ETUDE COMPARATIVE DE LA PRISE DES ENFANTS INFECTÉS
Transcription
ETUDE COMPARATIVE DE LA PRISE DES ENFANTS INFECTÉS
ETUDE COMPARATIVE DE LA PRISE DES ENFANTS INFECTÉS ET/OU AFFECTÉS PAR LE VIH/SIDA EN AFRIQUE DU SUD, AU BOTSWANA ET AU SWAZILAND 1 REMERCIEMENTS Je voudrais, avant de commencer, remercier toutes les personnes qui ont contribué à la rédaction de ce mémoire. Mr Philippe HUGON, mon directeur de mémoire, pour sa disponibilité et son aide précieuse lors de mes recherches. Mme Myriam MERCY, Présidente d'Orphelins-Sida-International, ainsi que toutes les membres de l'association : Marie-rose BAGANZICAHA, Annie CARRON, Sandrine DECKENS, Hoang Hà LE DINH, Frédérique DELABRIERE, Marie-Josèphe MERCY, Estelle NEVEU, Sandrine ROLLOT, Patricia VELLETRI. 2 PLAN 1 LES ORPHELINS ET ENFANTS VULNÉRABLES POUR CAUSE DE VIH/SIDA EN AFRIQUE DU SUD, AU BOTSWANA ET SWAZILAND. 1.1 Qui sont les Orphelins et Enfants Vulnérables (OEV) pour cause de VIH/Sida? 1.1.1 Les enfants infectés par le VIH/Sida 1.1.1.1 La transmission du virus de la mère à l'enfant lors de la grossesse, de l'accouchement ou de l'allaitement 1.1.1.2 Les infections par transfusions de sang contaminé ou par injections dangereuses 1.1.1.3 Les infections dues aux abus sexuels et/ou aux activités sexuelles précoces 1.1.2 Les enfants affectés par le VIH/Sida 1.1.2.1 Les enfants ayant au moins un parent mort du VIH/Sida 1.1.2.2 Les enfants ayant un membre de la famille infecté par le VIH/Sida 1.1.2.3 Les enfants appartenant à une communauté touchée par le VIH/Sida 1.2 La vulnérabilisation des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida 1.2.1 Le droit des enfants compromis 1.2.1.1 Les problèmes économiques 3 1.2.1.2 L'accès à l'éducation 1.2.1.3 L'accès aux soins 1.2.1.4 Les troubles psychologiques et comportements à risques 1.2.1.5 Stigmatisation et discrimination 1.2.1.6 L'atteinte au droit juridique 1.2.2 Les conséquences socio-économique 1.2.2.1 L'impact socio-économique de l'épidémie du VIH/Sida résulte dans la désintégration du tissu familial, communautaire et social. 1.2.2.1.1 La déstructuration de la prise en charge traditionnelle des orphelins. 1.2.2.1.2 Les prises en charge communautaires alternatives 1.2.2.1.3 Les maisons d'accueil 1.2.2.2 Les conséquences macro-économiques 1.2.2.2.1 Les conséquences démographiques. 1.2.2.2.2 Les conséquences économiques 2 LES INITIATIVES PRISES AU NIVEAU NATIONAL 2.1 Les initiatives gouvernementales dans la prise en charge des OEVs pour cause de VIH/Sida 4 2.1.1 Les engagements pris au niveau international 2.1.1.1 Atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement 2.1.1.2 Les principes fondamentaux des Droits de l'Homme et de l'Enfant 2.1.2 Les politiques et programmes mis en oeuvre pour la protection des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida 2.1.2.1 Les politiques nationales de lutte contre le VIH/Sida et pour la protection des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida 2.1.2.1.1 Les politiques nationales de lutte contre le VIH/Sida 2.1.2.1.1.1 Début de l'épidémie 2.1.2.1.1.2 Les années 2000 2.1.2.1.2 Les politiques publiques en pour la prise en charge des enfants vulnérables 2.1.2.2 La protection légale des OEV 2.1.2.3 Le financement des politiques publiques 2.1.3 Permettre aux enfants d'accéder aux services de base 2.1.3.1 La prévention 2.1.3.1.1 Les campagnes de prévention 2.1.3.1.2 La PTME 2.1.3.1.3 La sécurité des soins 5 2.1.3.2 Le dépistage et les traitements 2.1.3.2.1 Le dépistage 2.1.3.2.2 Les traitements 2.1.3.3 L'accès à l'éducation 2.1.3.4 L'appui psychologique 2.2 Le renforcement des capacités communautaires dans la prise en charge des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida. 2.2.1.1 L'implication des communautés dans la prise de décision 2.2.1.2 Les aides financières et matérielles 2.3 Lutte contre la stigmatisation et la discrimination 2.4 La mobilisation de la Société civile dans la lutte contre le VIH/Sida 2.4.1.1 Les Organisations non-gouvernementales et les associations de personnes vivant avec le VIH/Sida 2.4.1.2 La prise de conscience des entreprises : le cas de l'Afrique du Sud 6 ACRONYMES ACHAP : African Comprehensive HIV/AIDS Partnerships ARV : Antirétroviraux ART : Traitement antirétroviral CBO : Organisation à base communautaire CDC : US Centers for Disease Control and Prevention FBO : Organisation à base confessionnelle MPT : Medium Term Plan NAC : National AIDS Council NACA : National AIDS Coordinating Agency NACCA : National Action Committee for Children Affected by AIDS NACOSA : National AIDS Convention of South Africa NERCHA : Emergency Response Comitee HIV/Aids Agency NIP : National Integrated Plan for Children and Youth Infected and Affected by HIV/AIDS OEV : Orphelins et Enfants vulnérables ONG : Organisations Non-Gouvernementales ONUSIDA : Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA PEPFAR : President's Emergency Plan for AIDS Relief PTME : Prévention de la Transmission de la Mère à l'Enfant PVVIH : Personnes vivant avec le VIH/Sida SANAC : South African National Council SIDA : Syndrome de l'Immuno-Déficience Acquise SNAP : Swazi National Aids Program UNGASS : Déclaration d’engagement sur le VIH/Sida UNICEF : Fonds des Nations unies pour la protection de l'enfance VIH : Virus de l'Immunodéficence Humaine 7 TABLE DES FIGURES Figure 1 : Nombre d'enfants de moins de 15 ans vivant avec le VIH/Sida. Figure 2 : Prévalence du VIH/Sida parmi les femmes enceintes en Afrique du Sud Figure 3 : Prévalence du VIH/Sida parmi les femmes enceintes au Swaziland Figure 4 : Pourcentage d'adolescentes ayant utilisée un préservatif lors du premier rapport sexuel au KwaZulu Natal Figure 5 : Les courbes épidémique, VIH/Sida et orphelins Figure 6 : Impact du Sida sur la mortalité des enfants de moins de cinq ans. Figure 7 : Pourcentage d'entreprises ayant implanté des politiques de VIH/Sida ou suivant des programmes de VIH/Sida 8 Un quart de siècle a passé depuis que les premiers cas de Sida ont été notifiés. Ce que l’on annonçait comme quelques cas d’une mystérieuse maladie est maintenant une pandémie qui constitue l’une des plus grandes menaces pour le progrès mondial au 21e siècle. Avec environ 38,8 millions de personnes dans le monde infectées par le VIH/Sida en 2005 et près de quatre millions de nouveaux cas chaque année, l'épidémie du Sida représente l'une des maladies infectieuses les plus redoutables et redoutées. Le Sida est causé par le virus de l'immunodéficience acquise (VIH). Ce virus est transmis par les sécrétions organiques du corps humain. Le virus s'attaque au système immunitaire et finit par le rendre inopérant. La plupart des gens décèdent d'infections ou de cancers dont ils auraient pu se défendre si leur système immunitaire n'étaient pas compromis. C'est principalement en Afrique Sub-Saharienne que l'épidémie prend des proportions terrifiantes. Alors que la région ne concentre qu'un dixième de la population, elle regroupe près de 64% de l'ensemble des personnes vivant avec le VIH/Sida. L'Afrique Australe y reste l'épicentre globale de l'épidémie avec presque une personne sur trois infectée par le virus. La plupart des infections découlant de rapports sexuels, la maladie tend à s'attaquer aux personnes sexuellement actives, qui sont également les personnes les plus actives sur le plan économique et social. L'impact du Sida en Afrique s'étend donc bien au-delà du nombre de morts qu'il cause. En effet l'épidémie du VIH/Sida a de profondes répercussions sur les avancées socio-économiques des pays gravement touchés. Elle menace ainsi la stabilité des pays du fait de son impact sur l’agriculture, la production industrielle, la sécurité alimentaire et 9 plus encore sur d'inévitables conséquences sociales : destruction des familles et des structures sociales, millions d’orphelins livrés à eux même, réduction à néant des réseaux communautaires. L'épidémie de VIH/Sida a également des conséquences importantes sur la vulnérabilité des enfants. Un nombre croissant d'enfants, confrontés directement ou indirectement au VIH/Sida, deviennent vulnérables. Selon l'ONUSIDA, les enfants vulnérables sont « les enfants dont la survie, le bien être ou le développement sont compromis par le VIH/SIDA. »1. La vulnérabilité reste difficile à définir. L'infection par le virus, la mort ou la maladie des parents, la stigmatisation et la discrimination, etc. sont autant de facteurs de vulnérabilisation pour l'enfant. Cependant d'autres facteurs jouent tels que la pauvreté, l’accès au logement, à l’éducation, aux services de santé et autres services de base, etc. Dans cette étude, nous choisirons donc de définir comme enfants vulnérables les enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida. Les enfants infectés, d'une part, représentent les enfants ayant contracté le VIH/Sida à la suite de transmissions materno-infantile du virus, d'injections dangereuses ou de rapports sexuels précoces ou non-consenties. Une certaine proportion d'enfants et d'adolescents sont ainsi infectés et risquent de mourir avant l'âge adulte, du moins dès l'âge reproductif. Il est ainsi estimé que environ 2,1 millions d'enfants entre 0 et 14 ans sont infectés par le VIH/Sida dans le monde. D'autre part, les enfants affectés par le VIH/Sida sont les enfants ayant perdu leur père, leur mère ou les deux des suites du VIH/Sida ; les enfants ayant un membre de la famille infecté par le VIH/Sida ; et les enfants vivant dans une communauté fortement touchées par le VIH/Sida et par conséquent indirectement affectés. En effet, le VIH/Sida a provoqué là où il est particulièrement prévalent une surmortalité adulte tel que le nombre d'orphelins a explosé alors même que, sans cela, il aurait dû être en régression. Le nombre d’enfants devenus orphelins des suites du Sida est en constante augmentation passant de 12,6 millions en 2003 à 15,2 millions en 2005. Les enfants devenus orphelins pour cause de Sida sont aujourd'hui présents dans la grande majorité des pays d’Afrique Sub-Saharienne avec une estimation d’environ 12 millions2. De plus en plus d'enfants sont également confrontés au VIH/Sida au sein de leur 1 UNICEF, UNAIDS, USAID et Jorge Scientific Corporation. Population, 2004 2 Rapport sur l’épidémie mondiale de SIDA 2006, ONUSIDA 10 foyer. La maladie d'un membre de la famille a souvent des répercussions sur l'ensemble du foyer, en particulier sur les enfants. Enfin l'épidémie du VIH/Sida, de part son impact sur les structures économiques, institutionnelles et communautaires, fragilise les enfants en limitant l'accès aux besoins de base tels que l'alimentation, l'éducation, le logement, etc. Nous délimiterons les enfants devenus vulnérables aux enfants âgés de 0 à 17 ans. L'âge de 18 ans comme limite à l'enfance sera privilégié à l'âge de 15 ans puisque la précarité dans laquelle vivent ces enfants rallongent le moment où ils deviennent autonomes. La dépendance des orphelins et enfants vulnérables (OEV) étant plus importante, un adolescent âgé de 18 ans peut être en effet tout aussi vulnérable qu'un enfant plus jeune. Cette étude a pour objectif de comparer les politiques de prise en charge des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida. Il s'agit donc d'analyser l'ensemble des initiatives gouvernementales visant à la protection, au soutien et au soin des enfants dans le cadre de l'épidémie de VIH/Sida. Ces politiques concernent donc aussi bien la prévention, les soins et traitements, le soutien psychologique que l'éducation, la lutte contre la stigmatisation et la discrimination, etc. Nous limiterons notre étude à la période des vingt-cinq dernières années, c'est à dire depuis la description des premiers cas de Sida. Cependant nous nous attacherons principalement aux politiques mises en place, ces dix dernières années, lorsque les taux de prévalence du VIH/Sida ont atteint des proportions inquiétantes. Pour mener cette étude nous avons choisi de nous borner à trois pays d'Afrique Australe : l'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland. La comparaison de ces trois pays, d'histoire, de culture et d'économie différentes, permet ainsi d'appréhender les points communs et les différences dans leurs politiques de prise en charge des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida. Ces pays diffèrent cependant quant à leur histoire et à leur évolution politique, économique et sociale. 11 Alors que le Botswana était, lors de son indépendance en 1966, l'un des vingt-cinq pays plus pauvres du monde, il se classe désormais parmi les plus prospères du continent -notamment grâce à son sous-sol riche en diamants et minéraux. Le Botswana a connu plusieurs décennies de paix ininterrompue et une prospérité relative depuis 1966. Son gouvernement est d'ailleurs aujourd'hui considéré comme l'un des plus efficaces et compétents du continent. Au Swaziland au contraire, le roi Mswati III règne en monarque absolu depuis 1986 -les partis politiques sont interdits et la liberté d'expression est très restreinte. Le Swaziland doit faire face à des problèmes de développement importants : les deux tiers de la population vivent en effet avec moins de 1 dollar par jour et près de 200 000 personnes dépendent de l'aide alimentaire. Enfin l'Afrique du Sud a connu une évolution différente du Botswana et du Swaziland puisqu'elle a la proportion de populations dite « colorées », blanches et indiennes la plus importante d'Afrique. Même si, grâce aux richesses minières, le pays a pu devenir un des pays les plus développées du continent, avec des infrastructures modernes couvrant tout le pays, l'Afrique du Sud reste fortement marqué par le régime d'apartheid qui gouverna le pays pendant plus de quarante ans. Bien que ces trois pays font partie des pays les plus prospères d'Afrique, il sont également les plus touchés par le VIH/Sida. Ainsi en Afrique du Sud, au Botswana et au Swaziland, la crise provoquée par le VIH/Sida atteint des proportions effarantes. En Afrique du Sud il est estimé que environ 5,5 millions [4,9, 6,1] de personnes vivent avec le VIH/Sida soit 18,8% de la population ; au Botswana 270 000 [260 000-350 000] soit 24,1% de la population ; et au Swaziland 220 000 [150 000-290 000] soit 33,4% de la population3. En parallèle ils sont confrontés à une augmentation massive du nombre d'OEV pour cause de VIH/Sida. L'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland ne peuvent donc plus aujourd'hui ignorer l'importance de ce phénomène et doivent par conséquent prendre des mesures pour limiter l'impact que cette augmentation aura sur les structures politiques, économiques et sociales du pays. Avant toute chose, il est essentiel de se demander si les pays ont effectivement élaboré des politiques pour prendre en charge les orphelins et enfants vulnérables pour 3 Rapport sur l'épidémie du Sida 2006, ONUSIDA 12 cause de VIH/Sida, et si oui, quelle importance les gouvernements leurs consacrent-t-ils? On peut supposer, par exemple, que l'Afrique du Sud, principale puissance économique de la région et avec le système de santé le plus performant, ou le Botswana, qui connaît une situation économique et sociale relativement favorable, auront des politiques de prise en charge plus importantes et plus efficaces que le Swaziland, qui doit faire face à de nombreux problèmes de développement. Quelles stratégies ont-ils mis en place? Choisissent-ils d'intégrer ces politiques aux politiques de prise en charge des orphelins ou incluent-ils ces mesures aux politiques de lutte contre le VIH/Sida? Distinguent-ils les OEV pour cause de VIH/Sida des autres orphelins et enfants vulnérables pour toutes causes? Les enfants infectés par le VIH/Sida des autres PVVIH? Étant donné l'importance de la crise engendrée par le VIH/Sida, on peut présumer que les politiques de lutte contre la pandémie sont aujourd'hui primordiales pour ces pays. Par conséquent les politiques de prise en charge des OEV sont vraisemblablement incluses dans la réponse donnée à l'épidémie. Les politiques de prise en charge des OEV peuvent cependant être intégralement insérée dans les politiques dirigées vers les enfants si il n'existe pas de différentiation entre les OEV et les autres enfants vulnérables. On peut se demander également quelles sont leurs démarches? Quelles sont leurs priorités? Comment font-ils face à l'augmentation massive des orphelins et enfants vulnérables pour cause de VIH/Sida et plus généralement face à la déliquescence des structures traditionnelles de prise en charge? L'élaboration de leur politique sont-elles inspirées par les différents instruments internationaux tels que les Objectifs du Millénaire ou les principes fondamentaux des droits de l'Homme? Quelle place réservent-ils à la société civile? Les trois pays sont signataires de la Convention d'engagement sur le VIH/Sida ainsi que des principales Conventions relatives aux droits de l'Homme et de l'Enfant. On peut donc imaginer qu'ils s'inspireront des principes tels que le droit à à la vie, à l'éducation, à la santé, à la non-discrimination, à la protection contre les abus et les violences, etc. Enfin comment financent-ils toutes ces politiques? Quelle part de leur budget les gouvernement mettent-ils dans la protection et la prise en charge des OEV? Bénéficient-ils 13 de subventions de la part d'organismes nationaux ou internationaux? On peut supposer que l'Afrique du Sud et le Botswana, étant donné leur situation économique, ont plus de facilité à financer leur projet de prise en charge des OEV que le Swaziland. D'autre part, étant signataires des principaux engagements sur le VIH/Sida, on peut penser que ces trois pays bénéficient également d'aides internationales pour mettre en place leurs programmes. Dans une première partie, nous définirons qui sont les orphelins et enfants vulnérables pour cause de VIH/Sida. Au sein de cette partie, nous verrons tout d'abord la distinction faite entre enfants infectés et enfants affectés par le VIH/Sida. Puis nous analyserons les raisons de leur vulnérabilité. Enfin connaître l'impact que l'augmentation massive des OEV a (ou aura) sur les pays est primordial pour comprendre l'importance pour les États de prendre des mesures. Dans une seconde partie, nous étudierons quelles sont les mesures prises par les gouvernements pour assurer la protection et la prise en charge des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida. Tout d'abord nous mettrons en évidence les engagements internationaux pris par les trois pays. Nous examinerons ensuite les différentes politiques publiques mises en place pour lutter contre le VIH/Sida. Nous verrons comment les gouvernements souhaitent renforcer la capacité des familles et des communautés. Nous évaluerons par la suite les programmes de protection contre la discrimination mis en oeuvre. Enfin nous nous demanderons comment la société civile participe à la réponse donnée dans la prise en charge des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida. 14 1 LES ORPHELINS ET ENFANTS VULNÉRABLES POUR CAUSE DE VIH/SIDA EN AFRIQUE DU SUD, AU BOTSWANA ET AU SWAZILAND En Afrique Sub-saharienne, où le taux de prévalence est le plus élevé au monde, le nombre d'Orphelins et d'Enfants Vulnérables ne cesse de croître En 2005, 12 millions d'enfants étaient orphelins simples ou doubles des suites de VIH/Sida soit près de 25% de l'ensemble des orphelins (48,3 millions) et environ 2 millions d'enfants [estimations entre 1 500 000-3 000 000] étaient infectés par la maladie4. Cependant la crise engendrée par l'augmentation du nombre d'Orphelins et Enfants Vulnérables pour cause de VIH/Sida ne fait que commencer. Il est donc dès à présent nécessaire que les autorités prennent des mesures adaptées pour venir en aide à ces enfants. La situation alarmante dans laquelle vivent les enfants orphelins ou vulnérables pour cause de VIH/Sida et les conséquences de leur augmentation massive, imposent aux Etats de prendre des mesures adaptées pour limiter la portée de l'épidémie et de la crise d'orphelinage qui en découle. Il est donc essentiel pour les États sévèrement touchés de prendre en compte la question des Orphelins et Enfants Vulnérables pour cause de VIH/Sida dans leurs programmes de lutte contre le virus et voire, dans un contexte plus général, dans leurs politiques de développement. 1.1 Qui sont les Orphelins et Enfants Vulnérables (OEV) pour cause de VIH/Sida? Les enfants peuvent être directement ou indirectement affectés par le VIH/Sida. L'infection par le virus ou l'exposition à des risques élevés d'infection, la maladie ou la mort des parents, la stigmatisation et la discrimination qui touchent les personnes vivant avec le VIH/Sida, etc. sont des facteurs de vulnérabilisation pour l'enfant. Indirectement, les enfants sont affectés lorsque leur communauté est fortement touchée par l'épidémie. La surmortalité due à la maladie entraîne l'altération des services institutionnels et communautaires. Les systèmes de santé sont parfois mis à mal du fait de la maladie ou de la mort des infirmières et des médecins. De même les enfants peuvent être privé de scolarisation en raison de l'absentéisme de leurs professeurs malades ou 4 Rapport 2006 sur l'épidémie mondiale du Sida, ONUSIDA, Mai 2006. 15 s'occupant de proches malades. Lorsque l’on parle des enfants devenus orphelins ou vulnérables par le Sida, on distingue habituellement deux catégories : les enfants infectés par le virus et les enfants affectés par l’épidémie. Il s'agit dans les deux cas d'enfant qui se retrouve dans une situation précaire du fait de l'épidémie du VIH/Sida. 1.1.1 Les enfants infectés par le VIH/Sida Chaque jour on dénombre plus de 1800 nouveaux cas d'infection au virus du VIH et 1400 décès d'enfants de moins de 15 ans lié au Sida. Ainsi une mort sur six due au Sida dans le monde concerne un enfants de moins de 15 ans5. L'Afrique Sub-Saharienne est de loin le plus touché avec près de 87,5% des cas d'infections concernant des enfants (560 000 cas d'infections sur 640 000 dans le monde pour l'année 2004) et 85% des enfants de moins de 15 ans infectés par le virus (1 850 000 d'enfants sur 2 100 000 dans le monde en 2004). Il est ainsi estimé qu'en 2004, 450 000 décès chez les enfants de moins de 15 ans en Afrique Sub-Saharienne était dûs au VIH/Sida6 L'Afrique Australe reste la région du monde où la prévalence du VIH/Sida est la plus élevée et par conséquent pâtit d'un nombre important d'enfants infectés par la maladie. Selon le rapport de 2006 de l'ONUSIDA, 240 000 [soit entre 93 000 et 500 000] enfants entre 0 et 14 ans vivent avec le VIH/Sida en Afrique du Sud, 15 000 [soit entre 5 500 et 32 000] au Swaziland et 14 000 [soit entre 6 100 et 32 000] au Botswana.7 Ces enfants peuvent être infectés de diverses façons. La transmission du virus de la mère à l'enfant lors de la grossesse, de l'accouchement ou de l'allaitement, les infections 5Appel à l'action : les enfants, la face cachée du SIDA, UNICEF, Octobre 2005. 6 Le point sur l’épidémie de SIDA, décembre 2004, ONUSIDA et OMS, décembre 2004. 7 Rapport 2006 sur l'épidémie mondiale du Sida, ONUSIDA, Mai 2006. 16 dues à des transfusions de sang contaminé ou à des abus sexuels et/ou des activités sexuelles précoces sont les principales causes d'infection chez les enfants. 1.1.1.1 La transmission du virus de la mère à l'enfant pendant la grossesse, l'accouchement et l'allaitement La transmission materno-infantile du virus du VIH/Sida est la cause la plus importante d'infection chez les enfants. Sans traitement de prévention, environ un tiers des enfants nés de mères séropositives contractent le virus durant la grossesse, l’accouchement ou pendant l’allaitement. Plus précisément 15 à 30% des enfants nés de mères séropositives vont contracter le virus durant la grossesse ou l'accouchement et 10 à 20% d'entre eux le contracteront durant la période d'allaitement. Ces chiffres pourraient cependant être revu à la baisse grâce à une politique de prévention puisqu'il a été démontré que la probabilité de la transmission mère-enfant pouvait descendre à moins de 2% grâce à une intervention préventive -L'Amérique du Nord et l'Europe ont par exemple ramené à 1 et 2% le taux d'infection chez les nouveaux-nés. La mise sous traitement de la mère durant la grossesse et l'accouchement, puis de l'enfant pendant ses premières semaines diminue en effet le risque de transmission. Il s'agit simplement de fournir à la mère un mois de traitement au zidovudine (AZT) pendant son dernier mois de grossesse ou un seule dose de névirapine pendant l'accouchement. Il faut ensuite surveiller le nouveau-né et lui prescrire une dose de néviparine dans les 72 heures suivant l'accouchement. L'accouchement par césarienne et l'utilisation dès le premier jour de l'allaitement artificiel permet également de limiter l'infection de l'enfant. Cependant, en 2003, la couverture des services de prévention de la transmission materno-infantile n'était supérieure à 80% que dans seulement 10% des pays à revenus faibles ou moyens. En conséquence moins de 10% des femmes séropositives enceintes se voient proposer des services pour éviter qu'elles ne transmettent le virus à leur enfant. Elle ne sont que 5% en Afrique Sub-Saharienne8. La couverture des services de Prévention de la Transmission de la Mère à l'Enfant (PTME) reste insuffisante en Afrique Sub-Saharienne et dans le monde. Pour ouvrir ces services, il faut recruter un personnel soignant qualifié dans la prise en charge de femmes séropositives enceintes, pouvoir accéder aux molécules nécessaires pour le traitement, 8 Appel à l'action : les enfants, la face caché du Sida, UNICEF, 2005 17 avoir les moyens sanitaires et techniques adéquats, etc. Cependant bien souvent ces ressources humaines, matérielles et financières font défaut. Les femmes n'ont donc pas toujours accès à des centres spécialisés dans la PTME à proximité de leur foyer et ne peuvent dès lors pas recevoir les conseils et/ou les traitements nécessaires pour éviter la transmission du virus à leur enfant. Outre le manque d'infrastructures adéquates, ces minces résultats sont également dûs au fait que sur le continent africain seulement 41 % des femmes accouchent avec l’aide d’un professionnel de santé. La majorité d’entre elles mettent leur enfant au monde sans avoir été en contact avec les services de santé et par conséquent sans savoir si elles sont séropositives. Sachant que la plupart des femmes séropositives ne connaissent pas leur sérologie, elles ont par conséquent peu de chances d'être testés pour cela. De plus le nombre de femmes venant volontairement se dépister et acceptant de suivre les soins préventifs à la transmission materno-infantile est souvent limité par la stigmatisation et la discrimination entourant les personnes vivant avec le VIH/Sida. Elles peuvent ainsi avoir peur d'être mis à l'écart s'il ont venait à apprendre leur séropositivité. D'autre part, même en ayant accès aux services de PTME, la décision de suivre les soins peut rester un choix difficile à prendre. Même lorsque leur sérologie est déterminée, le coût des médicaments et des substituts de lait, ainsi que les moyens de prise en charge des interventions sont bien souvent au delà de la capacité financière de nombreuses familles. L'option de la prévention de la transmission materno-infantile n'est pas non plus sans risques. L'utilisation de lait artificiel, par exemple, pour nourrir l'enfant durant ses premiers mois comporte également des inconvénients. En effet l'allaitement maternel fournit à l'enfant une bonne nutrition, des défenses naturelles et une stimulation nécessaire à son bon développement. Ceci permet à son organisme de mieux résister aux maladies infectieuses qui touchent habituellement les nourrissons telles que les diarrhées, les infections respiratoires, etc. De ce fait durant les deux premiers mois un enfant recevant du lait artificiel a six fois plus de probabilité de mourir d'une maladie infectieuse qu'un enfant nourrit au lait maternel. En outre, pour les mères à faibles revenus, la nécessité d'avoir accès à l'eau potable et à de bonnes conditions sanitaires peut parfois représenter un problème. Or, si l’eau utilisée n’est pas propre, le nouveau-né aura de gros risques de contracter une inflammation du système digestif, ce qui facilitera la transmission du virus. 18 De la même façon, le recours à la césarienne permet normalement d’éviter certaines lésions de la peau, qui favorisent le passage du virus du sang et des sécrétions maternelles vers le corps de l’enfant. Cependant si le bloc opératoire n’est pas stérile, les risques d’infection et de mortalité sont aggravés pour l'enfant comme pour la mère. En Afrique du Sud, au Botswana et au Swaziland, limiter la transmission du virus de la mère à l'enfant est un réel enjeu. Dans ces pays où l'épidémie du VIH/Sida fait des ravages, le taux de prévalence parmi les femmes enceintes est parmi les plus élevé au monde. En 2005, la prévalence des femmes infectées par le virus en période prénatale au Botswana était estimé à 33%, les zones urbaines étant particulièrement touchées. La prévalence du virus dans les services prénataux botswanais a considérablement augmenté ces dernières années passant de 15% en 1995 à 45% en 2003 à Gabarone, de 24% en 1992 à 46% en 2003 à Francistown alors que la région de Selebi-Phikwe a affiché la plus haute prévalence avec 52% en 2003. En Afrique du Sud le taux de prévalence au VIH/Sida des femmes en période prénatale a également vu une augmentation importante : de moins de 1% en 1990 à 27,9% en 2003. Le taux de prévalence diffère cependant d'une région à l'autre. La région la plus touchée est le KwaZulu Natal avec 37,5% d'infections parmi les femmes enceintes, suivi par les régions de Mpumalanga et de Free State. Les régions de Northern Cape, Western Cape et de Limpopo montrent des taux inférieurs allant de 13,1% à 17,5% en 2003. Au Swaziland également les services de maternité ont vu la proportion des femmes enceintes séropositives fortement augmenté ces dernières années. Le taux de prévalence est actuellement estimé à 43% alors qu'il était de 34% en 2002. Le pays a ainsi vu une augmentation spectaculaire du nombre de femmes en période prénatale infectées par le VIH/Sida depuis 1992 où le taux de prévalence n'était que de 1%. Alors que le Swaziland et l'Afrique du Sud continuent de voir le taux d'infections 19 dans les services de natalité augmenter, le Botswana a pour la première fois vu sur tous les sites de surveillance, le taux de prévalence diminuer. Cependant les trois pays gardent des taux très élevés de prévalence.9 1.1.1.2 Les infections par transfusions de sang contaminé ou par injections dangereuses Même si les infections par transfusions de sang contaminé ou par injections dangereuses sont de moindre importance en nombre que les infections liées à la transmission materno-infantile, certains enfants se retrouvent infectés à la suite d'un séjour à l'hôpital. Les enfant peuvent être d'une part infecté lors d'une transfusion sanguine, si le sang qui lui a été donné n'a pas été analysé. Mais ils peuvent également être infectés lors d'une injection si le personnel soignant ne prend pas les précautions nécessaires pour éviter toutes contaminations. Lors d'un séjour à l'hôpital, la probabilité d'être infecté par le VIH au cours d'injections dangereuses peut en effet devenir élevé si, comme c'est souvent le cas dans les régions endémiques, plus de la moitié des autres malades sont être séropositifs. L'amélioration des conditions sanitaires et de la vigilance du personnel soignant est nécessaire s'il on souhaite limiter les risques d'infections au VIH/Sida lors des soins. L’organisation des structures, des établissements de transfusion sanguine, l’hémovigilance, les bonnes pratiques liées aux transfusion ou aux injections, la formation du personnel de santé sur les questions de la transmission par injections du VIH/Sida et le développement d'activités de recherches sont nécessaires pour minimiser les risques d'infections. En Afrique du Sud, 2% des infections se sont produites suites à une injection ou une procédure médicale en 2004. Cependant une étude menée en Afrique du Sud en 2002 10, montre qu'une part significative des cas pédiatriques de VIH (près de 1/5 dans certains études) pourraient être davantage due aux soins périnataux qu’à une transmission mèreenfant. Un autre risque auquel peuvent être confronté les enfants est l'infection par injection de drogues. Utiliser une seringue sale ou partager son aiguille avec d'autres personnes peut entraîner un risque d'infection. Même si l'utilisation de drogues est moins 9 "3 by 5" country profile on treatment scale-up, December 2005 10 HIV infections in Sub Saharian Africa not explained by sexual or vertical transmission, Gisselquist D., Rothenberg R., Potterat J et Drucker E, 2002, International Journal of STD, and AIDS, 13:657-666. 20 importante chez les enfant de moins 18 ans, elle existe. Ils est donc important d'informer les jeunes des dangers qu'ils encourent sur leur santé et des risques d'infections au VIH/Sida auxquels ils s'exposent. 1.1.1.3 Les infections dues aux abus sexuels et/ou aux activités sexuelles précoces Les relations sexuelles précoces et/ou les abus sexuels sur enfants sont une autre source d'infection au VIH/Sida. Même si les activités sexuelles sont souvent associés aux adultes, ils représentent également un risque pour les enfants, en particulier pour ceux qui s'approchent de 15 ans. Beaucoup de jeunes ont des relations sexuelles consenties bien avant l'âge légal de consentement. L'éducation sexuelle et liée au VIH/Sida est proposée à différents âges dans le monde, mais celle-ci est trop souvent inadaptée aux demandes des jeunes. Ceci peut être dû à la religion, aux questions morale et/ou culturelles ou simplement au manque de connaissances des personnes. Des enfants débutent bien souvent leur vie sexuelle sans avoir été informé sur les différents risques d'infections auxquels ils s'exposent ni sur les moyens de se protéger. En Afrique du Sud, une étude a montré qu'un quart des personnes interrogées de moins de 15 ans avait déjà eu des relations sexuelles, la moitié des moins de 17 ans et 90% est moins de 20 ans11. L'âge moyen de la première relation est ainsi situé à 17 ans en Afrique du Sud12 alors qu'au Swaziland il est estimé entre 15 et 16,3 ans13. Des efforts de prévention sont par conséquent nécessaires. Selon les données recueillies au cours des dernières années par l'ONUSIDA, plus de 60% des adolescentes (de 15 à 19 ans) dans 21 pays africains ont au moins une idée fausse à propos du SIDA ou n’ont jamais entendu parler du SIDA. Dans 10 pays d'Afrique Sub-Saharienne, moins de la moitié des 11 The South African Behavioural Surveillance Survey (BSS) Baseline Survey 2003, Départemant de la Santé 2003 12 The national household HIV prevalence and risks survey of south african children, Olive Shisana, Cape Town 2004 13 The second national multisectoral hiv and aids strategic plan 2006 – 2008, Kingdom of Swaziland, juin 2006 21 jeunes femmes (âgées de 15 à 24 ans) savaient que le risque de VIH pouvait être diminué par l’utilisation de préservatifs. Dans 8 de ces 10 pays, moins de la moitié des jeunes femmes savaient que le risque de VIH pouvait être atténué si les relations sexuelles se limitaient à un seul partenaire. An Afrique du Sud, au Botswana et au Swaziland les connaissances relatives au VIH/Sida restent relativement peu élevées. Ainsi en Afrique du Sud, il est estimé que seulement 20% des femmes âgées de 15 à 24 ans avaient des connaissances globales sur le virus du VIH/Sida en 2003, alors qu'elles étaient respectivement 26,9% et 27,9% au Botswana et au Swaziland14. S'ils sont peu ou mal informés des risques d'une éventuelle infection au virus, les jeunes opteront moins largement pour des comportements sexuels vigilant. Les adolescentes sont, d'autre part, plus vulnérables à une infection du virus pour des raisons biologiques et sociales. Comme dans une grande partie du reste du monde, tout un ensemble de désavantages économiques, sociaux et politiques entravent l’indépendance économique de la femme, ses possibilités d’éducation, et son accès à l’information et aux structures sanitaires. Le mélange des âges -c’est-à-dire, les relations sexuelles entre des femmes jeunes et des hommes plus âgés- est une caractéristique de nombre de sociétés africaines où la prévalence du VIH est élevée. Étant donné les déséquilibres de pouvoir au sein de ces relations, une grande partie des jeunes femmes ne sont pas capables de négocier des rapports sexuels protégés. Le mariage en lui-même n’offre aucune protection contre le VIH pour les jeunes femmes. Enfin, certains enfants sont exposés au virus du VIH/Sida par des activités sexuelles non consenties -abus ou viol. En plus du traumatisme qu'entraîne une telle expérience, ils peuvent être infectés si le violeur est lui-même porteur du virus. Dans certaines parties du monde -Asie et Afrique principalement- les filles très jeunes sont particulièrement prisés. Les questions de transmission du VIH/SIDA se heurtent parfois en effet à l’ignorance de la population et aux mythes sur les vertus curatives de la virginité. Ainsi, au Cap, l’hôpital pour enfants de la Croix-Rouge, après neuf ans de recherches, estimait, en décembre 2002, que la tranche d’âge la plus représentée chez les enfants admis après une agression sexuelle était celle des 3 ans15. En réalité, les enfants sont par nature plus vulnérables aux 14 Rapport 2006 sur l'épidémie mondiale du Sida, ONUSIDA, Mai 2006. 15 Dans un pays miné par le sida, la jeunesse sud-africaine face aux violences sexuelles, octobre 2005, Charlene Smith 22 lésions, infections et maladies et ils sont rarement en mesure d’exiger des rapports protégés ou de repousser un agresseur violent. En Afrique du Sud les cas de viol et d’abus sexuels sont des facteurs d’infections non négligeables : en 2002 plus de 31 000 cas de viol et d’agressions sexuelles sur des mineurs de moins de 17 ans ont été enregistrés16. Ces chiffres sont d'autant plus important qu'il semble évident qu’un grand nombre de cas ne sont pas enregistrés. Les enfants infectées par le VIH/Sida se retrouvent bien souvent dans des situations de grande détresse. Outre le fait qu'ils peuvent se retrouver exclu de la communauté car ils sont séropositifs, ils n'ont pas toujours la possibilité de suivre de médication pour limiter les effets de la maladie. Les traitements antirétroviraux n'étant pas toujours disponibles ou abordables dans les pays d’Afrique Sub-Saharienne, les enfants se retrouvent souvent démunis face à la situation. Outre l’accessibilité et le prix des ARVs, le prix des traitements en eux-mêmes comme les bilans d’inclusion, les bilans de suivi, etc. voire même le coût du transport pour aller à l’hôpital peuvent devenir une charge financière insupportable pour les familles. 1.1.2 Les enfants affectés par le VIH/Sida Les enfants affectés par le VIH/Sida sont des enfants qui souffrent directement ou indirectement de la surmortalité engendrée par l’épidémie. Ils peuvent ainsi avoir perdu leur mère, leur père ou les deux des suites de la maladie. Certains enfants vivent dans une famille où un membre de la famille est malade -certains devant d’ailleurs s’occuper de parents malades. D’autres enfin vivent dans une famille ou dans une communauté prenant en charge plusieurs orphelins pour cause de VIH/Sida. Dans tous les cas, les enfants affectés par le Sida se retrouvent très souvent dans des conditions précaires car la mort ou la maladie d’un de leur parent entraîne la diminution de l’apport financier pour la famille. 1.1.2.1 Les enfants ayant au moins un parent mort du VIH/Sida Bien que le nombre d'orphelins pour tout cause est en diminution en Asie, en Amérique Latine et aux Caraïbes depuis 2001, il a augmenté de plus de 50% en Afrique 16 The national household HIV prevalence and risk survey of South African children, 2004 , CapeTown, South Africa, Human Sciences Research Council, HSRC Publishers 23 Sub-Saharienne. Ceci est principalement dû aux conséquences de l'épidémie du VIH/Sida et de la surmortalité qu'elle engendre. Dans cette région, 12 millions d'enfants de 0 à 17 ans ont perdu un ou deux parents pour cause de VIH/Sida, soit 80% du nombre total d'enfants orphelins pour cause de VIH/Sida dans les pays en développement. D'ici à 2010, il est estimé que environ 15,7 millions d'enfants perdront au moins l'un de ses parents pour cause de VIH/Sida en Afrique Sub-Saharienne. Même dans les pays où le taux de prévalence du VIH/Sida se stabilise voire commence à décroître, le nombre d'orphelins continuera a augmenter ou du moins restera élevé pendant plusieurs années, en raison du temps d'incubation de la maladie -de l'ordre de 10 ans pour la souche VH-1, la plus répandu en Afrique Sub-Saharienne. Par conséquent la mise sous contrôle de l'épidémie ne se fera ressentir que plusieurs années après la diminution des taux de transmission de l'infections. En Afrique Australe, où l'épidémie de VIH/Sida est particulièrement étendu, le nombre d'enfants devenus orphelins des suites du VIH/Sida est en constante augmentation. Ainsi selon le rapport de l'UNICEF «Children on the Brinks17 », en Afrique du Sud 1 100 000 enfants sont orphelins18 pour cause VIH/Sida soit 48% du total des orphelins et 6,5% du total des enfants. Au Botswana, les orphelins pour cause de Sida sont au nombre de 120 000 ce qui représente 77% orphelins et 15% du nombre total d'enfants. Enfin, au Swaziland, ils sont estimé à 65 000 soit 63% des orphelins du pays et 10,8% des enfants. Toutes ces données sont en augmentation par rapport à l'année 2003. En effet en 2003, le nombre nombre d'enfants orphelins pour cause de VIH/Sida en Afrique du Sud, au Botswana et au Swaziland était respectivement de 660 000, 95 000 et 44 000. Il faut d'autre part souligner que ces estimations peuvent être sous-appréciées, car il est bien souvent difficile de déterminer correctement le nombre total d'orphelins des suites du Sida : la stigmatisation entourant la maladie rend parfois difficile la possibilité d'obtenir les raisons exactes de la mort des parents. 17 Children on the Brinks, UNICEF, 2004 18 Orphelin de père, de mère ou des deux. 24 Outre l'augmentation du nombre d'orphelins, l'épidémie de VIH/Sida a des conséquences sur la nature même de l'orphelinage. Dans des conditions « sans Sida », les orphelins de père sont plus nombreux que les orphelins de mère. En effet, les hommes ont, en règles générales, des enfants plus tardivement que les femmes et ont par conséquent plus de probabilité de mourir avant l'âge adulte de leurs enfants. Cependant avec l'épidémie du VIH/Sida, les données sont bouleversées. Pour de multiples raisons sociales et biologiques, les femmes sont plus exposées aux risques d'infection au VIH. En Afrique Sub-Saharienne et particulièrement en Afrique Australe, trois femmes sont infectées pour deux hommes. Par conséquent le nombre d'orphelins de mère tend à augmenter plus vite que le nombre d'orphelins de père. D'autre part le VIH/Sida se caractérise dans le sens que si l’un des parents est infecté, le deuxième parent a de fortes probabilités d’être également infecté. Un enfant ayant ses deux parents infectés par le virus a ainsi un risque important de perdre les deux dans un court terme. L'épidémie du VIH/Sida est ainsi la cause de l'augmentation de la proportion d'orphelins double par rapport à l'ensemble des orphelins. En Afrique SubSaharienne, il est estimé que le nombre d'orphelins doubles atteindra 10 millions en 2010. Tous les enfants orphelins du Sida ne vivent pas dans les même conditions suivant les pays, les cultures, les âges et leurs statuts. L'hypothèse implicite que ces enfants forment un groupe indifférencié dont les membres vivent les mêmes réalités est fausse. Tout d'abord suivant qu'ils aient perdu leur mère, leur père ou leurs deux parents, les enfants ne se retrouvent pas dans la même situation. Perdre une mère signifie souvent perdre le tuteur direct et, bien souvent, la principale source d'affection. Différemment perdre un père met souvent la famille dans une situation financière difficile. Enfin perdre ses deux parents signifie parfois ne plus avoir de cadre protecteur et être livré à soi-même. Cependant compte tenu de l''importance de la solidarité intergénérationelle et de la circulation des enfant au sein de la famille élargie, on peut se demander ce qu'est un orphelin dans le contexte africain. En effet, en Afrique, un grand nombre d’enfants ne vivent pas avec leurs parents biologiques et ne sont donc pas élevés par eux : ils sont confiés à la famille élargie. Le placement des enfants au sein des réseaux de parenté et de relations est une pratique très ancienne et fréquente en Afrique. D'ailleurs de nombreux enfants, lorsqu’ils deviennent orphelins, ne vivent pas forcément avec leurs parents biologiques. 25 Ainsi même si un enfant vit avec ses parents biologiques, et que l’un ou les deux parents meurt, il n'est pas obligatoirement considéré comme orphelin car les règles traditionnelles régissant les sociétés africaines permettent la prise en charge des enfants au sein de la famille élargie ou de la communauté. Au Swaziland, par exemple, les enfants ayant perdus leurs parents ne sont pas automatiquement définis comme orphelins. Dans la culture Swazi, les enfants devenus orphelins sont pris en charge par la famille élargie car l'enfant est considéré comme le fruit de l'union entre deux familles. Le décès des parents ne laisse donc pas l'enfant sans cadre ni protection. De même dans une étude menée auprès de communautés du Botswana, du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud19, il est apparu que pour ces communautés, la notion d’orphelin ne renvoie pas uniquement au décès des parents mais surtout à l’incapacité ou au refus de la parenté élargie de prendre en charge l’enfant. De ce fait, un orphelin n’est jamais vraiment considéré comme orphelin tant qu’il est pris en charge par le reste de la famille. 1.1.2.2 Les enfants ayant un membre de la famille infecté par le VIH/Sida On a souvent tendance a considéré comme enfant affecté par le VIH/Sida uniquement les enfants ayant perdu au moins l'un de ses parents. Cependant l’orphelinage est un processus qui débute bien avant la mort des parents. Avec l'augmentation des infections au VIH/Sida, de plus en plus d'enfants sont confrontés à la maladie au sein de leur foyer. La maladie d’un parent réduit la capacité de ceux-ci à prendre en charge les enfants, puisqu'il empêche les parents d'exercer une activité professionnelle continue, d'où peut découler des difficultés financières pour la famille. Outre la maladie d'un des parents, la maladie d'un des enfants peut également rendre vulnérable la famille entière. Les soins nécessaires au traitement pour le VIH/Sida voire les funérailles peuvent être un lourd poids financier pour des familles à revenus limités. La présence d'un parent ou d'un enfant malade au sein d'une famille peut ainsi entraîner la paupérisation du foyer. Afin de subvenir aux besoin de la famille, les enfants doivent souvent endossés de nouveau rôle et de nouvelle responsabilité, en plus de leur rôle existant. Il doivent par exemple endosser précocement le rôle de chef de famille en renonçant à l'école pour pouvoir travailler. Ils sacrifient ainsi leur éducation pour venir en aide à leur famille. 19 Defining Orphaned and Vulnerable Children, Donald Skinner et al. 2004 26 D'autre part, avoir un membre de sa famille infecté par le virus du Sida, signifie être confronté à la maladie, la mort d'un de ses proches. La maladie étant incurable et les médicaments souvent inaccessibles, la maladie d'un proche est vécue dans la peur. Voir l'un de ses parents ou de ses frères et soeurs mourir est une expérience douloureuse pour les enfants. De cette façon, nombre d'enfant doivent s'occuper de leurs parents malades et se préparer à leur mort. Les enfants peuvent alors se sentir angoissé, coupable ou abandonné. 1.1.2.3 Les enfants appartenant à une communauté touchée par le VIH/Sida Les enfants rendus vulnérables par le VIH/Sida ne sont pas uniquement les enfants dont les parents sont malades ou morts des suites de la maladie. En effet les enfants vivant dans une communauté ou une région où la prévalence du Sida est élevée vont indirectement être affectés par l'épidémie. En Afrique, la famille élargie prend très souvent en charge les enfants nouvellement orphelins. Un enfant vivant au sein d'une famille accueillant un ou plusieurs orphelins peut se retrouver en situation de vulnérabilité. En effet une famille accueillant de nouveaux enfants doit subvenir aux besoin de tous tout en gardant les même revenus. Les familles accueillant des orphelins du Sida ont en moyenne des revenus nettement inférieurs aux autres familles. D'après une étude conduite en Afrique du Sud, le revenu moyen mensuel par tête était plus faible d'au moins 50% dans une famille avec orphelins que dans les autres familles (335 rands contre 741 soit 45 USD contre 100)20. D'autre part le fait qu'une communauté soit fortement touchée par le virus peut avoir des conséquences sur l'ensemble des enfants. L'épidémie du Sida fragilise l'ensemble de la société. Le Sida, de part son ampleur, touche l'ensemble des activités économiques en Afrique Sub-Saharienne. La production agricole, principale activité en Afrique, est touchée par la mortalité accrue des agriculteurs. La quantité importante du nombre de malades et de décès contraint les entreprises à redoubler d'effort de formation et d'embauche. En Afrique du Sud, par exemple, les entreprises doivent embaucher plus de personnels qu'il 20 . HIV/AIDS, Poverty and growth evidence from a household impact study conducted in the Free State Province, Booysen F, Bauchman M., South Africa, 2002. 27 n'y a de postes dans le but de maintenir leurs effectifs. L'épidémie du VIH/Sida contribue ainsi à l'appauvrissement général. De même les services publics ne sont pas épargnés. Les services de santé voient leur effectifs diminuer alors que le nombre de patients augmentent du fait de la pandémie. Ils ne sont parfois plus a même de gérer l'ensemble des demandes. Le système éducatif connaît la même carence en personnel enseignant. Les cours doivent parfois être suspendu pour cause de maladie du professeur. Devant la déliquescence des structures sociales et économiques de la société, les enfants se retrouvent souvent en situation de faiblesse. Ils peuvent ainsi être privé d'école, de soins, souffrir de la pauvreté. 1.2 La vulnérabilisation des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida La pandémie du VIH/Sida laissent dans son sillage des millions d'enfants, d'adolescents et de jeunes à risques qui ont besoin de protection. Qu'ils vivent au sein d'une famille où un parent est malade ou mort à cause du VIH/Sida, qu'ils vivent au sein de la famille élargie, dans des établissements d'accueil pour orphelins ou qu'ils vivent dans la rue, les Enfants et Orphelins Vulnérables pour cause de VIH/Sida vivent souvent dans des conditions précaires qui nuisent à leur bon développement. Le Sida a ainsi redéfinit l'enfance pour des millions de jeunes en les privant des soins, de l'amour et de l'affection de leur parents, en les privant des droits à la protection contre l'exploitation et la maltraitance, de leur droit à l'éducation, à la santé, etc. : il limite ainsi les options pour leur avenir. 1.2.1 Le droit des enfants compromis L'Afrique de Sud, le Botswana et le Swaziland sont tous trois signataires de la Convention des droits de l'Enfant. Cette Convention propose une certaine conception de l'enfant qui doit tout à la fois être protégé, bénéficier de prestations spécifiques et être considéré comme acteur de sa propre vie. En ratifiant cette Convention, les trois pays s'engagent donc à assurer le bien-être et la protection des enfants en s'assurant qu'ils puissent grandir dans un environnement sain et favorable. Cependant, malgré les efforts faits par les États ces dernières années, le droit à la vie, à l'identité, à la protection, à la famille, à la non-discrimination, etc. sont aujourd'hui 28 remis en question par l'épidémie du VIH/Sida. 1.2.1.1 Les problèmes économiques Dans les pays les plus touchés par le VIH/Sida, on peut souvent observer la paupérisation des familles à la suite de la maladie ou de la mort d'un membre de la famille. La disponibilité en produits alimentaires peut diminuer de façon spectaculaire dans les foyers lorsque les adultes ne sont plus capable de travailler. Au sein de la communauté, la capacité productive et la diversité des cultures peut également s'effondrer du fait de la surmortalité des agriculteurs21. A cela s'ajoute la disponibilité en eau potable et en structures d'assainissement qui peut parfois être limitée dans certaines régions. Or les enfants séropositifs, plus que les autres, ont des besoins nutritionnels importants. Chez un enfant sous alimenté le système immunitaire est affaibli, l'infection par des maladies liés au VIH/Sida peut, par conséquent, progresser beaucoup plus rapidement que chez un enfant bien nourri. Pour les même raisons, les familles ne sont pas toujours dans la possibilité de fournir à tous les enfants les besoins matériels de base comme les vêtements, les chaussures, les couvertures, etc. Une étude faite dans trois provinces d'Afrique du Sud montre que le soucis de procurer le matériel de base aux enfants était la priorité des familles mais également la plus grosse contrainte.22 Les enfants reçus, après la mort de leur parents, au sein de la famille élargie peut également se retrouver défavorisés par rapport aux autres enfants du foyer. Si les ressources de la famille d'accueil sont limitées, ils peuvent recevoir une alimentation moins importante ou différente des autres enfants ou manquer de vêtements, de chaussures, etc. Pire, certains enfants ayant perdu leurs deux parents peuvent se retrouver sans personne pour les prendre en charge. Ils se retrouvent alors livrés à eux-même. Un certain nombre d'entre eux, s'ils ne trouvent pas de structures pour les accueillir, sont bien souvent contraint de vivre dans la rue. 21 AIDS, drought, and child malnutrition in southern Africa 2005 , Public Health Nutrition , N°8 , 6, p. 551-563 22 Studies of Vulnerable Children and Orphans in Three Provinces in South Africa, Adato, Michelle, et al., Children in the Shadow of AIDS:, International Food Policy Research Institute, Washington, D.C., November 2005, p. 51. 29 1.2.1.2 L'accès à l'éducation L'éducation procure à l'enfant un encadrement structuré et sûr. La supervision et le soutien émotionnel d'un adulte, la possibilité de rencontrer d'autres enfants, l'apprentissage de nouvelles compétences, etc. sont essentiels pour le bon développement d'un enfant. L'accès à l'éducation semble de plus être primordiale dans la lutte contre le VIH/Sida. L'éducation est l'un des moyen les plus efficace pour prévenir la propagation du virus en développant les connaissances, la vigilance et les compétences des enfants. L'éducation permet de limiter les attitudes de stigmatisation et de discrimination envers les personnes vivant avec le VIH/Sida et leur familles. L'éducation est également un moyen de briser le cycle de la pauvreté en permettant aux enfants d'acquérir les compétences nécessaires pour trouver un travail. Cependant les orphelins et enfants vulnérables sont souvent les premier à se voir privé d'éducation. Pour les ménages les plus pauvres, il est souvent difficile d'envoyer les enfants à l'école. Les frais de scolarisation, les uniformes, les fournitures, etc. sont parfois un poids financier trop élevés. D'autre part, certains enfants sont obligés de quitter l'école pour s'occuper d'un parent malade ou pour trouver un travail. Un examen réalisé par le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) dans 20 pays de l’Afrique Sub-Saharienne a montré que les enfants âgés de 5 à 14 ans qui avaient perdu un de leurs parents ou les deux avaient moins de chances d’être à l’école et plus de chances de travailler plus de 40h par semaine. Les filles, devant souvent s'occuper des travaux domestiques, ont plus de probabilités de stopper l'école en premier. Selon une étude menée sur 11 000 foyers dans la province du KwaZulu Natal en Afrique du Sud, les enfants ayant perdu l'un de leurs parents durant les trois dernières années avait plus de probabilités que les autres de stopper l'école ou d'être en échec scolaire. Les personnes les ayant recueillis dépensant moins d'argent pour leur éducation en comparaison de leur enfants biologiques23. De plus l'étude met en évidence que l'accès à l'éducation est différent selon que l'enfant ait perdu son père ou sa mère. Les enfants ayant perdu leur père ont plus de risque 23 School enrollment in South Africa, Case and Ardington, pp. 8-15. 30 de s'appauvrir, mais leur réussite scolaire reste similaire aux non orphelins. Au contraire les enfants qui ont perdu leur mère, même si le foyer dans lequel ils vivent à moins de risques de s'appauvrir, auront plus de risques d'échec scolaire. La mère est en effet souvent la personne qui est la plus soucieuse de l'éducation des enfants et celle qui se bat pour que ses enfants accèdent à l'école.24. 1.2.1.3 L'accès au soin Les enfants vulnérables pour cause de VIH/Sida ont plus de risques que les autres enfants de manquer de soins. En perdant leur mère ou leur père, ces enfants perdent souvent également les principales personnes s'occupant de lui et lui fournissant les soins de base. Il ne s'agit pas seulement des soins relatifs aux maladies et infections, mais également aux soins d'hygiène. Dans les pays fortement touchés par l'épidémie, les hôpitaux deviennent surchargés par les malades infectés par le VIH/Sida. Cela réduit par conséquent la capacité des services de santé à soigner les autres infections tels que les pneumonies, les diarrhées et les cas de paludisme. Pour les enfants infectés par le virus du VIH/Sida, l'accès au soins est encore plus difficile. Les traitements leur permettant de vivre correctement avec la maladie sont souvent trop cher pour les familles et peu d'entre elles ont les moyens de se les procurer. D'autre part, les enfants infectés par le virus via la transmission materno-infantile peuvent être difficilement diagnostiquer avant l'âge de 18 mois, en raison de la persistance d'anticorps maternels. Sans diagnostique précis, il est donc difficile de prescrire un traitement adéquat à l'enfant. L’évolution du VIH/SIDA est particulièrement agressive chez les enfants. Faute de traitement, le VIH se multiplie et détruit les défenses de l’enfant, ce qui le rend plus vulnérable à la pneumonie et aux autres infections opportunistes. Les enfants dépistés séropositifs ne bénéficient pas souvent de traitements pour les maintenir en bonne santé, tels que les traitements ARVs et l'antibiotique cotrimoxazole qui se sont révélés efficaces pour réduire la mortalité des enfants infectés par le VIH/Sida : l’antibiotique cotrimoxazole confère une protection très efficace contre ces infections et peut retarder le recours au traitement antirétroviral. Dans certaines circonstances, il a permis de réduire 24 Poverty, AIDS and Children’s Schooling: A Targeting Dilemma, Martha Ainsworth and Deon Filmer, World Bank Policy Research Working Paper 2885 (September 2002), p. 28. 31 de plus de 40 % la mortalité des enfants séropositifs. Cependant moins de 5% des jeunes enfants séropositifs ont accès à un traitement pédiatrique contre le Sida. Des conditionnements pédiatriques sous forme de sirops existent, malgré tout, sur le marché mais sont plus chers que les médicaments pour adultes, sont difficiles à manipuler et ont généralement un goût désagréable. Il est donc souvent nécessaire de diviser et d'écraser les comprimés pour adultes, risquant d'en donner trop peu ou pas assez à l'enfant. Cette insuffisance en traitements pédiatriques est principalement due au fait que l'infection des enfants dans les pays industrialisés a été presque totalement éliminée. Ainsi les fabricants des traitements antirétroviraux, principalement basés dans les pays du Nord, ont très peu travaillé sur la mise au point de traitement adapté aux enfants. D'autre part, les enfants doivent avoir accès aux services de conseil et de dépistage volontaire. Des services de prévention doivent être mis en place afin de leur expliquer les moyens de se protéger contre toutes infections car les enfants orphelins et/ou vulnérables ont davantage de risques que les autres d’avoir des comportements sexuels dangereux25. 1.2.1.4 Les troubles psychologiques et les comportements à risques La perte d'un parent signifie pour l'enfant de perdre en même temps son affection et son amour. Ils peuvent ainsi se retrouver en situation de détresse et développer un état d'anxiété et de dépression. Les orphelins pour cause de SIDA, plus que les autres, ont besoin d’un soutien psychologique car ils portent en eux plusieurs traumatismes qui font suites aux décès de leurs parents, à la succession des tuteurs, aux incertitudes quant à leur avenir, à la séparation d’avec les frères et sœurs, à l’aggravation brutale des conditions de vie, aux préjugés et à l’exclusion sociale accompagnant les orphelins et le VIH/SIDA. S'ils sont livrés à eux-même, les enfants ont davantage de risques d'être amenés à la délinquance voire à la criminalité -surtout pour les garçons- notamment dans les zones urbaines. Sans ressources et parfois sans parents pour les protéger, les orphelins et enfants fragilisés par le VIH/Sida se retrouve souvent plus exposés que les autres aux abus et à l'infection par le VIH/Sida. Beaucoup d'entre eux sont abusés physiquement ou sexuellement en échange d'argent, de nourriture, de logement, etc. Ils ont également plus de probabilité d'avoir des relations sexuels à risques. 25 Socioeconomic Disadvantage and Unsafe Sexual Behaviors Among Young Women and Men in South Africa, Kelly Hallman. Population Council, June 2004. 32 1.2.1.5 La stigmatisation et la discrimination Les personnes infectés et/ou affectés par le VIH/Sida souffrent souvent de stigmatisation et de discrimination en raison leur statut. Cette stigmatisation est, dans la plupart des cas, due à la crainte et au manque de connaissance entourant le VIH/Sida. Le Sida est souvent associé à un comportement déviant et considéré comme résultant de la responsabilité de la personne infectée. La stigmatisation peut également être accentué par les croyances religieuses ou culturelles considérant que l'infection au VIH/Sida découle d'un comportement immorale et, par conséquent, devant être blâmé. Cette stigmatisation est d'autant plus forte que le Sida est associé à une forme inesthétique et indésirable de la mort. Un autre élément important est que tout ce qui touche à la sexualité est tabou. Le porteur du virus peut ainsi être indexé car considéré comme une personne qui à transgressé les règles sociétales en matière de sexualité; cela est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit des femmes. Perçu comme porteurs d'une maladie contagieuse, pouvant menacé la communauté entière, les personnes vivant avec le VIH/Sida peuvent se retrouver mis au ban de la société dans laquelle ils vivent. La compréhension inadéquate des modes de transmission du VIH mène à la crainte de transmission du contact occasionnel. Les enfants ne sont pas épargnés par cette stigmatisation. Un enfant peut y être exposé s'il est séropositif, perçu comme séropositif ou tout simplement associé de quelques manières au VIH/Sida. Les enfants dont l'un ou les deux parents sont malades ou morts des suites du VIH/Sida se retrouvent ainsi victime de cette stigmatisation même s'ils de sont pas porteurs du virus. Cette stigmatisation envers les personnes vivant avec le VIH/Sida peut prendre plusieurs formes. L'isolement social et la moquerie sont la principale manifestation de cette stigmatisation. Qu'ils soient infectés par le VIH/Sida ou que leurs parents soient mort de la maladie, les enfants se retrouvent souvent ostracisés au sein de la communauté voire de leur propre famille. Ils peuvent également avoir des difficultés pour trouver des parents adoptifs -même au sein de la famille élargie. A l'école ou à la crèche, ils peuvent subir les railleries des autres enfants et la mis à l'écart de la part des éducateurs et des professeurs. Ils sont alors défavorisés par rapport 33 aux autres enfants et reçoivent moins d'attention. Les enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida sont parfois victimes de discrimination, celle-ci étant la manifestation de cette stigmatisation. Elle s'exprime par le fait que les enfants soient traités différemment, et notamment aux sein des institutions, par rapport aux autres enfants. Ils peuvent ainsi se voir refuser l'accès à l'école, aux services de Santé, aux aides sociales, etc. S'ils accèdent à ces services, ils peuvent cependant être mis de côté ou leur situation considérée comme secondaire. Les enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida se retrouvent alors rejeté par ceux de leur âge et ceux censé représenté leur modèle, ce qui a un impact sur leur sentiment de dignité et d'utilité. Ces enfants peuvent ainsi s'exclure d'eux-mêmes de la société par peur du jugement de la communauté. La stigmatisation et la discrimination vient ainsi amplifier la vulnérabilité des enfants en les empêchant d'accéder aux services de base nécessaires à leur vie quotidienne. 1.2.1.6 L'atteinte aux droits juridiques Dans les pays les plus touchés par le VIH/SIDA, la protection juridique des enfants n’est pas toujours appliquée et/ou respectée. Certains enfants ayant perdus leurs proches peuvent par exemple se retrouver sans identité d’un point de vue administratif ou juridique n’ayant plus personne pour prouver qui ils sont. L'enregistrement à la naissance des enfants n'est pas toujours automatique dans certaines régions. Cependant en l'absence d'enregistrement auprès des autorités, l'enfant peut se voir refuser l'accès aux services publics et sociaux. Il est donc essentiel que les autorités locales ou nationales enregistrent l'ensemble des enfants selon leur statut afin que des allocations appropriées leur soient versées et que des mesures soient mis en place pour les protéger contre les abus physiques, sexuels et/ou économiques. De même l’enfant, n’ayant aucun moyen de se défendre, peut également se voir spolier des biens familiaux suite à la mort de ses parents. 1.2.2 Les conséquences socio-économiques L'épidémie du VIH/Sida a des conséquences sociales, économiques et politiques importantes pour les pays fortement touchés. Le SIDA sape les efforts réalisés par les pays 34 en ce qui concerne la réduction de la pauvreté, l'éducation primaire universelle, l'égalité entre les sexes, la baisse de la mortalité infantile, etc. Indirectement l'augmentation du nombre d'enfants devenant vulnérables pour cause de VIH/Sida a des répercussions socioéconomiques sur les pays. 1.2.2.1 L'impact socio-économique se l'épidémie du VIH/Sida entraîne la désintégration du tissu familiale, communautaire et social. L'amplification du phénomène d'orphelinage vécue par les pays les plus touchés par l'épidémie, a des conséquences négatives sur les structures traditionnelle de prise en charge des orphelins. La famille élargie n'a aujourd'hui plus la capacité d'intégrer la masse des enfants ayant perdu leurs parents. Ces pays doivent par conséquent trouver d'autres moyens pour pallier à la saturation de ce mode de prise en charge. 1.2.2.1.1 La déstructuration de la prise en charge traditionnelle des orphelins Les communautés et les familles sont en première ligne pour prendre en charge les orphelins et enfants vulnérables pour cause de VIH/Sida. Elles ont largement réagi en absorbant les enfants rendus orphelins des causes de VIH/Sida au sein des familles élargies. En Afrique il y a une forte tradition de prise en charge des orphelins par la famille élargie. Ainsi la circulation des enfants au sein de la parenté est fréquente. Cependant dans le contexte de l’augmentation croissante des orphelins, la peur du virus et la pauvreté économique dans laquelle vivent les familles d’accueil affaiblissent les solidarités familiales et donc les structures communautaires de prise en charge des orphelins. La prise en charge des orphelins a en effet un coût direct sur les familles et les foyers qui les prennent en charge puisque leur ressources financières doivent subvenir à un plus grand nombre de personne. Il est par exemple estimé au Swaziland que les familles prennent en charge quatre orphelins du Sida en moyenne. Dans un pays où 66% des familles vivent en dessous du seuil de pauvreté, il est très souvent difficile pour elles d'accueillir des enfants orphelins. 35 Face à la mort de anciens, la fragilisation des structures familiales traditionnelles, la perte des dispositifs de régulation des relations sociales, la situation et le statut des orphelins se fragilisent. Malgré tout, la prise en charge traditionnelle des orphelins par la famille élargie reste de loin l'alternative la plus économique et la mieux adaptée pour prendre en charge ces enfants. Il est donc nécessaire pour les pays de renforcer la capacité des familles dans l'accueil des orphelins pour cause de VIH/Sida. 1.2.2.1.2 Les prises en charge communautaires alternatives Ce sont ainsi de plus en plus les aïeux et le plus souvent les grand-mères qui prennent en charge leurs petits enfants une fois que la génération d’adulte a disparue. Avec la pandémie du Sida, les grand-mères africaines, sont devenues soutien de famille pour leurs propres enfants malades ou pour la progéniture de ces derniers. Les orphelins sont plus de 50% à partager la vie de leurs grand-parents, au Botswana et plus de 60% en Afrique du Sud, selon les estimations fournies par l’ONG Help Age International. En Afrique, les aïeules sont près de 35 millions à vivre, dans la plupart des cas, dans des conditions matérielles difficiles aggravées notamment par les nouvelles contraintes financières que leur imposent le Sida et ses nombreux orphelins. Une autre alternative est la prise en charge de la fratrie par l’aîné. Les adolescents orphelins se trouvent souvent dans l’obligation de diriger le foyer et de gagner de l’argent, dans le but d'échapper à la dislocation de la fratrie. Enfin un certains nombre d'enfants ne bénéficiant pas de logement et n'étant pas reçus dans les établissements d'accueils pour les orphelins, iront quant à eux grossir le nombre des enfants vivant dans la rue. 1.2.2.1.3 Les maisons d'accueil Les orphelinats, les villages d'enfants, les foyers d'accueil, etc. reste l'alternative institutionnel pour luter contre l'augmentation du nombre d'orphelins et d'enfants vulnérables. 36 Ces établissements assurent la prise en charge des orphelins en leur fournissant un logement, de la nourriture, des vêtements et en leur permettant d'être scolarisés. Ces institutions font cependant souvent défaut en ce qui concerne l'aide psychologique et émotionnelle devant être apporté aux enfants. En effet elles manquent souvent de personnel et ne peuvent pas, par conséquent, apporter aux enfants une attention personnelle. Les établissements d'accueil d'enfants ont, de plus, tendance à promouvoir la dépendance et à décourager l'autonomie. Les enfants sortant de ses établissements n'ont d'ailleurs souvent aucune connaissance ni aucun lien social. Il est a noter que les orphelinats ne comprennent pas seulement des orphelins doubles. Bien souvent, les enfants placés dans les foyers d'accueil ont encore un parent vivant. Le placement en foyer est souvent utilisé en Afrique comme une solution au problème économique de la famille. 1.2.2.2 Les conséquences macro-économiques L'orphelinage, le quasi-orphelinage et la vulnérabilisation de l'enfant dus au VIH/Sida a un impact direct ou indirect sur l'économie des sociétés durement touchées. D'une part la prise en charge de ces orphelins et enfants vulnérables représente un coût très élevé pour les États si le nombre des enfants à prendre en charge devient très important. D'autre part l'augmentation massive des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida peut avoir un impact à long terme sur les économies nationales puisque les pays verront dans quelques années arriver des jeunes sans qualification sur le marché du travail. 1.2.2.2.1 Les conséquences démographiques Le taux de prévalence du Sida augmentant, l’épidémie entraînera une ponction démographique importante dans les pays. Le fort taux de prévalence parmi les femmes enceinte sud-africaine, botswanaise et swazi indique que de nombreux nouveaux-nés risquent d'être infectés par le virus. La majorité des enfants infectés par le virus vont montré des signes de la maladies pendant la première année, et la moitié d’entre eux mourront avant la fin de la deuxième année. Seul 25% des enfants atteindront l’âge de cinq 37 ans. Ainsi, malgré les progrès sanitaires que les Etats Sud-Africain, Botswanais et Swazi ont fait ces dernières années pour limiter le taux de mortalité infantile, celui-ci a commencé a croître de nouveau dans les années 1990-1995, ceci principalement dû à la prévalence du Sida parmi les enfants en bas âge. En Afrique du Sud et au Botswana, l’épidémie du Sida contribue de plus de 20% à la mortalité infantile, au Swaziland entre 10 et 20%. De même il est estimé que près de 50% des décès d'enfants de moins 5 ans en Afrique du Sud et au Swaziland sont liés au VIH/Sida, il serait de 64% au Botswana. Par ailleurs l'épidémie du VIH/Sida provoque une mortalité accrue parmi les personnes infectées. L'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland ont en effet vu respectivement chuter leur espérance de vie de 14.12, 17.79 et 11.02 ans entre 1990 et 2000, principalement du fait de l'épidémie du VIH/Sida. 1.2.2.2.2 Les conséquences économiques L'augmentation du nombre des enfants devenus orphelins ou vulnérables pour cause de VIH/Sida a également un coût économique pour les pays. Il faut en effet aider les enfants directement ou indirectement en soutenant les familles et/ou les foyers les prenant en charge. Les familles, se retrouvant avec une charge financière plus importante lorsqu'elles recueillent un ou plusieurs enfants, doivent être soutenues afin de privilégier cette prise en charge traditionnelle au placement des enfants dans des structures sociales. Ce soutien peut ainsi prendre la forme de subventions financières ou matérielles proposées aux enfants ou au familles. Parallèlement à l'aide financière directe apportée aux orphelins et enfants vulnérables des suites du VIH/Sida, il est nécessaire à l'échelle du pays d'adapter les structures pour prendre en charge intégralement ces enfants. La prise en charge traditionnelle montrant ses limites, l'État doit prendre le relais. Il doit donc mettre en place des structures d'accueil pour les enfants orphelins et vulnérables pour cause de 38 VIH/Sida n'ayant personne pour les recueillir, mais également des structures d'aide sociale, psychologique, juridique, etc. Afin de fournir la réponse la plus appropriée possible, il faut également recenser les enfants en difficultés, connaître leurs situations, leurs avis, etc. Ensuite il faut former les travailleurs sociaux qui travailleront (ou travaille déjà) avec eux, faire du travail de prévention, de plaidoyer, etc. Tout ces investissements représentent un coût important pour les Etats, et malheureusement certains d'entre eux ne peuvent pas répondre financièrement. Le nombre croissant d'orphelins du Sida risque ainsi de déstabiliser socialement et économiquement les pays concernés. Indirectement l'augmentation des orphelins et enfants vulnérables aura des conséquences à long terme. En général il y a une corrélation entre le nombre croissant d'orphelins et l'augmentation du nombre de jeunes sans éducation, mal socialisés, mal nourris et vulnérables. L'accès à la scolarisation pour ces enfants devenant difficile, un grand nombre de ces jeunes arriveront dans quelques années sur le marché du travail sans qualification. Cela aura ainsi un impact sur la productivité des entreprises et par conséquent sur l'économie des pays. D'autre part ces enfants risquent de devenir des adultes chroniquement traumatisés. Ces enfants en grandissant ont davantage de risques d'être amenés à la délinquance, voire à la criminalité. Leur augmentation massive pourraient ainsi avoir un impact sur la stabilité même du pays. Il est donc nécessaire pour les pays de prendre les mesures adéquates pour venir en aide à ces enfants afin qu'ils puissent grandir dans des conditions les plus favorables possibles. Il doivent donc leur fournir les moyens de vivre correctement, d'aller à l'école, d'être suivi psychologiquement, etc. Il ne faut pas oublier que l'augmentation du nombre des orphelins et enfants vulnérables est une calamité supplémentaire à l'impact du VIH/Sida en Afrique Subsaharienne. L'épidémie du VIH/Sida affaiblit les populations et les institutions. En effet la surmortalité engendrée par le VIH/Sida entraîne un déficit dans les ressources humaines. Dans les pays les plus durement touchés, les systèmes de santé n'ont souvent pas les moyens humains et financiers de prendre en charge les orphelins et enfants vulnérables. Le système scolaire également est mis à mal à cause de la surmortalité ou de la maladie parmi le corps enseignant. La production agricole, industrielle diminue à cause de 39 l'absentéisme accru des ouvriers touché par la maladie. Les politiques de prise en charge des orphelins et enfants vulnérables pour cause de VIH/Sida doit par conséquent prendre en compte les différents impacts de la lutte contre le VIH/Sida. 40 2 LES INITIATIVES PRISES AU NIVEAU NATIONAL La mise en place de cadres et de politiques stratégiques pour lutter contre le VIH/Sida est le point de départ de toute réponse intelligente, complète et durable. Ces politiques constituent le cadre nécessaire à toutes d'interventions relatives à l'épidémie du VIH/Sida. Elles proposent ainsi des recommandations et des directives quant aux actions de prévention, de traitement, d'appui destinées aux personnes affectées et/ou infectées par le VIH/Sida. Elles sont d'autre part essentielles pour attirer les subventions internationales et permettent aux autorités nationales de redistribuer les fonds alloués à la lutte contre le VIH/Sida vers des programmes spécifiques et cohérents. 2.1 Les initiatives gouvernementales dans la prise en charge des OEV pour cause de VIH/Sida Devant le nombre croissant d'enfants devenant vulnérables des suites du VIH/Sida, l'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland ont mis en place des cadres et stratégies politiques afin de rendre la réponse la plus efficiente et plus cohérente possible. Ces cadres stratégiques sont notamment inspirés des engagements internationaux que les pays ont pris, tels que les Objectifs du Millénaires ou les Conventions relatifs aux droits humains. 2.1.1 Les engagements pris au niveau international La nature mondiale de la pandémie signifie qu’aucun pays ne peut lutter seul contre le SIDA. La maladie ne respecte pas les frontières nationales. De tous les coins du continent, un mouvement se dessine vers une amélioration de la coordination, de la concertation et de la vigueur des actions entreprises pour contenir l’épidémie. Les marchés de la main-d’oeuvre migrante, les corridors empruntés par les voyageurs et les itinéraires des transports routiers ne peuvent être traités unilatéralement par aucun pays. Ainsi les politiques de lutte contre le Sida tendent à se coordonner voire à s'harmoniser afin de lutter plus efficacement contre la pandémie. 2.1.1.1 Atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement 41 Les gouvernements sud-africains, botswanais et swazi, ont tous trois signé la déclaration d'engagement sur le VIH/Sida lors de la Session spéciale des Nations Unies sur le VIH/Sida qui à eu lieu le 25-27 juin 2000 et qui stipule que d'ici 2003, les Etats aient développé des stratégies multisectorielles pour lutter contre le VIH/Sida. Ces plans doivent être menés conjointement avec les porteurs de projet tels que le gouvernement, les ONG, CBO, FBO, le secteur privé, les bailleurs de fond, les personnes vivant avec le VIH/Sida et d'autres partenaires tels que la recherche et l'académie. Réunis en septembre 2000 à l'occasion du Sommet du Millénaire, les dirigeants politiques siégeant à l'ONU ont fixé un ensemble d'objectifs mesurables et assortis de délais pour favoriser le développement. Placés au centre du plan d'action mondial, on les appelle aujourd'hui les « Objectifs du Millénaire ». Ces Objectifs du Millénaire ont pour but de lutter contre l'extrême pauvreté, la maladie, l'analphabétisme, la dégradation de l'environnement, la discrimination envers les femmes, etc. L'Afrique du Sud, le Botswana ainsi que le Swaziland sont signataire de ses engagements. Parmi ces objectifs se trouve celui de stopper la propagation du virus du VIH/Sida. D'ici à 2015, les dirigeants politiques se sont engagés à mettre les moyens en oeuvre pour stopper la propagation du virus et commencer à inverser la tendance actuelle. Trois grands indicateurs ont ainsi été défini pour évaluer l'évolution de la pandémie : le taux de prévalence parmi les femmes enceintes âgées de 15 à 24 ans ; le taux d'utilisation du préservatif sur le taux de prévalence des contraceptifs ; le taux de scolarisation des orphelins par rapport aux taux de scolarisation des autres enfants non-orphelins âgés de 10 à 14 ans. Les Objectifs du Millénaire comprennent également des objectifs concernant la lutte contre la pauvreté et la faim, l'enseignement secondaire pour tous les enfants, la réduction de la mortalité infantile, etc. qui tout comme la lutte contre le VIH/Sida auront des répercussions sur la vie des orphelins et enfants vulnérables. La Déclaration d’engagement sur le VIH/Sida adoptée lors de la Session extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies (UNGASS) sur le VIH/SIDA en 2001 a pour but de renforcer les engagements pris par les dirigeants politiques sur les Objectifs de développement pour le Millénaire en ce qui concerne la lutte contre le 42 VIH/Sida. Elle définit plus en détails les mesures et les programmes qui doivent être mis en oeuvre : campagne de prévention, lutte contre la stigmatisation, mise en place de structures nécessaires, apport des ressources indispensables et assurance de traitements, soin et respect pour les personnes vivant avec le VIH/Sida. Avant toute chose, pour que la réponse apportée à la lutte contre le VIH/Sida soit la plus efficiente possible, il est nécessaire que tous les secteurs de la société participe : des gouvernements au système des Nations Unies et au secteur privé, au monde du travail, aux organisations confessionnelles, aux médias et, surtout aussi, aux personnes vivant avec le VIH et le Sida. « Il est nécessaire, si l’on veut réagir efficacement à l’épidémie, qu’une forte impulsion soit donnée à tous les niveaux de la société. L’impulsion donnée par les gouvernements à la lutte contre le VIH/Sida, pour être décisive, n’est néanmoins pas suffisante: la société civile, les milieux d’affaires et le secteur privé doivent participer pleinement et activement à cet effort. ». La déclaration encourage les pays à mettre en oeuvre des stratégies nationales intégrant les différents acteurs de la lutte contre la maladie. Il s'agit donc, d'une part, d'une intégration horizontale en impliquant les entreprises, les ONG, les médias, etc. et d'autre part une implication verticale en incitant les pouvoirs locaux, nationaux ou régionaux à s'investir. En outre pour mettre en place tous ces programmes, la déclaration demande que soit augmenté tous les crédits budgétaires nationaux versés pour la lutte contre le VIH/Sida, que les pays mettent en place des systèmes de surveillance et d'évaluation des progrès accomplis. Cinq objectifs ont été défini : l'amplification de la prévention notamment auprès des jeunes ; l'amélioration qualitative et quantitative de la prévention de la transmission materno-infantile du VIH ; l'optimisation du traitement des malades ; le développement de la recherche notamment en ce qui concerne la mise au point d'un vaccin et d'une thérapeutique ; et la prise en charge des personnes affectés par le VIH/Sida. Bien sûr toutes ces priorités concernent l'ensemble des personnes infectés ou affectés par le VIH/Sida. Cependant une place importante est faite aux enfants. Nous en retiendrons trois principales. Il s'agit tout d'abord de réduire le taux d'infections par le VIH/Sida des nourrissons dont la mère est infectée. Les services de soins doivent ainsi, dans la mesure du possible proposer aux futures mères séropositives des conseils et soins appropriés. « D’ici à 2005, réduire de 20 p. 100, et d’ici à 2010, de 50 p. 100, la proportion de nourrissons infectés à 43 VIH en veillant à ce que 80 p.100 des femmes enceintes consultant pour des soins prénatals reçoivent des informations, des conseils et autres moyens de prévention de l’infection à VIH, et en faisant en sorte que les femmes et les nourrissons infectés à VIH aient accès à un traitement efficace,afin de réduire la transmission du VIH de la mère à l’enfant, ainsi que par des interventions efficaces en faveur des femmes infectées à VIH, notamment par des services volontaires et confidentiels de conseils et de dépistage, et par l’accès aux traitements, en particulier à la thérapie antirétrovirale et, le cas échéant, à des produits de remplacement du lait maternel, tout en veillant à la continuité des soins ». La prévention auprès des jeunes est également essentielle pour éviter toute nouvelles infections. La déclaration met en avant la nécessaire reconnaissance de la vulnérabilité des enfants et notamment des jeunes filles face au VIH/Sida. « D’ici à 2003, élaborer ou renforcer des stratégies, politiques et programmes qui reconnaissent l’importance du rôle de la famille dans la réduction de la vulnérabilité, en ce qui concerne notamment l’éducation et l’encadrement des enfants , et tiennent compte des facteurs culturels, religieux et éthiques, afin de réduire la vulnérabilité des enfants et des jeunes, en assurant l’accès des filles et des garçons à l’enseignement primaire et secondaire, dont les programmes doivent notamment prévoir des cours sur le VIH/Sida à l’intention des adolescents; en assurant un environnement sans danger, notamment pour les jeunes filles; en développant des services d’information, d’éducation en matière d’hygiène sexuelle et de conseils de qualité axés sur les besoins des jeunes ; en renforçant les programmes dans les domaines de la santé en matière de procréation et de l’hygiène sexuelle ; et en associant dans la mesure du possible les familles et les jeunes à la planification,à l’application et à l’évaluation des programmes de prévention du VIH/Sida et de soins ». Les jeunes ne doivent plus être seulement les receveurs du message de prévention mais en devenir les acteurs. Faire participer les jeunes aux actions de prévention est ainsi le meilleur moyen de les sensibiliser à la lutte contre le VIH/Sida. Enfin la déclaration d'engagement souligne plus fortement l'importance de prendre en compte les effets que peuvent avoir l'épidémie du VIH/Sida sur les enfants infectés mais également affectés par le virus. « Élaborer, d’ici à 2003, et mettre en œuvre, d’ici à 2005, des politiques et stratégies nationales visant à: rendre les gouvernements, les familles et les communautés mieux à même d’assurer un environnement favorable aux orphelins et aux filles et garçons infectés et affectés par le VIH/sida, notamment en leur fournissant des services appropriés de consultation et d’aide psychosociale, en veillant à ce qu’ils 44 soient scolarisés et aient accès à un logement, à une bonne nutrition et à des services sanitaires et sociaux sur un pied d’égalité avec les autres enfants ; offrir aux orphelins et aux enfants vulnérables une protection contre toutes formes de mauvais traitements, de violence, d’exploitation, de discrimination, de traite et de perte d’héritage; Garantir la non-discrimination et la jouissance entière et égale de tous les droits fondamentaux de la personne par la promotion d’une politique active et visible pour faire cesser la stigmatisation des enfants rendus orphelins et vulnérables par le VIH/sida; Exhorter la communauté internationale, et notamment les pays donateurs, les acteurs de la société civile et le secteur privé, à compléter efficacement les programmes nationaux visant à appuyer les programmes en faveur des enfants rendus orphelins et vulnérables par le VIH/sida dans les régions affectées et les pays à haut risque, et à fournir une assistance spéciale à l’Afrique sub-saharienne ». Les gouvernements doivent prendre conscience de l'importance des conséquences négatives que peuvent avoir l'épidémie du Sida sur l'ensemble de la société et notamment sur les enfants. La prise en charge de ces enfants affectés par le VIH/Sida doit ainsi faire partie intégrante des programmes de lutte contre le VIH/Sida et des programmes de développement. Assurer un meilleur avenir à ces enfants en leur permettant de vivre dans de bonnes conditions est primordial. 2.1.1.2 Les principes fondamentaux des Droits de l'Homme et de l'Enfant La protection des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida passe également par le respect des droits de l'Homme et de l'Enfant. Les trois pays ont inclut dans leur Constitution la plupart des droits humains fondamentaux. Ces droits sont pour la plupart issus de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, la convention des droits de l'Enfant, et la Charte africaine sur les droits et le bien-être des enfants. Ces textes définissent les droits fondamentaux des droits humains tels que le droit à la vie, à la liberté de pensée, d'opinion, le droit à la sécurité, à l'éducation, à la santé, à la non-discrimination, etc. Cependant ces principes sont trop larges et ne sont pas suffisamment adaptés aux conditions suscitées par l'épidémie du VIH/Sida26. Dans le contexte de l'épidémie du VIH/Sida, le droit à la santé occupe une place centrale. Cependant, le VIH/Sida a de telles répercussions sur la vie de tous les enfants 26 The role of stigma and discrimination in increasing the vulnerability of children and youth infected with and affected by HIV/AIDS, Arcadia, Save the Children UK, South Africa Programme , 2001, p. 70 45 qu'il peut toucher tous leurs droits : le droit à la vie, à la survie et au développement , le droit à la non-discrimination, le droit de l'enfant à ce que son intérêt soit une considération primordiale, le droit de l'enfant à ce que ses opinions soient dûment prises en considération, etc. devraient par conséquent être des thèmes privilégiés dans l'examen des différents stades de la lutte contre le VIH/Sida : prévention, traitements, soins et soutien. Pour combler le manque de droits relatifs au VIH/Sida, le Comité des droits de l'enfant a donc émis, en juin 2003, l'Observation Générale No 3 sur le VIH/Sida et les droits de l'enfant. Les objectifs de l'observation générale sont de mettre en évidence les droits des enfants vivant dans un monde marqué par le VIH/Sida; de promouvoir la réalisation de ces droits ; de recenser les mesures et les bonnes pratiques pour conseiller les États dans l'exercice des droits liés à la prévention du VIH/Sida ; de contribuer à l'élaboration et à la promotion de plans d'action et de stratégies visant à enrayer la propagation du VIH/Sida et à atténuer ses conséquences aux niveaux national et international. 2.1.2 Les politiques et programmes mis en oeuvre pour la protection des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida Dans le cas spécifique de l'épidémie du VIH/Sida, beaucoup d'acteurs ont un rôle à jouer dans la lutte contre le VIH/Sida : les gouvernements, les bailleurs de fonds, les ONG, les entreprises, les communautés affectés et les individus. Cependant toutes les initiatives prises au niveau local ou national doivent être coordonnées, harmonisées pour être les plus efficaces possibles. Il est donc essentiel pour les gouvernements de mettre en oeuvre des politiques pour faciliter la coordination entre les différents secteurs pour améliorer la réponse donnée à l'épidémie. 2.1.2.1 Les politiques nationales de lutte contre le VIH/Sida et pour la protection des enfants infectés et/ou affectés L'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland ont tous mis en oeuvre des politiques de lutte contre le VIH/Sida et pour la protection des enfants. Outre les politiques de Santé publique, principalement dirigées vers la diminution des taux d'infections au VIH/Sida, des politiques publiques relatives à l'éducation, à la non-discrimination et au soutien psychologique ont également vu le jour. 46 2.1.2.1.1 Les politiques nationales de lutte contre le VIH/Sida Avec l'augmentation du taux de prévalence du VIH/Sida, il était impératif pour les gouvernements d'Afrique Australe de mettre en oeuvre des politiques de lutte contre le VIH/Sida dès le début de l'épidémie afin d'éviter la transmission du virus. Cependant les politiques publiques mises en place en Afrique du Sud, au Botswana et au Swaziland au début de l'épidémie n'ont pas été suffisamment énergique pour limiter la propagation. Les gouvernements ont donc dû remettre en question leurs politiques pour établir des plans d'action nationaux incluant une approche globale et multisectorielle de la réponse. 2.1.2.1.1.1 Début de l'épidémie Les premiers cas de VIH/Sida en Afrique Australe ont été détectés au début des années 198027. Considérer au départ comme une maladie se transmettant principalement entre les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, le Sida était géré au même titre que les maladies sexuellement transmissibles et était intégré aux programmes de Santé Publique du Ministère de la Santé. Cependant à la fin des années 1980, le nombre de transmissions via des relations hétérosexuelles égala celles via des relations homosexuelles ; l'épidémie commença alors à prendre des proportion inquiétante. Après la détection du premier cas de VIH/Sida, le Botswana adressa comme principale réponse l'amélioration du criblage d'anticorps pour les dons de sang afin d'éviter tous risques de transmissions d'infections par transfusions ou injections. Devant l'augmentation du nombre de personnes vivant avec le VIH/Sida, le gouvernement établit, en 1989, le premier Medium Term Plan (MPT). Ce plan élargit la réponse apportée en proposant des programmes d'informations, d'éducation, de communication pour rendre la population plus vigilante aux risques d'infections. En 1993, le Botswana dressa également une politique national sur le VIH/Sida : le National Policy on AIDS. Cependant la réponse resta toujours de faible ampleur et le nombre d'infections au virus continua d'augmenter. Tout comme le Botswana, le Swaziland initialisa un programme de lutte contre le VIH/Sida en 1989, le Swazi National Aids Program (SNAP), sous la direction du Ministère de la Santé et des Affaires Sociales. Le programme national sur le Sida en 27 1985 au Botswana, 1982 en Afrique du Sud 47 collaboration avec des ONG lança une campagne d'information et de prévention sur les risques d'infections au VIH/Sida accompagnée de programme de distribution de préservatifs. Une cellule de veille de surveillance fut également été mis en place en 1992. En Afrique du Sud, la mise en place des premières politique de santé pour lutter contre le VIH/Sida fut débuta, comme pour ses voisins au début des années 1990. Alors que le taux de prévalence au VIH/Sida des femmes fréquentant les services de maternité ne cessait d'augmenter, l'Afrique du Sud instaura un comité chargé de coordonner les actions menées dans la lutte contre le VIH/Sida. Sous l'impulsion de Nelson Mandela, le gouvernement lança en 1992 le National AIDS Convention of South Africa (NACOSA). Son but était de commencer a développer une stratégie nationale pour stopper la propagation. Des centres d'information, de conseils et de formations ainsi qu'une ligne téléphonique gratuite d'assistance sur le Sida furent créés. Cependant le gouvernement ne conduisit que peu d'actions les années suivantes et la stratégie du NACOSA se révéla trop pauvre et désorganisée. Ces premières politiques publiques, élaborées dans les premières années de l'épidémie, se révélèrent largement insuffisante pour lutter contre la propagation du virus. Elles étaient principalement dirigées vers la prévention et sous-estimait l'impact de l'épidémie sur les personnes infectées et leur famille. Devant la propagation fulgurante de la maladie, l'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland changèrent de stratégie dans la gestion de la crise et choisirent de renforcer leur réponse nationale. Ils privilégièrent alors une approche plus globale de l'épidémie du VIH/Sida car celle-ci, de part sa propagation, entraîne non seulement un risque pour les personnes touchés mais également pour le développement même du pays. Au début des années 2000, l'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland, à l'image des recommandations faites lors du Sommet du Millénaire, mirent en place des politiques intégrant tous les secteurs de la société. 2.1.2.1.1.2 Les années 2000 Conformément aux prescriptions de la Déclaration Internationale sur le VIH/Sida faîte lors de la Session spéciale des Nations-Unis en 2000, l'Afrique du Sud, le Bostwana et le Swaziland entreprirent d'orienter leur lutte contre l'épidémie par une approche plus 48 globale et multisectorielle. Les trois pays établirent des cadres stratégiques nationaux dont le but est de répondre à la propagation de l'épidémie par des politiques plus étendues et faisant participer l'ensemble des secteurs tels que le gouvernement, les ONGs, le secteur privé, les personnes vivant avec le VIH/Sida, la recherche, les établissements académiques, etc. Conscient que les politiques précédentes ne suffisaient plus, le gouvernement botswanais a choisi en 1997 de élargir sa réponse à différents domaines : éducation, prévention et soins complets et notamment l'approvisionnement des malades en traitement ARV. Le Medium Term Plan II est alors mis en place. Pour épauler le gouvernement dans ses politiques de lutte contre le VIH/Sida a été créé, en 1999, le National AIDS Council (NAC), sous la direction du ministre de la Santé. Il s'agit d'un organisme chargé de conseiller le gouvernement sur l'ensemble des problèmes relatifs aux VIH/Sida. Il a pour rôle de superviser et de contrôler l'exécution des programmes et des stratégies. Une agence de coordination nationale a été constituée par la suite pour servir de secrétariat à la NAC : la National AIDS Coordinating Agency (NACA). L'objectif principal du Medium Term Plan II est de limiter le nombre d'infections via des actions de prévention afin que les personne qui ne sont pas infectés par le VIH/Sida le demeure. Pour atteindre cet objectif des sous-objectifs ont été déterminés : accroître le nombre de personnes sexuellement actives qui utilisent des moyens de protection face au virus du VIH/Sida d'ici 2009 ; diminuer le taux de transmission du virus de la mère à l'enfant d'ici 2009 ; diminuer l'infection au virus via les transfusions sanguines. Avec l'ambition de fournir à tous ceux qui en ont besoin des ARV, le gouvernement évalua la faisabilité, pour le pays, de distribuer des ARV via le secteur public. C’est ainsi qu’en 2001, le Botswana est devenu le premier pays d’Afrique Australe disposant d’un programme national qui offre un ensemble complet de prise en charge et de soins par l’intermédiaire de son système de santé publique, comprenant non seulement la distribution de médicaments contre les infections opportunistes, mais aussi d'ART. Les programmes ART commencèrent dans un seul site en janvier 2002, mais après un démarrage lent se sont rapidement étendus, ce qui a permis à environ la moitié des PVVIH de recevoir une médication avant la fin de l'année 2004. Pour définir et guider les politiques publiques de lutte contre le VIH/Sida, le Botswana élabora en 2003 un Cadre National Stratégique : le 2003-2009 National Stratégic Plan. Le cadre stratégique 2003/2009 du Botswana, vient ainsi renforcer les 49 initiatives gouvernementales prises depuis 1997. Au Swaziland, le National Emergency Response Comitee HIV/Aids Agency (NERCHA) a été crée en 2003 sous l'égide du Premier Ministre. Ce comité a pour rôle principal de contrôler et de coordonner les programmes de lutte contre le Sida. L'ensemble des programmes sont inspirer par les plans stratégiques élaborés en 2000 et 2006 : le 2000-2005 National Strategic Plan et le 2006-2008 Multisectoral Strategic Plan. Ces Plans stratégiques ont pour objectifs d'évaluer l'impact des interventions, les succès et les échecs rencontrés afin de faciliter et d'améliorer la réponse. Ils privilégient une approche multisectorielle basée sur la prévention, la prise en charge et le traitement des personnes vivant avec le VIH/Sida, la réduction de l'impact de l'épidémie sur la population et la gestion de la réponse nationale. Afin d'avoir une réponse plus efficace et plus durable, NERCHA tente dans la mesure du possible d'utiliser les structures existantes pour prodiguer les soins et services pour les PVVIH et les populations affectées. En Afrique du Sud, la situation a été relativement différente. Les vues du président Thabo Mbeki et de son Ministre de la Santé, Dr Manto Tshabalala-Msimang, sur les causes et le traitement du SIDA ont suscité beaucoup de controverses en Afrique du Sud. En demandant, à la veille de la Conférence Internationale sur le VIH/Sida de Durban en avril 2000, la création d'un groupe de recherche sur le Sida comprenant des scientifiques orthodoxes ainsi que des scientifiques plus « sceptiques » - remettant en question les liens de causalité entre le VIH et le SIDA- le Président Sud-africain s'est vu fortement critiqué. Thabo Mbeki et son gouvernement ont essentiellement posé la question du rapport bénéfice/toxicité de deux substances proposées pour diminuer la transmission de la séropositivité de la mère à l'enfant, qui sont l' AZT et la Nevirapine, à la suite d'études assez circonstanciées effectuées par l'avocat sud-africain Anthony Brink Les instances internationales aussi bien que les associations représentant les personnes vivant avec le VIH/Sida en Afrique du Sud ont largement reproché au Président ses prises de position sur la question du VIH/Sida28. Même si les controverses sur le lien de causalité entre VIH/Sida reste toujours très présent, l'Afrique du Sud jouit aujourd'hui d'un projet plus orthodoxe et compréhensif 28 Malgré la critique que le gouvernement n'a œuvré ni assez ni suffisamment vite pour combattre la pandémie, les militants luttant contre le SIDA ont cependant applaudi ce gouvernement lorsqu'il a défendu la production de médicaments génériques moins coûteux par les pays les moins fortunés, et remporté le procès entrepris par des sociétés pharmaceutiques multinationales en avril 2001 50 pour combattre les effets du VIH et du SIDA. Le gouvernement a ainsi lancé un plan national pour lutter contre l'épidémie : le National Stratégic Plan for HI/AIDS and STD pour la durée de 2000/2005. Le plan d'action a deux principaux objectifs : limiter le nombre d'infections au VIH/Sida, particulièrement chez les jeunes, et réduire l'impact de l'épidémie sur les familles, les communautés et les individus. Le plan d'action est basé sur quatre zones : la prévention, le traitement, les soins et les aides, et les droits humains et légaux. Pour assurer la mise en oeuvre du National Strategic Plan for HIV/AIDS and STD, le gouvernement créé le South African National Council (SANAC) en 2000. Celui-ci a pour rôle de créer et de renforcer les partenariats avec le secteur privé dans le but d'améliorer la réponse ainsi que d'examiner et d'évaluer les résultats des programmes menés. Il défini, entre autres, les stratégies pour la prise en charge des orphelins telles que l'accès à l'ensemble des services de base comme la nourriture, le logement, l'éducation, les soins, la prise en charge familiale et communautaire, et la protection contre les abus et la maltraitance. L'originalité de ces cadres stratégiques nationaux par rapport aux politiques publiques précédentes est qu'il reconnaît l'importance des facteurs contextuels, notamment ceux caractéristiques des pays à faibles et moyens revenus. Ces cadres stratégiques choisissent d'intégrer une stratégie social de développement plus large. De plus il reconnaît que les problèmes de santé dont ceux relatifs au VIH/Sida, ne peuvent être réglés qu'en développant et améliorant le système de santé en entier afin de proposer des programmes équitable et de qualité. 2.1.2.1.2 Les politiques publiques pour la protection des enfants vulnérables En parallèle aux politiques publiques de lutte contre le VIH/Sida, les pays sudafricains, botswanais élaborèrent des politiques publiques en faveur de la protection des enfants. Au Botswana, un programme national pour les orphelins a été mis en place en avril 1999 pour répondre aux besoins immédiats d'enfants devenus orphelins. L'objectif principal de ce programme est d'établir une politique national complète sur les orphelins -orphelins pour cause de VIH/Sida ou non-, basée sur la Convention des droits de l'Enfant. 51 En 2001, l'Afrique du sud a mis en oeuvre un plan d'action pour limiter l'impact de l'épidémie sur la population, et, en particulier sur les enfants : le National Integrated Plan for Children and Youth Infected and Affected by HIV/AIDS (NIP). Celui-ci défini, entre autres, les stratégies pour la prise en charge des orphelins telles que l'accès à l'ensemble des services de base comme la nourriture, le logement, l'éducation, les soins, la prise en charge familiale et communautaire, et la protection contre les abus et la maltraitance. Un Comité d'action national pour les enfants affectés par le Sida : le National Action Committee for Children Affected by AIDS (NACCA) a ensuite été crée en 2002 lors de la Conférence « A call for coordinated action for children affected by HIV and Aids ». Le but de ce cadre politique est de promouvoir un environnement législatif et politique favorable pour un engagement plus effectif envers les enfants affectés. Il s'agit d'encourager la flexibilité, l’harmonisation et la coordination entre les différentes législations, politiques et régulations dans et entre les départements d’Etat et entre les porteurs de projet à tous les niveaux. Le rôle de ces politiques est de passer en revue et de développer les politiques de protection de l'Enfant, de construire et de renforcer la capacité institutionnelle de prise en charge, de fournir des services de protection sociale, de soutenir des initiatives à base communautaire et de contrôler et d'évaluer les activités mis en oeuvre. Pour ce faire, les politiques nationales sud-africaines et botswanaise travaillent en collaboration avec les acteurs de la société civile tels que les ONG, les entreprises, etc. Au Swaziland, les cadres d'une politique national pour les enfants à été réalisée en 2003 avec pour but d'assister les travailleurs sociaux encadrant les enfants. Il s'agissait notamment d'éviter que les aides alloués aux enfants vulnérables ne soient détournées par leurs tuteurs. Cependant cette politiques n'est toujours pas mis en place. Pour pallier à l'augmentation du nombre des orphelins, le Royaume du Swaziland a fait renaître une ancienne coutume : les Indlunkhulu. NERCHA a choisi de fournir les services nécessaires aux enfants vulnérables via le système de chefferie. Le royaume du Swaziland est divisé en 368 Imphakatsi ou chefferies. Il s'agit des structures vers lesquelles ce tourne en premier les familles rurales lorsqu'elles ont besoin d'assistance. Dans la loi et la coutume swazi, les chefs sont responsables de la prise en charge des orphelins dans sa région. Même si ce système n'a pas perduré que dans peu de chefferie, cette ancienne 52 pratique fourni une base pour créer un mécanisme durable de distribution de nourriture (Indlunkhulu). pour les orphelins et enfants vulnérable. L'Afrique du sud est le seul des trois pays à avoir mis en place une politique spécifique de protection des enfants vulnérables pour cause de VIH/Sida, accompagnée d'un organe de coordination. Le Swaziland et le Botswana ont, pour leur part, intégré le problème des enfants affectés par le VIH/Sida au sein de leurs politiques de lutte contre le VIH/Sida. 2.1.2.2 La protection légale des OEV Les trois pays sont signataires de différentes conventions et chartes relatives aux droits fondamentaux de l'Homme. Cependant l'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland n'ont pas traduits ces textes dans leur droit national de la même façon. A la fin de l'apartheid, l'Afrique du Sud a établit une nouvelle constitution, incluant la plupart des droits humains fondamentaux. La Constitution de la République Sud Africaine donne des droits et une protection particulière aux enfants. La Constitution reconnaît que les enfants représentent un groupe vulnérable qui a besoin d'une protection spéciale. Les principaux droits fournis aux enfants sud-africains sont définis dans la section 28 du Bill of Rights. Celui-ci contient des droits spécifiques pour les enfants : la protection contre les abus, la maltraitance, la négligence ; la protection contre l'exploitation physique. Elle promeut également le meilleur intérêt de l'enfant : chaque action concernant un enfant devant être fait au regard de son meilleur intérêt.29 Au Botswana, la séparation entre les différents ministères de la réponse juridique en faveur des orphelins du VIH/Sida a rendu la tâche plus difficile. L'Agence de Coordination de SIDA nationale (NACA), a parmi d'amorcer une coordination entre ces différents ministères. Cependant les lois de protection en faveur des enfants et les politiques sont fragmentées et bien souvent dépassées. Un effort a été fait pour établir des directives pour favoriser d'enfants. Le Children Act est le principal outil juridique qui protège le droit des enfants. Cependant, le département de protection sociale estime qu'il n'est pas adéquat pour protéger les orphelins en ce qui concerne notamment les affaires de destitution et de 29 The role of stigma and discrimination in increasing the vulnerability of children and youth infected with and affected by HIV/AIDS, Arcadia, Save the Children UK, South Africa Programme , 2001, p. 70 53 spoliation30. Le Swaziland est également signataire de plusieurs instruments internationaux; cependant, les politiques et l'environnement législatif swazi rendent difficile la réponse aux défis présentés par l'épidémie. L'élaboration de politique est inadéquat et les processus de législation sont très lents. Ceci est notamment dû aux réticences face à l'émancipation des femmes et des enfants. Par conséquent, certains des instruments internationaux n'ont pas été traduits dans des lois nationales et les politiques. Par exemple, des instruments internationaux comme la Convention sur les Droits de l'Enfant (CRC) ont été ratifiés, mais doivent encore être domestiqués. Il y a eu des efforts pour légiférer et créer les structures qui fournissent un environnement protecteur pour les droits légaux et sociaux des orphelins et des enfants vulnérables, tels que des comités de protection de l'enfant et des cours de justice communautaires. Cependant, ces structures ne sont soutenu par aucune législations et ne font remonter que peu de cas d'abus et de violence sur les enfants. Par ailleurs, même lorsque les instruments législatifs de protection des enfants existent, les individus ne se les ont pas toujours appropriés. C'est le cas par exemple pour l'enregistrement des naissances. Même si dans les trois pays, les nouveaux-nés ont la possibilité d'être inscrits sur des registres nationaux, encore trop peu de parents ont pris cette habitude. Les pays ont lancé ainsi des campagnes d'information pour sensibiliser les adultes à l'importance de cet enregistrement. Par ailleurs les corps législatifs sud-africains, botswanais et swazi ont pris des mesures pour augmenter le droits des personnes vivant avec le VIH/Sida, et plus particulièrement en ce qui concerne la discrimination31. 2.1.2.3 Le financement des politiques publiques Afin de financer les différents programmes pour venir en aide aux enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida, les gouvernement d'Afrique du Sud, du Botswana et du Swaziland utilisent les fonds provenant de leur propre revenu et bénéficient de subventions provenant d'organismes nationaux ou internationaux. 30 situation analysis report on the plight of orphans and vulnerable children in palapye and letlhakeng: botswana, gn tsheko, m segwabe, lw odirile, sd tlou 31 Voir section stigmatisation et discrimination 54 Au Botswana, on estime que pour l’exercice financier 2002-2003, le gouvernement dépensa 69,8 millions USD pour des programmes liés au VIH/SIDA, ce qui représente 60% du total des dépenses relatives au VIH/SIDA dans le pays, à l’exclusion des frais indirects. En outre, le Botswana bénéficie d'une aide importante de la part de plusieurs bailleurs de fond. Parmi les plus grande initiatives des partenaires financiers du Botswana ce trouve le African Comprehensive HIV/AIDS Partnerships (ACHAP) et le projet BOTUSA. ACHAP est une collaboration entre le gouvernement du Botswana, la fondation Bill et Mélinda Gates et la fondation de la Merck Company. ACHAP a été créé en juillet 2000 est a pour vocation de soutenir la réponse botswanaise au VIH/Sida jusqu'en 2009. Les fondations Bill et Melinda Gates et Merck Company ont chacun remis une somme de 50 millions USD. La dépense totale de l'ACHAP en 2002 dépassait ainsi 41 millions USD. C'est en partie grâce à ACHAP que le programme national ARV, appelé Masa 32 a été initié et fonctionne depuis. En 1995, le CDC, US Centers for Disease Control and Prevention, et le gouvernement du Botswana ont débuté une collaboration appeler BOTUSA, pour travailler sur les recherches de santé publique et les programmes pour combattre la tuberculose et le VIH/Sida. BOTUSA fait aujourd'hui partie du President's Emergency Plan for AIDS Relief (PEPFAR). L'Afrique du Sud dépense un total de 33.3 millions USD sur des programmes de HIV/SIDA soit 0.78 USD par personne ou 6.65 USD par PVVIH. Ce niveau de financement a fortement augmenté au cours des années. La principale source de financement pour les actions de lutte contre le VIH/SIDA en Afrique du Sud est le revenu gouvernemental. L'appui de donateur a représenté 0.2% du revenu gouvernemental en 1998, soit le niveau le plus bas d'aide de développement internationale parmi les trois pays. Les sources externes de financement de la santé compte pour moins d'un pour cent du revenu total pour le secteur de Santé publique. Les exemples de sources externes du VIH/SIDA sont des donateurs bilatéraux (par exemple, USAID, DFID), des donateurs multilatéraux (par exemple, l'UE), des affaires (par exemple, Telkom) et des fondations (par exemple, Kaiser Home-base). 32 Programme pour l'accès aux ARV des personnes infectés par le VIH/Sida 55 Les dépenses de santé publique au Swaziland ont augmenté de 1.9% en 1990 à 3.0% en 2000 : soit de 33 à 56 USD par personne. En 2001-2002 le gouvernement Swazi a dépensé million 1.4 millions USD sur des programmes de VIH/SIDA. Par personne les dépenses par PVVIH sont de 8.33 USD. En 2001-2002, le Ministère des Finances a alloué un total de 3.7 million USD à NERCHA. Le Swaziland reçoit des subventions annuelles pour le VIH/SIDA d'approximativement 5.3 millions USD, c'est-à-dire, 5.06 USD par personne et 31.09 par PVVIH. La dépense totale de HIV/SIDA fondamentale pour 2001-2002 était de 6.7 millions USD ou 0.46% du produit intérieur brut :soit 6.41 USD par personne et 18.62 USD par PVVIH. Le gouvernement du Swaziland finance donc un cinquième des dépense totales relatives au VIH/SIDA et alors que les subventions représentent 79%3334. Le Botswana, le Swaziland mais aussi l'Afrique du Sud, bénéficient d'aides financières importantes de la part des grands bailleurs de fond. Cependant on peut se poser la question de l'influence de ces bailleurs de fond sur les politiques nationales. La prépondérance de la coopération américaine, au Botswana, pourrait amener le gouvernement à en privilégier les orientations – notamment les plus conservatrices – comme le fait d'insister sur l'abstinence dans la définition de la politique de prévention… À cet égard, l'option du gouvernement pour l'utilisation de médicaments de marque et le refus de s'approvisionner en génériques est également discutable et hasardeux pour la pérennité du programme. 2.1.3 Permettre aux enfants d'accéder aux services de base Malgré les priorités nationales des différents pays pour assurer que tous les enfants aient accès aux différents services, de larges fossés persistent. Si certains enfants ont des difficultés pour accéder à certains services, il y a un nombre dangereux d’entre eux qui sont en moins bonne santé, qui ne reçoivent pas une éducation adéquate ou des traitements nécessaires. L’une des données les plus significatives sont les données sur la scolarisation : il existe un taux moins élevé de scolarisation chez les orphelins que chez les non orphelins. Pour combler ce fossé, les pays d'Afrique du Sud, du Botswana et du Swaziland ont tous mis en place des politiques pour venir en aide aux enfants infectés et/ou affectés par 33 A Comparative Analysis of the Financing of HIV/AIDS Programmes in Botswana, Lesotho, Mozambique, South Africa, Swaziland and Zimbabwe OCTOBER 2003 34 Voir Annexes 56 le VIF/Sida. Ces politiques publiques dépendent soit des politiques de lutte contre le VIH/Sida, soit des politiques de prise en charge et de protections des enfants. 2.1.3.1 La prévention Les politiques de Santé pour les enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida dépendent des Ministères de la Santé. Ils exécutent ainsi les politiques mise en place au début des années 2000 relatives à la lutte contre le VIH/Sida. Ces politiques de lutte contre le VIH/Sida concernent en règles générale toutes les personnes affectées par le VIH/Sida. Cependant certaines dispositions sont prises pour soutenir plus particulièrement les enfants et adolescents infectés par le VIH/Sida. 2.1.3.1.1 Les campagnes de prévention Afin d'éviter que les personnes non infectées par le VIH/Sida le reste, de nombreuses campagnes de prévention ont été lancé par les gouvernements pour sensibiliser les individus et plus particulièrement les jeunes sur les différents risques de transmissions du virus. Ces politiques de prévention ont été les premières initiatives prises par les gouvernement pour limiter l'augmentation du taux d'infection au VIH/Sida. Ces campagnes ont pour but principal de faciliter le changement de comportement des personnes en ce qui concerne l'hygiène sexuelle et la santé reproductive. Selon le rapport swazi du Behavioral Surveillance Survey (BSS) de 2002, la connaissance en matière de VIH/Sida semble être relativement importante parmi la population, cependant celle-ci ne c'est pas traduit par un large changement de comportement. Il est donc nécessaire pour le gouvernement swazi de redoubler d'efforts de prévention. Des campagnes d'information et de communication ont été lancé au Swaziland pour inciter un changement de comportement en matière sexuelle. Ces campagnes de prévention se sont principalement déroulées via les outils d'information et de communication. Cependant ces campagnes de prévention n'atteignent pas l'ensemble de la population. Certains catégories de la société et certaines communautés rurales sont ainsi isolées des programmes de prévention. Les campagnes de prévention sont donc limités et par conséquent peu efficaces. De plus l'affirmation par certains guérisseurs traditionnels 57 ou par certains charlatans qu'un traitement et une guérison du VIH/Sida est possible entravent les efforts de prévention mis en oeuvre. Il existe, d'autre part, des tentatives de prévention dans le milieu scolaire, incluant l'acquisition de connaissances sur le VIH/Sida. Le programme scolaire sur le VIH/Sida est l'un des composants les plus vieux de la réponse nationale, amorcés par le Care International en 1991 puis par School HIV/AIDS and Population Education (SHAPE). Le VIH/Sida et les questions relatives au SIDA ont été intégrés dans les programmes d'études de lycée et en école primaire. Le processus d'intégrer des questions aux niveaux préscolaires et tertiaires est en cours. Cependant, l'envergure du programme scolaire est limitée, étant donné que de nombreuses écoles manquent d'enseignants, de conseils ou d'appui administratifs. Le Botswana a lancé différents types de programmes de prévention dont certains destinés aux enfants et les adolescents. Les programmes de prévention inclus l'augmentation de la vigilance aux risques d'infections, l'éducation des jeunes enfants et la distribution de préservatifs. Dans ce but, plusieurs projets ont été mis en place pour cibler les jeunes. Un programme a d'ailleurs été lancé : « the Behavioural Change Intervention and Communications » qui a pour but de coordonner l'ensemble des programmes nationaux de prévention. Le ministère de l'éducation, en collaboration avec l'ACHAP, le PNUD et l'UNFPA a également développé un programme pour renforcer les capacité du secteur éducatif à envisagé l'épidémie du VIH/Sida. Construit sur le modèle du célèbre programme brésilien intitulé TV Escola, ce programme a fourni des postes de télévision et des magnétoscopes à 325 des 979 écoles, collèges techniques et centres d’enseignement du pays et diffuse deux fois par semaine une émission appelé Talk Back. Il propose ainsi du matériel éducatifs incluant des posters, des calendriers, des vidéos, et des outils pédagogiques pour aider les enseignants à parler de prévention à l'école. Ce programme tente d'améliorer la connaissance des professeurs sur l'épidémie, de démystifier et de dé-stigmatiser la maladie, et de participer au brisement de tabous et de croyances culturelles sur la sexualité.35 En Afrique du Sud, LoveLife est la campagne de prévention de HIV la plus importante d'Afrique du Sud. La campagne, lancée en 1999, vise spécifiquement les jeunes 35 "Teacher Capacity-Building Programme", ACHAP website, accessed November 2005 58 et a pour objectif de réduire les taux de grossesse chez les adolescentes, les taux de transmission du VIH/Sida et des infections sexuellement transmises parmi des jeunes Sud-Africains. Pour ce faire, une campagne médiatique à été organisée, une ligne d'assistance téléphonique, des centres de conseils sur la santé sexuelle etc. ont été mis en place pour conseiller les jeunes. Cependant la position officielle du gouvernement ainsi que la remise en question de certains politiciens de la position orthodoxe sur le VIH/Sida, tendent à remettre en question l'efficacité des campagnes de prévention. Le président Mbeki souligna à plusieurs reprises l'importance d'un bon régime pour stopper la progression de SIDA, de même la Ministre de la Santé Manto Tshabalala-Msimang, recommanda aux personnes infectés par le VIH/Sida de manger de la betterave et l'ail pour repousser la maladie. Ces prises de position ont été fortement critiqué par les associations de lutte contre le VIH/Sida puisqu'elles minent leurs efforts pour lutter contre l'augmentation des taux d'infections. 2.1.3.1.2 La PTME A la fin de 2001, seulement 1% des Africaines qui en avaient besoin avaient accès au traitement de prévention de la transmission mère-enfant. Toutefois, certains pays ont fait des progrès, notamment le Botswana, qui fait parti des 9 pays en développement procurant un traitement antirétroviral à plus de 40% des femmes enceintes infectées. En Afrique du Sud et au Swaziland les chiffres sont plus préoccupant. Seulement 14,6% des femmes infectées en Afrique du Sud reçoivent un traitement pour prévenir la transmission mèreenfant. Et 11,6% au Swaziland. Le Botswana fait figure d'exemple au sein des pays d'Afrique Sub-Saharienne. Le gouvernement a pris deux décisions de politique générale importantes : en 1998, il a décidé de fournir une thérapie gratuite pour la prévention de la transmission mère-enfant (TME) du virus, et en 2001, il a approuvé des plans pour la fourniture gratuite d’antirétroviraux dans le cadre de la politique nationale globale de soins. Le programme pilote relatif à la PTME a commencé en 1999 à deux endroits, Gaborone et Francistown, et a été étendu à tout le pays en 2002. En décembre 2002, on estimait qu’on était parvenu à réduire de 21,9% la transmission mère-enfant. Le retard de l'Afrique du Sud est expliqué par la réticence du gouvernement à autoriser les doses de névirapine au femmes enceintes séropositives. Suite à une plainte 59 déposé par la TAC, la Haute Cour de Justice de Prétoria ordonna au gouvernement , le 14 décembre 2001,de mettre de mettre en oeuvre la prophylaxie de la transmission maternoinfantile par la névirapine. La prévention de la transmission de la mère à l'enfant est donc mis en place en avril 2002. Ce programme de prévention a évoluer significativement depuis son lancement. Au total 3064 sites proposait des services de PTME en 2005. Le programme de PTME propose aux futures mères des conseils et des tests de préventions ainsi que du lait artificiel, quand cela est approprié, pour que les mères puissent nourrir leur enfant. Au Swaziland, bien que les services de PTME soient mis en oeuvre dans le pays et que des directives nationales sur la PTME soient disponibles, aucune politique nationale de PTME n'est actuellement mise en place. La couverture des services reste ainsi limitée et des directives disponibles ne sont pas complètes. De plus le pays manque de mécanismes de suivi des personnes dépistées et des programmes d'appui de la communauté. En outre, les services de maternité et de pédiatrie manquent considérablement de ressources humaines formées dans la PTME. 2.1.3.1.3 La sécurité des soins La transfusion par sang contaminé est un moyen d'infection au VIH/Sida non négligeable. Alors que les transfusion de sang étaient une cause importante des transmission du virus au début de l'épidémie. Les infections dues au sang contaminé par le VIH/Sida a fortement diminué grâce à la mise en place de stratégies nationales pour assurer la sécurité des dons de sang. Selon les rapport fournis par les gouvernement à l'UNGASS, les trois pays aurait une sécurité de sang de 100%. Ceci est dû au dépistage du sang, à l'utilisation de donneurs à faibles risques et la promotion de l'utilisation de cliniques appropriées dans le dons du sang. Dans les trois pays, le sang est récolté sur des volontaires non-rémunérés. Il est par la suite analyser pour détecter la présence éventuelle de maladies transmissibles. Cependant au Swaziland, en raison de la haute fréquence d'infection de HIV dans le pays, la population potentielle de donneurs de sang sûrs a baissé aboutissant au manque de don de sang. Il est évalué que le pays rassemble actuellement environ 6,000 unités de sang au lieu des 10 000 unités exigés annuellement. Pour résister à la perte de donneurs de sang sûrs adultes, le service de transfusion de sang rassemble maintenant le sang donné par des écoliers entre 15 à 19 ans. De plus, au Swaziland, le service de transfusion de sang national manque de capacité pour rassembler simultanément le sang collecter dans toutes 60 les régions du pays. Le développement du service de transfusion de sang dans le pays est d'autant plus compromis que le gouvernement tarde à adopter la politique de transfusion de sang nationale et les directives nationales pour l'utilisation raisonnable de sang. 2.1.3.2 Le dépistage et les traitements Le dépistage et le traitement des enfants infectés par le VIH/Sida est essentiel pour aider les enfants à mieux vivre et pour limiter la surmortalité des enfants pour cause de VIH/Sida. Il est essentiel que ces enfants soit dépister, soignés et suivis par des professionnels soignants afin limiter les effets de la maladie. 2.1.3.2.1 Le dépistage Le dépistage et le conseil sur le VIH/Sida est l'une des principales interventions pouvant potentiellement améliorer la vie des séropositifs et des personnes non-infectées. La connaissance de sa séropositivité est une chose préalable pour prendre des décisions sur un changement de comportement. Cette connaissance peut être un facteur de motivation tant pour les séropositifs que pour les personnes séronégatives pour avoir des comportement sexuel plus sûr, de décider si ils devraient avoir des enfants ou de chercher des mesures pour empêcher la transmission de mère-à-enfant. Le Swaziland fournit les services au sein de centres mais possède également des unités mobiles qui ont été mis en place grâce à des directives nationales sur le dépistage et le conseil sur le VIH/SIDA national guidelines for HIV/AIDS Testing and Counselling développé en 2002. Cependant la couverture nationale de ces centres sont inadéquate et insuffisante ; en conséquence, beaucoup de centres de dépistage et de conseils ont de longues files d'attente. Les conseillers sont surchargés et la qualité des conseils peut en être compromise. En 2004 il y avait vingts sites de dépistage et de conseil au niveau national et dix seront être implantés en 2006. Malheureusement, la plupart des services de dépistage et de conseil sont placés dans les principales zones urbaines et donc difficile d'accès pour les communautés rurales et les petites villes. En Afrique du Sud, le dépistage volontaire et le conseil sont une partie importante de la stratégie de prévention de VIH/Sida. Un certain nombre de services de dépistage et de conseil sont apparus en Afrique du Sud ces dernières années, et sont particulièrement 61 dirigés vers les femmes enceintes et les jeunes. Bien que l'expansion de ces centres aient été encourageante, une étude régionale effectuée en 2005 a suggéré que les hommes consultaient beaucoup moins les services de dépistage que des femmes. Cette différence est certainement due aux crainte des hommes de voir leur statut révélé. L'enquête montre également que certains hommes considèrent que le fait de connaître leur statut représente un fardeau36. Depuis 2000, le Gouvernement du Botswana et le US Center for Diseases Control and Prevention (CDC) a soutenu le réseau Tebelopele qui met en place des centres de dépistage et de conseil, qui propose une aide confidentiels à l'ensemble des botswanais sexuellement actif agé de 18-49 ans. Avant octobre 2005, le réseau s'était étendu à seize centres et huit centres satellites et avait fourni des services de dépistage gratuits à plus de 230 000 personnes. Tebelopele est devenu une organisation non gouvernementale indépendante en 2004. Les centres de Tebelopele ont été soutenus par les campagnes "Know your Statut" et "Show you care", campagnes qui ont été diffusée via des panneaux d'affichage, des arrêts d'autobus, des bannières, des encarts publicitaire et des programmes radiophoniques réguliers partout dans le Botswana. L'ACHAP en collaboration avec l'association « Botswana Christian AIDS Intervention Programme » (BOCAIP) a établi onze centres de conseil complémentaires. Avant septembre 2005, ces centres avaient offert la formation à 447 conseillers et reçu 70 000 personnes au sein de leurs centres. Malgré tout, la majorité des personnes dans les trois pays n'ont jamais été dépisté et par conséquent ne connaissent pas leur statut. Au Swaziland par exemple il est évalué que seul 20% de la population connaît sont statut. 2.1.3.2.2 Les traitements Les trois pays ont eu des politiques relativement différentes en ce qui concerne l'accès aux traitements par antirétroviraux. Le Botswana est le premier des trois pays rendre disponible et gratuit les traitements antirétroviraux. En 2001 le programme MASA -aube nouvelle- a été mis en oeuvre par le gouvernement avec l’assistance technique et financière de ACHAP. On 36 Men falling through the cracks UN Integrated Regional Information Networks - July 25, 2005 62 considère aujourd'hui que 34 500 personnes bénéficient d'ARV -un total de 41 500 si on prend en compte les traitements délivrés par le secteur privé- et que le taux d'observance se maintient autour de 85 %. Étant donné la population restreinte et le manque de compétences professionnelles au Botswana, des spécialistes ont été recrutés à l’étranger, avec pour mission de transmettre leurs connaissances dans le cadre de leur travail afin de renforcer les capacités locales. Malgré les efforts faits pour atteindre le plus grand nombre, le programme garde des lacunes en ce qui concerne le traitement des personnes vivant en zones rurales et difficiles d'accès. Au Swaziland, la réponse fut plus tardive. Les ART furent lancé en décembre 2003 par le Ministère de la Santé et des affaires sociale. Avant l'introduction de l'initiative « 3 millions d'ici 2005 » de l'Organisation Mondiale de la Santé, seulement 200 personnes avaient accès aux thérapies antiretrovirales, principalement via le secteur privé. Celles-ci étaient généralement inaccessibles aux patients du secteur public. Depuis décembre 2003, des efforts ont été fait pour améliorer la disponibilité des traitements dans le pays. Actuellement, l'Organisation Mondiale de la Santé et l'ONUSIDA estime que environ 36 500 personnes ont besoin d'une thérapie antiretrovirale au Swaziland. Au début de l'année 2005, plus de 10,000 patients étaient inscrits dans des programmes nationaux d'ART, nombre que le gouvernement espère doubler d'ici la fin de l'année 2006. Cependant le pays ne pourrait pas être en mesure de fournir à tous un traitement en raison du manque de ressources humaines et d'infrastructures. L'accès au traitement ARV pour les personnes infectés par le VIH/Sida en Afrique du Sud fut beaucoup plus compliqué. On estime, qu'à la fin de l'année 2002, seul 30 000 personnes bénéficiaient d'un traitement antirétrovirale, dispensé principalement par l’intermédiaire de programmes privés d’assurance médicale, de programmes organisés par plusieurs grandes compagnies, de projets de recherche ou dans le cadre de dispensaires établis par des ONG internationales. Certaines personnes prenaient également chaque mois le bus pour des pays voisins comme le Lesotho, le Swaziland, le Mozambique ou la Namibie où des médicaments génériques importés étaient disponibles. C’est dans ce contexte que la Campagne d’Action en faveur des Traitements, la TAC, a été créée en décembre 1998, avec comme objectif de faire pression sur le Gouvernement pour augmenter l'accès public aux ARVs. Zackie Achmat, principal leader du mouvement, a notamment mobilisé l'opinion en refusant publiquement de prendre des ARVS jusqu'à ce 63 que ceux-ci soient disponibles à tous les Sud-Africains. En mars 2003, la TAC déposa un plainte contre le Ministère de la Santé pour homicide volontaire prétendant qu'il était responsable de la mort de 600 personnes séropositives par jour qui n'avait aucun accès aux ARV. Le 8 août 2003, le Gouvernement Sud-Africain annonça qu’une action était en cours pour intégrer le traitement antirétroviral pour tous les citoyens, dans le cadre de son programme élargi contre le VIH/SIDA : le Comprehensive HIV and AIDS Management Care and Treatment Plan est ainsi mis en place début 2004. En Mars 2005, 139 services de santé dans les 53 districts étaient fournis en ART. Le nombre de patients sous ARV a par conséquent fortement augmenter passant de 10 072 en juillet 2004 à 49 500 en avril 2005. Dans les trois pays, le nombre de personnes ayant accès aux traitements antirétroviraux a augmenté. Cependant même si le Botswana fait figure d'exemple parmi les pays africains, l'Afrique du Sud et le Swaziland garde des résultats trop faibles. Selon l'UNGASS, le Botswana est passé d'une couverture de 7,9% en 2003 à 85% en 2005 des personnes sous ART. Le Swaziland de 1,7% à 30-31% et l'Afrique du Sud de 0 à 21%. Même si les trois pays ont mis en oeuvre des services d'accès aux traitements ARVs, ces services sont principalement destiné aux adultes. Il n'y a que très peu de centre proposant des thérapies antiretrovirales pédiatriques. Cependant les enfants vivant avec le HIV et le SIDA exigent le soin spécial en ce qui concerne l'efficacité du traitement, la gestion des effets secondaires à long terme, l'évaluation et les conseil sur les besoins alimentaires et l'appui psychosocial pour les personnes prenant soins de ces enfants. Au Swaziland il n'existe aucune directive nationale pour prendre en charge les enfants diagnostiqués comme séropositifs. Au Botswana, il n’existe pas de dépistage systématique des enfants et ceux-ci dépendent entièrement des adultes qui les prennent en charge. En 2003, quelques 500 enfants étaient inscrits rien qu’au service des maladies infectieuses de Gaborone. 2.1.3.3 L'accès à l'éducation L'accès à l'éducation est essentiel pour tous les enfants, vulnérables ou non, pour qu'ils puissent acquérir les compétences nécessaires à leur vie d'adulte. Les gouvernement sud-africains, botswanais et swazi ont tous trois pris des mesures pour permettre au plus 64 grand nombre d'être scolarisés. Outre l'alphabétisation des enfants, les gouvernements souhaitent privilégier l'acquisition de compétences en vue de leur future vie professionnelle. Cependant le taux e scolarisation dans les trois pays reste insuffisant en raison du coût financier que représente l'inscription à l'école ou aux examens. L'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland ont ainsi mis en place des subventions pour permettre aux enfants de payer leur frais de scolarité.37 Malgré la garantie constitutionnelle d'éducation gratuite jusqu'à l'âge de dix-sept ans et la ratification de traités internationaux garantissant le droit à l'éducation, l'Afrique du Sud permet toujours aux écoles de prélever des frais de scolarité aux enfants. Afin de permettre aux enfant les plus vulnérables d'accéder à l'éducation, des directives du Ministère de l'éducation ont exigé que les enfants ayant des difficultés financières soient exempté de ces frais. En dépit de cela, certains établissements scolaires, citant le besoin de revenu, demandent toujours aux enfants, même orphelins, de s'acquitter des frais de scolarité. Au Swaziland, le gouvernement, en collaboration avec des ONG et des agences internationales, ont amorcé l'allocation de subventions scolaires pour les OEVs ce qui a permis l'inscription d'au moins 70 % d'OEV à l'école. Cependant, 23 % des enfants vulnérables et un certain nombre de jeunes non scolarisés sont toujours incapables d'avoir accès à ce service de subvention en raison du manque de précision dans les critères d'éligibilité. La mise en oeuvre de la politique d'Éducation Primaire Universelle prévue en 2006 aura pour but d'augmenter l'inscription et de favoriser le maintient des enfants dans les écoles. Au Botswana, le taux de scolarisation et de présence à l'école est assez élevé par rapport à ses voisins. Seul 7 à 10% des orphelins ne sont pas scolarisés. Ceci est probablement du au fait que le Botswana offre à tous les enfants une scolarité gratuite. Cependant en 2006, après vingt ans d'école gratuite, le gouvernement a annoncé que les frais de scolarité pour l'enseignement secondaire allaient être rétablit. Cette mesure touchera environ 170 000 enfants âgés de 13 à 18 ans38 et risque de compromettre l'éducation des enfants les plus vulnérables qui ne pourront payer. 2.1.3.3.1 L'appui psychologique 37 Letting Them Fail: Government Neglect and the Right to Education for Children Affected by AIDS 2005 - inCohen, J.; Epstein, H.; Amon, J. (ed), Vol. 17, No. 13(A), New York, Human Rights Watch , p. 59 p. 38 Botswana brings back school fees, bbc, 2006 65 Même si dans les trois pays, le soutien psychologique est considéré comme partie intégrante du travail de lutte contre le VIH/Sida, peu de politiques nationales ont pris des mesures pour venir en aide aux PVVIH psychologiquement. Des efforts ont été fait dans la création de centres de conseils et dans la formation de personnels soignants, de conseillers, etc. au soutien psychologique et émotionnel relatifs au VIH/Sida. Cependant le soutien psychologique est bien souvent limité à la période entourant le dépistage. Au Swaziland, des services de conseils sur l'alimentation, l'hygiène, les soins ainsi que des soutiens psychologiques ont été mis en place via les structures Indlunkhulu, les centres KaGogo et des Neighbourhood Care Points afin d'atténuer l'impact de l'épidémie sur les groupes vulnérables. Un manuel de formation complet a été développé et est utilisé pour la formation. Cette main d'oeuvre offre des ouvertures pour le l'initiation aux soin à base de communauté incluant des programmes d'ART. Cependant, la formation n'est pas standardisée et est mal coordonnée. Le nombre actuel du personnel soignant formé est relativement bas et leur travail limité par le manque de matériels. .Par conséquent ce sont souvent les organisations de la société civile qui joue le rôle découte et de conseil notamment les associations de personnes vivant avec le VIH/Sida. 2.2 Le renforcement des capacités communautaires dans la prise en charge des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida Dans les premiers temps de la crise d'orphelinage engendrée par le VIH/Sida, de nombreux orphelinats et foyers d'accueils ont été construits dans le but de prendre en charge les orphelins. Malheureusement, face à l'ampleur de la crise, ces institutions ne peuvent répondre durablement compte tenu des coûts élevés de ce mode de prise en charge. Aujourd'hui les États sud-africains, botswanais et swazi considèrent que la prise en charge communautaire, par l'intermédiaire des réseaux familiaux, doit être privilégiée. Cependant les communautés ne peuvent absorber la masse des enfants vulnérables que si elles sont soutenues par les gouvernements. Ainsi les gouvernements sud-africains, botswanais et swazi ont mis en oeuvre des politiques pour prendre en charge les enfants vulnérables. Dans les trois pays, un programme national ont été mis en place afin de pallier à l'augmentation massive du nombre d'orphelin du fait de l'épidémie du VIH/Sida. Ces 66 programmes ont comme point commun, la volonté d'améliorer les capacités des communautés et des familles à prendre en charge les orphelins. Les gouvernements encouragent ainsi les différentes initiatives prises pour soutenir les communautés. 2.2.1 L'implication des communautés dans la prise de décision La meilleure façon de renforcer la capacité des communautés dans la prise en charge est de les impliquer directement à la prise de décision et à l'exécution des projets élaborés en faveur des orphelins et enfants vulnérables pour cause de VIH/Sida. Ainsi dans les trois pays des comités de lutte contre le VIH/Sida ou de prise en charge des OEV ont été créés au niveau provincial et local pour faciliter l'engagement des communautés. En Afrique du Sud, des comités d'action provinciaux (PACCA) et de district (DACCA) ont été crée afin de relayé les politiques en faveur du VIH/Sida et pour la prise en charge des orphelins et enfants vulnérables. Ces comités provinciaux et de districts sont coordonnés par le comité national d'action en faveur des enfants affectés par le VIH/Sida : le NACCA. Le rôle de ces comités est d'identifier tout d'abord les enfants vulnérables nécessitant un soutien. Ils sont chargés ensuite d'assurer, de contrôler et d'évaluer les services proposés aux enfants. Au Botswana également des comités d'action multisectoriel pour le VIH/Sida ont été établit au niveau des districts : les District Multisectoral AIDS Commitees (DMSAC). Ils sont coordonné par l'agence de coordination nationale de lutte contre le VIH/Sida : la NACA. Leur rôle est de relayé les politiques nationales au niveau local. Au Swaziland, enfin, est certainement le pays qui implique le plus la communauté dans la réponse au VIH/Sida en faisant d'elle la principale actrice. Le projet Indlunkhul fait ainsi renaître le principe des chefferies et renforce leur capacité de décisions pour les actions menés en faveur des enfants de leur territoire. La première tâche de ces chefferies fut de mettre au point une liste de tous les OEV nécessitant une aide alimentaire au sein de la chefferie, puis d'assurer le soutien des enfants. Le principal objectif de ces comités locaux de mobiliser au maximum les communautés et les individus, en facilitant leur participation. Ils sont donc intégrés dans 67 le développement et la validation du plan d'action du district sur le VIH/Sida, de même que dans le suivi et l'évaluation des interventions. Développer les capacités des communautés est essentiel si le gouvernement souhaite répondre efficacement à la crise d'orphelinage engendrée par l'épidémie du VIH/Sida. Intégrer les communautés dans le mécanismes de prise de décision et d'exécution du projet est nécessaire si les autorités souhaite obtenir une réponse durable et efficace car ce sont les communautés qui connaissent le mieux les réalités du terrain. 2.2.2 Les aides financières et matérielles Afin d'alléger le coût financier que représente pour les familles la prise en charge des enfants et adolescent devenus orphelins, les gouvernements sud-africains, botswanais et swazi fournissent aux enfants ou à leur tuteur des aides financières ou matérielles. L'Afrique du Sud fournit deux types de subventions financières aux parents ou aux tuteurs des enfants vulnérables afin de leur permettre de subvenir à leurs besoins. Les parents ou tuteurs d'enfants pauvres ont droit à une subvention d'appui de R160 par mois (25 USD) par enfant de moins de quatorze ans, et les familles adoptives à une subvention de R500 par mois (78 USD) pour chaque enfant. En Janvier 2006, le nombre d'enfants, ayant perdu au moins l'un de ses parents, qui ont reçu des aides social était estimé à 1 497 696. En encourageant les ONG à prendre le rôle d'intermédiaire en ce qui concerne l'aide des OEV, le gouvernement sud-africain espère étendre la réponse. Cependant le système atteint une fraction minuscule d'enfants éligibles; il ne profite généralement pas aux non-orphelins dont les parents sont malades ; il crée également des motivations perverses pour "les personnes qui prennent en charge les orphelins pour des motifs financiers ; et impose de telles exigences bureaucratiques que peu de personnes se donnent la peine de demander les subvention pour les enfants adoptif. Une proposition de développer une subvention simple, rationalisée pour tous les enfants vulnérables, indépendamment du statut d'orphelin, à été soumise aux débats au sujet des loi nationale pour l'enfant.39 Au Botswana, 37 850 enfants ont bénéficier d'une aide de la part du gouvernement 39 Letting Them Fail: Government Neglect and the Right to Education for Children Affected by AIDS, 2005 - inCohen, J.; Epstein, H.; Amon, J. (ed), Vol. 17, No. 13(A), New York, Human Rights Watch , p. 59 p. 68 botswanais dans le cadre du Short term plan for Action. Des paniers de nourriture ont ainsi été distribué aux orphelins enregistré40 ce qui représente une aide d'environ 216 pula (39 USD). Lorsqu'ils sont en âge d'aller à l'école, des uniformes, des chaussures et des fournitures scolaires leur sont fournit. Le budget total du gouvernement pour le programme de prise en charge des orphelins a atteint 13 millions USD en 2002. Au Swaziland également le gouvernement, via le système des chefferies distribue des paniers de nourriture aux enfants et orphelins vulnérables (Indlunkhulu est le terme Siswati qui se réfère à l'approvisionnement en nourriture des membres communauté qui sont en ont besoin). Le gouvernement swazi soutien les communautés en soutenant les activités agricole. Le ministère de l'agriculture fournit tout d'abord les semences agricole (financé par NERCHA) pour les champs des Indlunkhuluqui seront cultivés grâce au travail de la communauté. Les OEV contribue également au travail, notamment au labourage, afin de leur permettre d'acquérir l'expérience nécessaire pour le travail agricole. Une fois que l'engagement de la chefferie est établit, le ministère de l'agriculture fournit à la communauté les compléments alimentaire nécessaire pour nourrir les OEV jusqu'à la première récolte. Une fois la première récolte survenu, la communauté pourra ainsi prendre le relais du Ministère de l'agriculture pour nourrir les enfants. Par ces initiatives, le gouvernement swazi a fourni de la nourriture à un certain nombre d'OEV cependant ces intervention reste souvent inefficaces en raison du manque de coordination, de critères clairs pour identifier les groupes extrêmement vulnérables et le manque de plan d'action complet. 2.3 La lutte contre la stigmatisation et la discrimination En Afrique du Sud, au Botswana et au Swaziland, les enfants infectés et affectés par le VIH/Sida bénéficient de protection contre la discrimination grâce aux différents instruments juridiques concernant les enfants et les personnes vivant avec le VIH/Sida41. Outre l'intégration des droits à la non-discrimination dans les instruments juridiques et législatifs, les stratégies nationales pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination entourant les personnes vivant avec le VIH/Sida incluent le développement de politiques de protection des personnes séropositives dont l'éducation des 40 Status of the 2002 National Response to the UNGASS, Declaration of Commitment on HIV/AIDS 41 voir section droit légaux 69 communautés, l'assurance que ceux qui sont affectés reçoivent les conseil nécessaires, la formation de volontaire pour les prendre en charge, les appuyer et les conseiller. En outre les gouvernements ont lancé dans leurs pays respectifs des campagnes d'information et de communication dans le but de permettre un changement de comportement vis à vis des personnes vivant avec le VIH/Sida. En 2000, le gouvernement sud-africain lança, par exemple, une campagne de lutte contre toute forme de stigmatisation et de discrimination des personnes infectés par le VIH/Sida « Beyond Awareness Campaign » dans le but de promouvoir la vigilance et la connaissance sur le VIH/Sida. Le Botswana avec l'aide de l'Organisation Mondiale pour la Santé et le Centre de contrôle des Maladies ont également mis en place un projet pour combattre la stigmatisation. Plusieurs organisations ont été créées telles que le BONEPWA, COCEPWA et le AIDS/STD Unit. L'objectif principal est de combattre la stigmatisation autour du VIH/Sida en mettant en place des cliniques et hôpitaux accueillants pour les personne vivant avec le VIH/Sida ainsi que d'aider les familles et les individus séropositifs à vivre mieux avec le VIH/Sida. Dans cette optique, des campagnes de communication et d'information pour permettre un changement de comportements a été mis en place en 2002. Cependant ce sont les acteurs de la société civile qui oeuvrent principalement à la lutte contre la stigmatisation. Les organisations non-gouvernementales, religieuses ou communautaires de lutte contre le VIH/Sida, les entreprises ou les services de santé incorporent dans leurs activités de prévention des campagnes d'information et d'éducation afin de réduire la stigmatisation entourant les personnes vivant avec le VIH/Sida. Il est d'autant plus important de lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH/SIDA, que celles-ci menacent l'efficacité des programmes de prévention et de soins. Les personnes exposées aux risques d'infections ou déjà infectées peuvent renoncer à obtenir des services de prévention et des soins par crainte d'être stigmatisées par les prestataires de services ou par leur communauté. Les programmes de lutte contre la stigmatisation et la discrimination doivent donc permettre l'acceptation des PVVIH au sein de la population, mais également aidé les personnes exposées au risque d'infections ou déjà infectées à faire face à une stigmatisation vécue. 70 Malgré tous ces efforts, la stigmatisation et la discrimination envers les personnes affectés et/ou infectés par le VIH/Sida reste très importantes dans les trois pays. Une étude menée en Afrique du Sud en 2002, a montré que un tiers des personnes interrogées qui ont révélées leur statut été bien accueilli par leur communauté. Alors qu'un dixième de ces personnes reportent avoir souffert de rejet de d'hostilité42. 2.4 La mobilisation de la société civile dans la lutte contre le VIH/Sida Les acteurs de la société civile sont les éléments essentiels de la lutte contre le VIH/Sida. Les organisations de lutte contre le VIH/Sida et les entreprises sont les principaux intervenants de la lutte contre le VIH/Sida. Ce sont eux qui sont sur le terrain et qui prodiguent les conseils, les soins et l'écoute. Ils est donc nécessaire afin d'avoir une réponse cohérente face au VIH/Sida de coordonner l'ensemble des actions menées par les différents porteurs de projets. 2.5 Les Organisations non-gouvernementales et les associations de personnes vivant avec le VIH/Sida Les Organisations Non Gouvernementales sont l'un des piliers de la lutte contre le VIH/Sida et de la prise en charge des enfants affectés par le VIH/Sida. Les organisations présentent en Afrique du Sud, au Botswana et au Swaziland sont de diverses formes : les associations de personnes vivant avec le VIH/sida, les organisations non gouvernementales, les organisations à base communautaires ou confessionnelles de lutte contre le VIH/Sida et de prise en charge des orphelins et enfants vulnérables. Il existe tout d'abord les associations de personnes vivant avec le VIH/Sida et de lutte contre le VIH/Sida. Elles assument de plus en plus de responsabilité quant aux services de soins, de prévention, de prise en charge des orphelins, etc. Celles-ci ont connues un développement différents selon les pays. En Afrique du Sud où le gouvernement a été longtemps réticent à prodiguer via le secteur public l'accès aux traitements antirétroviraux, la société civile s'est largement mobilisé pour revendiquer les droits des personnes vivant avec le VIH/Sida. A l'image de la Treatment AIDS Campaign (TAC) créée le 10 décembre 1998, de nombreuses associations 42 Steinberg M., Johnson S. et al. (2002) 'Hitting home: how households cope with the HIV/AIDS epidemic', Henry J. Kaiser Foundation & Health Systems Trust, October 71 se sont retrouvées en opposition directe avec le gouvernement et plus particulièrement avec le président Thabo Mbeki et son ministre de la Santé le Dr Manto TshabalalaMsimang, du fait de leur vision dissidente sur le Sida. Elles ont ainsi été un moyen évident de pression pour l'établissement de services de traitement antirétroviraux dans le secteur public. Les associations de lutte contre le VIH/Sida sud-africaines deviennent aujourd'hui un élément essentiel de la réponse nationale relative au Sida. Contrairement à son voisin sud-africain, le Botswana connaît une faible mobilisation de la part des associations de personnes vivant avec le VIH/Sida. Dans un pays où le gouvernement a pris relativement rapidement des mesures pour prévenir la propagation du virus et soigner les personnes porteurs du virus, les associations peinent à devenir un contrepoids aux pouvoirs politiques. Il existe pourtant d'importants motifs de préoccupation. Les décisions gouvernementales sont souvent prises dans l'urgence et ne font pas toujours l'objet de débats dans l'espace public ou au Parlement. Le consensus sur les politiques nationales sur le Sida peut être considéré comme salutaire face à une telle urgence et compte tenu de l'ambition du programme, mais préoccupante en raison de la faible mobilisation associative et de la stigmatisation qui entoure toujours le VIH. Au Swaziland, la mobilisation de la société civile reste également faible. Même si un plus grand nombre de personnes affichent publiquement leur séropositivité et que de plus en plus d'associations de personnes vivant avec le VIH/Sida se créent, leur participation dans l'espace publiques reste limitée. D'autre part un nombre de plus en plus nombreux d'organisations nongouvernementales (ONG), d'organisation à base communautaire (CBO) ou confessionnelles (FBO) se créent ou élargissent leur domaine d'action pour venir en aide aux orphelins infectés et/ou affectés par le VIH/Sida. Ces organisations jouent un rôle essentiel dans la prise en charge des enfants et dans le soutien des communautés à intégrer les enfants devenu vulnérables. Le rôle des organisations de lutte contre le VIH/Sida et de prise en charge des enfants orphelins vulnérables ont pour rôle de relayer au niveau local les directives nationales de lutte contre le Sida. Afin d'organiser et de coordonner les différentes actions menées par les associations de lutte contre le VIH/Sida et de prise en charge des enfants et orphelins vulnérables, les autorités nationales sud-africaines, botswanaises et swazis ont défini dans leur plan stratégique des directives et/ou des instruments de coordination 72 En Afrique du Sud, au Botswana et au Swaziland, les actions menées par les organisations sont coordonner par les agences de coordination de lutte contre le Sida, respectivement le NAC, la NACA et la NERCHA. L'Afrique du Sud possède un organe de coordination des actions menées en faveur des enfants affectés par le VIH/Sida : le NACCA. Les organisations non-gouvernementales ne sont pas les seuls acteurs de la société civile de lutte contre le VIH/Sida. Étant donné l'impact que l'épidémie du VIH/Sida a sur le secteur productif, de plus en plus d'entreprises, particulièrement en Afrique du Sud, prennent des mesures pour limiter les effets de la maladie sur les employés. 2.6 La prise de conscience des entreprises : le cas de l'Afrique du Sud Il est très difficile de chiffrer précisément les conséquences économiques d’une maladie donnée sur le développement d’une région. Cependant les dépenses en infrastructures, en personnel et en formation que nécessite le SIDA grèvent considérablement le développement économique des pays les plus touchés. L'ONUSIDA estime, par exemple, que le PIB de l'Afrique du Sud en 2010 serait de 20% inférieur à ce qu'il aurait du être sans le Sida43. L'étiolement de la population active et la progression de la maladie ont un impact certain sur le fonctionnement et la rentabilité des entreprises sud-africaines. En outre, la partie la plus atteinte de la population, les jeunes adultes, n’est pas seulement celle qui travaille mais aussi celle qui consomme. L’épidémie a ainsi des répercussion sur le produit intérieur brut de l'Afrique du Sud et par conséquent sur le revenu par tête d’habitant. L'épidémie du VIH/Sida fragilise ainsi le système économique en entier. En Afrique du Sud, les entreprises sont aujourd'hui confronté à la surmortalité de leurs employés et à l'absentéisme causé par la maladie. Même lorsque leurs employés ne sont pas malades ils doivent souvent s'occuper d'un parent malade ou préparer les funérailles d'un proche. Les entreprises doivent par conséquent redoubler d'efforts de recrutement et de formation pour combler le manque de personnel qualifié et non qualifié. Le SIDA ne tue donc pas seulement les travailleurs productifs et compétents, il augmente 43 Rapport 2006 sur l'épidémie mondiale du Sida, ONUSIDA, Mai 2006. 73 également le taux d’absentéisme, les coûts de soins de santé et de retraite, les montants versés pour les funérailles et les frais de formation. En raison du caractère multidimensionnelle de l'impact du Sida sur la société et du milieux des affaires, il est essentiel pour les entreprises de contribuer à la réponse nationale proposée pour lutter contre l'épidémie du VIH/Sida. Il est par conséquent nécessaire que les milieux d'affaires relaient au niveau local les stratégies gouvernementales et non-gouvernementales dans le but d'obtenir une réponse élargie, continu et cohérente. Ils par ailleurs un rôle à jouer en ce qui concerne les actions de lobbying auprès des autorités locales et nationales afin que celles-ci élargissent leurs riposte au VIH/Sida. Ainsi aujourd'hui, de plus en plus d'entreprises sud-africaines prennent des mesures pour limiter les effets de la maladie sur leurs employés. Les politiques des entreprises sur le Sida se concentrent sur l'éducation, la prévention, le dépistage, les traitements, et l'accompagnement des personnes infectés et/ou affectés par le VIH/Sida. Parmi les 500 plus grandes compagnies, 96% développent aujourd’hui une « politique sida » et mettent en place des programmes de prévention et 65% d'entre elles proposent à leurs salariés des traitements et soins relatifs à la maladie (Même si seulement 29% propose des traitements par antirétroviraux). Cependant la réponse apporter par les entreprises pour lutter contre les effets du VIH/Sida est inégale selon la taille et le secteur d'activité de l'entreprise. Les petites entreprises de moins de 100 salariés ne sont que 17% à proposer une politique VIH/Sida dans leur entreprises et 7% à proposer des traitements (3% proposent des traitement par antirétroviraux). D'autre part, les secteur miniers, de la manufacture et les services financiers sont de loin les secteurs qui propose le plus de politique Sida44. Un nombre croissant de sociétés (notamment les grandes sociétés minières en Afrique du Sud) reconnaissent qu’investir dans des programmes de prévention et en offrant notamment des traitement ARV et permettant une prise en charge des malades se justifient tout à fait du point de vue commercial. Les sociétés sud-africaines fournissant un 44 The impact of HIV/AIDS on selected business sectors in south Africa, 2004, Linette Ellis et Jenny Terwin, Bureau for economic research, Stellenbosch University, octobre 2004 74 traitement et un appui aux employés infectés en vue de limiter les effets de la maladie seraient plus rentable que les entreprises ignorant le problème. Cela est d'autant plus vrai que la mise en services des antirétroviraux aux sein des services publics diminue le coût des traitements pour les entreprises. Les entreprises prennent également peu à peu conscience de l'importance de venir en aide aux enfants et orphelins vulnérables pour cause de VIH/Sida. Ces enfants arriveront en effets dans quelques années dans le monde du travail, bien souvent peu éduqués et sans qualification. La formation de ces enfants représentera également un coût pour les entreprises. Soutenir dès à présent des programmes de prise en charge des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida peut devenir un véritable investissement pour l'entreprise. Cependant les entreprises proposant des aides matérielles ou financières au enfants infectés et/ou infectés par la maladie sont encore peu nombreuses. 75 Ayant pris la mesure de l'ampleur de l'épidémie du VIH/Sida, l'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland ont tous les trois pris des mesures pour protéger et aider les enfants infectés et affectés par la maladie. Pour ce faire, ils se sont tous les trois inspirés des recommandations internationales -les Objectifs du Millénaire principalement-, en préconisant l'approche multisectorielle pour la mise en oeuvre de politiques publiques de lutte contre le VIH/Sida. Celles-ci bénéficient aujourd'hui d'une place centrale dans les politiques gouvernementales et particulièrement dans les politiques de Santé publique. L'Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland ont tous les trois reconsidéré la vulnérabilité des enfants au vue du contexte de l'épidémie de VIH/Sida. Ils admettent en effet que l'épidémie a un profond impact sur la vie des enfants. Les différentes politiques de prise en charge des enfants infectés et/ou affectés par le VIH/Sida sont réparties à la fois dans les programmes de lutte contre le VIH/Sida et dans les programmes de protection des enfants et des orphelins. La prise en charge des enfants infectés par le VIH/Sida dépend entièrement des politiques de Santé. Cependant, les enfants sont souvent absents de ces politiques et stratégies gouvernementales. Mis à part les services de PTME, où le survie de l'enfant est la principale préoccupation, les campagnes de prévention, l'établissement de centres de dépistage, l'extension de la disponibilité des traitements, etc. visent les personnes infectées dans leur ensemble. Une place trop limitée est attribuée aux enfants, dont la prise en charge médicale et sociale dépend bien souvent de la volonté des adultes. Malgré tout, certaines initiatives visant les enfants et les jeunes apparaissent et notamment en ce qui concerne la prévention dans les écoles. D'autre part, la protection des enfants affectés par le VIH/Sida varie considérablement selon les pays. Au Swaziland, les politiques de protection des OEV pour cause de VIH/Sida sont intégralement rattachées aux programmes de lutte contre le VIH/Sida. Au Botswana, la prise en charge de ces enfants dépend à la fois des programmes de lutte contre le VIH/Sida et des programmes de prise en charge des orphelins. L'Afrique 76 du Sud est, quant à lui, le seul à avoir créer un comité spécifique pour la prise en charge des OEV pour cause de VIH/Sida. Renforcer la capacité des familles et des communautés est devenu un objectif principal dans des trois pays pour la prise en charge des OEV. Pour ce faire les gouvernements ont mis en place des politiques d'aide diverses -subventions matérielles et financières notamment- et ont encouragé les communautés à s'investir dans le processus de décision. Contrairement aux politiques de prise en charge des enfants infectés, qui s'inscrivent principalement dans des stratégies de Santé publique, les politiques de prise en charge des orphelins et enfants vulnérables s'inscrivent dans des contexte plus globaux de lutte contre la pauvreté, l'illettrisme, le manque de soins, etc. Pour mener à bien ces politiques, les gouvernements ont choisi de travailler en collaboration avec la société civile. Les comités de coordination mis en place dans les trois pays -SANAC en Afrique du Sud, NACA au Botswana, NERCHA au Swaziland- ont, entre autre, pour mission de coordonner, de renforcer et d'élargir le champs des interventions menées aussi bien par le secteur public que le secteur privé. Les avancées consenties sont inégales suivant les pays. Alors que le Botswana commence à voir les fruits de ses politiques de prévention et de prise en charge des PVVIH -la proportion de femmes séropositives fréquentant les services périnataux tend à diminuer-, l'Afrique du Sud et le Swaziland continuent de voir le nombre d'infections au VIH/Sida augmenter. Ceci est principalement dû au fait que le Botswana ait été le premier à réagir notamment en rendant disponibles les traitements ARV dans tout le pays via le secteur public. En Afrique du Sud, la polémique suscitée par les déclarations du président Mbeki et de son ministre de la Santé sur les causes du Sida et l'efficacité des traitements, ont quelque peu freinés et remis en question les efforts de prévention entrepris par les associations. Enfin au Swaziland, le manque de moyens financiers, matériels et humains freinent considérablement le développement à l'échelle du pays des politiques de prise en charge. Ceci est également dû au fait que les États ne disposent pas des même ressources. Alors que le Botswana a été largement subventionné par des agences et fondations américaines, l'Afrique du Sud compte principalement sur ses revenus gouvernementaux pour financer ces politiques. De son côté, le Swaziland, même s'il bénéficie d'aides 77 internationales, n'a pas les moyens financier pour soutenir ses politiques. L'analyse de la situation au travers d'études et de rapports, nationaux et internationaux, ne permet malheureusement pas de rendre compte de la vie quotidienne de ces enfants. Il est par ailleurs très difficile de définir l'impact réel de ces politiques sur leur vie. Pour avoir une vision plus complète et plus concrète, il serait nécessaire d'approfondir l'étude par une enquête sur le terrain. Même si de nombreuses mesures ont été prises pour limiter la précarité des enfants, de nombreuses choses reste à faire. La participation des enfants et adolescents dans la planification et la réalisation des actions est essentielle pour obtenir une réponse optimale, puisqu'ils sont les principaux concernés. Ils devraient être considérés comme des acteurs importants, et non simplement comme les destinataires des messages portant sur le VIH/SIDA et les bénéficiaires des programmes de lutte contre le VIH/SIDA. 78 BIBLIOGRAPHIE Ouvrages : Didier FASSIN, Quand les corps se souviennent- expériences et politiques du Sida en Afrique du Sud, La Découverte, coll. Armillaire, 2006. Rapport internationaux: UNICEF ✔ Children on the Brink 2004: A joint report of new orphan estimates and a framework for action, UNAIDS, UNICEF and USAID, Juillet 2004, New York. ✔ Africa's Orphaned and Vulnerable Generations: Children affected by AIDS, UNICEF, 2006, New York. ✔ Child Protection and Children Affected by AIDS, UNICEF, 2006, New York ✔ Africa's Orphaned Generations, UNICEF, 2003, New York ✔ A Call to Action: Children the missing face of AIDS, UNICEF, Octobre 2005, New York ✔ Girls, HIV/AIDS and Education, UNICEF, décembre 2004, New York ✔ Young People and HIV/AIDS: Opportunity in Crisis, UNICEF, 2002, New York ONUSIDA ✔ Report on the global AIDS epidemic 2006, ONUSIDA, Mai 2006, Genève ✔ Global summary of the AIDS epidemic, ONUSIDA, December 2005, Genève Resource needs for an expanded response to AIDS in low- and middle-income countries, 2005, ONUSIDA, Genève En quête d’une thérapie antirétrovirale en Afrique du Sud, au Botswana et en Ouganda, ONUSIDA, 2005. Helping Ourselves: Community Responses to AIDS in Swaziland, ONUSIDA, 2006 OMS Progress on Global Access to HIV Antiretoviral Therapy: A Report on "3 by 5" and Beyond, Mars 2006, Genève 79 Rapport Nationaux : Rapport de l'UNGASS : ✔ Progress report on declaration of commitment on hiv and aids, Departement of Health, republic of South Africa, février 2006, Prétoria ✔ 2003-2005 UNGASS Indicators Country Report, NERCHA, décembre 2005, Mbabane ✔ Status of the 2002 National Response to the UNGASS: declaration of Commitment on HIV/AIDS, NACCA, 2003, Garabone Divers : Afrique du Sud : ✔ Policy Framework for Orphans and Other Children made vulnerable by HIV and AIDS, South Africa: "Building a Caring Society Together 2005, South Africa, Ministry of Social Development, South Africa, p.54. Botswana : ✔ The National Strategic Framework for HIV/AIDS 2003-2009, NACCA, 2002, Gaborone. Swaziland ✔ The second national multisectoral hiv and aids strategic plan 2006 – 2008, NERCHA, juin 2006, Mbabane. ✔ The national multisectoral hiv and aids policy, a nation at war, NERCHA, juin 2006, Mbabane ✔ NERCHA'S Intervention on Orphaned and Vulnerable Children, NERCHA, Mbabane ✔ Report on assessment of the Monitoring and Evaluation capacity of HIV/AIDS organisations in Swaziland, NERCHA, août 2004, Mbabane Autres publication: ✔ Letting Them Fail: Government Neglect and the Right to Education for Children 80 Affected by AIDS, 2005, Cohen J. Epstein H. Amon J. (ed), Vol. 17, No. 13(A), New York, Human Rights Watch, p.59 p ✔ Situation analysis report on the plight of orphans and vulnerable children in palapye and letlhakeng: Botswana, NG Tsheko, M Segwabe, LW Odirile,SD Tlou, 2003,Gaborone. ✔ Defining orphaned and vulnerable children, D. Skinner, 2004, Cape Town ✔ The social and economic impact of AIDS on orphans in Botswana ,2004- in Society, International AIDS, poster submitted for the XIV International AIDS Conference, 2002, Barcelona ✔ The national household HIV prevalence and risk survey of South African children, 2004, CapeTown, South Africa, Human Sciences Research Council, HSRC Publishers, p.64. Vulnerability and Intervention Opportunities: Research Findings on Youth and HIV/AIDS in South Africa Population Council, Horizons Program, Washington, D.C., 2004 Multiple vulnerabilities Qualitative data for the study of orphans and vulnerable children in south africa, Alicia Davis Nkululeku Nkomo, Sakhumzi Mfecane, Donalds Skinner and Kopano Ratele, 2006, Cape Town ✔ A Comparative Analysis of the Financing of HIV/AIDS Programmes in Botswana, Lesotho, Mozambique, South Africa, Swaziland and Zimbabwe, HRSC, octobre 2003, Cape Town ✔ Children in the Shadow of AIDS: Studies of Vulnerable Children and Orphans in Three Provinces in South Africa, Michelle Adato1, Suneetha Kadiyala2, Terence Roopnaraine3, Patricia Biermayr-Jenzano3, and Amy Norman, novembre 2005, Cape Town Site internet : ONUSIDA http://www.unaids.org/ UNICEF www.unicef.fr/ who 81 www.who.int CEPED www.ceped.cirad.fr/ Human Sciences Research Council of South Africa http://www.hsrc.ac.za/ Children in Distress : Networking of children affected by Aids http://www.cindi.org.za/ National Aids Council Agency in Botswana htp://www.naca.gov.bw/about.htm Social Aspect HIV/Aids and Health research Alliance http://www.sahara.org.za/ South African Medical Council http://www.mrc.ac.za/ Evenement : Colloque enfance et Sida et pays en voie de développement, 15-16 juin 2006 82