La construction du regard de l`ethnographe
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La construction du regard de l`ethnographe
La construction du regard de l’ethnographe-cinéaste Annie Mercier (France), ethnologue (doctorat), cinéaste, Phanie Centre de l’Ethnologie et de l’Image Paris. Résumé L’image filmique est douée d’une ambivalence profonde : elle produit un effet de « réalité » et une certaine « objectivité » documentaire alors qu’elle restitue la vision du monde et le point de vue, subjectif, du cinéaste. Cette ambivalence a marqué l’histoire du cinéma ethnographique. Si, pendant longtemps, les ethnographes-cinéastes ont envisagé les images filmées comme étant un reflet objectif du monde, Jean Rouch a fait rupture avec cette conception du cinéma en affirmant la subjectivité de son regard et en conférant à celle-ci une valeur heuristique dans la méthode d’approche du réel. Nourrie de l’expérience de Jean Rouch, et guidée par son travail de ciné-anthropologie partagée, j’ai mené une réflexion sur la construction de mon regard d’ethnographe-cinéaste. Situant ma pratique dans une démarche de recherche expérimentale, j’ai pris en compte la subjectivité de mon regard, inscrite dans l’image et néanmoins difficilement lisible, comme paramètre obligé de la recherche. Cette communication est accompagnée du film Reflet dans une Goutte d’Or dans lequel je revisite une enquête ethnographique filmée menée sur le quartier de la Goutte d’Or à Paris. Dans ce court-métrage, j’interroge et analyse la manière dont la subjectivité de mon regard participe de la recherche et de l’écriture cinématographique. Texte « L’ethnologie […] cesse d’être incertaine que si l’homme qui parle de l’homme ne porte pas lui-même un masque »1 Quelle est la pertinence et la validité d’une démarche ethnographique qui vise à faire de la caméra un outil d’observation et de recherche à part entière, et du cinéma un mode spécifique d’écriture et de restitution ? Quelle est en effet la nature du dispositif de recherche, susceptible de poser les marques propres à une pratique ethnographique, que l’ethnographecinéaste met en place lorsqu’il se donne pour projet d’approcher, de comprendre, de donner à voir et à entendre, des hommes et des femmes aux prises avec leurs réalités sociales et culturelles ? Pour mener cette recherche, je me suis confrontée au “faire” en pratiquant la prise de vue, le montage et la réalisation au cours de différentes enquêtes ethnographiques. Il s’est agi de faire l’apprentissage de la construction de mon regard d’ethnographe-cinéaste, apprentissage au cours duquel j’ai cherché à ajuster une démarche d’écriture filmique à une démarche d’observation ethnographique. D’emblée, j’ai rencontré certaines difficultés méthodologiques dont une, majeure, autour de laquelle j’ai construit ma problématique de recherche. Au départ, un constat : l’image filmique est douée d’une ambivalence profonde. Elle produit apparemment une certaine « objectivité » documentaire, en reflétant fidèlement et totalement tout ce qui s’offre à la caméra, alors qu’elle restitue cependant la vision du monde et le point de vue, subjectif, du cinéaste. 1 Maurice Merleau-Ponty, « De Mauss à Claude Lévi-Strauss », Eloge de la philosophie, Paris, Éditions Gallimard, 1953 et 1960, p. 133. 1 Cette ambivalence a pesé sur le cinéma ethnographique. Celui-ci a longtemps été marqué par des exigences “d’objectivité” auxquelles les ethnographes voulaient que le cinéma et l’ethnographie répondent. En France, avec Jean Rouch, une rupture s’est opérée. Loin du fantasme d’objectivité cinématographique qui animait ses prédécesseurs et collègues, il a va montrer que le cinéma ethnographique est une affaire de regard, de subjectivité et d’engagement de soi : de la manière de filmer, en passant par le commentaire qu’il élabore et dit lui-même, sans oublier le montage, travaillé et pensé dès la prise de vue, le cinéma ethnographique de Rouch est écrit « à la première personne » c’est-à-dire de son point de vue, singulier et subjectif, d’observateur ethnographe. Mais, le fait d’assumer et d’affirmer la subjectivité de son regard dans ses films a conduit Rouch encore plus loin. En effet, en revendiquant sa subjectivité, il a permis à l’Autre d’exprimer en retour sa propre subjectivité. Ainsi, au tournage, il installe une réciprocité avec les personnages filmés, et suscite une complicité et un échange d’homme à homme. Cet échange, parfois implicite et muet à la prise de vue, Jean Rouch le poursuit lors du feed-back où il recueille le point de vue des sujets filmés sur l’expérience qu’ils ont vécue, avec lui, au tournage. Sous le terme anthropologie partagée, ou plutôt ciné-anthropologie partagée2, c’est toute sa conception du rapport à l’Autre qui est là formulée : le cinéma est pour lui le moyen d’approcher l’Autre dans un rapport d’échange et de partage, et l’ethnographe est un sujet, porteur de sa propre histoire et de sa culture, qui regarde et filme un autre sujet, dans sa différence et sa complexité, pour essayer de le comprendre. Il ne s’agit donc pas de capter une image de l’Autre d’un point de vue neutre et indéterminé, mais plutôt de prendre trace de ce qui se passe entre lui, l’ethnographe, et les sujets filmés, à un moment donné, dans un contexte donné, grâce à la caméra. Tout est déterminé par un ensemble de règle du jeu chaque fois recomposé - je serais tentée de dire règles du je - qui reflète son propre point de vue d’ethnographe-cinéaste, certes subjectif, mais impliqué dans un tel rapport direct et immédiat avec la réalité étudiée que celui-ci fait partie du film et se pose comme référent à partir duquel les événements ont été appréhendés. Avec lui, on assiste à l’émergence d’une écriture du film ethnographique où l’observateur s’inclut dans la réalité observée et assume pleinement la subjectivité de son regard. Nourrie de l’expérience de Jean Rouch, j’ai poursuivi mes recherches concernant la manière dont le regard de l’ethnographe-cinéaste apparaît dans les images qu’il construit en m’appuyant sur ma propre pratique de la prise de vue, du montage et de la réalisation. J’ai effectué des travaux sur trois terrains d’enquête. Deux d’entre eux ont été réalisés dans le cadre de ma propre culture, à Paris : ethnographie filmée du magasin Tati Barbès3 et ethnographie filmée du quartier de la Goutte d’Or4. Le troisième travail de terrain a été réalisé dans une culture autre que la mienne, au Pakistan : ethnographie filmée sur l’art décoratif des camions pakistanais5. À chaque étape, de terrain en terrain, je me suis attachée à apprendre à voir et à entendre, à l’aide d’une caméra. En pratiquant l’esquisse, en m’exerçant à faire des gammes, 2 Jean Rouch, « La caméra et les hommes », [première parution 1973], CinémAction (81), 1996, p. 43. Enquête qui a donné lieu à la réalisation du film ethnographique Attention les clients sont derrière la porte (1993, 52 mn). Ethnographie, prise de vue, montage et réalisation : Annie Mercier. 4 Enquête qui a donné lieu à la réalisation du film ethnographique Ici, y’a pas la guerre (1998, 75 mn). Ethnographie, prise de vue, participation au montage, réalisation : Jean Arlaud et Annie Mercier. 5 Enquête qui a donné lieu à la réalisation du film ethnographique Touchez pas au Malang (2002, 52 mn). Ethnographie, prise de vue, participation au montage et réalisation : Jean Arlaud et Annie Mercier. 3 2 j’ai tenté d’aiguiser mon regard et mon écoute, de les ajuster et les réajuster aux réalités à observer et à décrire. Ce travail expérimental m’a permis d’alimenter une réflexion qui répondait à une nécessité d’ordre méthodologique : il m’importait de comprendre comment mon point de vue d’ethnographe s’impliquait dans l’élaboration de l’image et selon quelles modalités mon regard et mon écoute se construisaient et se transmuaient en écriture ethnocinématographique. Cet ensemble de réflexions m’a permis de faire le point sur ma propre subjectivité s’imprimant au cœur même de l’image. Ce travail, de manière plus large, m’a amenée à interroger la discipline ethnographique autour de la question du je de l’ethnographe, impliqué qu’il est dans l’enquête ethnographique de terrain en tant qu’observateur et dans l’écriture des résultats d’enquête en tant qu’auteur. À la différence de la pratique ethnographique scripturaire où l’ethnographe peut travailler en différé son je sur la page blanche, lieu autonome et distinct par rapport au terrain, la pratique du cinéma impose à l’ethnographe-cinéaste de travailler son je dans une interaction directe et immédiate avec la réalité étudiée dans la mesure où ce je s’impressionne dans les images mêmes. Ainsi, j’ai été amenée à réfléchir sur le mode d’observation et de connaissance spécifique que propose le cinéma. Dans cette perspective, j’ai appréhendé la caméra comme un moyen de communication me permettant d’interagir avec l’Autre au cours d’une expérience singulière : « faire du cinéma ». Dans cette expérience, qui se joue au moment même où elle est filmée, l’exercice de la prise de vue génère des processus de mise en scène de soi, de l’Autre, qui s’impriment sur le film. La dramaturgie du film en train de se faire impulse sa règle du jeu - du je - : il faut utiliser la caméra pour affirmer son je de filmeur et se décaler de l’espace/temps réel pour travailler un espace/temps filmique. Pour que cette dramaturgie, qui se concrétise sous la forme de la création d’un espace/temps filmique, ne soit pas l’expression de la seule vision du monde du filmeur, il faut nourrir son je de toute l’expérience de terrain préalable au tournage et le travailler en fonction de la place et du rôle que les personnes filmées nous ont permis d’occuper à leurs côtés. Au moment du tournage, la caméra offre alors des modes de passage et d’échange tout en matérialisant néanmoins une distance et une frontière, irréductibles, entre filmeur et filmés. Travailler à maintenir et symboliser cette distance - qui peut d’ailleurs être de l’ordre de la proximité - permet à chacun, de par et d’autre de la caméra, de s’engager pleinement dans l’aventure du film et de jouer son propre rôle dans le cadre de la règle du jeu du cinéma. J’ai travaillé d’autre part autour de la question de la restitution de l’enquête ethnocinématographique en considérant « l’objet-film » comme le reflet de ce qui s’était joué à un moment donné, dans un contexte donné, en fonction de paramètres donnés, entre l’ethnographe et les sujets filmés. Néanmoins, prenant en compte le fait que le film ne restituait pas de manière explicite les paramètres de la recherche et les coordonnées du regard du filmeur, il m’est apparu nécessaire de réfléchir aux procédés qui me permettraient d’éclairer chacun de mes films de documents annexes qui viendraient révéler les mécanismes de la construction de mon regard ainsi que mes hypothèses de travail ethnographiques et cinématographiques. À ce stade de ma recherche, la découverte des techniques de visionnage sur logiciels informatiques a été déterminante. Grâce à ces nouvelles techniques de lecture de l’image, j’ai pu me questionner sur la construction de mon regard en visionnant mes films d’une manière autre que celle, linéaire et continue, que j’avais expérimentée jusqu’alors en vidéo analogique. Avec l’ordinateur, j’ai pu en effet démonter mes films pour les découper en séquences, plans ou vidéogrammes, et visionner ces images ensemble sur un même écran. J’ai opéré de la sorte pour revisiter les matériaux recueillis sur chacune de mes trois expériences de terrain. 3 J’ai tout d’abord effectué un travail d’analyse de mes films en m’appliquant à observer les mécanismes par lesquels j’avais construit mon regard sur les réalités observées. Plus précisément, j’ai utilisé l’outil informatique6 tel un microscope qui pouvait me permettre d’ethnographier mes images en les regardant sous leurs différents aspects et en essayant de mettre en évidence ce qui était imperceptible à l’œil nu lors d’une lecture continue du film. Ainsi, en arrêtant l’image, en visionnant certaines séquences de manière répétée, en circulant librement d’un point à un autre du film, en re-découpant la continuité filmique en fragments et en observant ceux-ci juxtaposés à d’autres sur le même écran, j’ai pu démonter mes films et réfléchir sur les procédures qui avaient présidé à leur construction. Mettre au jour les strates d’observation dont l’image est constituée, chercher à lire les coordonnées du regard du filmeur qui sont inscrites dans la matière même, redécouvrir la dynamique narrative d’un film en analysant le montage, enfin, réfléchir à la relation filmeur/filmé que le point de vue du cinéaste exprime dans son film, tels furent les axes essentiels qui ont guidé ce travail d’analyse de mes propres films. Ainsi, pouvoir manipuler et regarder mes films autrement, grâce aux techniques numériques, m’a amenée à prendre conscience de la manière, parfois impensée, dont j’avais tourné, monté et réalisé ces films. Et, c’est aussi toute l’expérience de terrain que j’étais alors invitée à revisiter et questionner. L’outil informatique m’a enfin permis d’appréhender ma problématique de recherche la construction du regard de l’ethnographe-cinéaste - non plus de manière conceptuelle et théorique mais de manière pratique et empirique : avec les logiciels numériques multimédias, je pouvais enfin manipuler la matière filmée elle-même et penser en images et non plus seulement à l’aide d’idées, de concepts et de mots. Pouvoir ainsi revisiter les matériaux sonores, visuels et textuels qui avaient concouru à mes expériences de terrain m’a enfin donné l’opportunité de construire, pour chacune de mes enquêtes filmées, des documents filmiques et multimédias complémentaires dont le propos était d’analyser et d’interroger les méthodes qui avaient présidé à la construction de mon regard et à la réalisation des films. Dès lors, je pouvais véritablement redonner à mes films toute leur dimension de recherche expérimentale puisqu’il m’était possible de restituer au spectateur les conditions dans lesquelles ils avaient été réalisés. Cette communication est accompagnée du film Reflet dans une Goutte d’Or7 dans lequel je revisite l’enquête ethnographique filmée que j’ai menée sur le quartier de la Goutte d’Or8 à Paris. Ce court-métrage est issu d’un travail de relecture et d’analyse du film Ici y’a pas la guerre9 qui avait été réalisé à l’issue de l’enquête, ainsi que de l’intégralité des rushs de tournage. Ce travail de relecture de mes matériaux audiovisuels de terrain, sur ordinateur, m’a renvoyée, en premier lieu, au principal questionnement méthodologique qui nous avait préoccupés : comment trouver une place et porter un regard sur un terrain dont les frontières sont au premier abord floues et invisibles : un quartier ? Pour réaliser cette démarche d’immersion dans la vie quotidienne du quartier, et pouvoir avoir un point de vue d’habitante, j’avais quitté mon appartement parisien du quartier Guy Moquet et loué une chambre d’hôtel meublée pendant quatre mois, en pleine Goutte 6 Pou alléger ici le texte j’utilise l’expression « outil informatique » pour parler des logiciels numériques de lecture et de traitement des matériaux audiovisuels (Final Cut Pro et DVD Studio Pro). 7 Reflets dans une Goutte d’Or, vidéo, 15 minutes, 2007. Réalisation, prise de vue et montage : Annie Mercier. 8 Ce quartier est l’un des plus cosmopolite de la capitale. On y dénombre aujourd’hui plus d’une cinquantaine de nationalités. 9 Ici y’a pas la guerre, vidéo, 75 minutes, 1998. Réalisation, prise de vue, participation au montage : Jean Arlaud et Annie Mercier. 4 d’Or, comme le font bon nombre de migrants, français ou le plus souvent étrangers, dans ce quartier10. C’est ce long travail d’immersion sur le terrain, qui témoigne de la manière dont je suis devenue une habituée du quartier, que j’ai voulu reconstituer sous la forme d’un document filmique complémentaire au film initialement réalisé. À partir des matériaux collectés - photos de l’hôtel, images du quartier filmées de la fenêtre de ma chambre, textes écrits et dits au bord de cette fenêtre -, je restitue au spectateur la manière dont le quotidien vécu dans ma chambre d’hôtel m’a donné un cadre et une temporalité d’observation. Comme en écho aux personnages du film qui inventent leur quotidien dans ce quartier en le façonnant par leur imaginaire, je tente de retrouver le fil de ma pensée et de mon enquête de terrain pour, par là-même, restituer la part d’imaginaire que je m’étais construite, dans ma chambre d’hôtel, afin de jouer un rôle et m’inventer une façon de voir, de vivre et de filmer ce quartier. Vivant cette expérience, les propos de Jean Rouch qui disait que le « cinéma, art du double est déjà le passage du monde du réel au monde de l’imaginaire, et l’ethnographie, science des systèmes de la pensée des autres, est une traversée permanente d’un univers conceptuel à un autre.» 11 m’ont continûment guidée et accompagnée. Références bibliographiques ARLAUD Jean, "La mise en scène de la parole dans le cinéma ethnographique", Filmer, chercher, Communication, n°80, Seuil, 2006. GODARD Jean-Luc, "L’Afrique vous parle de la fin et des moyens. Jean Rouch, Moi, un noir ", Cahiers du cinéma, n°94. HERITIER Françoise, "Regard et anthropologie", Le sens du regard, Communications, n°75, Paris, Seuil, 2004, PP. 91-111. LAPLANTINE François, Leçon de cinema pour notre époque, politique du sensible, Paris, Tétraèdre, 2007. LATOUR Éliane de, "Voir dans l’objet : documentaire, fiction, anthropologie", Communications, n°80, Paris, Seuil, 2006. LOUVEAU DE LA GUIGNERAYE Christine, ARLAUD Jean, "De la photo au film : écritures numériques", Arrêt sur images : photographie et anthropologie, Ethnologie française, n°113, Janvier, 2007, pp. 101-106. NINEY François, L’épreuve du réel à l’écran : essai sur le principe de réalité documentaire, Bruxelles, Éditions De Boeck Université, 2000.PIAULT Marc Henri, Anthropologie et cinéma, Paris, Nathan/HER, 2000. PIAULT Marc Henri, Anthropologie et cinéma. Passage à l’image, passage par l’image, Paris, Nathan/HER, 2000. ROUCH Jean, "La caméra et les hommes , [première parution 1973]", CinémAction, n°81, 1996. VERTOV Dziga, Articles, journaux, projets, Paris, Union Générale d’Editions, 1972. 10 Les hôtels meublés du quartier que l’on appelle aussi « garnis » proposent des locations de chambre au mois. Certains habitants du quartier, nouvellement arrivés ou étrangers célibataires ayant laissé leur famille au pays, vivent ici à l’année. 11 Jean Rouch, « La mise en scène de la réalité et le point de vue documentaire sur l’imaginaire », catalogue Jean Rouch, une rétrospective, publié par le ministère des Affaires Étrangères en 1981, sous la direction de Pascal Emmanuel Gallet. 5 Références filmographiques (Films de Jean Rouch en relation avec la communication) Chronique d’un été, 1960 Jaguar, 1967 Les Maîtres fous, 1954 Moi un noir, 1959 La Chasse au lion à l’arc, 1967 Tourou et Bitti, 1967 6