Le Code de Hammurabi
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Le Code de Hammurabi
Le Code de Hammurabi La stèle de basalte, érigée par le roi Hammurabi de Babylone, probablement à Sippar, la ville du Soleil, Shamash, dieu de la justice, mais dont d’autres exemplaires étaient déposés dans les villes de son royaume, s’inscrit dans une tradition. Deux compositions juridiques sumériennes – celles du roi Ur-Namma d’Ur (vers 2100 avant J.-C.) et de Lipit-Ishtar d’Isin (vers 1930 avant J.-C.) – précèdent l’œuvre de Hammurabi. Le Code de Hammurabi est le recueil juridique le plus important du ProcheOrient ancien, antérieur aux lois bibliques. Le texte, qui occupe la majeure partie de la stèle, constitue la raison d’être du monument. Il est écrit en écriture cunéiforme et en langue akkadienne. Lié à la scène figurée qui le domine – une représentation du roi devant Shamash, le Soleil, dieu de la justice –, il est, outre son contenu juridique, une source exceptionnelle pour notre connaissance de la société, de la religion, de l’économie et de l’histoire événementielle de cette époque. Il se divise en trois parties : – un prologue historique (face col. I - v, l. 25) narre l’investiture du roi, la formation de son empire et ses réalisations ; – un épilogue lyrique (revers col. XXIV-XXVIII) résume son œuvre de justice et prépare sa perpétuation dans l’avenir ; – ces deux passages littéraires encadrent 41 colonnes (face v, 26-revers XXIII), comportant près de 300 décisions de justice – présentées sous forme de cas, et se référant à la réglementation de la vie courante dans le royaume de Babylone. La partie légale reflète la langue quotidienne et l’écriture y est simplifiée, car le roi voulait qu’elle soit comprise par tous. Les sujets abordés couvrent les droits civil et pénal. Les articles sont regroupés par grands chapitres. Les plus importants concernent la famille, l’esclavage, les droits professionnel et commercial, agricole et administratif. Des mesures économiques fixent les prix et les salaires. La stèle présente une image du pouvoir, le bilan d’un règne prestigieux, un testament politique destiné aux princes à venir, leur proposant, comme modèle, un règne d’équité. * Les dates traditionnelles du règne de Hammurabi sont 1792 - 1750 avant J.-C., selon la chronologie « moyenne ». De nouvelles études argumentées, proposent une datation plus récente de près d’un siècle. Jusqu’à l’établissement d’un consensus parmi les orientalistes, nous conservons la chronologie moyenne. (extraits du texte) Prologue « Lorsque le sublime Anu le roi des dieux, et Enlil le seigneur des cieux et de la terre [...] eurent prononcé le nom révéré de Babylone et l’eurent rendue prépondérante parmi les régions du monde [...] Alors, ils nommèrent mon nom, Hammurabi [...] pour faire prévaloir la justice dans le pays, pour éliminer le méchant et le pervers, pour empêcher le fort d’opprimer le faible, pour m’élever comme Shamash, le Soleil, au-dessus des hommes, pour illuminer le pays [...] Premier parmi les rois, je suis [...] le roi puissant, le Soleil de la ville de Babylone, qui répand la lumière sur les pays de Sumer et d’Akkad, le roi qui fait obéir les quatre régions [...] Lorsque Marduk m’ordonna d’apporter la justice au peuple, j’établis vérité et justice [...] j’assurai le bien-être du peuple. » Sentences de justice §1 « Si un homme accuse un autre homme et le charge d’homicide, mais ne peut apporter de preuves contre lui, son accusateur sera mis à mort. » § 14 « Si un homme enlève le jeune enfant d’un notable, il sera mis à mort. » § 22 « Si un homme commet un vol et qu’il est pris, cet homme sera mis à mort. » § 129 « Si l’épouse d’un homme est surprise en train de coucher avec un autre mâle, on les liera et on les jettera à l’eau. Si le propriétaire de l’épouse lui permet de vivre, alors le roi fera grâce à son serviteur. » §154 « Si un homme connaît [charnellement] sa fille, on bannira cet homme de la ville. » § 193 « Si un enfant adoptif [...] identifie sa maison paternelle et rejette le père ou la mère qui l’a élevé et part pour sa maison paternelle, on lui arrachera un œil. » § 195 « Si un enfant frappe son père, on lui coupera la main. » § 196 et 200 « Si quelqu’un a crevé l’œil d’un homme libre, on lui crèvera un œil [...] Si quelqu’un a cassé la dent d’un homme libre, son égal, on lui cassera une dent. » §215-217 « Si un médecin pratique une grave opération sur un notable avec une lancette de bronze et qu’il sauve la vie de cet homme, ou s’il ouvre l’arcade sourcilière d’un notable avec une lancette de bronze et sauve son œil, il prendra 10 sicles d’argent [env. 80 g] ; s’il s’agit d’un membre de la classe populaire, il prendra 5 sicles d’argent ; s’il s’agit d’un esclave [...] le maître de l’esclave donnera 2 sicles d’argent au médecin. » Épilogue « Telles sont les décisions de justice que Hammurabi, le roi compétent, a établies pour engager le pays conformément à la vérité et à l’ordre équitable [...] Que l’homme injustement traité, qui est impliqué dans une affaire, vienne devant l’image de moi-même, le roi de justice, et se fasse lire ma stèle écrite, qu’il entende ainsi mes précieuses ordonnances ; que ma stèle lui indique son affaire, qu’il voit son cas, que son cœur s’allège [...] Je suis Hammurabi, le roi de justice, à qui Shamash a octroyé la vérité. »