La troisième directive européenne sur le permis moto
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La troisième directive européenne sur le permis moto
mai 2005 10 Info La troisième directive européenne sur le permis moto La troisième directive européenne sur le permis moto actuellement en préparation La troisième directive européenne sur le permis de conduire est actuellement en préparation. La raison première de cette ‘refonte’ de la directive existante semble être avant tout la volonté d’harmoniser le permis de conduire et de remplacer l’actuel permis papier par une carte plastifiée. Mais il semblerait que l’harmonisation s’arrête là. La nouvelle proposition est en effet trop lourdement influencée par les traditions anciennes des différents Etats membres, alors qu’elle néglige l’essence même du permis de conduire qui est de garantir la sécurité de tous les usagers de la route. Telle est la conclusion de l’évaluation du texte de la directive par la Commission des transports du Parlement européen. La Commission ne dit pas si les mesures proposées auront également un impact réel sur la sécurité routière. ou es Impact limité sur la sécurité routière u e D r x La communauté motocycliste européenne, à savoir tant l’industrie que les associations motocyclistes, considère que la Commission des transports du Parlement européen néglige certains éléments essentiels, tels que la vulnérabilité des motocyclistes, les arguments scientifiques tirés des analyses d’accidents et les avantages pratiques du moyen de transport individuel. Sans oublier l’importante contribution économique du secteur qui, en Europe, représente un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards EUR, plus de 200 000 emplois directs et indirects et plus de 30 millions de propriétaires de motocycles. Ces arguments fondamentaux n’ont pas été pris en considération dans les multiples amendements déposés. En revanche, la proposition s’est retrouvée déséquilibrée et a perdu en clarté. Le texte actuel compromet l’avenir du motocyclisme et de l’ensemble du secteur, sans pour autant améliorer la sécurité. Absence totale d’harmonisation La proposition de la Commission des transports tend à laisser aux Etats membres le libre choix de l’âge auquel leurs citoyens peuvent accéder aux différentes catégories de deux-roues motorisés. L’âge minimum pour pouvoir conduire une moto pourrait même être porté à 26 ans. Ce libre choix quant à l’âge d’accès aux deux-roues motorisés est contraire à la volonté d’harmonisation de la réglementation. Il représente un pas en arrière par rapport à la situation actuelle et une discrimination illégitime des citoyens de l’Union européenne. La flexibilité au niveau de l’âge n’aura aucune incidence positive sur la sécurité routière. L’âge n’est en effet pas un facteur direct de la survenance d’un accident. L’expérience, en revanche, joue un rôle important. Le relèvement de l’âge d’accès ne fera que 1 déplacer le phénomène des accidents vers une catégorie d’âge supérieure. Il convient de s’atteler à l’élaboration d’une formation de base à la fois sérieuse et abordable pour les motocyclistes débutants. Telle est également la conclusion de l’étude "Initial Rider Training" réalisée par l’ACEM et cofinancée par la Commission européenne1. On peut notamment y lire qu’il n’existe dans nombre d’Etats membres aucune formation structurée, souvent parce que la demande de permis moto est trop faible que pour justifier commercialement la formation au niveau local. Il semblerait également que les formations existantes ne répondent pas aux attentes : trop chères, pas assez accessibles et trop hétérogènes en termes de qualité de l’offre et d’exigences posées aux instructeurs. En outre, nombre d’Etats membres, dont la Belgique, n’ont pas encore procédé à l’implémentation à la fois complexe et coûteuse des épreuves motos de l’examen, telles qu’elles ont été décrites à l’annexe 2 de la deuxième directive sur le permis de conduire (2000/56/EC). Il serait dès lors prématuré d’inclure d’emblée des conditions supplémentaires en matière de formation dans le projet de troisième directive, lesquelles constitueraient une barrière financière inacceptable pour la communauté motocycliste sans aucune garantie d’amélioration de la sécurité routière. D’autres facteurs jouent un rôle beaucoup plus important dans la prévention des accidents impliquant des deuxroues motorisés : expérience, vigilance des autres usagers de la route et infrastructure. L’étude MAIDS (Motorcycle Accidents In-Depth Study, ACEM 2004) révèle notamment que, dans 70 % des accidents entre un motocycliste et un autre usager de la route, la cause directe de l’accident est le manque de vigilance de l’autre usager. Un problème que l’adaptation des conditions d’accès au permis de conduire ne résoudra pas. La sensibilisation de tous les usagers de la route aux caractéristiques spécifiques des motocycles, en revanche, y contribuerait plus efficacement. Le rapport peut être consulté sur http://fema001.kaalium.com/issues/docs/irt_finalreport.PDF. "La nouvelle directive accorde trop peu d’attention à l’harmonisation et à l’uniformité européennes" Info mai 2005 11 La troisième directive européenne sur le permis moto Etape par étape La Commission des transports a confirmé la proposition de la Commission européenne de fixer les exigences minimales auxquelles doivent satisfaire les véhicules d’examen, ce tant en ce qui concerne la cylindrée que la puissance minimale des différents véhicules d’examen. Le deuxroues motorisé le plus utilisé dans la plupart des Etats membres est le scooter de 200 à 250 cc. Cela poserait donc problème si les candidats devaient passer l’examen avec un véhicule d’examen d’un autre type, par exemple un véhicule d’une cylindrée de plus de 375 cc, c’est-à-dire un véhicule totalement différent de celui avec lequel ils se déplacent quotidiennement dans la circulation. L’idée de limiter l’utilisation du cyclomoteur aux titulaires d’un permis de conduire B (voiture) est disproportionnée par rapport aux caractéristiques de ce véhicule. Les cyclomoteurs roulent à une vitesse ne dépassant pas 45 km/h et ont une cylindrée et une puissance ne dépassant pas respectivement 50 cc et 4 kW. Les cyclomoteurs assurent la mobilité de base de leurs usagers et sont simples d’utilisation. Ils sont dotés d’une faible puissance et sont équipés d’une transmission automatique. Les permis de conduire de toutes catégories devraient donc également être valables pour les cyclomoteurs. En Belgique, seuls les automobilistes sont autorisés à conduire un cyclomoteur de catégorie A (25 km/h) sans permis supplémentaire. Il devrait également demeurer possible pour les titulaires d’un permis de conduire B de conduire des scooters légers ou des motocycles d’une cylindrée et d’une puissance ne dépassant pas respectivement 125 cc et 11 kW (alignement des permis B et A1). Les épreuves en vue de l’obtention du permis moto ne sont en effet pas adaptées à cette catégorie de véhicules. L’obligation de passer un examen constitue un frein pour ces usagers qui, pour des raisons de mobilité, préfèrent un scooter à la fois léger, pratique et maniable à leur voiture. "Accroître la sécurité des motards ne semble pas être une priorité dans la nouvelle directive" x- u Examen de conduite avec un véhicule représentatif Le cyclomoteur, une forme de mobilité de base De La communauté motocycliste soutient le principe du permis de conduire par étapes. Un accès progressif que prévoit déjà la législation actuelle en fixant à 18 ans l’âge d’accès au permis de conduire A2 (motocycles d’une puissance ne dépassant pas 35 kW et d’un rapport puissance/poids ne dépassant pas 0,2 kW/kg) et à 21 ans l’âge d’accès au permis de conduire A (motocycles toutes catégories). Une disposition qui confirme que l’expérience importe plus que l’âge. Selon la communauté motocycliste, les âges minimums devraient être fixés comme suit : - 16 ans pour le permis AM (cyclomoteurs) ; - 16 ans pour le permis A1 (motocycles légers et scooters d’une cylindrée ne dépassant pas 125 cc et d’une puissance ne dépassant pas 11 kW) ; - 18 ans pour le permis A2 (motocycles d’une puissance ne dépassant pas 35 kW et d’un rapport puissance/poids ne dépassant pas 0,2 kW/kg) ; - 21 ans pour le permis A (motocycles toutes catégories). Afin de parvenir à un compromis entre les différents Etats membres, les exceptions suivantes peuvent être formulées à titre optionnel et laissées à l’appréciation autonome de chaque Etat membre : - 14 ou 15 ans pour le permis AM (inconditionnel) ; - 17 ans pour le permis A1 ou A2 (afin de maintenir le système d’accès progressif, les Etats membres devraient se limiter à une seule des deux options) ; - accès direct au permis A entre 21 et 24 ans. L’accès progressif aux différentes catégories de deux-roues motorisés laisse espérer une adaptation des aptitudes de conduite et de la mentalité du conducteur, qui constituent deux éléments clés de l’amélioration de la sécurité routière. La double condition de cylindrée et de puissance limite seulement le choix du véhicule d’examen et n’offre aucune garantie de sécurité supplémentaire. Seule la puissance minimale des véhicules d’examen devrait être imposée. ro ue s mai 2005 12 Info La troisième directive européenne sur le permis moto Conclusion : la proposition de troisième directive européenne sur le permis de conduire doit aboutir à une solution à la fois juste et réaliste qui soutienne la sécurité spécifique des deux-roues motorisés tout en tenant compte des avantages de ces véhicules tant en termes de mobilité qu’en termes de contribution à l’économie. Le morcellement qui résulte de la possibilité offerte aux Etats membres de donner une interprétation propre au permis moto et le refus de prendre la sécurité comme critère engagent le dossier dans une mauvaise voie. ou es Maintien du cyclomoteur de catégorie A en Belgique u e D r x Les cyclomoteurs sont des véhicules dont la cylindrée ne dépasse pas 50 cc. En Belgique, on distingue la catégorie A (vitesse limitée à 25 km/h) et la catégorie B (vitesse limitée à 45 km/h). Outre dans la vitesse, la grande différence entre les deux catégories réside dans le fait que, pour la catégorie A, aucun permis de conduire n’est requis, de sorte que les cyclomotoristes sont autorisés à emprunter les pistes cyclables au même titre que les cyclistes (faible différence de vitesse entre les deux). En agglomération, les cyclomotoristes de la catégorie B sont obligés de rouler sur la chaussée. Le port du casque et l’assurance sont obligatoires pour les deux catégories. La différence entre les deux types de cyclomoteurs n’est plus aussi marquée depuis l’instauration du port obligatoire du casque, mais reste importante aux yeux de nombreuses personnes. Les cyclomotoristes de la catégorie A préfèrent souvent ce type de véhicule dont la faible vitesse, plus proche de la vitesse d’un vélo, rassure. En outre, cette faible vitesse leur permet de circuler sur les pistes cyclables où ils sont mieux protégés du reste de la circulation. Certaines personnes souhaitent par ailleurs rester mobiles, mais ne sont pas (plus) physiquement aptes à pédaler. La catégorie A est fort demandée dans les régions vallonnées ou les zones où de longues distances séparent les villes et villages (Wallonie). Il ne faut pas non plus oublier que le permis de conduire n’est pas à la portée de tout le monde. Il est certes logique que les personnes qui échouent à l’examen ne puissent conduire une voiture, mais elles ne doivent pas pour autant être privées de mobilité. Prétendre que ces personnes n’ont qu’à se déplacer en vélo ou en transports en commun, est un peu réducteur. En effet, le réseau de transports en commun n’est pas aussi développé dans toutes les régions et l’utilisation du vélo limite fortement le nombre de kilomètres que l’on peut parcourir. La Belgique n’est par ailleurs pas le seul pays européen à avoir une catégorie A. Des cyclomoteurs limités à 25 km/h circulent également en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suède. La troisième directive européenne sur le permis de conduire pourrait prévoir une option permettant à chaque Etat membre d’ouvrir l’accès aux cyclomoteurs à partir de l’âge de 14 ans. Il serait alors bien que la Belgique puisse autoriser les jeunes à partir de 14 ans à conduire des véhicules dont la vitesse est fortement limitée. Ces jeunes pourraient ensuite, à partir de l’âge de 16 ans, passer à des véhicules d’une puissance supérieure. Ils auront non seulement deux ans d’expérience de conduite derrière eux, mais leurs aptitudes et leur mentalité auront elles aussi évolué. Il s’agit en l’occurrence d’accompagner intelligemment les jeunes dans la circulation tandis qu’ils font leur apprentissage. Dans des pays comme la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, l’âge d’accès aux cyclomoteurs est aujourd’hui déjà inférieur à 16 ans. La polémique qui règne autour des cyclomoteurs concerne invariablement l’augmentation de la puissance de ces véhicules. Moyennant quelques petites interventions techniques, la vitesse de ces véhicules pourrait être facilement augmentée. En Belgique, les distributeurs sont encore trop souvent responsables du réglage des cyclomoteurs. La vitesse des véhicules devrait être "Un permis de conduire par étapes: c’est la bonne piste" Info mai 2005 13 La troisième directive européenne sur le permis moto réglée dès la sortie de l’usine, sans intervention du distributeur. Plusieurs marques ont ainsi développé un bloc moteur spécifique de sorte que les pièces des catégories A et B ne sont plus interchangeables, ce qui limite les possibilités d’augmentation de la puissance des cyclomoteurs. La vente de kits d’augmentation de la puissance en vue d’une utilisation sur la voie publique est interdite. Sans doute, le problème de l’augmentation de la puissance des cyclomoteurs est-il quelque peu exagéré. Les services de police ne mesurent pas tous la vitesse de manière ad hoc et parviennent alors à des résultats de mesure parfois faussés. Les curvomètres sont certes étalonnés, mais s’ils ne sont pas utilisés correctement, les mesurages sont faussés et les cyclomotoristes accusés d’avoir trafiqué leur véhicule. Cette mauvaise utilisation a été déjà été confirmée à plusieurs reprises par les tribunaux. x- u Stijn Vancuyck Conseiller Moto et Vélo Un tas de questions autour des cyclomoteurs trouveraient des réponses si ces véhicules étaient immatriculés auprès de la DIV et qu’ils se voyaient attribuer un numéro d’immatriculation à un prix raisonnable. Les contrôles de vitesse pourraient alors s’effectuer à l’aide des systèmes de radars habituels et deviendraient plus efficaces. D’autres infractions au code de la route pourraient également être constatées sans que le conducteur doive être arrêté pour identification. Les cas de fraude à l’assurance et de vol pourraient être plus facilement décelés. Le registre de la DIV pourrait, à terme, refléter une image précise du nombre de véhicules et du nombre d’usagers, chiffres qui aujourd’hui ne reposent que sur des estimations. Les cyclomoteurs et scooters sont d’importants moyens de mobilité, comme l’ont révélé les importants travaux de voirie réalisés sur le ring d’Anvers. Les gens veulent rester mobiles et choisissent pour cela un moyen de transport adapté. Pendant la période des travaux, les ventes de scooters ont explosé dans la région. ◗ De La sécurité s’en trouverait également accrue si les véhicules de la catégorie B pouvaient rouler à 50 km/h plutôt qu’à 45 km/h. A une vitesse de 50 km/h, les usagers peuvent plus facilement suivre le flot de la circulation et sont donc plus en sécurité, surtout depuis qu’il leur est interdit d’emprunter les pistes cyclables en agglomération. Du fait de leur vitesse limitée, les conducteurs de cyclomoteurs sont sou- vent dépassés par d’autres usagers et chaque dépassement constitue une situation potentiellement dangereuse. ro ue s