5ème Symposium de l`Association Algérienne des Industries du Gaz

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5ème Symposium de l`Association Algérienne des Industries du Gaz
5ème Symposium de l’Association Algérienne des
Industries du Gaz (AIG)
« La technologie : moteur de développement des ressources
gazières et de diversification des échanges et des usages »
16-17 février 2016
Alger - Hôtel Sheraton
Allocution de Monsieur Noureddine Boutarfa
Président Directeur Général de Sonelgaz
et Président du Comité Algérien de l’Energie
Alger, le 16 février 2016
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Monsieur le Ministre de l’Energie,
Monsieur le Ministre de l’Industrie et des mines,
Monsieur le Président Directeur Général de Sonatrach, Président de l’AIG,
Messieurs les Présidents des agences de régulation du Secteur,
Mesdames et Messieurs les cadres dirigeants de Sonelgaz et de Sonatrach,
Mesdames, messieurs,
Honorables invités
Je voudrais d’une part remercier les organisateurs pour m’avoir fait l’honneur de m’inviter à intervenir
lors de la session d’ouverture de ce cinquième Symposium et d’autre part les féliciter pour cette
initiative qui offre l’opportunité aux acteurs de l’industrie gazière, depuis l’amont jusqu’au client final, de
se rencontrer et d’échanger autour de sujets utiles au développement de cette industrie dans notre pays
et ses interactions avec le monde. Les thèmes retenus pour cette manifestation sont au cœur des
questions et problématiques de l’heure dans beaucoup de régions dans le monde. Ils favoriseront, j’en
suis persuadé, des débats riches et argumentés autour de l’énergie et de l’industrie gazière et ses
rapports à l’innovation technologique, à la promotion de la ressource humaine, à la protection de
l’environnement, à l’économie durable et aux finances.
Rappelez-vous, depuis les premières découvertes dans les années cinquante des gisements de gaz
naturel dans le Sahara et notamment du plus gros d’entre eux - celui de Hassi R'Mel - le gaz naturel a
été perçu en Algérie comme l’énergie du futur. Cela, naturellement, n’a pas échappé aux électriciens.
C’est justement l’ex Electricité et Gaz d’Algérie (EGA) qui avait saisi l’importance de cette découverte
en initiant dès 1958 la première construction d’un gazoduc reliant Hassi R'Mel à Arzew d’une longueur
de 500 km environ en 24"/20" et qui permettait d'acheminer 2 800 millions de m3/an avec deux
antennes principales l’une sur Alger de 295 km en 16" et l’autre sur Oran de 34 km en 14".
Dès l’arrivée du gaz naturel en 1961 sur la côte méditerranéenne de l’Algérie, une politique
commerciale dynamique avait permis à EGA d’initier les premières conversions au gaz naturel.
Pourtant, ce n’est qu’après l’indépendance de l’Algérie que le gaz naturel arrivera dans les foyers.
Sonatrach, dès 1964 sera chargée par l’Etat algérien de la recherche, de la production et du transport
du gaz vers les pôles d’exportation. En 1969, Sonelgaz, succédant à EGA, sera chargée de
l’approvisionnement en gaz naturel du marché intérieur. L’Etat a dès lors délimité la responsabilité de
réalisation des infrastructures : Sonelgaz prendra en charge les ouvrages de son propre réseau pour les
canalisations de diamètre inférieur ou égal à 28‘’, Sonatrach prenant les siens ainsi que pour les
sections au-dessus de 28’’.
De par ses attributions Sonelgaz a joué et joue encore un rôle primordial dans le cadre de la pénétration
du gaz naturel en Algérie, ce qui a permis l’irrigation de tous les centres urbains et semi-urbains de
manière à mettre à la disposition de tous les secteurs économiques et de tous les citoyens une énergie
abondante, propre, à haut pouvoir calorifique et relativement bon marché.
Nous relevons qu’entre 1998 et 2015, la consommation de gaz naturel est passée de plus de 11
milliards de m3 à près de 30 milliards de m3 soit un accroissement de 173 % alors que celle des
distributions publiques et de la clientèle industrielle qui n’était que de 4,3 milliards de m3 est passée à
plus de 13,5 milliards de m3 soit un accroissement de 214 %.
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Ces progrès n’ont pu être réalisés que par le fait de mesures volontaristes en conformité avec les
décisions nationales de développement de l’économie qui visaient à favoriser l’utilisation du gaz naturel
dans les secteurs industriels et dans les ménages par la desserte des localités algériennes.
Parmi les mesures les plus importantes qui ont été prises à partir de 1968, on peut citer notamment la
réduction de 50% des prix de vente du gaz naturel pour les usagers domestiques (décidée en 1968),
des facilités financières permettant de payer sans intérêt les frais de raccordement sur cinq années et
une campagne de conversion des unités industrielles et artisanales (boulangeries, briqueteries,
céramiques...), utilisant des produits pétroliers comme combustible.
De même, il avait été décidé que tous les nouveaux projets industriels utiliseront le gaz naturel. C'est
ainsi que toutes les nouvelles centrales électriques (Turbines à vapeur ou Turbines à Gaz) sont au gaz
naturel à l'exception de celles du Sud (Gaz associé à Hassi Messaoud ou gas oil dans les petites
centrales Diesel des sites isolés).
Toutes les cimenteries et les usines sidérurgiques sont conçues pour brûler du gaz naturel.
Il faut également souligner que la plus grande partie de l'électricité devant être produite à partir du gaz
naturel, la concurrence entre ces deux formes d'énergie au stade final de la consommation était exclue.
Partout où le gaz naturel était présent, il n’y avait pas lieu de privilégier des usages thermiques de
l'électricité.
La mise en œuvre de cette politique a permis à Sonelgaz de disposer à travers sa filiale GRTG d’un
réseau de transport qui est passé de 575 kms en 1968 à près de 18 000 kms à fin 2015, et à travers
ses filiales de distribution de réseaux de distribution qui sont passés de 1 590 kms en 1968 à plus de
82 000 kms à fin 2015.
Ces réseaux aliment aujourd’hui plus de 17 000 MW de centrale de production d’électricité, 217 clients
Haute Pression, plus de 5 700 clients Moyenne Pression et près de 4 600 000 foyers.
Pour les sites très éloignés des réseaux de transport et distribution de gaz naturel, des îlots propanés
sont développés, ceci en complément au rôle important que continuera à jouer l'approvisionnement par
bouteille GPL (butane ou propane).
Quelques chiffres résument les investissements réalisés dans le domaine des infrastructures : en 1964,
seules treize (13) localités étaient alimentées en gaz. A fin 1997, ce sont 192 localités. A fin 2015, ce
sont plus 1 716 localités réparties sur 1 141 communes sur les 1 541 du pays qui sont raccordées au
réseau de distribution publique.
Compte-tenu du développement important de l’activité gazière, il était devenu nécessaire de développer
et/ou de créer de nouveaux moyens de planification, d’engineering et de maîtrise d'œuvre, de
réalisation des travaux, de fabrication de tubes et d’équipement, d'exploitation et de maintenance des
réseaux de transport et distribution du gaz.
Je ne citerai à titre d’exemple que la création d’une direction chargée de la réalisation des
infrastructures de transport et de distribution du gaz pour des canalisations allant jusqu'au diamètre de
28" qui s’est développée plus tard en une entreprise autonome de bonne renommée : "Kanaghaz"
continuera d'être le principal outil de réalisation des réseaux de transport intérieur du gaz naturel.
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Pour la promotion de la fabrication nationale, notons la réalisation d’une usine (AMC El Eulma) de
fabrication de compteurs électricité et gaz qui seront mis sur le marché dès 1981. Il faut relever
également que Sonelgaz a sollicité et obtenu de l’ex Société Nationale de Sidérurgie (restructurée en
1984) la fabrication locale de tubes de diamètres supérieur à 4").
Afin d’accompagner le développement des infrastructures et de la clientèle, Sonelgaz a agi tant dans la
formation des hommes que dans celui de la création d’équipes capables de répondre à la demande.
C’est ainsi que le personnel qui assure le service de distribution et de transport du gaz est passé de
1000 agents en 1969 à près de 11 500 agents en 2015.
Tout ceci, souligne les efforts considérables réalisés dans la maîtrise de la pénétration du gaz naturel
en Algérie ainsi que l'expertise acquise dans ce domaine.
Mesdames et messieurs
Le modèle de consommation énergétique national continu de donner au gaz naturel une place de
premier choix. Les consommations de gaz naturel sur le marché intérieur relevant des sociétés du
Groupe Sonelgaz devraient passer de près de 30 milliards de m3 en 2015 à environ 48 milliards de m3
en 2025 soit un taux de croissance annuel moyen de 4,5 % sur la période.
Pour assurer ces nouveaux besoins, il sera nécessaire de construire près de 13 000 kms de réseau de
transport et plus de 100 000 kms de réseaux de distribution.
Au-delà des contraintes de réalisation dues aux difficultés de passage et de servitudes, il sera
nécessaire, d’ici 2025, pour concrétiser ces investissement de mobiliser une enveloppe financière
d’environ 1 240 milliards de dinars.
Evidemment, de tels niveaux d’investissement poseront encore une fois la problématique des sources
de financement et de la tarification.
En effet, si toutes les mesures antérieures ont permis de faire du gaz naturel un instrument du
développement économique et social, celles envisagées devraient quant à elles continuer à concourir à
mettre à la disposition du plus grand nombre une énergie noble et respectueuse de l'environnement.
Ces mesures devraient également permettre aux entreprises du Groupe Sonelgaz et Sonatrach de
sortir de l’engrenage des prix bas et d’évoluer dans un système durable basé sur la vérité des prix
associée à une protection sociale des plus démunis.
C’est dire que si nous pouvons nous féliciter du taux de pénétration du gaz en Algérie qui a atteint plus
de 59% en 2015 et de raccordement de 54% et qui devrait atteindre son asymptote autour de 65% dans
les années à venir, nous ne devons pas occulter le fait que cette croissance absolument fantastique du
gaz naturel dans notre pays et dont nous devons être fiers pose également la problématique de la
disponibilité du gaz à long terme
Le gaz naturel étant une énergie précieuse non renouvelable nous nous devons non seulement de la
consommer avec la plus grande efficacité possible (notamment par l’introduction massive des cycles
combinés dans la production d’électricité) mais également investir dans les énergies renouvelables
comme sources complémentaires.
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L’ambition des pouvoirs publics est à souligner : il s’agit bien d’un programme de 22 000 MW à l’horizon
2030 tel qu’annoncé par la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz et qui privilégie la voie
de l’éolienne et du solaire qui ensemble en représente 18 600 MW. Programme qu’il faudra bien
décortiquer pour en extraire ce qui est techniquement raisonnable d’être réalisé et qui semble être au
mieux autour de 10% de mix énergétique.
En effet, sauf une révolution technologique, sans une introduction d’au moins 6500 MW de solaire
thermique avec stockage et une limitation du solaire photovoltaïque et de l’éolien à moins de 8000 MW,
il serait techniquement impossible d’atteindre à l’horizon 2030 le mix énergétique visé de 27% eu égard
aux conditions de fonctionnement du système production-transport.
Dans ce cadre Sonelgaz est disposé à apporter tout son concours pour la réussite de ce programme
pour autant que soit résolue la question du financement et que sa durabilité soit assurée par le génie
des Algériens et non pas par celui de l’importation des équipements de conversion.
C’est pourquoi, il sera nécessaire d’aller plus loin, d’être plus audacieux vis-à-vis des énergies
décarbonées et prendre les risques financiers et technologiques à mêmes de permettre au gaz naturel
d’être un vecteur porteur de la transition vers l’économie verte.
Mais ce sera d’autres défis et une autre histoire que devront écrire les générations à venir.
Je vous remercie pour votre attention et souhaite plein succès à nos travaux.
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