La seule chanson du CD Evidemment, lorsque l`on me remet un CD
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La seule chanson du CD Evidemment, lorsque l`on me remet un CD
La seule chanson du CD Evidemment, lorsque l’on me remet un CD garni de « chansons pour lycéens », je me méfie. Ma chaîne hifi va-t-elle le supporter ? Le lecteur avale prudemment le CD. Première piste... Une image, une seule : les Triplettes de Belleville. Saperl’Hip Hop est une chanson en noir et blanc, de cette époque disparue et regrettée des années 30, avec son accordéon enchanteur qui se contorsionne et lance au chanteur des plateformes musicales, sur lesquelles Barcella prend son élan avant de lancer à son tour des mots qui flottent un instant dans les oreilles avant de s’imprégner dans le cerveau. La mélodie se rapproche des valses d’antan, tourbillonnante, puissante et sautillante, et la voix, aux sonorités incontestablement hip-hop, prend parfois des accents de jadis. Ses paroles sont simples, entraînantes, distrayantes, dansantes, et très loin des suites de mots balancées dans le rap d’aujourd’hui. Les phrases contiennent un sujet, un verbe, un complément, ainsi que quelques subtilités qui font sourire. Résultat, on se surprend à reprendre le refrain et à dodeliner de la tête, et lorsque la chanson se termine, on la relance. Je n’ai soudainement plus du tout envie d’écouter la suite du CD. Mais c’est mon devoir de lycéen. Je pense aux soldats qui meurent au combat, aux professeurs qui lisent des centaines de textes chaque soir, aux innocents qui pleurent dans leur cellule et j’appuie sur Play. Barcella ne fait pas de la variété française, il fait de la musique... Pierre Dréan. La poussée d'Archimède! Direction salle 11. Je pars m'enfermer pour une heure et demie au « labo ». Derrière sa paillasse, tout sourire, le prof nous attend et claironne: au programme de ce matin: la poussée d'Archimède. Sourires blasés, mines interrogatives: Poussée d'Archimède? Rien de très réjouissant. Je me prends à rêvasser en regardant par la fenêtre. Archimède? Mais c'est aussi le nom du groupe et le titre du premier album des frères Boisnard alias les frères Gallagher de la chanson française. Je me plonge alors dans une atmosphère Pop and Rock. Dès l'entrée en matière, la musique, dynamique et tonitruante, plante rapidement l'ambiance de ce nouvel opus «L'intrus». Un texte judicieux servi par la voix éraillée du chanteur où l'ironie et l'humour se mêlent pour renforcer la dérision de la situation. Je redécouvre alors la vie de cet adolescent à l'âme de poète, incompris dans sa propre famille de beauf! Lui ne rêve que de Poésie à la Edgar Poe, d'Art à la Picasso, aux Tapisseries d'Aubusson quand sa famille ne pense que tunning, bodybuilding, joint de culasse et j'en passe... Seul, à contre-courant, il livre son combat contre la bêtise ambiante. Impossible d'oublier cette musique au tempo endiablé et son refrain «j'suis l'Intrus, l'intello du sérail». Sans nul doute, un cocktail qui permet de retrouver la bonne humeur, et donne au Rock français un air de jeunesse. Archimède ne renierait sûrement pas une telle création et lui donnerait volontiers un coup de pouce! Anne Le Gal.