La sécurité nucléaire au Kazakhstan
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La sécurité nucléaire au Kazakhstan
LA SÉCURITÉ NUCLÉAIRE AU KAZAKHSTAN – CHEF DE FILE MONDIAL EN MATIÈRE DE RESPONSABILITÉ NUCLÉAIRE Le Président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, devant le monument « Stronger than Death » (« Plus fort que la mort »), dédié à la fermeture du site d'essais nucléaires de Semipalatinsk, appelée aujourd'hui Semeï, le 18 juin 2009. Novembre 2014 Table des matières Introduction p. 3 L'héritage de Semipalatinsk et le désarmement nucléaire du Kazakhstan p. 4 Le contrôle des matières fissiles : les engagements internationaux du Kazakhstan p. 5 La vision d'un monde exempt d'armes nucléaires et l'initiative G-Global p. 7 Un instrument de la non-prolifération : la banque internationale d'uranium p. 9 Conclusion – L'importance d'une nouvelle réflexion p. 10 À propos de la campagne du Kazakhstan pour devenir membre du CSNU p. 11 2 La sécurité nucléaire au Kazakhstan – Chef de file mondial en matière de responsabilité nucléaire « Il est incontestable qu’en ce qui concerne la non-prolifération [nucléaire], rares sont les pays qui peuvent égaler l’expérience et la crédibilité du Kazakhstan » – Hillary Rodham Clinton, Secrétaire d'État américaine, 3 octobre 2012. Introduction La prolifération des armes nucléaires et le terrorisme nucléaire représentent deux des menaces les plus graves du XXIème siècle.1 Plus de 2 000 tonnes de plutonium et d'uranium hautement enrichi, destinées à un usage pacifique et militaire, sont actuellement réparties sur des centaines de sites dans 25 pays. Une partie importante de ces matières n'est pas suffisamment sécurisée, et leur protection doit constituer une priorité absolue à l’échelle mondiale.2 Si elle tombait entre de mauvaises mains, une bombe nucléaire de dix kilotonnes pourrait anéantir une ville de plusieurs millions d’habitants en quelques secondes.3 Certains États considèrent également les armes nucléaires comme une garantie de sécurité, suscitant des craintes de course aux armements nucléaires destructrice avec un risque élevé d'erreur de calcul et l'éventualité que des acteurs non étatiques acquièrent ces armes. Toutefois, pourvu qu'elle soit utilisée à des fins pacifiques, l'énergie nucléaire est essentielle pour répondre à la demande en électricité présente et future. La demande mondiale en énergie devrait doubler d'ici 2035 et aujourd'hui déjà, environ 2 milliards de personnes ne disposent pas d'un accès permanent à l'électricité.4 Exprimée en chiffres, la demande en électricité aura augmenté de 70 % pour atteindre presque 32 000 TWh dans deux décennies.5 Le défi aujourd'hui est de savoir comment étendre l'usage de l'énergie nucléaire, tout en empêchant la prolifération des armes nucléaires.6 Un désarmement nucléaire concerté et des contrôles plus efficaces des matières fissiles constituent deux étapes essentielles à la résolution de ce dilemme, et le 1 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 97 et http://www.washingtontimes.com/news/2014/mar/24/nazarbayev-toward-a-safer-nuclearcommunity/#ixzz37XDbBhtY 2 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 55. 3 Graham Allison, Nuclear Terrorism (New York: Henry Holt & Company, 2004), p 4. 4 http://www.akorda.kz/en/page/page_remarks-by-president-nursultan-nazarbayev-at-the-internationalconference-titled-%E2%80%9Cfrom-a-nuclear-test-ban-to-a-nuclear-weapon-freeworld%E2%80%9D_1346905293 5 http://www.worldenergyoutlook.org/media/weowebsite/2012/factsheets.pdf 6 http://www.aljazeera.com/indepth/opinion/2014/02/kazakhstan-model-nuclear-disarma20142142092967469.html 3 Kazakhstan se situe au cœur de cet effort. Le Kazakhstan négocie actuellement les derniers détails concernant l'établissement de la première banque internationale d'uranium faiblement enrichi sur son territoire, ayant volontairement renoncé à son arsenal nucléaire il y a deux décennies. Ce double accomplissement est unique et représente certainement, en partie, la raison pour laquelle le Président Barack Obama a qualifié son homologue kazakh, M. Noursoultan Nazarbaïev, de « dirigeant modèle » lors du Sommet sur la sécurité nucléaire de 2010 à Washington.7 L'héritage de Semipalatinsk et le désarmement nucléaire du Kazakhstan Victime des essais nucléaires durant l'époque soviétique, le Kazakhstan est un ardent défenseur de la non-prolifération, ainsi que du retrait et de la destruction de l'uranium hautement enrichi. Pendant quatre décennies, les autorités soviétiques effectuèrent 456 essais nucléaires sur le site d'essais nucléaires de Semipalatinsk dans le nord du Kazakhstan, dont la puissance explosive totale équivalait à 2 500 bombes atomiques du type largué au-dessus d'Hiroshima.8 Plus d'1 million de personnes furent exposées aux retombées radioactives lors de ces essais souterrains et atmosphériques, et de vastes étendues de terre sont désormais contaminées à Semipalatinsk et dans les environs.9 Face au tollé général concernant Semipalatinsk, le Président Nazarbaïev ferma le site le 29 août 1991, peu de temps avant la déclaration d'indépendance du Kazakhstan.10 D'autres grands sites d'essais nucléaires à travers le monde furent fermés par la suite : au Nevada aux États-Unis, dans l'archipel de la NouvelleZemble en Russie, aux alentours du lac marécageux de Lob Nor en Chine et à Mururoa en Polynésie française.11 À maints égards, le 29 août a constitué un moment décisif vis-à-vis de la réduction du danger d'apocalypse nucléaire, et a été reconnu comme tel lorsque la 64ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé cette date Journée internationale contre les essais nucléaires.12 En mai 1992, peu après la fermeture de Semipalatinsk, le Kazakhstan renonça à posséder des armes nucléaires et entama le processus laborieux de démantèlement de l'arsenal nucléaire dont il avait hérité de l'URSS. Comprenant plus de 1 400 têtes nucléaires et 110 missiles balistiques, il représentait le quatrième plus grand arsenal nucléaire au monde après ceux de la Russie, des États-Unis et de l'Ukraine. Ce désarmement nucléaire volontaire n'était pas la conséquence de l’incapacité du Kazakhstan à conserver des armes nucléaires. Le pays disposait des experts et des infrastructures nécessaires pour mener à bien des programmes nucléaires militaires 7 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 39. 8 http://eurodialogue.org/Kazakhstan-stands-for-nuclear-free-world 9 http://www.washingtontimes.com/news/2014/mar/24/nazarbayev-toward-a-safer-nuclearcommunity/#ixzz37XDbBhtY 10 http://www.consul-kazakhstan.org.hk/news2.php?serial=179 11 http://www.akorda.kz/en/page/page_remarks-by-president-nursultan-nazarbayev-at-the-internationalconference-titled-%E2%80%9Cfrom-a-nuclear-test-ban-to-a-nuclear-weapon-freeworld%E2%80%9D_1346905293 12 http://www.un.org/en/events/againstnucleartestsday/ 4 et aurait pu rejoindre le club très fermé des États dotés de l'arme nucléaire, si telle avait été sa volonté.13 Mais le Président kazakh Nazarbaïev ne s'engagea pas dans cette voie. La conviction du Président selon laquelle les garanties de sécurité ne découlent pas des armes nucléaires mais « du développement socio-économique durable » explique en partie cette décision14, tout comme la détermination du Kazakhstan à promouvoir la sécurité mondiale : « Les intérêts nationaux dans ce domaine des plus sensibles ont été mis de côté pour atteindre l'objectif suprême de paix et de sécurité internationales », a déclaré le Président Nazarbaïev.15 Ce principe s’est manifesté surtout dans le processus de retrait et de destruction des matières nucléaires de qualité militaire du Kazakhstan. Pendant dix ans, le Kazakhstan, la Russie et les États-Unis sécurisèrent conjointement les vestiges du programme nucléaire soviétique du Kazakhstan, en commençant en 1994 avec le « Projet Saphir » qui permit de transférer environ 600 kg d'uranium hautement enrichi de l'usine métallurgique d'Ulba. Plus récemment, en novembre 2010, le Kazakhstan, avec l'aide de la Russie, des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'AIEA, retira le combustible nucléaire usé du réacteur BN-350 et sauvegarda de grandes quantités de matières nucléaires équivalentes à des centaines de bombes nucléaires.16 De bien des façons, la renonciation du Kazakhstan aux armes nucléaires a témoigné de ce que le pays aspirait à devenir : un État responsable dont la sécurité est garantie par la prospérité, et une nation dont la contribution à la sécurité mondiale dépasse de loin la taille modeste de sa population. Il s’agissait, pour citer le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, d’« une véritable déclaration d'indépendance »,17 qui non seulement a bien servi le Kazakhstan, mais a également incité les autres à faire de même. Le contrôle des matières fissiles : les engagements internationaux du Kazakhstan Le développement et le renforcement du fondement juridique international de la sécurité nucléaire sont essentiels pour le Kazakhstan, qui possède une solide expérience dans ce domaine puisqu'il a participé à presque toutes les conventions portant sur la sécurité nucléaire.18 Le Kazakhstan est devenu partie au Traité sur la 13 http://www.akorda.kz/en/page/page_remarks-by-president-nursultan-nazarbayev-at-the-internationalconference-titled-%E2%80%9Cfrom-a-nuclear-test-ban-to-a-nuclear-weapon-freeworld%E2%80%9D_1346905293 14 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 97. 15 http://www.washingtontimes.com/news/2014/mar/24/nazarbayev-toward-a-safer-nuclearcommunity/#ixzz37XDbBhtY 16 http://www.kazesp.org/index.php?option=com_content&view=article&id=204:nuclear-securitysummit-2014-national-progress-report-kazakhstanresident-nazarbayev-of-kazakhstan-on-cooperationin-the-sphere-of-nonproliferation-and-strengthening-nuclear-security&catid=1:noticias 17 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 23. 18 http://www.kazesp.org/index.php?option=com_content&view=article&id=204:nuclear-securitysummit-2014-national-progress-report-kazakhstanresident-nazarbayev-of-kazakhstan-on-cooperationin-the-sphere-of-nonproliferation-and-strengthening-nuclear-security&catid=1:noticias 5 non-prolifération des armes nucléaires (TNP) le 13 décembre 1993, et peu après membre de l'AIEA. Il fut l’un des premiers pays à signer le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires en 1996, qu’il ratifia par la suite en 2001.19 Il ratifia le Traité START I en 1992 et quatre ans plus tard, en septembre 1996, ses 104 missiles balistiques intercontinentaux furent retirés en toute sécurité, rendus à la Russie et détruits, trois ans avant la date limite fixée dans le Traité. Reconnaissant le rôle de premier plan de l'AIEA pour ce qui est d'assurer la sécurité nucléaire mondiale,20 le Kazakhstan considère le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires comme la pierre angulaire du mouvement de non-prolifération nucléaire, et estime que l'entrée en vigueur précoce du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires sera cruciale pour le renforcer.21 En 2011, le Kazakhstan ratifia les amendements à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, et confirma officiellement son acceptation du Code de conduite sur la sûreté et la sécurité des sources radioactives. Un registre national des sources de rayonnements ionisants a également été créé à cette fin.22 Le Kazakhstan est actuellement classé à la 15ème place en ce qui concerne l'indice de sécurité des matières nucléaires, établi par l’Initiative contre la menace nucléaire (Nuclear Threat Initiative – NTI), à savoir l’évaluation publique des conditions de sécurité des matières nucléaires dans le monde entier.23 Il arrive tout juste derrière des pays avancés comme le Royaume-Uni, les États-Unis et le Japon – classés de 11ème à 13ème – et devant l'Italie, Israël, et de nombreux autres pays à revenu élevé.24 Toutes les activités nucléaires du Kazakhstan doivent satisfaire aux exigences de l'AIEA, et Astana a mis en place un certain nombre de mesures supplémentaires pour contrôler les matières fissiles. Par exemple, un Centre régional de formation pour la sûreté nucléaire, destiné à améliorer la sécurité et la formation en matière de mesures de protection pour les installations nucléaires du Kazakhstan, est en cours de création en coopération avec les États-Unis ;25 un Programme de « deuxième ligne de défense », visant à équiper les postes de contrôle frontaliers du Kazakhstan d'un système de contrôle des matières radioactives, est actuellement mis en œuvre avec le même partenaire ; Kazatomprom et l'Institut de physique nucléaire du Kazakhstan sont en train de créer une base de données sur les origines des 19 http://www.akorda.kz/en/page/page_remarks-by-president-nursultan-nazarbayev-at-the-internationalconference-titled-%E2%80%9Cfrom-a-nuclear-test-ban-to-a-nuclear-weapon-freeworld%E2%80%9D_1346905293 20 http://www.kazesp.org/index.php?option=com_content&view=article&id=204:nuclear-securitysummit-2014-national-progress-report-kazakhstanresident-nazarbayev-of-kazakhstan-on-cooperationin-the-sphere-of-nonproliferation-and-strengthening-nuclear-security&catid=1:noticias 21 http://www.kazakhembus.com/document/address-by-kazakhstan-president-nursultan-nazarbayevstrategy-kazakhstan-2050 22 http://www.kazesp.org/index.php?option=com_content&view=article&id=204:nuclear-securitysummit-2014-national-progress-report-kazakhstanresident-nazarbayev-of-kazakhstan-on-cooperationin-the-sphere-of-nonproliferation-and-strengthening-nuclear-security&catid=1:noticias 23 http://ntiindex.org/countries/kazakhstan/ 24 http://ntiindex.org/data-results/interactive-map/ 25 http://www.whitehouse.gov/the-press-office/2014/03/25/fact-sheet-us-kazakhstan-cooperativeactivities-nuclear-security 6 matières nucléaires ; et le Kazakhstan contribue également à la base de données de l'AIEA sur la contrebande et le trafic illicite de matières nucléaires.26 Le Kazakhstan est membre du Groupe des fournisseurs nucléaires depuis le 13 mai 2002. En juillet 2005, le Kazakhstan a rejoint l'Initiative de sécurité contre la prolifération appelée l'Initiative de Cracovie, programme de coopération international visant à lutter contre le trafic d'armes de destruction massive.27 Un an plus tard, le pays est devenu l'un des membres fondateurs de l'Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire. En 2008, le Kazakhstan a été accepté au sein du Comité Zangger, qui sert de « fidèle interprète » de l'Article du TNP visant à harmoniser les politiques de contrôle des exportations des matières nucléaires.28 Pour superviser toutes les questions relatives à la sécurité nucléaire, notamment le contrôle des matières nucléaires et de l'uranium brut et le renforcement des contrôles douaniers, frontaliers et des exportations, le Kazakhstan a mis en place en 2010 une Commission de non-prolifération des armes de destruction massive, qui exerce ses fonctions sous l'autorité du Bureau du Président kazakh.29 Enfin, le Kazakhstan a joué le rôle de médiateur dans le cadre de conflits liés au cycle du combustible nucléaire. Par exemple, les pays du P5 et l'Iran ont récemment participé à deux réunions cruciales à Almaty concernant le programme nucléaire de ce dernier. Les pourparlers ont été largement reconnus comme les plus fructueux jusqu'ici, et l'ancien Sénateur américain Sam Nunn a recommandé de faire appel à l'expertise du Kazakhstan dans ce domaine et vis-à-vis des problèmes internationaux qui y sont liés. Selon ses propres mots, « la diplomatie kazakhe pourrait être mise à profit dans des pays comme la Corée du Nord et l'Iran... Je ne pense pas que les dirigeants du Kazakhstan aient suffisamment suscité la reconnaissance de notre pays et des membres du G8, ni que nous ayons utilisé le poids de leur exemplarité comme nous aurions pu le faire. »30 La vision d'un monde exempt d'armes nucléaires et l'initiative G-Global La position du Kazakhstan, comme celle de l'AIEA, est qu'un désarmement nucléaire général et complet et l'abolition des essais nucléaires constituent des conditions 26 http://www.kazesp.org/index.php?option=com_content&view=article&id=204:nuclear-securitysummit-2014-national-progress-report-kazakhstanresident-nazarbayev-of-kazakhstan-on-cooperationin-the-sphere-of-nonproliferation-and-strengthening-nuclear-security&catid=1:noticias 27 http://www.consul-kazakhstan.org.hk/news2.php?serial=179 28 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 200. 29 http://www.kazesp.org/index.php?option=com_content&view=article&id=204:nuclear-securitysummit-2014-national-progress-report-kazakhstanresident-nazarbayev-of-kazakhstan-on-cooperationin-the-sphere-of-nonproliferation-and-strengthening-nuclear-security&catid=1:noticias 30 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 62. 7 indispensables à la sécurité nucléaire dans le monde.31 La renonciation du Kazakhstan aux armes nucléaires et la création d'une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale (Traité CANWFZ) en 2009, la première du genre dans l'hémisphère nord, sont deux manifestations de cette vision d'un monde exempt d'armes nucléaires. En souscrivant au Protocole additionnel de l'AIEA, le Traité CANWFZ contraint juridiquement les pays d'Asie centrale à satisfaire aux mesures de protection renforcées de l'AIEA concernant les matières nucléaires civiles et les normes de sécurité internationales dans les installations nucléaires.32 Le Kazakhstan a travaillé à la création de zones similaires dans d'autres parties du monde. Par exemple, la Déclaration d'Astana pour un monde exempt d'armes nucléaires, adoptée lors du Forum international pour un monde exempt d'armes nucléaires, qui s'est tenu en 2011 au Kazakhstan, s'est clairement prononcée en faveur de la création de zones exemptes d'armes nucléaires au Moyen-Orient et ailleurs. Le Kazakhstan a également proposé l'adoption d'une Déclaration universelle pour un monde exempt d'armes nucléaires lors du Sommet mondial sur la sécurité nucléaire, à Washington en 2010 et à Séoul en 2012.33 Dans le même esprit, le Kazakhstan a lancé le Projet ATOM, une campagne internationale de « sensibilisation aux catastrophes humaines et écologiques causées par les essais d'armes nucléaires ».34 L'émergence du Kazakhstan en tant que centre mondial pour la non-prolifération s'est peut-être exprimée de manière plus visible lors de la conférence internationale intitulée « De l'interdiction des essais nucléaires à un monde exempt d'armes nucléaires », qui a eu lieu au Kazakhstan en 2012. Réunissant des parlementaires, des maires et des représentants de la société civile venus des quatre coins du monde, elle s'est rapprochée plus que jamais d'un « prototype d'assemblée parlementaire antinucléaire mondiale ».35 Le Kazakhstan fait également partie, aux côtés de 27 autres États membres, du Partenariat mondial du G8 contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes. L'initiative constitue un engagement des membres du G8 (désormais G7) à consacrer 20 Md$ sur 10 ans à l'élimination et à la sécurité des installations de fabrication d'armes de destruction massive en Russie et dans l'espace post-soviétique. Bien qu'ils soient importants et accueillis favorablement, il convient de reconnaître que de nombreux pays restent en dehors des groupes des G7 et G20. À ce titre, le Kazakhstan ne considère pas que ces cadres sont « pleinement efficaces pour résoudre les problèmes mondiaux » tels que la sécurité nucléaire.36 Au lieu de cela, il faut tenir compte des pays qui ne sont pas membres, peut-être en particulier puisque 31 http://www.consul-kazakhstan.org.hk/news2.php?serial=179 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 76. 33 http://eurodialogue.org/Kazakhstan-stands-for-nuclear-free-world 34 http://www.akorda.kz/en/page/page_remarks-by-president-nursultan-nazarbayev-at-the-internationalconference-titled-%E2%80%9Cfrom-a-nuclear-test-ban-to-a-nuclear-weapon-freeworld%E2%80%9D_1346905293 35 http://www.akorda.kz/en/page/page_remarks-by-president-nursultan-nazarbayev-at-the-internationalconference-titled-%E2%80%9Cfrom-a-nuclear-test-ban-to-a-nuclear-weapon-freeworld%E2%80%9D_1346905293 36 http://www.consul-kazakhstan.org.hk/news2.php?serial=179 32 8 trois des États membres du G7 possèdent des armes nucléaires et que ceux qui n'en font pas partie, à quelques exceptions près, n'en possèdent pas. L'initiative G-Global du Kazakhstan, qui regroupe environ 190 pays, est destinée à combler cette lacune et repose sur la conviction qu'une avancée dans la sécurité nucléaire mondiale n'est possible qu'en adoptant une approche universelle et non discriminatoire.37 Le Président Obama l'a fait savoir lors du Sommet mondial sur la sécurité nucléaire, à Washington en 2010, lorsqu'il a déclaré : « Nous n'aurions pas pu avoir ce sommet [à Washington] sans la présence [du Président Nazarbaïev]. »38 Cette déclaration peut être considérée comme preuve que le poids d'un pays sur les questions de sécurité nucléaire mondiale ne doit pas être déterminé par la taille de l'arsenal nucléaire dont il dispose, mais plutôt par les efforts qu'il déploie pour favoriser la non-prolifération. Un instrument de la non-prolifération : la banque internationale d'uranium Avec 53 centrales nucléaires actuellement en construction dans le monde et près de 500 autres centrales devant être mises en service dans les quinze prochaines années, la demande d'uranium a explosé.39 Cette évolution concerne directement le Kazakhstan puisqu'il est le plus gros producteur de minerai d'uranium au monde, représentant pas moins de 38 % de la production mondiale en 2011. Le Kazakhstan exporte actuellement son uranium en Russie, en Chine, au Japon, en Corée du Sud et en Inde, entre autres, et il a signé des pactes de coopération nucléaire civile avec ces pays, ainsi qu'avec la Grande-Bretagne et plusieurs autres. La présence du pays dans ce domaine au cours des prochaines décennies sera importante, tout comme ses responsabilités. Des mesures ont donc été prises pour répondre aux préoccupations concernant la sécurité nucléaire. Par exemple, la Société nationale nucléaire Kazatomprom, avec l'aide de l'AIEA et du département de l'Énergie américain, mène actuellement un projet pilote pour introduire un système de comptabilité et de contrôle de l'uranium brut.40 L'espace de l'ancienne Union soviétique a été largement considéré comme l'une des régions au monde les plus exposées au vol de matières nucléaires. Dans une volte-face remarquable, le Kazakhstan est désormais en train de négocier un accord avec l'AIEA pour accueillir la première banque internationale d'uranium faiblement enrichi. Le choix du Kazakhstan pour l'établissement de cette banque n'est pas un hasard étant donné l'engagement historique du pays envers la sécurité nucléaire. Comme l'a fait remarquer Sam Nunn : « La menace du terrorisme nucléaire nous oblige à nous 37 http://www.akorda.kz/en/page/page_remarks-by-president-nursultan-nazarbayev-at-the-internationalconference-titled-%E2%80%9Cfrom-a-nuclear-test-ban-to-a-nuclear-weapon-freeworld%E2%80%9D_1346905293 38 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 39. 39 http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/02/24/AR2010022403242.html 40 http://www.kazesp.org/index.php?option=com_content&view=article&id=204:nuclear-securitysummit-2014-national-progress-report-kazakhstanresident-nazarbayev-of-kazakhstan-on-cooperationin-the-sphere-of-nonproliferation-and-strengthening-nuclear-security&catid=1:noticias 9 lancer dans une course entre la coopération et la catastrophe. Le genre de coopération dont fait preuve encore et toujours le Kazakhstan peut nous aider à gagner cette course. »41 Le fait que le Kazakhstan entretienne de bonnes relations avec toutes les puissances nucléaires existantes et aussi, de façon cruciale, avec les pays qui cherchent à développer un programme nucléaire civil, représente un atout supplémentaire dans l’accueil de la banque.42 Les États-Unis se sont déjà engagés à verser 50 M$ pour soutenir la cause, la Norvège 5 M$, le Koweït et les Émirats arabes unis ont offert 20 M$ chacun, et l'UE a promis de donner 25 M€.43 Conclusion – L'importance d'une nouvelle réflexion La liste des engagements du Kazakhstan envers la sécurité nucléaire est longue, et les exemples indiqués ici ne sont pas exhaustifs. Le législateur britannique Lord Waverley a bien su résumer la portée de ces engagements lorsqu'il a déclaré : « Le Kazakhstan reste l'un des rares exemples qui raniment et respectent l'esprit des Conférences Pugwash, fondées par les lauréats du prix Nobel scientifique Bertrand Russell, Albert Einstein, Joseph Rotblat et d'autres, quelques jours avant le décès d'Einstein, en guise de cadeau d'adieu afin de mettre un frein aux armes de destruction massives que ces scientifiques avaient créées. »44 Le parcours du Kazakhstan, d'un pays qui représentait un handicap pour la sécurité nucléaire lors de l'effondrement de l'URSS à un acteur majeur au premier rang de cette lutte, prouve que la volonté politique peut surmonter les modes de pensée rétrogrades et que la sécurité nucléaire mondiale peut être réalisée si les autres pays, à l’exemple du Kazakhstan, passent de la parole aux actes. 41 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 1. 42 http://www.washingtontimes.com/news/2014/mar/24/nazarbayev-toward-a-safer-nuclearcommunity/#ixzz37XDbBhtY 43 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 84-85. 44 Ministère des Affaires étrangères de la République du Kazakhstan, Building a Nuclear Safe World: The Kazakh Way (« Construire un monde sans armes nucléaires : le modèle kazakh »), p 147. 10 À PROPOS Candidature du Kazakhstan à un siège non permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies en 2017-2018 www.kazakhstanunsc.com En septembre 2013, le Kazakhstan a annoncé qu'il se portait candidat pour occuper un siège de membre non permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies en 2017-2018. En tant que chef de file régional, partenaire mondial dans les questions relatives à la sécurité énergétique et collaborateur précieux aux missions internationales de maintien de la paix, le Kazakhstan souhaite apporter son expérience et son expertise uniques afin d’exercer une influence sur certains défis pressants auxquels le Conseil de Sécurité des Nations Unies est actuellement confronté. Sa candidature se fonde sur quatre piliers essentiels : la sécurité alimentaire, la sécurité de l'eau, la sécurité énergétique et la sécurité nucléaire. KazakhstanUNSC.com, ses publications et ses lettres d'information et bulletins occasionnels sont destinés à présenter, en termes clairs et concis, les principales priorités politiques de la candidature du Kazakhstan à un siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Le site web multilingue fournit également des détails sur les évolutions politiques, économiques et sociales au sein du Kazakhstan et sur ses initiatives internationales en matière de politique étrangère. Le Kazakhstan possède l'expérience, la volonté politique et les ressources nécessaires pour apporter une contribution précieuse dans le cadre des défis mondiaux auxquels est confronté le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Il est pleinement engagé et prêt à assumer ces responsabilités au Conseil de Sécurité. Abritant plus de 130 groupes ethniques différents, le Kazakhstan n'est qu'un microcosme des Nations Unies. Souhaitant être un partenaire intègre de la grande famille des nations, la République du Kazakhstan qu'elle se portait candidate pour devenir un membre non permanent au Sécurité des Nations Unies en 2017-2018. rien moins engagé et a annoncé Conseil de Abonnez-vous ici pour recevoir les dernières actualités et publications, et connaître les dernières concernant la candidature. 11