7-Moïse et Séphora, couple et service de Dieu
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7-Moïse et Séphora, couple et service de Dieu
1 « MONSIEUR » MOÏSE ET « MADAME » SEPHORA. Vie de couple et service de Dieu. 1. PRESENTATION. Il serait impossible de retracer ici toute la biographie de Moïse, surtout lorsque l'on considère toute la place qu'elle occupe dans la Bible. Nous nous limiterons à entrevoir les principaux enseignements que nous pourrions tirer des relations familiales entre Moïse et ses proches, à savoir ses parents, son épouse et sa belle-famille. Pour ce qui concerne l’approche à faire des autres relations familiales de Moïse, il est possible de se référer à la série « notre vie affective et Dieu » (réunion du mardi 2 juin 1998). En effet, quelle bénédiction spirituelle y aurait-il dans un couple qui ne commencerait pas par la pratique de ces choses ? C’est bel et bien ce que recommande l’enseignement de Paul, notamment dans Ephésiens 5 et 1 Timothée 3. Ce sont même de telles recommandations qui précèdent l’enseignement sur les armes de Dieu. Quand on a mis ces conseils en pratique, on peut envisager d’aller plus loin car il est écrit : Ephésiens 6/10 : Au reste (pour conclure), fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa force toute-puissante. Même si les temps sont différents, les causes de problèmes et de souffrances n'ont pas changé. Mais s’il n’y a que disputes et fâcheries, le diable a la porte ouverte pour introduire ses tourments ! Les solutions restent les mêmes, tant du point de vue des grands principes psychologiques et des lois qui régissent la vie conjugale que de ceux qui demeurent strictement de nature spirituelle. La raison première du mariage n’est pas le service, mais l’amour. Il faut admettre qu'ils sont inséparables. Précision importante. Lorsque nous parlons du couple et du service de Dieu, nous ne parlons pas d’abord d’engagement dans des activités. Bien sûr, cet aspect des choses est loin d’être à négliger, car c’est une grave anomalie que de voir des personnes régresser à ce sujet après le mariage ou la naissance des enfants, même s’il faut réorganiser sa vie suite à ces événements. Evoquer le texte ci-dessous pour prétexter que le mariage soit une cause de dispense de service n’est pas très crédible, car servir Dieu n’est pas aller à la guerre avec le risque de lasser pour veuve sa jeune épouse. Deutéronome 24:5 Lorsqu’un homme vient de prendre femme, il ne partira pas à l’armée, et on ne lui imposera aucune charge ; il sera exempté pour raison de famille pendant un an et il réjouira la femme qu’il a prise. On peut en retenir que le jeune marié doit prendre soin de sa jeune épouse et qu’il doit consolider les bases de son mariage naissant, mais il ne faut pas aller audelà de ces conseils de sagesse. Il y aurait aussi beaucoup à dire sur une autre déviation, celle qui consiste, au nom du service, à ne plus prendre en compte le fait d’être marié et d’avoir des enfants. Ceci ayant été précisé, le service de Dieu dans le couple commence par l’expression pratique de l’amour par le respect de l’autre, le maintien de l’entente, l’approche dans la paix des éventuelles désaccords, sans oublier la nécessité de se préoccuper des besoins de l’autre en le faisant passer avant soi-même. Cependant, il ne faut pas oublier non plus que le mariage ne doit pas devenir un prétexte pour démissionner de l’esprit de service. Luc 14/19 : Un autre dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; excuse-moi, je te prie. Un autre dit : Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne puis aller. 2. MOÏSE ET PARENTS. LE COUPLE FORME PAR SES 2.1. Nos parents constituent le premier couple que l’on voit vivre et servir Dieu avec ses choix et ses priorités. Moïse était le (Exode 6/20). fils de Amram et de Jokébed Il appartenait ainsi à la tribu de Lévi par la famille de Kéhath (6/18). Les réflexions qui vont suivre mettent en évidence le plein accord qui existait entre les parents de Moïse, surtout pour ce qui concerne les choix fondamentaux et les priorités à faire passer en premier dans la vie. Ainsi, ils démontrent que la première façon que n’importe quel couple a à sa disposition pour servir Dieu est de s’entendre sur les valeurs qu’il va défendre et ceci en relation avec celles de l’Evangile. Il s’agit de s’aimer en « regardant ensemble dans la même direction » parce que les personnes sont compatibles à tous les niveaux essentiels, spirituels, humains et culturels. Face à l’épreuve, leur couple a tenu car ils avaient l’un et l’autre les mêmes repères et les mêmes valeurs. Ces valeurs n’étaient ni l’amour de l’argent, de la gloire selon le monde, ni l’amour de la même musique, ni la mode ou d’autres chos es frivoles et passagères. Bordeaux, le dimanche 24 juillet 2005. Daniel Hébert. 2 Face à la souffrance, leur couple n’a ni explosé ni implosé car il était fondé sur les mêmes convictions spirituelles et éthiques. compatibilité spirituelle, humaine, mais aussi de culture et d’éducation. Les deux époux étaient unis et d’accord pour décider dans la même direction. Puis, Amram et Jokébed, surtout cette dernière, avaient aussi fait preuve de foi, car ils étaient équivalents l’un comme l’autre à ce niveau. 2.2. Il est venu au monde en Egypte en des temps particulièrement difficiles. Leur équivalence touchait à leur foi, leurs convictions profondes et fondamentales et leur choix éthiques. Actes 7/18 : C’est alors qu’un nouveau roi, qui n’avait pas connu Joseph, monta sur le trône d’Egypte. Il exploita notre peuple de manière perfide et opprima nos ancêtres, jusqu’à les obliger à abandonner leurs nouveau-nés pour qu’ils ne survivent pas. A cette époque, naquit Moïse, qui était beau devant Dieu. Il fut nourri trois mois dans la maison de son père. (Bible du Semeur et à la Colombe) D'abord, ils ont caché Moïse pendant trois mois, puis ils l'ont déposé au bord du Nil, le confiant ainsi à la grâce de Dieu plus qu'à la vigilance de sa sœur (Exode 2/1-4). Sa vie était menacée par l'édit du Pharaon qui imposait la mise à mort des enfants mâles naissant dans les familles des Hébreux. Moïse était évidemment trop jeune pour avoir été conscient de ces événements lorsqu'ils se sont déroulés en leur temps. Cependant, le récit qu'il en a fait ensuite en écrivant le livre de l'Exode montre que cette ignorance a été dissipée plus tard. 2.3. Il a eu des parents responsables à plus d’un titre. Des parents responsables sont des époux qui sont d’accord pour chercher d’abord l’intérêt de l’enfant. Si des divergences existent entre le mari et la femme, ces conflits ne doivent pas se régler au détriment de l’enfant. Il n’est ni un jouet ni un moyen de pression ou de chantage. Leur nom est enseignement. porteur d’un message et d’un Amram a comme sens possible « inexpérience » et Jokébed signifie « l’Eternel est gloire ». Quand on n’a pas l’expérience des choses, on s’appuie sur la sagesse divine et on est motivé par le désir de glorifier Dieu et par celui de le voir se glorifier par notre existence. Ils l’ont nourri, chose on ne peut plus normale, et ils ont respecté sa vie. Les parents de Moïse n’ont pas servi Dieu par une vocation semblable à celle que leur fils recevra, mais ils l’ont servi en observant ses principes fondamentaux de foi et d’éthique. Le couple qui sert Dieu commence d’abord par le faire de cette manière avant de parler de quelqu’activité ou de quelque ministère que ce soient dans l’Eglise. Avant d’aller évangéliser les autres, il faut d’abord s’investir dans le salut de ses propres enfants en leur donnant l’exemple de la foi vécue au quotidien, sans oublier sa dimension d’engagement dans la communauté chrétienne à laquelle on appartient. Une autre manière de le dire serait de recommander au couple parental d’attacher ses enfants à Dieu, à sa Parole et à l’obéissance à celle-ci ainsi qu’à l’Eglise. 2.4. Nous en retenons les enseignements essentiels suivants : 1. Ils le voyaient avec les yeux de Dieu pour qui toute vie conçue est déjà une vie à reconnaître comme telle. Moïse avait aussi d'abord dû sa survie au courage et à la foi des sages -femmes qui refusèrent de se soumettre à cet ordre cruel et raciste. Hébreux 11/23 : C’est par la foi que Moïse, à sa naissance, fut caché pendant trois mois par ses parents, parce qu’ils virent que l’enfant était beau, et qu’ils ne craignirent pas l’ordre du roi. Il a eu des parents qui étaient d’accord entre eux sur les mêmes bases éthiques du respect de la vie à cause d’une foi qui leur était commune. C’est la raison pour laquelle ils ont pu aller à l’unisson dans la même direction dans des circonstances dramatiques. Face à l’épreuve et à l’adversité, leur couple a tenu, car les choix difficiles ont été faits et assumés ensemble. Ils étaient d’accord pour aller dans la même direction et pour décider en fonction des intérêts de l’enfant. Ceci permet de revenir sur la réflexion suggérée à propos des éléments de compatibilité entre des époux, La vie est précieuse et nul n'a le droit de la tuer, que ce soit après ou avant la naissance. L'attitude des sages -femmes est typique de l'attitude chrétienne face au respect de la vie, si l'on accepte de ne pas tenir compte de leur mensonge, eu égard aux circonstances dramatiques et exceptionnelles de l'époque (Exode 1/19). Concevoir un enfant sous-entend un acte responsable qui engage ensuite ceux qui l'ont accompli à veiller sur la vie ainsi engendrée. La réflexion doit être envisagée du point de vue divin, car « Moïse était beau aux yeux de Dieu » (Actes 7/20). Cette beauté n'était pas que physique (Exode 2/2), même s'il est naturel de dire que tout enfant est beau aux yeux de ses parents. Elle était surtout spirituelle, car elle consistait dans non seulement une âme humaine à part entière, mais aussi dans une vocation qui sera primordiale pour l’avenir du peuple d’Israël et même le salut de l’humanité. C'était la beauté de la vie innocente qui venait de naître. Bordeaux, le dimanche 24 juillet 2005. Daniel Hébert. 3 Elle illustre également celle de toute personne qui vient de « naître d'En-Haut » en redevenant comme un petit enfant pour entrer dans le Royaume de Dieu (Matthieu 18/3). Le sang de Christ qui purifie rend tout homme beau aux yeux de Dieu. Pour Moïse, c'était aussi toute la beauté d'une vocation et celle d'un destin exceptionnel que ses parents ont peutêtre discerné dès sa venue au monde. Ceci est suggéré tout en prenant la précaution de souligner qu'il n'est pas facile pour des parents d'être objectifs en la matière. 2. Les parents de Moïse nourrissant leur fils dans leur maison présentent l'exemple de l'accomplissement des charges et des responsabilités parentales qu'il faut assumer. Les parents assurent la nourriture matérielle et l'avenir de leurs enfants, mais ils pensent aussi à leur nourriture spirituelle et morale (Actes 7/20). 3. La caisse de jonc rendue imperméable par le bitume et la poix parle aussi des soins attentifs dont l'enfant a besoin d'être entouré afin d'être gardé au maximum des infiltrations qui pourraient provenir des eaux du monde. Il s'agit de tout faire pour lui éviter le naufrage. 4. Le temps où l'enfant devra « être exposé » viendra obligatoirement (Actes 7/21). Cette période de la vie est incontournable. L'enfant ne peut rester protégé au foyer indéfiniment. Il doit entrer en contact avec le monde et ses réalités. Il sera exposé inévitablement à la tentation. C'est alors qu'il faudra s'en remettre à la grâce de Dieu, tout en sachant que l'enfant devra lui-même assumer ses propres choix et prendre ses responsabilités. 5. La grâce de Dieu a ensuite permis à Jokébed de retrouver son fils, car elle en est devenue la nourrice. Mais elle a dû ensuite s'en séparer pour le conduire à la cour d'Egypte auprès de la princesse qui lui avait sauvé la vie. Il est assez difficile d'imaginer la douleur et la souffrance causées par cette situation qui a amené vraisemblablement une séparation. Elle a dû être difficile à vivre, tant du côté maternel que du côté filial. Comme quoi il ne faudra pas enfermer certaines personnes dans la prison des conséquences dramatiques d'une enfance difficile, comme si les séquelles en étaient irréversibles. Il est vrai que Moïse, plus tard, ne savait plus très bien « qui il était », ballotté qu'il avait été entre plusieurs cultures (Exode 3/11) Mais la grâce de Dieu l'a guéri de toute trace de ces situations difficiles. Le Seigneur n'est-il pas celui qui s'appelle « Je suis » et qui est capable de guérir les hommes de leur « qui suis-je ? » 3. MOÏSE ET SON EPOUSE SEPHORA. 3.1. Importance de cette étude. Nous allons constater dans quelques lignes une situation vraiment étonnante dans le couple de Moïse et de son épouse. C’est pour prévenir dans le but que ce qui est arrivé entre Moïse et Séphora n’arrive plus à personne que nous exhortons ceux qui font des projets de mariage à la réflexion. Ils devraient vérifier avant de se marier s’ils ont bien la même vision de l’engagement dans la consécration au service de Dieu. Nous avons vu des vocations ruinées par un mariage de mauvais aloi. 3.2. Il faut aussi réfléchir à la compatibilité culturelle dans le couple. Ne pas avoir eu la même éducation ni la même culture de base n’est pas obligatoirement éliminatoire pour envisager un mariage, mais il faut au moins aborder la question. Quand nous évoquons la culture, elle est à dissocier de la race, car des personnes de couleurs de peau différentes peuvent avoir cependant baigné dans la même culture. A l’inverse, des personnes de même race peuvent avoir des cultures nationales, régionales, locales ou familiales complètement opposées. Evoquer ces points n’est en rien du racisme et de la xénophobie. Il ne s’agit pas non plus d’établir une hiérarchie de valeurs entre les cultures ni d’affirmer que certaines seraient supérieures aux autres par définition. La seule réserve que l’on pourrait émettre viendrait du fait que lorsque la culture propose des mœurs incompatibles avec le foi et qui lui sont opposées, elle ne peut être suivie. Dans ce cas, la Parole de Dieu demeure supérieure à toute coutume et à toute tradition culturelle. Disons comme un avertissement sérieux que la vigilance s’imposera après le mariage et tout au long de la vie, car tout peut aller bien avant et dévier ensuite, notamment quand naît le premier enfant, puis les autres ou quand les nécessités du travail professionnel exigent aussi beaucoup d’investissement. 3.3. La compatibilité pour servir. Même si l’on ne peut pas avoir à part égale le même engagement extérieur, il faut au moins être d’accord pour ne pas créer d’entrave à l’autre, charge à celui-ci de savoir jusqu’où il faut aller afin de ne pas être taxable d’abandon de famille ! Il peut arriver aussi que le mariage révèle des réactions jusqu’alors inconnues autant qu’inattendues. Bordeaux, le dimanche 24 juillet 2005. Daniel Hébert. 4 L’un des deux époux peut tout-à-coup s’avérer égoïste et possessif. Dans ces moments-là, y a-t-il toute la réflexion, la prière et la lucidité nécessaires ? Le sentiment est-il fiable ? Son comportement visant à avoir l’autre à lui sans concession, il étouffe l’autre par sa jalousie et sa possessivité exclusive au point qu’il lui ôte toute autonomie. Ceci n’est plus de l’amour mais une forme de perversion affective révélant des carences qui ont besoin d’être prises en compte à des fins de guérison. Que personne ne soit un frein pour l’autre ! Que personne, par jalousie envers Dieu et son œuvre ou par égoïsme, n’étouffe l’autre au point de lui interdire toute activité personnelle. On ne peut aussi que recommander de prier réciproquement pour le service de l’autre, sans devenir jaloux d’une manière inconsciente de Dieu et du service. Enfin, tous les couples n’ont pas le même potentiel ni les mêmes conditions de vie. Par conséquent il ne s’agit pas d’imiter ce qu’un autre fait, mais il faut que chaque couple trouve son équilibre propre, car ce qui convient aux uns ne convient pas toujours aux autres, car aucune situation ne se ressemble. A chacun de considérer en quoi il doit tenir compte de l’alibi qui consiste à déclarer, comme nous l’avions déjà fait remarquer dans le premier paragraphe : Il ne faut pas oublier que le mariage ne doit pas devenir un prétexte pour démissionner de l’esprit de service. Luc 14/19 : Un autre dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; excuse-moi, je te prie. Un autre dit : Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne puis aller. 3.4. Nous commencerons par évoquer un détail important autant que surprenant. « Séphora, femme de Moïse, avait été renvoyée » (Exode 18/2). La Bible à la Colombe adoucit la traduction en disant que Moïse l'avait laissé partir. En réalité, elle avait bien connu un renvoi ! Ce n'était pas un divorce, mais un temps provisoire de séparation. 3.5. Pour en connaître la raison, il faut remonter le temps et remonter à l'origine de cette situation. D'abord, Moïse avait épousé Séphora alors qu'il était en fuite au pays de Madian (Exode 2/21-22). Le nom de son épouse voulant dire « petit oiseau » beaucoup ont fait de l'humour à partir de là ! Sans abonder dans ce sens, il faut admettre que la décision de se marier dans une période de crise risque de ne pas toujours être très objective. Cependant, une fois que l'on est marié, on l'est vraiment. Un éventuel regret n'annule pas cet engagement. Après la vision du buisson ardent, Moïse est appelé à retourner en Egypte. Sur le chemin du retour, il a été attaqué par Dieu qui voulait le faire mourir, alors qu'il était porteur d'un message équivalent pour le fils de Pharaon ! (Exode 4/22-26). Séphora a immédiatement compris la cause du problème. Elle avait dû s'opposer à la circoncision de l'un de leur fils, pour la raison évidente qu'elle ne partageait pas la foi de son époux qu'elle a aussi traité « d'époux de sang. » Extraits de commentaires bibliques : « Séphora parait voir (non sans raison) dans le danger où se trouvait son mari, une punition de ce qu’il n’a pas encore circoncis son dernier fils. C’était elle peut-être qui l’en avait détourné, soit que les Madianites eussent perdu l’usage de la circoncision, soit que, comme les Ismaélites et de nos jours les musulmans, ils ne la fissent subir aux enfants qu’à l’âge de treize ans, et non pas, comme les Israélites, huit jours après leur naissance. Quoi qu’il en soit, elle se hâte de circoncire son fils, la maladie de Moïse l’empêchant sans doute de le faire lui- même, et elle emploie pour cette opération, non pas un couteau de métal, mais une pierre tranchante, conformément à l’usage, ou parce qu’elle n’a pas à l’instant d’autre instrument sous la main. Puis elle touche de ce lambeau de chair les pieds de son mari (non pas "elle le jeta à ses pieds," comme on traduit ordinairement sans que les mots y autorisent), comme pour obtenir sa guérison par ce signe de son obéissance ; mais elle semble en même temps protester contre la nécessité où elle s’est trouvée de soumettre un enfant à une loi qui lui parait si cruelle :"Tu es pour moi un époux de sang," dit-elle à Moïse, c’est-àdire : Il a fallu le sang de mon fils pour racheter de la mort mon époux. » « Le verset 25 explique le verset 24. Moïse avait négligé le signe fondamental de l'alliance avec Dieu. A la veille de la libération d'Israël, Dieu lui rappelle que sans la circoncision, tout Israélite est exclu de l'alliance ( Genèse 17/14; Josué 5/2-9). » Quel désaccord dans le couple ! Quelle divergence de vues ! La persécution s’est installée et nous découvrons que lorsqu’il y a un trop grand décalage entre les époux, c’est souvent celui qui est le plus charnel qui l’emporte, car il utilise des moyens que l’autre n’oserait pas employer pour parvenir à ses fins. Il finit par capituler pour avoir la paix, mais cette sorte de paix est plutôt une défaite. La relation d’amour et de complémentarité a laissé place à des rapports de force. Bordeaux, le dimanche 24 juillet 2005. Daniel Hébert. 5 C’était à qui l’emporterait et aurait le dernier mot ! C’est récurrent, mais de nouveau nous sommes placés face à l’importance de se correspondre et de l’avoir découvert avant de se marier ! On ne saurait trop insister sur l’importance du dialogue, du partage et sur la liberté de pouvoir se parler sans crainte ni tabou. Cette nécessité a sa place avant et après le mariage. Séphora n’avait pas eu les mêmes fondements spirituels, éducatifs et culturels que Moïse. Empressons -nous d'ajouter qu'ensuite la situation va se retrouver normalisée et qu'il y aurait mieux à faire, si possible, que de se séparer. Dans tous les cas, le dialogue, la compréhension, l'amour et le pardon demeurent les meilleures solutions aux désaccords familiaux et conjugaux. Ce ne sont pas les possibilités de service qui manquent pour un couple dans la mesure ou chacun est d’accord pour servir. Evoquons d’abord l’exemple que l’on donne et qui est service rendu au témoignage évangélique en particulier auprès des jeunes gens et des jeunes filles. Elle n’avait pas la même vision que son mari. Sans exiger d’elle, car cela n’était pas possible, qu’elle ait eu un appel équivalent à celui de Moïse, elle aurait au moins pu et dû l’épauler, mais il faut dire que Moïse était responsable de l’avoir prise comme épouse sans avoir réfléchi à ces conséquences. Puis, bien des services sont possibles, l’investissement dans une activité officielle. outre Il y la possibilité d’accueillir et d’entourer, de conseiller dans la sagesse et tout simplement d’avoir une vie d’Eglise engagée. Les problèmes ont surgi après le mariage et le décalage a éclaté au grand jour. Il faut simplement être à l’écoute du Seigneur qui saura conduire le couple vers des œuvres à accomplir. Peut-être n’avait-elle pas non plus bien accepté de devoir aller vivre dans la culture dans laquelle Moïse avait été élevé et éduqué, mais qui n’était pas la sienne et qui l’éloignait des siens. Le couple qui ne vit que pour lui-même ne fera que s’appauvrir et il court même le risque de se diluer dans une routine d’ennui et d’inutilité. Il se peut aussi qu’un décalage intellectuel ait surgi ! Il est certain que ce ne devait pas être facile d’être l’épouse d’un homme comme Moïse en étant aussi son interlocutrice équivalente. 3.6. Le couple au service de Dieu doit être sur la même longueur d’ondes. 4. MOÏSE ET SON BEAU-PERE JETHRO. 4.1. Jéthro a ramené sa fille à son mari, et les enfants à leur père. Espérons que Moïse n'avait pas oublié, dans le feu de l'action, qu'il était marié ! (Exode 18/2). Ce beau-père a eu un comportement exemplaire. La question qui se pose n’est pas d’affirmer que dans le couple au service de Dieu les deux conjoints doivent toujours être ensemble pour faire les mêmes choses. Il a su accueillir sa fille dans un moment difficile, mais aussi la ramener à sa place d'épouse. Cela devient d’autant plus impossible quand arrivent les enfants qui n’ont pas à être abandonnés sous le prétexte que l’on sert Dieu. Il faut dire que son titre était Jéthro, « excellence », que son nom était Réuel, « ami de Dieu », et que, sacrificateur de Madian, il devait aussi connaître le Seigneur (Exode 3/1). La vocation est personnelle et non transmissible par le mariage. Cependant, il faut convenir du fait que les époux s’accompagnent de cœur et d’esprit dans le service de Dieu Il faut savoir passer du rôle de père ou de mère à celui de beaux-parents, tout en continuant de s'intéresser à leur situation et aux nouvelles (Exode 18/7). L'ingérence de la belle-famille dans le jeune couple sera toujours un danger. Il est permis de supposer que c'est après cet incident que Moïse a renvoyé provisoirement sa femme. Les jeunes mariés doivent couper le cordon ombilical (Ephésiens 5/31). Elle n'aurait pas supporté ce qui attendait son mari dans son bras de fer avec Pharaon. C'est vrai aussi pour l'éducation des petits -enfants. Ne voyons donc pas dans ce renvoi un prétexte au divorce pour cause d'incompatibilité spirituelle. C'était avant, dans ce cas, qu'il aurait fallu y penser. En l'occurrence, il y a donc eu un temps de séparation pour des raisons d'intérêt supérieur et même d'amour à l'égard d'une épouse trop fragile pour affronter certains dangers et certaines circonstances difficiles. La recommandation adressée aux femmes plus âgées est à placer dans cette réflexion (Tite 2/1-10). Plus tard Jéthro jouera encore un rôle positif par un conseil judicieux donné à Moïse (Exode 18/13-27). 5. MOÏSE ET LES ENFANTS NES DE SON COUPLE. 5.1. Moïse a eu deux fils. Le premier a été appelé Guerschom. Bordeaux, le dimanche 24 juillet 2005. Daniel Hébert. 6 Ce nom est formé de deux mots qui signifient « étranger là » (Exode 2/22). Ils en auront également besoin, ainsi que leurs parents, car les circonstances de la vie sont souvent bien éprouvantes. En appelant ainsi son premier fils, Moïse a montré que, malgré son exil en terre de Madian et son mariage, il avait gardé en lui vivant son appel pour délivrer son peuple (Actes 7/23-25). 6. UN COUPLE EXEMPLAIRE. Le second fils a été appelé Eliézer en reconnaissance envers Dieu qui avait secouru Moïse en le délivrant de l'épée de Pharaon (Exode 18/3-4). Romains 16/3 : Saluez Prisca et Aquilas, mes collaborateurs dans le service du Christ Jésus. Ils ont risqué leur vie pour sauver la mienne. Je ne suis pas seul à leur en devoir gratitude. C’est aussi le cas de toutes les Eglises des pays païens. Saluez aussi l’Eglise qui se réunit dans leur maison. Il est permis de supposer que Moïse faisait allusion au fait qu'il avait échappé au massacre alors qu'il venait de naître. Le nouveau testament évoque souvent ce couple qui figure parmi les collaborateurs de Paul. 5.2. A part ces allusions, nous ne savons rien sur la relation unissant Moïse à ses fils. Un couple ou des couples engagés dans le service de Dieu sont une réelle bénédiction pour une assemblée dans laquelle les possibilités de service ne manquent pas si l’on veut échapper à l’égoïsme à deux. Ce que l'on peut en dire découle directement de leur nom, après avoir rappelé que c'était certainement le cadet qui n'avait pas été circoncis à cause de la pression de sa mère (Exode 4/25). Le nom donné au premier fils démontre que ni l'exil, ni le mariage, ni la paternité n'avaient étouffé la vision ni la vocation de Moïse. Il faut le souligner, car il arrive parfois que le niveau de la vie spirituelle et de la consécration baisse dans le foyer lorsque les enfants viennent au monde. Bien sûr, il ne faudra jamais les sacrifier ni créer une compétition entre les responsabilités parentales et les activités de l'Eglise. Il faudrait même ne jamais laisser supposer qu'il y aurait un éventuel conflit, comme si la vie de famille se faisait au détriment du service de Dieu ou inversement. 5.3. Il faudra surtout apprendre à s'organiser en fonction de la nouvelle situation. La foi exige que les parents prennent soin de leurs enfants. Assumer cette responsabilité fait partie du service de Dieu, et servir Dieu ne doit pas devenir un prétexte pour fuir le foyer et ses charges. L’équilibre spirituel conduit à accorder une place à chaque chose et à laisser chaque chose à sa place, sans esprit de compétition entre les différents secteurs de la vie pratique. Dans certains cas, il s’agit aussi d’un simple problème d’organisation de son emploi du temps. Mais jamais les soucis de la vie ne devront prendre tellement de place que toute disponibilité pour le service disparaîtra. Quand chaque domaine se vit pleinement, l'enfant n'étant ni roi, ni dieu, ni martyr, ni victime sacrifiée sur l’autel de l’égoïsme et de l’immaturité des parents. Il en est de même pour la vie professionnelle. En appelant son deuxième fils du nom d'Eliézer, Moïse nous enseigne que nos efforts pour tout faire afin d'éduquer et de conseiller nos enfants ont des limites. Le secours de Dieu restera toujours indispensable pour qu'ils expérimentent à leur tour l'amour et le salut de Dieu. Bordeaux, le dimanche 24 juillet 2005. Daniel Hébert.