Annexe du dossier sur pierre Abraham

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Annexe du dossier sur pierre Abraham
Annexe : La Bataille du Matz qui coûta la vue à Pierre ABRAHAM…
Pour passer le rempart naturel, dit ‘’Massif de Thiescourt’’, le Général Von
Hutier employa les grands moyens, en préparant une nouvelle offensive
qui débuta le 9 juin 1918. Pour ce faire, il mis en place une importante
artillerie et amassa ses troupes sur une ligne allant de Montdidier à
Noyon. Si le massif n’était pas pris d’un seul élan il serait encerclé.
Plan de la Bataille du Matz et emplacements successifs des lignes du 8 au 11 juin 1918.
Le jour J, à 12H50, un déluge de feu et d’acier s’abat sur les troupes
françaises et aussitôt les premiers soldats de la 11ème D.I. allemande
traversent les lignes Alliées. Sous la pression ennemie, le front cède sur
Thiescourt, entraînant dans sa perte la Ferme d’Attiche, point culminant
du massif.
Le 11 juin, les allemands sont à Mélicocq. La situation est inquiétante car,
plus au Nord-Ouest, l’ennemi approche de Compiègne.
Cependant, l’état-major français ne fut pas surpris par l’attaque allemande
car, quelques semaines plus tôt, des déserteurs allemands avaient préféré
se constituer prisonniers plutôt que de se lancer dans une nouvelle
bataille. Ils dévoilèrent en parti le plan du Général Von-Hutier. Ainsi, des
réserves françaises attendaient l’ennemi sur le Matz pour le mettre en
échec.
Pendant la bataille, une division se distingua et enregistra le plus grand
nombre de pertes (4915 hommes). La 1ère Division de Cuirassiers à Pieds
venait une nouvelle fois de se sacrifier pour contenir l’envahisseur en
attendant les renforts.
La plaque du Cabarat-Rouge à Mareuil-la-Motte rappelle de le sacrifice du 9ème Régiment
de Cuirassiers à Pied.
LES DISPOSITIONS DE LA 1ERE D.C.P.
A l’aube de l’attaque allemande du 9 juin 1918, la 1ère Division de
Cuirassiers à Pieds se trouve en secteur devant Plessier-de-Roye en liaison
avec, à sa gauche la 125ème D.I. devant Gury et à sa droite la 53ème D.I.
devant Thiescourt.
Informée par des déserteurs allemands d’une attaque imminente, la
division de cuirassiers prend ses dispositions en organisant deux soussecteurs avec le 4ème régiment de Cuirassiers au Plémont, le 11ème
régiment de Cuirassiers au Plessier-de-Roye, le 9ème Cuirassiers en
deuxième position sur le Plateau de St Claude et des territoriaux en
troisième position. Les liaisons seront assurées par deux escadrons du
10ème Régiment de Dragons, des coureurs, des chiens et des pigeons.
L’artillerie, quant à elle, forte de 72 canons, est prête à faire feu dès le
premier signal. Par prudence, tous les intervenants ont, au préalable,
reconnu le terrain et organisé des passages secondaires pour éviter la
route du Plateau-de-St-Claude qui deviendrait intenable en cas de
bombardement intense de l’ennemi.
Plan du Plateau-de-St-Claude et des organisations françaises
L’ATTAQUE ALLEMANDE.
Le 8 juin à 23H30, l’ennemi engage un violent tir d’artillerie par obus
explosifs et toxiques. Son but est de détruire les tranchées de première et
deuxième lignes et de neutraliser les batteries françaises. Le
bombardement est si intense qu’il devient impossible de circuler sur le
Plateau-de-St-Claude qui est défoncé par les trous d’obus et obstrué par
des arbres abattus par les explosions.
A 3 heures, l’artillerie allemande déclenche un rideau de fumée derrière
lequel les fantassins s’élancent. Leur objectif est de déborder le Plémont
afin de l’encercler et faire prisonniers ses occupants. La manœuvre réussie
sur la droite où la liaison avec la 53ème D.I. n’est constituée que de
quelques postes. Sur la gauche, la situation devient critique, l’ennemi
afflue en masse par Lassigny, si bien qu’à 4H35 le Plémont est presque
perdu mais cependant les deux bataillons qui l’occupent affirment tenir
bon. Cette information est capitale pour la suite des événements car si les
Allemands prennent cette position stratégique, ils pourront diriger et
contrôler leurs troupes vers Thiescourt et le Plateau-de-St-Claude. Pour
endiguer le flux allemand, les territoriaux sont demandés en renfort, mais
le bombardement est si puissant qu’il ne peuvent se déplacer sans perdre
de nombreux hommes.
Sur les bords de la Divette au lendemain de la bataille du Matz, des soldats allemands
ramassent les cadavres des hommes et des chevaux.
Pendant ce temps, l’armée allemande derrière son épais nuage de fumée
continue sa progression en passant par le village de Gury, en direction du
parc du château du Plessier-de-Roye alors défendu avec acharnement par
le 11ème Cuir qui fini par être débordé par un ennemi toujours plus
nombreux. Ce combat rapproché, donne naissance à de nombreux îlots
défendus à l’aide des mitrailleuses et à coup de grenades que l’adversaire
a du mal à situer tellement les gaz opacifient l’atmosphère.
Vers 6 heures, le Plémont est totalement encerclé. Cependant, quelques
renseignements parviennent à l’état-major. Les unités en place se
demandent si elles doivent reculer. Mais l’ordre et formel, ‘’Pas de repli,
on tient sur place.’’
A gauche, les Allemands ont envahi Gury et les Carrières Madame situées
dans le parc du château du Plessier. Le Colonel Commandant le 11ème Cuir
est contraint d’abandonner son P.C. Dès lors, le recul devient inévitable.
Des éléments du 11ème et 9ème Cuir organisent la tranchée de Bretagne le
long de la route menant à Gury dans l’espoir de stopper l’ennemi dans sa
progression et lui interdire le Plateau de St Claude qui ouvre la vallée du
Matz.
Les carrières Madame près de Lassigny.
A 8 heures, les Cuirassiers demandent de l’aide à la division de droite pour
contre attaquer en direction du Plémont et libérer ainsi les camarades du
4ème Cuir qui continuent le combat. Malheureusement pour la 53ème
Division la situation n’est pas bonne et aucune manoeuvre ne peut être
tentée sur le Plémont où la radio du centre de résistance du bataillon
Salverte vient d’être réduite au silence. A présent, seul le C.R. Béarn tient
toujours et communique par téléphone avec l’arrière.
A l’ouest, l’ennemi progresse et s’infiltre en direction de Mareuil-la-Motte.
Il en est de même à l’est où la carrière Chauffour est menacée. La
situation apparaît clairement pour le commandement français. A présent,
seul le Plateau de St Claude peut ralentir ou interdire la porte de
Compiègne à l’adversaire.
A 11H30, l’ennemi bute sur la deuxième position française (tranchée de
Bretagne) mais continue sa progression sur les côtés du Plateau qui est
pris en enfilade par des batteries allemandes dissimulées dans le bois de
Ricquebourg et cause de sérieuses pertes dans les rangs français. Au
Plémont, le centre de résistance du Béarn, bien que totalement isolé,
continu à tenir sa position et à communiquer avec l’arrière où le général
Brécard commandant la division, réitère son ordre. ‘’Tenir sur place’’.
Quelques minutes plus tard, le 34ème Corps d’armée fait savoir que la
125ème D.I. a cédé sous la pression et que l’ennemi occupe Ressons.
D’autre part, le colonel du 4ème Cuir reçoit vers midi, un bref message du
C.R. Béarn qui résume en un mot sa situation: ‘’Foutu’’. Ainsi prend fin la
résistance glorieuse du 4ème Cuir au Plémont.
Le hameau du Plémont quelques jours avant le bataille de juin 1918.
LA DEFENSE DU PLATEAU DE ST CLAUDE.
Alors que l’artillerie allemande redouble d’intensité, l’infanterie semble
marquer une pause en début d’après midi. Mais ce calme relatif précède la
tempête car à 15 heures l’adversaire reprend son offensive et menace la
tranchée de Bretagne. Il est alors décidé d’organiser la troisième position
avec une partie du bataillon du 5ème régiment de territoriaux.
A 16 heures, les 9ème et 11ème cuirassiers amalgamés sont contraints de
reculer. Alors, conjointement, les colonels commandant respectivement
leur régiment, décident de rassembler tous les hommes encore valides et
organisent la défense de la carrière. Ensuite, ils décident de contre
attaquer et s’engagent alors dans une lutte acharnée à coups de fusils, de
grenades et de mitrailleuses. Mais la pression allemande et de plus en plus
forte et les survivants sont contraints de réoccuper la carrière qui est
encombrée de blessés. Cependant ils doivent continuer la lutte pour en
conserver l’entrée dans l’attente que la troisième ligne (tranchées de
Brest) soit organisée par le génie et les territoriaux et puisse recueillir les
cuirassiers qui dès, 18 heures, commencent à évacuer leurs dernières
positions.
Les carrières Mallet servirent de centres de résistances et d’abris aux blessés français.
A droite, la situation est grave. Les Allemands progressent si rapidement
qu’un groupe d’artilleurs est contraint d’abandonner ses batteries après
avoir fait sauter les culasses. L’ennemi tient maintenant les abords du
château de Bellinglise et s’apprête à envahir Elincourt-Ste-Marguerite.
L’état major de la D.C.P. évacue sur Marest-sur-Matz alors que les
rescapés du Plateau de St Claude s’enfuient par les bois d’Elincourt. A la
nuit tombée, la zone est évacuée, le génie fait sauter les ponts sur le
Matz. Le lendemain la division est regroupée sur Coudun. Les renforts
arrivés pendant la tourmente passent à la contre offensive et enrayent
l’ultime attaque allemande sur l’Oise.
Source : http://www.patrimoinedelagrandeguerre.com/section-oise/batailles.doc