Violences envers les femmes: arrêtons la terreur

Transcription

Violences envers les femmes: arrêtons la terreur
Culture Cartes blanches Techno
Violences envers les femmes: arrêtons
la terreur au cœur des maisons
MIS EN LIGNE LE 25/11/2015 À 18:15
PAR BIANCA DEBAETSSECRÉTAIRE D’ÉTAT À L’ÉGALITÉ DES CHANCES (CD&V)
Ce mercredi 25 novembre est la journée internationale de lutte pour l'élimination de
la violence envers les femmes. La Secrétaire d’Etat bruxelloise à l’Egalité des chances
rend hommage aux victimes et encourage la prise de parole pour éviter les drames.
•
I
LECTURE ZEN
l est compréhensible qu’en cette période de fortes turbulences les citoyens
soient inquiets. Cependant, il apparaît fondamental de rester calme et serein et de ne
pas réduire notre attention envers d’autres risques. Un de ces risques est la violence
entre partenaires et intrafamiliale. Il y a presque un mois et demi de cela, deux
enfants accouraient chez leurs voisins dans la rue de la Caserne à Bruxelles. Ils
avaient fui leur maison. Leur père avait – tandis qu’ils étaient là – poignardé leur
mère à plusieurs reprises. La femme, ayant perdu trop de sang, succomba à ses
blessures. Le père se rendit de son propre gré à la police.
Pas moins de 162 personnes ont perdu la vie en Belgique en 2013 à cause de
violences entre partenaires, majoritairement des femmes. C’est inacceptable. Selon
l’adage : si vous enseignez à un homme à pêcher, il pourra subvenir à ses besoins
tout au long de sa vie. Mais si on apprend à une femme à pêcher, elle entretiendra le
village entier. Ainsi, plus d’une centaine de villages ont disparu. Les enfants sont
souvent brisés après et se sentent désespérés. Avec la campagne SOS Violence,
nous souhaitons, par le biais d’affiches, de représentations théâtrales, d’ateliers et de
films, encourager les femmes à briser le silence et à dénoncer la violence. Et ce en
contactant la famille, les amis, le médecin de famille, des associations de soutien ou
des centres de violence conjugale et familiale.
Un secret trop souvent gardé
C’est plus que nécessaire. A Bruxelles, 12 pour cent des femmes en 2010 ont
indiqué avoir été victimes de violences entre partenaires. Ce taux est supérieur à la
moyenne européenne. Et pire encore : 34 pour cent des victimes féminines gardent
le secret. Si ces abus ne sont pas dénoncés, les victimes risquent de refouler leurs
sentiments, jusqu’à ce que la situation devienne désespérée ou qu’elle prenne une
tournure dramatique. Souvent, il est question d’insultes, d’intimidations ou d’une
envie obsessionnelle de contrôler l’autre qui dégénère en violence physique. Mais,
pour de nombreuses femmes, cette prise de conscience arrive trop tard. Elles
minimalisent ce qui est arrivé et pensent – pas toujours de manière fondée et réaliste
– que l’amour vaincra.
La parole contre le tabou
Au travers la campagne SOS Violences – réalisée en collaboration avec le Centre
Interfédéral pour l’Égalité des chances –, nous souhaitons apporter du courage aux
femmes pour en parler et, le cas échéant, à porter plainte. Nous devons être
vigilants. Suzanne Vega chantait à propos de Luka : « Walked in the door again ».
Nous pouvons demander à nos amies, connaissances si tout va bien, indiquer que
nous sommes tout ouïe si elles souhaitent se confier. Si nous sommes au courant
d’abus, nous pouvons nous-mêmes en parler et si nécessaire intervenir. Cela peut
sembler désagréable : on peut penser qu’il s’agit d’une intrusion dans la relation
d’autrui. La violence entre partenaires est un tabou. Mais un tabou qui coûte un
nombre élevé de vies.
La violence intrafamiliale, une priorité
Madeleine Albright, ancienne ministre des Affaires étrangères des États-Unis, disait :
« There’s a special place in hell for women who don’t help other women », qu’on
pourrait traduire par : « Il y a une place particulière en enfer réservée pour les
femmes qui n’assistent pas d’autres femmes (en danger) ». C’est exact. Et ça
compte également pour les hommes : la plupart des hommes ne s’en prennent pas à
leurs femmes, mais ils pourraient avoir plus d’impact sur les hommes qui s’en
rendent coupables en donnant le bon exemple et en envoyant un signal fort contre la
violence. La Marche des Hommes qui a lieu tous les ans à Schaerbeek, où
beaucoup d’hommes participent afin de dénoncer la violence, est un bon exemple en
la matière. En plus de sensibiliser, encourager à parler, aider à trouver des solutions
à l’intérieur ou en dehors de la relation, nous détenons aussi un solide bâton qui doit
être utilisé si nécessaire, au cas où la situation dégénère. Avec 162 décès par an, il
est clair que la violence intrafamiliale doit rester une priorité pour la police. Nous
devons cesser la terreur à domicile. Nous le devons en mémoire de toutes celles et
tous ceux qui ont perdu leur vie à cause de violences entre partenaires et
intrafamiliale. Ces villages ne reviendront plus jamais.

Documents pareils