Mesdames et Messieurs les Ministres

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Mesdames et Messieurs les Ministres
Négociations Climat
Montréal - Décembre 2005
éco
Lettre des ONG
7
décembre
Edition
Yoplait
EDITION FRANCAISE
ECO est publié par les Organisations non gouvernementales depuis la Conférence environnementale de Stockholm en 1972. Cet exemplaire est produit
de façon collective par les groupes du Réseau Action Climat mondial présents à COP-MOP 1, Montréal, Novembre-décembre 2005.
Mesdames et Messieurs les Ministres,
À Montréal, une chose est plus claire que jamais : les pays qui veulent protéger leurs populations et
leur environnement face aux changements climatiques doivent avancer dans le cadre du Protocole de
Kyoto. Pourquoi ? Simplement, parce que c'est le seul accord international de lutte contre le changement climatique qui fonctionne aujourd'hui.
Les pays industrialisés comme les pays en développement ont besoin de progresser dans la voie du
développement durable. L'adaptation est la principale priorité des pays en développement. Des financements conséquents pour l'adaptation et le transfert de technologies sont donc essentiels pour le succès d'un régime post-2012. Les mécanismes de flexibilité du Protocole ont permis pour la première
fois de fixer un coût aux émissions de CO2 et le marché du carbone permet de réduire les émissions à
moindre coût. Les pays industrialisés émergents, tels que le Brésil, l'Inde et la Chine, s'engagent
aujourd'hui dans des projets de réduction d'émissions et souhaiteraient aller plus loin.
Les Parties au Protocole doivent maintenant renforcer les instruments de Kyoto en se mettant d'accord
sur des réductions d'émissions plus fortes dans les pays industrialisés. Elles doivent toutes mettre en
oeuvre des actions plus larges et renforcer les mécanismes institutionnels. Les Parties doivent envoyer
un signal fort montrant qu'elles réduiront significativement leurs émissions après 2012. Montréal est
le lieu d'où doit partir ce signal !
Un plan d'actions répondant aux caractéristiques suivantes doit être lancé :
1. PROCESSUS : un processus clair doit être lancé pour la négociation de la 2e période d'engagements
,après 2012. Un groupe de travail ad-hoc, à composition non limitée, qui aura pour mandat de négocier cette deuxième période, doit être mis en place dans le cadre du Protocole de Kyoto ;
2. REDUCTIONS : ce processus doit avoir pour objectif des réductions substantielles d'émissions de
la part des pays industrialisés ;
3. RAPPORT : le Président du groupe de travail ad-hoc doit être mandaté pour soumettre un rapport
aux Parties au Protocole de Kyoto, sur la base d'une synthèse préparée par le Secrétariat de la
Convention ;
4. RESPONSABILITES COMMUNES MAIS DIFFERENCIEES : le processus doit permettre d'identifier des possibilités d'actions additionnelles à entreprendre par les pays en développement les plus
riches et les plus industrialisés, en prenant en compte le principe de responsabilités communes mais
différenciées. Il s'agit de garantir à tous l’accès à une atmosphère préservée, tout en répondant aux
priorités sociales et économiques des pays.
5. ADAPTATION : le processus doit prévoir la mise à disposition de financements conséquents, et ce,
via la mise en œuvre des mécanismes de flexibilité, pour couvrir les coûts de l'adaptation ;
6. CONTENU : les principales questions et éléments à traiter dans les négociations doivent être identifiés, et des termes de référence pour les négociations doivent être élaborés ;
7. CALENDRIER : l'échéance pour la fin des négociations doit être fixée à 2008.
NUMERO 9 - page 1
PUBLICATION CXI
Oui aux Américains, Non
à l'administration Bush
L'intérêt stratégique d'accueillir la COP/MOP1 en
Amérique du Nord se voit cette semaine renforcé par
la participation importante de la société civile étatsunienne à cette rencontre. Le secteur privé, des
représentants syndicaux, d'états et de villes américains et des groupes religieux sont présents à
Montréal pour soutenir des actions concrètes en
matière de changements climatiques. Tout cela alors
que l'administration Bush continue de s'opposer à
tout progrès dans le cadre du Protocole de Kyoto,
ainsi qu'à des réductions immédiates d'émissions de
GES.
Des maires du monde entier se rencontrent en ce
moment à l'Hôtel de Ville de Montréal. Le maire de
Seattle, Greg Nickels, a présenté la réussite de sa
ville dans la réduction des émissions de GES, pavant
ainsi la voie à des réductions massives d'émissions à
l'échelle des communautés locales, de même qu'à un
avenir plus propre, plus rassurant et plus prospère. Il
a rappelé que 192 maires, représentant 40 millions
de citoyens américains dans 38 états, ont signé
l'Accord de maires américains pour la protection du
climat.
Mardi, 24 sénateurs états-uniens, avec parmi eux des
Républicains de premier plan, ont publié une lettre
au Président Bush, rappelant à son administration
son “obligation légale de participer constructivement à la COP” et notant que “la décision délibérée
de l'administration de ne pas s'engager dans de telles
discussions est incohérente avec les obligations des
USA en tant que Partie à la Convention”.
De nombreux délégués souhaitent toujours que la
communauté internationale ramène l'administration
Bush sur la voie des négociations. Ils doivent aujourd'hui abandonner cet espoir.
(Suite au verso)
GRATUIT
Négociations Climat
CCS : pourquoi le FEM ?
L'encre du rapport du GIEC sur le stockage et la
séquestration du carbone (SSC) est à peine sèche que
le sujet fait déjà la une de l'actualité dans le FEM, dans
le MDP et dans d'autres outils de mise en œuvre. Cela
même avant que le SBSTA ait pris pleinement connaissance dudit rapport ! ECO pense que ces débats sont
prématurés, aux vues des grandes incertitudes scientifiques, techniques et politiques qui persistent sur cette
question. Le rôle du SSC doit être traité sous la
Convention, et non dans le cadre du FEM ou d'autres
Montréal - Décembre 2005
institutions. Le SSC est aussi controversé que le
LULUCF. Il est important que les délégués se souviennent que de nombreux débats ont été nécessaires avant
le lancement des projets MDP-LULUCF. C'est au
SBSTA de discuter de cela, pas aux développeurs de
MDP eux-mêmes. ECO se pose de sérieuses questions
sur le SSC, notamment en ce qui concerne la détection
et les conséquences des fuites dans le stockage du CO2,
les liens entre la séquestration et les méthodologies
d'inventaires de GES ainsi que les règles de comptabilité. La Convention a donc du pain sur la planche…
¡ Qué viva Kyoto !
Les efforts pour lutter contre le changement climatique concernent l'ensemble des pays qui ont des émissions de
GES significatives, notamment les pays latino-américains. Ceux-ci sont concernés au premier plan par le renforcement du régime. Dans ce sens, ils peuvent se montrer créatifs pour explorer de nouvelles manières d'atténuer les
effets négatifs du changement climatique, sans perdre de vue leur demande pour des réductions d'émissions plus
contraignantes de la part des pays industrialisés. Au Sommet de la Terre de Johannesburg, l'Amérique Latine avait
proposé l'objectif intéressant de réaliser 10% de sa production énergétique aux moyens d'énergies renouvelables
(solaire, éolienne, biomasse, …) d'ici 2010. La région a en effet un potentiel important dans ce secteur, qui permettrait en plus de réaliser les objectifs du développement durable. De tels projets sont tout à fait souhaitables, et
ECO les encourage fortement. ECO et le CAN Amérique Latine (CAN-LA) appellent aujourd'hui les pays de la
région à s'engager fortement dans les négociations et à contribuer, par leurs efforts et propositions, à renforcer le
Protocole. Cela pourrait passer entre autre par la promotion des énergies renouvelables, une amélioration de l’efficacité énergétique, et des actions de limitation de la déforestation.
ECO et le CAN-LA ont accueilli avec beaucoup d'intérêt la position du Forum Brésilien des ONG et Mouvements
Sociaux, qui appelle le gouvernement Brésilien à redoubler d'efforts dans le cadre du Protocole pour lutter contre
le réchauffement de la planète. De nombreuses contributions à la maîtrise des émissions peuvent être imaginées,
parmi lesquelles la lutte contre la déforestation, qui est bénéfique pour la biodiversité et les communautés indigènes.
Les pays latino-américains doivent avoir
à l’esprit que Kyoto est un instrument
flexible, et que toutes leurs propositions
seront étudiées avec intérêt.
ECO soutient donc la proposition de la
PNG. Il considère que la place de cette
question est bien entendu le Protocole,
puisque les US semblent vouloir bloquer tout progrès sérieux sous la
Convention.
Lettre des ONG
(Suite de l’article “Non aux Américains...”)
Hier, la délégation américaine s'est opposée au projet de texte portant sur un
simple “dialogue”. Que les USA bloquent
cette proposition des plus minimales
apparaît tout à fait choquant, mais pas du
tout surprenant. Rien n'est plus clair :
l'administration Bush refuse toute action
concrète sur le changement climatique
dans le cadre des Nations Unies. Point
barre !
Sur le terrain, les gouvernements locaux,
le monde des affaires et la société civile
américaine se mobilisent en faveur du
Protocole de Kyoto. Les Parties au
Protocole, participant à la COP/MOP1,
doivent aujourd'hui prendre l'administration Bush au mot : elle ne participera pas
de façon constructive à ce processus. Les
délégations doivent donc encourager la
société civile américaine à renforcer son
travail pour protéger le climat et lancer la
prochaine phase de négociations du
Protocole.
FOSSILE DU JOUR
Le 1er prix revient à l'Italie, pour son
intervention d'hier dans un side-event.
Elle a affirmé que des progrès en matière
d'efficacité énergétique pour les énergies
fossiles et le nucléaire sont nécessaires.
De même, les investissements dans la
séquestration devraient être plus importants pour parvenir à une stabilisation des
émissions. L'Italie a aussi continué à
décrédibiliser la Convention en affirmant
préférer le plan d'action du G8 de
Gleneagles. Visiblement, l'Italie n'a pas
tout compris…
Le 2e fossile va à l'Arabie Saoudite,
pour son entêtement à ralentir l'adoption
d'une décision sur le mécanisme
d’Observance.
Avec le réchauffement global ça devrait s’évaporer très vite... !?
La fabuleuse série de déclarations des
USA
affirmant qu'ils ne feront rien à cette
La Génération Impact soutient les engagements de Kyoto
COP pour faire avancer les choses mériNous, les jeunes de la Génération Impact faisons partie de ceux qui subiront les conséquences du changement cli- tait bien la 3e place.
matique. Nous sommes plus que jamais motivés pour protéger notre climat, pour nous et pour les générations
REMERCIEMENTS
futures. Partout dans le monde, des jeunes se mobilisent. En tant que dirigeants, votre appui à la jeunesse est aujourd'hui le meilleur investissement que vous puissiez faire. Peu importe l'âge, nous sommes certains d'une chose : nous Le Réseau Action Climat-France remercie le
voulons que le Protocole de Kyoto survive. Par conséquent, nous demandons vivement aux Parties des engagements MEDD et ceux qui ont participé à ce numéro :
B.Faraco, M. Créach, D.Vandaele, A. El Kabbaj,
concrets qui permettront de sauver le climat. Nous avons déjà entamé des actions concrètes et nous demandons que A. Chetaille, J. Hénault et l’équipe de ECO
anglais.
nos dirigeants fassent de même ! Rejoignez-nous à notre conférence de presse à 11h à la Salle Bay Du Nord.
ECO français est disponible sur :
www.rac-f.org
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