revues culturelles itinérantes

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revues culturelles itinérantes
M OUVEM EN T n°8 4
CAN AP É S
REVUES CULTURELLES
ITINÉRANTES
Dans la jungle du paysage médiatique flâne une espèce à part.
Nomade, aventureuse et sociable, elle se nourrit d’art...
par Orianne Hidalgo-Laurier
Elle est berlinoise mais installe, chaque saison, sa
rédaction dans une nouvelle artère urbaine pour
en extirper la substantifique moelle. La revue
Flaneur – pilotée par Grashina Gabelmann et
Fabian Saul – se révèle comme un objet graphique hybride, à la fois carnet de voyage polyphonique et espace de créations inédites. Elle
dérivait dernièrement dans la rue Fokionos-Negri
à Athènes, après Rome, Montréal, Leipzig et Berlin. L’ouvrage est un collage singulier, composé
de fragments textuels et visuels conçus par des
plasticiens et des poètes : on bascule, la tête à
l’envers, d'une expérience esthétique à une autre,
d’une perspective urbaine et sociale à une autre •
Flaneur, Fragments of a Street,
éditions Messner, 15 €.
Extra, guide citadin
pour esthètes
Plus généraliste, la revue numérique et trimestrielle Extra – coordonnée par Aurélie Romanacce et Pascaline Vallée – embrasse la
« culture » d'une ville européenne (bientôt internationale) depuis ses lieux d’art contemporain jusqu’à
ses restaurants en passant par son architecture
et ses hôtels. Elle se décline en mini-reportages
dans les pas d’un acteur de la scène artistique,
en portraits et interviews d'artistes mais aussi
en cartes postales insolites rédigées par les
reporters et en contenu numérique augmenté.
Un guide idéal pour les touristes esthètes •
Extra, Extra éditions, 3,99 €.
Dans le dernier numéro de Peeping Tom’s Digest, consacré
à Paris, on croise notamment les artistes Eva Barto et JeanLuc Verna et la chorégraphe Gisèle Vienne. Cette revue
« capricieuse », fondée par le collectif français du même nom,
immerge les lecteurs au cœur de la fine fleur artistique d’une
capitale. Caroline Niémant et Stéphane Blanc y suivent un
fil, d'artistes en théoriciens et galeristes. Internationalement
reconnues ou plus confidentielles, les différentes personnalités
rencontrées soulignent l’exigence de la ligne éditoriale. Depuis
2009, ils ont déjà arpenté Berlin, Mexico et Beyrouth pour
saisir les enjeux sociopolitiques et les mécanismes esthétiques
de ces villes à travers leurs acteurs culturels. De textes en
entretiens, de photographies prises sur le vif en reproductions
d'œuvres, de photogrammes en films et posters, Peeping
Tom’s Digest s'assemble en un petit livre, témoignage subjectif d’une aventure de terrain hors des sentiers balisés •
Peeping Tom’s Digest, éditions Peeping Tom, de 15 à 25 €.
Figure majeure du cinéma underground américain – dont le turgescent court-métrage Scorpio Rising (1961) brille
d'un éclat particulièrement vif – Kenneth Anger est également l'auteur d'une sulfureuse bible en deux volumes dans
laquelle il dévoile, d'une plume acerbe et avec un plaisir palpable, les dessous choc d'Hollywood : meurtres, viols, suicides, adultères, liaisons dangereuses, addictions diverses et autres joyeusetés. Après avoir publié le premier volume,
Hollywood Babylone, en 2013, les précieuses éditions Tristram font aujourd'hui paraître le second : Retour à Babylone (l'allusion au Retour à Brooklyn de Selby étant tout sauf fortuite), un nouvel ouvrage de référence en forme de
contre-histoire d'Hollywood, racontée par un échotier-mémorialiste truculent. • Jérôme Provençal
Retour à Babylone de Kenneth Anger, éditions Tristram, 2016, 12,95 €.
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et sinon...
La bible de Kenneth Anger
Peeping Tom’s Digest ,
revue embarquée
George Awde, Untitled. Courtesy de l'artiste et de Peeping Tom.
Les psychogéographies
du Flaneur