L`Acropolium de Carthage

Transcription

L`Acropolium de Carthage
L'Acropolium de Carthage
Mardi, 16 Mars 2010 15:14
Qui ne connaît l'Acropolium de Carthage ? Aujourd'hui, c'est une place-forte culturelle et
touristique. Mais il n'en fut pas toujours ainsi. De loin, la cathédrale Saint-Louis se dresse sur le
promontoire où est mort Louis IX (Saint-Louis pour les chrétiens) le 25 août 1270 pendant la
huitième croisade. La cathédrale fut édifiée en 1884 sur initiative du cardinal Lavigerie.
1/5
L'Acropolium de Carthage
Mardi, 16 Mars 2010 15:14
L'emplacement n'a guère été choisi au hasard. Le monument plutôt hirsute avec son balourd
mélange de style byzantin mauresque se dresse au sommet de la colline de Byrsa.
L'édifice est si haut qu'il semble accroché à la voûte céleste. Ici, les arbres, les pierres, l'air sont
discrètement diserts. Les environs bruissent en sourdine d'un murmure nostalgique. On croirait
entendre le chuchotement suave qui ouvre Salammbô de Flaubert : "C'était à Mégara, faubourg
de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar". A bien y regarder, il s'agit bien d'un haut lieu de la
Carthage punique, là même où la légendaire Ellissa (Didon) a fondé Kart-Hadasht, Carthage,
littéralement la ville nouvelle. C'est là aussi que se dressait le Capitole romain.
A l'époque de la fondation de la cathédrale, le christianisme conquérant en terre d'Islam
ratissait large. Aujourd'hui encore, au-dessus des galeries de l'édifice, une inscription latine
reproduit la bulle du pape Léon IX consacrant la primauté épiscopale de Carthage : "Il est hors
de doute qu'après le pontife romain, le premier archevêque et le grand métropolitain de toute
l'afrique est l'évêque de Carthage". C'est une longue histoire. Une autre histoire. Il y a de tout.
Tel le monument en onyx supportant le reliquaire de Louis IX, les autels dédiés à
Saint-Augustin et à la Sainte Vierge, la mosaïque de Saint-Cyprien. La chapelle Saint-Louis se
dresse au chevet de la cathédrale. On y trouve un étrange autel de marbre blanc sur fond bleu
parsemé de fleurs de lys. C'est la réplique d'un temple de l'Inde musulmane. L'exotisme colonial
de la fin du XIXe siècle se ressourçait loin.
En 1964, suite à un accord avec le Vatican, la cathédrale Saint-Louis fut désacralisée et cédée
à l'Etat tunisien. Commença alors une autre histoire du monument. Avec ses silences, ses
blancs et, au bout du compte, la régénération. La salvatrice régénération.
Sauvetage
Aujourd'hui, c'est l'Acropolium (implicitement s'entend au lieu-dit acropole de Byrsa). Le lieu a
été longtemps laissé en instance, une autre manière de dire à l'abandon. On se souvient que la
troupe du Nouveau Théâtre y a donné, en 1987, des représentations de sa pièce « Arab ». On
en tira un film également tourné sur les lieux. Hormis cela, le néant ou presque
Et puis voilà, il y a toujours un bout de tunnel, une limite au désert. En 1992, c'est le début de la
régénération. Une convention de concession est signée entre le ministère de la Culture et une
entreprise privée de tourisme culturel. Depuis, l'Acropolium a fait son bonhomme de chemin.
Ses activités culturelles sont multiples. Elles sont couronnées chaque année par l'Octobre
musical de Carthage, un festival international de musique classique devenu incontournable. On
y accourt de tous bords dans les vaporeuses et bien agréables nuits de l'intersaison automnale
séparant l'hyper-dynamisme de l'été de la torpeur de l'hiver. L'Acropolium accueille également
des concerts et des séminaires, en plus des expositions d'arts plastiques, des shows rooms et
des activités événementielles et de l'exposition permanente.
Mustapha El Okbi est aux commandes de cet espace culturel unique en son genre. S'étendant
sur 1800m2 l'Acropolium emploie en permanence une dizaine de personnes. Mustapha El Okbi
préfère parler d'une "opération de sauvetage combinée à l'ambition de réaménager ce site à
plus d'un titre fondateur de notre Tunisie. La cathédrale était vouée à disparaître du fait d'avoir
2/5
L'Acropolium de Carthage
Mardi, 16 Mars 2010 15:14
été fermée pendant 40 ans. J'y venais au gré de mes promenades fréquentes dans ce lieu
chargé d'histoire. Le monument, que je voyais en perdition, me semblait mériter d'être remis en
valeur et restauré pour devenir un bien public où les gens puissent trouver un refuge culturel qui
s'ajoute au musée et au site de Carthage ".
Ses démarches sont initiées au début des années 1980. C'est à partir de 1988 que les autorités
compétentes ont commencé à avoir une oreille plus attentive à son projet : "En 1990, et sur
initiative du Chef de l'Etat, a été créé le projet d'aménagement culturel et touristique de la
région de Carthage et Sidi Bou Saïd. Ainsi a commencé ce projet culturel et artistique dans
l'enceinte du monument historique le plus récent de l'histoire de notre pays" ajoute-t-il.On
imagine l'ampleur des travaux de consolidation, de restauration et de mise en valeur du
monument. Six institutions privées s'y sont mises sous la forme d'une société anonyme.
L'espace a donc été réhabilité dans une nouvelle configuration appropriée aux activités
culturelles et artistiques.
Décentrements
Le fleuron de ces activités demeure bien évidemment l'Octobre Musical. Un festival créé
presque par hasard, à la faveur d'une heureuse contingence. Une fois la restauration du
monument achevée, une artiste, pianiste originaire de Tunisie installée en Europe, a sollicité
l'organisation d'un concert. Mustapha El Okby lui propose d'élargir l'initiative à une série de
représentations. Ils convinrent d'organiser dans un premier temps cinq concerts en octobre
1994. La participation, la qualité des artistes et le public présent s'imposèrent d'emblée. Le label
fit son irruption par la grande porte. C'est ainsi que commença l'Octobre musical.
Le public justement. Aux yeux de certains, il est par trop sélect, raffiné, bourgeois ou
aristocrate. Beaucoup de gens en ont fait le reproche à Mustapha El Okbi en disant que
l'Octobre musical est une manifestation élitiste et par trop banlieusarde. Dans un premier
temps, il n'y voit guère d'inconvénients. Puis, petit à petit, le public s'est diversifié, s'est ouvert
aux jeunes et aux étudiants de tous les instituts supérieurs en banlieue Nord moyennant des
conventions particulières avec leurs établissements. Second reproche, l'Octobre Musical est
littéralement confiné à la banlieue Nord. Il gagnerait à se décentrer. El Okbi s'en défend : "Nous
avons tenté des opérations particulières et fait en sorte que les artistes qui se sont produits à
l'Octobre musical aillent à Sousse, à Sfax ou ailleurs. Nous en avons réussi quelques-unes
mais c'est toujours lié à des considérations d'espace notamment. Il faut que cela se poursuive à
travers les supports appropriés".
En tout état de cause, l'Octobre Musical a fini par créer des convivialités, des solidarités, une
véritable chapelle de fans et d'inconditionnels supporters. Et ils ne sont pas que des
banlieusards. Parce que l'art et la culture ne sont pas des instances façonnées sur des
découpages administratifs ou territoriaux. Bref, l'écrin est à la mesure de la perle. A la limite du
rêve aventureux et hypothétique au début, l'Acropolium a fini par s'ériger en place culturelle
solide. Et c'est tant mieux.
Soufiane Ben Farhat/ La presse/ 4/02/2010 - Photos et © Ambre Courbot-Ludwiczak
3/5
L'Acropolium de Carthage
Mardi, 16 Mars 2010 15:14
Détails:
L'Acropolium de Carthage
Adresse: Colline de Byrsa, BP 33, 2016 Carthage, Tunisie Direction: Mustapha EL OKBY
Contact:
Tel: (++ 216) 71 733 866
email: [email protected]
Site web: http://www.acropoliumcarthage.com
Plan de situation:
{mosmap
width='520'|height='350'|lat='36.861695'|lon='10.334702'|zoom='11'|zoomType='Large'|zoomNe
w='0'|mapType='Plan'|showMaptype='1'|overview='0'|text='Carthage'|tooltip='DWO'|marker='1'|a
lign='center'}
{mainvote}
{jcomments on}
4/5
L'Acropolium de Carthage
Mardi, 16 Mars 2010 15:14
5/5