1 Les génies de l`eau Niveau olive 8e année L`eau est essentielle à

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1 Les génies de l`eau Niveau olive 8e année L`eau est essentielle à
Les génies de l’eau
Niveau olive
8e année
L’eau est essentielle à la survie des hommes ainsi qu’à celle des plantes et des
animaux. Elle est donc considérée universellement comme la principale source de
vie. Mais bien souvent, soit par les sécheresses, les inondations ou autres
désastres qu’elle cause, l’eau peut aussi être dévastatrice et semer la mort et la
destruction. Elle est donc très souvent associée à l’idée de force et de pouvoir.
Comme les différents phénomènes reliés à l’eau sont imprévisibles et ont
longtemps paru incompréhensibles à l’homme, celui-ci a cherché à leur trouver
une explication dans le monde surnaturel.
En Afrique, comme un peu partout sur la planète, l’eau est donc souvent perçue
comme une matière vivante et habitée par des génies, des dieux, ou d’autres
types d’êtres surnaturels. On attribue souvent à ces personnages mythiques les
différents phénomènes naturels reliés à l’eau. Ainsi, dans la région des Grands
Lacs, en Afrique, on vénère Wamara, le dieu de la pluie; au Mozambique, c’est le
dieu Tilo qui règne sur le ciel et déclenche les orages, tandis que pour les
Yoruba, les phénomènes atmosphériques sont les résultats des caprices du dieu
Sango. De plus, dans plusieurs endroits, on croit que les cours d’eau sont aussi
contrôlés par des êtres surnaturels. Ainsi, chez les Égyptiens, plusieurs dieux et
déesses sont associés au Nil, chacun d’entre eux ayant un rôle différent. Le dieu
Hâpi, par exemple, a la responsabilité de régir la montée des eaux et sa durée.
On lui attribue l’inondation qui, chaque année, vient déposer sur les berges un
limon qui fertilise les sols et assure de bonnes récoltes. Les gens viennent
fréquemment lui faire des offrandes en espérant s’attirer ses bonnes faveurs.
Au fil du temps, plusieurs mythes, contes et légendes sont donc nés autour de
l’eau et des entités qui l’habitent. Certaines sont au coeur même de la culture
des peuples. Chez les Dogons, par exemple, l’eau est considérée comme un
monde à part et on croit que c’est dans l’eau que vivent les êtres les plus
extraordinaires et les plus puissants. Les personnages centraux de la mythologie
dogon sont donc des esprits aquatiques appelés nommos. Les nommos habitent
habituellement les mares, les puits, les marigots et tous les cours d’eau. Mais en
saison sèche, ils se réfugient dans les creux des baobabs, qui retiennent l’eau, où
ils se transforment parfois en python.
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Ce sont les nommos qui régulent les pluies et qui apportent l’eau à l’homme.
D’après les croyances populaires, chaque puits, chaque point d’eau serait habité
par un nommo. Si le nommo est heureux, le point d’eau ne tarit pas, mais si le
nommo est malheureux et quitte le point d’eau, ce dernier s’assèchera
rapidement. Les Dogons leur font donc des offrandes et des prières pour
s’assurer que les nommos soient heureux, restent dans les points d’eau et ne les
laissent pas tarir. De plus, les nommos voyagent et se visitent, comme des êtres
humains. Ils se déplacent d’un point à l’autre en glissant sur les arcs-en-ciel.
Lorsqu’un nommo est parti pendant trop longtemps d’un endroit et qu’il y a des
problèmes de sécheresse, les Dogons ont des rites particuliers pour le faire
revenir et lui demander de faire tomber la pluie. Comme le peuple dogon vit
dans une région très aride, les nommos et les cultes qui leur sont associés sont
très présents dans la culture traditionnelle de ce peuple. D’autres peuples de la
région vénèrent aussi des esprits semblables, comme le Lommo chez les
Nongom, et le Domfé, chez les Tellem.
Chez les Soninké, il existe aussi un esprit de l’eau qui est au cœur d’une légende
expliquant pourquoi l’empire Wagadou (Ghana), autrefois prospère, est
maintenant en proie à la pauvreté et à la sécheresse. Cet esprit, appelé Bida, est
un serpent à sept têtes qui vivait au fond d’un puits dont il était le gardien. C’est
lui qui assurait la prospérité au pays en faisant pleuvoir de l’eau et de l’or sur la
région. Pour garder Bida heureux et s’assurer qu’il accorde au peuple de bonnes
saisons des pluies et des récoltes prospères, une fois tous les sept ans, le peuple
soninké lui donnait en offrande la plus belle de toutes les jeunes filles de la
région. Si le serpent acceptait la jeune fille qui lui était offerte, le peuple
connaissait sept années d’abondance. Mais, s’il ne la trouvait pas à son goût et
qu’il la refusait, il pouvait faire sombrer le pays tout entier dans la sécheresse et
la pauvreté.
D’après la légende, on dit qu’une année, la jeune fille qui avait été choisie pour
être sacrifiée à Bida était déjà promise à un garçon qui était éperdument
amoureux d’elle. Lorsqu’il apprit la nouvelle, le garçon était furieux et jura que
Bida n’emporterait pas sa belle. Quand vint la nuit du sacrifice, on emmena la
jeune fille, vêtue de ses plus beaux vêtements et parée de magnifiques bijoux,
devant le puits sur le dos d’un chameau blanc. Après la fête et les cérémonies
entourant le sacrifice, on laissa la jeune fille seule pour que le serpent vienne la
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chercher. Or, le jeune fiancé s’était caché tout près de là, et lorsque le serpent
sortit sa tête du puits pour voir la jeune fille, le jeune homme la lui trancha d’un
coup sec. Puis, lorsque Bida sortit sa deuxième tête, le jeune homme la trancha
aussi rapidement, et ainsi de suite jusqu’à ce que les sept têtes du serpent gisent
au pied du puits et que le serpent soit mort.
Après cet événement, le jeune homme dut quitter le pays en compagnie de sa
fiancée, car il avait entraîné sur son peuple la malédiction du serpent. Et depuis
ce temps, la sécheresse et la pauvreté ont envahi le pays, et le peuple soninké a
dû se disperser dans toute l’Afrique pour retrouver la prospérité qu’il avait
connue autrefois.
Tous ces personnages surnaturels et ces légendes liées à l’eau laissent bien voir
l’importance capitale qu’a l’eau pour tous les peuples, surtout pour ceux habitant
des régions où le climat est aride.
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