ANTONI GAUDI : LA CASA BATLLÓ, BARCELONE, 1904

Transcription

ANTONI GAUDI : LA CASA BATLLÓ, BARCELONE, 1904
ANTONI GAUDI : LA CASA BATLLÓ, BARCELONE, 1904-1906
Thématiques proposées :
- Rupture et continuité
- changement (matériaux, formes, thème) avec la tradition rectiligne des
tendances précédentes
- continuité : influences de Gaudi sur
Niki de Saint Phalle avec
Hundertwasser (avec ses courbes
son Jardin aux Tarots
et ses mosaïques)
INTRODUCTION / IDENTIFIER :
La Casa Batlló, ou « maison Battló » est un immeuble situé au 43 Paseo de Gracia à Barcelone en Espagne.
Elle est l’œuvre du célèbre architecte catalan Antoni Gaudi et illustre le « Modernismo », nom donné à
l’Art Nouveau en Espagne. Il s’agit de la rénovation totale d’un édifice, réalisée à la demande de
l’industriel Joseph Batlló entre 1904 et 1906.
SITUER / CONTEXTE HISTORIQUE
Contexte historique :
En 1902, Alphonse XIII restaure la monarchie après un régime parlementaire.
En 1888 l’exposition universelle espagnole cherche à promouvoir le pays en tant que puissance
industrielle et à renforcer son commerce extérieur. Barcelone est en plein essor industriel et économique.
Port le plus important du pourtour méditerranéen, possédant des hauts fourneaux, Barcelone est la
capitale industrielle de l’Etat espagnol. Elle connait alors un développement et un renouveau culturel et
artistique important. Les valeurs catalanes y sont défendues (le catalan) ainsi que la recherche d’une
autonomie régionale.
La population s’accroît. C’est dans ce contexte que naît le Passeig de Gracia, artère principale de la ville et
emplacement de choix de la bourgeoisie catalane.
Les personnalités les plus aisées de la bourgeoisie y construisent leurs demeures, dessinées par de
prestigieux architectes. L’industriel du textile Joseph Batlló, désirant se différencier, décide d’y faire une
maison spectaculaire. En 1904, il commande à Gaudí la rénovation totale de sa maison qui sera achevée
en 1906. Gaudí a intégralement transformé l’immeuble avec des techniques innovantes et une totale
liberté créative, donnant naissance à un édifice singulier et extraordinaire. Depuis 2005 la Casa Batlló
figure sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Contexte artistique :
Gaudi est un des représentants les plus connus du Modernisme. Ce mouvement culturel (fin XIXèmedébut XXème) est l’équivalent de l’Art Nouveau en France. Soudain et bref il nait en réaction à
l’industrialisation massive et à ses formes géométriques et massives. Très puissant, il connaît un
développement international. Il touche de nombreux domaines artistiques : peinture, affiches, arts
décoratifs. Le modernisme catalan « revisite » les techniques traditionnelles de construction et de
décoration. Il utilise des matériaux anciens (brique, pierre, bois) et nouveaux (le fer, verre) et de
nouvelles techniques en céramique. Il s’inspire de la nature.
Les modernistes croient à l’imagination comme créateur de symboles.
Le modernisme s’inscrit dans une recherche ornementale et esthétique, inspirée de la nature qui
s’inscrit en réaction contre la banalité de l’industrialisation.
Ses formes sinueuses et irrégulières seront balayées par l’essor du fonctionnalisme en architecture.
En France : Hector
Guimard et ses fameuses
bouches de métro
En Autriche : Gustav Klimt,
Le Baiser
DECRIRE et ANALYSER
La maison avait été construite entre 1875 et 1877 par Emilio Salas Cortés, ancien professeur de Gaudí. Il
s’agissait alors d’un bâtiment sobre et classique composé d’une cave, d’un rez-de-chaussée, de 4 étages et
d’un jardin. M. Battló qui l’acquiert en 1904 occupera l’étage principal (le premier) et donnera en location
les autres appartements (au nombre de 8) de cet immeuble comme il est d’usage à cette époque à
Barcelone.
La Casa Batllὀ fut pensée par Gaudi comme un organisme vivant (liens naturels entre extérieur, intérieur
et mobilier). Il remodela entièrement les espaces intérieurs et extérieurs, ajouta des étages, développa
l’éclairage et la ventilation naturelle. La maison s’organise autour d’un patio.
L’œuvre de Gaudí est originale et en rupture avec le passé. Il rejette les angles droits, la symétrie, la
régularité des formes, la couleur uniforme. Ici, sa source d’inspiration est la nature. Les formes
ondulantes, les couleurs variées, l’asymétrie, rien ne ressemble à ce que l’on a l’habitude de voir à
l’époque.
- La façade : L’architecte a fait refaire les murs pour qu’ils adoptent une forme ondulée. Il les a
recouverts de mortier de chaux puis de trencadis, de verre de couleur et de disques de céramiques aux
couleurs changeantes.
La façade donne l’impression d’onduler ; Gaudi se serait inspiré du monde aquatique. Les bleus (et verts)
ont des intensités différentes et rappellent les fonds marins. Les tons ocre rappellent ceux des roches et
du corail naturel.
Trencadis (en
catalan : cassures, éclats) est un terme décrivant un
type de
mosaïque, créée
à
partir
d'éclats
de
céramique,
typique
de
l'architecture
moderniste
catalane.
A Barcelone on l’appelle « la casa dels badalls », « la maison des bâillements » à cause de ses fenêtres
ovales semblables à d’énormes bouches ouvertes.
Ou encore la Casa de los huesos (maison des os) car les détails de la façade évoquent un squelette : les
balcons ressemblent à des fragments de crâne, les colonnes de la tribune du premier étage à des os
humains.
La façade pourrait raconter une histoire : l’allégorie de Saint Georges (San Jordi) tuant le dragon,
symbole récurrent dans l’œuvre de Gaudi et emblème de la Catalogne depuis le Moyen Age. La ligne des
tuiles fait penser à l’échine d’un grand reptile, la croix qui couronne le toit fait penser à une lance, les os
seraient ceux des victimes.
- Le toit fait penser au dos arqué d'un dragon et les tuiles en céramique qui le recouvrent à ses écailles (à
l'intérieur d'ailleurs il y a un escalier en bois qui rappelle étrangement une colonne vertébrale, qui
pourrait appartenir au supposé dragon). Une petite ouverture triangulaire fait office d'œil. L'immeuble est
surmonté d'une tour avec la croix de quatre bras typique de Gaudí, très croyant.
- Les balcons ressemblent à des masques de fêtes (ou des maques vénitiens) au milieu de confettis
parsemés sur la façade. En haut, au milieu du grenier, un balcon plus petit en forme d'une fleur de
nénuphar rappelle les nymphéas de Monet. Les rambardes des balcons sont en fonte. Ces huit pièces —
sept identiques et une plus grande — sont peintes couleur ivoire et les espaces entre les balustres sont
fermés par des bandes d'acier torsadé. Pour les concevoir, Gaudí fabriqua un modèle grandeur nature
dans les ateliers de la Sagrada Familia avant de les faire fondre.
- Les immenses fenêtres de la grande tribune du premier étage qui avance sur le passage de Gracia, faite
pour voir et être vu, font penser à une chauve-souris déployant ses ailes. Dotées de vitraux multicolores
sertis de plomb, ces fenêtres montrent l’intérêt de Gaudi pour la présence de la lumière. Il la travaille tel
un architecte de cathédrales gothiques.
- L’intérieur :
L’escalier rappelle l’échine gigantesque d’un animal géant de forme ondulée. Des éléments organiques
font penser à des tissus cellulaires. Dans l’antichambre se trouve une cheminée en forme de champignon.
Sur le plafond du salon se forme un tourbillon en guise de lampe qui rappelle une tempête marine, se
répétant sur les murs ondulés.
Les poignées des fenêtres de cette salle semblent être des nageoires de poisson. Apparaissent à
nouveau de nombreuses cellules semblables à des tissus cellulaires.
Au plafond de la salle à manger, l’architecte a dessiné un élément en forme de gouttes d’eau.
Dans La cour centrale, Gaudi voulait obtenir une lumière homogène et des tons bleutés comme s’il
s’agissait du fond de la mer. Les paravents en verre des paliers donnent une sensation de mer en
mouvement accentuée par des rambardes en bois en légère ondulation.
Le grenier qui sert de zones de service (buanderie, débarras…) ressemble à une cage thoracique d’un
animal gigantesque.
Le toit terrasse : Tout l’univers de gaudi est suggéré et évoque les lois de la nature. Les tours de
ventilation et les sorties de cheminée s’apparentent à des formes végétales. Il les décore de fleurs et leur
donne une forme sinueuse telles les vagues marines ou des ondes. Leurs coiffes leur confèrent une forme
de champignons.
COMPARAISONS
La carrière de Gaudi est inséparable d’une ville : Barcelone et d’un homme : Eusibi Guëll, fils d’un des
principaux dirigeants de l’industrie et de l’économie catalane, le grand mécène de Gaudi qui réalisa pour
lui à Barcelone le Palais Güell en 1889 et le Parc Güell.
- Le parc Guell (1900-1914) L’entrée, dont le perron est dominé par un dragon fabuleux, conduit à une
grande salle dont le plafond est soutenu par 84 colonnes. Au-dessus se trouve une grande « terrasseesplanade » d’où l’on peut contempler la ville et la mer. Cette esplanade est délimitée par un prodigieux
banc-parapet qui serpente tout autour d’elle. Ce banc est entièrement recouvert de trencadis.
- La casa Mila (1906-1910) ou Pedrera : ici aussi la façade évoque les vagues et la mer. Gaudi rompt avec
l’architecture traditionnelle en n’utilisant pas une seule ligne droite. L’immeuble n’a pas de murs porteurs,
mais s’appuie sur des colonnes et des arches. L’utilisation de l’acier, permit à l’architecte de créer des
étages complètement irréguliers. Même la hauteur des colonnes et des plafonds diffère d’un étage à
l’autre.
- la Sagrada Família (1883-1926) Dans son œuvre maîtresse Gaudi a expérimenté la mise en pratique de
toutes ses recherches. Il a conçu son édifice comme si la structure était celle d'une forêt avec un ensemble
de colonnes arborescentes divisées en plusieurs branches, pour soutenir une structure de voûtes en cône
entrelacées. Il a incliné les colonnes, pour mieux supporter les pressions.
CONCLUSION
Œuvre majeure du grand architecte catalan Antoni Gaudi, la Casa Batlló illustre les recherches
ornementales et naturalistes de l’Art Nouveau ou Modernismo espagnol. Elle est aussi une œuvre très
originale, conçue comme un organisme vivant, de la structure au mobilier, pleine de fantaisies et de
symboles. Gaudi y rejette la symétrie et la ligne droite, il fait onduler sa façade polychrome à la lumière
comme un grand animal et mêle l’utilisation des matériaux et des techniques catalanes traditionnelles
comme les trencadis à des recherches novatrices sur la lumière et la ventilation des espaces à vivre.
SOURCES
http://www.college-dumenieu.fr/docs/BRIACELI_HDA_Gaudi.pdf
Cité scolaire marie Curie, Versailles ( http://blog.acversailles.fr/citescolairemariecuriesceaux/index.php/post/18/02/2013/Un-expos%C3%A9-qui-a-eu-20/20-pour-lHistoire-des-Arts-l-ann%C3%A9e-derni%C3%A8re l)
http://pedagogie2.ac-reunion.fr/col-j.solesse/HDA%20Casa%20Batllo%20esp.pdf
http://lewebpedagogique.com/histoiredesartscamus/casa-batllo-antoni-gaudi-1406/

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