Petit traité d`enculogie.p65

Transcription

Petit traité d`enculogie.p65
Michel de Tiarelov
Petit TRAITÉ
d’ENCULOGIE
Interdit aux moins de 16 ans
2009
Avertissement
Qu’est-ce que l’enculogie ? Âmes sensibles et vertueuses, s’abstenir : l’apparence grossière de ce néologisme risque fort de se confirmer au cours d’un examen
plus approfondi. Cependant, cet examen s’abstiendra de présenter un aspect clinique
en privilégiant une approche plus culturelle. En conséquence, ne pas s’attendre à des
accès de voyeurisme mal placé de la part de l’enculogue, ce dernier s’attachant
davantage au suffixe de sa dénomination qu’au préfixe. Le logos lui étant prioritaire,
cette dénomination culturelle n’est donc pas surfaite, pourvu que l’on ne s’attache pas
cette fois au préfixe de cet adjectif...
Qu’est-ce que l’enculogue ? Ce sera naturellement celui qui va élaborer une
sorte de thèse en enculogie : sa tâche sera d’en définir quelques contours afin d’aider
son lecteur à identifier au plus près -autour de lui, voire en lui- quelque sujet de cette
étude. À cet égard, d’emblée il convient de dissiper ce malentendu communément
admis faisant de l’enculé une appellation injurieuse. En réalité -et dans cette
acception courante et stigmatisante qui lui est donnée- l’enculé n’est pas le véritable
enculé : c’est un enculeur. Étrange bizarrerie de la langue française qui fait d’un actif
un passif. Le véritable enculé, lui, est bien celui qui subit l’action de l’enculeur : par
définition, il est pris par derrière, donc à son insu. En conséquence, on ne saurait
trouver meilleur enculogue qu’un enculé, puisque c’est bien celui-là qui sera le mieux
fondé à associer la théorie à la pratique : il lui suffit en quelque sorte de se retourner
afin d’avoir sous la main un sujet extérieur de choix pour son étude. L’enculeur, lui,
ferait un piètre enculogue : difficile d’être juge et partie. Cette mise au point permet
d’ailleurs de constater qu’en lui-même, le vocabulaire permet déjà de fournir un
précieux terrain de chasse à l’enculogue (voir le petit lexique à la page suivante...).
L’objet de l’enculogie est en effet moins de se satisfaire du sujet de son étude en
le développant à l’infini que de le chasser partout où il se tapit : l’idéal de l’enculogue
est paradoxalement de travailler à perdre sa raison d’être... en acculant son sujet à
perdre la sienne.
© MdT, juin 2009
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Petit lexique à l'usage de l'enculeur :
(décryptage en rouge, à l'usage de l'enculogue)
Aide (nuisance) : "l'aide" à l'enculé s'effectuant par derrière, ce dernier n'en est
informé qu'après consommation de l'acte. Il va sans dire qu'il ne l'a pas sollicitée.
Amour (inquiétude pour la "santé") : les précieux apports de la psychologie moderne
fournissent le gros des troupes de grands "amoureux", empressés de "guérir" tout
autour d'eux au moyen de leur "aide".
Attention (indifférence) : l'attention que porte l'enculeur à l'enculé est remarquable,
contrastant singulièrement avec l'indifférence de ce dernier.
Bien (mal) : la projection éteinte, le décryptage coule de source.(Par définition,
l'enculé "aidé" n'a pas exactement le même ressenti que l'enculeur...)
Bourreau (bouc émissaire) : voir "Bien" et "Violence".
Communion (incommunicabilité) : elle est pleine et entière entre enculeurs, mais
souffre d'une légère distorsion entre enculeur et enculé.
Conscience (inconscience) : l'enculé voit la sienne "altérée", d'où la nécessité pour
lui de se faire "aider" par l'enculeur, "conscient" pour deux.
Culpabilité (peur) : à proportion de son passif d'"aides" effectives, l'enculeur aime à
se rassurer au moyen des précieux apports de la psychologie moderne.
Douceur (mollesse) : l'enculeur n'est dur que par derrière ; alors que l'enculé, lui,
est dur par devant à proportion de ses résistances. À noter que les enculeurs sont
doux entre eux.(Voir "Communion")
Gentil (méchant) : Voir "Bien".
Hospitalisation (incarcération) : "aide" extérieure demandée par l'enculeur. Voir
également "Amour".
Inquiétude (indifférence) : voir "Culpabilité".
Maladie (santé) : sujet de prédilection de l'enculeur, ce dernier se rendrait malade à
vouloir faire recouvrer sa santé à l'enculé.
Mariage (séparation) : voir "Violence".
Protection (peur) : voir "Culpabilité" et "Violence".
Prudence (pusillanimité) : ce sont les précieux apports de la psychologie moderne
qui ont mis à jour les principes fondamentaux de "l'aide" à l'enculé. Ainsi, opérer par
devant serait "imprudent".
Raison (émotion) : ce vocable est en usage chez l'enculeur uniquement pour signifier
qu'il "a raison", étant en communion (voir ce mot) avec d'autres enculeurs. Il n'a donc
pas besoin de la développer, sachant que l'enculé n'a pas raison.
Respect (mépris) : l'enculé refusant "l'aide" est mis en respect.
Responsabilité (irresponsabilité) : l'enculé consentant est seul "responsable". Non
consentant, il est "irresponsable" : en ce cas, seul l'enculeur répond de lui, pour lui.
Souffrance (différence) : l'enculeur va bien, merci pour lui ; ce qui lui permet précisément de se différer de l'enculé.
Vérité (mensonge) : voir "Bien".
Victime (bourreau) : voir "Bien" et "Violence".
Violence (défense) : pour l'enculeur, rien de plus désagréable que l'enculé refusant
son "aide" ; les précieux apports de la psychologie moderne viennent heureusement
à son secours, le purifiant en "violenté" et stigmatisant cet enculé en "violent".
En annexe, quelques locutions hors d'usage chez l'enculeur :
(parfois trop précises pour exercer sur eux une projection crédible...)
Différence, honnêteté, humilité, hypocrisie, joie, lucidité, mal, paix, pardon,
psychodépendance, regret, remise en question...
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Sachant qu'il existe des établissements peu regardants à accueillir des
innocents que des coupables leur demandent d'enfermer, ceci fournit une belle entrée
en matière pour le candidat enculogue.
L'enculé qui a subi l'expérience de ce type d'accueil rechigne habituellement à
en faire état, sachant pertinemment que ces établissements jouissent d'une image
peu flatteuse, cette image rejaillissant fatalement sur sa personne : enculé depuis
l'extérieur, il risque encore d'en être poursuivi à l'extérieur. C'est ainsi que peut
perdurer à l'infini -et en toute impunité- l'usage d'un tel lieu au seul profit des enculeurs,
trouvant là le seul endroit au monde qui puisse masquer cette peu enviable "qualité"
d'enculeurs.
Le seul énoncé "d'hôpital psychiatrique" suffit à lui seul pour effaroucher dans
les chaumières : on ne va pas spontanément en visiter un comme on se promènerait
dans un musée... et de l'intérieur, on ne se bousculera pas non plus pour faire visiter.
Peur de traumatiser... ou peur de montrer que les "fous" ne sont pas nécessairement
là où on les imagine ? Le langage courant en est d'ailleurs à gommer consciencieusement l'adjectif pour ne garder que l'appellation générique "d'hôpital". Ce qu'il est
encore, dans le cas d'hospitalisations dites libres, ces dernières constituant heureusement la majorité des entrées. Ce ne sont naturellement pas celles-ci qui intéressent
les enculeurs. Ce qui les intéresse, c'est que l'on garde au chaud leur enculé suffisamment longtemps pour que la fameuse image peu flatteuse l'imprègne assez pour nuire
à sa crédibilité. Peut-on encore faire confiance à quelqu'un que la "médecine" a cru
bon de garder en son sein aussi longtemps que s'il avait subi une lourde intervention
chirurgicale ? Est-il réellement "guéri" ? N'aurait-il pas conservé quelques séquelles
cachées... mais pas assez pour influer négativement sur son jugement ? L'ignorance
extérieure de l'univers psychiatrique aidant, la folle du logis se taille la part du lion.
Ces questionnements peuvent cependant détenir quelque légitimité quand le patient
intègre totalement le système : c'est-à-dire lorsqu'il se soumet aux traitements
chimiques qui lui sont prescrits. Durant plusieurs semaines, il est difficile de souscrire
à la pleine neutralité d'un régime quotidien de neuroleptiques et autres antidépresseurs, même si on essaie de les doser en fonction de ce que l'on perçoit du "patient" :
quand il existe, le "diagnostic" reste postérieur au traitement. Faute du recul nécessaire face à un nouvel arrivant que nul ne connaît, la prévention prime sur le "soin"
réel : celle-ci est sans doute plus prégnante sur un "patient" arrivant sous contrainte,
instinctivement perçu comme plus "dangereux" qu'un autre. Mais son corps n'étant
pas interchangeable, lui perçoit que, prévention ou pas, ingurgiter quelque antidépresseur lorsqu'on n'est pas dépressif est un peu déprimant. Quant au neuroleptique,
le seul qu'il aura avalé -accidentellement- au cours de son séjour aura été suffisant
pour le convaincre du bien-fondé de ses fréquentations assidues de lavabos dont les
siphons ont accueilli quelques jours ce qu'il conservait jusqu'alors sous le palais.
L'enculé se serait-il fait enculeur ? Telle n'était pas la préoccupation première
du corps médical, assez honnête pour admettre que sans réel traitement administré
une semaine durant, leur "dangereux" n'avait encore dévoré personne. Par ailleurs,
fort de cette expérience à chaud de non-traitement, et sachant encore développer
deux ou trois arguments cohérents en dépit d'une "pathologie" de moins en moins
aisée à établir, le même a obtenu gain de cause pour un abandon total de ce type de
"soins".
En conséquence il n'y aura pas de séquelles, cachées ou non. Mieux encore :
eu égard à la pression particulière régnant dans cet endroit, le risque zéro y est de
mise, le chef d'établissement répondant personnellement de tout incident comportemental causé par un patient. C'est dire qu'au moindre doute "pathologique", le traitement est administré... par voie intraveineuse en cas de résistance trop explicite. Ce
doute n'existant pas, le "patient" est donc tacitement considéré comme "guéri". (De
quoi ? Nul ne le sait !) "L'hospitalisation" se poursuivant néanmoins, son statut n'est
plus le même : il devient bel et bien celui d'un enculé. Les enculeurs, eux, sont à
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l'extérieur, peu enthousiastes à entendre les avis médicaux qui leur reviennent de loin
en loin : n'est-ce pas étrange de la part de gens qui s'inquiétaient tant de la "santé"
d'un autre ? Prétexte à temporisation, la question du relogement de cet autre a été
rapidement réglée quand il le fallait. Mais ne fallait-il pas d'abord que sa longue
absence aie été suffisamment remarquée pour que coure la rumeur dévastatrice ?
« Voyons : on ne reste pas si longtemps en un tel endroit s'il n'y a pas une bonne
raison ! » Eh bien non : il n'y avait que la "bonne raison" des enculeurs. C'est
pourquoi l'enculé qui a subi l'expérience de ce type d'accueil ne rechigne pas cette fois
à en faire état. Du reste, ce lui est d'autant plus nécessaire que cette rumeur a encore
de beaux restes palpables, le confinant malgré lui à une vocation quasi-monacale à
laquelle il ne se sent guère appelé : durant son absence, les enculeurs ont accompli un
bel ouvrage de désinformation... et durant cette même absence, il a quotidiennement
fréquenté trop d'autres enculés pour ne pas mettre un point d'honneur à dénoncer
haut et fort le rôle de déchetterie sociale qui est encore aujourd'hui celui des
"hôpitaux psychiatriques", perdant aussi leur adjectif parce qu'on leur demande
abusivement d'accueillir des "patients" qui ne relèvent en rien de leurs compétences.
Il suffit d'arriver la larme à l'œil, de s'inquiéter de leur "santé"... et de repartir en
courant après les avoir abandonnés en ce lieu d'oisiveté : il y a tant à faire dans le
monde extérieur, celui de la vraie vie...
Aujourd'hui les enculeurs de tous bords n'ont jamais eu aussi peur de leur
enculé : cette peur est quasiment physique chez les plus proches. Mais elle ne relève
plus des fantasmes longuement déversés de "dangerosité psychiatrique" : la crédibilité de ces affabulations calomniatrices a été définitivement anéantie par leur propre
piège ! Par rebondissement, celle de récents méfaits pseudo-judiciaires ne vaut pas
plus cher que le papier sur lesquels ils ont été publiés, timbrés et "certifiés" : en
témoignent par contraste les plus proches des plus proches, qui s'y accrochent désespérément pour justifier l'injustifiable. Comme, par exemple, d'accueillir -en serrant
les dents- ponctuellement, pour un repas, le père de ses enfants dans sa propre
maison. Afin qu'il comprenne bien combien il n'est que le dernier des "étrangers" de
passage et qu'il n'est plus chez lui, on prendra soin de lui placer une serviette... de
papier. En somme, on en fait un bel enculé...
Osera-t-il, cet enculé ? Après l'avoir délibérément laissé croupir un mois chez
les "fous" afin d'entretenir cette rumeur si savamment répandue durant son absence,
rumeur qui le plombe encore, osera-t-il lui faire face seul ? On a développé des
trésors d'imagination pour le distraire et le concentrer sur sa nouvelle précarité -aussi
consciencieusement fabriquée que la rumeur- afin qu'il n'y voie que le sujet prioritaire
de sa lutte. Démuni parce que muni de tels soucis, osera-t-il encore, cet enculé ?
Osera-t-il prendre le risque supplémentaire de publier in extenso cette image peu
flatteuse d'ex-"fou" sur son insupportable blog ? Mais sans rien écrire, cette image est
déjà publiée ! La colonne des pages d'archives passe en effet directement d'avril en
juin : mai n'a vu passer "que" des visiteurs. Sans nouvelle publication, seize mille
sept-cent quarante-sept tout de même ! Merci de leur fidélité... et osons de leur part
demander pardon de faire si peur... aux enculeurs de tous bords, dont l'impunité se
fait chaque jour plus délicate. Ceux-là n'ont pas osé -ou pas encore- le dépouiller de
son dernier bien : son insupportable machine pourvue d'un clavier et d'une souris.
Depuis bien longtemps, elle avait en mémoire le contenant, avec cette couverture
titrée "petit traité d'enculogie". Faute de temps, il manquait le contenu : voilà qui est
fait ! Qui a dit que le temps perdu ne se rattrapait jamais ?
Osera-t-on ? Oui, osera-t-on pousser jusqu'à la maîtrise -voire le doctoratd'enculogie ? Ceci est sans doute une autre histoire : peut-être intéressera-t-elle
davantage quelques enculeurs repentis ? Après tout, ils ont une longueur d'avance en
matière d'expérience...
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