BIP 60

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BIP 60
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Bulletin d’Information sur la Population
en Afrique et à Madagascar
Numéro 60 – Avril 2011
Enjeux démographiques et enjeux de développement en Afrique et au Bénin
Mouftaou AMADOU SANNI (CEFORP), Astrid FLENON (IRD, CEFORP)
Bénédicte GASTINEAU (IRD), Moustapha GIBIGAYE (CEFORP)
Saturnine MICHOZOUNNOU (CEFORP)
Du 24 mai au 5 juin 2011, le Centre de Formation et de Recherche en matière de Population
(CEFORP) et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) organisent à l’Institut Français du Bénin plusieurs événements autour des grands enjeux démographiques et de développement : exposition, rencontres entre chercheurs et scolaires, conférences, etc. C’est une occasion
pour le Bulletin d’Information sur la Population de faire un bref point sur le lien supposé entre
croissance démographique et développement socioéconomique sur le continent africain.
L’Afrique : une évolution démographique
singulière
siècle a été marqué par une succession de crises
de subsistance, d’épidémies de variole, de choléra, de typhoïde. Le paludisme est aussi à l’origine
de nombreux décès. La forte mortalité à Madagascar a également des causes politiques : les
guerres, les migrations forcées et les corvées
obligatoires. L’évolution de la population était
donc largement limitée par une forte mortalité
mais aussi, de manière plus inattendue, par une
natalité faible qui s’explique notamment par l’état
sanitaire de la population féminine.
L’Afrique subsaharienne a connu au début des
années 1950 une baisse de la mortalité sans précédent. Ce recul de la mortalité des enfants et des
adultes a eu pour impact une accélération de la
croissance démographique : avant le 20ième siècle,
la croissance démographique de la population
africaine au Sud du Sahara ne dépasse pas 0,25%
par an (Tabutin, Schoumeker, 2004). Le nombre
de décès était si élevé qu’il était proche de celui
des naissances. La population africaine selon les
pays stagnait, ou augmentait peu, et même certaines années, celles des épidémies ou des famines, elle diminuait. A Madagascar par
exemple, la population au début du 19ième siècle
(1818) est estimée à 2 millions d’individus ; à la
fin de ce même siècle, il n’y a guère plus de 2,5
millions d’habitants. Sur la Grande île, le 19ième
Tout au long du 20ième siècle, le taux d’accroissement annuel de l’effectif de la population malgache va augmenter : 1% entre 1900 et 1950, puis
1,9% entre 1950-1955 et 2,6% entre 1955-1960,
jusqu’à atteindre 3% aux alentours de l’année
2000. La vaccination des populations adultes et
des enfants, le développement des centres de san-
1
té et des hôpitaux sont parmi les facteurs qui
permettent une amélioration de l’état de santé des
populations : la mortalité recule et le nombre de
décès relatif diminue, le nombre de grossesses
menées à terme par les femmes qui sont en meilleur santé augmente. C’est ainsi que Madagascar
entre en transition démographique au début des
années 1950. Ce constat peut être fait de la même
façon dans beaucoup d’autres pays d’Afrique
Subsaharienne.
planification familiale (Livenais, 1986). Ils sont
financés par de l’aide internationale largement
américaine (Chasteland, 1997) via la coopération
(USAID) ou des ONG et fondations privées. Les
politiques de réduction de la fécondité sont même
parfois devenues une des conditions à l’obtention
de prêts par les Institutions de Bretton Woods
dans les années 1950-1960 (Jones et Leetes,
2002) comme dans les années 1990 (Gautier,
2004). Les tenants du planning familial argumentent que « même artificiellement imposée de
l’extérieur, la limitation des naissances aura un
impact appréciable sur le développement, parce
qu’elle modifiera nécessairement la taille et les
fonctions familiales, parce qu’elle libérera les
femmes de l’emprise des travaux ménagers en les
faisant participer davantage à l’activité économique, parce qu’elle brisera le cercle infernal de
la misère en permettant que la croissance
n’alimente plus simplement les investissements
démographiques » (Loriaux, 1984 : 99-100).
La crainte de l’explosion démographique estelle sensée ?
On pouvait s’attendre à ce que tout le monde se
félicite de la baisse de la mortalité mais
l’accélération de la croissance démographique
africaine a aussi suscité de grandes inquiétudes
chez beaucoup d’observateurs : états, citoyens,
scientifiques, organisations internationales. Après
1960, le continent africain est celui qui connaît le
plus fort taux de croissance démographique et le
plus faible développement économique. Nombreux sont ceux qui défendent l’idée que la croissance démographique est un frein au développement. On parle d’explosion démographique et
même de Bombe P. (en référence à la Bombe H).
Jusqu’à la Conférence Internationale sur la population et le développement au Caire en 1994, les
programmes de planification familiale ont constitué l’essentiel des mesures des politiques démographiques (Vimard, 2010). La conférence du
Caire marque un tournant en mettant l’accès sur
les droits reproductifs des femmes et des
couples : chacun doit être libre de décider de sa
vie sexuelle et reproductive. Le paradigme néomalthusien sur lequel les politiques démographiques reposaient depuis plus de 30 ans passe au
second plan (Vimard, 2010). Toutefois, la mise
en œuvre des principes de la Conférence du Caire
s’est avérée difficile et aujourd’hui encore,
l’accès à la santé reproductive et sexuelle et le
respect des droits reproductifs des couples sont
loin d’être acquis en Afrique subsaharienne. Le
soutien international à la réalisation des politiques
de santé reproductive est insuffisant et même en
forte diminution depuis 1995 : les moyens financiers se sont déplacés vers les programmes de
lutte contre le VIH-Sida (Vimard, 2010).
Lors des deux premières Conférences mondiales
sur la Population (Bucarest en 1974 et Mexico en
1984) les débats vont être animés. Pour résumer,
disons que s’affrontent les pays riches qui souhaitent des mesures pour mettre un frein à la croissance démographique du Tiers Monde et les pays
du Tiers Monde qui répondent par l’urgence du
développement comme préalable à la résolution
des problèmes démographiques (Livenais, 1986).
Le Plan d’action mondiale décidé lors de la Conférence de Bucarest (1974) adopte une position
intermédiaire : on peut y lire « pour résoudre les
problèmes démographiques, il faut avant tout une
transformation socio-économique ». A Mexico en
1984, les « pays riches » imposent leur point de
vue. Leurs revendications en faveur de mesures
publiques de réduction de la fécondité
s’accentuent. Sur le continent africain, ceci s’est
traduit le plus souvent par des programmes de
Après 1994, les défenseurs de l’idée que « la
croissance démographique est un frein au déve2
loppement de l’Afrique » se font un peu plus discrets, rassurés par la baisse de la fécondité dans
plusieurs pays et par les projections de population
des Nations Unies qui prévoient une stabilisation
de la population mondiale en 2050 aux alentours
de 9 milliards d’habitants. Cette parenthèse va
durer à peine plus d’une décennie. En effet, depuis quelques années, les interprétations malthusiennes du lien entre population et développement
reviennent au devant de la scène. Le Fond des
Nations Unies pour la Population, en février
2010, à quelques semaines du Sommet de Copenhague sur le Climat relance le débat ainsi :
« L’effort à long terme nécessaire pour maintenir
un bien-être collectif qui soit en équilibre avec
l’atmosphère et le climat exigera en fin de compte
des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus
que si la population mondiale ne dépasse pas un
chiffre écologiquement viable. ».
refont leur apparition dans le discours politiques
au sens large, il est intéressant de s’interroger une
nouvelle fois sur cette question – tant débattue –
du lien entre croissance démographique et développement.
Croissance démographique et développement :
quel lien ?
Y-a-t-il vraiment un lien entre la croissance démographique et le développement ? Les pays
africains seraient moins pauvres si leur croissance
démographique était plus faible ? Intuitivement il
est aisé de répondre : si la population était moins
nombreuse, il y aurait moins de pression sur les
ressources, il serait plus facile de donner accès à
tous à l’éducation, à la santé, à l’eau potable, etc.
Malthus aurait peut-être répondu que moins les
convives sont nombreux, plus le banquet est copieux ! La réalité est tout autre et les relations
entre la population et le développement en
Afrique est un système complexe. Tout d’abord,
il faudrait s’entendre sur l’indicateur de développement qui permet de mesurer cette relation. Au
niveau du continent, si on choisit le revenu national brut par habitant (RNB), alors la relation entre
cet indice et le taux d’accroissement démographique est très faible : à un même niveau de richesse correspondent des situations démographiques bien différentes (Figure 1).
Au même moment (août 2009) était publié un
document du Optimum Population Trust (OPT),
ONG britannique très influente, qui affirme que
la meilleure arme pour lutter contre le réchauffement climatique serait une baisse importante de la
fécondité. Selon cette étude, il serait même économiquement bien plus rentable d’investir à
grande échelle dans la planification familiale que
dans des techniques propres (énergie solaire, véhicules électriques).
On peut faire la même analyse si on utilise
l’indicateur de développement humain du PNUD.
Certes, globalement « plus l’IDH est élevé, plus
la croissance démographiques est faible » (Figure
2), mais la corrélation est faible. D’ailleurs, pour
un indice de développement humain comparable,
on observe de grands écarts de niveaux de fécondité et donc de croissance démographique. Les
Comores et l’Ouganda ont des IDH proches
(0,422 et 0,428) mais des indices synthétiques de
fécondité respectifs de 4,1 et 6,5 enfants par
femme.
En 2011, une étude du Conseil économique et
social des Nations Unies met en garde : une douzaine de pays, la plupart en Afrique n’ont pas
encore amorcé leur transition de la fécondité et
sans un effort considérable pour diminuer le
nombre de naissances, le scenario optimiste d’une
population à 9 milliards en 2050 serait chimérique. Les Nations Unies agitent le spectre de la
surpopulation : destruction de l’environnement,
pression sur les ressources naturelles, urbanisation anarchique, etc. De nouveau, les programmes
de planification familiale sont présentés comme
une solution. Des fondations américaines affirment leur intention de les financer en Afrique.
Dans ce contexte où les théories malthusiennes
3
n’explique pas tout. Les études empiriques semblent montrer qu’il n’y a pas de constance dans la
relation entre la démographie et l’économie au
sens large : il est nécessaire d’intégrer d’autres
facteurs explicatifs (sociaux, culturels, institutionnels, sanitaires, etc.).
Figure 1
Revenu national brut par habitant et taux annuel
d’accroissement naturel (TAN) (%) pour 43 pays
d’Afrique subsaharienne
Données disponibles en 2010
Le maintien d’une forte fécondité
Sur 43 pays d’Afrique subsaharienne, 9 ont une
fécondité égale ou supérieure à 6 enfants par
femme (Malawi, Burkina, Zambie, Tchad, RDC,
Somalie, Ouganda, Mali, Niger). C’est au Niger
que la fécondité est la plus forte avec 7,4 enfants
par femme. A l’autre extrême, l’Indice synthétique de fécondité est égal ou inférieur à 4 dans 7
pays (Maurice, Seychelles, Cap Vert, Gabon,
Zimbabwe, Djibouti, Ghana). La majorité des
pays se situe donc entre 4 et 6 enfants.
Coefficient corrélation : -0,34
Sources : PNUD, 2010 et PRB, 2010
Figure 2
Indicateur de développement humain et taux annuel d’accroissement naturel (TAN) (%) pour 43
pays d’Afrique subsaharienne
Données disponibles en 2010
Quelles sont les causes d’une forte fécondité ?
Elles sont nombreuses et nous ne prétendons pas
les exposer toute ici mais en voici deux qui nous
semblent fondamentales : les fonctions assurantielles de l’enfant et la mortalité infantile.
L’enfant tient une place très importante dans les
organisations sociales africaines en milieu urbain
comme en milieu rural en jouant une fonction
d’assurance indispensable à la survie des familles. Les enfants sont les seules garanties pour
les parents en cas de maladie, d’incapacité à travailler, de chômage, de récolte agricole mauvaise… Les adultes malades ou trop âgés pour
subvenir seuls à leurs besoins (alimentation, approvisionnement en eau, etc.) font appel à leur
descendance. Aller habiter chez ses enfants mariés, déscolariser ses plus jeunes enfants pour les
mettre au travail, envoyer des enfants en migration en ville, accueillir des petits enfants qui vont
vous aider…sont quelques-unes des stratégies
possibles par exemple pour faire face à des dépenses imprévues, à une baisse de revenus, à un
mauvais moment (le décès d’un membre du ménage, une mauvaise récolte, une maladie, etc.). Or
les ménages africains vivent dans des sociétés où
les contraintes et les risques sont nombreux : la
Coefficient corrélation : -0,31
Sources : PNUD, 2010 et PRB, 2010
On peut aussi s’interroger sur le sens du lien :
l’Afrique est-elle pauvre parce que sa croissance
démographique est forte ? Ou la croissance démographique est-elle forte parce que l’Afrique est
pauvre ? Pour répondre à cette question, interrogeons-nous sur les causes d’un maintien de la
forte fécondité dans un certain nombre de pays
africains. Au niveau macro comme au niveau
micro, le niveau de richesse ou de développement
4
Prenons l’exemple du Bénin : tenant compte du
fait que ce sont généralement les fils, et non les
filles, qui prennent en charge les parents âgés et
tenant compte du niveau de mortalité observé
aujourd’hui, il faut qu’un couple mette au monde
en moyenne 6 enfants pour être assuré d’avoir
deux fils qui vont survivre jusqu’à l’âge de 50 ans
et pourront donc les aider au cours de leur vieillesse. Le niveau de fécondité de 5,7 enfants par
femme observé au Bénin en 2006 apparaît tout à
fait rationnel.
morbidité et la mortalité sont fortes, nombre
d’adultes se retrouvent dans l’incapacité de travailler, les revenus sont irréguliers et faibles pour
une majorité de la population, les activités agricoles très dépendantes des aléas climatiques ou
environnementaux…et ces risques ne s’atténuent
pas : crises économiques et changements climatiques rendent le contexte de plus en plus incertains pour les familles africaines.
Autant de raisons qui peuvent justifier que la fécondité reste élevée : les couples ont besoin d’une
descendance nombreuse pour survivre. A ce fait,
s’ajoute la très forte mortalité infantile : la moitié
des pays d’Afrique Subsaharienne ont une mortalité infantile supérieure à 80 pour 1000. En Guinée Bissau et au Tchad, elle est même supérieure
à 120 pour 1000 : sur 1000 enfants nés vivants,
120 décéderont avant leur premier anniversaire.
Les couples intègrent cette donnée dans leur
choix de fécondité, ils savent que s’ils veulent
avoir des enfants survivants lorsqu’ils en auront
le plus besoin, c’est-à-dire lorsqu’eux-mêmes
seront âgés, il faut que leur descendance soit
nombreuse. Au niveau du continent, il y a une
forte corrélation entre niveau de fécondité et mortalité infantile (Figure 3).
Croissance démographique et développement
économique : peut-on conclure ?
Aujourd’hui, les niveaux élevés de fécondité
s’expliquent très bien par le contexte sanitaire,
institutionnel et économique de l’Afrique subsaharienne. Sans exclure totalement le fait que dans
certaines conditions une forte croissance démographique peut ralentir le développement économique, il est évident que l’absence de développement explique les forts niveaux de fécondité.
La mise en œuvre de programmes de planification familiale peut-elle alors être moteur de la
baisse de la fécondité ? Il est indiscutable que
tous les couples qui souhaitent limiter ou espacer
les naissances doivent avoir facilement accès à
des méthodes contraceptives de qualité et les
femmes à des services de santé maternelle (suivi
des grossesses, accouchement médicalisé, etc.)
mais il est aussi vrai que multiplier les services de
planification familiale n’a jamais fait baisser la
fécondité. Il ne suffit pas de rendre accessible la
contraception pour que les couples l’utilisent et
l’histoire démographique de l’Europe montre
bien que la fécondité peut diminuer en l’absence
de programme de planification familiale. La fécondité diminue en France au début du 18ième
siècle pour atteindre rapidement 3 enfants par
femme à un moment où la contraception médicalisée, moderne et efficace n’existe pas. L’Afrique
reste le continent ou la fécondité est la plus élevée non pas parce que les couples éprouvent des
difficultés à avoir accès à la contraception mais
parce qu’ils souhaitent avoir « beaucoup »
d’enfants pour tout un ensemble de raisons (so-
Figure 3
Taux de mortalité infantile et ISF Afrique Subsaharienne pour 43 pays d’Afrique subsaharienne
Données disponibles en 2010
8
lSF
6
4
2
Coefficient de corrélation : O,79
0
0
50
100
150
Taux de mortalité infantile (p. 1000)
Sources : PNUD, 2010 et PRB, 2010
5
ciale, économique, etc.) dont certaines ont été
évoquées précédemment. Selon l’enquête démographique et de santé de 2006, les femmes mariées (15-49 ans) au Bénin souhaitent en moyenne
5,2 enfants, les hommes (15-64 ans) en veulent
6,9. Pour le Mali, les chiffres sont respectivement
de 6,4 et 8,4 et pour la République Démocratique
du Congo, de 6,8 et 8,0 (EDS, 2006). La demande
en enfants peut difficilement diminuer en
l’absence de développement : le plus souvent, la
réduction du nombre d’enfants souhaités est la
conséquence d’une modernisation des structures
socio-économiques, d’une augmentation du coût
des enfants et de la mise en place de mécanismes
d’assurance publics ou privés (assurance maladie,
retraite, invalidité…) qui déchargent les enfants
de leurs fonctions assurantielles.
Les trois derniers recensements (INSAE, 1979,
1992, 2002), montrent que la population du Bénin
est passée de 3 331 210 habitants en 1979 à
4 915 555 en 1992 et à 6 769 914 en 2002 avec
un taux de croissance intercensitaire de 2,8%
entre 1979 et 1992 et de 3,2% entre 1992 et 2002.
Figure 4
Evolution de l’effectif de la population au Bénin
(1910-2002)
8 000 000
7 000 000
6 000 000
5 000 000
4 000 000
3 000 000
2 000 000
1 000 000
0
Comment ceci peut-il s’appliquer au Bénin ?
Après avoir fait un rappel de la situation démographique béninoise, nous verrons pourquoi le
secteur de la santé et celui de l’éducation sont au
centre de la question du lien entre croissance démographique et développement telle que nous
venons de la développer.
1910
1930
1950
1970
1990
2010
Sources : Recensements et enquête démographique de
1961
La croissance démographique du Bénin
s’explique par l’effet conjoint du maintien d’une
forte fécondité et de la baisse de la mortalité. En
2006, l’indice synthétique de fécondité est de 5,7
enfants par femme. Après une légère baisse (de
7,1 en 1982 à 5,7 en 2006), le niveau de fécondité
stagne depuis 2001. Les progrès en matière de
mortalité sont eux flagrants : l’espérance de vie à
la naissance est passée de 42 ans en 1979 à 62 ans
en 2010. De même, le niveau de la mortalité des
enfants (entre 0 et 5 ans) a diminué au cours des
15 dernières années, passant de 151‰ en 1991-1996
à 125‰ en 2001-2006. Toutefois la mortalité des
très jeunes enfants reste élevée. Durant la période
la plus récente (2001-2006), sur 1 000 enfants qui
naissent, 67 décèdent avant d’atteindre leur premier anniversaire. Forte fécondité et mortalité
encore élevée expliquent que la population du
Bénin soit « jeune » : 53% des Béninois ont
moins de 18 ans.
La croissance démographique au Bénin
Plusieurs sources permettent de retracer
l’évolution démographique au Bénin: les recensements administratifs de l’époque coloniale,
l’enquête démographique par sondage de 1961,
les recensements de 1979, 1992, 2002, l’enquête
sur la fécondité de 1982, et les EDS (Enquêtes
Démographiques et de Santé) de 1996, 2001 et
2006.
Entre 1910 et 1956, l’effectif de la population du
Bénin est multiplié par deux : de 878 000 à 1,73
millions d’habitants. La croissance démographique est alors relativement lente, la mortalité
reste élevée. On observe après 1960 une accélération du rythme de croissance démographique :
alors que le nombre d’habitants avait doublé entre
1910 et 1956 (soit 46 ans), elle quadruple entre
1956 et 2002 (soit le même pas de temps, 46 ans).
6
pressions sur les ressources naturelles, les dépenses publiques improductives (logement, éducation, santé, etc.), etc. A l’inverse, d’autres soulignent les effets positifs de la croissance démographique : économies d’échelle, spécialisation,
pression démographique permettant l’innovation,
etc. Des travaux empiriques ont apporté une certaine confirmation d’une association positive
entre la densité de population et l’adoption de
techniques de production avancées (Easterlin,
1996 ; Gastineau, Sandron, 2006). Même si la
croissance démographique elle-même a des effets
négatifs sur la productivité économique,
l’amélioration de la santé et le recul de la mortalité et de la morbidité (qui sont à l’origine de la
croissance démographique) peuvent avoir des
effets compensateurs : diminution du nombre de
jours perdus pour les travailleurs, meilleur productivité du travail agricole, meilleur résultat scolaire des enfants, etc. Une étude a montré que
dans une région du Pakistan Oriental la lutte
contre le paludisme avait permis non seulement
de faire baisser la mortalité infantile mais aussi de
faire augmenter la production de riz de 15% sans
aucune amélioration des techniques de production
(Easterlin, 1996). Au Bénin où l’agriculture est
peu mécanisée et occupe une grande partie de la
population active, le besoin en « bras », en maind’œuvre est jusqu’à aujourd’hui important. Ce
besoin est d’autant plus important que les actifs
en incapacité à travailler (pour des raisons de
santé) sont nombreux.
Figure 5
Pyramide des âges du Bénin en 2010
Source : INSAE, Projections révisées des données du
RGPH3, 2009
Perspectives de développement et perspectives
démographiques au Bénin
L’inertie démographique fait que le Bénin connaitra encore dans les décennies à venir une forte
croissance démographique. En 2030, le Bénin
devrait dépasser les 15 millions d’habitants.
L’effectif de la population active à l’horizon final
de 2030 serait quatre fois supérieur à celle de
2003 (INSAE, 2009). Le rapport de dépendance
(nombre de personnes à charge pour 100 personnes économiquement actives) devrait diminuer de 102 en 2002 à 86 en 2030.
La croissance démographique depuis 1950 et
celle à venir sont-elles des obstacles au développement du Bénin ? Il est difficile d’apporter une
réponse ferme et définitive. L’association à long
terme entre croissance démographique et croissance économique fait apparaître aussi bien des
périodes de relation positive que des périodes de
relation négative. L’évolution économique du
Bénin est liée à tout un ensemble de facteurs qui
dépassent de beaucoup les questions de démographie : crise financière mondiale, environnement
économique régional, cours des matières premières, etc.
Dans le débat sur le lien entre dynamique démographique et développement, une position intermédiaire serait de dire que plus que la quantité de
population ce qui doit être considérée c’est la
qualité de la population. Peu importe le nombre et
la rapidité de la croissance de la population pourvue qu’elle soit en mesure de contribuer au développement de son pays, et donc à l’amélioration
de son bien être (alimentation, accès à l’eau potable, à la santé, à l’éducation). C’est en mettant
l’accent sur la qualité de la population que l’on
permet le développement qui doit rester le but
ultime et non pas la limitation de la croissance
démographique.
Toutefois, certains considèrent que le fort taux de
croissance démographique réduit les opportunités
de croissance économique en augmentant les
7
santé et dans l’éducation, s’il n’a pas pour objectif premier la baisse de la fécondité y contribue à
long terme.
Il ne s’agit plus de s’inquiéter du nombre croissant d’enfants à scolariser mais de faire de
l’éducation une priorité car bien formées, les futures générations faciliteront le développement
économique de leur pays et pourront ainsi par les
richesses créées financer l’éducation des générations qui les suivront. L’amélioration du niveau
d’instruction dans une population favorise les
progrès scientifiques, l’innovation technologique,
la mobilité, mais aussi l’esprit d’entreprise, etc.
Les récentes réformes de l’enseignement au Bénin (gratuité depuis 2006) ont permis une hausse
du taux de scolarisation à l’école primaire mais il
reste beaucoup à faire et les effets ne seront visibles que dans quelques années.
A l’inverse, un ralentissement même rapide de la
croissance
démographique
en
l’absence
d’amélioration des secteurs de l’éducation et de la
santé ne permettra pas automatiquement un développement économique rapide.
Conclusion
La question du lien entre démographie et développement anime toujours la communauté scientifique et politique. Il convenait dans ce Bulletin de
rappeler que la question est complexe et que les
affirmations simplistes (la croissance démographique est un frein au développement) doivent
être évitées. Limiter la croissance démographique
nécessite souvent des progrès substantiels en matière de développement et vice-versa…Les politiques de population qui ont été les plus efficaces
sont celles qui ont été intégré totalement dans des
politiques plus vastes de modernisation, de promotion du statut de la femme, etc.
Il en est de même pour la santé. Point de développement sans un recul spectaculaire de la mortalité et de la morbidité qui passe par un accès
pour tous à des soins de santé de qualité et ce à un
coût supportable par les individus. Ceci nécessite
des systèmes d’assurance privés ou publics.
Mécaniquement, l’universalisation de l’éducation
et l’accès à la santé fait diminuer la croissance
démographique. Toutes les politiques qui favorisent le développement économique et conduisent
au renforcement de l’éducation, à l’amélioration
de la santé, à la hausse des revenus individuels et
à la baisse de la pauvreté sont associées à un déclin de la fécondité, même s’il ne s’agit pas de
leur objectif principal (Perkins et al., 2008). Ainsi, par exemple, l’éducation accrue des filles conduit ces futurs mères à accéder à des emplois
mieux rémunérés et qui permettent plus
d’autonomie aux femmes. Le coût d’opportunité
du temps des mères augmente et entre en concurrence avec l’éducation des enfants. Les femmes
n’ont plus besoin d’une descendance nombreuse
pour être valorisées. De même la réduction de la
mortalité infantile et celle des adultes donne aux
parents l’assurance que les enfants nés vivants
pourront effectivement le rester jusqu’à l’âge
adulte. Les couples choisiront de faire donc
moins d’enfants. Ainsi, l’investissement dans la
La question est cruciale pour le Bénin dont la
croissance démographique est l’une des plus rapides du continent africain. Quels secteurs doivent être priorisés pour assurer un développement
socio-économique et une amélioration de la qualité de vie des individus ? Quel doit être le contenu
d’une politique de population ?
Aucune réponse ne peut être donnée sans une
analyse approfondie du contexte : les questions
de démographie et à plus forte raison celles qui
touchent à la procréation, à la contraception, aux
relations entre les hommes et les femmes sont à
considérer au regard d’un ensemble de facteurs
certes économique mais aussi social, culturel,
historique, géographique. Des recherches pointues sur le lien entre population et développement
à l’échelle du pays mais aussi de la sous région
sont à encourager.
8
Références bibliographiques
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internationale face au problème de la croissance de la population mondiale. In Chesnais J.C. La population
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Livenais P. 1986. Des politiques scientifiques de population ? Ou « comment être ce que l’on n’est pas…et
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Tabutin D., Schoumaker B. 2004. La démographie de l'Afrique au sud du Sahara des années 1950 aux années 2000. Population, 3 (59) : 521-622.
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www.lped.org
9
Un mot, une histoire
Espérance de vie
L’espérance de vie, comme son nom l’indique est la moyenne du nombre d’années vécues par un groupe
d’individus. C’est donc la moyenne des âges au décès de la population d’un pays, d’une région une année
donnée ou une génération donnée. Généralement on calcule l’espérance de vie à la naissance mais on peut
aussi calculer l’espérance de vie à un âge particulier : l’espérance de vie à un an par exemple (le nombre
d’années vécues en moyenne par les individus survivants à un an).
L’espérance de vie est un excellent indicateur de l’état sanitaire d’un pays et d’une population. Dans les
contextes où la mortalité des enfants est élevée, l’espérance de vie ne peut être que faible. Les données les
plus récentes montrent que 15 pays ont encore une espérance de vie inférieure à 50 ans (Afghanistan,
Tchad, Guinée Bissau, Mozambique, Swaziland, Lesotho, Nigeria, Angola, RDC, Zimbabwe, Mali, République centrafricaine, Sierra Leone, Zambie). Les causes sont multiples : des systèmes de santé particulièrement défaillants, des conflits, des fortes prévalences du Sida, etc. En Afrique subsaharienne, si on exclut
le Cap vert et l’Ile Maurice, c’est le Togo qui affiche la meilleure situation avec une espérance de vie de
63,3 ans….soit 20 ans de moins que le Japon qui détient le « record » de longévité. Vingt-trois pays ont
une espérance supérieure ou égale à 80 ans.
La Petite Guerre eut ses origines en un été troublé vers la fin des années Soixante.
La Jeunesse alors essaya sa force. On vit des occupations de locaux, des manifestations d’étudiants.
Vers mille neuf cent soixante-dix, 75 pour cent de la population du globe avait
moins de vingt et un ans. La population ne cessa d’augmenter, et avec elle, le pourcentage de la jeunesse :
79,7 pour cent en 1980.
82,4 pour cent en 1950.
En l’An 2000 : masse critique
Logan’run a été
adapté au cinéma
en 1976 (en français : L’Age de
Cristal)
Ainsi commence Logan’s Run, un roman écrit en 1967 par deux jeunes auteurs de
science fiction : William F. Nolan et Geoges Clayton Johnson. Le roman décrit une
société totalitaire (en 2116) qui après avoir connu à la fin du 20ième siècle, une période de famine pendant laquelle les « hommes se reproduisait comme des bouillons
de culture » impose une régulation démographique drastique : l’espérance de vie est
limitée à 31 ans. Tous les individus qui atteignent cet âge doivent se soumettre au
« Profond sommeil ». La majorité de la population accepte cette règle : « Le système
a raison, je le sais. La terre ne peut nourrir qu’un certain nombre d’hommes. Il faut
bien qu’il y ait un moyen d’empêcher la population de s’accroître. ». Toutefois,
quelques-uns résistent, des fugitifs qui ont entendu dire qu’un homme pouvait vivre
jusqu’à 70 ans…parmi lesquels Logan le héro de ce roman.
Nolan et Johnson 1967. Logan’s Run. Dial Press New York
Traduit en français en 1969 aux Editions Denoël Paris, sous le Titre Quand ton cristal mourra
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Appels à contribution
Santé de la mère et de l’enfant au Maroc
L’université Cadi Ayyad (Marrakech, Maroc) et le Laboratoire Population-Environnement-Développement
(IRD, France) organisent des Journées scientifiques internationales sur le thème : Santé de la mère et de
l’enfant au Maroc. Progrès récents et nouveaux enjeux nationaux et régionaux. Les différents thèmes proposés par cet appel sont : les tendances et les progrès de la santé de la mère et de l’enfant ; la santé de la
mère et de l’enfant, inégalités et vulnérabilités ; la santé de la mère et de l’enfant et maladies de société ; la
santé de la mère et de l’enfant, IST et VIH/sida ; l’impact des programmes et services de santé maternelle
et infantile ; les nouvelles stratégies de santé materno-infantile.
Les résumés doivent être envoyés avent le 30 mai 2011. Pour tout renseignement complémentaire, veuillez
contacter : [email protected]
Penser les masculinités
Les Cahiers d’études africaines lancent un appel à contribution pour un numéro intitulé Penser les masculinités. Où sont les hommes en Afrique ? Partout, assurément, comme en rend largement compte la littérature en sciences sociales consacrée au continent. Rarement, pourtant, les hommes sont étudiés en tant que
tels. Pendant longtemps, le point de vue observé et restitué par les chercheurs, bien que se donnant implicitement comme valable pour tous, était un point de vue principalement masculin. Le développement des
études féministes puis des études de genre, à partir des années 1970, a permis de mettre au jour cette déformation androcentrique du regard et de la corriger à travers la multiplication des recherches sur les
femmes. Ce faisant, il a en partie maintenu dans l’ombre ce qui est longtemps resté un angle mort de la
recherche en sciences sociales en Afrique : l’analyse des constructions de la masculinité. Dans ce numéro,
les éditeurs souhaitent à la fois rassembler des études initialement conçues sous cet angle et inviter à
s’interroger sur la masculinité ceux qui, se consacrant à des objets divers, enquêtent notamment auprès
d’hommes.
Les propositions d’articles (titre et résumé d’une page) sont à envoyer à Anne Doquet ([email protected]) et à Christophe Broqua ([email protected]) avant le 1er juin 2011.
Sixième conférence Africaine sur la Population
Nous vous rappelons que la sixième conférence Africaine sur la Population, organisée par l’Union pour
l’Etude de la Population Africaine se déroulera à Ouagadougou (Burkina Faso) du 5 au 9 décembre 2011.
Un appel à communication est en cours sur le thème « La population africaine : Passé, Présent et Futur ». Il
est possible de soumettre des communications, des posters, des propositions d’atelier, d’expositions.
Les soumissions sont faites en ligne sur le site web de la 6ème Conférence Africaine sur la Population,
http://uaps2011.princeton.edu . Il est demandé aux auteurs de soumettre: un court résumé (150 mots) à
charger en ligne; ou un résumé long (2-4 pages, tableaux inclus) ou une communication complète à charger
sur le site web suivant les instructions disponibles en ligne. Les auteurs peuvent modifier leurs soumissions
en ligne à tout moment jusqu’au 31 mai 2011.
Toutes les informations sont disponibles sur le site de l’UEPA :
http://www.uaps-uepa.org
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Ressources en ligne
Relations intergénérationnelles. Enjeux démographiques
En 2010, l’Association des démographes de Langue française (AIDELF) avait réuni de nombreux spécialistes de population à Genève autour de la question des Relations intergénérationnelles. Enjeux démographiques. Les actes de ce sont dorénavant en ligne.
http://www.aidelf.org/geneve-2010/actesgeneve2010.html
Economie de la santé et vieillissement
Le Collège des Economiste de la Santé a organisé le 8 février 2011 la 5ème conférence du cycle Economie
de la santé et vieillissement sur le thème des Aidants, il a réuni plus de 100 participants. L’intégralité des
interventions est accessible en ligne sur le site du CES.
http://www.ces-asso.org
Du Sud au Nord et du Nord au Sud
Organisé par le Musée des Confluences de Lyon, dans le cadre du programme Confluences des Savoirs et
l'Année du Mexique en France, Maria E. Cosio-Zavala, professeur de démographie à l'Université de Paris
Ouest, a donné une conférence le 5 avril 2011 à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon: Du Sud au Nord et
du Nord au Sud : frontières, sociétés, vies quotidiennes. Une video de cette conférence est disponible sur :
http://www.museedesconfluences.fr/musee/conferences_colloques/confluence_savoirs/programme.php
Perspectives de Population
La division Population des Nations Unies vient de mettre à jour ses perspectives de population. Les données disponibles pour chaque pays couvrent la période 1950-2100. Les perspectives ont en effet été étendues jusqu’à l’année 2100. Une base de données est consultable à l’adresse suivante :
http://www.unpopulation.or
Les différentes facettes des crises sanitaires
Le 12ème numéro de la revue Questions de Santé Publique vient de paraître. Il s'intitule Les différentes
facettes des crises sanitaires". Vous pouvez le consulter sur l’adresse suivante :
http://iresp.net/index.php?goto=valorisation&rub=pu
Coordination : M. Amadou Sanni (Ceforp), B. Gastineau (IRD-LPED),
S. Michozounnou (Ceforp).
Centre de formation et
de recherche en matière
de Population
Comité de lecture : A. Adjamagbo (IRD) M. Amadou Sanni (Ceforp),
V. Delaunay (IRD)
Communication, diffusion : L. Hinson (Ceforp), R. Saudegbee (IRD)
Contact :
[email protected]
Ce numéro a été édité avec la collaboration de l’UNFPA
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