Voir le document - Les monuments aux morts – France et Belgique
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Monument aux morts Gentioux-Pigerolles (23) E n France, les monuments aux morts sont une tradition depuis le XIXe siècle et la guerre de 1870. Les monuments aux morts de la guerre de 1870-1871 se sont multipliés vers 1890-1900 et sont, contrairement aux monuments de 1914-1918, tous des créations originales. Ils se caractérisent également par leur implantation à l'échelon cantonal ou départemental et non communal comme c’est le cas plus tard. Ils ont généralement été réalisés à l'initiative d'associations et sont dix fois moins nombreux que ceux de la guerre de 1914-1918. La grande guerre est celle qui a suscité le plus grand nombre de création de monuments aux morts. Dès 1919 a été mise en place une politique de la mémoire de la guerre par l'édification de ces monuments. Il est rare qu’une commune de France n’en possède pas ; lorsque c’est le cas, du moins une plaque est-elle apposée dans la mairie ou dans l’église. Une étude thématique sur les monuments aux morts de 1914-1918 devrait être présentée devant la commission régionale du patrimoine et des sites en 2014, s’inscrivant dans le cadre des commémorations du centenaire de la Première Guerre Mondiale. Pour le monument aux morts de la commune de Gentioux-Pigerolles, le maire - jauréssien - proposa la représentation d’un orphelin désignant la liste des morts et l’apostrophe « Maudite soit la guerre » (apparue dès 1917 dans un article de la journaliste Louise Bodin). Un des 130 23 87 gentiOuX-PigerOLLeS 19 conseillers municipaux, M. Duburg, ébéniste de son état, conçut la maquette en bois. Le projet fut adopté par le conseil municipal le 29 janvier 1922 et le devis approuvé le 13 mai 1923. La réalisation du monument fut confiée à l’entrepreneur de Faux-laMontagne, Eglizeaud, la statue au sculpteur Pollachi, dont le catalogue comportait la représentation d’un enfant en costume, et au fondeur Guichard, de Castelnaudary. L’édicule, situé devant la mairieécole, a la forme d’une stèle dont la base est un socle de trois marches. La liste des morts, mentionnant soixante-trois noms, est surmontée de la mention « Nos chers enfants » et couronnée de deux palmes entrecroisées entourant une couronne de feuillage et une fleur. La liste de noms se conclut par l’inscription « Maudite soit la guerre » désignée par le poing levé de l’enfant orphelin. Celui-ci est représenté tel un écolier creusois avec son tablier et ses sabots. Sur le côté nord du monument une plaque de commémoration a été apposée pour les morts de la Seconde Guerre mondiale dont les morts au maquis. Le monument aux morts de Gentioux-Pigerolles s’inscrit dans la catégorie, rare, des monuments aux morts pacifistes. Il en existe une dizaine, un seul monument est antimilitariste (Château-Arnoux, Alpes de HauteProvence). Le pacifisme a eu une résonance forte en milieu rural dans la mesure où les mobilisés ruraux ont surtout été incorporés dans l’infanterie, arme la plus touchée. Le monument de Gentioux-Pigerolles n’a jamais été inauguré et a été interdit de cérémonie officielle par une circulaire ministérielle. Ce n’est que le 15 novembre 1985 que le préfet de la Creuse est allé le saluer, à l’initiative du maire. Ce monument est inscrit au titre des monuments historiques en 1990. A.B. Sources : BARNY Anne, Etude thématique concernant les monuments aux morts 1914-1918 en Limousin, Conservation régionale des monuments historiques, en cours (2012-2014) CHANTELARD Bénédicte, Dossier de recensement, Conservation régionale des monuments historiques, 1987 131