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PRÉPARATION
Cerner les enjeux
• Il s’agit d’abord de bien repérer la thèse : l’antagonisme des hommes leur
permet de progresser.
• Il faut être capable de définir deux expressions clés : « l’insociable
sociabilité » et la « ruse de la nature ».
• Enfin, il faut suivre linéairement les arguments donnés par l’auteur.
Éviter les erreurs
Il faut pouvoir relier cette thèse à une perspective plus générale de l’histoire
et à la création d’un droit international sans réduire le propos à la notion de
société.
PRÉSENTATION
Introduction
Ce livre est considéré comme le premier ouvrage de philosophie de l’histoire. Il s’agit, dans l’esprit des Lumières qui s’opposent au pessimisme
ambiant, de faire confiance à la raison qui produit émancipation et civilisation, plutôt que de dénoncer l’absurdité de l’histoire.
Ce texte est extrait de la quatrième des neufs propositions de cet essai. La
nature a un plan, et c’est dans les dispositions naturelles de l’homme qu’elle
se développe pleinement. L’homme pourra donc se réaliser grâce à sa
raison et c’est en ce sens qu’il doit tirer de lui-même tous les moyens de sa
subsistance. L’histoire peut être considérée comme le processus de développement de la raison à l’insu des hommes pris individuellement.
Pourquoi les hommes forment-ils des sociétés ? D’après cet extrait, les
hommes tendent à former des corps sociaux parce qu’ils trouvent l’intérêt à
cette association. Mais en même temps, chaque individu, une fois en
société, tend à n’écouter que son égoïsme, et donc à dominer autrui et à
s’approprier tout au détriment d’autrui. Ce double caractère, Kant l’appelle
« l’insociable sociabilité » des hommes.
©HATIER
Développement
Le premier paragraphe désigne la proposition elle-même qu’il va
démontrer : la nature se sert de l’antagonisme des hommes pour qu’ils
puissent s’accomplir en tant qu’êtres de culture. Puis vont se succéder les
arguments suivants :
Première étape
L’homme est dans un état contradictoire, de tension permanente entre
deux tendances : besoin et élan vers l’autre, et à l’opposé, instinct de conservation qui tend à l’égoïsme.
Deuxième étape
Les autres opposent une résistance à lui, à la satisfaction de ses intérêts
privés et c’est cette résistance qui le pousse à développer ses talents. Cela
lui permet en même temps de progresser, de rivaliser, de ne pas tomber
dans la paresse et de s’accomplir ainsi en tant qu’être de culture. C’est la
nature qui ruse à travers l’homme, à travers sa raison, pour en faire un être
de culture.
Troisième étape
Cette concurrence entre les hommes va transformer leurs simples dispositions naturelles en « discernement moral ». Les animaux tirent les moyens
de leur subsistance d’eux-mêmes (griffes pour se défendre, fourrure pour se
protéger…). En revanche, l’homme n’est doté que de sa raison, comme si
l’homme devait tirer de lui-même tous les moyens de sa subsistance. L’histoire en ce sens peut être considérée comme le processus de
développement de la raison à l’insu des hommes pris individuellement.
Sans ces prétentions égoïstes, les talents resteraient enfouis.
Quatrième étape
La nature ruse pour amener l’homme à sa destination culturelle. En mettant
les hommes dans un état de concurrence les uns avec les autres, elle les
pousse à se surpasser. Ils passent alors de la rudesse à la culture par la
formation d’un discernement moral fondé sur la valeur sociale de l’homme.
Conclusion
Ainsi Kant va clore le débat entre une tradition aristotélicienne d’une sociabilité naturelle et l’idée d’une société fondée non pas sur une bienveillance
naturelle mais sur un impératif plus égoïste d’assurer sa sécurité personnelle
comme pour Hobbes. On se retrouve donc face à un mouvement contradictoire par lequel l’homme cherche à s’unir aux autres pour assurer sa
sécurité, donc une inclination à entrer en société, tout en essayant de se
©HATIER
soustraire aux obligations communes, une quête égoïste pour assurer ses
intérêts privés : c’est ce qu’il appelle « l’insociable sociabilité ».
L’homme est ainsi soumis à une double exigence : d’un coté, il lui faut un
maximum de liberté pour développer le mieux possible ses potentialités,
d’un autre côté, il faut qu’une autorité limite l’usage de cette liberté, sans
quoi le corps social serait lui-même menacé par ce conflit des individus
entre eux. Seule la loi pourra y pourvoir. La réflexion de son ouvrage a
abouti aux deux dernières propositions qui mettent en avant l’idée d’un
nécessaire droit international supplantant le rapport de force entre les
états. C’est la même idée que l’on retrouve deux siècles plus tard dans la
Charte des Nations unies, texte fondateur de l’ONU.
ENTRETIEN
Voici d’autres questions que l’examinateur pourrait vous poser lors de l’entretien.
m Pourquoi Kant ne parle-t-il pas de sociable insociabilité ?
Parce que la sociabilité est la tendance la plus forte, le but ultime qui
dépasse l’individu.
m Mais est-ce plutôt l’insociabilité ou la sociabilité qui éveille toutes les
forces, tous les talents de l’homme ?
Son insociabilité.
m Pourquoi ?
Car, mis en situation de concurrence, les hommes cherchent à se surpasser.
©HATIER