Écouter ceux, qui n`ont pas la parole
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Écouter ceux, qui n`ont pas la parole
Moderniser sans exclure Automédiatisation Écouter ceux, qui n'ont pas la parole ... Exclusions, précarités, dysfonctionnements dans l'entreprise et dans la société : ces questions suscitent des débats auxquels tout le monde participe. Tout le monde ... sauf les principaux intéressés. Et pourtant ne seraient-ils pas les mieux placés pour en parler ? Vidéo à l'appui, Moderniser Sans Exclure fait l'expérience … Pour Bertrand Schwartz, fondateur de l'association Moderniser sans exclure, cela ne fait aucun doute : Rmistes, CES, personnes de faible niveau de qualification, habitants des quartiers sensibles, exclus de la richesse nationale..."peuvent nous en apprendre plus que ce que nous croyons et en savent plus que ce qu'ils croient eux mêmes". Leur contribution au débat sur l'insertion est non seulement humainement riche et intelligente, mais économiquement nécessaire et efficace : elle permet de modifier les représentations à priori que chacun se fait de l'autre et, grâce à cette meilleure compréhension, d'accroître l'efficacité des dispositifs imaginés. Prenons donc le temps d'écouter ce que ces personnes laissées trop souvent sans parole ont à nous dire... MSE-Sud ! 29 Avenue de Frais Vallon! 13013Marseille -T/F 04 91 10 40 00 Email : [email protected] site Internet : http://msesud.free.fr Parler, écouter, changer … Depuis 1992, Moderniser Sans Exclure développe une démarche qui permet aux personnes "exclues" de s'exprimer et de communiquer par le biais de la vidéo : l'automédiatisation. Postulat de départ : parler pour simplement témoigner, ou écouter pour seulement comprendre, ne suffit pas. Il faut essayer, ensemble, de déboucher sur des changements réels dans les mentalités, les attitudes et les fonctionnements. La démarche s'alimente au refus de la fatalité qui conduit à se résigner ou à se dire impuissant face au chômage, à la misère, à la précarité, à la solitude et aux rejets. Un film vidéo... Le dispositif est simple. Un petit groupe de volontaires ,cinq à quinze- partageant une même situation ,parcours de formation ou d'insertion, vécu dans un quartier...- se réunissent une demi-journée par semaine avec un intervenant de Moderniser sans exclure. Ils évoquent les questionnements et appréciations que fait surgir cette situation sous l’œil discret de la caméra : comment sont-ils arrivés là, qu'y trouvent-ils, qu'attendent-ils, quels sont les aspects positifs et les aspects négatifs de ce qu'ils vivent, quelles améliorations proposent-ils? L'objectif est de réaliser un film vidéo d'une trentaine de minutes, composé de séquences choisies et montées par le groupe, puis de le présenter d'abord aux décideurs les plus directement impliqués par les sujets évoqués afin de susciter un débat,lui- même filmé . Ces échanges sont ensuite intégrés au film initial, avec l'accord des intéressés. De multiples rencontres ... Cette seconde mouture du vidéogramme est ainsi présentée à un autre cercle d'interlocuteurs plus éloigné afin d’être à nouveau enrichie. Le dialogue se poursuit ainsi pour toucher progressivement tous les partenaires concernés à un titre ou à un autre par les questionnements et propositions du groupe. La production finale est utilisée comme support à une réflexion collective étendue à des publics plus larges ,formateurs, travailleurs sociaux, élus, chefs d'entreprises, institutionnels divers, acteurs de la politique de la ville, médias, autres groupes de population, etc....-. Ainsi, de proche en proche, chacun d'entre nous peut et doit se sentir concerné. Une parole libre, collective et citoyenne... Au cours des séances de production, l'expression des participants est entièrement libre : ils choisissent les thèmes de discussion, décident des personnes à qui le film s'adresse et manient eux-mêmes la caméra. À la différence des reportages ou autres émissions réalisées par les médias, le groupe prend donc en charge sa propre production, s'approprie la démarche et le film. Ainsi naît une parole libre, collective et responsable qui permet une véritable communication entre des personnes et des groupes. Des applications variées... L'automédiatisation se déploie sur plusieurs mois afin de laisser à la parole le temps de prendre forme puis de mûrir, à la communication de s'établir . Les premières expériences ont démarré avec des groupes de personnes suivant un cursus d'insertion ou de formation Aujourd'hui, cette méthode de communication sociale, est également utilisée : dans le cadre de la politique, avec des salariés du programme Nouveaux Services ! Emplois Jeunes, … MSE-Sud ! 29 Avenue de Frais Vallon! 13013Marseille -T/F 04 91 10 40 00 Email : [email protected] site Internet : http://msesud.free.fr L’Automediatisation … Pour qui ? Pourquoi ? Des principes déontologiques claires … L'automédiatisation permet à chaque individu et à chaque groupe d'avoir une meilleure connaissance de l'autre ; la diffusion des films est souvent un électrochoc qui fait exploser les stéréotypes … Faire évoluer les représentations... Le premier changement provoqué est dans la perception que les "inclus" ont des "exclus" : la plupart des personnes qui visionnent les films sont étonnées de la force, de la pertinence et de la richesse des remarques émises. De leur côté les "exclus" découvrent que leurs interlocuteurs ne sont pas inabordables et peuvent leur apporter des points de vue intéressants, des réponses inattendues. La confrontation des regards se traduit ainsi par la prise de conscience d'une responsabilité partagée. Changer les situations Les personnes qui ont réalisé le film découvrent qu'elles peuvent et savent s'exprimer. Elles développent leurs capacités d'argumentation de même que leurs capacités d'écoute. En prenant confiance en elles, elles établissent de meilleures relations avec les autres et sont mieux armées pour négocier avec les décideurs. Par ailleurs, l'automédiatisation leur permet de passer de la parole individuelle à l'expression collective et de devenir des interlocuteurs dynamiques plutôt que des spectateurs isolés. Moderniser sans Exclure voulant susciter des dynamiques de changement, l’auto médiatisation n'est pas une action supplémentaire d’insertion : elle est un outil d’évaluation au service des dispositifs déjà en place. De plus, l’objectif étant que les participants soient véritablement entendus, les décideurs du site où se déroule l’automédiatisation doivent être convaincus a priori de l’utilité de la démarche et être prêts à entamer le dialogue même sur les sujets délicats. A l'issue de l'action, le film devient la propriété du site qui autorise MSE à le diffuser. Cette diffusion, toujours suivie d'un débat, n'a lieu qu'avec l'accord et en présence des acteurs ou, ultérieurement, de personnes ayant participé aux premières rencontres Un Comité de veille, composé d’une trentaine de personnes coopère à la recherche , contribue au bon déroulement des projets, valide la méthodologie , veille au respect de la déontologie. Quelques exemples A ce jour, 80 films réalisés en Paca par MSE ont été visionnés par plus de 25 000 personnes. Les films concernent des : - salariés d’entreprises d’insertion - stagiaires en formation - allocataires du RMI des jeunes en pré-qualification ou en chantier école - personnes en C.E.S. - Emplois Jeunes - femmes en foyer d'hébérgement - parents d’élèves - habitants de quartiers, … Le récapitulatif de l’ensemble des films peut être consulté sur notre site : http://msesud.free.fr/ MSE-Sud ! 29 Avenue de Frais Vallon! 13013Marseille -T/F 04 91 10 40 00 Email : [email protected] site Internet : http://msesud.free.fr L’Automediatisation … Pour qui ? Pourquoi ? (suite) Réguler les dysfonctionnements... L'automédiatisation propose que les participants introduisent dans le film une vision critique de la situation qu'ils vivent , dans leur quartier, dans l'entreprise qui les accueille, sur leur site de formation...-. Mais cette opération -vérité n'est pas pour autant culpabilisante. D'abord, elle peut être l'occasion pour les responsables interpellés de mettre le doigt sur des aspects mal compris de leur démarche ou leurs interventions et de les expliciter. Par ailleurs, tout projet produit ses dysfonctionnements ; l'automédiatisation permet de les repérer afin d'y remédier et joue ainsi un rôle de régulation. dure à vivre, elle leur a permis de faire évoluer leurs pratiques et d’améliorer leur fonctionnement. Etre un outil de formation interne... L’impact de l’automédiatisation ne s’arrête pas avec l’achèvement du film ni à son utilisation immédiate par les personnes directement concernées. En matière de formation ou d'insertion, la diffusion du v idéogramme en interne reste utile sur le long terme : pour sensibiliser ultérieurement d’autres encadrants à la nécessité d’être à l’écoute ; travailler plus en profondeur la notion de représentations ; servir d’outil dans le cursus de formation des formateurs; impliquer les partenaires directs de la structure concernée par les témoignages. Éclairer les décideurs... Les responsables des sites où s’est déroulée la démarche reconnaissent d’ailleurs que, même si la transparence a parfois été Au sein de l'entreprise, l'utilisation du vidéogramme peut participer à l'élaboration d'une démarche qualité. Dans le quartier, il permet de déboucher sur une participation plus vaste des habitants. Au-delà, les décideurs qui visionnent les films comprennent mieux les difficultés que rencontrent les "exclus" et, par ricochet, celles des opérateurs de terrain. Il en résulte une appro- che plus en phase avec la réalité vécue. «Si vous êtes persuadé qu’un dispositif est bon mais que ceux à qui ils s’adressent le trouvent mauvais, pour des raisons qui vous échappent, constate Bertrand Schwartz, vous avez de fortes chances de ne pas être efficace, même si votre dispositif est effectivement intéressant...» Au bout du compte, la diffusion à des publics plus vastes peut simplement - et cela est difficilement mesurable - rapprocher un peu, par le respect et la confiance réciproques, des individus et groupes sociaux qui s’ignorent, qui risqueraient de se haïr et d’apporter à des questions brûlantes, des réponses incendiaires... MSE-Sud ! 29 Avenue de Frais Vallon! 13013Marseille -T/F 04 91 10 40 00 Email : [email protected] site Internet : http://msesud.free.fr