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SA HA RA guelta d’Archei Avec 8,5 millions de km2, le Sahara est le plus grand désert du monde. Mais il n’est ni un espace vide, ni une barrière entre Méditerranée et Afrique subsaharienne. Au contraire, il est depuis une décennie redevenu un espace attractif, lieu d’échanges et de vie et voie de passage pour les migrants vers l’Europe. (d'après "le Dessous des Cartes" – janv. 2006) le Plus grand désert du monde Avec une superficie de 8,5 millions de km2, le Sahara est le plus grand désert du monde. Il s’étend de l'Atlantique à la mer Rouge (6000 km) et de la côte Méditerranéenne aux steppes du Sahel (2000 km). Son nom est dérivé d'un mot arabe qui veut dire "ocre", en référence à la couleur dominante de ses paysages. Un territoire en partie montagneux Le Sahara comprend de grands massifs montagneux. En Algérie, par exemple, le massif du Hoggar culmine à 3000 mètres d’altitude et, au nord du Tchad, le volcan de l'Emi Koussi, dans le massif du Tibesti, atteint 3500 mètres. Des terres localement fertiles Le Sahara n’est pas un espace entièrement aride. Les oasis et la vallée du Nil, qui s’étend le long d’un grand axe Sud-Nord, concentrent notamment une végétation abondante. Des terres localement fertiles Le climat actuel du Sahara ne s'est d’ailleurs mis en place qu'il y a 3 ou 4000 ans comme l’indiquent la faune et la flore très riches des peintures rupestres retrouvées en Algérie, en Libye et au Soudan. Une contrée autrefois mythique Le Sahara est longtemps resté, aux yeux des Européens, une frontière ultime. Au Moyen Age, on le croyait peuplé d'animaux fantastiques. Un espace perçu comme vide Les Européens conçoivent le désert du Sahara comme un espace vide et sec, uniquement parcouru par des Touaregs nomades. De très anciennes routes commerciales Le désert saharien est, depuis de longs siècles, parcouru par plusieurs routes commerciales dont les principales relient : Aoudaghost à Fez ; Gao au Mzab ; et Bilma, au Niger, à Tripoli, en Lybie. Ces routes s'appuient sur des oasis-relais tels que Rissani, Mzab, Fezzan ou Ghadamès. Ce sont des points de carrefour où s’échangent des produits venus du Nord… De très anciennes routes commerciales (laine, étoffes, chevaux, armes, perles et verroterie), dont le livre du Coran, ce qui a permis l'expansion de l'islam en Afrique subsaharienne ; contre des produits venus du Sud (notamment le sel extrait des mines du nord du Mali ou du Niger, les esclaves, l'ivoire et l'or de l'Empire du Ghana). la Parenthèse coloniale La pénétration des Européens, au XVIIIe siècle, puis la colonisation du continent africain, au XIXe s. vont introduire plusieurs ruptures. Désormais, le commerce transsaharien Nord-Sud se détourne au profit des comptoirs et des ports construits par les Européens. Les villes du Sahara vont alors s’appauvrir. le Découpage du territoire La fin de la colonisation, au milieu du XXe siècle, conduit au partage du Sahara en dix États indépendants. les Conflits territoriaux Les frontières des États issues de la décolonisation sont des tracés arbitraires qui freinent le nomadisme et entraînent des conflits territoriaux. les Conflits territoriaux Ainsi, à l’indépendance en 1975, le Sahara espagnol devient l'enjeu des rivalités entre Marocains, Mauritaniens et Algériens. Au Tchad, la bande d'Aozou est revendiquée par la Libye. Et, au Niger et au Mali, les Touaregs s'élèvent contre des tracés de frontières qui entravent l'organisation de l'élevage et de la transhumance. le Développement des villes Dans les années 1950, seule la ville algérienne de Biskra, aux portes du désert saharien, dépassait les 50 000 habitants. le Développement des villes Désormais plusieurs dizaines de villes comptent plus de 100 000 habitants (Layoune au Sahara Occidental ; Rabouni, Béchar, Gardhaïa, Ouargla, et Tamanrasset en Algérie ; Sabha en Libye, Arlit et Akoban au Niger ; et Nouakchott, la capitale mauritanienne qui dépasse les 700 000 habitants). En une trentaine d'année, le Sahara a gagné environ 5 millions d'habitants. Des ressources minières abondantes La croissance urbaine s’explique notamment par l'exploitation des ressources minières (pétrole et gaz en Algérie, en Libye et en Égypte ; fer en Mauritanie, en Algérie et en Libye ; phosphate au Sahara occidental ; cuivre en Mauritanie ; étain et l'uranium au Niger). Des ressources minières abondantes L'exploitation de ces ressources a permis la construction d'infrastructures, favorisant le maintien de populations locales et l'arrivée de migrants. Ainsi, la population de Hassi Rmel est passée de 73 habitants en 1977 à 12 000 aujourd'hui. Une agriculture moderne L’afflux de populations responsable de la croissance urbaine est également liée à la modernisation agricole. Une agriculture moderne Ainsi, l'agriculture dans les oasis, autrefois basée sur la datte, s'est aujourd’hui diversifiée. La construction de barrages, la diffusion des pompes à eau, l'entretien des canaux et l'irrigation à partir des nappes aquifères ont permis le développement de l'agriculture céréalière et des cultures maraîchères. le Projet d’irrigation libyen Pour livrer de l'eau dans le désert et développer son agriculture, la Libye a fait construire la "grande rivière artificielle" entre Koufra et la mer Méditerranée. Mais ce projet de pompage des nappes fossiles conduit à une érosion et une salinisation des sols. Il ne donne que de faibles rendements pour un prix de revient considérable à la production. la Reprise des échanges transsahariens La croissance urbaine s’explique également par l’augmentation des échanges entre les États sahariens. La Libye et le Tchad, à la fin du contentieux territorial en 1994, ont relancé leurs échanges. La construction d'une route est ainsi prévue entre Koufra et N'Djamena via Abéché, avec un embranchement vers le Niger. la Reprise des échanges transsahariens Le Maroc et la Mauritanie ont rétabli leurs relations, dans les années 2000, rendant possible la construction d'une route entre Nouakchott et Nouadhibou, ce qui relie la Mauritanie à Tanger. Une terre de transit Aujourd’hui, les routes transsahariennes sont devenues celles des migrants subsahariens cherchant à rejoindre l'Union Européenne. Elles partent du Sénégal, du Burkina Fasso, du Tchad, et du Soudan pour déboucher sur le Maroc ou la Libye. Une terre de transit Les villes d'Agadez, Tamanrasset, ou Sabha sont devenues des plaques tournantes de l'immigration africaine, où ces derniers peuvent se constituer un petit pécule pour poursuivre leur voyage. Une économie de transit se met alors en place avec des restaurants, des cafés, des garages, des parkings, et des centres téléphoniques. Une terre de transit Les villes sahariennes sont donc de plus en plus cosmopolites, où se côtoient populations locales, cols blancs et migrants en quête de travail. Or en renforçant les contrôles des flux migratoires, l'espace Schengen impose le long du littoral du Maghreb une barrière quasiment infranchissable. Une terre de transit Les migrants passent alors clandestinement par bateau vers les îles italiennes de Lampedusa, les îles espagnoles des Canaries, ou tentent de franchir à la nage les 14 km du détroit de Gibraltar. Une terre de transit Entre 1997 et 2001, 3300 cadavres y ont été repêchés. Et en octobre 2005, à Ceuta et Melilla, les deux enclaves espagnoles en territoire marocain, l'assaut de migrants africains sur ces enclaves a conduit à la mort de plusieurs d'entre eux et à l'expulsion des autres par les autorités marocaines dans des conditions lamentables. En reportant la pression migratoire "en amont", l'Union Européenne contribue à l'augmentation du nombre des migrants présents dans le Sahara. Ces gens là sont alors exposés à plusieurs types de pressions : celle de l'Union Européenne, celle des États où ils transitent, plus la xénophobie des populations locales, nationales, qui voient dans ces migrants des concurrents directs, embauchés pour de faibles salaires sur des marchés de l'emploi déjà saturés. Cet espace que nous venons de décrire, les nouvelles routes de commerce, l’urbanisation des anciennes oasis, les voies de transit des migrations des zones pauvres vers les zones riches… ce Sahara d’aujourd’hui n'a plus les moyens d'être un désert.