Le vrai poids de l`immobilier
Transcription
Le vrai poids de l`immobilier
6 Immobilier 24 heures | Mercredi 5 novembre 2014 Turquie Le nouveau palais d’Erdogan Inaugurée la semaine dernière, la demeure du président turc suscite déjà la controverse Laurent Buschini avec AFP L e nouveau président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a le sens des symboles. Il a étrenné la semaine passée son nouveau palais présidentiel à l’occasion de l’anniversaire de la fondation de la république. Et il a choisi le terrain: le nouveau et gigantesque palais, d’une surface de 200 000 m2, a été construit en lisière de la capitale, Ankara, sur un terrain que le premier président et fondateur de la république, Mustafa Kemal Atatürk, avait acquis pour y construire une ferme. Le président turc a toutefois dû annuler la réception prévue en fin de journée en raison d’un accident survenu la veille de l’inauguration dans une mine au sud de la Turquie. Recep Tayyip Erdogan a cependant reçu ses invités dans son gigantesque palais. Recep Tayyip Erdogan dans son nouveau palais présidentiel. EPA Une retenue qui n’empêche pas la controverse d’enfler. Les détracteurs du président turc ont rebaptisé l’immense palais la «maison blanche». La construction de ce bâtiment d’architecture d’inspiration néoseljoukide (la première dynastie turque qui a régné sur l’Asie-Mineure du XIe au XIIIe siècle), aurait coûté, selon la presse turque, quelque 350 millions de dollars. Ses travaux, au milieu d’une zone forestière, ont d’abord suscité l’opposition des défenseurs de l’environnement. Une décision de justice a même demandé l’arrêt des travaux, ce qui a poussé le président turc à faire achever les travaux à marche forcée. Les Chronique Par Jean-Jacques Morard, président du SVIT Romandie Le vrai poids de l’immobilier Il y a quelques jours, une étude a été présentée à Zurich qui n’a pas reçu, de ce côté-ci de la Sarine, toute l’attention méritée. Les consultants Rütter Soceco et pom + Consulting y ont travaillé pendant plus d’une année. Parmi leurs mandants, on trouve notamment, aux côtés de l’Association suisse des propriétaires fonciers, deux offices fédéraux. Bref, c’est du sérieux. En synthèse, que dit cette étude très fouillée? Ceci: la part du secteur immobilier au PIB suisse s’élève à 18%. Dans notre pays, cette branche donne du travail à 600 000 personnes à plein temps. Cela représente près d’une place de travail sur six. Cerise sur le gâteau: les collectivités publiques tirent de l’immobilier plus de 12 milliards de «L’immobilier donne du travail à 600000 personnes à plein temps» francs d’impôts chaque année. Qui dit mieux? Personne ou presque. C’est justement la nouveauté. Historiquement, le poids de l’immobilier se confond grosso modo à celui de la construction, soit environ 5% du PIB. Jusqu’à aujourd’hui, personne n’avait eu l’idée d’additionner la contribution de tous les acteurs – l’étude en identifie 17 types différents – qui interviennent durant le cycle de vie d’un immeuble. Au final, on découvre ainsi que le vrai poids de l’économie immobilière est plus de trois fois supérieur à ce qu’on pensait. Une telle taille donne des responsabilités. Quand on pèse un cinquième du PIB suisse, on a le devoir de s’engager pour assurer la pérennité du secteur. Or, à l’exception notoire du droit du bail, l’économie immobilière est un nain politique, sans comparaison avec les lobbies de la pharma, de la finance ou de l’industrie des machines. Cette étude doit réveiller les professionnels de l’immobilier. Dans la mesure de ses moyens, le SVIT se mobilisera pour battre le rappel, fédérer et peser davantage à l’échelon politique. www.svit-romandie.ch adversaires de Recep Tayyip Erdogan y sont allés eux aussi de leurs critiques contre ce déménagement, illustration selon eux de la folie des grandeurs du maître du pays. Un député du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), a jugé le nouveau bâtiment extravagant. «Qu’aurions-nous pu faire avec cet argent? Par exemple envoyer trois satellites vers la planète Mars», s’est offusqué Umut Oran, affirmant que le budget de la présidence turque était trois fois supérieur à celui de la famille royale britannique. Recep Tayyip Erdogan a été élu en août à la présidence de l’Etat turc, succédant à Abdullah Gül, son rival du parti de l’AKP. Auparavant, il avait dirigé le gouvernement durant onze ans. Dans ses fonctions de premier ministre, il a autant été adulé par ses partisans qu’il était haï par ses adversaires, qui l’accusent de dérive autoritaire et islamiste. Le président turc, le premier élu à cette fonction par le peuple, ne détient que des pouvoirs protocolaires, mais Recep Tayyip Erdogan a affirmé qu’il garderait les rênes du pays à ce poste en modifiant la loi fondamentale. Immobilier Supplément paraissant le mercredi Editeur Tamedia Publications romandes SA Rédacteur en chef responsable Thierry Meyer Rédaction Laurent Buschini, tél. 021 349 43 82 [email protected] Courriel [email protected] Annonces immobilières Mélanie Cornaz, tél. 021 349 50 54 [email protected] Marché immobilier Sébastien Cretton, tél. 021 349 47 58 PUBLICITÉ Supplément Vous avez raté un numéro? Retrouvez tous les Immobilier dans l’espace abonnés du site 24heures.ch