MONUSCO DISCOURS DU REPRESENTANT SPECIAL DU

Transcription

MONUSCO DISCOURS DU REPRESENTANT SPECIAL DU
MONUSCO
DISCOURS DU REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL
EN RDC ET CHEF DE LA MONUSCO
TROISIEME RENCONTRE AVEC LA PRESSE, HOTEL BEATRICE, 14
JUILLET 2016
Mesdames, messieurs, chers amis bonjour,
Etant donné que nous en sommes à notre troisième
rencontre, j’ose pouvoir appeler beaucoup d'entre vous des
amis.
D’entrée de jeu, je voudrais vous remercier d’avoir honoré
notre invitation pour partager ce petit-déjeuner et échanger
sur la mise en œuvre du mandat de la MONUSCO.
Avant de poursuivre, permettez-moi de saisir cette
occasion pour vous transmettre mes sincères excuses pour
le report au dernier moment de cette rencontre initialement
prévue le 2 juillet.
Par la même occasion, je tiens à exprimer, au nom du
Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M.
Ban Ki-Moon, nos chaleureuses félicitations au
Gouvernement et au peuple congolais à l’occasion de la
commémoration du 56e anniversaire de leur fête de
l'indépendance le 30 juin dernier.
Chers amis, ce matin, je vais commencer par faire le point
de la situation politique et je parlerai ensuite de la situation
sécuritaire dans l'est de la RDC et de quelques
développements connexes, après quoi nous pourrons
interagir, et échanger suivant la formule habituelle
formule qui nous a permis d’avoir de très bons échanges.
L’'actualité politique depuis notre dernière rencontre
est encore bien fournie et porte essentiellement sur
l'impasse autour du processus électoral et les efforts visant
à faciliter le lancement d'un processus de dialogue politique
crédible et inclusif.
A cet égard, j'aborderai succinctement le conclave de
l'opposition qui a eu lieu du 9 au 10 juin à
Genval en Belgique et les réactions de la classe politique
aux conclusions de ces assises et je toucherai ensuite la
mise en place du groupe de soutien à la facilitation, la tenue
de sa réunion inaugurale le 4 juillet à Addis-Abeba et la
rencontre d'une délégation de ce groupe avec le président
de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, et d'autres leaders
de l’opposition à Bruxelles le 9 juillet. J’évoquerai aussi la
dernière session du Conseil de sécurité sur la situation en
RDC tenue à New York le 7 juillet.
S'agissant de la situation politique, les efforts déployés pour
aider à débloquer l'impasse autour du lancement du
dialogue et du processus électoral commencent à porter
leurs fruits. De plus en plus les lignes commencent à
bouger et un large consensus se dessine progressivement
sur l'impératif du dialogue pour surmonter l'impasse
actuelle.
Les enjeux sont énormes et le dialogue est incontournable
pour éviter les risques de rechute dans une instabilité
politique et le recours à la violence.
D'ailleurs, en s'adressant aux membres du Conseil de
Sécurité le 7 juillet, le vice-secrétaire général des Nations
Unies, Jan Eliasson, a exprimé son inquiétude face à la
montée des tensions à l'approche des échéances
électorales et a appelé les parties à prendre part à un
dialogue politique inclusif pour éviter que l'impasse actuelle
ne dégénère en crise grave.
Pour les Nations Unies, seul un dialogue inclusif et crédible
entre les parties prenantes congolaises permettrait de
désamorcer les tensions actuelles, surmonter l'impasse
électorale et prévenir la violence.
C'est d'ailleurs dans cette optique que les Nations Unies,
l'Union africaine, l'Union européenne et l'OIF ont publié un
communiqué en juin annonçant la mise en place
d'un groupe de soutien à la facilitation du Premier ministre
Kodjo. Le groupe de soutien comprenant l'UA, l'ONU, l'UE,
l'OIF, la CIRGL et la SADC a tenu sa session inaugurale à
Addis-Abeba le 4 juillet sous la présidence du commissaire
à la paix et à la sécurité, Smaïl Chergui.
Suite à cette rencontre, une délégation de trois personnes
comprenant le commissaire Chergui de l'UA, Koen Van
Vaerke, directeur général pour l'Afrique de l'UE et mon frère
Saïd Djinnit, envoyé spécial du Secrétaire général pour la
région des Grands lacs s'est rendue à Bruxelles où elle a
rencontré le patriarche Tshisekedi et d'autres membres de
l’organe mis sur pied par l'opposition à l'issue de leur
conclave de Genval. J'y reviendrai.
S'agissant de cette rencontre du 9 juillet, les
discussions ont porté sur les conditions à créer pour le
lancement du dialogue national et ont confirmé
l'attachement à la résolution 2277 et au respect de la
Constitution dans la recherche d'une solution.
Il est important de relever aussi que, dans l'optique de
promouvoir la tenue du dialogue, le Gouvernement des
USA a, à travers un communiqué du Département d'Etat en
date du 8 juillet, apporté son appui au groupe de soutien et
lancé un appel aux parties prenantes à participer au
dialogue.
La mise en place du groupe de soutien est l'aboutissement
des initiatives et concertations visant à aplanir les
divergences entre les diverses parties prenantes.
Suite donc au conclave de l’opposition à Genval, le
facilitateur désigné par l’Union africaine, l’ancien Premier
ministre togolais Edem Kodjo, s’est rendu à Bruxelles où il
s’est entretenu avec les membres du comité des sages mis
sur pied par le Rassemblement et présidé par le patriarche
Etienne Tshisekedi. Les discussions n'ont pas réussi à
débloquer l'impasse initiale.
J’ai eu l’occasion de rencontrer M. Kodjo à plusieurs
reprises dans le cadre de notre soutien au processus du
dialogue conformément à la résolution 2277 du Conseil de
sécurité. Mon souci, voire le souci des Nations Unies, est
de tout faire pour aider à dépasser les blocages et aller vers
l’organisation d’élections transparentes, crédibles
paisibles dans le cadre de la Constitution congolaise.
et
C’est pour cette raison que je voudrais saisir cette occasion
pour réitérer les appels incessants de la communauté
internationale, notamment le Conseil de sécurité des
Nations Unies, l'Union africaine, l'Union européenne et
l'Organisation
internationale
de
la
francophonie
(OIF), invitant les acteurs congolais à travailler avec M.
Edem Kodjo pour débloquer l’impasse autour du processus
électoral.
Le facilitateur, faut-il le rappeler, agit dans le cadre des
instruments pertinents de l'Union africaine et de la
résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations Unies,
en vue de permettre la tenue d’un dialogue inclusif et
crédible qui, pour l'heure, reste la seule voie à même de
permettre de dégager un consensus politique autour des
retards éventuels dans l’organisation des élections
qui, selon toute vraisemblance, ne pourront pas se tenir en
novembre de cette année.
En ce qui nous concerne, nous restons déterminés à
poursuivre notre soutien sans équivoque aux efforts de
facilitation menés par M. Edem Kodjo au nom de
l'Union africaine.
Nous avons commencé à prendre toutes les dispositions,
en étroite collaboration avec l'Union africaine et les autres
partenaires, pour le détachement d’experts sollicités
par l’Union Africaine en vue de renforcer l’équipe du
Premier Ministre Kodjo.
Il
s’agit
de
trois
spécialistes
en
questions
politiques,
en
communication,
et
pour
les
questions électorales envoyés par les Nations Unies et un
expert en matière constitutionnelle fourni par l’OIF. Deux
des experts sont déjà à Kinshasa depuis plus de deux
semaines.
Mesdames et messieurs, tandis que la MONUSCO œuvre
et continuera d’œuvrer en étroite collaboration avec les
partenaires concernés, en vue d’appuyer les parties
prenantes congolaises, y compris le Gouvernement,
l'opposition et la société civile pour sortir de cette impasse,
il est de ma responsabilité d'alerter les uns et les autres que
nous ne pouvons pas nous permettre d'hypothéquer les
énormes investissements consentis par le peuple congolais
avec le soutien de la communauté internationale au cours
des 17 dernières années pour asseoir la paix et la stabilité
en RDC.
Dans le contexte actuel, toute action, toute initiative
ou
même
toute
perception
d’atteinte
aux
droits
constitutionnels
des
Congolais
ne
feront qu’alimenter davantage les tensions.
C’est la raison pour laquelle je ne cesse d’encourager les
autorités congolaises de prendre des mesures pour
décrisper la situation actuelle.
Dans le même ordre d’idées, j’ai toujours encouragé les
leaders des divers plates-formes et partis d’opposition
à faire preuve de responsabilité dans l’exercice des
droits et libertés de manière à ne pas attiser les
tensions qui pourraient plonger le pays dans une violence
aux conséquences désastreuses.
Mesdames et messieurs, permettez-moi maintenant
d'aborder la situation humanitaire alarmante, en particulier
dans l’est du pays.
L'accès humanitaire dans l'est de la RDC est devenu de
plus en plus difficile à cause de l'insécurité grandissante,
marquée par les embuscades contre les ONG ainsi que les
enlèvements de leur personnel par de présumés
éléments des groupes armés, y compris les FDLR, MaïMaï Nyatura et autres éléments criminels.
La fermeture des sites de personnes déplacées,
notamment dans le Nord-Kivu, est également une question
préoccupante.
Ensemble avec la communauté humanitaire, nous
poursuivons notre plaidoyer auprès du Gouvernement pour
qu’il respecte ses obligations internationales y compris en
garantissant la sécurité des zones où sont établis les
déplacés et en veillant à ce que la fermeture des sites
n’augmente pas la vulnérabilité des personnes déplacées.
Mesdames et messieurs, les récents événements
à Buleusa et à Kamina mettent en exergue l'importance
d'un appui national fort dans la mise en œuvre du plan
national pour le désarmement, la démobilisation et la
réinsertion des ex-combattants ainsi que de mesures
effectives pour le renforcement de l’autorité de l'État.
Sans un programme national doté de moyens financiers
adéquats, la réinsertion et la réintégration des excombattants dans la vie civile risquent simplement de
déraper. Pour mettre fin au cycle de la violence et instaurer
une paix durable, il est primordial de fournir aux excombattants les moyens de subsistance alternatifs.
En outre, les atrocités commises dans la région de Beni, les
tueries criminelles et insensées de civils de même que les
actes
de
violence
perpétrés
dans
le
triangle
d’Eringeti
par
les
éléments
ADF
et autres groupes
aggravent davantage la
situation, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre
de notre tâche principale de protection des civils et de
neutralisation des groupes armés.
Je voudrais me féliciter ici des succès obtenus dans les
opérations SUKOLA I et II menées par les FARDC avec le
soutien des forces de la MONUSCO.
Nous devons faire plus pour neutraliser les forces négatives
et identifier et traduire en justice les auteurs de ces crimes
ainsi que ceux qui les soutiennent.
Chers amis, je vais m'arrêter là pour accorder plus de
temps aux échanges sur toutes ces questions et d'autres
que je n’ai pas eu le temps d’aborder.
Je vous remercie de votre aimable attention.
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