où trouver des chaussures élégantes
lorsqu’on porte des prothèses non articulées au niveau des pieds ? Comment savoir ce qui
valorise notre silhouette lorsqu’on est aveugle ? Quels tops choisir lorsqu’une mobilité plus
réduite ne permet pas de tout enfiler ? Pour beaucoup de personnes en situation de handicap,
l’opération shopping se transforme en épreuve, et lorsque l’attitude des vendeurs est positive,
on ne bénéficie souvent d’aucun conseil approprié. On recherche alors désespérément la perle
rare qui pourra être enfilée facilement et bien supportée toute la journée…
Il nous faut bâtir une société où la création vestimentaire sera conçue sur la base du Bien à
porter® pour tous, où la conception des packagings et de la communication s’effectuera sur la
base du principe de l’accessibilité universelle. Les vêtements seront facilement enfilables,
même pour la personne à mobilité réduite, ils seront confortables même en position assise
prolongée. Les cosmétiques répondront aux exigences d’accessibilité pour les personnes en
déficience visuelle (on distinguera la crème de jour de la crème de nuit par des formes
d’emballage distinctes, on utilisera toujours la dose idéale de produit grâce à un flacon
pompe…).
Un énorme travail doit aussi être effectué auprès des forces de vente. Si certains professionnels
sont naturellement à l’aise et particulièrement pertinents dans l’accueil de la personne
handicapée, d’autres ne savent pas comment s’y prendre. Nous rêvons de boutiques où les
professionnels de la vente auront été formés au guidage, au conseil de la personne aveugle ;
l’accueil y sera fluide et agréable, le conseil qualitatif et explicite. Nous rêvons d’une mode ou
les vendeurs seront capables de recommander les vêtements les plus adaptés au client en
fauteuil, où l’accueil de la diversité humaine sera évidente et naturelle.
Nous souhaitons aussi des boutiques entièrement accessibles (même les cabines !), des
étagères plus basses, des options de bras télescopique, un étiquetage des vêtements
accessibles aux personnes en déficience visuelle, une identification des vêtements adaptés à la
position assise longue durée…
Le chemin est tel qu’il est impossible de tout énoncer ici ! Nous attendons surtout des
industriels une ouverture, une conscientisation, et l’arrêt de pseudo actions de sensibilisation
au handicap : car oui, j’ose le répéter à qui veut bien l’entendre : organiser un déjeuner dans le
noir ou un atelier braille avec des collaborateurs ne sensibilise pas aux questions du handicap.
Il faut passer à la vitesse supérieure et arrêter les subterfuges pour se donner bonne
conscience !
Qu’attendez-vous des politiques aujourd’hui ?
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Nous attendons aujourd’hui des politiques une écoute attentive des besoins réels des
personnes handicapées. Nos législateurs ont beaucoup œuvré pour la prise en charge de la
personne handicapée et des avancées considérables ont été faites sur ce point. Il est peut être
temps maintenant de passer d’une prise en charge, à une réelle prise en compte de la
personne handicapée. Il est grand temps que cette prise en compte s’amorce avec les
professionnels de la mode, car, faut il le rappeler, les gens s’habillent depuis la nuit de temps
!!!
Nous attendons donc plus concrètement de la part de Madame Neuville et du nouveau
gouvernement :
La création d’un rapport parlementaire portant sur la place de la personne handicapée
dans ce secteur et portant sur l’analyse des besoins réels des personnes handicapées
(accessibilité des espaces, des plateformes de vente en ligne, repérage des vêtements
adaptés à la position assise…etc.)
La mise en place d’une charte d’engagement des professionnels de la mode & de la
beauté, invitant les grandes enseignes de ce secteur à prendre en compte la personne
handicapée (présence dans les productions audio visuelles, accessibilité des sites de
vente en ligne pour les personnes aveugles…)
La création d’une loi imposant aux écoles et universités (filières styliste, modéliste,
conseillers en image, esthéticienne, conseiller en parfumerie…etc.) à intégrer dans leur
programme un temps de formation sur l’accessibilité universelle et le handicap.
La création d’une loi obligeant les entreprises à former les salariés recevant du public
(apprendre à guider une personne aveugle sur le point de vente…etc.).
Avez-vous déjà avancé avec les législateurs ? Où en est concrètement la situation ?
Nous avons pu rencontrer régulièrement le cabinet de Madame Carlotti tout au long de l’année
2013, pour le développement d’actions mode & handicap, et pour la mise en place de cette
charte d’engagement des industriels. Les démarches n’ont malheureusement pas encore
abouti, bien que très bien accueillies. Nous plaçons aujourd’hui toute notre confiance dans ce
gouvernement, et attendons des actions rapides, pensées et concrètes pour améliorer le
quotidien des personnes handicapées.
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by O.Merzoug
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