Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas
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Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas
Agriculture et Agroalimentaire Canada Agriculture and Agri-Food Canada Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 2001: Rôle prépondérant du Canada dans le développement de solutions de rechange au bromure de méthyles 2 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 3 Solutions de rechange au bromure de méthyle : études de cas 2001 : Rôle prépondérant du Canada dans le développement de solutions de rechange au bromure de méthyle Août 2001 PRÉPARÉ PAR : Chris Lindberg Analyste de l'environnement Bureau de l'environnement Direction générale des politiques stratégiques Agriculture et Agroalimentaire Canada Il est possible de se procurer cette publication en s'adressant au Bureau de l'environnement, Direction générale des politiques stratégiques, Agriculture et Agroalimentaire Canada, 930, avenue Carling, Ottawa (Ontario), K1A 0C5 PROVENANCE DES PHOTOGRAPHIES Anderson Sod Farm, Pillsbury Canada Ltée, Rogers Foods Ltd., Centre de recherches sur les céréales, Agriculture et Agroalimentaire Canada. Photos en page couverture En haut : Utilisation d'un gros épandeur de type A pour l'épandage de sable lavé dans un champ avant la plantation. En bas : Farine traitée sur appareil à cylindres dans une minoterie Les membres du Groupe de travail industrie-gouvernement ayant fait part de leurs commentaires sur le manuscrit sont Lubna Bokhari, Alex Cavadias, Linda Dunn, Paul Fields, George Lazarouts, Dorothy Laidlaw, Michelle Marcotte, Dale McKeague, John D Smith et Robin Tremblay. RÉDACTEURS The Gordon Writing Group 901 141, avenue Laurier ouest Ottawa (Ontario) K1P 5J3 CONCEPTION GRAPHIQUE ET MISE EN PAGE Éric Boyer, Studio Eclipse, Pontiac (QC) 4 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 5 TABLE DES MATIÈRES Avant-propos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Résultats du sondage mené auprès des titulaires d'allocations de consommation du bromure de méthyle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Analyse des résultats du sondage mené auprès des titulaires d'allocations de consommation du bromure de méthyle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Prochaines étapes entreprises fumigeant les sols . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 • Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 • Étude de cas 1 : solutions de rechange pour la production de tourbe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 • Étude de cas 2 : solutions de rechange pour les pépinières de fraisiculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Prochaines étapes entreprises fumigeant les produits et les bâtiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 • Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 • Éléments d'une stratégie de lutte antiparasitaire intégrée (LAI) efficace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 • Étude de cas 1 : Pillsbury Canada Ltée (LAI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 • Étude de cas 2 : Rogers Foods Ltd.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 • Étude de cas 3 : Entreprises de déparasitage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Annexe A : Désignations des produits chimiques et autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Annexe B : Ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 6 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas AVANT-PROPOS Le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone est un accord international visant à protéger la couche d'ozone en réduisant la production et la consommation des destructeurs d'ozone. Les Parties au Protocole ont convenu d'abolir progressivement l'utilisation du bromure de méthyle, sauf à des fins sanitaires (quarantaine). Les pays industrialisés, dont le Canada et les États-Unis, doivent y parvenir d'ici à 2005, et les pays en développement, d'ici à 2015. Cependant, la réduction de l'emploi du bromure de méthyle a révélé l'urgent besoin de trouver des solutions de rechange pour lutter contre les parasites et les mauvaises herbes. Le présent rapport évalue l'emploi actuel du bromure de méthyle en agriculture et les solutions de remplacement au Canada; il précise aussi la stratégie d'élimination progressive d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC). Le document contient également les résultats du sondage mené en juin 2000 et ceux des études de cas portant sur certains utilisateurs qui ont appliqué avec succès d'autres solutions. Pour optimiser la collaboration en recherche et la découverte de nouvelles options de remplacement, on a mis sur pied deux groupes de travail au milieu des années 1990, soit un groupe de travail canadien industrie-gouvernement et un groupe de travail canado-américain, ce dernier comprenant des représentants d'Agriculture et Agroalimentaire Canada et du ministère de l'Agriculture des ÉtatsUnis (USDA). Depuis 1996, ces deux groupes ont collaboré à la conduite d'expériences en laboratoire et à d'autres projets de recherche, dont bon nombre ont fait l'objet de rapports énumérés à la fin du document. Nous avons réalisé d'immenses progrès grâce aux programmes de recherche gouvernementaux et à la mise au point, dans le commerce, de technologies et de produits de remplacement. Ces efforts seront maintenus pour assurer la disponibilité d'outils efficaces contre les nuisibles et les agents phytopathogènes en agriculture et dans le secteur de la transformation des aliments. Au nom d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, je tiens à remercier les entreprises et les agriculteurs qui se sont prêtés aux études de cas et nous ont si généreusement consacré leur temps et fait bénéficier de leur expérience. J'aimerais également remercier le Groupe de travail industriegouvernement sur le bromure de méthyle pour sa contribution. Yaprak Baltacioglu Sous-ministre adjoint Direction générale des politiques stratégiques Agriculture et Agroalimentaire Canada Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 7 SOMMAIRE • • • • • • • • • Le Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d'ozone est un accord international conclu dans le but de ralentir l'amincissement de la couche d'ozone stratosphérique. En 1992, les Parties au Protocole reconnaissaient le bromure de méthyle comme étant un destructeur d'ozone, attribuant à ce produit jusqu'à 10 p. 100 des dommages causés à la couche d'ozone. En 1997, les pays industrialisés signataires du Protocole ont convenu d'un calendrier d'élimination progressive du bromure de méthyle grâce à des er réductions de 25, 50, 70 et 100 p. 100 d'ici au 1 janvier 1999, 2001, 2003 et 2005, respectivement. Le bromure de méthyle étant désormais reconnu officiellement comme une substance qui appauvrit la couche d'ozone, le gouvernement canadien a mené de vastes consultations avec l'industrie, les organismes de recherche et les environnementalistes, tant au Canada qu'aux Etats-Unis, dans le but de trouver des solutions susceptibles de protéger l'environnement tout en réduisant au minimum l'impact économique de l'élimination du bromure de méthyle sur le secteur agroalimentaire. En 1995, le gouvernement a mis sur pied le Groupe de travail industrie-gouvernement sur le bromure de méthyle et lui a confié la responsabilité de cerner les obstacles, de proposer des solutions et de diffuser l'information. Au nom d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, Marcotte Consulting Inc., a mené un sondage permettant d'identifier et d'interroger les titulaires d'allocations qui ont adopté avec succès des solutions de remplacement au bromure de méthyle. Selon le sondage, 72 p. 100 des titulaires d'allocations étaient des entreprises agricoles et de déparasitage fumigeant les sols (désignées dans le document sous l'expression entreprises fumigeant les sols) et 38 p. 100, des entreprises recourant à la fumigation des produits et de l'intérieur des bâtiments (désignées dans le rapport sous l'expression entreprises fumigeant les produits et les bâtiments). Le sondage a également révélé que toutes les entreprises fumigeant les produits et les bâtiments et 83 p. 100 des entreprises fumigeant les sols étaient conscientes de l'élimination progressive imminente du bromure de méthyle, même si quelques titulaires d'allocations ne comprenaient toujours pas l'impact de ce produit sur l'environnement, ni le mécanisme de destruction de la couche d'ozone. Un certain nombre d'entreprises fumigeant les sols, qui détiennent de fortes allocations, ont indiqué qu'elles cédaient leurs contingents à d'autres utilisateurs. Par conséquent, une grande partie des volumes cédés ne sert plus à la fumigation des sols, mais désormais à celle des produits et des bâtiments. De récentes modifications à la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPA) ont facilité ces cessions grâce à la mise en place du site Web (http://www.ec.gc.ca/RegistreLCPE/Permits/ozone.cfm), où sont énumérés les titulaires d'allocations et où sont précisés les contingents qui leur ont été attribués. En tout, 73 p. 100 des entreprises fumigeant les sols ont répondu au sondage. Selon les résultats de ce dernier, 23 p. 100 des titulaires d'importantes allocations utilisaient encore leur contingent, contre 40 et 37 p. 100 respectivement pour les titulaires d'allocations intermédiaires et faibles. Les raisons qui ont motivé les entreprises fumigeant les sols à chercher des solutions de rechange au bromure de méthyle étaient les suivantes : la hausse du coût du produit; les répercussions néfastes sur l'environnement; les interdits réglementaires; la difficulté de trouver des entrepreneurs spécialisés dans la fumigation du produit. La majorité des entreprises fumigeant les sols, qui utilisaient encore le bromure de méthyle, ont indiqué qu'elles le faisaient parce qu'elles n'avaient pas trouvé d'autres solutions efficaces et rentables. 8 • • • • • • • • • • • • Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas De leur côté, certains serriculteurs ont choisi de remplacer le bromure de méthyle par des mélanges sans sol, des sols stérilisés au préalable commercialement, le blanchiment allié à la toile à ombrer et au désherbage manuel, le désherbage manuel et l'utilisation de la vapeur ou de la chaleur. Depuis les années 1990, les serriculteurs utilisent plutôt des mélanges sans sol ou des sols stérilisés commerciaux, et ont recours à un large éventail de mesures de lutte antiparasitaire intégrée, d'agents de lutte biologique et de méthodes d'assainissement. De leur côté, les agriculteurs qui cultivent en plein champ ont remplacé le bromure de méthyle par les produits suivants : 11,3-dichloropropène, métam-sodium, 1,3dichloropropène, herbicides de post-levée, insecticides et/ou plasticulture et/ou désherbage manuel. Bon nombre d'agriculteurs qui cultivent au champ ont réussi à combattre les parasites en utilisant des produits chimiques, surtout du 11,3-dichloropropène ou un mélange de 11,3dichloropropène et de métam-sodium. Le présent rapport présente deux études de cas portant sur des agriculteurs qui ont adopté un régime de lutte antiparasitaire, afin de réduire au minimum, voire d'éliminer l'emploi du bromure de méthyle. Les inconvénients potentiels de l'emploi de fumigants chimiques de substitution incluent : l'application restreinte de ces produits; le fait que ces fumigants n'ont qu'un impact limité à long terme sur les maladies. Soixante-neuf pour cent des entreprises fumigeant les produits et les bâtiments se servent encore du bromure de méthyle. Des entreprises fumigeant les produits et les bâtiments ont adopté les solutions de rechange suivantes au bromure de méthyle : la lutte antiparasitaire intégrée (LAI); la phosphine; l'assainissement; la chaleur; le dioxyde de carbone; une combinaison de CO,de phosphine et de chaleur; la terre de diatomées (TD); les pyréthrines; une combinaison de LAI, de phéromones, de rayons UV et d'hygiène; l'oxyde d'éthylène. Les changements apportés aux pratiques habituelles de lutte antiparasitaire dans le secteur des minoteries s'imposaient à cause de l'élimination progressive imminente du bromure de méthyle et de l'adoption de nouvelles dispositions réglementaires sur l'utilisation des pesticides. Ces mesures ont abouti à l'élaboration d'une Stratégie de lutte antiparasitaire intégrée, fondée sur une démarche globale s'appuyant sur des méthodes biologiques, culturales, physiques, mécaniques et chimiques, pour une éradication à la fois écologique et rentable des ravageurs et des maladies. Le présent rapport comprend trois études de cas sur des entreprises fumigeant les produits et les bâtiments. Deux de ces études portent sur des entreprises qui ont élaboré une stratégie interne de lutte antiparasitaire intégrée. La troisième a trait à un spécialiste en déparasitage, qui a comme clients un fabricant de mélanges et une minoterie. Quelques entreprises ayant recours à la fumigation, soit des sols, soit des produits et des bâtiments, considèrent que les solutions de rechange au bromure de méthyle actuellement disponibles ne répondent pas à leurs besoins. Elles veulent être mieux renseignées sur les autres méthodes existantes. Pour combler ce besoin d'information, Agriculture et Agroalimentaire Canada a produit ce rapport et s'affaire actuellement à créer un site Web interactif et à mettre sur pied un centre de diffusion de l'information à l'intention des utilisateurs de bromure de méthyle. Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 9 INTRODUCTION Objectif Le présent document évalue la conjoncture actuelle et l'emploi du bromure de méthyle, ainsi que les solutions de rechange à ce produit au Canada. Il précise également la stratégie du gouvernement fédéral, notamment le plan d'élimination progressive du bromure. Il contient les résultats, d'une part, du sondage mené en juin 2000 auprès des titulaires d'allocations et, d'autre part, des études de cas sur divers utilisateurs qui ont adopté avec succès des solutions de rechange à ce produit. Ce document rend hommage à la collaboration fructueuse entre les intéressés et le gouvernement, et illustre la nécessité d'une concertation permanente. Contexte Le bromure de méthyle est un gaz à large spectre utilisé surtout comme fumigant en agriculture pour exterminer les ravageurs et les agents pathogènes dans le sol, les bâtiments et les produits agricoles. Il peut être injecté dans le sol pour stériliser celui-ci et combattre efficacement un grand éventail d'insectes, de mauvaises herbes et de maladies. On fumige également couramment les bâtiments et les produits agricoles pour maîtriser et enrayer les infestations de nuisibles et répondre ainsi aux exigences phytosanitaires des pays importateurs. Bien qu'on n'utilise qu'un faible volume de ce produit au Canada, il s'agit d'une activité économique majeure. Le Protocole de Montréal Signé en 1987, le Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d'ozone est un accord international visant à empêcher l'amincissement de la couche d'ozone stratosphérique. En 1992, les Parties au Protocole ont reconnu le bromure de méthyle comme étant un destructeur d'ozone et lui ont attribué jusqu'à 10 p. 100 des dommages causés à la couche d'ozone. En 1997, les pays industrialisés signataires de l'accord ont convenu d'un calendrier d'élimination progressive du bromure de méthyle prévoyant des réductions de 25, 50, 70 et 100 p. 100 d'ici er au 1 janvier 1999, 2001, 2003 et 2005, respectivement. De leur côté, les pays en développement ont accepté de plafonner leur consommation aux niveaux prévus en 2002, et d'éliminer progressivement le produit d'ici à 2015. Les Parties au Protocole de Montréal ont également accepté quelques exemptions aux échéanciers d'élimination progressive. Ces exemptions incluent les emplois à des fins sanitaires (quarantaine), les traitements préalables à l'expédition, ainsi que l'utilisation dans les situations critiques et d'urgence. De plus, les pays en développement qui ont entériné le Protocole de Montréal peuvent bénéficier d'une aide financière du Fonds multilatéral (FML) pour lancer des projets visant à mettre à l'essai ou à adopter des solutions de rechange au bromure de méthyle. Gestion du bromure de méthyle au Canada Étant donné que le bromure de méthyle est maintenant considéré comme une substance qui appauvrit la couche d'ozone, le gouvernement canadien a mené de vastes consultations auprès de l'industrie, des organismes de recherche et des spécialistes en environnement au Canada et aux États-Unis. Ces consultations visaient la recherche de solutions destinées à protéger Catégorie Emploi dans le monde Emploi au Canada Fum. des sols 75% 45% Fum. des produits agricoles 22% 5% Fumigation des bâtiments 3% 50% Consommation totale 71 400 tonnes 200 tonnes (<1 %) Emploi et consommation du bromure de méthyle (1997) 10 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas l'environnement tout en réduisant au minimum l'impact économique de l'élimination du bromure de méthyle sur le secteur agroalimentaire. En 1995, le gouvernement a créé le Groupe de travail industrie-gouvernement sur le bromure de méthyle. Coprésidé par Environnement Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada, le Groupe de travail se réunit trois fois l'an. Ses membres comprennent des représentants du secteur, des groupes d'environnementalistes et du gouvernement, plus précisément d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, d'Environnement Canada, d'Industrie Canada, de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (Santé Canada) et de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). Cette approche concertée avec l'industrie et la population s'est avérée extrêmement fructueuse pour la détermination des obstacles, la proposition de solutions et la diffusion de l'information. Les membres ont été extrêmement dynamiques dans leur démarche organisation de conférences, d'ateliers et de projets de démonstration. Le gouvernement fédéral, Agriculture et Agroalimentaire Canada en particulier, a joué un rôle de facilitateur en cernant les besoins en recherche et les possibilités de financement, en organisant des démonstrations et des projets pilotes, en élaborant des règlements efficaces et en défendant la position du Canada aux rencontres internationales. Agriculture et Agroalimentaire Canada a également coprésidé un groupe de travail sectoriel-gouvernemental canadoaméricain qui se réunit deux fois l'an. Réglementation au Canada Titulaires d'allocations Environnement Canada a créé un régime d'allocations (contingents) transférables pour l'emploi du bromure de méthyle; le régime en question repose sur la consommation de 1993. En vertu du Règlement sur les substances appauvrissant la couche d'ozone (et de ses modifications), chaque titulaire d'allocations se voit assigner un pourcentage du contingent total autorisé au Canada. Les titulaires peuvent choisir de céder ou de vendre leurs allocations, s'ils n'en ont plus besoin. Lors de la mise en place du régime en 1995, on comptait environ 160 titulaires d'allocations. L'évolution de la technologie et les efforts déployés par le gouvernement et l'industrie ont permis de réduire ce nombre à 68 en 2001. Exemptions à des fins sanitaires (quarantaine) et pour traitements préalables à l'expédition En 1992, lorsqu'elles se sont penchées sur les mesures de lutte antiparasitaire, les Parties au Protocole ont reconnu que les solutions de rechange disponibles au bromure de méthyle ne répondaient pas aux exigences phytosanitaires et sanitaires des pays exportateurs et importateurs. Pour cette raison et conformément au Protocole de Montréal, les mesures sanitaires et les traitements au bromure de méthyle préalables à l'expédition ont été exemptés de tout contrôle (réduction, gel ou élimination progressive des emplois). Cependant, de nombreuses parties ont exprimé leurs préoccupations concernant la quantité de bromure de méthyle utilisée aux fins exemptées. En 1998, on a consacré environ 20 p. 100 du volume mondial de bromure de méthyle aux emplois exemptés, et ce taux aurait considérablement augmenté les trois dernières années. De plus, le bromure de méthyle utilisé aux fins exemptées est expulsé directement dans l'atmosphère à la fin des traitements. Des technologies limitées ont toutefois été mises au point pour récupérer, recycler et détruire le bromure de méthyle consommé dans le cadre de nombreuses mesures exemptées ou pour la fumigation des bâtiments. Le Canada poursuit ses pourparlers avec l'industrie pour établir la viabilité des solutions de rechange au bromure de méthyle pour les fins exemptées et déterminer les répercussions à long terme de ces exemptions. Exemptions pour les situations critiques et les cas d'urgence Après 2005, les Parties au Protocole de Montréal pourront demander l'autorisation d'utiliser le bromure de méthyle dans des situations d'urgence ou critiques. Des critères rigoureux ont été établis à cet égard, notamment celui de démontrer que l'on a tenté d'utiliser tous les autres moyens techniques et économiques disponibles sans résultat. L'emploi du bromure Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas de méthyle en cas d'urgence sera limité à 20 tonnes et évalué selon les mêmes critères. Le Secrétariat de l'Ozone, qui est responsable de l'application du Protocole de Montréal, évaluera l'emploi du bromure de méthyle aux fins exemptées, et les pays contrevenants seront pénalisés. Au Canada, le Groupe de travail industrie-gouvernement sur le bromure de méthyle a préparé un document sur les critères d'utilisation du produit pour les cas critiques et d'urgence intitulé Processus et critères d'évaluation des exemptions pour les utilisations critiques et d'urgence du bromure de méthyle. Le document établit les critères, le processus et le calendrier sur lesquels peut se fonder l'organisme de réglementation canadien (Environnement Canada) pour déterminer s'il faut accorder ou non une exemption pour l'emploi du bromure de méthyle en cas de situations critiques ou d'urgence, une fois la période d'élimination progressive terminée, soit en 2005. Ce document orientera la prise de décisions à Environnement Canada; il est disponible sur le site Web du ministère à l'adresse http://www.ec.gc.ca/air/ozonemaps_f.shtml. Rôles et objectifs du gouvernement Le gouvernement fédéral s'est engagé à abolir progressivement l'emploi du bromure de méthyle tout en veillant à protéger l'environnement et à réduire au minimum l'impact économique de cette mesure sur le secteur agroalimentaire. Des consultations constantes et une collaboration permanente avec les intéressés, en grande partie par l'intermédiaire de groupes de travail, constituent un volet majeur de cette stratégie. Le gouvernement reconnaît également que l'industrie pourrait avoir besoin d'aide dans les domaines de la recherche, du développement et de l'application des solutions de rechange. Il est aussi conscient qu'il lui faut contribuer aux efforts déployés dans le monde pour éliminer le recours au bromure de méthyle, en particulier dans les pays en développement. La responsabilité du gouvernement fédéral à cet égard est partagée entre plusieurs ministères et organismes fédéraux. 11 Environnement Canada - Le principal rôle d'Environnement Canada consiste à mettre au point des mesures de contrôle et de retraçage des emplois du bromure de méthyle et des autres destructeurs d'ozone. Ce ministère consulte les intéressés sur la mise au point d'instruments de contrôle (y compris la réglementation). Il dirige également l'élaboration de la position de négociation du Canada à toutes les rencontres internationales portant sur les substances qui appauvrissent la couche d'ozone. Agriculture et Agroalimentaire Canada - Ce ministère joue surtout un rôle de facilitation et de soutien, en aidant l'industrie et les autres ministères à déterminer les besoins en recherche et les possibilités de financement, en créant des partenariats avec l'industrie pour la mise au point de technologies, en organisant des démonstrations et des projets pilotes, en examinant la réglementation et en collaborant à l'élaboration de la position de négociation du Canada aux rencontres internationales sur le bromure de méthyle. Agence canadienne d'inspection des aliments L'ACIA surveille les traitements sanitaires (quarantaine) et les traitements préalables à l'expédition. Elle agit notamment à titre d'organisme de certification zoosanitaire et phytosanitaire officielle au Canada. Elle protège le Canada et ses partenaires commerciaux de la dissémination des ravageurs et des agents pathogènes dangereux ou destructeurs susceptibles de contaminer des produits importés ou exportés. À ce titre, elle gère les programmes sanitaires en collaboration avec d'autres ministères, les segments du secteur et d'autres gouvernements nationaux. L'ACIA collabore constamment avec de nombreux secteurs pour mettre à jour ou adopter les démarches systémiques en matière de production et de lutte antiparasitaire et pour adapter les solutions existantes afin de les rendre conformes à ses propres exigences phytosanitaires comme à celles des pays importateurs. Cela s'avère particulièrement important pour le maintien de l'accès de l'industrie aux marchés. 12 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas Industrie Canada - Une partie du mandat d'Industrie Canada consiste à promouvoir et à développer l'industrie des technologies environnementales et à en favoriser l'essor. Ce ministère est donc soucieux d'aider les entreprises canadiennes qui ont mis au point des solutions de rechange au bromure de méthyle et qui possèdent l'expertise pour exporter leurs produits à l'étranger. Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (Santé Canada) - Au nom du gouvernement fédéral, l'ARLA réglemente les produits antiparasitaires en procédant notamment à des évaluations de leur innocuité pour la santé et l'environnement, et ce, avant la mise en marché, et en déterminant le mérite et la valeur des produits soumis à l'homologation. Elle encourage la présentation de demandes d'homologation de produits susceptibles de remplacer le bromure de méthyle dans le cadre du programme d'examen mixte (en collaboration avec la U.S. Environmental Protection Agency) et du Programme des pesticides à emploi limité. Études de cas Contexte Agriculture et Agroalimentaire Canada a préparé les études de cas suivantes afin de combler les besoins en information des titulaires d'allocations sur les solutions de rechange rentables au bromure de méthyle. Ces études de cas visent à fournir des exemples concrets de l'adoption fructueuse de mesures de remplacement au Canada. Elles reposent sur les résultats du sondage qui a permis d'identifier et d'interroger les titulaires d'allocations qui ont réussi à adopter d'autres solutions. Agriculture et Agroalimentaire Canada a également invité les membres du Groupe de travail industriegouvernement sur le bromure de méthyle à participer à la rencontre du 30 janvier. AAC a demandé aux membres du Groupe de travail de transmettre l'invitation à leurs diverses associations professionnelles. Le Ministère a également communiqué avec des particuliers et des entreprises, de janvier à mars 2001. Les gens et sociétés qui ont accepté de se prêter aux études de cas ont été interrogés par téléphone pendant 30 à 90 minutes et ont contribué à la rédaction et à la révision du rapport subséquent. Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 13 RÉSULTATS DU SONDAGE MENÉ AUPRÈS DES TITULAIRES D'ALLOCATIONS DE CONSOMMATION DU BROMURE DE MÉTHYLE De mai à juin 2000, au nom d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, Marcotte Consulting Inc. a mené un sondage téléphonique auprès des titulaires d'allocations de consommation du bromure de méthyle au Canada. Le sondage visait à déterminer : si les titulaires étaient au courant du calendrier d'élimination progressive de ce produit; s'ils utilisaient encore le bromure de méthyle et à quelles fins; s'ils étaient prêts à adopter des solutions de rechange à ce produit. Le sondage a également servi à déterminer si les utilisateurs de bromure de méthyle avaient besoin d'autres solutions de remplacement. Marcotte Consulting a divisé les titulaires d'allocations en deux catégories principales, soit les entreprises fumigeant les sols et les entreprises fumigeant les produits et les bâtiments. Ces deux catégories ont ensuite été redivisées en trois sous-catégories selon le volume d'utilisation : faible (<1100 kg), intermédiaire (101500 kg) et élevé (50140 000 kg). La catégorie des entreprises fumigeant les sols englobait tous les exploitants de sols, soit les serriculteurs, les agriculteurs qui cultivent en pleine terre et les entreprises de déparasitage qui traitent les sols. La catégorie des entreprises fumigeant les produits et les bâtiments comprenait de son côté toutes les sociétés qui se servent du bromure pour fumiger les bâtiments et les produits alimentaires. On inclut ici les emplois antiparasitaires, ainsi que les utilisations sanitaires (quarantaine) et les traitements préalables à l'expédition. Le contingent (allocation) réel de chaque titulaire est demeuré confidentiel. La firme responsable du sondage a reçu une liste des entreprises fumigeant les sols et de celles fumigeant les produits et les bâtiments, ainsi que des titulaires d'allocations faibles, intermédiaires et élevées. Elle a approché 106 titulaires d'allocations de consommation du bromure de méthyle. En tout, 84 titulaires ont accepté de répondre au sondage, pour un taux de participation de 79 p. 100. Les résultats du sondage sont présentés dans cette section et analysés dans la prochaine. Entreprises au courant de la période d'élimination progressive Selon le sondage, toutes les entreprises fumigeant les produits et les bâtiments et 83 p. 100 des entreprises fumigeant les sols étaient au courant de l'élimination progressive imminente de l'emploi du bromure de méthyle. Les entreprises fumigeant les sols, qui n'en étaient pas informées, étaient tous de la même région au Québec, et bon nombre d'entre elles n'utilisaient déjà plus le bromure de méthyle depuis plusieurs années. Au fil des ans, Environnement Canada a distribué diverses trousses d'information sur les impacts environnementaux du bromure de méthyle et sur les raisons justifiant l'élimination progressive du produit. Malgré cela, quelques titulaires d'allocations ne comprennent toujours pas les effets du bromure sur l'environnement, ni le mécanisme de destruction de la couche d'ozone. Selon deux participants, le fait de fumiger le bromure de méthyle dans des bâtiments clos réduit au minimum les problèmes de pollution; d'après eux, les océans libèrent beaucoup plus de bromure que les emplois industriels. Plusieurs participants croyaient que les États-Unis et le Canada n'avaient pas l'intention d'interdire progressivement l'emploi du bromure de méthyle. Ils en étaient arrivés à cette conclusion à la suite d'échanges qu'ils avaient eus avec des gens de l'industrie américaine et des représentants de groupes de pression. Entreprises au courant de l'existence du Groupe de travail Les entreprises fumigeant les produits et les bâtiments (72 p. 100) étaient beaucoup plus renseignées sur l'existence du Groupe de travail que les entreprises fumigeant les sols (31 p. 100). Dans ces deux groupes, ce sont les titulaires d'allocations élevées (comparativement aux titulaires d'allocations faibles et intermédiaires) qui étaient le plus au fait de la mise sur pied du Groupe de travail. Cela se comprend étant donné que l'abolition progressive du bromure influera davantage sur les grandes entreprises. 14 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas Cession des allocations Un certain nombre des entreprises fumigeant les sols autorisées à utiliser de gros volumes de bromure de méthyle ont indiqué qu'elles cédaient leur contingent à d'autres utilisateurs. Ce type de cession n'a été mentionné que deux fois seulement chez les entreprises fumigeant les produits et les bâtiments. Selon le sondage, la majorité des allocations transférées ne servent plus à des fins agricoles, mais plutôt à la fumigation des produits et des bâtiments. Selon les participants, les coûts du bromure de méthyle et les cessions d'allocations augmenteraient rapidement. Certains participants s'inquiètent du fait que des titulaires peuvent vendre leur contingent en faisant d'énormes profits. Un participant a indiqué qu'il ne possédait pas suffisamment de bromure de méthyle pour répondre à la demande actuelle et qu'il ne savait pas où s'adresser pour acheter un contingent, la liste des titulaires d'allocations n'étant pas publiée. Les participants ont également souligné que le système d'allocation existant devrait être actualisé, afin que ceux qui ont réellement besoin de bromure de méthyle puissent se le procurer. Entreprises fumigeant les sols Des 106 titulaires d'allocations de bromure de méthyle au Canada, soixante-six (62 p. 100) sont des entreprises fumigeant les sols. Le taux de participation au sein de ce groupe a été de 73 p. 100. Des 48 participants, seize (33 p. 100) utilisaient encore leur contingent et trente-deux (66 p. 100) avaient cessé de le faire pour diverses raisons. Seulement trois (23 p. 100) des titulaires de fortes allocations ont indiqué qu'ils les utilisaient encore, comparativement à 40 et à 37 p. 100 pour les titulaires d'allocations intermédiaires et faibles, respectivement. De nombreuses entreprises fumigeant les sols ont eu passablement de succès avec plusieurs fumigants actuellement homologués (autres que le bromure de méthyle), mais ont aussi exposé quelques problèmes. Les utilisateurs de bromure de méthyle comprenaient surtout des serriculteurs et des producteurs de petits fruits, de plantes à massif, de fraises, de fruits, de légumes, de fleurs, de boutures et de matériel de pépinière (arbres), mais aussi une entreprise de déparasitage, qui offrait ses services à des serriculteurs. Les entreprises qui ont exploré d'autres avenues incluaient des producteurs de tourbe, de plantules de fraisier, de canneberges, de framboises, de légumes et de fleurs. Cette liste n'est pas exhaustive, parce que les producteurs qui ne se servent plus de bromure de méthyle n'ont pas toujours indiqué à quelles cultures ils se consacraient. Les participants qui ont cessé d'utiliser le bromure de méthyle l'ont fait pour diverses raisons, notamment les suivantes : 1. La hausse des coûts du produit; 2. Les répercussions néfastes sur l'environnement et les dangers inhérents à son application; 3. La vente de la ferme ou une évolution des cultures ou des pratiques culturales; 4. La disponibilité du bromure de méthyle (même s'ils détenaient un contigent), parce que ce produit est « retenu à la frontière » ou parce que la réglementation est trop complexe et en rend l'emploi difficile. En outre, certains participants étaient incapables de trouver une entreprise qui accepterait de se rendre à leur ferme pour fumiger le produit. Entreprises fumigeant les sols avec du bromure de méthyle Des seize entreprises fumigeant encore les sols avec du bromure de méthyle, moins de la moitié avait tenté de recourir à d'autres solutions. Toutes ont indiqué que les solutions de rechange étaient trop coûteuses (chaleur, vapeur, mélanges sans sol, sol stérilisé commercialement, métam-sodium) et moins efficaces (métam-sodium, 11,3dichloropropène,1,3-dichloropropène) ou que le traitement était trop long (métam-sodium, 11,3dichloropropène). Deux agriculteurs ont été incapables de trouver une entreprise qui leur livrerait du sol stérilisé commercialement, parce que leur volume de production était trop faible. Selon la majorité des participants, il n'y a pas de solutions de rechange adéquates, et il serait impossible de demeurer concurrentiel sans le bromure de méthyle. Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas Entreprises fumigeant les sols, qui ont adopté des solutions de rechange au bromure de méthyle Les participants ont mentionné et commenté les solutions de rechange suivantes : Nota : Ces observations sont les opinions exprimées au cours du sondage et ne constituent pas nécessairement une évaluation scientifique définitive de l'une ou l'autre des options de remplacement. 1. Serriculture - milieux sans sol - Selon les serriculteurs, les systèmes de culture hydroponique ou les substrats de rechange (comme la laine de roche et la tourbe) coûtent beaucoup plus cher, mais sont hautement efficaces. La majorité des serriculteurs ont d'ailleurs indiqué qu'ils avaient adopté cette solution. 2. Serriculture - sol stérilisé commercialement : Les serriculteurs considèrent que le sol stérilisé commercialement coûte cher, mais qu'il est très pratique. 3. Serriculture - blanchiment, toile à ombrer et désherbage manuel : Selon les serriculteurs, cette combinaison de méthodes serait efficace, mais probablement plus coûteuse à cause du temps requis. 4. Serriculture - désherbage manuel : Les serriculteurs reconnaissent l'efficacité de cette méthode, mais précisent que celle-ci exige beaucoup de main-d'œuvre et de temps. 5. Serriculture - vapeur et/ou chaleur : Deux serriculteurs jugent cette solution de rechange efficace, mais beaucoup trop coûteuse. 6. Culture de plein champ - 11,3dichloropropène : Les agriculteurs ont obtenu des taux de réussite variables avec ce produit. Le mélange de 11,3dichloropropène (78 p. 100) et de chloropicrine (17 p. 100) est plus coûteux que le bromure de méthyle, mais permet une lutte « raisonnablement efficace » (95-98 p. 100). Les producteurs ont toutefois indiqué que ce traitement devait être suivi dans une certaine mesure d'un désherbage manuel. Ils ont parfois utilisé le 11,3-dichloropropène 15 en mélange avec d'autres produits chimiques (comme le 1,3-dichloropropène ou le métam-sodium). Un agriculteur a comparé le 11,3-dichloropropène, le métamsodium et le 1,3-dichloropropène et constaté que le premier était tout aussi efficace que le bromure de méthyle et le moins coûteux des trois produits. Plusieurs producteurs aimeraient essayer un produit à plus forte teneur en chloropicrine pour mieux enrayer les maladies. 7. Culture de plein champ - métam-sodium : Les agriculteurs ont constaté que ce produit n'offre pas une solution de remplacement rentable au bromure de méthyle, s'il est utilisé seul. Le métam-sodium coûte moins cher, mais donne de bien moins bons résultats. Il combattrait les maladies, mais n'exterminerait pas les mauvaises herbes. 8. Culture de plein champ - 1,3dichloropropène : Les producteurs ne trouvent pas ce produit suffisamment efficace. 9. Culture de plein champ - insecticides de post-levée, plasticulture et désherbage manuel : Le producteur qui a appliqué cette technique la trouve moins efficace. Il précise aussi qu'elle prend plus de temps, mais coûte moins cher que le bromure de méthyle. 10. Culture de plein champ - désherbage manuel : Ce sont surtout les titulaires d'allocations faibles et intermédiaires qui ont mentionné le désherbage manuel. Cette méthode exige une forte main-d'œuvre, prend beaucoup de temps et coûte cher. Les agriculteurs conviennent qu'elle n'offre pas une solution de rechange très efficace au bromure de méthyle, même si certains l'appliquent régulièrement. De nombreuses entreprises fumigeant les sols souhaitent être mieux renseignées, en particulier sur les méthodes efficaces et rentables de stérilisation du sol, y compris les applications non chimiques. Bon nombre d'entre elles ont manifesté de l'intérêt envers les produits à plus forte teneur en chloropicrine ou les mélanges de 1,3dichloropropène et de chloropicrine. Elles ont Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 16 Catégorie Volume de l’allocation Nombre de Nombre de titulaires réponses (%) d’allocations Utilisation du bromure de méthyle Au courant de l’élimination progressive du produit Au courant de l’existence du Groupe de travail Oui Non Oui Non s.r. Oui Non s.r. Entreprises Élevé 16 13 (82%) 3 10 12 0 1 9 2 2 fumigeant Intermédiaire 8 5 (63%) 2 3 4 0 1 1 2 2 les sols Faible 42 30 (71%) 11 19 21 8 1 5 23 2 Total 66 48 (72%) 16 31 37 8 3 15 27 6 Élevé 7 6 (86%) 6 0 6 0 0 6 0 0 6 6 (100%) 5 1 6 0 0 6 0 0 Entr. fum. les produits Intermédiaire et les Faible 27 24 (89%) 13 11 24 0 0 14 7 3 bâtiments Total 40 36 (90%) 24 12 36 0 0 26 7 3 106 84 (79%) 40 44 73 8 3 43 34 9 Total Tableau 1 : Résultats du sondage. Le tableau nous montre le nombre de titulaires d’allocations, qui ont utilisé ou non le bromure de méthyle et qui étaient au courant ou non de l’élimination progressive de ce produit et de l’existence du Groupe de travail. (s.r. – sans réponse) mentionné notamment les produits suivants : chloropicrine (35 p. 100); éthofumésate; 3,5diméthyl-1,3,5-thiadiazinane-2-thione (des granules mélangés au sol l'automne); une nouvelle formule de 11,3-dichloropropène (ayant une meilleure capacité de liaison avec le sol, ce qui diminue le lessivage dans l'eau souterraine); l'iodure de méthyle. Plusieurs petites entreprises fumigeant les sols s'intéressaient à la stérilisation à la vapeur et électrique, tout en précisant que l'équipement requis était trop coûteux pour qu'elles en fassent l'acquisition. Entreprises fumigeant les produits et les bâtiments Des 106 titulaires d'allocations de consommation du bromure de méthyle au Canada, quarante (38 p. 100) se rangeaient dans la catégorie des entreprises recourant à la fumigation des bâtiments ou des produits agricoles (tableau 1). Tous ces titulaires, sauf quatre, ont répondu au sondage, pour un taux de participation de 90 p. 100. Des 36 participants, vingt-cinq (69 p. 100), dont tous les titulaires de gros contingents, utilisaient encore le bromure de méthyle. Tous les titulaires d'allocations intermédiaires, sauf un, et 54 p. 100 des titulaires de faibles contingents, employaient encore ce produit. Les onze titulaires de faibles allocations qui ne fumigeaient plus avec du bromure de méthyle n'avaient pas nécessairement trouvé d'autres solutions. Ils ont également souligné que leurs allocations étaient trop faibles pour être utiles. Les gouvernements, les universités et les collèges constituaient la majorité des titulaires de petits contingents employant encore le bromure de méthyle et le faisaient pour fins de recherche et d'enseignement. Un chercheur étudiait les dommages possibles de la couche d'ozone dus à la libération de bromure de méthyle dans l'atmosphère. Entreprises fumigeant les produits et les bâtiments avec du bromure de méthyle Parmi les titulaires de faibles allocations, qui appliquaient encore du bromure de méthyle, la plupart se servait de ce produit pour fumiger les bâtiments et les produits alimentaires. Ils se répartissaient en quatre catégories : • les professionnels de la lutte antiparasitaire (22), • les transformateurs d'aliments (8), • les gouvernements (2), • les universités ou collèges (4). Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas Les titulaires d'allocations élevées de bromure de méthyle, sauf un, étaient tous des entreprises de déparasitage. Entreprises fumigeant les produits et les bâtiments, qui ont adopté des solutions de rechange au bromure de méthyle On a observé, chez les participants, une division marquée des perceptions à l'égard du devenir du bromure de méthyle. Certains titulaires reconnaissaient la nécessité d'éliminer progressivement ce produit et croyaient en la capacité d'adaptation du secteur. D'autres considéraient que l'avenir de leur entreprise était en jeu. La plupart des entreprises fumigeant les produits et les bâtiments connaissaient des solutions de rechange et en avaient parfois essayées. Les participants ont mentionné et commenté les options de remplacement suivantes : 3. Nota : Ces observations sont les opinions exprimées pendant le sondage et ne constituent pas nécessairement une évaluation scientifique définitive des solutions de rechange. 1. Lutte antiparasitaire intégrée (LAI) - La LAI offre une démarche globale pour l'éradication des nuisibles et maladies; elle repose sur des méthodes biologiques, culturales, physiques, mécaniques et chimiques visant à gérer, à combattre et à éliminer les populations de parasites. Les participants ont indiqué que l'application des principes de la LAI leur avait permis de lutter efficacement contre les parasites grâce à l'adoption de solutions de rechange au bromure de méthyle (à un coût comparable); Ils considèrent cette méthode comme une option rentable à long terme. 2. Phosphine - La phosphine est le produit chimique de rechange le plus couramment utilisé. Les produits actuellement homologués au Canada sont les phosphures de magnésium et d'aluminium Degesch. Selon les participants, les phosphures comportent quatre inconvénients majeurs, soit leur efficacité, leur coût, la durée du traitement et leur corrosivité pour les métaux. Ce caractère corrosif s'est avéré 4. 5. 6. 17 particulièrement évident pour certaines structures (poignées de porte en laiton). Bien que la phosphine coûte généralement moins cher que le bromure de méthyle, la longueur du traitement (trois à quatre jours contre 24 heures) fait grimper les coûts à cause de la fermeture prolongée des usines. En fait, cela rend l'emploi de la phosphine plus coûteux étant donné les prix actuels de ce produit sur les marchés. Certains participants se sont également plaints de la sensibilité de la phosphine à la température (ne peut donc pas être utilisée l'hiver) et de son inflammabilité élevée lorsqu'elle est exposée à l'humidité. D'autres ont désigné le phosphure d'aluminium comme offrant une solution efficace pour la fumigation des produits alimentaires. Assainissement - Plusieurs participants ont indiqué qu'ils avaient pu réduire considérablement la fréquence des applications de pesticides et de fumigants, tout simplement en améliorant les mesures de nettoyage, d'entretien et d'hygiène générales; ils ont tout de même souligné que l'hygiène seule ne permettait pas de combattre avec succès les nuisibles. Chaleur - Dans l'ensemble, les participants jugent cette méthode trop coûteuse. Selon eux, les préparatifs et le traitement même requièrent trop de temps. Les utilisateurs ont précisé que l'efficacité de cette pratique dépendait de l'étanchéité des bâtiments et que cette méthode était inefficace pour les cellules. Un utilisateur a toutefois mentionné que cette option s'avérait efficace et peu coûteuse pour les petites installations, mais inefficace pour les applications à grande échelle. Dioxyde de carbone - Selon les entreprises fumigeant les produits et les bâtiments, il est difficile, voire impossible, d'obtenir les teneurs en dioxyde de carbone requises, parce que les bâtiments ne sont pas suffisamment étanches. De plus, le traitement au dioxyde de carbone est plus long que les autres. Dioxyde de carbone, phosphine et chaleur Selon un participant, cette combinaison est moins efficace que le bromure de méthyle et exige plus de temps. En alliant phosphine 18 7. 8. 9. 10. Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas et chaleur, on obtient une combinaison efficace, bien que plus coûteuse à cause du temps ou de l'équipement requis. Terre de diatomées (TD) - Selon plusieurs participants, la terre de diatomées est un insecticide rémanent efficace et peu coûteux. Une entreprise a mentionné qu'un traitement alliant chaleur et terre de diatomées était deux fois moins efficace que le bromure de méthyle et exigeait des applications mensuelles au lieu d'un seul traitement annuel. Pyréthrines - Bonnes pour les fumigations ponctuelles entre les traitements annuels. LAI, phéromones, rayons UV et hygiène Selon un participant, cette solution de rechange exige plus de main-d'œuvre (et est donc plus coûteuse) que le bromure de méthyle. Oxyde d'éthylène - Un participant a jugé cette méthode efficace pour la fumigation en vase clos. Pratiquement toutes les entreprises de déparasitage ayant participé au sondage étaient plus ou moins satisfaites des solutions de rechange disponibles ou ont fait remarquer qu'il n'existait pas d'options de remplacement adéquates dans certains cas, voire dans la plupart. Un grand nombre de titulaires d'allocations ont déclaré qu'ils utilisaient leur contingent à des fins sanitaires (quarantaine) ou pour des traitements préalables à l'expédition, ce qui révèle qu'ils sont mal informés en ce qui concerne les exemptions visant ces emplois. Selon plusieurs participants, il faudrait mener de plus amples recherches sur le dioxyde de carbone mélangé à de la phosphine et à du fluorure de sulfuryle et accélérer l'homologation de ces produits au Canada. D'autres produits ont également été cités par les participants; il s'agit de produits à base de phosphine, du phosphure de magnésium et du générateur Horn. Depuis la fin du sondage, le phosphure de magnésium (utilisé dans le générateur de phosphine) a été homologué. Plusieurs participants veulent être mieux renseignés sur l'efficacité des solutions de rechange non chimiques, comme les traitements thermiques et ceux par le froid. Autres observations Un participant a mentionné qu'il utiliserait le phosphure d'aluminium, si les pays importateurs acceptaient d'autoriser l'entrée de marchandises fumigées avec ce produit plutôt qu'avec le bromure de méthyle, comme c'est le cas actuellement. Les consommateurs devront être informés au sujet de l'élimination progressive du bromure de méthyle et être prêts à accepter de plus hauts taux d'infestation par les insectes comme compromis pour la protection de l'environnement. D'autres participants ont contesté la nécessité de l'abolition progressive du bromure de méthyle, en particulier au Canada, où l'emploi de ce produit représente un faible pourcentage du volume consommé dans le monde. Ils ont également allégué que d'autres produits chimiques libérés dans l'environnement étaient tout aussi nocifs que le bromure de méthyle. Un participant a mentionné que les inspections mensuelles menées par les agents de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) incitaient beaucoup son entreprise à maintenir de bonnes méthodes d'hygiène. Dans l'ensemble, les titulaires d'allocations élevées se disaient mécontents de l'élimination du produit. Selon eux, il n'existe pas de solutions de rechange rentables au bromure de méthyle. Plusieurs participants ont souligné que l'homologation des produits prenait trop de temps et que des produits chimiques disponibles aux États-Unis n'étaient toujours pas autorisés au Canada. Ils ont suggéré que le Canada réévalue certains des fumigants utilisés auparavant et les homologue de nouveau. Selon eux, tous les pays, le Canada, les États-Unis et le Mexique en particulier, devraient adopter des règles du jeu équitables pour l'emploi du bromure de méthyle. Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 19 ANALYSE DES RÉSULTATS DU SONDAGE MENÉ AUPRÈS DES TITULAIRES D'ALLOCATIONS DE CONSOMMATION DU BROMURE DE MÉTHYLE Cette section analyse les conclusions et les observations tirées du sondage en tenant compte d'autres éléments d'information. On y souligne les mesures déjà prises pour résoudre les problèmes cernés au cours du sondage, et on y précise les prochaines étapes que l'industrie et le gouvernement doivent franchir pour assurer une transition sans heurt, de l'emploi du bromure de méthyle à l'adoption de solutions de rechange. Plusieurs éléments du sondage (et le système d'allocation même) rendent difficile une analyse approfondie des résultats. Les utilisateurs finals du bromure de méthyle ne sont pas tous des titulaires d'allocations (par exemple, l'industrie de la transformation des aliments recourent aux services de spécialistes en déparasitage pour la fumigation du produit). Il est donc possible que l'analyse des profils de consommation des titulaires d'allocations ne reflète pas exactement les profils d'emploi de tous les utilisateurs finals. De plus, l'information sur les volumes attribués à chacun des titulaires était considérée comme étant classifiée en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPE), de sorte qu'il a été difficile pour Marcotte Consulting Inc. de procéder à des analyses quantitatives du volume contingenté cédé, utilisé ou abandonné. À la suite de cette étude, la LCPE a été modifiée, et cette information peut désormais être publiée. Communications Sur le plan des communications, le sondage a révélé des lacunes qu'il fallait combler tant auprès des entreprises fumigeant les sols que celles fumigeant les produits et les bâtiments. Dans le cas des entreprises fumigeant les sols, bon nombre ont mentionné qu'elles n'employaient plus de bromure de méthyle et qu'elles souhaitaient qu'on leur retire leurs allocations pour ne plus avoir à s'encombrer des formalités administratives connexes. Les agents d'Environnement Canada ont rencontré ces participants dont certains ont choisi d'abandonner leur contingent. Le sondage a également fait ressortir une certaine confusion concenant, d'une part, le calcul et la répartition des allocations et, d'autre part, la définition des emplois à des fins sanitaires et des traitements préalables à l'expédition. Environnement Canada a réagi en offrant un exposé au Groupe de travail industrie-gouvernement sur le bromure de méthyle. Des renseignements généraux sur cet exposé et d'autres aspects concernant le bromure de méthyle sont disponibles sur Internet à l'adresse http://www.ec.gc.ca/ozone/indexf.htm. Il est également possible d'obtenir de plus amples renseignements en s'adressant à Environnement Canada (Division du contrôle des produits chimiques) par téléphone au (819) 953-1665 ou par télécopieur au (819) 994-0007. Besoins en recherche Selon le sondage, un petit nombre de chercheurs utilisent le bromure de méthyle pour en étudier l'impact sur la couche d'ozone ou pour d'autres fins expérimentales. Certains des scientifiques interrogés ont laissé entendre que la recherche devait être exemptée du système des allocations (contingentement). Malheureusement, le Protocole de Montréal ne prévoit pas de telles exemptions jusqu'en 2005. Après ce délai, les chercheurs pourront demander une exemption selon les critères s'appliquant aux cas critiques. Jusque là, ils peuvent s'adresser à d'autres titulaires pour acheter une allocation additionnelle ou obtenir qu'on leur cède. Cela ne devrait pas être difficile, ni coûter trop cher étant donné les faibles quantités requises.. Régime des allocations (contingentement) et de cession Selon plusieurs titulaires d'allocations, le prix du bromure de méthyle et les cessions de ce produit augmentent rapidement, mais il n'existe aucune solution de remplacement adéquate. La situation préoccupe surtout les entreprises fumigeant les produits et les bâtiments, qui estiment que les entreprises fumigeant les sols profitent indûment du système. 20 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas Plusieurs explications sous-tendent ces allégations : 1. Selon l'analyse de l'emploi du bromure de méthyle faite par Environnement Canada en 1999, les titulaires d'allocations ont importé seulement 83 p. 100 du volume auquel ils ont droit. Ainsi, les entreprises fumigeant les sols ont omis d'importer 22 p. 100 du volume autorisé, contre 13 p. 100 pour les entreprises fumigeant les produits et les bâtiments. De toute évidence, les deux groupes n'utilisent pas tout le volume de bromure de méthyle qu'on leur consent. 2. Les données d'Environnement Canada révèlent également que les cessions se font des entreprises fumigeant les sols aux entreprises fumigeant les produits et les bâtiments, entre entreprises fumigeant les produits et les bâtiments et, enfin, des titulaires d'allocations à des non titulaires d'allocations, mais jamais des entreprises fumigeant les produits et les bâtiments aux entreprises fumigeant les sols. En examinant de près ces transferts, il devient clair que le secteur des entreprises fumigeant les produits et les bâtiments a augmenté sa consommation de bromure de méthyle de 1997 à 1998, tout en sachant pertinemment que l'on envisage l'élimination progressive de ce produit. Cela laisse supposer, qu'en refusant de contrôler et de réduire leur consommation, les entreprises fumigeant les produits et les bâtiments pourraient avoir contribué à la hausse du prix en augmentant leur demande, alors que l'offre est restreinte. Plusieurs titulaires d'allocations ont mentionné qu'ils ne pouvaient identifier les autres titulaires auxquels ils pourraient s'adresser pour acheter des contingents additionnels sous le régime des cessions. Étant donné les modifications récentes apportées à la LCPE, Environnement Canada en a tenu compte en créant un site Web (http://www.ec.gc.ca/RegistreLCPE/Permits/ozo ne.cfm) où l'on énumère les titulaires et où l'on précise leurs allocations. Solutions de rechange Les entreprises fumigeant les sols et celles fumigeant les produits et les bâtiments craignent qu'on interdise l'emploi du bromure de méthyle avant que des solutions de rechange efficaces ne soient trouvées. Elles ont souligné la nécessité d'établir des règles du jeu équitables entre tous les pays, pour que le Canada puisse demeurer compétitif sur la scène économique mondiale. Des entreprises des deux groupes trouvent que les solutions actuellement proposées ne répondent pas à leurs besoins. Elles veulent avoir plus d'information sur les options de remplacement existantes dont elles n'auraient pas encore entendu parler. D'autres titulaires d'allocations ont très bien réussi à adapter des solutions de rechange à leurs besoins particuliers. Pour combler ce besoin d'information, Agriculture et Agroalimentaire Canada a préparé le présent rapport, y compris les études de cas. Le Ministère a en outre créé un site Web et un centre de diffusion de l'information à l'intention des utilisateurs de bromure de méthyle; il continue également de collaborer avec l'industrie et le Groupe de travail. Le Canada continue de communiquer et de collaborer avec la collectivité internationale par l'intermédiaire du Groupe de travail CanadaEtats-Unis sur les produits de substitution du bromure de méthyle, du Comité des choix techniques pour le bromure de méthyle et des rencontres avec les Parties au Protocole de Montréal. Plusieurs titulaires d'allocations craignent que les États-Unis n'éliminent pas le bromure de méthyle ou adoptent des exemptions pour la fumigation des produits et des bâtiments. Le Canada communique régulièrement avec le ministère de l'Agriculture des États-Unis (USDA) et la United States Environmental Protection Agency. Ces organismes ont réitéré leur engagement face à l'élimination progressive du bromure de méthyle d'ici à 2005. Les prochaines sections, soit Prochaines étapes Entreprises fumigeant les sols et Prochaines étapes Entreprises fumigeant les produits et les bâtiments, portent sur les résultats du sondage et les études de cas. Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 21 PROCHAINES ÉTAPES - ENTREPRISES FUMIGEANT LES SOLS Introduction Les agriculteurs, qu'ils cultivent en pleine terre ou en serre, ont trouvé des solutions de rechange au bromure de méthyle, motivés en cela par les coûts, la disponibilité du produit, la sécurité ou une évolution de leurs activités agricoles. En général, pour chaque culture produite actuellement ou antérieurement au moyen du bromure de méthyle, il est possible de trouver des producteurs qui s'y adonnent en recourant à d'autres méthodes. Depuis les années 1990, les serriculteurs ont adopté des mélanges sans sol ou du sol stérilisé commercialement, ce qui élimine la nécessité de fumiger le sol sur place. Ces faits appuient les résultats obtenus lors d'un sondage mené en 1997 auprès des producteurs, sondage qui avait révélé que d'autres facteurs commerciaux pouvaient avoir amené l'évolution vers des systèmes sans sol (voir l'encadré). Les systèmes de culture hydroponique efficaces intègrent une gamme de mesures de lutte antiparasitaire intégrée, l'utilisation d'agents de lutte biologique et des mesures d'hygiène destinées à combattre les nuisibles et à enrayer les maladies. Les petits serriculteurs affirment que ces systèmes sont trop coûteux ou non disponibles. Bon nombre de producteurs qui cultivent en pleine terre ont obtenu des résultats satisfaisants avec des produits chimiques, surtout avec le 11,3-dichloropropène ou un mélange de 11,3dichloropropène et de métam-sodium. On trouvera dans ce rapport une étude de cas approfondie sur la fraisiculture en NouvelleÉcosse. Les agriculteurs qui ont obtenu de bons résultats avec ces produits soulignent qu'une préparation adéquate est essentielle à l'obtention d'un niveau de lutte satisfaisant. L'emploi de produits de remplacement du bromure de méthyle au champ comporte toutefois deux inconvénients potentiels à long terme : 1. L'application des fumigants chimiques de rechange est restreinte à cause de la toxicité de ces produits pour les humains et l'environnement. Utilisation du bromure de méthyle dans le sud-ouest de l’Ontario En 1997, AAC a mené un sondage auprès de 39 agriculteurs de cette région, qui utilisaient du bromure de méthyle sans toutefois être des titulaires d’allocations. Ces producteurs (29 serriculteurs, 7 exploitants alliant la serriculture et la culture de plein champ et 3 agriculteurs s’adonnant exlusivement à la culture en pleine terre — confiaient déjà depuis plusieurs années la fumigation à un spécialiste en déparasitage. À ce momentlà, presque tous les agriculteurs s’adonnant à la culture en pleine terre et presque la moitié (14) des serriculteurs s’étaient tournés vers des solutions de rechange. Des quatorze serriculteurs, douze utilisaient des systèmes de culture hydroponique ou de la laine de roche, un avait opté pour la stérilisation à la vapeur et l’autre avait adopté la culture en pots individuels et le traitement chimique des racines. Même si de nombreux agriculteurs étaient préoccupés par la hausse des coûts d’exploitation, les auteurs du sondage ont remarqué que bon nombre d’entre eux avaient cessé d’utiliser le bromure de méthyle sans même savoir que l’on s’apprêtait à interdire progressivement ce produit. Cela veut donc dire que ce virage repose sur d’autres raisons liées notamment aux coûts de la main-d’œuvre, à l’innocuité, à des considérations d’ordre environnemental ou à la demande du marché. Le sondage permettait donc de conclure que de nombreux agriculteurs n’adoptaient pas une technologie de rechange uniquement pour des raisons d’ordre technologique, mais aussi pour d’autres motivations fondées sur la disponibilité de l’information, les situations personnelles, le besoin d’une vision, les ressources et la capacité de gérer le changement et les risques qui y sont associés. 22 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 2. Alors que la plupart des entreprises fumigeant les sols ont trouvé d'autres solutions acceptables pour enrayer les parasites et les mauvaises herbes, la collectivité scientifique craint que les fumigants chimiques de remplacement disponibles sur le marché n'offrent qu'une maîtrise restreinte des maladies à long terme. En fait, le bromure de méthyle est tellement efficace comme outil de lutte phytosanitaire dans de nombreux systèmes agricoles, qu'on a mené très peu de recherches sur l'état sanitaire des pédoagroécosystèmes. Les serriculteurs bénéficieraient également de connaissances plus poussées sur l'écologie des maladies. On met actuellement au point de nouveaux produits chimiques pour remplacer le bromure de méthyle (comme l'iodure de méthyle). Toutefois, ces produits peuvent ne pas être homologués au Canada à cause de la faiblesse relative de la demande. L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire a lancé un programme d'homologation des usages limités à la demande des utilisateurs, pour que ceux-ci collaborent avec un titulaire d'homologation pour soumettre des demandes d'homologation des emplois limités. Parmi les autres solutions de rechange au bromure de méthyle qui font l'objet d'études, citons les amendements organiques. La recherche a révélé que certains sols et amendements organiques (comme le fumier de porc et les déchets de pâtes et papier) favorisent le développement des microorganismes qui combattent activement les maladies. On utilise déjà bon nombre de ces produits en agriculture biologique, mais leurs modes d'action sont peu connus. Dans la nature, les maladies des végétaux sont relativement rares. La vaste majorité des cultures sont produites sans fumigant. On ne comprend pas très bien pourquoi certains sols prédisposent aux maladies et d'autres suppriment celles-ci. Il est possible que l'on mette au point un système commercial de gestion des sols intégrant les amendements organiques pour lutter contre les maladies sans avoir à recourir à des fumigants chimiques. Un tel système serait à la fois rentable et écologique. Il faudrait poursuivre les recherches dans ce domaine. Culture de la tourbe ou culture du sol? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la production de tourbe contribue en fait à la formation de terre arable. En récoltant la tourbe, on enlève seulement un quart de pouce à la surface du sol, ce qui laisse de 10 à 12 pouces de la masse de racines qui s’est développée pendant la saison de croissance. Étude de cas 1 : Solutions de rechange pour la production de tourbe Contexte Le Canada appuie l'importante industrie de la tourbe, qui approvisionne en rouleaux de gazon à maturité une gamme de clients qui s'en servent pour l'aménagement paysager des parcs, des résidences, des installations sportives, etc. La valeur de la tourbe varie entre 0,80 à 4,50 $ la verge et dépend de la rusticité du produit, de la graminée utilisée et de l'absence de mauvaises herbes indésirables. On utilise principalement le pâturin des prés (Poa pratensis) pour la plupart des emplois, alors que d'autres graminées, comme l'agrostide (Agrostis spp.), sont cultivées pour des débouchés spéciaux (verts de terrains de golf). La plupart de ces créneaux exigent de la tourbe entièrement exempte de mauvaises herbes, et ce, pour des raisons esthétiques ou pratiques. Le pâturin annuel (Poa annua) est la principale mauvaise herbe visée, en particulier sur la côte ouest, à cause de sa croissance rapide et de sa fréquente production de graines. La rusticité de la tourbe dépend de son âge et de son état sanitaire; les producteurs garantissent toujours la survie de leurs plants de repiquage; leur réputation et leurs ventes dépendent de la fiabilité du produit. Cette industrie a toujours employé couramment le bromure de méthyle comme fumigant avant la plantation, afin de stériliser le sol et de combattre ainsi les maladies, les ravageurs et les mauvaises herbes. Cependant, à cause du coût élevé du produit, son emploi s'est surtout limité aux cultures spéciales et aux marchés de grande valeur. Les conditions de croissance varient considérablement d'une région à l'autre, de même que les préférences de la clientèle et les Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas prix du marché. Dans le sud de la ColombieBritannique, des hivers doux et des conditions de croissance propices ont favorisé l'essor d'une industrie hautement compétitive qui éprouve cependant des problèmes avec Poa annua, une mauvaise herbe fort envahissante. En général, comparativement aux consommateurs des autres régions canadiennes, ceux de la côte ouest (en descendant aussi loin que la Califormie) préfèrent nettement les produits exempts de Poa annua. Par contre, alors que les hivers rigoureux observés dans le reste du pays soulèvent des défis culturaux additionnels, ils offrent également une certaine protection contre Poa annua et d'autres mauvaises herbes. A. Solutions de rechange pour la production d'agrostide (L'entreprise souhaite demeurer anonyme.) Contexte L'entreprise produit du pâturin des prés et, depuis peu, de l'agrostide pour les verts de terrains de golf. Utilisation du bromure de méthyle La société n'a jamais utilisé de bromure de méthyle, mais un grand nombre de ses concurrents au Canada ou aux États-Unis emploient ce produit. Programme de lutte antiparasitaire actuel Certaines méthodes fondamentales s'appliquent aux deux espèces que produit l'entreprise. Avant la plantation, les champs sont traités avec du glyphosate et travaillés jusqu'à une profondeur de cinq pouces au moyen d'un rotavator. Les semis ont lieu de la fin d'avril ou du début de mai jusqu'à la fin d'août, selon la date de la dernière récolte. En général, l'entreprise laisse pousser les cultures pendant plus d'une saison (pour s'assurer de la vigueur de la tourbe), puis les récolte d'avril à la fin de novembre. Il faut toutefois protéger les cultures (agrostides) contre les moisissures nivales, pour en assurer la survie pendant l'hiver. Les champs récoltés tardivement sont laissés en jachère pendant l'hiver. L'entreprise choisit des champs ayant un sol composé de limon sablonneux bien drainé, pour une productivité maximale. 23 En ce qui a trait au pâturin des prés, l'entreprise approvisionne les marchés qui n'exigent pas que les produits soient entièrement exempts de Poa annua, et vend le pâturin de 10 à 16 cents le pied carré. Poa annua ne survit pas à un hiver froid. L'entreprise a donc constaté qu'elle pouvait combattre les parasites sans recourir constamment aux pesticides. Elle a remarqué que la pulvérisation occasionnelle de 2,4-D, de mécoprop et d'acide 3,6-dichloro-2méthoxybenzoïque pendant la saison de croissance suffisait pour maîtriser les ravageurs. La tourbe de pâturin destinée aux terrains de golf doit être entièrement indemne de Poa annua, tant pour des raisons esthétiques que pratiques. Les exigences draconiennes de ce marché maintiennent des prix allant jusqu'à 50 cents le pied carré. Pendant la saison de croissance, les champs sont fréquemment irrigués et tondus quotidiennement pour maintenir une longueur idéale de cinq seizièmes de pouce des pratiques qui favorisent la croissance et la reproduction de Poa annua. À cause des hivers rigoureux, les verts des terrains de golf contaminés par Poa annua doivent êre réparés ou remplacés chaque printemps. Cette graminée ne survit pas au froid, ce qui rend le vert peu attrayant et inégal. Comme l'entreprise n'a jamais été autorisée à utiliser du bromure de méthyle, elle a été forcée de mettre au point des pratiques culturales et des traitements chimiques pour enrayer Poa annua. Du côté des produits chimiques, elle fumige du métam-sodium (aux taux indiqués sur l'étiquette et au moyen d'un épandeur adapté muni d'injecteurs) trois semaines avant la plantation, ce qui permet d'éliminer 80 p. 100 de Poa annua. L'entreprise enlève le reste de cette mauvaise herbe en l'arrachant ou en la brûlant avec un chalumeau au propane. Cette activité exige beaucoup de main-d'œuvre, car l'identification de Poa annua est difficile et fastidieuse. Quand un champ devient trop contaminé, l'entreprise enfouit la culture, la brûle avec du glyphosate et laisse le champ en jachère pendant l'hiver jusqu'à l'année suivante. Pour éviter la contamination, avant de passer d'un champ à un autre, les employés lavent ou nettoient autrement constamment l'équipement et utilisent du glyphosate pour maintenir une zone tampon constituée de cinq 24 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas pieds de sol nu en périphérie de chaque champ. B. Solutions de rechange pour les créneaux Tourbe Anderson Contexte Fondée il y a 26 ans par ses propriétaires actuels, Michael, Jerry et Steve Anderson, Anderson Sod Farm cultive 650 acres près de Dendrey, dans les terres continentales intérieures de la Colombie-Britannique. Anderson Sod Farm emploie 20 personnes et produit environ un million de verges de gazon par année pour une valeur de presque deux millions de dollars. Ses clients incluent des entrepreneurs, des propriétaires de maison, des exploitants de terrains de golf, des commissions scolaires, des municipalités et des responsables de parcs. L'entreprise produit toute une gamme d'espèces pâturin, ray-grass et fétuque et se spécialise dans la tourbe de qualité supérieure indemne de Poa annua et destinée à des créneaux et à des consommateurs exigeants. Emploi du bromure de méthyle Anderson Sod Farm a commencé à utiliser le bromure de méthyle au début des années 1990 dans le but d'exterminer les semences dormantes. Pour cela, elle faisait appel à un expert en fumigation qui se servait d'un épandeur adapté muni d'un mécanisme de repérage pour l'injection du fumigant jusqu'à une profondeur de 16 à 18 pouces. Le spécialiste scellait le sol avec un rouleau et couvrait le champ d'une bâche en plastique. La fumigation avait lieu au printemps, avant les semis. Elle enrayait complètement Poa annua. Une fois fumigé, le champ demeurait exempt de mauvaises herbes jusqu'à ce qu'il soit accidentellement contaminé par des semences commerciales infestées ou par des graines de mauvaises herbes accrochées à l'équipement ou aux vêtements des employés ou dispersées par le vent depuis la périphérie du champ. Anderson Sod Farm recourt encore au bromure de méthyle pour stériliser occasionnellement la majorité de ses champs, mais a adopté et mis au point un certain nombre de pratiques culturales pour réduire la fréquence des fumigations; ces méthodes devraient, à long terme, remplacer le bromure de méthyle. En appliquant les méthodes culturales décrites ci-après, Anderson Sod Farm a réussi à maintenir le sol exempt de Poa annua pendant jusqu'à 10 ans entre les fumigations. Programme de lutte antiparasitaire actuel Anderson Sod Farm exploite 500 acres de sol grossier, de sable limoneux et de sol sablonneux, qui sont récoltés à longeur d'année. L'entreprise exploite également 150 acres de sols argileux lourds, généralement trop humides pour permettre l'accès de novembre jusqu'à la fin de février. Les sols limoneux sont les plus propices à la production de tourbe et sont périodiquement fumigés au bromure de méthyle en cas d'infestation par Poa annua. L'entreprise ne fumige pas les sols argileux. Le pH du sol est maintenu à 6.5 par l'ajout de déchets de tonte compostés et de chaux. Selon le type de sol, la récolte peut avoir lieu à longueur d'année. La plantation de semences certifiées exemptes de Poa annua a lieu du 1er avril jusqu'à la fin de septembre. Lorsque c'est possible, les champs sont de nouveau ensemencés immédiatement après la récolte. Les champs récoltés l'automne sont ensemencés avec du seigle d'automne, qui sert de culture de couverture pendant l'hiver. Les champs récoltés en hiver sont laissés nus. Avant les semis, l'entreprise traite les champs avec du glyphosate, et retravaille les sols fumigés jusqu'à une profondeur de fumigation (14 à 15 pouces) au moyen d'un scarificateur. L'entreprise tond les champs chaque semaine et les arrose au moyen de systèmes d'irrigation, soit sur roue, soit fixes en couverture intégrale. Le glyphosate sert à maintenir une zone tampon en périphérie des champs. Pour atténuer les effets du compactage des sols, les champs sont périodiquement travaillés jusqu'à une profondeur de 18 pouces au moyen d'un scarificateur. Dans les années 1990, Anderson Sod Farm a commencé à mettre au point d'autres méthodes pour remplacer le bromure de méthyle, et ce, afin d'accroître la productivité des terres marginales et en prévision de l'élimination progressive imminente du produit. L'entreprise a d'abord procédé à de brèves expériences avec le métam-sodium mais, n'ayant pu obtenir des Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas résultats supérieurs à 80 p. 100, a choisi d'explorer d'autres avenues. Elle applique actuellement quatre méthodes courantes de contrôle cultural - rotation des cultures, jachère d'hiver, cycles de germination et hygiène et une nouvelle technique à base de sable lavé. Ensemble, ces pratiques donnent un taux de succès de 90 à 100 p. 100. Rotation des cultures : Les champs sont ensemencés de seigle d'automne pendant l'hiver, et ce, tous les trois ans, de septembre à octobre. Jachère : Les champs sont laissés en jachère pendant un à quatre mois en hiver, et ce, tous les trois ans, de décembre à février. Cycles de germination : Les travailleurs hersent le sol jusqu'à une profondeur de un pouce et quart (1¼) tous les 7 à 10 jours afin de faire germer le plus grand nombre possible de semences. Le cycle est répété jusqu'à cinq fois avant la plantation de la culture semencière, selon le degré d'infestation du champ par les mauvaises herbes. Hygiène : Les travailleurs nettoient et lavent méticuleusement l'équipement avant de pénétrer dans un champ, afin d'éviter la contamination croisée. Les employés se servent de tondeuses adaptées, qui aspirent et recueillent les semences des mauvaises herbes indésirables. Le matériel ainsi recueilli est ensuite composté (le compostage produit suffisamment de chaleur pour tuer toutes les semences). Une fois prêt, le compost sert à fertiliser les champs et à y maintenir un pH équilibré. Sable lavé : Cette technique consiste à épandre un pouce et quart (1¼) de sable lavé à la surface du sol, ainf de constituer un lit de semences. Le sable agit comme solution de rechange à la fumigation, parce que toutes les semences sous cette couche ne recevront pas suffisamment de lumière et ne pourront pas germer. L'entreprise se sert de gros épandeurs de type A pour étaler le sable. La société a mis au point cette technique au fil des ans. Anderson Sod Farm a testé du sable de différentes sources et tenté d'en épandre 25 différentes épaisseurs. Le sable lavé acheté des gravières est idéal pour ce type d'opération, car il ne contient ni matière organique, ni semences, et est plus ou moins stérilisé. Comme on enlève un quart de pouce de sable au moment de l'arrachage de la tourbe, il faut rajouter du sable chaque année, ce qui augmente progressivement la couche arable. Anderson Sod Farm a aussi essayé d'épandre six pouces de sable et de réutiliser cette couche chaque année; mais elle a constaté que le compactage était trop prononcé après deux ans. Un autre inconvénient associé à cette technique a nécessité plusieurs essais. Il s'agit du temps requis pour obtenir une culture vigoureuse. Dans un substrat sableux, les racines prennent plus de temps à se développer. Or les racines doivent être plus fortes que la normale pour supporter l'arrachage et le roulage de la tourbe. La tourbe produite dans de la terre est plus forte et plus vigoureuse. Alors qu'au début, il fallait 20 mois pour produire de la tourbe, grâce à des peaufinages subtils et à l'expérience, l'entreprise a pu réduire ce temps à seulement 8 à 10 mois. Comparaison des prix du marché pour les produits de catégorie supérieure (prix la verge Sable lavé et fumigé . . . . . . . . . . . . 2,25 $ Sol fumigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,62 $ Sable lavé non fumigé . . . . . . . . . . . 1,10 $ Sol non fumigé . . . . . . . . . . . 0,50 - 0,70 $ Comparaison du bromure de méthyle avec les solutions de rechange Alors que les produits obtenus dans les champs fumigés au bromure de méthyle commandent encore les prix les plus élevés sur le marché (voir l'encadré), les produits cultivés dans du sable lavé, ainsi que les méthodes culturales ne cessent de s'améliorer chaque année et offrent une solution viable au bromure de méthyle. Le principal coût additionnel associé à ces méthodes culturales est dû à l'investissement dans une tondeuse adaptée munie d'un système d'aspiration. Cependant, cet équipement sert à la fois dans les champs fumigés et non fumigés. Les inconvénients associés à l'utilisation du sable lavé sont, d'une part, les coûts additionnels liés à l'équipement et au matériel (camions à 26 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas bascule, épandeurs, chargeurs, sable) et à la main-d'œuvre requise pour l'épandage du sable chaque année et, d'autre part, le fait que l'entreprise a moins de latitude par rapport au temps de croissance de la culture. Étude de cas 2 : Solutions de rechange pour les pépinières de fraisiculture En Nouvelle-Écosse, la fraisiculture comprend à la fois la culture des fraises et celle du matériel de pépinière (plants de repiquage). En 1999, les pépinières ont produit 39 millions de plants de fraisier de repiquage, pour une valeur d'environ 3,7 millions de dollars, alors que les fraisières ont donné 3,9 millions de pintes de fraises, estimées à près de 5,8 millions de dollars. En raison des exigences phytosanitaires rigoureuses du marché d'exportation et du programme de certification de la Nouvelle-Écosse, les champs des pépinières sont couramment fumigés, afin de stériliser le sol avant la plantation. Jusqu'ici, le bromure de méthyle s'est avéré le fumigant de choix pour l'éradication d'un large spectre de mauvaises herbes, de nématodes et d'agents pathogènes. Contexte C.O. Keddy Nursery Ltd. est située à Lakeville, dans la vallée de l'Annapolis, à l'ouest de Kentville, en Nouvelle-Écosse (Canada). Charles et Doris Keddy ont acheté leur ferme en 1979 et cultivent depuis des fraisiers pour le marché des plants de repiquage. La ferme couvre 500 acres dont la moitié est défrichée et l'autre, boisée; elle comprend également 175 acres louées (dont 100 sont consacrées à la culture intensive). Keddy Nursery emploie en moyenne de 10 à 15 personnes pendant 8 à 10 mois, mais aussi peu que 7 travailleurs pendant l'hiver et jusqu'à 90 employés pendant les 2 à 3 mois où la récolte bat son plein. L'entreprise produit exclusivement du matériel de pépinière, soit des fraisiers, des framboisiers, de la rhubarbe, des griffes d'asperges, des bleuets en corymbe et des bleuets nains, pour les marchés d'exportation de l'Amérique du Nord. La société vend directement aux détaillants et aux grossistes sans passer par des courtiers. Keddy Nursery produit de 10 à 12 millions de plants de fraisier par année, 200 000 cannes de framboisier et une quantité moindre de produits des autres cultures. Caractéristiques physiques et climatiques La pépinière repose sur du sol grossier, du sable limoneux et du sol sablonneux. Ces sols, issus de dépôts morainiques, contiennent peu de matière organique (moins de 3 p. 100) et ont tendance à s'assécher. Tous les champs sont munis d'un système d'irrigation fixe en couverture intégrale; l'eau est recueillie dans des étangs artificiels sur la propriété. La baie de Fundy, qui se trouve à proximité, jouit d'un climat tempéré. Les précipitations y atteignent en moyenne 1 177 millimètres par année (dont 897 sous forme de pluie), et la région se caractérise par des printemps froids et tardifs et de courts hivers. On y observe en moyenne 138 jours sans gel et plus de 2 400 unités thermiques du maïs (UTM) par année. La saison de croissance dure en moyenne 203 jours. La plantation commence dès le 10 avril, et la récolte peut se poursuivre jusqu'au 20 décembre. La température moyenne annuelle est de 6,8 °C, avec des creux à 31 °C en hiver et des pics à 37 °C en été. Nova Scotia Strawberry Certification des fraisiers en Nouvelle-Écosse A policy developed by Agriculture et Agroalimentaire and Agri-Food Canada et le ministère de l'and the Nova Scotia Department of Agriculture et de la Commercialisation de la Nouvelle-Écosse ont élaboré une politique visant à accroître la productivité des fraisières de la province et à répondre aux exigences phytosanitaires du marché d'exportation des plants de pépinière.and Marketing developed a policy in an effort to increase productivity of Nova Scotia's strawberry fields and meet phytosanitary requirements for the export of nursery plants. Ce régime a été soigneusement mis au point pour réduire les maladies virales, The plan has been carefully developed to reduce viral diseases, mycoplasmiques, fongiques et bactériennes, ainsi que les infestations par les insectes c diseases, fungal diseases, bacterial diseases, insect and mite infestationset les acariens. Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas Fraisiculture Keddy Nursery approvisionne deux marchés distincts : Les marchés du Sud (Floride, Alabama, Géorgie) Keddy Nursery cultive cinq variétés de fraisier pour ce marché, ce qui représente environ les deux tiers de sa production. L'entreprise achète les plants-mères de la Californie à la fin d'avril et les transplante au début de mai. Elle vise à obtenir au moins 25 plants-filles à partir de chaque plant-mère. Elle récolte généralement les plants-filles de la mi-septembre à la fin d'octobre, puis les expédie sous forme de plants feuillus à ses clients du Sud, où ils sont immédiatement repiqués pour la production de fraises. Marchés du Nord (Canada et états du nord des États-Unis) Keddy Nursery cultive 17 variétés de fraisier pour ce marché, soit environ un tiers de sa production. Bon nombre de ces variétés ont été créées à la station de recherches de AAC à Kentville. Ces variétés sont plantées au début de mai, puis les plants dormants sont arrachés (de novembre à la mi-décembre), entreposés pendant l'hiver et expédiés au printemps. Certains plants sont laissés au champ durant l'hiver, puis arrachés en avril. Ces plants ne fructifieront pas avant la saison suivante. Emploi du bromure de méthyle Keddy Nursery s'est servi du 11,3dichloropropène et du 1,3-dichloropropène CP jusqu'au milieu des années 1980. L'entreprise a commencé à utiliser le bromure de méthyle parce qu'elle avait entendu dire que ce produit était supérieur et que les conditions d'application étaient plus souples (par exemple, la période de fumigation n'est pas aussi cruciale qu'avec le 11,3-dichloropropène). En plus d'être vendu à prix compétitif, le bromure de méthyle était également le produit dont se servaient les clients de l'entreprise en Floride. Application Les sols ne sont fumigés qu'une fois tous les trois ans dans le cadre du programme de rotation des cultures de l'entreprise (décrit ci-après). 27 Keddy Nursery a fait appel à une entreprise de déparasitage (Hendrix & Dail) de la Caroline du Nord (États-Unis). Les sols ont été fumigés de la fin d'août à septembre. L'entrepreneur choisi a fumigé 400 livres d'un mélange de bromure de méthyle (67 p. 100) et de chloropicrine (33 p. 100) par acre. Le mélange a été injecté à une profondeur de 8 à 10 pouces dans le sol au moyen d'un appareil adapté. Une bâche en plastique de 0,5 mm d'épaisseur a servi à couvrir le sol et à augmenter la rétention du bromure de méthyle. Les champs ont ensuite été laissés au repos pendant au moins cinq à sept jours, puis ont été ensemencés d'une céréale d'hiver (seigle ou blé). Travaux préparatoires à la fumigation Les préparatifs de la fumigation étaient les mêmes que pour l'application du 11,3dichloropropène (décrits ci-après). Efficacité Le bromure de méthyle a toujours donné d'excellents résultats (90 à 95 p. 100) contre les nématodes, les mauvaises herbes et les maladies terricoles. Justification de l'élimination progressive du bromure de méthyle Keddy Nursery a cessé d'utiliser le bromure de méthyle au début de la campagne de 1994-1995, quand le Canada a décidé de mettre en place un système d'allocations de consommation (contingentement) dans le but d'éliminer progressivement ce produit. Comme son contingent était réduit, Keddy Nursery ne pouvait fumiger qu'un nombre restreint d'acres; il lui a donc fallu explorer d'autres avenues pour le reste. De plus, le coût du bromure de méthyle augmentait à cause du piètre taux de change du dollar canadien par rapport à la devise américaine. L'entreprise s'inquiétait également de la hausse des coûts d'enfouissement des bâches en plastique. Comme la société avait toujours continué à épandre du 11,3dichloropropène dans une partie de ses champs, elle était certaine que ce produit pouvait offrir une solution de remplacement efficace. Système de lutte antiparasitaire actuel Il n'y avait pas beaucoup de solutions de 28 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas rechange disponibles au bromure de méthyle au moment où Keddy Nursery a démarré. L'entreprise a donc repris l'application du 11,3dichloropropène à raison de 38 gallons l'acre. Les Keddy ont également essayé un mélange composé à moitié de 11,3-dichloropropène et de métam-sodium (25 gallons l'acre chacun). En termes de coût, ce mélange se comparait au 11,3-dichloropropène utilisé seul, pour un contrôle à peine supérieur (5 à 10 p. 100). Cependant, l'application du mélange nécessitait une plus forte main-d'œuvre et la location d'un injecteur Rumptstad plus coûteux pour l'injection du métam-sodium dans les quatre pouces supérieurs du sol. L'entreprise a donc décidé d'acheter un distributeur à dents en S (de Agrispray) pour l'application en pleine surface et de revenir au 11,3-dichloropropène seul. Actuellement, l'entreprise procède à une rotation des cultures selon un cycle de trois ans (culture de pépinière, culture de rotation, culture d'enfouissement) pour lutter contre les maladies, améliorer l'état sanitaire du sol et réduire l'accumulation de graines de mauvaises herbes dans le sol. La société ne consacre donc plus que 85 acres (24 p. 100) à la pépinière chaque année; sur ce, 70 acres (20 p. 100) servent à la production de plants de fraisier à repiquer. Le matériel de pépinière est planté au printemps la première année. Les fraisiers de pépinière arrivent à la fin d'avril, et les plants-filles sont démarrés le plus tôt possible, en général le 1er mai. On procède à des travaux mécaniques tous les sept à dix jours pendant la saison de croissance. L'entreprise n'utilise pas d'herbicides, et les mauvaises herbes encore présentes sont enlevées à la main au moment de la cueillette des fleurs ou de l'établissement des stolons. L'entreprise récolte les plants de la miseptembre à la mi-décembre. Les plants destinés à l'exportation vers le Sud sont récoltés à la mi-octobre; l'exploitant sème ensuite une céréale d'hiver (seigle ou blé). Cette façon de procéder permet à la fois de protéger le sol pendant les mois d'hiver et de réduire la charge de travail au printemps. Les plants destinés au marché septentrional sont, soit récoltés de novembre à décembre et entreposés, soit recouverts de paille et laissés au champ jusqu'au début d'avril. Ces champs sont ensuite ensemencés d'une céréale de printemps (orge ou avoine). Parasites d'importance Mauvaises herbes : bourse-à-pasteur (Capsella bursa-pastoris), mouron des oiseaux (Stellaria media), millepertuis (Hypericum perforatum), céraiste vulgaire (Cerastium fontanum), sabline rouge (Spergularia rubra), chénopode blanc (Chenopodium alba), amarante réfléchie (Amaranthus retroflexus), trèfle blanc (Trifolium repens), gnaphale des vases (Gnaphalium uliginosum), épilobe (Epilobium spp.), matricaire odorante et matricaire maritime (Matricaria spp.), pourpier (Portulaca orleracea), rumex petite oseille (Rumex acetosella), plantains (Plantago spp.), graminées annuelles (Digitaria spp., Echinochloa crusgali), pâturins et agrostides (Poa et Agrostis spp.), carex (Carex spp.), et joncs (Juncus spp.). Autres parasites : nématodes des racines (Pratylenchus penetrans, Meloidogyne hapla), flétrissure verticillienne (Verticillium albo-atrum, Verticilium dahliae), pourridiés noirs (causés par Fusarium, Cylindrocarpon et Rhizoctonia) et rhizoctone commun (Rhizoctonia solani). Le producteur laisse pousser les céréales d'hiver et de printemps pendant tout le printemps et l'été de la deuxième année. Elle pulvérise rarement des herbicides sur ces cultures. À la fin d'août, elle regroupe la récolte de tous les champs, vend le grain et se sert de la paille comme paillis. Les champs sont ensuite hersés, puis on y sème une céréale d'hiver (seigle ou blé). Les employés de Keddy Nursery laissent la culture d'hiver pousser jusqu'à la mi-juin de la troisième année, puis l'enfouissent dans le champ comme engrais vert. Les champs sont ensuite laissés en jachère pendant l'été dans le but d'améliorer le lit de semences. Les travailleurs tentent de herser les champs tous les sept à dix jours afin de faire germer le plus grand nombre possible de semences de Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas mauvaises herbes, et de briser toutes les mottes de matière organique. Ils fumigent les champs à la fin d'août ou en septembre, selon l'humidité du sol (voir l'encadré). Strawberry Tyme Farms, de Simcoe en Ontario, applique un programme de lutte antiparasitaire analogue pour traiter ses fraisiers et son matériel de pépinière. John Cooper met en œuvre un programme de rotation des cultures administré de concert avec l'University of Guelph, l'Ontario Berry Growers Association et Agriculture et Agroalimentaire Canada. Il injecte un herbicide avant la plantation (Treflantrifluraline®) dans les deux pouces supérieurs du sol, puis désherbe à la main au besoin et fumige les champs avec du Telone C1711,3-dichloropropène ou du Vapammétam-sodium, selon l'état sanitaire antérieur du champ. Le métam-sodium est moins coûteux que le Telone C1711,3dichloropropène, mais donne de moins bons résultats phytosanitaires. L'efficacité des deux fumigants augmente si le sol est bien humide, mais diminue considérablement, s'il pleut durant les trois jours qui précèdent l'application. Keddy Nursery applique le 11,3dichloropropène à un taux stérilisant de 38 gallons l'acre, tel qu'indiqué sur l'étiquette. Les dents de l'applicateur sont espacées de huit pouces et injectent le fumigant à huit à dix pouces dans le sol. Un rouleau motorisé scelle le sillon et aplatit la surface, ce qui accroît la rétention du produit. Il est essentiel que le sol soit suffisamment humide pour retenir le fumigant. Les employés évaluent le taux d'humidité en prélevant une poignée de sol à une profondeur de six à sept pouces et en la roulant dans la main. Si le sol forme une motte qui se tient bien, il est suffisamment humide pour que l'on fumige. Deux ou trois semaines après le traitement, Keddy Nursery procède à des semis directs d'une culture couverture d'hiver (seigle ou blé). Au printemps, l'entreprise traite les champs au glyphosate pour exterminer la culture de couverture, puis herse les champs et y plante de 29 nouveau le matériel de pépinière. Solutions de rechange non chimiques au bromure de méthyle utilisées par C.O. Keddy Nursery Ltd. • Rotation des cultures - Cultures successives d'espèces qui ne sont pas des hôtes ou sont des hôtes moins favorables, ou d'espèces antagonistes pour les parasites ciblés. • Jachère - Il s'agit de cesser temporairement d'exploiter la terre pour réduire les populations de parasites dans le sol en les privant d'hôtes ou du substrat nécessaire à leur développement et en les exposant à des conditions environnementales adverses. • Amendements des sols et compost Ajout d'engrais vert et d'amendements organiques pour combattre certains parasites terricoles dans diverses cultures et pour enrichir le sol en éléments nutritifs. • Paillis et cultures de couverture - Les paillis (couvertures de sol), les cultures de couverture et les engrais verts peuvent servir à combattre un large spectre d'agents pathogènes et d'insectes terricoles. • Hygiène - L'hygiène consiste à éviter ou à éliminer les inoculums d'agents pathogènes ou les sources d'organismes nuisibles (comme les résidus de plantes infectées) avant la plantation. L'hygiène du lit de semences pour la production commerciale favorise une meilleure gestion des problèmes phytosanitaires en horticulture et dans d'autres types de productions végétales. • Cycles de germination - Les cycles de germination servent comme outils additionnels de lutte contre les mauvaises herbes. Pendant la jachère d'été, le sol est hersé tous les sept à dix jours dans le but de faire germer les semences de mauvaises herbes présentes, afin que les plantes cultivées ne soient pas en concurrence avec d'autres espèces végétales. 30 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas Comparaison du bromure de méthyle avec les solutions de rechange Keddy Nursery juge qu'elle obtient d'excellents résultats (90 - 95 p. 100) pour l'élimination des nématodes, des mauvaises herbes et des maladies terricoles avec le 11,3dichloropropène. Toujours selon l'entreprise, ce taux de réussite dépend surtout des facteurs suivants : préparation adéquate du sol pour que celui-ci soit prêt à être ensemencé après la fumigation; humidité suffisante du sol avant la fumigation; période d'attente suffisamment longue (deux ou trois semaines) pour que le traitement puisse agir. Lorsque l'entreprise s'est tournée vers le 11,3dichloropropène en 1995, elle a constaté que les coûts étaient les mêmes que pour le bromure de méthyle. Aujourd'hui, étant donné que l'offre de bromure de méthyle est restreinte parce que contingentée et que la devise américaine est forte comparativement à la nôtre, le 11,3dichloropropène est beaucoup moins coûteux. Toutefois, le bromure de méthyle a comme avantage de ne pas nécessiter une préparation aussi rigoureuse du sol; il agit en outre plus rapidement, soit en cinq jours au lieu de jusqu'à vingt et un jour pour le 11,3-dichloropropène. Il exige toutefois plus de travail pour l'installation des bâches au champ. L'entreprise souhaiterait pouvoir utiliser des produits à plus forte teneur en chloropicrine afin de mieux combattre les maladies. Elle a récemment participé à l'essai au champ d'un produit plus concentré en chloropicrine (35 p. 100), qui n'est pas encore homologué au Canada. L'entreprise a constaté, qu'au taux de 25 gallons l'acre, ce produit donnait d'excellents résultats. Il faudra toutefois poursuivre les essais avant de tirer d'autres conclusions. Échange de l'information entre agriculteurs Keddy Nurseries et Cooper croient que la clé du succès consiste à se fixer des objectifs et à faire preuve de bon sens pour les atteindre. Ils ont mis au point des techniques en adoptant une démarche prudente par essai et erreur. Ils sont prêts à partager leur savoir avec d'autres agriculteurs intéressés à réduire leur dépendance à l'égard du bromure de méthyle. Voici leurs coordonnées : Charles Keddy, Keddy Nurseries 982 North Bishop Road, Kentville NS, B4N 3V7 Téléphone: 902-678-4497 Télécopieur : 902-678-0067 Courriel : [email protected] John Cooper, Strawberry Tyme Farms RR2, Simcoe ON, N3Y 4K1 Téléphone: 519-426-3099 Télécopieur : 519-426-2573 Courriel : [email protected] Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 31 PROCHAINES ÉTAPES ENTREPRISES FUMIGEANT LES PRODUITS ET LES BÂTIMENTS Introduction Le secteur de la transformation des aliments est un intervenant majeur de l'économie canadienne. Il contribue à la croissance économique à titre de fournisseur d'aliments et de créateur de marchés pour les produits agricoles. Étant donné son importance relative, les échanges commerciaux et la capacité de transformation de ce secteur d'activités canadien ressemblent à ceux observés dans d'autres grands pays industrialisés. En 1999, ses envois étaient évalués à 49 milliards de dollars, et ce secteur employait 200 000 travailleurs. Le gros de la transformation a lieu dans le centre du Canada, mais le secteur revêt relativement plus d'importance pour les économies des Prairies et des provinces de l'Atlantique. Au Canada, les installations de transformation des aliments, en particulier les minoteries, fonctionnent 24 heures par jour, sept jours par semaine. Les fermetures coûtent extrêmement cher. Bien que l'écoulement élevé et constant des produits maintienne un environnement relativement exempt de parasites, les défis réels résident principalement dans la gestion des bâtiments mêmes. Étant donné qu'on y transforme des aliments, les insectes et autres parasites jouissent de nombreuses possibilités d'accès : livraison et entreposage d'ingrédients en vrac; déversements de produits et accumulation de poussière dans des endroits inaccessibles du bâtiment et de l'équipement; arrêts de l'écoulement du produit entre les diverses étapes de la transformation. La présence d'aliments, la chaleur et la structure des bâtiments font des minoteries un milieu idéal pour les insectes. Il est donc essentiel de procéder à un nettoyage et à un entretien réguliers de l'équipement pour maintenir l'écoulement du produit et combattre les populations de nuisibles. Lutte antiparasitaire dans l'industrie de la transformation des aliments Le secteur de la transformation des aliments utilise couramment le bromure de méthyle pour enrayer les nuisibles dans les minoteries, les entrepôts, les cellules de stockage et les aires de production. Les principaux nuisibles sont les rats, les souris, les triboliums rouges de la farine et les triboliums bruns de la farine. Les nuisibles moins courants sont les pigeons, les cucujides roux, la mouche de la semoule de maïs, les dermestidés, les cucujides dentelés et les cucujides marchands. L'industrie meunière Le Canada compte 40 minoteries qui ont transformé pour 1,2 milliard de dollars de produits et employé 2 000 personnes en 1996. Le procédé fondamental de mouture comporte plusieurs étapes distinctes : réception du grain, mélange du grain, nettoyage, conditionnement avec l'ajout d'eau, période de repos d'environ 20 heures, mouture en farine, emballage de la farine ou livraison de la farine en vrac. À la fin du procédé de mouture et avant l'emballage, toute la farine blanche est passée au moulin à percussion ou entoleter (machine comportant des disques rotatifs munis de pointes qui pulvérisent tous les insectes encore présents). Plusieurs règlements s'appliquent à la lutte antiparasitaire dans l'industrie de la transformation des aliments. Tout d'abord, il existe des seuils précis pour la présence d'insectes dans les produits. Comme les minoteries fabriquent des produits alimentaires, Santé Canada régit rigoureusement les pesticides que l'on peut y utiliser, ainsi que les conditions d'emploi. Des exportateurs doivent obtenir un certificat phytosanitaire des inspecteurs de l'ACIA pour garantir à la partie importatrice que les produits sont exempts de nuisibles (quarantaine). Toutefois, le débat est de nouveau engagé à savoir si le processus d'approbation des installations devrait porter sur l'état sanitaire du produit ou sur celui des installations mêmes. Actuellement, il porte sur les deux. Selon des représentants du secteur des minoteries, puisque ces établissements utilisent des entoleters (un appareil qui comprend des disques rotatifs munis de pointes qui pulvérisent 32 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas tous les insectes qui pourraient encore contaminer la farine voir l'encadré), leur produit est exempt d'insectes, peu importe la présence d'insectes ailleurs dans l'usine. Les minoteries se plaignent d'avoir été pénalisées par le passé par l'application de la règle « d'un seul insecte ». L'ACIA, en consultation avec les minoteries, s'affaire actuellement à examiner et à réviser ses protocoles et méthodes d'inspection. La lutte antiparasitaire menée dans les minoteries et dans le secteur de la transformation des aliments a toujours été et, dans de nombreux cas, est toujours fondée sur des interventions après coup plutôt que sur une attitude proactive. Les minoteries font généralement appel à des entreprises de déparasitage seulement en cas d'infestation notable ou d'urgence. Auparavant, les responsables de la lutte antiparasitaire ne possédaient pas une connaissance suffisante de la biologie des nuisibles, parce qu'ils disposaient de produits chimiques et que l'industrie voulait des traitements peu coûteux. Au mieux, leur rôle consistait à placer des pièges, à dénombrer les insectes piégés pour déterminer si le taux d'infestation avait atteint un seuil d'intervention et à éliminer les nuisibles en appliquant divers produits chimiques (comme le bromure de méthyle). En raison de son coût, de sa disponibilité, de son action rapide, de l'absence de résidus et de son activité à large spectre, le bromure de méthyle est depuis longtemps le fumigant de choix à l'intérieur des bâtiments. Pour les minotiers, se montrer proactifs consistait à établir un calendrier de fumigations régulières (une ou deux fois par année), peu importe le degré d'infestation ou de contamination. Le principal inconvénient de cette démarche obsolète, c'était de ne pas éliminer le problème à sa source, soit le fait que les installations et le procédé mêmes favorisent la croissance des populations de nuisibles. Au Canada, les principales entreprises de déparasitage croient que cette approche dépassée est inefficace et n'enraie pas efficacement la source de la plupart des infestations. De plus, la nouvelle réglementation sur les pesticides a aussi influé sur les attitudes. Selon de nombreux experts en lutte antiparasitaire, l'amélioration des programmes d'hygiène et d'entretien alliée à des modifications physiques des bâtiments et de l'équipement peut réduire les conditions propices à l'établissement des nuisibles, de sorte qu'il n'est plus nécessaire de fermer les usines pour procéder à des fumigations généralisées. Les coûts de fumigation avec du bromure de méthyle ou tout autre produit sont considérables. Il faut sceller tout l'établissement pour le rendre relativement étanche; il faut ensuite acheter et appliquer le fumigant. L'établissement doit rester fermé toute la durée du traitement, ce qui entraîne une perte de productivité. Il faut également tenir compte des complications pour la santé et la sécurité des personnes, en particulier si l'établissement est situé en milieu urbain. Les spécialistes en infestations par les insectes appuient l'adoption de stratégies de lutte antiparasitaire intégrée (LAI), qui reposent sur une démarche plus globale, traitant la cause du problème et non seulement les symptômes. La LAI est souvent plus efficace lorsqu'elle est associée à des systèmes de maintien de l'innocuité et de l'intégrité des aliments, comme le système HACCP (Analyse des risques et maîtrise des points critiques). La LAI est une approche globale de lutte contre les nuisibles, et repose sur des méthodes biologiques, culturales, physiques, mécaniques et chimiques destinées à assurer une surveillance serrée des parasites, à identifier les nuisibles, à détruire leur habitat et à élaborer des programmes d'entretien, d'assainissement et d'inspection permettant de prévenir ou de résoudre de manière écologique et rentable les problèmes liés à la présence des nuisibles. Un élément majeur de ce programme consiste à modifier la perception voulant que l'hygiène nécessite peu de compétences, qu'elle est une activité de second ordre et que l'on peut confier cette responsabilité à quelques employés seulement. Il faut que les entreprises et leur personnel parviennent à saisir que l'hygiène incombe à tous les employés et qu'elle est cruciale pour le bon fonctionnement de l'établissement. Les études de cas présentées dans la prochaine Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas section soulignent les succès de certaines entreprises qui utilisent un large éventail de stratégies de LAI allant des fumigations avec des produits de remplacement (comme la phosphine) aux programmes d'hygiène éliminant complètement la nécessité des fumigations à grande échelle. Ces études montrent que de nombreuses usines ont pu appliquer des méthodes de rechange efficaces et rentables au bromure de méthyle tout en demeurant compétitives. Bon nombre de ces options de remplacement ont donné des résultats supérieurs à ceux du bromure de méthyle contre les parasites. Cependant, l'information à ce sujet demeure insuffisante. De nombreuses minoteries et usines de transformation des aliments ont été réticentes à accepter l'élimination progressive imminente du bromure de méthyle, et certaines trouvent même que les fumigants de remplacement et les techniques de « nettoyage approfondi » sont extrêmement coûteuses et peu efficaces, et ce, sans même les avoir essayées. Les professionnels de la lutte antiparasitaire doivent continuer à s'informer et à éduquer leurs clients sur les avantages et les inconvénients des solutions de renchange au bromure de méthyle; ils doivent aussi constamment peaufiner ces techniques. De leur côté, les clients doivent se montrer plus proactifs et plus engagés dans la lutte antiparasitaire à leur établissement. Éléments d'une stratégie de lutte antiparasitaire intégrée (LAI) efficace La LAI est une démarche antiparasitaire globale fondée sur des méthodes biologiques, culturales, physiques, mécaniques et chimiques permettant de surveiller de près la présence des nuisibles. Elle permet également de trouver et de détruire les habitats des nuisibles et d'élaborer des programmes d'entretien, d'assainissement et d'inspection permettant de prévenir ou d'enrayer ce type de problème, et ce, de manière à la fois écologique et rentable. Cueillette de l'information Faire participer la direction Pour faciliter et accélérer le processus, il faut consulter la direction, qui connaît l'établissement et peut autoriser les changements ou les dépenses. Il 33 faut donc mettre sur pied une équipe comprenant les responsables de l'entretien, de l'hygiène, de l'assurance-qualité, de la lutte antiparasitaire et de la production, ainsi que le directeur de l'établissement. Il faut également communiquer avec les fournisseurs et les clients pour connaître leurs besoins et leurs protocoles de lutte antiparasitaire. Connaître les installations Il est crucial d'examiner chaque pouce carré du bâtiment pour savoir où se réfugient les nuisibles. Cela inclut l'examen de l'aménagement structural du bâtiment pour repérer les espaces vides dans les murs ou sous les planchers, par où pourraient s'introduire les ravageurs. Il est nécessaire de savoir comment fonctionne chaque pièce d'équipement, comment elle est nettoyée, comment on démonte l'équipement, quelles méthodes de lutte antiparasitaire on a essayées et lesquelles sont couramment appliquées. Il faut aussi examiner les calendriers et pratiques d'entretien et d'hygiène réguliers. Connaître les nuisibles Il faut placer des pièges et bien identifier les nuisibles. Pour ce faire, il est nécessaire de connaître le cycle biologique des parasites, leur mode de nutrition et leurs habitudes pour déterminer où ils peuvent s'abriter, par où ils peuvent s'introduire dans l'établissement et où ils se nourrissent et se reproduisent. Éléments d'un programme de lutte antiparasitaire • Bonnes pratiques d'hygiène • Entretien des bâtiments • Pratiques d'exclusion • Inspections et surveillance • Identification des nuisibles • Contrôles physiques et chimiques • Conception et adaptation des bâtiments et du matériel Élaboration d'un programme de lutte antiparasitaire La connaissance de la biologie des nuisibles et de la structure des bâtiments devrait permettre de localiser et d'enrayer les infestations. L'entreprise pourra ainsi dresser un programme de lutte antiparasitaire pour prévenir les 34 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas réinfestations en détruisant les sources de nourriture, en éliminant les endroits où les nuisble se réfugient, en interrompant le cycle de reproduction et en bloquant les points d'entrée. En collaborant tant avec les employés qu'avec l'équipe d'experts, on peut trouver des solutions innovatrices et rentables. Le programme mis en œuvre peut ensuite être peaufiné grâce à une surveillance et à une évaluation permanentes. Le programme de lutte antiparasitaire à court terme n'intègre pas nécessairement la fumigation ou la nébulisation; ces méthodes ne font souvent disparaître que les symptômes et n'éliminent pas la cause. Par exemple, les œufs de la pyrale indienne de la farine prennent 25 jours à parvenir au stade adulte. Dans certains cas, le simple fait de nettoyer et d'inspecter toutes les parties d'une usine tous les 25 jours peut prévenir la reproduction de la pyrale et éliminer l'infestation à sa source. Le programme de lutte antiparasitaire à long terme peut comporter des changements majeurs aux bâtiments et installations et de gros investissements. En collaborant avec l'équipe de gestion, il est possible de trouver des solutions alliant des changements tenant compte des aspects phytosanitaires à d'autres avantages, comme la réduction du temps d'entretien ou de nettoyage, l'amélioration de la circulation de l'air, ainsi que d'autres améliorations aux structures, à l'entretien ou au contrôle de la qualité. Pour en savoir plus à ce sujet, prière de lire : Lutte antiparasitaire intégrée dans le secteur de la transformation des aliments : suppression du bromure de méthyle, ainsi que le dépliant d'accompagnement intitulé Lutte antiparasitaire intégrée dans le secteur de la transformation des aliments : adaptation à l'élimination progressive du bromure de méthyle. On peut consulter ces deux documents sur le site Web de l'ARLA à l'adresse http://www.hcsc.gc.ca/pmra-arla/francais/pubs/spm-f.html. Étude de cas 1 : Pillsbury Canada Ltée (LAI) Contexte Pillsbury Canada Ltée, située à Midland en Ontario, produit toute une gamme de pâtes réfrigérées à base de farine, ainsi que des pizzas congelées. L'entreprise emploie 29 travailleurs salariés et 190 personnes à salaire horaire. Le directeur de l'assurance-qualité, M. Jim Bales, y est à l'œuvre depuis 1972. L'usine de Pillsbury Canada Ltée occupe l'emplacement actuel depuis 1974. Elle comprend trois bâtiments qui communiquent les uns avec les autres, soit un édifice à bureaux, un bâtiment en blocs de béton de trois étages, qui abrite deux cellules à farine de 36 000 kg (80 000 lb) et, enfin, un bâtiment principal. Ce dernier, construit en acier, est pourvu d'un revêtement métallique à l'extérieur; des charpentes métalliques supportent le toit et les murs de blocs de béton de l'intérieur. Le bâtiment fait une trentaine de pieds de hauteur et vingt-cinq pieds de côté. L'usine et les bureaux offrent une superficie totale d'environ 80 000 pieds carrés. L'aire de mélange occupe une extrémité du bâtiment. La mezzanine qui la surplombe abrite des systèmes de mise en lots des produits secs. Le reste du bâtiment est divisé entre l'étage de production principal, une aire de stockage des aliments réfrigérés et/ou congelés et un entrepôt de denrées sèches. La moitié de l'aire de production est consacrée aux biscuits et aux pâtes réfrigérées et l'autre moitié, aux pizzas. Utilisation du bromure de méthyle Pillsbury Canada Ltée prouve comment un système de LAI bien conçu élimine la nécessité de fumiger les installations avec du bromure de méthyle ou un autre produit. L'entreprise n'a jamais utilisé de bromure de méthyle, bien qu'un grand nombre de ses concurrents l'aient fait et le fassent encore. La société a appliqué de la phosphine occasionnellement, mais pas récemment. Son programme de lutte antiparasitaire original exigeait l'emploi régulier de produits chimiques et un nettoyage périodique. Il prévoyait également des inspections mensuelles menées par une entreprise de déparasitage externe, des fumigations des cellules de stockage en vrac de la farine avec du phosphure d'aluminium, ainsi que des fumigations ponctuelles en cas Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas d'infestations localisées. La société a utilisé le dibromure d'éthylène pour les fumigations ponctuelles jusqu'au moment de la déréglementation de ce produit dans les années 1980. Programme de lutte antiparasitaire actuel Pillsbury Canada Ltée a décidé d'adopter des pratiques de LAI à son usine en 1997. Pour ce faire, elle a fait appel à Steritech Group Inc., une entreprise spécialisée dans la salubrité des aliments et l'hygiène du milieu, de Milton (Ontario). Ce groupe possède quatre filiales réparties dans tout le Canada. Steritech procède à des vérifications de la salubrité des aliments et met au point des systèmes de gestion fondés sur les principes HACCP (Analyse des risques et maîtrise des points critiques). En matière d'hygiène du milieu, l'entreprise offre des services de lutte antiparasitaire à ses clients de l'industrie de l'alimentation, de même qu'à ceux des grands édifices commerciaux (tours à bureaux, centres commerciaux). Steritech se spécialise dans l'élaboration de programmes de lutte antiparasitaire intégrée (LAI). Principaux aspects de la lutte antiparasitaire et solutions fondées sur la LAI Contexte Étant donné le fort volume de production de l'usine, la poussière de farine dans l'air pose toujours problème. Lorsque l'établissement fonctionne à pleine capacité, on y sasse, pèse et mélange jusqu'à 36 000 kg (80 000 lb) de farine par jour. Ces activités dégagent beaucoup de poussière qui se dépose sur toutes les surfaces du bâtiment, y compris celles qui sont difficiles d'accès. La société a donc réévalué ses méthodes de nettoyage et apporté une série d'améliorations fondées sur la LAI. Première étape : Adoption d'une nouvelle stratégie de nettoyage Le personnel de Pillsbury a été formé pour le rendre plus rigoureux à l'égard du nettoyage. Les employés ont commencé à se servir de brosses et à démonter l'équipement au lieu de se limiter à en nettoyer la surface seulement. Ils ont également été formés pour se montrer proactifs et repérer et signaler tous les « points 35 Le nettoyage au lieu de la fumigation Jusqu'ici, le personnel de Pillsbury nettoyait et fumigeait les cellules de farine avec du phosphure d'aluminium, au besoin. Il contrôlait les résidus des tamiseurs de farine pour y repérer la présence d'insectes et établissait un calendrier de fumigations additionnelles en cas d'infestation. Pillsbury a réussi à éliminer les fumigations en confiant les nettoyages annuels à des professionnels capables de nettoyer à fond. De plus, le nettoyage des cellules comprend maintenant un démontage complet des composantes du filtre et des conduits d'évacuation sur le dessus des cellules. Le personnel vérifie les résidus tous les jours et tient des registres précis. Il peut ainsi diagnostiquer les problèmes potentiels. Lorsque les employés trouvent des insectes dans les résidus, ils examinent les filtres au-dessus des cellules et communiquent avec leurs fournisseurs. Les inspections des camions de livraison de la farine s'inscrivent également dans le programme global. Dans l'éventualité improbable d'une infestation majeure, le personnel est prêt à procéder à un traitement thermique plutôt qu'à une fumigation. 36 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas chauds » avant que ne survienne une infestation. Ils procèdent tout d'abord à un nettoyage en profondeur de toute l'usine, en ouvrant et en nettoyant toutes les pièces d'équipement, y compris les conduites à angle droit et les boîtes de connexion, qu'ils n'avaient jamais examinées de près avant. L'entreprise a injecté de la terre de diatomées (TD) dans les espaces vides pour prévenir les infestations entre les nettoyages. Pour le personnel de Pillsbury, le nettoyage est devenu un outil tant de prévention que d'éradication des infestations. Il effectue un nettoyage général tous les jours et procède à un « nettoyage approfondi » intensif, qui constitue un volet régulier du programme d'hygiène maître (hebdomadaire, mensuel ou trimestriel). Alors qu'auparavant l'entreprise enrayait les infestations en procédant à un nettoyage superficiel, à une fumigation ponctuelle et à l'application de pesticides chimiques à effet rémanent, elle peut maintenant le faire grâce à un nettoyage en profondeur de l'aire infestée, à la détermination de la cause du problème et à la modification du programme d'hygiène de manière à prévenir une réinfestation. Le personnel peut également utiliser la TD, un pesticide rémanent non chimique. Deuxième étape : amélioration de l'équipement pour réduire la production de poussière Pillsbury s'est munie d'un système central d'aspiration pour le nettoyage du bâtiment et de l'équipement. Ces installations aident à réduire au minimum l'emploi de souffleurs d'air comprimé (becs de sécurité de 40 psi), qui accentuerait l'accumulation de poussière dans l'usine. L'entreprise a aussi installé de meilleurs appareils de dépoussiérage. Un nettoyage par aspiration a toutefois comme inconvénient de prendre plus de temps. L'entreprise a aussi examiné ses méthodes de production pour repérer les sources de poussière de farine. Par exemple, pendant la préparation de la pâte à biscuits, les employés pesaient les ingrédients secs et les versaient dans la trémie au-dessus du mélangeur; cela produisait beaucoup de poussière. L'entreprise a résolu ce problème en installant un système d'amenée sous vide des ingrédients dans une trémie fermée, ce qui élimine la poussière. Troisième étape : attitude proactive inspections et surveillance Le personnel inspecte les résidus des plansichters chaque jour pour y déceler la présence possible d'insectes. Pillsbury conserve des registres détaillés qui facilitent le diagnostic des problèmes et permettent de mieux déterminer si la source de l'infestation est interne ou externe (fournisseurs). Problème Le mur de la mezzanine était souvent infesté par des triboliums bruns de la farine. Auparavant, chaque infestation était traitée au moyen de fumigations ponctuelles et d'un nettoyage des surfaces, ce qui aplanissait le problème à court terme. Steritech a réalisé que la cause fondamentale du problème résidait dans les blocs mêmes. Au fil des ans, divers types d'équipement ont été montés sur le mur, puis déplacés. Ces piètres pratiques ont entraîné la formation de bon nombre de trous non scellés par lesquels la farine s'accumulait à l'intérieur des blocs de ciment. Il aurait été beaucoup trop coûteux de remplacer ces blocs en raison de la structure du mur. Solution L'entreprise a injecté de la terre de diatomées (TD) à l'intérieur des blocs par des trous d'un centimètre (3/8 de pouce) de diamètre forés dans la paroi du mur qui a été ainsi complètement scellé, y compris là où les conduites et d'autres pièces d'équipement pénétraient dans les blocs. Il n'y a pratiquement pas eu d'infestations à cet endroit durant les deux années qui ont suivi le traitement. Avec un système de LAI, Pillsbury est passée des inspections préventives mensuelles à des vérifications hebdomadaires, et a mis en place un registre ainsi qu'une ligne de messagerie vocale (pour signaler les « problèmes ») à l'intention des employés, afin que ceux-ci consignent la présence des insectes ou tout Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas élément pouvant mener éventuellement à une infestation. Steritech a aussi amélioré la qualité de la surveillance en procédant à des examens plus poussés, en identifiant correctement les nuisibles et en faisant état de tout problème pertinent observé au niveau des installations ou du nettoyage. Steritech a aussi instauré des vérifications régulières des pièges collants, mécaniques et à la phéromone, placés à divers endroits à l'intérieur et à l'extérieur de l'usine de Pillsbury. Alors qu'auparavant le responsable de la prévention des nuisibles comptait beaucoup sur les inspections menées par l'entreprise pour avoir de l'information, Steritech est plus proactive et assume elle-même les inspections et le suivi constant auprès de l'entreprise, pour que celle-ci prenne les correctifs qui s'imposent. En général, l'adoption d'un système de LAI mène à une démarche plus globale à l'égard de la prévention des nuisibles. Lors de l'achat d'un nouvel équipement ou de rénovations ou d'adaptation des installations existantes, il est essentiel de tenir compte de la facilité de nettoyage, d'entretien et d'assainissement. Tous les projets d'immobilisation doivent avoir l'aval des responsables de l'assurance-qualité et de l'innocuité des produits, qui déterminent comment ces projets influeront sur la facilité de nettoyage. Les entrepreneurs reçoivent des directives strictes pour l'exécution des travaux, pour que ceux-ci ne nuisent pas à la sécurité, ni ne favorisent les infestations. 37 d'équipement (système central d'aspiration, système d'amenée sous vide, systèmes de dépoussiérage, etc.). En outre, au début, il y a eu une augmentation des coûts de la main-d'œuvre préposée à l'hygiène. Cependant, d'après son expérience, Jim Bales affirme que l'on peut réduire considérablement ces coûts en travaillant « plus intelligemment » et plus efficacement. Cela inclut l'établissement d'un calendrier de nettoyage en profondeur des « points chauds » connus et de nettoyage périodique destiné à interrompre le cycle biologique des nuisibles que l'entreprise tente d'exterminer. Pillsbury réalise des économies parce qu'elle a éliminé les coûts de fumigation ainsi que ceux associés à la fermeture forcée de l'usine (7 000 à 10 000 $ par jour). De plus, en sachant qu'en exerçant ces contrôles, il est très peu probable qu'elle ait à enrayer une infestation majeure qui ralentirait considérablement la production ou exigerait la fermeture de l'établissement. Il y a en outre les avantages pour l'environnement, la santé humaine et le commerce associés au fait que Pillsbury n'utilise pas de pesticides à son usine. Étude de cas 2 : Rogers Foods Ltd. Comparaison du bromure de méthyle avec les solutions de rechange Pillsbury Canada Ltée n'a pas mené d'analyses approfondies des coûts et des avantages liés à l'adoption de la LAI par rapport aux méthodes classiques de prévention des nuisibles. M. Jim Bales croit cependant que les avantages surpassent véritablement les coûts, car Pillsbury n'a aucune difficulté à demeurer concurrentielle. Contexte La minoterie Rogers Foods Ltd. est située à Armstrong, en Colombie-Britannique, juste au nord de Kelowna. Elle emploie 95 personnes et transforme environ 220 tonnes de blé en produits de farine de blé entier et de farine blanche et fabrique des produits de type granola pour les épiceries et les boulangeries. L'entreprise approvisionne surtout le marché canadien, mais exporte un volume restreint vers les pays de la côte du Pacifique. Rudy Bergen, vice-président à l'assurance-qualité, surveille le programme de lutte antiparasitaire de l'entreprise depuis 1981. En termes de coûts, l'entreprise paie beaucoup plus cher les services de prévention des nuisibles de Steritech (deux fois plus cher) que ceux de l'entrepreneur précédent, et ce, en partie, à cause des services additionnels que lui offre Steritech. De plus, au fil des ans, des coûts additionnels se sont ajoutés à cause de l'achat La meunerie (d'environ 2 000 mètres carrés) est abritée dans un bâtiment en béton de cinq étages; trois entrepôts en blocs de béton de mâchefer y sont adjacents. L'équipement de nettoyage du grain est réparti sur cinq étages, de même que l'équipement de mouture; les installations sont organisées de manière à ce que 38 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas le produit descende d'un étage à l'autre par gravité. La meunerie a été construite en 1979 autour d'un ancien bâtiment en bois, lui-même édifié en 1950. Cette structure centrale en bois est lentement remplacée, mais tant qu'elle existe, elle pose des défis pour la lutte antiparasitaire. La minoterie Rogers est située dans la vallée de l'Okanagan et entourée de champs d'orge et de blé, qui constituent des habitats idéaux pour les rongeurs. De plus, le climat est propice à la pullulation des insectes. L'été y est long et extrêmement chaud (jusqu'à 40 °C) et les hivers, doux, avec des températures moyennes variant de zéro à 2 °C, ce qui élimine les avantages du froid. L'automne est extrêmement humide, et l'été, extrêmement sec. Utilisation du bromure de méthyle Rogers procède à une fumigation majeure une fois tous les étés. Dans les années 1980, l'entreprise a mis à l'essai le bromure de méthyle et la phosphine, alternant les traitements chaque année. Elle a constaté que la phosphine donnait de meilleurs résultats contre les nuisibles. La société a également constaté qu'elle ne pouvait maintenir, à l'intérieur du bâtiment, les concentrations de bromure de méthyle requises, mais qu'elle pouvait le faire avec la phosphine. Programme de lutte antiparasitaire actuel Bergen décrit les quatre principaux volets du programme de l'entreprise : hygiène, surveillance, insecticides à effet rémanent et fumigation. Hygiène En ce qui concerne le nettoyage, chaque département doit assurer des conditions d'hygiène élémentaire. L'entreprise s'était dotée d'un département d'hygiène distinct, composé de trois employés qui veillaient sur tout l'établissement. Ce système s'est avéré peu efficace, les employés de chaque département négligeant les pratiques d'hygiène les plus élémentaires, se fiant aux responsables pour nettoyer à leur place. Maintenant, chaque employé est dûment formé pour cerner les problèmes et les signaler; il doit aussi rapporter la présence d'insectes. Surveillance Bien que le personnel de Rogers Food Ltd. soit responsable de nombreux aspects du programme de lutte antiparasitaire, l'entreprise a également fait appel à un spécialiste dans ce domaine et lui a confié les inspections hebdomadaires de l'usine, la mise en place et le bon fonctionnement des pièges à rongeurs à l'extérieur et l'identification, de concert avec Bergen, des aspects du procédé de transformation qui nécessitent une attention particulière. Insecticides à effet rémanent L'entreprise procède à la nébulisation de pyréthrine tous les mois en été et tous les deux mois en hiver. Elle injecte de la terre de diatomées dans les espaces vides de l'équipement et dans les fissures des planchers, afin de laisser des résidus d'insecticides. Fumigation Rogers procède à une fumigation d'importance à la phosphine tous les étés. Son personnel fumige l'établissement pendant la longue fin de semaine du mois d'août. Le succès d'une fumigation dépend de la minutie des préparatifs. Les équipes d'entretien commencent les travaux trois jours avant la fumigation. L'entreprise embauche du personnel supplémentaire la journée précédente. Tout le bâtiment est scellé au moyen de feuilles de plastique et de rubans adhésifs; les fissures sont remplies de silicone et les évents et cheminées, bloqués. La phosphine même est appliquée sous forme de granules de phosphure d'aluminium. Les employés étalent des feuilles de papier de trois pieds par quatre pieds à divers endroits sur tous les planchers. Le jour de la fumigation, cinq équipes de deux personnes pénètrent dans le bâtiment et passent quinze minutes à répandre les granules sur les feuilles de papier. Une fois exposés à l'air, les granules réagissent et produisent de la phosphine. Les teneurs en phosphine sont contrôlées en parties par million (ppm) au moyen de pompes manuelles Dräeger. On vise ainsi à maintenir le taux d'application requis pendant au moins 48 heures. On laisse le Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas bâtiment scellé pendant trois jours. Des employés revêtus de vêtements protecteurs et munis d'appareils respiratoires autonomes le rouvriront. Une fois l'établissement rouvert, la phosphine se dissipe en 18 heures environ. La durée du traitement dépend de l'humidité et de la température. On dispose donc des seaux d'eau partout dans l'usine pour accroître le taux d'humidité, et l'on fumige pendant la fin de semaine la plus chaude de l'été, afin d'optimiser le taux de production de phosphine et d'accentuer la sensibilité des insectes. Comparaison du bromure de méthyle avec les solutions de rechange L'inconvénient majeur de la phosphine réside dans sa corrosivité pour les métaux et du fait que le traitement dure plus longtemps que celui au bromure de méthyle. En vingt années d'expérience et après seize traitements à la phosphine, Gergen ne peut signaler que des problèmes de corrosion mineurs. Selon lui, ceux qui s'opposent à l'utilisation de ce produit en ont grandement exagéré les effets en attribuant la panne d'électricité habituelle suivant la fermeture à la corrosion par la phosphine. Quant à la durée du traitement, l'expérience aidant, la fumigation complète n'exige maintenant qu'une fermeture de quatre jours. À long terme, Bergen vise à éliminer la nécessité de la fumigation grâce à l'application de meilleures méthodes d'hygiène et d'autres contrôles chimiques et non chimiques. L'entreprise met également à l'essai un traitement par chauffage par points de tout le bâtiment. En 1997, elle a mené un essai avec de la terre de diatomées améliorée et de l'air surchauffé. Elle a obtenu ainsi une éradication totale des insectes en un peu plus de 24 heures. Même si cette option coûte beaucoup plus cher que le traitement à la phosphine à cause du coût de location des réchauffeurs, Bergen envisage l'achat de l'équipement en vue d'adopter cette méthode comme solution à long terme. Étude de cas 3 : Entreprises de déparasitage Contexte Tepeco Consultants Inc. a vu le jour en 1973, avec comme seul objectif de réduire au 39 minimum, voire d'éliminer l'utilisation des pesticides dans les établissements de transformation des aliments. L'entreprise, qui est très sélective dans le choix de ses clients, élabore des programmes de prévention antiparasitaire et de protection de l'intégrité des produits (HACCP) pour un petit nombre de moyennes et grandes entreprises dont la direction adhère à ses principes. Tepeco croit en effet que la lutte antiparasitaire évoluera vers l'évitement et la prévention des parasites, grâce à l'application de trois grands principes, soit l'exclusion, l'élimination des habitats et la modification des bâtiments et du matériel. D'après son expérience, les coûts additionnels de main-d'œuvre et d'investissement sont compensés à long terme par une plus grande efficacité et par l'élimination de la nécessité de fermer l'usine pour des fumigations. Tepeco reconnaît la collaboration de personnes comme M. Bruce Scott et des équipes de direction d'entreprises d'avant-garde comme ADM Milling Company et Lipton, une division de UL Canada, dont l'engagement à l'égard de la salubrité des aliments et de l'intégrité des produits constitue un élément essentiel des programmes de Tepeco. Fabricant de mélanges En 1982, Tepeco a commencé à collaborer avec un fabricant doté d'une usine de trois étages couvrant 50 000 pieds carrés. Ce fabricant produisait et emballait des mélanges alimentaires (mélanges à gâteaux, à beignes, etc.) pour sa clientèle. Il a par la suite ajouté un entrepôt d'un étage (20 000 pieds carrés) pour le stockage et le chargement. Les ingrédients arrivent sur la chaîne de production à partir de l'étage supérieur et sont mélangés au second étage, puis distribués dans des trémies pour l'emballage au premier étage. À l'étage inférieur, une aire ouverte sert à l'emballage des produits dans des sacs de 2 à 50 kilos. La farine et le sucre sont stockés en vrac dans des cellules. D'autres ingrédients (épices, huiles, aromatisants, agents de levage, etc.) sont entreposés dans des sacs. Il existe deux postes de travail et l'entreprise emploie moins de 65 personnes. Elle fabrique plus de 300 mélanges à pâte différents à partir de 350 ingrédients. 40 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas Problème Avant l'entrée en scène de Tepeco, la lutte antiparasitaire incluait la pulvérisation hebdomadaire d'insecticides à effet rémanent, la pulvérisation thermique de pyréthrines en été et une ou plusieurs fumigations au bromure de méthyle par année. Malgré ces efforts, l'entreprise se plaignait d'infestations constantes, indiquant que les nuisibles n'attendaient que la réouverture des portes de l'usine pour s'y inflitrer tout aussi vite après la fumigation. Solutions Avec l'appui et la collaboration de la direction de l'établissement, Tepeco a : éliminé les lieux d'infestation en appliquant le principe voulant que les structures et l'équipement doivent être ou entièrement ouverts, ou entièrement fermés. Tepeco a donc réparé les fissures et les crevasses dans les murs et les planchers, et ce, dans toute l'usine. Elle a fait : enlever tous les plafonds suspendus où s'accumulaient la poussière et les résidus d'aliments; installer des portes et des points d'entrée à l'épreuve des insectes; remplacer les étagères pleines par d'autres à mailles. Elle a également fait encapsuler ou remplacer les isolants et veillé à ce que tout l'équipement soit installé au ras du sol. Toujours en collaboration avec la direction de l'établissement, Tepeco a également apporté d'importants changements (échelonnés) aux systèmes électriques, en éliminant tous les espaces susceptibles d'abriter des nuisibles (remplacement des boîtes de répartition, débranchement de commutateurs, etc.) et en les remplaçant par des unités à l'épreuve de la poussière. Les travailleurs ont relocalisé les boîtes de répartition et les ont réinstallées loin de l'aire de production et des aires très poussiéreuses. Ils ont également installé des mezzanines de type caillebotis afin d'assurer l'accès aux côtés et aux pièces de soutien autour des cellules de stockage de la farine, pour en faciliter le nettoyage. modifié l'équipement pour assurer l'écoulement libre du produit, sans renvois, appuis ou poches rugueuses propices aux accumulations; elle a installé des plansichters adéquats et un système de contrôle des résidus pour assurer l'accès pour l'entretien et le nettoyage. Elle a aussi mis en place des systèmes de dépoussiérage par aspiration au-dessus des mélangeurs. L'instauration d'un programme HACCP et de registres garantit que les inspections de l'équipement ont bel et bien lieu et que les éléments critiques du système (filtres des plansichters, crible de déversement, etc.) fonctionnent bien. dressé des calendriers de nettoyage et d'entretien réguliers de l'équipement et des installations physiques et établi des méthodes adéquates pour l'arrêt des opérations. Tepeco a aidé l'entreprise à instaurer et à mener ses propres inspections hebdomadaires pour garantir que le nettoyage de l'établissement est bien fait. L'entreprise a contribué à l'établissement des calendriers d'entretien en mettant particulièrement l'accent sur des points comme les filtres du souffleur et les systèmes de dépoussiérage, parce que ceuxci posent les plus grands risques comme abris pour les nuisibles. Résultats Tepeco a éliminé les applications hebdomadaires de pesticides à effet rémanent et les nubélisations thermiques hebdomadaires des installations en été. L'établissement n'a donc pas requis de fumigation générale depuis 1982. Les traitements chimiques se limitent en grande partie à une fumigation occasionnelle des cellules avec de la phosphine (en cas de réception de produits contaminés) et à l'emploi occasionnel de petites quantités de bromure de méthyle, quand l'entreprise dispose de peu de temps. Minoterie En 1976, Tepeco a commencé à travailler avec une minoterie moyenne typique de l'Ontario. Celle-ci comprenait un bâtiment en pierres de cinq étages, vieux d'un siècle, un entrepôt d'expédition et de réception, un bâtiment de chargement, un bâtiment de déchargement et des silos de stockage du blé. Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 41 Comparaison des coûts du bromure de méthyle avec les solutions de rechange Traitement Phosphure d'aluminium Coût 8 600 $ 800 $ 600 $ 6 000 $ Bromure de méthyle 16 000 $ TOTAL 8 600 $ 15 500 $ 900 $ main-d'œuvre (interne) entrepreneur location de ventilateurs, changement de verrous, bonbonnes d'air bromure de méthyle 5 000 $ Chaleur Chaleur et TD main-d'œuvre (interne) location du ventilateur tubes Draeger, changement de verrous, godet rétro, remplissage des bonbonnes d'air phosphure d'aluminium 30 000 $ TOTAL 3 800 $ 29 800 $ 5 800 $ 600 $ main-d'œuvre (interne) location du réchauffeur et technologie consommation d'électricité location du ventilateur 40 000 $ TOTAL 8 250 $ 2 200 $ 1 200 $ 400 $ 150 $ 11 200 $ main-d'œuvre location du réchauffeur huile pour le réchauffeur location du ventilateur TD Protect-it Durée Dommages 96 heures Mineurs aux installations électriques 40 heures Aucun 45 heures Fonte de certaines parties en plastique et dommages aux fusibles 48 heures Aucun TOTAL Problème Lutte antiparasitaire avant l'entrée en scène de Tepeco. Avant que Tepeco n'entre en scène, la minoterie fonctionnait cinq jours par semaine. La lutte antiparasitaire consistait en une fumigation annuelle de toute l'usine avec du bromure de méthyle pendant l'été, en une pulvérisation mensuelle de pesticides à effet rémanent (malathion) de tout l'établissement (pendant la fermeture la fin de semaine), ainsi qu'en une fumigation ponctuelle au bromure de méthyle et en un traitement ponctuel de l'équipement avec du dibromure d'éthylène. Solutions Avec la collaboration du contremaître de la minoterie et en appliquant un programme d'entretien, de nettoyage et d'inspection régulier et en modifiant l'équipement, Tepeco a réduit les cas de suffocation d'environ 95 p. 100 et a pu éliminer la nécessité des fumigations ponctuelles et généralisées, ainsi que des pulvérisations de pesticides à effet rémanent. Les traitements chimiques, normalement déclenchés par l'infestation du blé, se limitent maintenant à une nubélisation de pytéthrine à ultra bas volume au besoin, pendant les longues fins de semaine (jusqu'à quatre fois par année). Depuis 1978, la minoterie a procédé à une seule fumigation au bromure de méthyle, qui s'est avérée nécessaire à la suite d'une période prolongée sans fermeture, qui avait perturbé les activités régulières d'entretien et de nettoyage. Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 42 ANNEXE A : DÉSIGNATIONS DES PRODUITS CHIMIQUES ET AUTRES Les recommandations couvrant les pesticides mentionnés dans la présente publication ne servent qu'à titre indicatif. Toute utilisation d'un pesticide doit être conforme au mode d'emploi imprimé sur l'étiquette du produit, tel que l'exige la Loi sur les produits antiparasitaires. Il faut toujours lire l'étiquette d'un produit. De plus, tout pesticide doit être également recommandé par les autorités provinciales compétentes. Étant donné que les recommandations sur l'emploi de ces produits peuvent différer d'une province à l'autre, il est préférable de consulter les représentants des services agricoles provinciaux pour savoir quels sont les produits autorisés. Les étiquettes de ces pesticides sont disponibles auprès du titulaire de l'homologation. On peut également les consulter sur le site Web de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada à l'adresse : http://207.96.209.37/pmra/index-fr.asp. Pesticides pour les sols Nom du produit No d'homologation*, Loi sur les produits antiparasitaires Titulaire de l'homologation Ingrédients actifs Dicamba 19290 BASF Canada Acide 3,6-dichloro-2méthoxybenzoïque Nortranº Non homologué au Canada Non homologué au Canada Éthofumésate Roundup § § Glyphosate Telone® C17 16324 Dow AgroSciences Canada Inc. 11,3-dichloropropène (78 %) Chloropicrine (17 %) Telone® C35 Non homologué au Canada Non homologué au Canada 1,3-dichloropropène (65 %) Chloropicrine (35 %) Treflan Non homologué au Canada Dow AgroSciences Canada Inc. Trifluraline Vapam® 6453 Amvac Chemical Corp. Métam-sodium (42 %) (méthyldithiocarbamate de sodium) Vorlex Plus CP® 18354 AgrEvo Canada Inc. 1,3-dichloropropène (34 %) Isothiocyanate de méthyle(17 %) Chloropicrine (15 %) Pesticides pour la fumigation des produits et des bâtiments Nom du produit No d'homologation*, Loi sur les produits antiparasitaires Titulaire de l'homologation Ingrédients actifs Basamid 15032 BASF Canada 3,5-diméthyl-1,3,5thiadiazinane-2-thione ECO2FUME® Non homologué au Canada Non homologué au Canada Phosphine (2 %) Dioxyde de carbone (98 %) Fumi-Cel®, Fumi-Strip® 26188 Degesch America Inc. Phosphure de magnésium (56 %) Gastoxin® 17187 Casa Bernardo Ltd. Phosphure d'aluminium (57 %) Magtoxin® 26524 Degesch America Inc. Phosphure de magnésium (66 %) Phostoxin® 15736 Degesch America Inc. Phosphure d'aluminium (55 %) Pyrethrins pyréthrines Vikane® / Profume® 18348 Gardex Chemicals Ltd. Butoxyde de pipéronyle et Non homologué au Canada Dow AgroSciences LLC Oxyfluorure de soufre § Le Roundup a plusieurs formulations; en raison de l'espace limité, prière de consulter le site Web de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire pour avoir plus d'information à ce sujet : http://www.hc-sc.gc.ca/pmra-arla/francais/main/search-f.html º Nortran (famille du benzofurane) : son site d'action est inconnu : http://www.weeds.iastate.edu/reference/siteofaction.htm Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas 43 ANNEXE B : RESSOURCES Publications Utilisations, substituts et systèmes de récupération du bromure de méthyle. Rapport final. Préparé pour Agriculture et Agroalimentaire Canada. Décembre 1993. Heat, Phosphine and CO2 Collaborative Experimental Structural Fumigation. Canadian Leadership in the Development of Methyl Bromide Alternatives. Préparé pour le Bureau de l'environnement, Agriculture et Agroalimentaire Canada. 1996. Lutte contre les ravageurs des constructions : Utilisation d'un produit de terre de diatomées amélioré conjugué à un traitement thermique pour combattre les insectes nuisibles dans les installations de transformation des aliments. Le rôle prépondérant du Canada dans le développement des produits de substitution au bromure de méthyle. Préparé pour le Bureau de l'environnement (Agriculture et Agroalimentaire Canada) et le ministère de l'Agriculture des États-Unis (USDA). Juin 1997. Effets corrosifs de la phosphine, du dioxyde de carbone, de la chaleur et de l'humidité sur le matériel électronique. Le rôle prépondérant du Canada dans le développement des produits de substitution au bromure de méthyle. Préparé pour le Bureau de l'environnement, Agriculture et Agroalimentaire Canada. Août 1998. L'amélioration de la productivité agroalimentaire et la protection de l'environnement. Initiatives canadiennes en matière de remplacement du bromure de méthyle et de technologies de réduction des émissions. Préparé pour le Service de protection de l'environnement, (Environnement Canada), la Direction générale de la recherche et le Bureau de l'environnement (Agriculture et Agroalimentaire Canada), ainsi que la Direction générale des affaires environnementales Secteur de industrie (Industrie Canada). Décembre 1998. Lutte antiparasitaire intégrée dans le secteur de la transformation des aliments : suppression du bromure de méthyle. Série sur la lutte antiparasitaire durable S98-01. Préparé par le Groupe de travail industrie-gouvernement sur le bromure de méthyle à l'intention de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire. 1998. Effets corrosifs de la phosphine, du dioxyde de carbone, de la chaleur et de l'humidité sur le matériel électronique : Phase II. Le rôle prépondérant du Canada dans le développement de produits de substitution au bromure de méthyle. Préparé pour le Bureau de l'environnement (Agriculture et Agroalimentaire Canada) et le ministère de l'Agriculture des États-Unis (USDA). Novembre 1999. Solutions de remplacement à la fumigation des cales de navire vides avec du bromure de méthyle. Le rôle prépondérant du Canada dans le développement de produits de substitution au bromure de méthyle. Préparé pour le Bureau de l'environnement, Agriculture et Agroalimentaire Canada. Novembre 1999. Sites Web Bureau de l'environnement, AAC http://www.agr.ca/policy/environment/eb/public _html/ebf/ozone.html Groupes des produits entreposés, AAC http://res2.agr.ca/winnipeg/entre.htm Site Web sur l'ozone de Environnement Canada http://www.ec.gc.ca/ozone/mbrfactf.htm Site Web de l'US EPA sur le bromure de méthyle http://www.epa.gov/docs/ozone/mbr/mbrqa.html Site Web de l'USDA sur le bromure de méthyle http://www.ars.usda.gov/is/mb/mebrweb.htm Secrétariat de l'Ozone (Programme des Nations Unies pour l'environnement) http://www.unep.ch/ozone/french/index.shtml 44 Solutions de rechange au bromure de méthyle : Études de cas