danse et nouvelles technologies
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danse et nouvelles technologies
Fiche thématique À partir du Lycée Danse et nouvelles technologies, du XXe au XXIe siècle: atelier de recherche en médiathèque, atelier de pratique et atelier du regard Les arts et les sciences ont souvent été opposés dans l’histoire. L’art comme reflétant l’imaginaire, l’impalpable, la subjectivité, la science comme outil tangible nous permettant de comprendre le fonctionnement des objets ou phénomènes obéissants à des lois et/ou vérifiés par des méthodes expérimentales. Au tournant du XXe siècle, les progrès techniques comme la diffusion de l’électricité, l’invention de la photo et du cinéma, permettent un renouveau de ces conceptions pour ouvrir de nouvelles expérimentations. Toutefois, malgré l’exemple des travaux de pionniers, de Loïe Fuller à Merce Cunningham en passant par Alwin Nikolaïs, l’évolution vers le numérique en danse se fait avec un certain retard. Le milieu des artistes chorégraphiques oppose des résistances et confronte la danse aux sciences, comme le corps organique à la machine Au tournant des années 90, de nouvelles perspectives chorégraphiques voient le jour. L’introduction des outils et supports technologiques dans la création va donner lieu à de nouvelles écritures chorégraphiques, de nouvelles scènes de danse et plus globalement à d’autres façons de traiter, visualiser, imaginer le corps dansant. Pour les artistes, qu’il s’agisse de projections, d’expériences d’apesanteur ou d’un corps dématérialisé, il s’agit sans doute toujours de se poser cette question inséparable de l’évolution de l’art chorégraphique depuis 1900: « quelle scène pour quelle danse ? » ou comment flirter avec l’impossible en jouant des illusions perceptives. Ainsi tout au long de cette fiche thématique, nous nous appuierons sur des exemples de dialogue entre danse et science en questionnant le corps et ses interactions avec l’environnement. Une attention particulière sera portée à l’atelier du regard. Objectifs pédagogiques - Acquérir des références de l’histoire de la danse : œuvres, chorégraphes… - Apprendre à regarder le corps et les éléments qui composent le mouvement - Pouvoir définir les composants du spectacle : espace, temps, costume, corps… propres à chaque courant - Acquérir et pouvoir réinvestir un vocabulaire adapté aux œuvres étudiées - Être capable d’observer puis de s’approprier des processus de création d’une œuvre pour composer sa danse. En médiathèque : La danse et les nouvelles technologies ainsi que la danse et la physique peuvent être abordées en médiathèque autour de recherches sur les chorégraphes découverts en atelier du regard comme Loïe Fuller, Alwin Nikolais, Philippe Découflé ou Kitsou Dubois. Pour les premiers, il peut s’agir particulièrement d’intégrer les apports de la modernité technologique au spectacle afin de créer de nouvelles scénographies et de nouvelles images jusqu’alors impossibles à réaliser. Aujourd’hui, Philippe Découflé a repris le flambeau, en intégrant également les nouveaux médias comme la télévision ou la vidéo qui offrent des possibilités d’illusion décuplées. Les élèves pourront ainsi questionner cette forme d’abstraction née du rapport aux nouvelles technologies. La réalité sur terre est une réalité de poids. Aussi c’est bien une façon de bouleverser nos perceptions que cherchent beaucoup de chorégraphes en expérimentant les lois universelles comme la gravité. Doris Humphrey élabore le « Fall & Recovery » (le tomber et le rattraper), cette technique qui utilise le poids du corps, les possibilités d'équilibre et les rythmes de chutes et de rétablissements. En s’appuyant sur ses écrits, il s’agira d’appréhender la question d’une danse rejetant l’aplomb si présent dans le ballet classique. D’une autre façon, bien plus tard, Kitsou Dubois se présente comme chorégraphe de l’apesanteur. Mais c’est bien en commençant à collaborer avec les chercheurs et découvrant les difficultés de l’entraînement des astronautes qu’elle associera sensibilité et efficacité scientifique. Elle fait alors profiter les astronautes de ses découvertes. Sa proposition s’éloigne de celle d’une Trisha Brown qui expérimente la marche horizontale ou d’un Daniel Larrieu qui plonge ses danseurs dans la piscine de Waterproof. Tous trois, et bien d’autres par la suite, chercheront néanmoins, en modifiant la relation que les danseurs entretiennent avec la gravité, à faire apparaître d’autres « forces » (relationnelles, spatiales, de présence…) existantes mais dissimulées habituellement par le rapport habituel de l’humain à la gravité dans un environnement terrestre. Le travail pourra être poursuivi par les expérimentations de Merce Cunningham, pour lequel les documents sont nombreux, et de ses disciples qui utilisent les technologies numériques. http://mediatheque.cnd.fr/spip.php?page=bibliographie À chaque moment de cet atelier, les élèves prendront des notes, synthétiseront leurs découvertes et en rendront compte à d’autres élèves. Cet atelier est également l’occasion de présenter des sources historiques simples et la forme dans laquelle elles apparaissent encore Education artistique et culturelle/ Éducation à la culture chorégraphique - 2014 1 aujourd’hui : journal, manuel de danse, illustrations, programme de salles, flyers… Il s’agit d’originaux, de fac-similés et de photocopies. Bibliographie sélective - Sur les pas de Marey : science(s) et cinéma / sous la dir. de Thierry Lefebvre, Jacques Malthête et Laurent Mannoni. − Paris : L'Harmattan, 2004 - Le mouvement dansé, dialogues entre danse et science, L’expérimentation du mouvement très lent ou de la répétition questionnera la perception du temps : peut-on dire combien de minutes a duré ce mouvement ? Quelles sont les possibilités qu’a le corps de colorer ses paramètres de qualité par des intentions telles que l’ennui, le suspens ou par des sensations comme la légèreté ? Dans ce temps de pratique, il sera essentiel que l’élève soit tour à tour danseur et spectateur pour confronter perceptions visuelles, perceptions ressenties et mesures « métriques » de paramètres réels (temps, distance…) Jean Christophe Moine, Maison de l’homme et de la société, Université de La rochelle, Ethnomédia, 2003 - Les actes du corps au corpus technologique, Bernard Stiegler, Jean Pierre Roll et Sally Jane Norman, Odyssud, 1996, - Scientifiquement danse, quand la danse puise aux sciences et réciproquement, Patricia Kuypers, Lisa Nelson, Atelier du regard : Comment la danse traverse et s’approprie les possibilités technologiques ? Contredanse, 2006 - Interagir avec les technologies numériques, Florence Corin, Contredanse, 2004 - Danse et nouvelles technologies, Florence Corin, Contredanse, 1999 - Sur les traces d'Alwin Nikolaïs, ADDA du Tarn, 2006 - Philippe Decouflé, Rosita Boisseau, Textuel, 2003 - Loïe Fuller, danseuse de la Belle Epoque, Stock, 1994 -Vers la poésie du geste : du geste usuel au geste dansé, mémoire à l'oeuvre : deux conférences dansées : rencontre entre une chorégraphe et un biologiste, Micheline Lelièvre Damien Schoëvaert réalisation Marie−Elise Beyne 2009 -Chercheurs ou artistes ? : entre art et science, ils rêvent le monde dir. par Monique Sicard . − Paris : éd. Autrement, 1995 Cet atelier a pour but d’aiguiser le regard, d’apprendre à observer des éléments constitutifs de la danse spectaculaire. Tout au long, on cherchera donc à développer un regard analytique qui permettra de passer d’une possible réaction de rejet envers une forme d’art peu médiatisée à un regard critique sur des œuvres pour certaines inconnues. Ainsi, il s’agira d’établir ensemble une grille d’observation : faire émerger la notion de parcours dans l’espace, des différents niveaux, de rapport au temps, de nombre de danseurs, de costumes…Observer ce qui est mis en valeur dans l’extrait. Cette grille servira de base pour verbaliser et décrire les extraits suivants. Par ailleurs, sur ce sujet précis, il nous paraît nécessaire de redéfinir la notion d’illusions perceptives. Nous agissons comme si nos perceptions étaient la réalité qui nous entoure. Il est également vrai, que les perceptions ne disparaissent pas même lorsque nous sommes confrontés à une illusion. - Les actes du corps au corpus technologique compte-rendu des interventions du samedi 13 février 1996, odyssud-blagnac - bains numériques #1, danse et nouvelles technologies, avec la coordination éditoriale d’Andrea Davidson et les textes de Michel Bret, Chu Yin Chen, Louise Poissant, Dominique Roland, 2005 En studio : « Mes thèmes - la figure humaine dans l’espace, en mouvement et en posture, assise, s’allonger, marcher, debout, sont aussi simples qu’universels. Et par ailleurs ils sont inépuisables. » Oskar Schlemmer Même s’il n’est pas envisageable d’avoir l’appui technologique des grandes salles de spectacles, l’atelier de pratique pourra tout de même être au centre de cette thématique par l’expérimentation des grands paramètres physiques que sont l’espace, le temps et le poids. Par l’improvisation, les danseurs se confronteront par exemple à la relation qu’entretient le corps avec l’espace : l’espace de chacun, l’imaginaire mais aussi l’espace métrique, celui de la topologie. Reproduire le même mouvement sur des distances qui suivent un dessin géométrique, ou adapter son mouvement dans le même temps mais dans des espaces qui s’agrandissent permettra de toucher cette notion d’un espace à la fois quantitatif et qualitatif. Gaetono Kaniza D’un point de vue conceptuel, nous pouvons comprendre que nos perceptions peuvent être erronées mais il n’est pas facile de les modifier. Il n’y a pas de triangles sur la figure ci-dessus. Aussi c’est peut-être là que va résider le mystère des spectacles qui confronteront nos « vérités » à des illusions pour faire naître la magie. 1/Danse, nouvelles technologies et illusion - Loïe Fuller, Danse serpentine http://www.numeridanse.tv/fr/video/1510_loie-fuller - Alwin Nikolais, Crucible http://www.numeridanse.tv/fr/video/239_crucible - Philippe Découfflé, Solo http://www.numeridanse.tv/fr/video/1275_solo-2003-extrait Education artistique et culturelle/ Éducation à la culture chorégraphique - 2014 2 2/Danse défiant les lois universelles - Kitsou Dubois, Trajectoire Fluide http://www.kitsoudubois.com/wordpress/?page_id=178 de 4’45 à 7min - Kévin Jean, La 36ème chambre http://vimeo.com/31739188 , 8min à 12min - Camille Boitel et Boris Gibé, Les fuyantes http://www.numeridanse.tv/fr/video/768_les-fuyantes 3/ Vers un corps numérique - Merce Cunningham, Biped - William Forsythe, Improvisation Technologies - Wolf Ka, Man in /e/space.mov http://vimeo.com/41983727 - Pedro Pauwels, Sens 2 http://www.youtube.com/watch?v=dOoD6h9JDoc ,8 min à la fin. Contenus et références 1/Danse, nouvelles technologies et illusion Au début du XXe siècle, Loïe Fuller connaît un succès populaire fulgurant. Engagée aux Folies-Bergère (1892), elle enthousiasme également le public lors de l'Exposition universelle de 1900. Elle marque son temps par l’utilisation qu’elle fait des innovations technologiques. Elle invente une forme spectaculaire composite : elle développe un art du mouvement produisant des formes abstraites et ne recourant nullement au corps comme un véhicule émotionnel de la danse (contrairement à sa cadette Isadora Duncan, fondatrice d'une autre grande lignée de la danse moderne). En effet, les chorégraphies de Loïe Fuller ne racontent pas d'histoire et ne sondent aucune psychologie. Selon la danseuse, « le corps jette dans l'espace des vibrations », et la lumière est précisément ce qui rend visible la projection dynamique dans l'espace. Pour la première fois dans la « Danse serpentine », le costume est pensé comme un dispositif technique qui prolonge et fait jouer le corps dans l'espace. Loïe Fuller préfigure ainsi les préoccupations de chorégraphes comme Alwin Nikolais ou Philippe Découflé. D’autres au Bauhaus, école d'architecture, de design et d'arts appliqués opposée à l'académisme, travailleront sur le costume : Oskar Schlemmer s’intéressera aux corps empêchés et contraints par celuici et aux axes mécaniques de l’anatomie en rapport à l’architecture. Alwin Nikolaïs, danseur américain qui dirigera le CNDC d’Angers, haute école d’études chorégraphiques, a l’ambition d’élargir les limites du corps dans l’espace. Le danseur n’est plus un corps support d’une dramaturgie, il est porteur de prothèses, d’accessoires qui l’inscrivent dans l’environnement et qui le transforment. « Motion, not emotion », telle est la devise de Nikolais, signifiant ainsi que ce n’est pas l’émotion, ou la narration, qui porte l’intention du mouvement, mais la conscience de ses différentes dimensions : espace, temps, « motion » (dynamique) et « shape » (forme). L’espace chez Nikolais se construit donc comme un espace relatif, plastique. Le danseur, quant à lui, donne à voir cet espace en mouvement, il n’en n’est plus le centre symbolique. Fortement influencé par le travail d'Nikolaïs, Philippe Découflé créée des « spectacles totaux », qui incluent souvent, outre l'aspect chorégraphique, un travail important plastique (costumes, lumière, etc.) ainsi que le recours à la vidéo. En 2009, pour son « Solo », Philippe Découflé danse à la première personne et multiplie cette personne pour en donner à voir tout un corps de ballet. Il donne des fragments d’existence et de sensations où chacun peut s’imaginer un portrait. Son « solo » est un «jeu» de bascule, entre lui et nous. Ici il est seul, pour un « Solo » où il devient son propre jouet, un instrument fait de boucles et de répétitions. 2/Danse, gravité et apesanteur Kitsou Dubois fait partie de la génération de danseurs se posant la question : « quelle scène pour quelle danse ? ». Collaborant à l’entraînement des astronautes, elle cherche à revenir à l’essentiel de la danse : l’enracinement au sol, la connexion au centre, la circulation du mouvement. Mais elle isole également du discours scientifique des mots clés qui font sens pour la danse et en nourrit ses créations chorégraphiques. Trajectoire Fluide est une œuvre pluridisciplinaire qui associe la danse, l’acrobatie et le jonglage, l’image, la musique et les arts plastiques. Tous ces éléments sont repris pour une seule quête : proposer des tentatives de réponses aux questions que soulève l’expérience exceptionnelle du corps en apesanteur. Ce projet interroge la forme du spectacle et s’adapte à différents lieux scéniques, lieux classiques de représentations comme le plateau du théâtre et autres lieux qui proposent des volumes déjà existants. La scène est conçue comme un espace de circulation où les corps des interprètes sont confrontés à des densités différentes. L’espace scénique a pour objectif de déplacer la perception du spectateur en utilisant l’image, le trampoline, les objets, la musique et les interprètes. Les corps des danseurs, soumis à différentes densités, exploitent d’autres manières d’être au monde, liées aux modifications perceptives de leur propres poids. Leurs mouvements viennent perturber nos repères : le haut/le bas, la verticale/ l’horizontal, le poids/l’absence de poids, pour influer sur la perception que l’on a de notre espace interne, et par là même, de notre environnement. Kévin Jean, danseur de la Réunion, empêché en 2008 de poursuivre le droit-fil de sa passion pour un problème physique touchant ses pieds, a décidé de continuer de travailler sur la limite imposée au corps entravé, ouvrant ainsi des horizons renversants à la chorégraphie en se suspendant tête en bas par les pieds pour tester, de l’équilibre et de la gravité, les propositions. Dans sa création, La 36e chambre, les pieds dans des boucles noires, Kevin Jean se suspend au bout d'une corde, tête en bas, avec pour contrepoids un bidon. À partir de cette position, il offre d'étonnantes variations qui évoquent tour à tour la chute, l'étrangeté d'un corps « en mauvaise posture », entravé et pourtant encore libre de ses mouvements, observés et éprouvés de nouveau, avec douceur et fluidité. Kevin Jean se joue du corps empêché et l’entrave devient alors une autre façon de lâcher prise. Education artistique et culturelle/ Éducation à la culture chorégraphique - 2014 3 Kevin Jean revisite alors l'expérience de la gravité terrestre. La recherche de Boris Gibé et Camille Boitel s’articule essentiellement autour de la perception du monde, de la mise en perspectives, et de la recherche du point de fuite. Dans un univers burlesque, Les Fuyantes emmène le spectateur dans une déconstruction de ses repères, lui proposant un nouvel angle d’observation... La réalité n’est-elle pas qu’une construction ? Boris Gibé s’appuie de nouveau sur les arts du cirque mais également sur la danse acrobatique, l’exploration aérienne, la manipulation d’objets... La scénographie donne la sensation de troubles optiques grâce à des projections de lignes de fuites, de lumières et d’ombres projetées sur des volumes, mobiles et déformables. Le décor mouvant et les corps en mouvement, en perpétuelles transformations, emmènent le public vers des territoires instables, en jouant de sa confiance en l’image, ce qui peut rejoindre d’une certaine manière les préoccupations de Philippe Découflé. L’extrait ici montre le corps explorant de nouvelles limites quant à sa maîtrise au sol ou dans les airs. Ce jeu de gravité peut être mis en relation avec les Early Works de Trisha Brown avec notamment la performance Spirales où elle expérimente également l’idée d’une scène renversée, de marche sur les murs, d’une marche non plus à la verticale mais à l’horizontale. 3/Vers un corps numérique ? Les capteurs jouent deux rôles différents dans le monde du spectacle : soit ils aident le régisseur soit ils sont un outil de création et d’exploration d’effets impossibles sans technologie. Merce Cunningham compose en dialogue avec Life forms, un logiciel développé à partir d’un système MacLaban par l’université de Vancouver. En 1997, un groupe d’artistes multimédias et d’informaticiens mené par Paul Kaiser lui propose de collaborer autour des possibilités d’un nouveau logiciel : Character Studio est le premier logiciel d’animation en 3D à pouvoir, non seulement imiter mais aussi modéliser et manipuler des coordonnées de mouvement enregistrées à partir de corps réels : c’est la technique de « capture de mouvement ». Aux articulations du corps en mouvement sont fixés des marqueurs photosensibles, leurs déplacements sont captés par des caméras optiques. Cette technique est riche de potentiel pour la notation en danse car cette capture ne se contente pas d’analyser les paramètres du mouvement, elle en retient visuellement la qualité. Le dialogue de Merce de ce groupe s’est peu à peu transformé en installation multimédia puis en spectacle de scène : la première de BIPED a lieu le 23 avril 1999 en Californie. Cette scène est partagée par des chorégraphies exécutées par des danseurs en chair et en os et des chorégraphies virtuelles travaillées par le logiciel Character Studio. « J’ai souhaité que les danseurs virtuels semblent obéir aux lois du monde physique, autrement dit qu’ils se meuvent en rapport à la gravité. Et le rendu de la gravité, c’est un sacré problème pour les logiciels de simulation » Merce Cunningham Comme toujours dans les collaborations de Merce Cunningham, chacun a travaillé de son côté, les musiciens y compris. C’est seulement le soir de la première que tous ont découvert de quoi l’ensemble a l’air. À ce sujet, il sera particulièrement adéquat de s’attarder sur le texte d’Annie Suquet à propos de Biped de Cunningham : « piéger l’interdit » dans « danse et technologie » William Forsythe conçoit une sorte de manuel afin que les nouveaux danseurs de la compagnie travaillent en profondeur les bases de l’improvisation de façon plus autonome. Ce cd rom contient 60 vidéos dans lesquelles il présente les principes essentiels de son travail chorégraphique, une interview du chorégraphe, un texte biographique et un solo. Cet outil est polyforme : s’il est né d’une nécessité pour William Forsythe de poser la question de l’inscription spatiale de la danse et de son écriture, il est aussi outil d’analyse, d’improvisation et de mémorisation. Pour aller plus loin, lire « observer le mouvement, entretien avec William Forsythe » par Nik Haffner dans nouvelles de danse 40/41. La performance Man in |e|space.mov est le résultat d’une collaboration entre la compagnie de danse Res Publica et un laboratoire d’architecture et urbanisme. Entre la danse et l’architecture, ce spectacle pourra être également rapproché de la danse des bâtons et des questionnements du Bauhaus. Mais il se situe également entre l’homme et l’espace électronique : la perception du corps dans cette performance est filtrée par un dispositif électroluminescent porté par une danseuse, analysé puis représenté dans un environnement 3D à travers une captation par caméra vidéo. L’image capturée en temps réel, assemblée et recombinée dans l’espace 3D électronique, est projetée sur la scène. Ainsi, ces deux représentations adjacentes se combinent et se complètent: l’une tridimensionnelle, représentant le corps humain, danseur - interacteur, de manière schématique et abstraite, l’autre représentant le mouvement, à travers des effets de persistance ou de construction géométrique dans l’espace électronique. Cette approche paramétrique et pluridisciplinaire rassemble des données d’espace, de mouvement et de son dans un seul dispositif, entre la scénographie, la danse, la musique et le cinéma, tout en fusionnant l’espace électronique avec celui de l’espace physique. Sens II, est un spectacle qui intègre les nouvelles technologies du chorégraphe français Pedro Pauwels. Pedro Pauwels, avec la collaboration de l’UFR STAPS, met au point un système permettant de capter l’activité électrique d’un muscle en mouvement, Une manière de mettre en valeur la perception sonore du mouvement. En partant du principe que chaque contraction musculaire génère un courant électrique, ils placent des électrodes sur sept muscles du danseur qui sont elles-mêmes reliées à une table de mixage. Les signaux électriques musculaires sont ensuite associés à sept sons afin de les transformer en gamme mélodique. Pedro Pauwels crée ainsi une chorégraphie musicale du mouvement. Sens II est une exploration de la mélodie musculaire et de l’acoustique du corps dansant. À travers une « captation des bruits internes du corps », le geste dansé devient alors objet sonore s’intégrant dans une partition organique composée par un musicien en direct. Le public est plus proche du corps dansant, et du sens du perceptif. Durée de l’atelier : 1h45 Education artistique et culturelle/ Éducation à la culture chorégraphique - 2014 4