Variation socio-Phonétique à Porto Rico et ses effects socio

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Variation socio-Phonétique à Porto Rico et ses effects socio
Etudes de syntaxe : français parlé, français hors de France, créoles
Actes du colloque franco-allemand, Paris X, le 19 octobre 2007
Variation socio-Phonétique à Porto Rico et ses effects sociolinguistiques
Carolin Graml
Université Paris X – Université de Munich
I. /r/ et /r¯ / à Porto Rico
Une variation linguistique, qu’elle soit au niveau syntaxique, lexical ou phonologique, n’est jamais à
abstraire de sa fonction dans la communauté linguistique respective. Mon voyage de recherche à
Porto Rico m’a rappelée de manière assez claire dans quelle mesure la perception d’un phénomène
linguistique par les locuteurs eux-mêmes peut avoir un impact sur le positionnement des locuteurs
d’une communauté. Dans le cadre de ce travail, je propose de m’intéresser à la variation sociophonétique en Espagnol à Porto Rico qui révèle des enjeux mesurable au niveau individuel et
communautaire. L’un des traits les plus distinctifs est la prononciation des /r/s. On remarque très
facilement qu’un même locuteur démontre au moins trois réalisations différentes du son /r/. C’est aussi
lié au fait qu’en espagnol de façon générale il y a déjà deux phonèmes pour la lettre <r>, une vibrante
simple /r/ (p.ex. dans le mot caro) et une vibrante multiple /r¯ / (comme dans carro). En espagnol
standard ces deux phonèmes sont réalisés de manière apico-alvéolaire et ne se distinguent que par la
durée ou force de leur vibration. Pendant que la vibrante simple ne consiste normalement qu’en une
seule occlusion, la vibrante multiple est prononcée avec plusieurs occlusions (voir: Vaquero & Quilis
1989, 123ff.).Chez le locuteur portoricain, on retrouve une réalisation apicale (c'est-à-dire standard) du
phonème /r/ simple. Mais dans quelques contextes, ce phonème est réalisé d’une autre manière,
phénomène qui est assez répandu dans plusieurs dialectes hispanophones, et qui, surtout aux
Caraïbes, se retrouve fréquemment. Il s’agit de la latéralisation des /r/ simples en finale de syllabe.
Dans les exemples dolor et árbol le /r/ est souvent prononcé [l] , de même dans les mots mar et balar.
La règle en est que tous les /r/ en position finale de syllabe peuvent être concernés (voir entre autres :
López Morales 1983 et Prosper-Sánchez 1995). On relève cependant un autre phénomène qui, au
niveau auditif, est encore plus ostensible. C’est la prononciation du <r> comme dans les mots:
reverdece, enterrado, roca et acorralado. On connaît le /r/ espagnol comme vibrante alvéolaire, mais
le son que le locuteur portoricain réalise dans les mots précités ne paraît être ni vibrant, ni alvéolaire.
Il ressemble plutôt au /r/ français, une fricative vélaire ou même uvulaire. Seul le phonème du /r¯ /
multiple est concerné par cette variation. Ce phonème peut apparaître en position initiale de mot
(comme dans reverdece), en position intervocalique (enterrado) et en position médiale après les
consonnes « l », « s » et « n ». Cette prononciation vélaire du phonème /r¯ /multiple, n’a été relevée
1
que dans très peu de pays de l’espace hispanophone. Le seul endroit, où il se trouve comme « hábito
lingüístico de carácter colectivo” (Navarro Tomás 1948, 94) est Porto Rico, une île des Caraïbes de
même pas 9.000km² et d’à peu près 4 millions d’habitants. Politiquement Porto Rico est considéré
comme un État Libre Associé aux États-Unis. Bien qu’il s’agisse d’un Etat économiquement
dépendant, on trouve à la tête de Porto Rico un gouverneur sans pour autant que les habitants aient
le droit de voter pour l’élection présidentielle. Seuls 10% des habitants se considèrent comme Étatsuniens, le reste se considère descendant des espagnols ou des esclaves noirs. Pour plus de 93%,
l’espagnol est la langue maternelle, l’anglais seulement pour 7 % (voir Wikipedia, URL dans la
bibliographie). Selon le niveau social des locuteurs, une grande partie de la population a une maîtrise
déficiente de la langue anglaise, à l’exception de ceux qui ont vécu aux États-Unis pendant un certain
temps ou qui ont eu la possibilité de fréquenter une école bilingue (Valentín-Márquez 2007, 112).
II. Recherches sur la vélarisation du /r¯ / à Porto Rico
Revenons donc au phénomène de la vélarisation du /r¯ / multiple à Porto Rico. Il a été constaté pour la
première fois au début du vingtième siècle. C’était par Navarro Tomás qui en 1948 a publié son
« Atlas linguistique du Porto Rico », dans lequel il a aussi donné une description du phénomène et de
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Il y a des chercheurs qui indiquent avoir découvert le / r¯ / vélaire dans l’espagnol de la République Dominicaine (voir p.ex.
Jiménez Sabater 1975), de Cuba (Navarro 1948, 94f.) de la Colombie (Flórez 1951, 235) et dans la variété espagnole de
Trinidad (Thompson 1957, 365), mais dans la plupart des cas les occurrences sporadiques du phénomène ne permettent pas
d’en dériver une règle en dehors de la variation individuelle dans ces pays.
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son extension géographique sur l’île. Depuis, son travail est resté le seul à englober l’occurrence du
phénomène sur toute l’île. Il n’y a pas de travail postérieur qui ait réalisé une analyse de la variation
diatopique, et il faut ajouter que les recherches dont les résultats publiés par M. Navarro Tomás en
1948, sont de l’année 1927. Les autres recherches postérieures qui se sont occupées de la variation
diastratique (p.ex. Maria Vaquero 1972, Robert Hammond 1986, Hilton Alers (1999), Gloria ProsperSanchez en 1999) et Valentin-Marquez (2007) se concentrent sur des régions restreintes comme
quelques villages ou régions de l’île, mais n’abordent plus une comparaison géographique globale.
Il y a eu aussi de vives discussions sur l’origine de la vélarisation du /rr/. Les participants en étaient
Navarro Tomás (1948, 1966) qui donnait comme explication provisoire l’influence des langues
indigènes, Joseph Matluck (1961) et William Megenney (1978) qui apportaient des arguments en
faveur de cette hypothèse, Beardsley (1975), qui par contre considérait comme plus probable une
origine du phénomène à cause de l’influence du français des immigrants corses, Lope Blanch (1962)
et Álvarez Nazario (1974) qui appuyaient une théorie mettant en avant une influence africaine.
D’autres chercheurs essaient de donner une explication purement intralinguistique au phénomène,
comme Malmberg (p.ex. 1964), de Granda (1966) et Clark Zlotchew (1974). C’est surtout Robert
Hammond (1987) qui s’est occupé du côté phonologique du /r¯ / vélaire, c'est-à-dire du rôle du
contexte phonétique pour la réalisation. Il a publié plusieurs travaux sur la même base de données
(entre 1980 et 1988). Le seul travail précisément phonétique à ma connaissance est celui de María
Vaquero et Antonio Quilis en 1989. Après les anciennes descriptions purement impressionnistes du
son vélaire, ils étaient les premiers à aborder une analyse spectrographique. Dans leur travail ils
distinguent 12 types de prononciation du /r¯ / multiple portoricain, dont 8 variantes alvéolaires et 4
vélaires. Dernièrement ce sont surtout des travaux sur l’attitude des locuteurs face au phénomène qui
sont devenus populaires et qui cherchent à expliquer la mauvaise réputation et la forte stigmatisation
du /r¯ / vélaire. Le premier travail sur cet aspect était celui de Humberto López Morales (1979) et les
autres, Emma Matta 1979 et Mirna Emmanuelli 2000 suivent sa tradition. Le problème est que pour
établir un état de recherche cohérent, il manque des travaux actuels sur le plan diatopique et
diastratique. Par ailleurs, la plupart des travaux se centrent sur certaines régions (dans la plupart des
cas à la capitale San Juan) et sur certains groupes sociaux (p.ex. les étudiants chez López Morales
1979). Ce manque de descriptions actuelles sur le phénomène a motivé mon propre voyage de
recherches à Porto Rico, réalisé d’avril à juin 2007, avec l’objectif de créer la base de données pour
une analyse cohérente des différents aspects socio-linguistiques du /r¯ / vélaire à Porto Rico. Des
enregistrements audio ont été effectués suivant l’hypothèse de la possible variation diatopique,
diaphasique et diastratique du phénomène. Sur le plan diastratique, ont été considérés les aspects
socio-économiques des locuteurs, leur niveau de scolarisation et leur âge. Les entrevues ont été
réalisées dans quatre régions différentes de l’île : la région de l’Est (les municipalités concernées en
étaient: Humacao, Luquillo, Naguabo, Río Grande, Yabucoa), la région métropolitaine avec et autour
de la capitale San Juan (Carolina, Condado, Cupey, Guaynabo, Río Piedras), une région centre/sud
(Adjuntas, Lares, Orocovis, Peñuelas, Ponce) et la région de l’Ouest (Aguadilla, Hormigueros,
Mayagüez, Moca, San Sebastián). Le corpus qui en résulte se constitue d’un total de 60 entrevues
d’une durée de 45 à 90 minutes d’enregistrement audio. Pour établir une différentiation diaphasique,
chaque entrevue se compose de plusieurs étapes, selon les critères du PFC (projet « Phonologie du
Français Contemporain »). L’âge des locuteurs est de 17 à 88 ans. L’analyse socio phonétique du
corpus, qui est l’objet principale de ma thèse de doctorat en cours, n’est pas encore terminée.
Néanmoins, on peut d’ores et déjà affirmer que le phénomène du /r¯ / vélarisé a pu être enregistré
dans chacune des quatre régions. Il est donc à supposer qu’il y aurait des différences de fréquence du
phénomène au niveau diastratique et diaphasique, ce qui reste à être analysé.
III. Premiers résultats d’une recherche socio-linguistique
Une partie importante de la recherche concerne la question de savoir comment le phénomène de la
vélarisation du /r¯ / est perçu par les locuteurs eux-mêmes, étant donné que l’on part du principe que
l’emploi d’une forme linguistique, ou disons la fréquence de son emploi, dépend toujours de son
acceptation sociale. Il a donc été réalisé un test de perception avec les locuteurs précédemment
interviewés. Les locuteurs répondaient à des questions sur leur estimation du marquage
géographique de la vélarisation du /r¯ /, leur estimation du marquage social et leur évaluation du
phénomène, c'est-à-dire pour savoir s’ils le stigmatisent eux-mêmes, s’ils le jugeaient être stigmatisé
etc. Pour tester la conscience du phénomène chez les locuteurs, ils devaient écouter une partie de
l’enregistrement audio d’un paysan portoricain, qui révélait toute sorte de caractéristiques linguistiques
régionales. Il prononçait surtout et de manière assez évidente le /r¯ / vélaire. Il a ensuite été demandé
aux participants de catégoriser le locuteur enregistré selon les différentes catégories sociales, comme
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l’âge, l’origine, le niveau socio-économique et de scolarisation, sa possible profession etc. Pour
chaque catégorisation ils étaient invités à indiquer le pourquoi des caractéristiques linguistiques
responsables de leur jugement respectif. Le résultat le plus intéressant est sûrement le fait que 75%
des interviewés ne se sont pas rendu compte du fait que le locuteur prononçait le /r/ vélaire. Pour
décrire sa manière de parler, la plupart se référait au vocabulaire qui démontrait des caractéristiques
rustiques ou qui trahissait sa faible culture etc. Ils détaillaient aussi des traits comme l’intonation
chantée et la manière amusante de raconter des histoires qui, selon eux, étaient typiques d’un bon
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« jíbaro » portoricain. Mais la plupart d’entre eux – une fois leur attention attirée sur la vélarisation –
avouait de ne pas l’avoir remarquée. En revanche, dans le questionnaire ils évaluaient la vélarisation
comme trait assez frappant, reconnaissable et fortement stigmatisé :
- 33% ont indiqué ne jamais voter pour un gouverneur s’il prononçait le /r¯ / vélaire.
- 70% trouvaient gênant d’être accompagnés d’une personne prononçant le /r¯ / vélaire dans
un restaurant de luxe.
- 57% pensent que la vélarisation du /r¯ / est un indice de provenance rurale.
- 32% jugent que la vélarisation du /r¯ / est un indice de manque de scolarisation.
- 68% veulent que le /r¯ / vélaire soit corrigé à l‘école.
Mais en rappelant les attitudes indiquées dans le questionnaire, il est surprenant de constater le
résultat du test de l’auto-conscience linguistique : grâce aux entrevues réalisées avant ce test, on
pouvait étudier le propre comportement linguistique des mêmes participants envers la vélarisation du
/r¯ /. Il était ainsi possible d’enregistrer leur emploi du /r¯ / vélaire quand ils n’en étaient pas encore
conscients. Bien qu’il ne soit pas observable dans le parler de tous les participants et qu’il y ait très
probablement des différences régionales et sociolinguistiques, les résultats du test d’auto-perception
du phénomène sont très intéressants : parmi ceux qui prononçaient le /r¯ / vélaire, il y en avait au
moins 25% qui n’en étaient pas conscients et qui, une fois interrogés directement, niaient même
d’utiliser ce son en le stigmatisant de manière très forte. Bien qu’il paraisse normal que quelques
phénomènes linguistiques soient considérés moins prestigieux dans une communauté linguistique
que d’autres, la stigmatisation du /r¯ / vélaire au Porto Rico s’est révélée avoir des conséquences
drastiques. Lors des entrevues je me suis rendue compte de l’existence de tout un mythe populaire
qui existe sur l’île sà propos de ce qu’on nomme « frenillo » (fr. « petit frein »), qui selon beaucoup
d’habitants du pays est censé être la cause de la prononciation particulière du /r¯ / (« erre arrastrada »,
trad. possible : « r traîné »). Selon les indications des informateurs, il s’agit d’un phénomène
anatomique, un frénulum linguae (l’attache au-dessous de la langue) raccourci, qui empêche les
locuteurs concernés de réaliser la vibration apicale nécessaire pour l’articulation d’un /r¯ / « normal ».
L’acceptation générale de cette croyance s’étend aussi sur les locuteurs concernés, c'est-à-dire que
ceux qui, à part de la variante vélaire, ne sont pas capables de réaliser un /r¯ / standard (apical), sont
convaincus d’être affectés d’un défaut anatomique. Selon mes observations, ces gens n’éprouvaient
pas d’anomalies physiques, sinon rien d’autre qu’une prononciation vélaire du /r¯ / récurrente, qui,
comme indice de variation dialectale, est assez répandue sur toute l’île. Vu que la stigmatisation de la
prononciation vélaire du /r¯ / décrite ci-dessus est très forte, il est d’autant plus compréhensible que les
locuteurs concernés du prétendu « frenillo » en souffrent d’une manière bouleversante. Les entrevues
révélaient toute une gamme de stratégies d’évitement du son que les personnes indiquaient avoir
développée pour échapper à la moquerie des autres. Ces stratégies vont du simple essai de parler
vite ou très bas pour que le « défaut » passe inaperçu, à l’omission de mots concernés et leur
substitution par d’autres mots synonymes sans /r¯ / (p.ex. promover au lieu de recomendar). Si la
cause de cette limitation articulatoire est généralement considérée comme étant un défaut
anatomique, il n’est guère surprenant, mais tout de même bouleversant, que plusieurs de mes
informateurs aient déjà fait l’essai de se faire opérer. Il y a effectivement une opération qui est
réalisée de manière assez fréquente à Porto Rico, qui vise à atténuer les problèmes d’articulation
chez ceux qui – à cause de leur origine de l’intérieur de l’île – n’ont jamais appris à réaliser le /r¯ /
apical. Il s’agit de la frénotomie ou bien frénectomie, une opération sous anesthésie locale, durant
laquelle le frénulum linguae est coupé. Évidemment cette opération est peu efficace dans le cas d’une
prononciation qui est issue d’une variation dialectale. Au début ce n’était qu’une supposition et je me
basais uniquement sur l’impression des gens qui m’avaient raconté leur opération peu efficace et
nombre d’autres qui prétendaient connaître quelqu’un qui souffrait de « frenillo » ou qui s’était fait
opérer. Mais finalement à l’aide de « Triple-S » (la caisse d’assurance-maladie la plus grande de Porto
Rico), le « Statistisches Bundesamt Deutschland » et le « Instituto de Información Sanitaria de
España » il était possible d’établir une comparaison entre la fréquence de telles frénotomies à Porto
Rico, en Allemangne et en Espagne dans les trois dernières années (2004, 2005, 2006). L’Espagne a
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Le mot jíbaro s’emploie pour la première fois au XVIII siècle pour désigner la population rurale et de niveau socioéconomique
inférieur, mais le mot s’emploie aussi comme synonyme de « campesino » (paysan, campagnard) (voir: Brau 1904, 181).
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été choisie en raison du fait qu’il s’agit d’un pays avec la même langue officielle que Porto Rico, sans
pour autant éprouver le phénomène de la vélarisation du /r¯ / en tant que variation régionale.
L’Allemagne en revanche représente un pays avec une autre langue officielle, mais dont la réalisation
standard du /r/ est dorsale, comme celle de Porto Rico. Le résultat est le suivant. La frénotomie est
normalement une opération qui s’effectue chez des nourrissons qui à cause d’un frenulum linguae
raccourci ont des problèmes lors de l’allaitement ou bien chez des enfants qui à cause du même
défaut ont des problèmes d’acquisition de langage. Aussi est-ce chez des patients de moins d’onze
ans qu’on trouve le nombre de frénotomies le plus élevé dans les trois pays. Après l’âge d’onze ans,
en Allemagne et en Espagne ces opérations se rapprochent de zéro. A Porto Rico par contre, la
fréquence augmente de manière drastique avec une pointe significative dans le groupe d’âge de vingt
à trente-cinq ans. On peut faire plusieurs interprétations, mais constatons premièrement que dans ce
groupe d’âge la fréquence élevée des frénotomies à Porto Rico ne trouve plus d’explication au niveau
de l’indication médicale «normale » (problèmes d’allaitement chez nourrissons, problèmes
d’acquisition de langage chez les enfants). Une possible explication peut être la volonté accrue des
jeunes locuteurs d’apparaître comme illustrant une position sociale élevée (commencement des
études, souvent à San Juan ou le phénomène de la vélarisation n’est pas aussi fréquent ; entrée dans
d’autres cercles sociaux ; recherche d’emploi et positionnement sur le marché de travail etc.). Ceux
qui n’arrivent pas à changer leur prononciation selon les différentes situations et qui ne se contentent
pas de la possibilité d’éviter tous les mots qui contiennent /r¯ /, voient dans l’opération une possible
solution. Évidemment, une opération sans traitement orthophonique, n’est guère apte à éliminer une
prononciation effective sans alternative depuis l’enfance.
Mon travail à donc pour motivation d’informer les Portoricains sur le fait qu’une intervention
chirurgicale n’est pas une solution, ni au problème de la difficulté articulatoire du /r¯ / apical, ni au
problème de la stigmatisation de sa variante vélaire. Il est illusoire de croire qu’on puisse libérer
quelque communauté linguistique des connotations et stigmatisations qu’elle attribue elle-même à
différents traits linguistiques (au niveau de la prononciation, du lexique ou de la syntaxe). Par ailleurs,
il n’est pas raisonnable de penser qu’une caractéristique linguistique puisse entrainer l’altération de
l’intégrité physique d’un individu.
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