Un engagement à haut risque - Le mystère de Culpepper

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Le soleil brillait et ses rayons donnaient une belle teinte
chaude à la brique de l’église. C’était une journée idéale
pour un mariage, songea Logan, et il était heureux d’assister
aux noces de son frère cadet.
Mais il n’arrivait pas vraiment à être de la fête. Les
tracas de ces derniers temps l’en empêchaient.
D’abord, on avait essayé de le tuer.
Ensuite, l’assassin de son père venait de mourir en
prison, après quinze ans de détention. Seulement quinze
ans ! pestait Logan.
Enfin, l’enterrement de ce criminel avait lieu à quelques
kilomètres de là, en même temps que le mariage !
Cela faisait beaucoup à porter et Logan réprima un
soupir alors que les mariés sortaient de l’église. Il s’obligea
à faire comme tout le monde, leur lançant des grains de
riz et leur adressant un sourire jovial. Cooper et Tanya
avaient traversé tant de péripéties ! Ils méritaient d’être
heureux, se rappela Logan.
Nikki, sa sœur, tourna des yeux humides vers lui.
— Alors, on se laisse gagner par l’émotion, grand frère ?
Manifestement, c’était surtout elle qui était bouleversée,
mais Logan joua le jeu.
— Non, j’ai un grain de riz dans l’œil, répliqua-t-il en
battant exagérément des paupières.
— Mon frangin n’est pas du genre à pleurer, renchérit
Parker, son jumeau.
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Tous trois se tenaient en haut des marches de l’église,
suivant du regard les mariés qui allaient monter dans leur
SUV.
Soudain, un véhicule aux vitres fumées attira l’attention
de Logan. La voiture avançait vers la foule à vive allure
et une main armée en sortit brusquement. Logan réagit à
toute vitesse. Le SUV protégeait Cooper et Tanya, mais
eux trois étaient trop exposés. Aussi se jeta-t-il sur Nikki
et Parker.
Des coups de feu retentirent, suivis de cris dans la foule
des invités.
Logan plaqua un peu plus son frère et sa sœur au sol.
C’était certainement lui qu’on visait, mais Parker était
son jumeau : mêmes yeux bleus, mêmes cheveux noirs
et même smoking pour l’occasion. Il n’était pas facile de
les distinguer.
Il y eut un crissement de pneus et Logan osa relever la
tête : la voiture filait à vive allure.
Il aida sa sœur à se relever tandis que Parker se redressait
de son côté. Tous deux semblaient un peu sonnés, mais
n’étaient pas blessés. Un miracle ! se félicita Logan. Lui
non plus n’avait rien.
Tanya et Cooper remontaient à la hâte les marches.
— Ça va ? s’enquit la mariée.
— Oui, oui, répliqua Parker en époussetant son smoking.
C’est Logan qui m’a fait tomber mais je n’ai rien.
Il avait dit cela sur un ton léger, comme s’ils venaient
de se chamailler. C’était la façon habituelle de Parker de
dédramatiser, Logan le savait.
Mais lui n’était pas d’humeur à plaisanter. Il était déjà
contrarié, et voilà qu’on venait encore une fois de tenter
de le tuer en mettant sa famille en danger.
— Je suis désolé, dit-il.
Sa toute nouvelle belle-sœur tourna des yeux inquiets
vers lui.
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— Qu’est-ce que ça signifie ?
Il était dévoré par la culpabilité. Ses problèmes venaient
de gâcher le mariage de Tanya et Cooper.
— C’est à cause de moi. Une histoire de vengeance…
Cooper le fixa, les yeux plissés.
— Tu sais qui vient de nous tirer dessus ?
La colère gagnait Logan. Oui, il savait qui était derrière
ces lâches tentatives. Et il était bien décidé à y mettre un
terme.
Pour la première fois depuis quinze ans, Stacy n’avait
pas besoin de se rendre à la prison et de franchir plusieurs
contrôles de sécurité pour voir son père. Hélas, ce n’était
pas parce qu’il avait recouvré la liberté, mais parce qu’il
reposait dans son cercueil, devant l’autel de l’église où
avaient lieu ses funérailles. Plus elle approchait de l’autel,
plus son cœur se serrait.
Une main se posa alors sur son bras. C’était certainement l’un de ses frères, et elle en fut soulagée. Elle était
en effet arrivée la première, seule, et elle avait bien besoin
de soutien. Mais, quand elle se retourna et se retrouva face
à Logan Payne, elle se figea.
Il la fixait intensément, ses yeux bleus brillaient de colère.
Mais comment pouvait-il être en colère ? se révoltat-elle intérieurement. Lui qui avait l’audace de se montrer
à l’enterrement de son père, et en smoking en plus !
Elle détestait cet homme. Avec un geste de mauvaise
humeur, elle s’écarta de lui.
— Que fichez-vous ici ?
Et pourquoi lui avait-il posé la main sur le bras ? Pour
lui témoigner son soutien ? Elle aurait encore préféré celui
du diable !
— Je crois que vous savez pourquoi je suis là, répliquat-il d’un ton hostile.
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Elle secoua la tête.
— Que voulez-vous dire ? A moins que vous ne souhaitiez
vous assurer par vous-même que mon père est bien mort…
Désignant le cercueil d’un grand geste, elle renversa un
vase de fleurs qui roula au sol. De l’eau se répandit. Elle
poussa un gémissement, consternée par sa maladresse.
Mais Logan Payne, lui, ne réagit pas. Il avait les yeux
fixés sur le cercueil encore ouvert. Elle suivit son regard.
A la morgue de la prison, elle avait déjà été confrontée
au corps sans vie de son père, mais elle ne s’était pas encore
faite à sa disparition.
Une immense souffrance la traversait, accentuée par la
présence de Logan Payne. Elle se tourna de nouveau vers
lui et, suivant son impulsion, voulut le gifler.
Mais il avait d’étonnants réflexes et lui attrapa le poignet
au vol. Un frisson la parcourut.
— Je n’arrive pas à croire que vous ayez le toupet
d’être là, à l’enterrement de mon père, lui lança-t-elle. Et
en smoking !
Il baissa les yeux, comme s’il avait oublié la façon dont
il était vêtu.
— Mais j’imagine que, pour vous, aujourd’hui, c’est
un jour de fête, continua-t-elle. Vous comptez également
danser sur sa tombe quand mon père sera enterré ?
Elle en frémissait de rage. Jamais elle ne le laisserait
approcher de la sépulture de son père, même si elle devait
le chasser elle-même. Mais où donc étaient ses frères ?
Ils avaient toujours été là pour elle…
— Figurez-vous que j’aurais bien aimé pouvoir danser,
répliqua-t-il.
Il lui tenait toujours fermement le poignet. Elle en était
écœurée et se débattit pour se libérer.
— Au mariage de mon frère, précisa-t-il.
Voilà qui expliquait le smoking.
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— Mais je n’en ai pas eu le temps, car on a tenté de me
tuer. Une fois de plus.
De nouveau, elle chercha à libérer son bras.
— Pourquoi vous me racontez ça ? Vous pensez que
ça m’intéresse ?
— Je crois que vous êtes à l’origine de ces tentatives.
— Moi ?
Pourtant, elle n’avait même pas été capable de le gifler.
— Et comment j’aurais fait ?
— Vous m’avez tiré dessus.
— Je n’ai même pas d’arme, protesta-t-elle.
Ses frères avaient essayé de la convaincre d’en avoir
une pour pouvoir se défendre, mais elle avait refusé.
Son protecteur, c’était son berger allemand. D’ailleurs,
elle commençait à regretter de ne pas l’avoir amené aux
funérailles.
Logan Payne renifla de dédain, visiblement sceptique,
et la relâcha. Evidemment, il ne la croyait pas. De toute
façon, il doutait de tout le monde.
— Voilà que vous recommencez. Accuser quelqu’un
d’un crime qu’il n’a pas commis, c’est votre spécialité.
Elle jeta un nouveau regard vers le cercueil. Son père
avait récemment eu cinquante ans, mais il en paraissait
beaucoup plus. La prison l’avait fait vieillir prématurément.
Et ça aussi, c’était en partie à cause de Logan Payne.
— Je n’ai jamais porté d’accusations contre votre père,
lui rappela-t-il. Il a été interpellé sur le lieu du crime, jugé
et condamné.
— Condamné pour meurtre, rétorqua-t-elle. Mais ce
n’était pas un meurtrier !
Patek Kozminski n’avait jamais été un saint — il l’admettait volontiers lui-même —, mais jamais il n’aurait tué de
sang-froid. Le juge et le jury s’étaient trompés, Stacy en
aurait mis sa main au feu.
— Il a tué mon père, reprit Logan d’un ton plein de
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rage et de douleur, comme si cela était arrivé la veille, et
non quinze ans plus tôt.
Elle secoua la tête en signe de dénégation.
— Mon père a été surpris en flagrant délit de vol et…
— … il a résisté à l’interpellation, continua-t-il. Il y a
eu lutte, votre père était armé et le mien a été tué.
Logan avait beau ne plus être flic, il en avait gardé le
langage, remarqua Stacy. Son père à lui était flic également,
et il avait interpellé son père à elle alors qu’il commettait
un vol de bijoux.
— Mon père n’a pas tué le vôtre, insista-t-elle.
Elle en était convaincue. Ce jour-là, une troisième
personne devait être présente, une personne qui avait
réellement commis ce crime…
— Mon père est mort, répéta Logan.
— Maintenant, le mien aussi, répliqua-t-elle en désignant
le cercueil. Vous êtes content ?
Logan soupira.
— Non.
— Bien sûr que non ! Vous auriez préféré le voir moisir
en prison quinze ans de plus. C’est pour cela que vous êtes
venu au tribunal à chaque demande de libération conditionnelle. Pour vous assurer qu’il ne ressortirait jamais.
— Il avait commis un meurtre !
Stacy était au bord des larmes.
— Non, non, il n’a pas…
Il y avait forcément eu quelqu’un d’autre…
— Il a été condamné par le juge et le jury, reprit Logan
d’un ton plus doux, comme si, cette fois, il tenait compte
de son chagrin.
Pourtant, sans Logan Payne, son père aurait fini par
obtenir la libération sur parole. C’était un prisonnier modèle.
Et, même quand il était derrière les barreaux, c’était un
père exemplaire. Désormais, elle n’avait plus de père. Une
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part d’elle-même comprenait ce que Logan ressentait, mais
elle avait une énorme rancœur contre lui.
— Cependant, il n’a pas été condamné pour meurtre,
mais pour avoir provoqué la mort d’un homme, précisa
Logan, qui rebondissait sur son commentaire précédent.
— C’est pour ça qu’il a demandé quatre fois la libération
conditionnelle.
Et il l’aurait obtenue… sans Logan Payne.
— Il aurait dû être condamné pour meurtre, répliquat-il. Le chef d’accusation était trop léger. Tout comme la
condamnation.
— Vous auriez souhaité qu’il soit condamné à mort. Et
vous avez tout fait pour que, indirectement, ce soit le cas.
— Je n’ai pas…
— Si vous n’étiez pas venu à chaque audience, il serait
sorti et ne se serait pas fait poignarder par un autre prisonnier.
De nouveau, elle tenta de le frapper. Encore une fois,
il fut plus rapide et lui attrapa le poignet. Elle se débattit
de toutes ses forces.
Mais il ne la lâcha pas et continua à la fixer de son regard
intense. Elle en eut la chair de poule.
— Eh, qu’est-ce qui se passe ? intervint une voix familière derrière eux.
— Lâchez-la tout de suite, Payne ! ajouta une seconde
voix.
Enfin, ses frères étaient arrivés. Elle aurait aimé qu’ils
soient là plus tôt, pour partager son chagrin avec eux. Mais,
alors qu’ils remontaient l’allée centrale de l’église, elle se
mit à redouter la suite. Ses frères la surprotégeaient. Ils
avaient déjà tué pour elle.
S’apprêtaient-ils à recommencer ?
Elle eut soudain peur pour Logan Payne.