Le dessin de la famille chez l`enfant ou l`adolescent avec un parent
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Le dessin de la famille chez l`enfant ou l`adolescent avec un parent
Etre enfant ou adolescent avec un parent cérébro-lésé OPPENHEIM-GLUCKMAN H., WEISS JJ, DE COLLASSON P., THEVENIN-LEMOINE E., CHAMBRY J. Cet exposé s’appuie sur le travail d’un groupe au sein du Centre Ressources Francilien du Traumatisme Crânien (CRFTC) auquel ont aussi participé G. Marioni, MT Aeschbacher, G. Benamozig, I Pourret, C Gericot et sur des recherches sur ce thème Introduction • Nous allons présenter : – Les recherches sur ce sujet – Leurs retombées en France • • • • • • • • Les études Pessar LF, Coad ML, Linn RT, Willer BS. The effects of parental traumatic brain injury on the behaviour of parents and children. Brain Injury 1993 ; 7,3 : 231-40. Uysal S, Hibbard M, Robillarf D, Pappadopoulos E, Jaffe M-The effect of parental traumatic brain injury on parenting and child behavior, The Journal of head trauma rehabilitation,13,6,1998,57-71 Urbach J R, Culbert J P.Head-injured parents and their children. Psychosomatics 1991 ; 32, 1 : 24-33. Urbach JR. The impact of parental head trauma on families with children. Psychiatric Medecine 1989 ; 7,1 : 17-35. Murray W. My Mum/Dad has had a brain injury, 3rd World Congress in Neurological Rehabilitation ; 2002 April 2-6, Venise, Italie. Butera-Prinzi F, Perlesz A : Through children’s eyes : children’s experience of living with a parent with an acquired brain injury, Brain Injury, 2004, 18, 1, 83-101 Visser-Meily A, Post M, Meijer AM, Maas C, ketalaar M, Lindenman E. Chidren’s adjustement to parent’s stroke. J Rehabil Med, 2005 ; 37 : 236-41. Visser-Meily A, Post M, Meijer AM, Van de Port I, Maas C, Lindeman E : When a parent has a stroke : clinical course and prediction of mood, behavior problems and health status of their young children, Stroke, 2005 ; 36 : 2436-40 Les recherches en France • Le vécu des enfants de 6 à 12 ans avec un parent cérébro-lésé Oppenheim-Gluckman H, Marioni G, Virole B, Aescbascher MT, Canny-Verrier F. Vécu des enfants dont l’un des parents est cérébro-lésé, étude préliminaire. Ann Readapt Médecine Physique 2003 ; 46 : 525-538 Oppenheim-Gluckman H, Marioni G, Virole B, Aescbascher MT, Canny-Verrier F. Le dessin de la famille chez les enfants dont l’un des parents est cérébro-lésé. Neuropsychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent 2003 ; 51 : 247-256 • Le vécu des adolescents de 12 à 18 ans avec un parent cérébro-lésé Oppenheim-Gluckman H, Marioni G, Chambry J, Aescbascher MT, Graindorge C. Vécu des adolescents dont l’un des parents est cérébro-lésés, étude préliminaire, Ann Réadapt et de Médecine Physique, 2005 ; 49 : 650-661 Oppenheim-Gluckman H, Marioni G, Chambry J, Aescbascher MT, Graindorge C. Le dessin de la famille chez l’adolescent avec un parent cérébro-lésé, étude préliminaire, Neuropsychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, 2005 ; 53 : 254-62 Objectifs de ces recherches Explorer le retentissement de la lésion cérébrale d’un parent sur le vécu des enfants et des adolescents Patients • Dix neuf enfants entre six et douze ans et onze adolescents entre treize et dix-huit ans ayant un parent cérébro-lésé (traumatisme crânien, tumeur, accident vasculaire, anoxie) avec des séquelles cognitives, sans état végétatif, ni mutisme akinétique. • Pas d’antécédents psychiatriques. Retour au moins partiel du parent malade au domicile Méthode • Analyse de cas multiples. • Evaluation de l’anxiété par la R-CMAS chez les enfants, de l’anxiété et de la dépression par la R-CMAS et la BDI chez les adolescents. • Analyse qualitative d’un entretien semidirectif et du dessin de la famille. Consigne pour le dessin de la famille « dessine une famille avec des objets autour si tu veux » (Méthode Corman) Résultats • Chez les enfants et les adolescents, anxiété identique à celle d’une population tout venant. • Chez les adolescents, les affects dépressifs sont plus fréquents que dans une population tout venant, ainsi que les passages à l’acte et les difficultés scolaires. Dessin de la famille • Anomalies de la représentation du corps des personnages, en particulier absence de mains ou mains sans doigts chez 91% des adolescents et chez 73% des enfants, • Présence de personnages vacillants, fantomatiques ou « dans les airs » chez 82% des adolescents et 68% des enfants. • La place des parents et des enfants est différenciée chez 62% des adolescents et chez 68% des enfants, • mais les personnages sont en interaction seulement dans 18% des cas chez les adolescents et dans 15% des cas chez les enfants. • Dessin de la famille réelle chez 78% des enfants et 45% des adolescents Valeur du dessin de la famille Les éléments repérés ici se retrouvent partiellement dans d’autres pathologies (enfants épileptiques, adolescents et enfants avec un parent dialysé, adolescents toxicomanes, enfants et adolescents diabétiques) Cependant, il faut souligner la valeur diagnostique de ce dessin à la fois chez l’enfant et l’adolescent Dessin de S, 6 ans, 4 ans lors du traumatisme crânien de sa mère Dessin de M, 8 ans, née durant le coma de son père du à un accident vasculaire cérébral Dessin de St, 9 ans Et de sa sœur T, 7 ans 2° dessin de sa sœur T, 7 ans Discussion des résultats • • • • • • Pas de confusion générationnelle Sentiment d’isolement Moins grande autonomie Sentiment d’impuissance Sentiment d’insécurité Atteinte du corps familial Conclusion de ces recherches • Sentiment d’insécurité, d’impuissance et d’isolement au sein du milieu familial. • Impact inconscient fort du handicap du parent sur l’enfant ou l’adolescent et sur l’ensemble de la représentation qu’il a du « corps familial ». • La structure familiale n’est pas touchée dans sa composition, les places et rôles symboliques de chacun sont conservés, mais le handicap du parent cérébro-lésé vient s’infiltrer dans la représentation générale que l’enfant ou l’adolescent a de lui-même, de la famille et de ses membres. Retombées • Afin d’améliorer la prise en charge de ces enfants et adolescents, l’Association Réseau TC Ile de France et le CRFTC ont été contactés par l’ADEP (Association d’Entraide des Polios et Handicapés) à la suite des deux recherches sur le vécu des enfants et des adolescents avec un parent cérébro-lésé menées en collaboration avec d’autres structures (Centre Médical Jacques Arnaud à Bouffémont, Fondation Vallée à Gentilly). • Un travail a été développé pour améliorer l’accueil des enfants par les soignants qui prennent en charge leur parent et l’aide que les professionnels doivent leur apporter. Ont été élaborées • Une plaquette pour sensibiliser les soignants à l’accueil de ces enfants et adolescents dans les services où sont soigné leur parents • Des recommandations de bonnes pratiques • Des formations pour sensibiliser les soignants à l’accueil des enfants et des adolescents dans les services où sont soignés leurs parents • Un livret destiné aux enfants et aux adolescents avec un parent cérébro-lésé • Un groupe de parents cérébro-lésés vient de s’ouvrir • Une recherche a été menée sur la façon dont les cliniciens qui s’occupent de patients adultes avec des troubles psychiques se préoccupent de leurs enfants Objectifs et public de ce livret - Livret destiné aux enfants de plus de 8 ans et aux adolescents -Diffusé gratuitement par le CRFTC aux professionnels qui sont en contact avec l’enfant ou son parent malade -Il a pour but d’aider l’enfant ou l’adolescent à exprimer ce qu »’il ressent -D’aider les professionnels à engager le dialogue avec l’enfant -De le sensibiliser à ce que l’enfant ou l’adolescent vit aux différentes périodes du handicap du parent malade Methodologie et contenu de ce livret -Ce livret s’appuie sur des témoignages et des dessins d’enfants ou d’adolescents -Il propose un dialogue entre ces témoignages et ces dessins et les réactions des professionnels face à eux (pedopsychiatres et pedopsychanalystes) -L’appui sur ce dialogue peut permettre aux enfants et adolescents dans la même situation de parler de leur propre expérience avec un professionnel -Les différentes périodes de l’accident initial au retour à la maison du parent malade sont abordées -Ainsi que divers thèmes (ressenti des différentes étapes, perception du parent malade, de la famille, vie amicale, projets de vie… -Quatre pages d’explication sur la lésion cérébrale et ses conséquences, les parcours de soins, les professionnels qui s’occupent du parent malade complètent le livret Originalité de ce livret -D’autres livrets pour des enfants ou adolescents avec un parent malade existent (Globaux, SLA, SEP…) -Mais aucun ne s’appuie directement sur le dialogue entre les témoignages et les dessins des enfants ou adolescents et les réponses des professionnels -Soit ils racontent une histoire soit il s’agit d’un discours qui s’adresse à l’enfant Le vécu des enfants et des adolescents à travers ce livret -Ils analysent très précisément les séquelles de leur parent malade -Ils éprouvent des sentiments difficiles : sentiment d’étrangeté, de culpabilité, d’isolement, de peur -Emergent des processus psychiques complexes : °risque de rupture des processus de reconnaissance par l’enfant ou l’adolescent de son parent malade °mais maintien de sa place symbolique, °processus d’oubli avec une difficulté à se représenter le parent d’avant la maladie, °tentative de maintien de la continuité des processus de filiation °mais en parallèle tentation de construction d’un roman familial avec un parents imaginaire différents du parent malade °difficulté à se représenter la maladie du parent et ses causes °tentatives de dépassement de la honte et de la colère °mécanismes de résilience Conclusion sur ce livret - Ce livret constitue un outil leur permettant à la fois de mieux connaître le vécu des enfants et adolescents avec un parent cérébro-lésé et d’ouvrir un espace de dialogue. - Dans certains cas, ceci est suffisant. -Dans d’autres, ce dialogue permet l’adresse dans de bonnes conditions à des suivi plus spécialisés quand ils sont nécessaires . Comment les médecins de patients adultes prennent en compte les difficultés des enfants mineurs quand un parent présente une atteinte psychique chronique : étude préliminaire H. Oppenheim-Gluckman, psychiatre et psychanalyste, Institut Marcel Rivière (La Verrière), unité INSERM U 669 (Paris) et Centre Ressource Francilien pour le Traumatisme Crânien (Paris) J. Chambry, psychiatre, Praticien Hospitalier, Fondation Vallée (Gentilly) et unité INSERM U 669 (Paris), Y. Loisel, Chef de clinique Assistant, Pédopsychiatre, Fondation Vallée (Gentilly) JJ Weïss, Médecin, directeur du Centre Ressources Francilien pour le Traumatisme Crânien (Paris) B. Falissard , Professeur des Universités, Directeur de l’unité INSERM U669 (Paris) Objectif de cette recherche • Etudier les pratiques et les représentations des médecins d’adultes par rapport à la parentalité des patients avec des troubles psychiques, à la relation parent-enfant et aux enfants de ces patients. • Entretiens avec médecins de médecine physique et de réadaptation ou les neurologues qui s’occupent de patients cérébro-lésés (les séquelles cognitives, comportementales et psychiatriques sont le problème majeur de cette pathologie) psychiatres qui s’occupent de patients avec des troubles psychiatriques chroniques (dépression, psychose, troubles bipolaires ect…). Nos hypothèses Les médecins qui s’occupent de patients adultes avec des troubles psychiques chroniques, psychiatres ou somaticiens, ne prennent pas en compte le vécu et la souffrance psychique des enfants de ces patients car: - Leurs choix professionnels et la relation de soins habituellement pratiquée ne leur permet pas de se préoccuper des besoins des enfants de leur patient et du patient comme parent - Ils ont une relation centrée sur le patient adulte et leurs liens avec le groupe familial se fait autour de la notion d’ « aidant ». - Ils n’ont pas reçu de formation systématique visant à les sensibiliser °aux difficultés psychiques de l’enfant ; °aux interactions parents-enfants et aux atteintes des processus de parentalité ; °à la désorganisation de la dynamique familiale à cause de la maladie. Méthodologie • Etude exploratoire à l’aide d’entretiens et d’une approche qualitative • 13 médecins de rééducation et de médecine physique ou neurologues(activité hospitalière ou institutionnelle). Seize praticiens ont refusé notre proposition d’entretien • 12 psychiatres (activité hospitalière ou de consultation dans un Centre Médico Psychologique). Vingt et un praticiens ont refusé de participer à la recherche • L’entretien semi-directif a exploré – La pratique du médecin concernant les enfants des patients – Ses représentations de la parentalité, de la relation parent-enfant, des besoins et des difficultés de l’enfant, de son exercice professionnel • Analyse de contenu des entretiens Résultats Description de la pratique des médecins MPR et neurologues • reçoivent systématiquement une personne de l’entourage (l’aidant familial). Tous une représentation de la maladie qui inclut l’entourage familial : support de la réhabilitation du patient • Objectif prioritaire : réhabilitation et maintien de l’insertion sociale • Pour 77% d’entre eux, spécialité spécifique : le patient est abordé dans sa globalité. • 92% s’enquièrent systématiquement des répercussions de la maladie dans la vie quotidienne, et 84% de ses répercussions dans la vie familiale et sociale. • Conception homogène de leur métier et du travail avec les familles, pratiques moins homogènes par rapport à la parentalité de leur patient, la relation parent-enfant, les difficultés de l’enfant du patient MPR et neurologues (suite) • 23% des médecins reçoivent de façon habituelle l’enfant pour expliquer la maladie du parent, aucun ne le reçoit pour évaluer ses difficultés. 69% s’enquièrent de ses difficultés et 46% de la relation parent-enfant. 77% délèguent à d’autres interlocuteurs l’évaluation des difficultés de l’enfant et le questionnement sur la relation parent-enfant. Les psychiatres • ont des pratiques professionnelles moins homogènes par rapport à l’entourage du patient : 33% le reçoivent. • 91% ont une représentation de la maladie qui inclut l’entourage familial ( psychogenèse ou réhabilitation du patient). • 25% s’enquièrent des répercussions de la maladie dans la vie quotidienne, 66% dans la vie familiale, un seul dans la vie sociale. • 83% s’enquièrent de la relation parent-enfant; plus de la moitié délèguent à d’autres interlocuteurs l’évaluation des difficultés de l’enfant. Un seul reçoit les enfants du patient pour expliquer la maladie du parent, aucun pour évaluer ses difficultés. Dans les deux groupes de médecins -Des pratiques diversifiées quand il s’agit de se préoccuper de la parentalité du patient, de la relation parent-enfant et des difficultés de l’enfant. -Quand il existe des représentations de la fonction parentale dans ses aspects quotidiens ou affectifs, des représentations des besoins et des difficultés de l’enfant, celles-ci ne sont pas toujours utilisées de façon habituelle dans le travail avec le patient. On constate donc - Difficultés à aborder la parentalité du patient et à se préoccuper de ses enfants. - Ecart entre des représentations de la maladie qui incluent l’entourage familial et la difficulté à se préoccuper de la parentalité et de la souffrance de l’enfant. -Chez les médecins de médecine physique et de réadaptation et les neurologues, écart entre leur position active par rapport à la rééducation et à la réinsertion, leur pratique systématique d’un entretien avec la famille et leur pratique plus réservée par rapport à la parentalité et aux enfants du patient Représentation des médecins -L’atteinte psychique des patients n’est pas présentée comme un obstacle pour aborder la relation parent enfant, la parentalité, la souffrance de l’enfant. -Pour 100% des psychiatres et 61% des médecins de médecine physique et de réadaptation et neurologues, il y a une représentation de la relation médecin malade centrée sur le patient comme sujet du cas. -Il apparaît un conflit entre la représentation de la relation médecin malade centrée sur le patient et la prise en compte de l’entourage, en particulier des enfants. -Les représentations sur la parentalité, la relation parent-enfant, les besoins et les difficultés des enfants sont souvent non intégrées dans un corpus de connaissance. Elles font plus appel au propre questionnement des praticiens et à leur propre expérience Gêne pour aborder la parentalité du patient et les difficultés de ses enfants - La pathologie psychique chronique compromet l’exercice de la fonction parentale sans grand espoir d’amélioration. -Absence de familiarité avec le monde de l’enfance qui ne ferait pas partie des repères professionnels et du champ de compétence -Sphère « privée » ou « intime ». -Risque d’être décentré par rapport à leur identité professionnelle et leurs repères cliniques habituels -Peur de culpabiliser les patients et d’être iatrogène -Parler à des enfants de la maladie du parent est plus difficile qu’en parler à des adultes. Se préoccuper des enfants du patient majore le sentiment d’impuissance et d’isolement Discussion et conclusion -Etude pilote -Les médecins ont du mal à se préoccuper des enfants mineurs de leurs patients avec des troubles psychiques et de la relation parent-enfant, mais cette préoccupation n’est pas absente de leur pratique pour une majorité d’entre eux. -La pratique de soins centrée sur le patient et le risque d’un conflit de valeur (éthique) entre ce que le médecin pense être les intérêts du patient et ceux de ses enfants, la difficulté à penser ce conflit, semblent être un des obstacles important pour se préoccuper des enfants de leurs patients. -Si les médecins étaient amenés à se préoccuper des enfants de leurs patients, des groupes de réflexionéthique, centrés sur la clinique et la réflexion autour de cas, pourraient les aider dans leur pratique. Et vous ? • Comment vous retrouvez-vous dans cette recherche ? • Que pouvez-vous dire de votre pratique et des difficultés que vous rencontrez par rapport à la parentalité de vos patients et par rapport à leurs enfants ?