Les journalistes ne sont pas les petits soldats de la

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Les journalistes ne sont pas les petits soldats de la
Les journalistes ne sont pas
les petits soldats de la pub !
La communication du JIR est claire : tout se vend de la même manière, qu’il s’agisse du contenu rédactionnel ou des publicités commerciales. Tous les suppléments du JIR
sont présentés de manière indifférenciée, puisqu’ils ont tous été créés pour attirer les annonceurs et ne seront attractifs –pour ces mêmes annonceurs- qu’avec un contenu rédactionnel solide.
Le SNJ et la CFE-CGC ne s’opposent évidemment pas à ces suppléments. En revanche nous contestons le flou qui est volontairement entretenu entre deux métiers bien
distincts, les commerciaux et les journalistes. Avec des conséquences scandaleuses :
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Une journaliste apprend qu’elle ne doit plus faire de reportage sur X, parce que « ça fait un an que X ne nous a pas pris de pub ». C’est une entrave caractérisée à la liberté de la presse.
Un journaliste reçoit une commande (il n’y a pas d’autre mot) pour effectuer un reportage « parce que c’est la pub qui le demande ». C’est une autre entrave à la liberté de la presse.
Un produit est présenté de manière rédactionnelle par une journaliste… mais sur le web, hors contexte, cela a tout d’une publicité déguisée. C’est interdit par la Convention collective des journalistes et la loi d’août 1986 sur le régime
juridique de la presse.
En apparence, rien ne distingue les deux suppléments rédactionnels (Femme
magazine et Case magazine) des suppléments publicitaires (tous les autres).
Cette confusion est volontairement entretenue parce que le travail
journalistique est gage de qualité pour les annonceurs. Elle a pour
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conséquence de donner au service commercial une autorité sur les
journalistes. Cela devient parfois un véritable lien de subordination (illégal)
lorsque le service commercial décide de regrouper deux suppléments en un
(supplément « Salon de la maison » inclus dans un numéro de « Case
magazine »), ou lorsque le service commercial engage des journalistes dans un
partenariat publicitaire.
Les salaires indécents de la PQD (presse quotidienne départementale, 1600
euros net avec 5 ans d’ancienneté) obligent les journalistes à chercher des revenus complémentaires. C’est du pain béni pour le directeur commercial, qui peut ainsi recruter des plumes compétentes et motivées pour ses suppléments
publicitaires. Ou les écarter lorsque ces plumes demandent à être payées
correctement.
Ce flou est très utile au directeur commercial : celui-ci souligne la
responsabilité et l’indépendance rédactionnelle des journalistes quand il a besoin de sujets de reportages, mais argue de son autorité pour les blacklister
lorsqu’il leur reproche une faute. Dans tous les cas, les journalistes sont considérés comme des petits soldats de la publicité, rentables et dociles.
La CFE-CGC et le SNJ s’élèvent contre ces pratiques à la fois illégales et dangereuses
pour l’indépendance de la rédaction du JIR. Nous demandons donc :
1. Une augmentation des salaires des journalistes.
2. Le respect de la loi de 1935 qui fait d’un journaliste un salarié (interdiction d’employer un journaliste en auto-entrepreneur).
3. Une identification claire des suppléments publicitaires, à la fois sur la
couverture, dans l’Ours et dans les pré-sommaires présentés aux annonceurs.
La mention du rédacteur en chef du JIR ne doit plus apparaître dans l’Ours, puisqu’il n’est pas responsable du contenu des suppléments publicitaires… et ne doit pas l’être.
4. Un rappel au service commercial de l’interdiction de promettre aux annonceurs tel ou tel reportage journalistique. Accepterait-on que les
journalistes promettent à leurs interlocuteurs : « Si vous répondez à mes
questions, le commercial du JIR vous fera une réduction sur votre prochaine
annonce » ? Et qu’en cas d’insertion, le journaliste touche une commission sur
ce contrat ?
Fait à Saint-Denis, le 08 mai 2013