ENTRETIEN avec Patricia Marino, potière

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ENTRETIEN avec Patricia Marino, potière
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L’AVIS de Muttersholtz – Janvier 2014
L’artisanat à Muttersholtz
ENTRETIEN avec Patricia Marino, potière à Muttersholtz
La céramique s’inscrit dans les activités de l’association Textures dont l’objet est la diffusion de
savoirs artistiques et artisanaux. L’intérêt se porte particulièrement sur des pratiques qui se
perdent comme la poterie.
Patricia Marino est compagnon potier et a passé son brevet il y a 40 ans alors qu’elle travaillait
à la poterie Schmitter de Betschdorf. Aujourd’hui, le musée de ce village, berceau de la poterie
alsacienne, possède plusieurs de ses œuvres.
Q. : pratiquez-vous encore la poterie traditionnelle ?
P. M. : la rupture avec des techniques formées par l’accumulation de siècles
d’expérimentations n’est pas raisonnable et cette pratique doit s’ajouter à toutes les autres. Ce
que je fais aujourd’hui est issu d’un mélange de techniques, de procédures, de matières et je
m’inspire autant du travail des potières en Afrique de l’Ouest que des méthodes de chauffe à
très haute température mises au point en Chine et au Japon. Il faut aussi rester curieux des
pratiques industrielles et des techniques de pointe qui font des allers retours entre la
céramique et la chimie atomique.
Q. : comment définiriez-vous votre production aujourd’hui ?
P. M. : d’abord, je suis une potière. Je fabrique des contenants qui doivent fonctionner, c’est à
dire ne pas présenter de fissures pour garder le liquide et ne pas provoquer d’échange chimique
avec le contenu.
Donc je fais de la vaisselle à la main, qui doit supporter l’usage et les contraintes actuelles
(lave-vaisselle, micro-ondes…). La forme et l’aspect répondent à une fonction et la part
esthétique doit s’inscrire dans cette démarche.
J’ai gardé de ma formation initiale un intérêt pour le cobalt dont les variations de bleu sont en
adéquation avec l’environnement aquatique du Ried et ses paysages aux couleurs froides qui ne
se réchauffent qu’aux crépuscules le soir ou le matin.
Commune de Muttersholtz – Entretien réalisé par le comité de rédaction de l’Avis – Jean-Claude Omeyer – Janvier 2014
Q. : quelle est la part de création dans votre travail ?
P. M. : pour moi, la terre est une écriture avec une syntaxe propre. Si celle-ci est respectée,
l’argile offre une énorme palette expressive. Les sphères que j’expose actuellement contiennent
chacune comme une petite nouvelle sur l’état du monde tel que je le perçois.
Q. : pourquoi diffuser votre savoir ?
P. M. : Nous sommes de moins en moins nombreux à maîtriser ces techniques. Au Japon, les
vieux potiers deviennent patrimoines vivants et doivent pérenniser leur savoir dans
l’enseignement supérieur. Ici, cela reste un combat individuel. Il est difficile de faire
comprendre qu’un savoir-faire a autant de valeur qu’un objet antique, pour lequel il est établi
que la collectivité doit faire un effort de conservation.
Ainsi je reçois toute l’année des stagiaires en formation de métiers d’art, de design et des
professionnels soucieux d’évoluer dans leurs techniques.
Pour les fêtes : fabrication et commerce de proximité, cadeaux durables
Patricia Marino, compagnon potier depuis plus de 40 ans a son atelier à Muttersholtz, ainsi qu’un petit
magasin 17 rue des Tulipes dans la zone d’activité « Les Saules ».
Elle fabrique à la main des pièces uniques, signées, à prix raisonnables. Toute sa production est aux
normes alimentaires et conçue pour une utilisation contemporaine (lave-vaisselle etc.).
Dans la boutique de l’association, 5, passage Sainte Barbe à Sélestat, elle présente son travail et aussi
celui de deux confrères qui fabriquent avec les mêmes exigences de la céramique traditionnelle
alsacienne. La potière partage son temps entre l’atelier de Muttersholtz et la boutique de Sélestat, un
petit coup de téléphone au 03 88 85 23 33 ou 09 73 50 40 23 pour annoncer votre visite.
Commune de Muttersholtz – Entretien réalisé par le comité de rédaction de l’Avis – Jean-Claude Omeyer – Janvier 2014