des solutions face à la sécheresse
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TECHNIQUES ET ALTERNATIVES MIEUX GÉRER L’EAU : DES SOLUTIONS FACE À LA SÉCHERESSE Usage de l’eau pour l’agriculture, sécheresse, pollution, partage de la ressource, autant de thèmes récurrents de l’actualité. Et pas seulement en été… Aujourd’hui, l’eau et surtout sa gestion font débat. En parallèle, des ressources alternatives se développent. L’EAU, RESSOURCE ABONDANTE MAIS INÉGALEMENT RÉPARTIE Après plusieurs étés secs, l’Europe a connu depuis 2003 de sévères mesures de restriction de l’usage de l’eau. La chasse au gaspillage est donc lancée un peu partout. Par exemple, en Grande-Bretagne, une campagne de publicité nationale enjoint la population à fermer le robinet pendant le brossage des dents ! Un pays comme la France reçoit en moyenne 440 milliards de m3 de précipitations annuelles, largement de quoi subvenir aux besoins de l’agriculture et des populations. Mais la moitié de l’écoulement total concerne moins du quart du territoire ! Lorsque les pluies sont insuffisantes, comme ce fut le cas ces derniers hivers, les nappes phréatiques ne se rechargent pas assez pour l’été, voire pour l’année suivante. Or 70 % de notre eau potable provient de ces eaux souterraines. Le véritable enjeu n’est donc pas tant la ressource en elle-même que sa gestion. Réussir à exploiter l’eau plus intelligemment, c’est donner une vraie marge de sécurité à l’alimentation en eau potable. Il faut donc, d’une part, préserver davantage la qualité des nappes phréatiques et rationaliser les cultures afin de ne pas les épuiser et, d’autre part, créer des ressources nouvelles : les techniques le permettent aujourd’hui. RECHARGER LES NAPPES ARTIFICIELLEMENT Une commune n’est pas condamnée à voir la baisse ou la diminution de la nappe phréatique qui l’alimente faute de pluies. À Dunkerque et à Croissy-sur-Seine, Lyonnaise des Eaux a mis en place un système de réalimentation de la nappe qui consiste à lui réinjecter de l’eau de surface préalablement traitée (provenant des cours 600 LITRES, C’EST LA QUANTITÉ d’eau potable qu’utilise chaque jour un Américain. Soit deux fois plus qu’un Français et 30 fois plus qu’un Africain ! Selon un sondage Sofres réalisé en mars 2006, 43 % des Français pensent que leur région ne manquera pas d’eau à long terme. Ils étaient 68 % en 1996. TECHNIQUES ET ALTERNATIVES MIEUX GÉRER L’EAU : Usine de production d’eau potable d’Aubergenville (Yvelines). EN 2005, 5,6 MILLIARDS DE M3 D’EAU ont été livrés aux clients par les filiales de SUEZ Environnement, à travers un réseau équivalent à plus de 4 fois la circonférence du globe terrestre. Aujourd’hui, le dessalement produit 1,4 % DE L’EAU POTABLE utilisée dans le monde. L’eau prélevée dans le milieu naturel dans le monde représente 3 769 km3/an dont seulement 10 % DEVIENNENT DE L’EAU POTABLE et sont distribués à la population. 69 % SONT UTILISÉS PAR L’AGRICULTURE ET 21 % PAR L’INDUSTRIE. Pose de capteurs sur le réseau d’eau potable de Dijon. d’eau notamment). Ainsi, le cycle naturel d’alimentation de la nappe phréatique via l’eau de pluie et l’eau des rivières (la Seine concernant Croissy-surSeine) est considérablement accéléré. À Dunkerque, de grosses pompes avalent chaque jour 25 000 m3 d’eau pour la réalimentation. Débarrassée des impuretés, elle est filtrée à l’ozone et au charbon avant d’être rejetée dans un grand bassin à ciel ouvert où elle va s’écouler dans Pompe d’épuisement à Croissy (Yvelines). la nappe phréatique comme dans un filtre à café ! Cette eau va subir également le processus naturel de filtration via le sol et devenir une ressource en eau de qualité. De plus, la nappe phréatique est maintenue à un niveau contrôlé. UTILISER L’EAU PUIS LA RÉUTILISER… Autre technique, la réutilisation des eaux usées ou « reuse ». Elle assure une ressource alternative à moindre coût tout en limitant les pénuries d’eau car aucune nouvelle ponction dans les ressources naturelles n’est effectuée. Les eaux issues de l’épuration sont utilisées dans l’industrie et l’agriculture (voir aussi « Sur le terrain »). Si aujourd’hui, seulement 2 % des eaux usées épurées sont réutilisées, on estime que dans les dix prochaines années, les capacités mondiales installées tripleront pour passer de 20 millions de m3/j en 2005 à 55 millions de m3/j en 2015, soit une croissance de 10 à 12 %. Au Mexique, la Ville de San Luis Potosi a ainsi décidé de se doter d’une usine de recyclage des eaux pour alimenter les agriculteurs et industriels de la région. L’usine de Tenorio, construite par Degrémont, va ainsi fournir 80 000 m3 par jour d’eau usée retraitée à l’industrie et l’agriculture, soulageant d’autant les prélèvements sur les ressources naturelles. La maturité des technologies de traitement de l’eau rend cette pratique parfaitement conforme aux normes sanitaires à un moindre coût. OPTIMISER LES RÉSEAUX, DÉTECTER LES FUITES Réduire les fuites sur les réseaux permet de rationaliser considérablement notre usage en eau. À Casablanca, grâce à une chasse aux fuites débutée en 1997, Lydec, filiale marocaine de SUEZ Environnement, est parvenue à économiser au total 20 à 25 millions de m3 d’eau, soit l’équivalent des besoins annuels d’une ville de 800 000 habitants ! Optimiser les réseaux fait désormais appel à des techniques de plus en plus pointues. À Dijon, Lyonnaise des Eaux a mis en place un nouveau dispositif de recherche de fuites : la prélocalisation permanente. Cette nouvelle méthode de recherche fait appel à des capteurs de détection acoustique équipés d’émetteurs et installés sur le réseau de distribution d’eau. Le bruit provoqué par la fuite est enregistré par les ZOOM COMMENT DESSALER LA MER Les deux principales techniques de dessalement 1 La distillation (ou dessalement thermique) L’eau de mer est chauffée sous forte pression dans des tuyaux. Libérée brutalement dans d’énormes chambres, elle explose sous forme de vapeur dont la condensation est dessalée. Château d’eau à Chantilly. capteurs et transmis en temps réel, par SMS, vers un logiciel adapté qui analyse les données. Les réseaux sont donc sur « écoute » permanente et les interventions se font en continu. Cette technologie préfigure les réseaux « intelligents » qui, demain, permettront de gérer tous les réseaux enterrés. Le réseau d’eau potable de la ville de Dijon est équipé, depuis juin 2006, de 165 capteurs de détection acoustique. C’est la première fois que ce système de recherche de fuites est mis en place à grande échelle. BOIRE L’EAU DE MER… On estime que dans le monde, sur les 70 villes de plus d’un million d’habitants qui n’ont pas d’accès direct à des ressources nouvelles en eau douce, 42 sont des villes côtières. D’où l’essor attendu du dessalement pour alimenter ces villes. De plus, son coût a diminué de moitié ces 10 dernières années grâce au développement de la technique de l’osmose inverse (voir « Zoom »), moins consommatrice en électricité que la méthode thermique « traditionnelle ». La première grande usine de dessalement par osmose inverse fut construite à partir de 1977 à Riyad, en Arabie Saoudite par Degrémont. Aujourd’hui, la filiale de SUEZ Environnement compte près de 260 références qui produisent plus de 1,45 million de m3 par jour, ce qui la situe parmi les trois premiers constructeurs mondiaux. Si le Moyen-Orient concentre le quart des capacités de dessalement installées dans le monde, des pays comme l’Espagne ou l’Algérie s’équipent rapidement. Longtemps « réservé » aux pays arides et souffrant de stress hydrique, le dessalement se développe de plus en plus dans des pays devant faire face à des sécheresses répétées. Le cas de l’Espagne est emblématique : deux tiers des habitants de l’archipel des Canaries consomment de l’eau de mer traitée en usine. La moitié de ceux qui résident aux Baléares (fréquentées chaque année par près de 10 millions de touristes) font de même… Degrémont a remporté, en juin 2006, le contrat de conception, construction puis d’exploitation pendant deux ans de la future usine de dessalement par osmose inverse de Barcelone. D’une capacité de 200 000 m3/jour, elle sera la plus grande usine de dessalement d’Europe. Membranes de dessalement. 2 L’osmose inverse L’eau de mer est fortement pressée contre une membrane en polyamide dont les micropores ne laissent passer que les molécules d’eau et rien d’autre. Un pré-traitement fiable de l’eau de mer ou des eaux saumâtres est requis afin de préserver les membranes d’osmose : l’eau transite ainsi par des filtres géants composés de sable et de pierres ponces ! D’autres traitements chimiques peuvent également intervenir. Nécessitant moins d’énergie que le dessalement par évaporation, les installations d’osmose inverses sont de plus en plus couplées à des installations thermiques, notamment dans les pays du Golfe. Par exemple, l’usine de Fujairah, la plus grande usine de dessalement au monde, bénéficie d’une productivité et d’une rentabilité maximales grâce à l’association des qualités du dessalement thermique et de l’osmose inverse : capacité de production importante d’un côté, et flexibilité de l’autre. Sous l’effet de la pression, l’eau brute traverse la membrane qui retient les sels. Les polluants et les sels sont évacués dans l’eau résiduelle, le concentrat. L’eau dessalée, le perméat, est dirigée vers le cœur du cylindre. SUR LE TERRAIN Réutiliser les eaux usées de la ville de Milan pour pallier aux besoins des agriculteurs de la région ? Une idée qui, forte de son succès, pourrait servir d’exemple… CINQ ANS DE SÉCHERESSE CONSÉCUTIFS Pour faire face à des périodes de sécheresse récurrentes et limiter les prélèvements d’eau dans un milieu naturel fragilisé, la ville de Milan a choisi de s’équiper d’une usine de réutilisation des eaux usées. C’est la plus importante d’Europe : chaque jour arrive dans ses bassins l’équivalent de la consommation d’un million d’habitants. En plein été, c’est une réserve essentielle pour les agriculteurs, surtout avec la sécheresse qui frappe depuis 5 ans l’Italie du Nord. LE RECOURS AUX ULTRAVIOLETS Construite par Degrémont, cette usine utilise non seulement les traitements mécaniques et biologiques classiques, mais aussi le traitement par ultraviolets, une étape supplémentaire indispensable pour assurer l’innocuité des eaux traitées et permettre leur réutilisation sur des cultures qui rentrent dans la chaîne alimentaire. Chaque seconde, 4 000 litres d’eau usée sont aspirés par la station. Ils ressortent une dizaine de bassins plus loin, l’eau est cristalline, sans odeur et surtout sans bactérie. Elle est alors prête à l’usage agricole. COMMENT UNE STATION D’ÉPURATION A SAUVÉ LE RISOTTO MILANAIS… La station de Milan-San Rocco épure les eaux résiduaires urbaines de 1 050 000 éq./habitants. En retrouvant une eau plus pure, plus propre, les agriculteurs ont donc pu recommencer à produire tous les aliments que la ville consomme. Quelques variétés de riz, dont celui du fameux risotto milanais, ont pu être réintroduites dans la région alors que leur culture était rendue impossible par la pollution organique de l’eau. Après un an d’exploitation et un été 2006 fortement marqué par la sécheresse, les résultats sont positifs. « Cet été, la totalité de l’eau traitée par l’usine a ainsi permis d’irriguer et de sauver plus de 22 000 hectares de cultures », estime Alessandro Capelli, président du consortium en charge de l’approvisionnement en eau des agriculteurs. Et en plus, la pêche en eau douce est de nouveau autorisée ! Mars 2007 L’usine est située sur un domaine agricole protégé au sud de Milan. Irrigation des cultures. S’INFORMER… Publications « Mémento technique de l’eau », Degrémont, Éditions Lavoisier, premier semestre 2005. « Enjeux des services de l’eau en France », Les Cahiers de l’eau, Direction des relations extérieures de Lyonnaise des Eaux, septembre 2004. DVD « Eau : des ressources alternatives. Dessalement, réutilisation des eaux usées », Collection Grands savoirs environnementaux. Disponible sur www.suez-environnement.com. www.ifen.fr Institut français de l’environnement (Ifen) www.cieau.com Centre d’information sur l’eau (C.I.eau) Sites Internet www.degremont.com Degrémont www.lyonnaise-des-eaux.fr Lyonnaise des Eaux Crédits photos : TRILOGI’C/Thierry Duvivier, Cyrille Dupont, Jean-Pierre Salomon, Pierre-François Moizan, X. La station d’épuration de Milan-San Rocco (Italie) 1, rue d’Astorg 75383 Paris Cedex 08 – France Tél. : 33 (0) 1 58 18 50 00 Fax : 33 (0) 1 58 18 50 50 www.suez-environnement.com